Jour 320 – Babati

En fin de matinée, nous partons en vadrouille, l’objectif : la péninsule de Babati pour pouvoir approcher le lac. Dès que nous quittons la route principale pour nous diriger vers la pointe de la péninsule, nous avons l’impression de quitter la ville et d’entrer dans un petit village. Nous ne passons pas inaperçus, et les enfants nous courent après. Il y en a même un qui viendra me prendre la main de lui-même, et ne me la lâcheras pas, il fera un petit bout de chemin avec nous. Je suis un peu gêné, j’ai un peu l’impression d’enlever un enfant, mais de lui-même au bout d’un moment il part en courant dans le sens inverse. Nous rencontrons aussi pendant la traversée du village un homme qui s’appelle Éric (encore un décidément), il fera un bout de chemin avec nous, enfin il nous accompagnera au bout de la péninsule. On sent qu’il a plus l’habitude de côtoyer des voyageurs car il n’est pas avare en informations, et n’est pas oppressant avec nous. Il nous laisse de l’espace pour visiter par nous-mêmes et n’essaie pas immédiatement d’essayer de nous vendre ou nous proposer quelque chose, et ça, ça fait du bien.

 

Éric nous présente ensuite son associé, Éric 2. Éric 1 et Éric 2 (comme ils s’appellent eux-mêmes) ont un bateau pour aller voir les hippopotames et faire un tour sur le lac. Ça tombe bien car nous sommes un peu là pour ça. A la base nous voulions partir avec un pécheur, mais il n’y en a pas vraiment car c’est la saison où la pêche est fermée (même si on en voit un ou deux qui essaient de le faire discrètement). Nous ne disons pas oui à leur proposition de suite, et prenons le temps de découvrir les lieux en attendant que le déjeuner soit près, nous sommes les seuls clients et le restaurant du coin à un peu ouvert pour nous.

 

Nous mangeons avec les Éric, et passons un bon moment avec eux. On parle un peu de tout, de religion (c’est très important ici et surtout il y en a beaucoup de différentes représentées), de tourisme, des parcs nationaux, de voyage, etc… Éric 2 nous raconte aussi comment il est resté enfermé 7 heures dans une voiture pour échapper à un groupe de 5 lions affamés. Ensuite, nous négocions un peu le tour, ils acceptent notre proposition car ils savent que nous pouvons leur faire une bonne pub pour peut être les aider à développer leur activité. Nous nous préparons à embarquer, quand au dernier moment un groupe de trois jeunes locaux se présentent et s’ajoutent à l’expédition.

 

Nous embarquons tous dans le bateau, qui est un canoé taillé dans la masse d’un tronc de ficus. Je n’aurais jamais imaginé que 8 personnes pouvaient entrer dans un ficus, mais voilà on m’a prouvé le contraire aujourd’hui. En plus des 3 locaux, nous deux, les deux Éric au ramage (et oui pas de moteur !), il y a aussi leur pauvre assistant qui doit s’occuper de la tâche ingrate d’écoper pendant tout le trajet.

 

Le tour sur le lac est très agréable, c’est un peu magique de flotter dans ce tronc d’arbre. Nous découvrons le magnifique panorama qui entoure Babati, et nous observons de loin (heureusement) les hippopotames qui barbotent. On les repère à leurs narines qui sortent de temps en temps en rejetant un jet d’eau. Le soleil est fort, et l’eau nous semble très agréable, ça nous donne très envie d’aller nager mais en dehors du fait que nous n’avons pas de maillots, avec les hippos aux alentours cela nous semblerait trop risqué.

 

Une fois débarqué, alors que nous nous apprêtons à partir, les Éric nous demandent de les suivre. Un des trois jeunes, Grandy, fête aujourd’hui ses 25 ans et il nous invite à se joindre à leur petit groupe. C’est comme ça que nous nous retrouvons embarqués dans une petite fête d’anniversaire en son honneur, installés au bord du lac. C’est il semble pour eux un honneur d’avoir des Mouzungou (des européens blanc) avec eux pour célébrer cet évènement. Éric 2 s’improvise maitre de cérémonie, le gâteau arrive, on chante en swahili, en anglais, puis en français. C’est bien sympa comme moment.

 

Après le traditionnel gâteau, ils sortent des morceaux de chèvres rôtis, accompagnés de légumes pimentés et ugali (pâte à base de mais blanc et de manioc). Ça change de nos gouters d’anniversaire, mais après on revient au gâteau en buvant un verre (alcoolisé pour eux, sans pour nous). Nous passons un moment sympathique, c’est complétement improbable de se retrouver là à cet instant en train de fêter cet anniversaire. Nous chantons encore, un classique tanzanien : Jambo Jambo. Ensuite Éric 2 nous racontera cet fois ci comment il a échappé et survécu à l’attaque d’un hippopotame (en nous montrant les cicatrices qui le prouvent). C’est un peu fou, on savait que c’était un des animaux les plus dangereux au monde (malgré le fait qu’il soit herbivore et tout joufflu), mais son histoire fait un peu froid dans le dos. Nous prenons ensuite congé du petit groupe, on se sent un peu trop au centre de l’attention, alors que c’est l’anniversaire de Grandy quand même. Avant de nous laisser partir, ils nous font promettre de venir faire un tour ce soir au concert qui se passe dans un autre lodge de la ville, nous repérons l’endroit sur la carte puis nous rentrons à l’hôtel à pied.

 

Après une pause que je mets à profit pour monter les vidéos, nous tenons promesse et partons en direction du Sarafina Lounge. A pied c’est trop loin, nous voulions prendre un tuktuk mais il n’y en a pas. Finalement c’est avec deux moto taxi que nous nous y rendrons. A l’arrivée, les Éric nous accueillent avec une telle joie que ça fait chaud au cœur, on voit qu’ils sont réellement contents que l’on soit venus. On prend quelques bières, on mange un morceau et surtout on profite du groupe qui joue en live. La musique africaine est à l’honneur, et les gens se déhanchent sur le piste de danse devant la scène, tout ça sous l’œil circonspect de la photo du premier président tanzanien. Il y a surtout des hommes qui dansent, c’est un peu tout l’inverse de chez nous. L’ambiance est assez folle, et Éric 2 nous entraine pour quelques danses, et il me fera même monter sur scène. Je me retrouve aux yeux de tous à devoir danser avec la danseuse du groupe et le chanteur. Les gens se lâchent et nous filment allégrement nous sommes un peu l’attraction de la soirée, mais tout le monde est ultra bienveillants avec nous, les gens semblent ravis que des touristes viennent dans des soirées comme celles-ci. En tout cas, on a bien rigolé et on s’est bien amusé, la soirée aura bien clôturé cette journée un peu improbable. Quand nous nous décidons à partir, les Éric tiennent à nous accompagner, et ils attendent que l’on soit dans un tuktuk pour nous laisser, après un au revoir très chaleureux.

 

PS : Ma performance scénique du soir a été filmée (malheureusement), je réfléchis encore à savoir si je la poste sur le carnet de voyages ou non.