Jour 321 – De Babati à Arusha

Nous trainons à l’hôtel ce matin puis vers midi nous prenons un tuktuk pour nous rendre aux abords de la station de bus. Nous déjeunons avant de nous y rendre, car nous ne savons pas quand nous partirons, mais surtout ne savons pas quand nous arriverons à Arusha.

 

Nous sommes sollicités directement, et cette fois nous nous laissons tenter par un gros bus (au lieu des mini bus) pour avoir plus de place, et un siège par personne. On nous annonce un départ 5 minutes plus tard pour nous convaincre, et on nous fait un bon prix. Comme prévu 5 minutes Après une longue attente, une heure trente plus tard le bus démarre enfin.

 

Il n’y a rien de spécial sur une bonne partie du trajet, si ce n’est qu’au final le bus est plus lent que les noahs, et surtout il s’arrête plus souvent que j’imaginais. Aussi, il faut signaler que nous aurons eu à supporter pendant tout le voyage des diffusions de films, et tout ce que je peux dire c’est que certains réalisateurs auraient mieux fait de changer de métier.

 

A quelques kilomètres de l’arrivée, soudainement le bus devient surblindé. Les gens de la compagnie font entrer autant de personnes que l’allée et chaque espace du bus peut en contenir. Je me sens carrément oppressé au milieu de cette foule, et pas du tout à l’aise. Je suis heureux de pouvoir enfin sortir du bus, presque 5 heures après y être entré.

 

A la sortie de la station de bus, nous retrouvons notre ami Éric que nous avions rencontré la semaine dernière lors de notre séjour en Homestay. Nous lui devons une fière chandelle car il nous aide beaucoup. Il nous trouve un hôtel pas cher dans les environs et nous y dépose, avant de nous conduire pour manger dans un endroit un peu branché. Nous l’invitons pour diner ensemble. Nous papotons autour d’un barbecue en profitant de l’atmosphère du lieu. Il ne nous redépose pas trop tard à l’hôtel, nous sommes bien vannés après le voyage en bus.

 

PS : On a décidé d’assumer notre performance scénique d’hier soir…

 

Jour 320 – Babati

En fin de matinée, nous partons en vadrouille, l’objectif : la péninsule de Babati pour pouvoir approcher le lac. Dès que nous quittons la route principale pour nous diriger vers la pointe de la péninsule, nous avons l’impression de quitter la ville et d’entrer dans un petit village. Nous ne passons pas inaperçus, et les enfants nous courent après. Il y en a même un qui viendra me prendre la main de lui-même, et ne me la lâcheras pas, il fera un petit bout de chemin avec nous. Je suis un peu gêné, j’ai un peu l’impression d’enlever un enfant, mais de lui-même au bout d’un moment il part en courant dans le sens inverse. Nous rencontrons aussi pendant la traversée du village un homme qui s’appelle Éric (encore un décidément), il fera un bout de chemin avec nous, enfin il nous accompagnera au bout de la péninsule. On sent qu’il a plus l’habitude de côtoyer des voyageurs car il n’est pas avare en informations, et n’est pas oppressant avec nous. Il nous laisse de l’espace pour visiter par nous-mêmes et n’essaie pas immédiatement d’essayer de nous vendre ou nous proposer quelque chose, et ça, ça fait du bien.

 

Éric nous présente ensuite son associé, Éric 2. Éric 1 et Éric 2 (comme ils s’appellent eux-mêmes) ont un bateau pour aller voir les hippopotames et faire un tour sur le lac. Ça tombe bien car nous sommes un peu là pour ça. A la base nous voulions partir avec un pécheur, mais il n’y en a pas vraiment car c’est la saison où la pêche est fermée (même si on en voit un ou deux qui essaient de le faire discrètement). Nous ne disons pas oui à leur proposition de suite, et prenons le temps de découvrir les lieux en attendant que le déjeuner soit près, nous sommes les seuls clients et le restaurant du coin à un peu ouvert pour nous.

 

Nous mangeons avec les Éric, et passons un bon moment avec eux. On parle un peu de tout, de religion (c’est très important ici et surtout il y en a beaucoup de différentes représentées), de tourisme, des parcs nationaux, de voyage, etc… Éric 2 nous raconte aussi comment il est resté enfermé 7 heures dans une voiture pour échapper à un groupe de 5 lions affamés. Ensuite, nous négocions un peu le tour, ils acceptent notre proposition car ils savent que nous pouvons leur faire une bonne pub pour peut être les aider à développer leur activité. Nous nous préparons à embarquer, quand au dernier moment un groupe de trois jeunes locaux se présentent et s’ajoutent à l’expédition.

 

Nous embarquons tous dans le bateau, qui est un canoé taillé dans la masse d’un tronc de ficus. Je n’aurais jamais imaginé que 8 personnes pouvaient entrer dans un ficus, mais voilà on m’a prouvé le contraire aujourd’hui. En plus des 3 locaux, nous deux, les deux Éric au ramage (et oui pas de moteur !), il y a aussi leur pauvre assistant qui doit s’occuper de la tâche ingrate d’écoper pendant tout le trajet.

 

Le tour sur le lac est très agréable, c’est un peu magique de flotter dans ce tronc d’arbre. Nous découvrons le magnifique panorama qui entoure Babati, et nous observons de loin (heureusement) les hippopotames qui barbotent. On les repère à leurs narines qui sortent de temps en temps en rejetant un jet d’eau. Le soleil est fort, et l’eau nous semble très agréable, ça nous donne très envie d’aller nager mais en dehors du fait que nous n’avons pas de maillots, avec les hippos aux alentours cela nous semblerait trop risqué.

 

Une fois débarqué, alors que nous nous apprêtons à partir, les Éric nous demandent de les suivre. Un des trois jeunes, Grandy, fête aujourd’hui ses 25 ans et il nous invite à se joindre à leur petit groupe. C’est comme ça que nous nous retrouvons embarqués dans une petite fête d’anniversaire en son honneur, installés au bord du lac. C’est il semble pour eux un honneur d’avoir des Mouzungou (des européens blanc) avec eux pour célébrer cet évènement. Éric 2 s’improvise maitre de cérémonie, le gâteau arrive, on chante en swahili, en anglais, puis en français. C’est bien sympa comme moment.

 

Après le traditionnel gâteau, ils sortent des morceaux de chèvres rôtis, accompagnés de légumes pimentés et ugali (pâte à base de mais blanc et de manioc). Ça change de nos gouters d’anniversaire, mais après on revient au gâteau en buvant un verre (alcoolisé pour eux, sans pour nous). Nous passons un moment sympathique, c’est complétement improbable de se retrouver là à cet instant en train de fêter cet anniversaire. Nous chantons encore, un classique tanzanien : Jambo Jambo. Ensuite Éric 2 nous racontera cet fois ci comment il a échappé et survécu à l’attaque d’un hippopotame (en nous montrant les cicatrices qui le prouvent). C’est un peu fou, on savait que c’était un des animaux les plus dangereux au monde (malgré le fait qu’il soit herbivore et tout joufflu), mais son histoire fait un peu froid dans le dos. Nous prenons ensuite congé du petit groupe, on se sent un peu trop au centre de l’attention, alors que c’est l’anniversaire de Grandy quand même. Avant de nous laisser partir, ils nous font promettre de venir faire un tour ce soir au concert qui se passe dans un autre lodge de la ville, nous repérons l’endroit sur la carte puis nous rentrons à l’hôtel à pied.

 

Après une pause que je mets à profit pour monter les vidéos, nous tenons promesse et partons en direction du Sarafina Lounge. A pied c’est trop loin, nous voulions prendre un tuktuk mais il n’y en a pas. Finalement c’est avec deux moto taxi que nous nous y rendrons. A l’arrivée, les Éric nous accueillent avec une telle joie que ça fait chaud au cœur, on voit qu’ils sont réellement contents que l’on soit venus. On prend quelques bières, on mange un morceau et surtout on profite du groupe qui joue en live. La musique africaine est à l’honneur, et les gens se déhanchent sur le piste de danse devant la scène, tout ça sous l’œil circonspect de la photo du premier président tanzanien. Il y a surtout des hommes qui dansent, c’est un peu tout l’inverse de chez nous. L’ambiance est assez folle, et Éric 2 nous entraine pour quelques danses, et il me fera même monter sur scène. Je me retrouve aux yeux de tous à devoir danser avec la danseuse du groupe et le chanteur. Les gens se lâchent et nous filment allégrement nous sommes un peu l’attraction de la soirée, mais tout le monde est ultra bienveillants avec nous, les gens semblent ravis que des touristes viennent dans des soirées comme celles-ci. En tout cas, on a bien rigolé et on s’est bien amusé, la soirée aura bien clôturé cette journée un peu improbable. Quand nous nous décidons à partir, les Éric tiennent à nous accompagner, et ils attendent que l’on soit dans un tuktuk pour nous laisser, après un au revoir très chaleureux.

 

PS : Ma performance scénique du soir a été filmée (malheureusement), je réfléchis encore à savoir si je la poste sur le carnet de voyages ou non.

 

 

Jour 319 – De Mto wa Mba à Babati

Nous continuons ce matin notre aventure en autonomie. Après un dernier petit déjeuner dans notre QG, et une fois les sacs faits nous nous rendons au départ des mini-bus sur l’artère principale. Nous nous entassons dans le véhicule, heureusement pour peu de temps puisque dans un premier temps nous nous rendons dans la prochaine ville, Makuyuni qui est à une quarantaine de kilomètres.

 

Nous sortons de notre boite de sardines pour presque instantanément en trouver une autre car il n’aura pas été difficile de trouver un nouveau véhicule pour prendre la direction de Babati. Nous sommes entassés certes, mais tout se passait bien jusqu’à une vingtaine de kilomètres de l’arrivée. Le chauffeur s’arrête dans le village de Magugu. Il annonce qu’il y a un problème avec la voiture, tout le monde descend et se recase dans d’autres bus. Pour nous et nos sacs c’est un peu plus compliqué, mais ils finiront par nous trouver des places, à leur frais comme à l’origine ils devaient eux nous emmener.

 

A l’arrivée à la station de bus de Babati, nous sommes un peu oppressés par les sollicitations, mais nous parvenons à nous échapper assez rapidement. Nous marchons jusqu’à l’hôtel repéré, ce n’est pas à coté et les 4 heures de bus ajoutés au soleil rendent la marche difficile.

 

A l’arrivée, nous devons négocier notre chambre en swahili car aucune des deux femmes qui nous accueille ne parle vraiment anglais. Je bénis Clémence qui s’est motivée pour apprendre plein de mots, et ça nous permet de nous faire comprendre pas trop mal. D’ailleurs, un peu plus tard quand une autre touriste arrivera, les deux femmes viendront nous chercher pour que nous fassions « interprètes ». Nous déjeunons sur la terrasse de l’hôtel et trainons un peu, car le voyage nous a un peu cassé.

 

En fin d’après-midi, nous nous décidons à sortir pour voir les alentours et faire un petit tour de repérage. Nous essayons de demander aux gens de l’hôtel des informations, mais il n’y a personne dans le coin qui parle anglais, ils finissent par aller chercher deux hommes pour parler avec nous. Je ne me sens pas en confiance avec ces deux-là, mais nous n’avons pas trop le choix car la ville n’est tellement pas touristique que nous ne savons pas où trouver ne serait-ce qu’une boutique où acheter de l’eau. L’un d’eux nous montre quelques boutiques dans les environs immédiats, mais essaie directement de tirer un profit sur l’achat d’une bouteille d’eau. Nous nous séparons de lui dès que possible, pour aller visiter les alentours par nous-même. On sent que le regard des gens sur nous est différent ici. C’est plus « qu’est-ce qu’ils font là » que l’on voit dans leur yeux, l’endroit n’est vraiment pas touristique.

 

Nous sommes venus ici suite à la lecture d’un blog de voyage, car l’endroit est complétement en dehors des sentiers battus par les guides touristique (comme notre bon vieux Jean-Michel Routard). Nous sommes aussi venus ici pour le petit lac qui borde la ville. Nous essayons de le voir depuis le chemin, mais nous ne trouvons que des marécages, c’est en prenant un peu de hauteur que nous parvenons à l’apercevoir. Il n’est pas aussi près de la ville, nous le laissons pour ce soir et il sera l’objet de notre journée de demain. Nous retournons à l’hôtel, et nous y resterons même pour dîner.

 

Jour 318 – Mto wa Mba et le Lac Manyara

Nous allons prendre le petit déjeuner dans ce qui semble devenir notre QG, à Micasa es Sucasa Cantina. De là, nous allons nous chercher deux vélos de location pour la journée. Le loueur nous annonce un prix qui nous fait bien rire, littéralement. Il a juste multiplié par 10 le montant qu’on nous avait annoncé. Nous parvenons à négocier, puis repassons à l’hôtel prendre notre sac avant de lancer dans les petits chemins en direction du Lac Manyara.

 

C’est une vraie immersion dans la vie locale, sur un chemin bordé de bananiers. On lance du « Jembo » par-ci, et du « Abari ! Zouri ! » par-là. En résumé, nous sommes bien remarqués sur notre passage, car le fait de faire ce genre de tour en vélo sans guide ne semble pas être normal. Mkopi nous avait annoncé un barrage où les rangers s’occupaient de voler faire payer les touristes pour accéder au lac, mais il n’y a personne. Après le dernier village, nous traversons un bois, et de l’autre coté, nous découvrons un paysage idyllique. Une sensation de liberté totale nous envahit, quel bonheur de pouvoir se balader seul et de profiter du panorama. Des gnous et des marabouts d’Afrique sont là, nous sommes juste en bordure du parc national du Manyara. C’est impressionnant de les voir à quelques mètres de nous et sans filtres. On nous a dit que des fois il y avait des buffles, mais pas aujourd’hui. Nous allons jusqu’au bord du lac, et nous profitons au maximum de la vue, des pécheurs sont ci et là en train d’entretenir leurs embarcations.

 

Au moment où nous repartons en nous disant que nous allons longer le lac et revenir au village par un chemin plus loin, nous sommes rattrapés par une Jeep qui nous avait dépassés un peu plus tôt. Il s’agit d’un groupe de ranger du parc. Bien évidemment ils nous demandent si nous avons un permis pour être ici (évidemment les locaux n’ont pas besoin, juste les touristes). Nous jouons bien les innocents, en disant que nous n’avons vu aucun barrage, que nous ne savions pas. Ils ne parlent pas super bien anglais et ils finissent par passer un de leur supérieur au téléphone à Clémence. Elle joue la même carte, nous ne pourrons pas continuer la balade le long du lac, mais nous ferons demi-tour sans rien avoir à payer. On parle quand même de 48$ juste pour voir le lac dans cette histoire, tout aussi beau qu’il est, c’est quand même bien du vol l’arnaque, et on est quand même bien content d’avoir pu le voir, surtout gratuitement. On revient par un chemin différent, les paysages sont toujours aussi beaux et les enfants nous courent après sur notre passage. Ils veulent nous taper dans les mains, et nous demande des « pipi », nous apprendrons plus tard que ce sont des bonbons !

 

Nous repassons par le village, et faisons un tour au bureau du Cultural Tourism où travaille Mkopi. Il n’est pas là, mais ses collègues nous donnent une bonne info, aujourd’hui c’est le jour du marché Massaï hebdomadaire. Nous nous mettons en route, mais c’est plus loin que nous pensons. Nous faisons une pause pique-nique avant de continuer. C’est le début d’après-midi, et c’est par la grande route que nous y accédons, à cette heure-ci le soleil tape très fort. A l’approche du marché, nous voyons plein de Massaï en habits traditionnels qui convergent vers le marché. Nous rangeons la caméra qui est installée sur mon vélo, car les Massaï sont réputés très susceptibles avec les vidéos et photos, et même si l’appareil n’est pas allumé ils peuvent le prendre assez mal.

 

Nous débarquons dans ce grand marché, sans trop savoir quoi voir et par où nous pouvons passer. C’est très impressionnant, voir même un peu intimidant. Nous ne serons abordés qu’une fois par une dame qui vend des bijoux, et nous ne resterons au final pas très longtemps mais c’était un peu fou de voir cet évènement. Nous revenons vers le village de Mto wa Mba, mais nous nous faisons un arrêt sur la route pour faire une photo de termitière géante (il y en a plein le long des routes). C’est complétement fou que de si petites bêtes puissent faire d’aussi grands monticules de terre. Nous refaisons un arrêt auprès de Mkopi pour prendre quelques informations pour notre trajet de demain, puis nous continuons notre tour en vélo dans les environs. Nous découvrirons encore d’autres petits chemins de terre, d’autres petits hameaux, et toujours plein de bananiers. Une fois la boucle finie, nous allons rendre les vélos, les petits chemins de terre cahoteux et caillouteux, mais aussi le soleil auront eu raison de nous, nous sommes cuits !

 

Nous faisons un petit tour au marché pour faire quelques achats de souvenirs, et nous sommes bien contents d’avoir fait un repérage hier car nous pouvons du coup faire notre tour et les négociations de rigueur en mode très efficace. Nous rentrons ensuite nous poser à l’hôtel, histoire de se reposer de tout ces kilomètres à vélo. Je mets le temps libre à profit pour travailler sur les vidéos en retard. Nous ne ressortirons que brièvement pour diner le soir. Ce fut une bonne journée, une de ces journées où nous sommes contents d’avoir pu visiter par nous-mêmes, et où nous avons la sensation d’avoir vu la vraie vie des Tanzaniens.

Jour 317 – De Karatu à Mto wa Mba

Nous prenons notre temps pour nous réveiller, et pour le petit déjeuner, puis notre hôte nous conduit au départ du noah (mini bus collectif) pour le village voisin de Mto we Mba. Comme d’habitude, une fois que nous sommes entassés dans le véhicule il prend la route. Juste en sortie de village nous sommes arrêtés à un contrôle de police. Le contrôle dure plus longtemps que d’habitude, ça discute beaucoup, ça téléphone aussi pas mal… mais on ne sait pas trop ce qu’il se passe. Au bout d’un moment, on nous fait descendre de la voiture, et puis on nous transfère dans une nouvelle pour continuer le trajet.

 

Le village n’est pas loin, et bien heureusement vu le confort. En arrivant, nous nous lançons dans la mission de trouver un hôtel. Nous n’avons rien réservé avant pour pouvoir trouver quelque chose de pas trop cher. Assez rapidement, nous sommes rattrapés par des locaux, dont un sympa qui parle anglais et nous sert d’interprète pour parler avec les hôteliers. Je ne suis pas à l’aise dans le premier, mais le second que nous tentons, même s’il est un peu plus cher (mais quand même très bon marché) est quand même mieux. Un autre homme nous aide à négocier, et il parle anglais vraiment bien. Nous lui demandons s’il peut aussi nous montrer un endroit bien pour manger, et pour le petit-déjeuner. Il nous emmène au « Micasa es sucasa Cantina », rien que le nom vaut le détour.

 

Mkopi (c’est son nom) nous glisse plein de bons conseils, lui travaille pour un office touristique du village et est originaire d’ici. De fil en aiguille nous l’invitons à déjeuner avec nous. La conversation que nous aurons pendant le repas sera fort intéressante et enrichissante. Nous aborderons le sujet politique et sociétale et nous aurons un peu plus d’éléments pour comprendre le pays. Il nous explique que le président actuel, au pouvoir depuis 2010 n’est pas aimé des Tanzaniens. Depuis qu’il est au pouvoir la qualité de vie semble s’être dégradée, et l’opposition au pouvoir est de plus en plus réprimée. Le discours tenu est en gros : la Tanzanie est riche, nous avons des diamants, de la tanzanite et de l’or, nous n’avons pas besoin du tourisme. Sachant qu’en plus le touriste parle, donc le fait d’obliger les gens à passer par des voyages organisés, et de mettre des prix élevés n’a pour but que de limiter le nombre de touristes un peu trop curieux. Une chose est sûre, ce n’est pas les habitants qui profitent des richesses du pays : le pétrole et le gaz vont en Chine, la Tanzanite aux USA, les animaux sauvages à Oman (avec un mini parc Serengeti reconstitué là-bas), et ce n’est que quelques exemples.

 

Mkopi nous dit qu’avant 2010 il y avait beaucoup de touristes, et surtout aussi beaucoup de volontaires. On comprend pourquoi un visa à 500$ pour les volontaires a été imposé. Cela limite leur nombre, et évite que trop d’étrangers voient de trop près comment vivent vraiment les gens, et les problèmes auxquels ils sont confrontés. Il semble aussi que les accointances entre le président tanzanien, le président rwandais et celui de l’Ouganda ne sont pas de très bon augure pour le futur. Mkopi nous dit aussi qu’un des problèmes principaux, c’est que l’accès à l’éducation est limité, et ce presque volontairement pour éviter que les gens ne réfléchissent trop, et probablement pour éviter une révolte.

 

Nous prendrons aussi une grande leçon de vocabulaire swahili, pour essayer de nous débrouiller un peu par nous-mêmes dans les endroits peu touristiques. En début d’après-midi, je suis saisi d’un énorme coup de barre et je m’offre une grande sieste, pendant que Clémence lit. Nous avons tout notre temps, autant en profiter. En fin d’après-midi nous faisons un tour à pied dans le village pour le découvrir. Il est charmant, mais il est difficile de faire deux pas sans être abordés. Après, tous ceux qui viennent nous parler sont toujours super gentils avec nous, et ne cherchent même pas forcément à nous vendre quelque chose. Nous ferons quand même un tour au marché Massaï, il n’est pas forcément tenu par ces derniers mais il y a de l’artisanat qu’ils produisent. On tombe à la bonne heure, c’est calme et nous avons le temps de profiter de l’atmosphère de l’endroit. Nous repérons d’éventuels petits achats mais nous ne cédons pas à la frénésie. Nous parcourons aussi les allées avec les produits alimentaire, et nous aurons une discutions avec un maraîcher qui nous fera deviner quelles variétés de banane il vend. Nous repassons à l’hôtel avant le coucher du soleil pour une petite pause, avant de ressortir pour dîner.

 

Pour en garder une trace, voici notre petite liste de vocabulaire du jour :

  • Asanté : Merci
  • Asanté sana : Merci beaucoup
  • Mambo : Comment ça va
  • Poa : Ça va (en réponse à Mambo)
  • Abari : Comment va-tu ? / Bien
  • Zuri : Ça va (en réponse à Abari)
  • Hakuna matata : Sans problème, ça va aller (comme dans le Roi lion !!)
  • Karibu : Bienvenue, Je t’en prie
  • Salama : Ok, cool

 

  • Abari asuboui : Bonjour (matin)
  • Abari iamtchana : Bonjour (Après-midi)
  • Abari iadioni : Bonsoir
  • Lala salama : Bonne nuit
  • Sasa : Maintenant
  • Sasa aba aba: Tout de suite
  • Badaï : Plus tard

 

  • Begani / shillingi ga pi : Combien ça coûte ?
  • Gari : C’est trop cher
  • Djinalangu ni : Je m’appelle
  • Ni: Etre
  • Wé wé : Lui / Elle
  • Nané : Tu
  • Djinalako : Comment tu t’appelles ?
  • Ufaransa : France

 

  • Tchakula : Nourriture
  • Niamachoma : Barbecue
  • Wali : Riz (cuit)
  • Niama : Boeuf
  • Coucou : Poulet
  • Mboga : Légumes
  • Tchaii : Thé / petit déjeuner
  • Bycicali: Vélo
  • Cucodisha : Louer
  • Dukaladawa : Pharmacie
  • Simba : Lion
  • Charup : Barbe, mais s’utilise pour parler du Lion plus couramment
  • Tambo : Éléphant

Jour 316 – Ngorongoro

La pluie est tombée toute la nuit, ce matin quand nous sortons de l’hôtel pour nous rendre au point de rendez-vous c’est dans des rues de boue que nous marchons. Nous sommes un peu inquiets quant à la météo pour la journée, nous avons un peu peur de ne rien voir. Le 4×4 passe nous récupérer avec un peu de retard (ce qui est normal), et nous rejoignons un groupe hétéroclite qui commence son troisième jour de safari (avec 3 Canadiens dont deux « retraités » et un jeune, une Suisse et un Autrichien).

 

Le 4×4 n’est pas de toute jeunesse, mais tant que ça roule et qu’il peut aller dans les chemins ça ira. Nous avons quelques kilomètres sur route asphaltée à parcourir avant d’arriver à l’entrée officielle. Là, le chauffeur / guide s’occupe de donner l’argent pour le vol organisé de touristes par l’Etat de payer les billets et taxes d’entrée. La pluie continue de tomber mais dès l’entrée nous croisons quand même un grand groupe de babouins.

 

Nous continuons par la piste à nous enfoncer dans la zone protégée du Ngorongoro. La zone n’a pas le statut de parc national, car les Massaï ont encore le droit d’y vivre et d’y faire pâturer leurs animaux. Pour le coup ça parait normal puisque ce sont leurs terres ancestrales, et qu’il se les font confisquer un peu partout par l’Etat et certaines sociétés privées qui en font des zones de chasse appelée « game reserve » (privées toujours).

 

Nous nous enfonçons de plus en plus dans les nuages, le point de vue depuis la piste est inutile et nous sommes toujours un peu inquiet, mais le guide s’avère rassurant en nous disant que les nuages sont au-dessus du cratère, et non pas dedans. Il nous informe à ce moment que le lieu dans lequel nous nous rendons s’appelle une caldera car en plus d’être grande, la zone est végétalisée et il y a de la faune qui y vit. Cratère et caldera sont formés par un ancien volcan, mais la similitude s’arrête là. Pour le Ngorongoro, on parle d’une caldera de 23 kilomètres de diamètre, et de 600 mètres de profondeur. Certaines espèces parviennent à entrer et sortir (éléphants et lions par exemple), d’autres vivent là tout le temps, isolées des autres zones naturelles.

 

Le guide ne s’est pas trompé, car en descendant dans la caldera, nous découvrons une vue stupéfiante : la zone est entourée de montagnes, un grand lac, des rivières, des grandes plaines herbeuses et des savanes. Nous sommes loin d’être seuls vu le nombre de 4×4 présents, et encore c’est la saison basse. L’avantage d’être dans une voiture spéciale safari c’est que le toit s’ouvre, que nous pouvons nous tenir debout et que nous avons l’impression d’être vraiment au plus près pour observer.

 

Voici le résultat de nos observations de la matinée : des gnous (et encore des gnous), beaucoup de zèbres aussi, pas mal de buffles en comparaison des derniers parcs, quelques éléphants, des gazelles (de thomson et de grant), des élans du cap, des phacochères mais aussi une hyène et un lycaon. Nous aurons le plaisir de voir encore des hippopotames, dont quatre d’assez près puisqu’ils se trouvaient dans un étang juste à coté d’une aire de pique-nique où nous faisions un pause, c’est donc sans le filtre de la voiture que nous avons en plus pu les observer.

 

Les grands absents de notre bingo des animaux du jour seront encore les lions, et de manière générale les grands fauves. On nous avait pourtant certifiés qu’ici il y en avait tout le temps, mais c’est la nature, on n’est jamais sûr de rien. L’anecdote drôle sur le lion, c’est qu’en swahili ça se dit « Simba ». On se dit que Disney s’est bien moqué de nous avec la chanson d’un lion qui s’appelle « lion » dans le Roi lion.

 

La matinée a été longue, et vers 14 heures on s’arrête pour la pause pique-nique. Là tombe la nouvelle, et on se dit que la compagnie s’est aussi un peu moquée de nous : comme c’est le troisième jour du groupe et qu’eux doivent rentrer sur Arusha, la journée est finie et on prend le chemin du retour après le pique-nique. Nous qui avons payé (le prix très fort) pour une journée entière, nous sommes sacrément déçus… Ça veut aussi dire que nos chances de voir des lions ou des rhinocéros par exemple (ou même juste de profiter du parc) sont réduites à néant puisque c’était probablement le dernier parc pour lequel nous pouvions nous offrir l’entrée.

 

Les nuages se sont dissipés donc nous pouvons profiter de la vue sur la caldera depuis le haut, puis nous croiserons un dernier groupe de babouins avant de sortir du parc. Le guide nous laisse ensuite à Karatu sur le bord de la route, puis eux continue jusqu’à Arusha.

 

Nous passons par la laundry pour récupérer notre linge, mais apparemment il n’est pas prêt comme prévu, et la dame ne sait absolument pas comment nous expliquer ça puisque nous ne parlons pas swahili, et elle pas anglais. Nous passerons par l’intermédiaire du gérant de l’hôtel au téléphone pour nous aider, nous devrons revenir plus tard. Nous rentrons à l’hôtel un peu dépités, même si nous avons vu plein d’animaux et une nature géniale, et que nous ne regrettons pas d’avoir fait le déplacement au Ngorongoro, nous avons un peu la sensation de nous être fait voler. On se lance dans une mission pour minimiser les coûts de séjour jusqu’à notre départ pour le Kilimandjaro. Nous changeons donc notre programme, mais nous nous rendons compte que sortir des safaris et du Kilimandjaro, et surtout sortir du giron des agences et surtaxes gouvernementale pour les parcs nationaux n’est pas une chose aisée en Tanzanie. Nous avons peut-être trouvé une solution, nous verrons si elle s’avère bonne dans les jours qui viennent. Nous ressortons en fin de journée pour cette fois ci récupérer vraiment notre linge, manger puis nous retournons dans notre hôtel, dont nous sommes toujours les uniques clients ce soir.

 

Jour 315 – De Arusha à Karatu

Éric nous rejoint pour le petit déjeuner de ce matin, au menu : les chapatis faits hier ! Une fois que nous sommes prêts à partir, nous faisons une photo souvenir et nos adieux aux trois femmes de la maison qui se sont occupées de nous avec amour pendant trois jours. Elles nous disent d’ailleurs qu’elles auraient aimé que l’on reste et que ça va être vide d’un coup. C’est vrai qu’on s’est vraiment senti bien ici. Une fois le dernier au revoir fait, et les sacs chargés dans la voiture, Éric se met en route pour nous conduire à la station de bus local d’Arusha.

 

A peine arrivés à la station, tout le monde nous saute dessus, on est bien contents qu’Éric nous ait accompagnés, et qu’il s’occupe de nous placer dans un mini bus, car c’est un peu compliqué de s’y retrouver. Une fois les sacs chargés sur le toit et nous, installés plus ou moins confortablement, il nous laisse. Nous lui avons laissé la béquille de Clémence qui ne lui est plus nécessaire, pour qu’il s’occupe de la donner à quelqu’un qui en aurait besoin.

 

Le mini bus ne part que quand il est plein, c’est-à-dire quand il y a 4 personnes pour 3 sièges sur chaque rangée, soit 14 personnes dans un véhicule de 11 places. On est serrés, très serrés… on essaie de se caler avec Clémence mais ce n’est pas évident. Heureusement, le trajet ne dure que deux heures trente, et surtout, 20 kilomètres avant l’arrivée les passagers commenceront à descendre et nous donnerons de l’espace supplémentaire. Sur la route, nous découvrons des paysages de savanes, le lac Manyara vers lequel nous reviendrons dans quelques jours, et aussi les troupeaux de bétails conduits par des Massaï. Nous entrons dans les terres Massaï ici, et nous découvrons leurs habitats traditionnels depuis la route, les habits aussi, et même un marché.

 

A l’arrivée à Karatu, dernière ville avant les grands parcs nationaux du Serengeti et du Ngorongoro, nous sommes récupérés à la gare de bus par le gérant de l’hôtel. Très gentiment il a proposé de venir nous chercher, et heureusement car pour s’y retrouver dans le dédale de petits chemins de terre, surtout vers une destination imprécise, nous aurions galéré à pieds. Une fois les affaires posées, avec une jeune fille qui semble travailler ici, il nous emmène manger dans un endroit local et bon marché. Nous partageons le repas tous les quatre, c’est d’ailleurs officiellement le plus économique de notre séjour en Tanzanie. Après, il nous laisse et nous rentrerons à pied.

 

Notre mission de l’après midi est de trouver un groupe à rejoindre pour aller voir sur une journée le cratère du Ngorongoro, endroit considéré comme la « 8ème merveille du monde » si l’on en croit le guide du routard, et les guides locaux. L’endroit semble réunir une grande partie des grands mammifères africains sur une petite zone géographique. Ce serait bête de rater ça, mais le prix prohibitif demandé par les agences nous fait un peu reculer. Avec l’hôtel, nous avions déjà exploré des pistes, mais qui sont encore trop chères, nous tentons de notre côté. Nous faisons tous les hôtels du coin, et d’hôtels en hôtels, nous découvrons des agences, on nous donne des contacts… Mais rien ne paie, et systématiquement quand il y a un groupe de prévu pour le départ, c’est quand même trop cher.

 

Nous rentrons un peu bredouilles à l’hôtel, j’y laisse Clémence pour aller déposer notre linge à laver. C’est une petite mission car la dame qui gère la laverie ne parle que deux mots d’anglais, et c’est avec google translate en Swahili que je dois me débrouiller, ce n’était pas gagné d’avance mais ça fonctionne.

 

De retour à l’hôtel, nous retrouvons le gérant qui nous annonce qu’il a réussi à nous trouver une expédition pour demain, et avec un prix (un tout petit peu) négocié. C’est encore cher, mais on ne veut pas passer à coté de l’occasion, et surtout c’est horrible à dire mais c’est quand même très économique par rapport aux tours entièrement organisés. La Tanzanie, ce n’est pas très économique, on en est bien certains ! Par contre le départ se fait tôt, et nous n’avons pas assez de cash pour payer, nous faisons donc une petite mission banque, et notre hôte accepte de nous conduire en voiture pour nous faire gagner du temps.

 

A final la journée fut bien fatigante entre les kilomètres parcourus et la mission de l’après-midi, nous ressortons seulement pour diner. Nous trouvons un petit restaurant local à quelques encablures de l’hôtel, dans lequel nous sommes super bien reçus, et où nous nous régalons. De manière générale au cours de la journée, nous avons pu voir à quel point nous pouvions nous balader tranquillement, même dans cette ville qui n’est pas très touristique (mais plus une ville étape). Nous avons aussi vu à quel point les Tanzaniens pouvaient être gentils, accueillants et aidants.

Jour 314 – Arusha, Ifulong Cultural Tourism #2

Nous devons ce matin nous adapter aux horaires de nos hôtes, car c’est dimanche et donc ils vont à l’office à l’église. A 10 heures nous devons partir pour une petite randonnée du jour, mais personne ne se présente. Nous attendons sagement, les horaires précis ça n’existe pas vraiment. Un peu avant 11 heures, Pita se présente, il nous guide pour rejoindre l’autre moitié du groupe avec qui nous partagerons la randonnée. Nous les retrouvons quelques minutes après. Nous serons guidés par Emanuel, le gérant de l’association, et partagerons la marche avec deux médecins néerlandais. Ce sont deux amis qui sont venus en Tanzanie pour travailler et donner des cours pendant 15 jours à l’hôpital de Moshi. Ils se prennent ensuite une semaine de vacances avant de rentrer chacun chez eux, l’un aux Etats-Unis, l’autre à Aruba (j’ai découvert ce pays aujourd’hui).

 

Nous continuons notre découverte du coin, toujours au milieu des bananiers, nous découvrons même ce matin les bananes rouges. En fond sonore, nous avons les chants et musiques des différentes églises de la communauté. Emanuel met l’accent sur la découverte des différentes espèces végétales que l’on peut trouver ici. On découvre des chemins, mais on repasse aussi sur certains déjà empruntés hier. Nous finissons la randonnée par une cascade, Emanuel nous expliquera qu’il y a en beaucoup grâce à toutes les rivières qui descendent du mont Meru.

 

Avant de prendre le chemin du retour, nous faisons un arrêt pour déguster la bière de banane. Une variété de banane ne sert qu’à cela, et aussi à la réalisation du vin de banane. Dans le cas de la bière, après la fermentation et la filtration, le liquide obtenu est mélangé avec des céréales. Le résultat n’est je trouve pas super ragoutant, mais cet avis n’engage que moi car les locaux semblent l’apprécier. Nous prenons ensuite le chemin du retour, et juste avant d’arriver nous avons la chance de voir un petit caméléon qui semble se croire invisible.

 

Nous avons bien faim en arrivant car l’après midi est bien entamé, ça tombe bien nous sommes toujours aussi bien servis. Après déjeuner, Emanuel et Pita nous ont préparé une démonstration et une explication de la culture du café. Nous apprenons comment les différentes peaux des grains de café sont enlevées, puis nous découvrons leur état après 15 jours de séchage au soleil. A partir de là, nous aurons la présentation en direct de la méthode de transformation. Au pilon, la seconde peau est enlevée, puis les grains sont grillés au feu de bois, avant d’être moulus, toujours au pilon. C’est beaucoup de travail, mais le résultat est beau, et bon ! Nous nous attablons pour savourer ensemble le breuvage. Ce café est considéré comme le meilleur d’Afrique.

 

Nous laissons nos nouveaux amis néerlandais repartir, ils vont prendre leur avion. Pour ma part, je me mets en cuisine avec une de nos hôtes, elle m’a promis de m’apprendre à cuisiner des chapatis. Ce sont des galettes, à la base originaire d’Inde, elles ont été totalement assimilées dans la cuisine tanzanienne et font un peu office de pain. La cuisine est rustique, mais la méthode est éprouvée, et ça fonctionne bien. La quantité de farine pour 10 galettes est impressionnante, mais en même temps c’est un aliment qui tient bien au corps ! C’est un moment sympathique, Clémence nous rejoint et nous apprécions tous les deux d’avoir l’opportunité de voir de plus près comment les Tanzaniens vivent. Nous allons pouvoir savourer tout ça avec le diner du soir, qui est toujours aussi bon. Ce qui surprend le plus mon enseignante en cuisine, c’est le fait qu’un homme cuisine. Ici c’est très rare, tout ce qui touche à la cuisine et à la maison doit être fait par les femmes. Même Emanuel nous a tenu ce matin un discours assez réactionnaire et traditionnaliste sur la place des hommes et des femmes. Les mentalités ont encore du chemin à faire pour évoluer.

 

Ce soir, eau et électricité sont revenus, nous pouvons prendre une douche presque normale… si ce n’est un problème dans le circuit électrique qui fait que le disjoncteur saute beaucoup. C’est dommage car sans outils je ne peux pas trop essayer de voir ce qui se passe et les aider à réparer. Dans tous les cas, nous terminons notre journée heureux, et nous sommes ravis de notre séjour ici et de notre immersion dans la culture tanzanienne et maru.

 

Jour 313 – Arusha, Ifulong Cultural Tourism

Nous retrouvons pour le petit déjeuner Éric, c’est lui qui va nous guider pour notre marche matinale dans les environs. Malgré la latence du départ (qui est un peu de notre faute), nous nous mettons en route. Éric nous fait dans un premier temps traverser le terrain qui se situe juste en face du Homestay.

 

Sur ce terrain se trouvent trois gigantesques arbres plusieurs fois centenaires. Ils servaient autrefois d’abri et de lieu de réunions, toujours avec les ainés en chef de file. En bordure se trouve un bâtiment abandonné, construit du temps de la colonisation allemande et qui servait de lieu de réunion, en remplacement des arbres. Eric nous guide ensuite à travers les chemins, plus au moins petits, qui serpentent à travers le village. Ici tout le monde le connait, et tout le monde semble se connaitre de manière générale. Nous sommes toujours salués sur notre passage, et récoltons quelques sourires d’enfants, une fois une femme nous prend pour des inspecteurs qui viennent voir l’état des chemins.

 

Nous découvrirons pendant cette marche des paysages très verts, quelques fois un super panorama sur les environs, et surtout des milliers de bananiers. Il y en a partout, souvent accompagnés de caféiers, des fois d’autres plantations. Mais nous découvrons aussi qu’il y a des dizaines de variétés de bananes différentes, des plus petites au plus gigantesque. Tout un panel qui nous est complétement inconnu. Rien que ce matin au petit déjeuner, nous avons mangé une variété comme je n’en avais jamais gouté avant, en plus, bien grillée. Nous voyons à un moment une femme passer avec une banane de presque 40 centimètres. Éric nous dira qu’en plus celle-ci est petite pour la variété. Nous découvrons aussi les ruches locales, qui sont en réalité des troncs d’arbres percés suspendus dans les arbres, et descendus une fois l’an pour faire la récolte du miel.

 

Nous avions emmené avec nous un petit jus de fruit frais pour faire une pause, et Éric nous entraine chez sa grand-mère pour le boire. Nous nous attablons donc chez cette dernière et partageons avec elle. Il essaie de lui expliquer qui nous sommes et ce que nous faisons ici. Nous ne pouvons pas lui parler directement car elle ne parle pas un mot d’anglais, mais elle parle Swahili et Kimeru (la langue locale). En réalité, nous comprenons que la plupart des gens ici parle le Swahili car l’unification de la Tanzanie l’a imposé comme langue officielle, mais communique entre eux via leur langue régionale. Certains apprennent en plus l’Anglais, mais plutôt les jeunes générations. Éric nous raconte que son grand père fut un des premiers guides de la région, et qu’il avait fait ses études à Londres (du temps du protectorat Anglais). Il souhaite en quelque sorte suivre sa voie.

 

Nous reprenons ensuite notre marche à travers les petits chemins, en direction d’une cascade. C’est après une descente sur des marches creusées dans la terre humide et glissante, toujours au milieu des bananiers que nous parvenons à y accéder. Nous remontons ensuite tout et reprenons la direction du Homestay, auquel nous accédons en traversant les cultures de bananes et de café de la propriété. Sur la dernière portion de chemin, nous découvrons quelques maisons traditionnelles, de seconde génération nous dira Éric (faites avec de la bouse mélangée avec de la boue). Juste à coté du Homestay, une case traditionnelle a été construite pour que l’on puisse voir comment c’était.

 

Après un déjeuner toujours aussi bon, et qui nous permet de découvrir la culture culinaire tanzanienne, nous nous prenons ensuite l’après-midi tranquille. Éric nous laisse, nous le retrouverons peut-être demain pour une nouvelle marche. Je profite de l’après-midi pour préparer le montage vidéo de Zanzibar. Avant le coucher du soleil, nous nous motivons pour une douche avant qu’il fasse trop froid. En effet, la salle de bain est complétement à l’extérieur, et aujourd’hui l’eau courante ne fonctionne pas donc c’est au seau d’eau que nous devons nous doucher. L’électricité qui été coupée ce matin est revenue, c’est déjà bien. J’ai constaté aujourd’hui que même s’il semble y avoir des coupures de temps en temps, chaque domicile est relié avec l’eau et l’électricité, ce qui était loin d’être le cas dans certains coins du Mozambique.

 

Pour conclure la journée, la bonne nouvelle c’est que Clémence a pu marcher sans trop de difficulté, et donc que ça sent bon pour notre ascension du Kilimandjaro. Pour célébrer ça, nous mangeons encore un super repas. A menu de l’ugali jaune, c’est de la pâte de mais mélangée à de la farine du manioc, habituellement faite avec du mais blanc. Nos hôtes l’ont adaptée, et on a une saveur très proche de la polenta italienne.

Jour 312 – De Zanzibar à Arusha

Nous quittons le dortoir à tâtons pour ne pas réveiller tout le monde et ce bien avant le lever du jour, puis nous retrouvons le chauffeur de l’hôtel qui nous emmène à l’aéroport. C’est encore un tout petit aéroport, mais surtout il est bien désert alors que nous sommes à l’heure dite par la compagnie. Nous attendons, nous attendons toujours, les guichets de check-in ouvrent mais pas celui de notre compagnie. Finalement il ouvre, mais à l’heure dite du départ. On est les derniers à s’enregistrer mais en réalité on nous change au dernier moment de compagnie, et nous partons dans les 10 minutes qui suivent, c’est un peu à n’y rien comprendre. Nous faisons un mail à l’hôtel qui a envoyé un chauffeur pour nous récupérer, en les informant des différents changements mais c’est un peu comme lancer une bouteille à la mer, on verra bien.

 

Nous prenons place dans le plus petit avion dans lequel je ne suis jamais monté : 12 passagers et 2 pilotes (même si le voyage se fait aujourd’hui sans copilote). On ne va pas se mentir je ne suis pas méga rassuré de voler dans une boite de conserve comme ça. Mais la vue au décollage sur les plages et le lagon de Zanzibar me fait un peu penser à autre chose. Juste avant l’arrivée, la grosse bonne surprise c’est la superbe vue que nous aurons sur le sommet du Kilimandjaro. Ce dernier apparait comme par magie au milieu de nuages, ça y est nous avons vu le toit de l’Afrique. Nous le regardons « dans les yeux », en ayant en tête l’ascension qui débutera dans deux semaines, et que nous espérons couronner de succès.

 

L’atterrissage est un peu impressionnant, on voit presque trop bien l’arrivée c’est un peu flippant. L’aéroport est minuscule, nous récupérons même nous sacs directement à la sortie de l’avion. A la sortie de l’aéroport, nous sommes bien attendus par le chauffeur de l’hôtel, Eric. Nous prenons la direction du Homestay dans lequel nous allons rester trois jours, et qui se situe en bordure du parc national d’Arusha, au milieu d’un petit village au pied du Mont Meru (le 2nd plus haut après le Kilimandjaro).

 

La fin de matinée est un peu flottante, nous attendons Emanuel, le gestionnaire des lieux avec qui nous devons un peu organiser notre séjour. Il propose des randonnées et des tours à la découverte des environs. Eric reste dans le coin car il propose aussi ses services pour des safaris ou autres tours. Nous déjeunerons d’ailleurs avec lui le super repas préparé par la cheffe cuisinière des lieux.

 

Nous préparons tranquillement notre petit programme, en gardant en tête qu’à partir de lundi nous commençons notre semaine de volontariat. Enfin c’est ce que nous pensions, car nous recevons un message qui nous dit que ça ne va pas pouvoir se faire, à cause de notre visa. En effet, l’association avec qui nous traitions nous avait dit qu’un visa touristique était ok pour un séjour d’une semaine, mais cette version a changé. Aussi, nous n’avions pas voulu prendre le visa de volontaire qui coutait juste 10 fois plus cher (500$ !! ils sont fous). Le volontariat est donc annulé, nous nous retrouvons donc sans plan à partir de lundi, et jusqu’à notre départ pour le trek du Kilimandjaro. Nous nous rendons aussi compte que la Tanzanie s’avère très chère car il est difficile de prévoir un séjour plus en autonomie, des randonnées sans guide,  les taux d’entrée dans les parcs sont très chers, etc.

 

Eric qui traîne toujours dans le coin est bien sympathique et essaie de nous aiguiller, il essaie de trouver des plans pour des safaris mais tout est toujours totalement hors budget pour nous. Nous n’avons pas pris de décisions fermes encore, mais nous avons plusieurs pistes en tête, ce qui est sûr c’est que ça ne sera pas par des tours organisés.

 

En fin d’après-midi, nous décidons d’aller faire un tour dans le village pour se dégourdir les jambes et découvrir un peu les environs. Nos hôtes s’inquiètent un peu que l’on se perde, apparemment ils pensent que les touristes ont besoin d’être baby-sitté tout le temps. On découvre le magnifique paysage environnant le village, il y a des plantations de bananiers et de café un peu partout, c’est très très vert. Les gens nous sourient, les bonjours sont un peu timides mais nous nous sentons libres et bien. Nous voyons un dindon qui fait la cour à une femelle au milieu des bananiers, des poules et des animaux un peu partout, et de manière générale la vie tranquille des villages.

 

Notre promenade nous amène jusqu’au temple protestant du village voisin, là quand nous faisons demi-tour nous sommes rattrapés par deux jeunes hommes, Victor et Mathias. Puis par une nuée d’enfants. Le groupe d’enfants ne fera que grandir au fur et à mesure de notre avancée. Ils sont curieux, et super amicaux, ils nous suivent en essayant de toucher les cheveux de Clémence. Nous papotons tranquillement avec Mathias et Victor, ils deviennent notre caution et nous voyons comme une approbation de la part des autres villageois. A la sortie du village, les enfants nous saluent et font demi-tour, Victor et Mathias continuent avec nous jusqu’à notre Homestay qui est dans le village voisin. C’était une rencontre intéressante, nous échangeons nos numéros et faisons une photo ensemble. Peut être nous recroiserons nous avant notre départ d’ici. Ce soir, le Homestay est tranquille, nous sommes les seuls à occuper une chambre.