Jour 99 – Retour à Paksé, ou l’échec de la traversée de la frontière Laos / Cambodge

La journée ne s’est pas déroulée comme prévu, mais c’était malheureusement une des options soujacentes. Pourtant avec un bon petit déjeuner de chez Fred & Léa dans le ventre, ça aurait dû aller ! Bref, j’ai pris mon petit bateau et ma moto et je me suis rendu à la frontière Cambodgienne, avec la ferme intention de la traverser.

Les douaniers Laotiens m’ont vu arriver avec la moto, ils m’ont envoyé d’abord coté Cambodgien pour voir les douanes, et m’ont dit de revenir si je pouvais rentrer au Cambodge avec la moto pour me faire le tampon de sortie du Laos, bon déjà ça ne m’a pas mis en confiance. Je me rends jusqu’à la barrière, laisse la moto et finis à pied jusqu’au bureau des douanes. Là, je découvre un homme avachi sur sa chaise en train de dormir, j’hésite à le réveiller de peur de le mettre de mauvais poil, mais une femme qui voulait faire passer des vêtements s’occupe de cette tâche. Le douanier ne parle pas vraiment anglais et je ne comprends rien à ce qu’il me dit, un autre arrive, lui parle plus clairement. Je garde le sourire et mon calme, et la discussion commence. Une bonne discussion de sourds, ils me refusent l’entrée avec la moto, sous prétexte que je n’ai pas demandé une autorisation au ministère à Pnomh-Penh. Cette formalité n’est expliquée nulle part, j’essaie de leur montrer ma bonne foi ! Sachant que je suis à une des frontières les plus corrompues du monde, je m’attends à ce qu’ils me demandent un petit paiement, je crois comprendre qu’ils le font. J’essaie de leur demander de m’aider, de négocier, à peu près tout ce que je peux en restant calme, posé et sympa. Je crois même que j’ai finalement ouvertement essayé de les corrompre tellement j’étais à bout d’arguments, mais rien ne marche. Je suis obligé de me résigner à faire demi-tour, et à repenser mes plans. Heureusement que je n’ai pas fait tamponner ma sortie du Laos, mais les douaniers Laotiens qui me voient repasser ne sont pas les mêmes, et j’ai quand même le droit à une vérification de visa, et surtout un gros regard interrogatif. Je n’ai pas pris l’habitude de faire des notes pour les autres voyageurs dans mes posts, mais si google amène des lecteurs sur ce texte, ça leur sera utile. Car tout ce qu’on lit à l’heure actuelle n’est pas valable et m’a bien induit en erreur.

*Avertissement : Il ne faut pas essayer de traverser la frontière du Laos vers le Cambodge à moto, sauf si vous avez trouvé comment réaliser la procédure d’autorisation préalable auprès du ministère Cambodgien. Sinon abstenez-vous ! Et encore rien ne garantit que la procédure ne soit pas changée demain*

Après cet échec, je reprends la route en sens inverse pour dans un premier temps me rendre à Nagasang, la ville d’où les bateaux partent pour les îles. Déjà pour retrouver un ATM et me refaire un pécule de kips (que j’avais bien éliminé en prévision du passage de frontière), mais aussi pour relancer une idée que Florian a suggéré par message ce matin. Puisque je ne suis pas passé, lui non plus ne passera pas. Donc il doit se débarrasser de sa moto, mais qu’on vende la mienne ou la sienne, ici les locaux n’en donnent guère plus que 100$. Nous validons le deal par message, et en l’attendant sur le port pendant qu’il ramène sa moto, je me mets en recherche pour vendre la mienne. Me voyant attendre, un Laotien vient me voir et me demande si je veux prendre le bateau, je lui écris sur google translate « A vendre » en montrant la moto, et il se révèle intéressé. Il l’essaie, puis un deuxième homme l’essaie, puis finalement une dame me fait signe et me donne l’argent demandé. Enfin ils ont quand même négocié un peu avant mais j’en tire le prix escompté ici. Au passage je dois un peu faire le forcing pour récupérer de l’essence, j’avais fait le plein juste avant de partir, et je préfère mettre cette essence dans la nouvelle moto ! C’est donc en moins de 15 minutes que la vente se solde et que je dis adieu à ma bonne vieille moto, qui même si elle tombait souvent en panne était quand même bien chouette !

Quand Florian arrive, je suis sur le port avec tous mes sacs sans véhicule. Lui aussi à un peu de mal à lâcher sa moto (ah le sentimentalisme !), mais le prix que je lui donne pour le rachat est inespéré dans cette zone. Sa moto est comme neuve, et ne nécessite aucune réparation autre que de l’entretien courant. Le montant que je rajoute pour l’acquérir couvre je pense au moins ce que m’aurait couté ma vieille moto en réparation, la sérénité en plus. Me voilà donc reparti sur mon nouvel engin en direction de Paksé. J’ai entre temps un peu plus réfléchi au plan que je vais suivre.

L’idée est d’obtenir un visa Vietnamien multiple entrée, puis de prendre la direction de la frontière Laos / Vietnam la plus proche. De là en une journée je rejoins la frontière Vietnam / Cambodge la plus proche et je vais jusqu’au temple d’Angkor, pour rattraper le parcours initialement prévu. Bon avec quand même 750 kilomètres de plus au compteur, et quelques jours de délai. Mais bon, les aléas du voyage sont ce qu’ils sont. Sauf qu’en cours de route je réalise que nous sommes samedi… j’ai un peu tendance à être perdu dans les jours de la semaine. Or le consulat du Vietnam à Paksé est fermé, et ne réouvre que lundi à 9h. Je n’ai pas le choix, il est trop tard pour faire demi-tour, je vais devoir attendre deux nuits à Paksé l’ouverture du consulat. En effet, initialement je voulais partir pour le Vietnam direct, puisque en tant que Français j’ai le droit à 15 jours sur le territoire gratuitement sans visa préalable, parfait ! Même si je comptais ne rester qu’un jour ça marche. Par contre, j’aurais utilisé ce crédit d’une entrée / sortie et ne pourrais pas revenir sur le territoire Vietnamien avant au moins 30 jours, même avec un visa. Ce qui était mon idée, de faire un visa une fois au Cambodge pour ma deuxième entrée… mais que nenni ce n’est a priori pas possible ! Enfin les informations ne sont pas claires, j’ai essayé d’appeler partout où je pouvais mais personne n’a pu me donner l’information officielle, et la moitié des bureaux sont fermés sans permanence le weekend. Je ne veux pas risquer une seconde de ne pas pouvoir rejoindre Clémence à Ho-Shi-Minh le 21 octobre. Je vais donc attendre lundi et faire les choses dans les règles, en me faisant bien confirmer que ce que je veux faire est possible avant de me lancer. D’ici là, je n’ai qu’à attendre, et c’est là que l’attente aux 4000 îles aurait été plus intéressante, mais on ne choisit pas quand les idées arrivent !