Jour 101 – De Paksé à Plei Cân (Vietnam)

Dès la première heure je me rends au consulat du Vietnam pour obtenir le visa tant attendu. Il n’aura fallu que 15 minutes et la modique somme de 120$ (aïe aïe aïe) pour repartir avec le fameux sésame ! Je peux donc officiellement me lancer dans le grand tour pour contourner la frontière infranchissable, première étape, rejoindre le Vietnam ce soir.

Je reprends la route déjà expérimentée pour voir les cascades quelques jours plus tôt, cette fois ci je ne me fais pas avoir, je me couvre bien car les températures chutent pas mal avec l’altitude. J’avance bien, si bien que je me permets une petite pause pour découvrir la deuxième plus grande cascade du pays qui fait partie de la grande boucle du plateau de Bolovens. En même temps elle juste à côté de la route ça aurait été dommage de la rater. Il est 13h quand je m’arrête déjeuner et j’ai déjà fait plus de la moitié du trajet, tout va bien. Enfin je n’avais pas imaginé les 100 kilomètres avant la frontière comme ça. Disons que j’ai compris ce qu’était la frontière naturelle entre le Laos et le Vietnam, une bonne barrière montagneuse. C’est donc 100 kilomètres de route de montagne à parcourir qu’il me reste. Les paysages sont magnifiques, c’est un bel au revoir au Laos, mais au bout d’une paire d’heures, mes bras sentent bien les kilomètres aussi. J’arrive enfin à la frontière ! Sortir du Laos est une formalité, ici pas de tentative de racket, tant mieux ! Entrer au Vietnam n’est pas bien plus compliqué avec le visa déjà prêt. En moins de 30 minutes les deux checks points sont passés et je peux continuer ma route, ça y est j’ai enfin réussi à quitter le Laos !

La nuit tombe encore plus tôt ici, et avec tous les kilomètres de la journée je me contente de me rendre à la ville la plus proche. C’est assez fou comment tout change en quelques kilomètres après la traversée d’une frontière. C’est le retour des klaxons, les gens sont plus nerveux aussi, ça se voit direct (en même temps ce n’est pas difficile de faire plus tranquille qu’au Laos). Une fois arrivé, première mission, retirer des Dongs pour pouvoir payer mon hôtel, et deuxième mission, trouver une chambre. Je sens que cette ville n’est pas touristique du tout. Je suis un peu le seul et tout le monde me regarde, mais avec des grands sourires donc c’est plutôt agréable. Les gens de l’hôtel où je m’arrête parlent un peu anglais, j’en profite pour leur demander conseil sur la route à emprunter demain. J’ai bien fait de demander, je serais reparti pour 140 kilomètres de route de montagne ! Je vais éviter et suivre la route qui contourne comme ils me l’ont conseillé.





Jour 100 – Paksé

C’est un peu une claque d’arriver au jour 100, c’est presque devenu normal comme situation pour moi de voyager ! Bon, je l’avais par contre clairement imaginé face au temple d’Angkor et j’ai encore un peu de mal à digérer l’échec d’hier. J’ai quand même essayé de mettre à profit ma journée. J’aurais aimé commencer par une grosse grasse matinée, mais un vendeur de glace / nourriture ambulant en avait décidé autrement. A 7h du matin, il stationne pendant un long moment devant l’hôtel, ou dans la rue de l’hôtel peut être. Sa spécificité (mais ce n’est pas le seul du pays) c’est d’avoir en mode sonnerie mono-ton de téléphone « La lettre à Elise » qui tourne en boucle. J’aime beaucoup cette musique, mais en boucle avec ce type de son, ça m’a très vite tapé sur le système et empêché de dormir.

Je me dis que je vais visiter un peu Paksé, je n’avais pas pris le temps lors de mon dernier passage. Je me rends au marché Dao Hueng, typiquement Laotien, et relativement grand. Je contourne bien sur les étals de viandes qui sont bien odorants et visuellement dégoutants. Le reste du marché est plutôt chouette, assez ordonné, et les étals pleins de couleurs des fruits et légumes sont toujours aussi beaux. La chaleur est accablante et je sens la fatigue de la journée d’hier, je retourne vers l’hôtel, mais je fais une petite pause coiffeur en cours de route. Je n’avais pas encore testé au Laos, c’est chose faite ! Pour l’anecdote, le siège n’était pas réglable et la coiffeuse tellement petite que j’ai été obligé de me baisser pour qu’elle me coupe les cheveux du dessus (ceux qui me restent), la situation était assez drôle ! Ça l’a aussi fait marrer (façon laotienne par contre, ce n’est jamais très expansif) que je demande pour prendre une photo, c’est un peu ma tradition de coiffeur maintenant.

Après une bonne sieste, je pars en moto pour monter au point de vue de l’autre côté du Mékong, là où siège un « petit » Bouddha de 25 mètres. Le trajet est vraiment rapide, et la route qui grimpe très agréable. La vue sur Paksé et le Mékong est vraiment belle. Je suis content finalement d’avoir eu l’opportunité de la voir.

Comme je n’ai vraiment pas envie de faire grand-chose pour fêter ce jour 100, je rentre à l’hôtel. Je me fais juste une sortie pour manger au restaurant indien découvert lors de mon dernier passage. Ce soir, je suis seul dans un dortoir, et je compte bien profiter de l’espace ! Ce n’est pas tous les jours que j’ai une « chambre » aussi grande pour moi tout seul.







Jour 99 – Retour à Paksé, ou l’échec de la traversée de la frontière Laos / Cambodge

La journée ne s’est pas déroulée comme prévu, mais c’était malheureusement une des options soujacentes. Pourtant avec un bon petit déjeuner de chez Fred & Léa dans le ventre, ça aurait dû aller ! Bref, j’ai pris mon petit bateau et ma moto et je me suis rendu à la frontière Cambodgienne, avec la ferme intention de la traverser.

Les douaniers Laotiens m’ont vu arriver avec la moto, ils m’ont envoyé d’abord coté Cambodgien pour voir les douanes, et m’ont dit de revenir si je pouvais rentrer au Cambodge avec la moto pour me faire le tampon de sortie du Laos, bon déjà ça ne m’a pas mis en confiance. Je me rends jusqu’à la barrière, laisse la moto et finis à pied jusqu’au bureau des douanes. Là, je découvre un homme avachi sur sa chaise en train de dormir, j’hésite à le réveiller de peur de le mettre de mauvais poil, mais une femme qui voulait faire passer des vêtements s’occupe de cette tâche. Le douanier ne parle pas vraiment anglais et je ne comprends rien à ce qu’il me dit, un autre arrive, lui parle plus clairement. Je garde le sourire et mon calme, et la discussion commence. Une bonne discussion de sourds, ils me refusent l’entrée avec la moto, sous prétexte que je n’ai pas demandé une autorisation au ministère à Pnomh-Penh. Cette formalité n’est expliquée nulle part, j’essaie de leur montrer ma bonne foi ! Sachant que je suis à une des frontières les plus corrompues du monde, je m’attends à ce qu’ils me demandent un petit paiement, je crois comprendre qu’ils le font. J’essaie de leur demander de m’aider, de négocier, à peu près tout ce que je peux en restant calme, posé et sympa. Je crois même que j’ai finalement ouvertement essayé de les corrompre tellement j’étais à bout d’arguments, mais rien ne marche. Je suis obligé de me résigner à faire demi-tour, et à repenser mes plans. Heureusement que je n’ai pas fait tamponner ma sortie du Laos, mais les douaniers Laotiens qui me voient repasser ne sont pas les mêmes, et j’ai quand même le droit à une vérification de visa, et surtout un gros regard interrogatif. Je n’ai pas pris l’habitude de faire des notes pour les autres voyageurs dans mes posts, mais si google amène des lecteurs sur ce texte, ça leur sera utile. Car tout ce qu’on lit à l’heure actuelle n’est pas valable et m’a bien induit en erreur.

*Avertissement : Il ne faut pas essayer de traverser la frontière du Laos vers le Cambodge à moto, sauf si vous avez trouvé comment réaliser la procédure d’autorisation préalable auprès du ministère Cambodgien. Sinon abstenez-vous ! Et encore rien ne garantit que la procédure ne soit pas changée demain*

Après cet échec, je reprends la route en sens inverse pour dans un premier temps me rendre à Nagasang, la ville d’où les bateaux partent pour les îles. Déjà pour retrouver un ATM et me refaire un pécule de kips (que j’avais bien éliminé en prévision du passage de frontière), mais aussi pour relancer une idée que Florian a suggéré par message ce matin. Puisque je ne suis pas passé, lui non plus ne passera pas. Donc il doit se débarrasser de sa moto, mais qu’on vende la mienne ou la sienne, ici les locaux n’en donnent guère plus que 100$. Nous validons le deal par message, et en l’attendant sur le port pendant qu’il ramène sa moto, je me mets en recherche pour vendre la mienne. Me voyant attendre, un Laotien vient me voir et me demande si je veux prendre le bateau, je lui écris sur google translate « A vendre » en montrant la moto, et il se révèle intéressé. Il l’essaie, puis un deuxième homme l’essaie, puis finalement une dame me fait signe et me donne l’argent demandé. Enfin ils ont quand même négocié un peu avant mais j’en tire le prix escompté ici. Au passage je dois un peu faire le forcing pour récupérer de l’essence, j’avais fait le plein juste avant de partir, et je préfère mettre cette essence dans la nouvelle moto ! C’est donc en moins de 15 minutes que la vente se solde et que je dis adieu à ma bonne vieille moto, qui même si elle tombait souvent en panne était quand même bien chouette !

Quand Florian arrive, je suis sur le port avec tous mes sacs sans véhicule. Lui aussi à un peu de mal à lâcher sa moto (ah le sentimentalisme !), mais le prix que je lui donne pour le rachat est inespéré dans cette zone. Sa moto est comme neuve, et ne nécessite aucune réparation autre que de l’entretien courant. Le montant que je rajoute pour l’acquérir couvre je pense au moins ce que m’aurait couté ma vieille moto en réparation, la sérénité en plus. Me voilà donc reparti sur mon nouvel engin en direction de Paksé. J’ai entre temps un peu plus réfléchi au plan que je vais suivre.

L’idée est d’obtenir un visa Vietnamien multiple entrée, puis de prendre la direction de la frontière Laos / Vietnam la plus proche. De là en une journée je rejoins la frontière Vietnam / Cambodge la plus proche et je vais jusqu’au temple d’Angkor, pour rattraper le parcours initialement prévu. Bon avec quand même 750 kilomètres de plus au compteur, et quelques jours de délai. Mais bon, les aléas du voyage sont ce qu’ils sont. Sauf qu’en cours de route je réalise que nous sommes samedi… j’ai un peu tendance à être perdu dans les jours de la semaine. Or le consulat du Vietnam à Paksé est fermé, et ne réouvre que lundi à 9h. Je n’ai pas le choix, il est trop tard pour faire demi-tour, je vais devoir attendre deux nuits à Paksé l’ouverture du consulat. En effet, initialement je voulais partir pour le Vietnam direct, puisque en tant que Français j’ai le droit à 15 jours sur le territoire gratuitement sans visa préalable, parfait ! Même si je comptais ne rester qu’un jour ça marche. Par contre, j’aurais utilisé ce crédit d’une entrée / sortie et ne pourrais pas revenir sur le territoire Vietnamien avant au moins 30 jours, même avec un visa. Ce qui était mon idée, de faire un visa une fois au Cambodge pour ma deuxième entrée… mais que nenni ce n’est a priori pas possible ! Enfin les informations ne sont pas claires, j’ai essayé d’appeler partout où je pouvais mais personne n’a pu me donner l’information officielle, et la moitié des bureaux sont fermés sans permanence le weekend. Je ne veux pas risquer une seconde de ne pas pouvoir rejoindre Clémence à Ho-Shi-Minh le 21 octobre. Je vais donc attendre lundi et faire les choses dans les règles, en me faisant bien confirmer que ce que je veux faire est possible avant de me lancer. D’ici là, je n’ai qu’à attendre, et c’est là que l’attente aux 4000 îles aurait été plus intéressante, mais on ne choisit pas quand les idées arrivent !



Jour 98 – Les 4000 îles, Don Khon #2

Je ne change rien pour ce deuxième jour ici, grasse mat et je profite du hamac et de la terrasse une grande partie de la matinée. Je me lève pour aller petit-déjeuner chez Fred & Léa, qui devient un peu mon QG pour les repas et les renseignements.

Dans l’après-midi, je pars quand même un peu en excursion pour découvrir le reste de l’île, mais en moto cette fois-ci. Je passe par la pointe nord pour rejoindre les rapides situés de l’autre côté de l’île, le chemin est très très mauvais mais j’arrive à rallier le pont suspendu qui franchit les bras de rivière. Il y a en effet un bras du Mékong qui fait une incursion dans l’île, avec une descente plutôt rapide. La traversée du pont fait un peu Indiana Jones ! De l’autre côté, le bras principal est plus petit que ce que j’ai pu voir hier mais n’en reste pas moins impressionnant. Des enfants pêchent au bord, et des adultes eux pêchent debout sur des rochers au milieu du fleuve.

Je reprends les chemins pour aller à l’extrême sud de l’île. Je me pose en terrasse pour savourer un fruit shake en admirant la vue. De l’autre coté, c’est le Cambodge, il est tellement près que j’ai du mal à imaginer les galères qui m’attendent demain ! Je ne m’attarde pas trop pour rentrer avec le coucher du soleil et re-faire une petite session hamac.

Ce soir, je retourne dîner chez Fred & Léa, histoire de bien tester la carte, et je me joins à Florian (que j’avais rencontré sur la route il y a plusieurs jours) et une amie à lui. Lui hésite à vendre sa moto ici avant d’aller au Cambodge, nous évoquons le fait que je lui rachète et que je vende la mienne à la place. Ça m’aurait permis d’avoir un modèle plus neuf, plus puissant et plus fiable pour la suite, mais finalement nous en resterons là. Ce n’est pas grave, je l’aime quand même bien ma vieille moto ! Enfin si demain elle arrive à passer la frontière avec moi je l’aimerais encore plus.

Voici la suite et fin (normalement) des montages vidéo sur le Laos :
https://youtu.be/Dd5qxMFeJPA
https://youtu.be/oY0KF5si74A
https://youtu.be/nxKa_voYT-g
https://youtu.be/O4M-l9NUpSQ

La sélection des photos du séjour est visible sur la page du Laos, ici : https://carnetdevoyages.xyz/voyages/asie/laos/







Jour 97 – Les 4000 îles, Don Khon

Bon alors je l’avais un peu prévu mais j’ai commencé la journée par ne pas faire grand-chose, à par aller lire en terrasse en prenant mon petit déjeuner… pas violent. Sinon je profite bien du hamac sur la terrasse.

Quand l’après-midi est déjà pas mal avancé je me décide à partir un peu en excursion pour découvrir l’île. Direction les cascades de Somphamit et Li Phi. Je décide de visiter à pied, une petite pause de moto sera pour le mieux. Une fois payé l’escroquerie de droit d’entrée, je découvre la première « cascade ». En fait ce sont des rapides sur le Mékong créés par le passage entre les îles et les différences de niveau incidentes. Le résultat est bluffant ! Toute la furie accumulée du Mékong se déverse en torrent à travers les rochers. En fin de saison des pluies comme maintenant, le Mékong atteint 2m de plus qu’en saison sèche, du coup le courant est vraiment intensifié. Je comprends aussi pourquoi la région s’appelle « les 4000 îles ». En regardant la carte je me disais qu’il n’y en avait pas autant, mais en réalité les différents bras du Mékong sont plein de petits îlots, et encore on n’en voit qu’une partie avec le niveau d’eau actuel ! Une sorte de piscine naturelle est aménagée dans un petit bras du Mékong, avec des barrières et un muret. Je rejoins pour faire trempette deux buffles qui ont l’air de bien apprécier la baignade, effectivement l’eau et très bonne, mais heureusement j’ai pied vu le courant.

Je continue la visite de la pointe est en allant vers une des plages de l’île. Elle est quasi-déserte à cette heure-là mais j’ai une belle vue et je vois des pécheurs manœuvrer avec le courant pour partir ou rentrer de la pêche. Le chemin pour rentrer vers la partie touristique de l’île, là où les hôtels et guesthouses s’entassent, est bordé de rizières bien vertes, avec une très belle lumière offerte par le soleil couchant. Je me pose en terrasse pour profiter de la vue avec une bière fraîche, avant d’aller manger, plus tôt qu’hier cette fois ci !

Je m’arrête au restaurant « chez Fred et Léa », un établissement franco-laotien assez renommé sur l’île, et sur les blogs de voyageurs. Le patron est super sympa, et la nourriture excellentissime ! Je me régale tellement que je réserve le petit déjeuner de demain direct. Les prix sur l’île sont de toute façon supérieurs alors autant bien manger. En fin de repas, Fred m’offre un petit verre de Lao Lao, le digestif local mais qu’il a un peu arrangé, et qui du coup devient bon. Le Lao Lao est un alcool de riz gluant fermenté, facile à faire ici forcément mais vraiment très fort ! Autour de ce verre je peux avoir une discussion qui m’en apprend un peu plus sur le Laos, et me permet aussi de poser des questions. Je me suis fait une opinion par rapport à mon vécu de ces dernières semaines, mais c’est bien de pouvoir comparer avec la vision de quelqu’un de plus implanté. Par contre, il me dit que la traversée de la frontière vers le Cambodge en moto ne serait pas possible, ou très difficile. En même temps il s’agit d’une des frontières les plus corrompues au monde, et ce même sans véhicule. Les récits sur les blogs sont rocambolesques sur ce passage. Mais cela remet tous mes plans en question, je vais le tenter mais si ça ne passe pas je vais sérieusement devoir réfléchir à mes options. De toute façon, il sera impossible d’avoir la réponse avant d’essayer samedi, je croise les doigts !

Si tout se passe bien, c’était donc mon avant dernier jour au Laos, et j’ai forcément pas mal réfléchi au bilan de ce séjour ici. Ma discussion de ce soir avec Fred m’a parfois conforté dans mon avis, et m’a parfois donné un éclairage différent. J’ai aimé le Laos pour ses paysages, et son environnement, mais je l’ai profondément détesté pour ses habitants et la façon d’aborder le tourisme, deux éléments qui ne donnent pas envie de revenir pour le moment, et qui m’ont donné plus d’une fois l’envie de partir plus tôt. Le problème principal est la relation avec les locaux qui est très compliquée, pas ou très peu de personnes parlent une langue commune (français ou anglais), et la nonchalance, voir le je m’en foutisme semble cultivé de manière assez industrielle par les locaux. Et ce même de la part de gens qui travaillent dans des métiers de services comme la restauration ou l’hôtellerie. Clairement, tout le monde te fait bien comprendre que tu es le cadet de leur souci. Par contre, on voit bien en toi un joli billet de banque, j’en ai parlé plusieurs fois dans mes posts, mais tout est prétexte pour faire payer les étrangers. Une grotte par ci, une cascade par-là, une surtaxe sur le transport, hop j’ai doublé le prix de l’eau, la nourriture, etc. J’en arrive à une part de quasiment 38% de mon budget uniquement pour la nourriture avec ces surfacturations. Fred m’informe quand même que malgré l’agriculture et l’élevage présents, une grosse partie des denrées est importée de Thaïlande. Bien évidemment je peux nuancer ça car j’ai eu quelques rencontres avec des Laotiens profondément sympathiques et généreux. Mais la plupart de mes rencontres vraiment intéressantes et sincères étaient avec des français ou des européens, et même dans le cas de Inpong il y a quelques jours, il est finalement plus français que laotien.

Le regard de Fred durant la discussion de ce soir était intéressant. Il m’a expliqué qu’au Laos il y avait une classe très riche et que cette dernière l’était devenue très rapidement, en moins de 10 ans. La classe très pauvre elle n’aspire qu’à rejoindre la très riche et pour ça tous les moyens sont bons. L’autre trait de caractère prédominant est que les gens ne voient pas dans le futur, ils ne vivent qu’au jour le jour. S’ils peuvent gagner plus d’argent aujourd’hui c’est bien, même au détriment des touristes. Mais ils ne se rendent pas compte que s’ils le font tout le temps et à tous les niveaux (du repas, au transport, en passant par les entrées de site), les touristes ne viendront plus et il se retrouveront sans rien. Cela se vérifie d’ailleurs aux 4000 îles où certains sites ne sont plus visités, mais en compensation ils augmentent les prix pour ceux qui y vont encore pour ne pas gagner moins, c’est leur objectif, toujours gagner plus. C’est assez contradictoire dans un pays au régime communiste (enfin à la base car on est en très loin maintenant il semblerait). Le fait que les routes ne soient pas entretenues a la même explication, ils attendent toujours que quelqu’un d’autre paye et le fasse, sans se poser la question du temps que ça prendra et des conditions de circulation. Aussi, pour les biens communs, les budgets publics sont systématiquement amputés par la corruption à tous les niveaux, ou comme dirait Inpong par les droits de facilitation, mais en tout cas ça ne laisse que peu de moyen à la sortie. A un niveau plus large, et de façon plus grave, les différentes élites sont en train de vendre petit bout par petit bout le pays entier, à la Chine principalement, mais la Thaïlande et le Vietnam prennent un bout du gâteau aussi. Demain quand les Laotiens se réveilleront, il n’y aura plus que des chinois qui vivent ici, et des touristes chinois qui profitent des ressorts chinois, et les Laotiens eux n’auront que leurs yeux pour pleurer. Il n’y a qu’à espérer que ce scénario ne se réalise pas en entier, même s’il a déjà commencé. Le nouveau projet annoncé est pour les 4000 îles, et s’il se fait, la région comme on l’a connue est vouée à disparaître sous les ponts, le bétonnage de chemins et les gros ressorts privés. Bref espérons que le scénario catastrophe n’en arrive pas là !

Après toute cette réflexion et la bonne discussion que j’ai eu, je retourne me poser sur ma terrasse. Je remarque sur le Mékong des petites flammes flottantes, c’est assez joli à regarder. Les familles commencent à passer devant moi pour aller déposer dans l’eau des sortes de petit bateau en feuille de bananiers avec des bougies et quelques offrandes dedans. Je ne sais pas si c’est en l’honneur d’un événement spécial ou si c’est régulier, mais en tout cas c’est assez poétique.

Aujourd’hui, j’ai quand même profité de mon hamac pour commencer à rattraper mon retard sur le montage des vidéos, en voici quelques unes :










Jour 96 – De Paksé aux 4000 îles, en passant par le Vat Phou

Fait assez rare pour être noté, j’ouvre les yeux bien avant que mon réveil sonne et je suis sur le pont à 6h15 du matin. Finalement c’est parfait vu la journée que je me suis programmée ! Une fois le paquetage chargé et le petit déjeuner englouti, je prends la direction de Champassak, et de son mythique temple classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, le Vat Phou. J’ai droit à ma petite panne du jour sur la route mais c’est presque anecdotique maintenant, ça ne m’empêche pas d’arriver sur les lieux bien avant le gros des touristes. Je suis quasiment seul, c’est parfait ! Ce temple et la ville historique de Champassak sont le berceau de la civilisation khmers. Cette visite est pour moi un bon prélude à la visite des oh combien fameux temples d’Angkor, et une première approche de cette culture à cheval entre bouddhisme et hindouisme. Pour ce qui est du Vat Phou, l’atmosphère est pleine de quiétude, tout est très vert et c’est plutôt reposant. Le temple est quand même à l’état de ruines mais certains bâtiments ont été renforcés pour ne pas tomber. Le sanctuaire est accessible après l’ascension d’escaliers en pierre avec des marches aux dimensions extravagantes, le tout entouré par des allées de frangipaniers. Un petit musée est accessible au centre des visiteurs pour je pense apporter un éclairage sur le contexte de l’époque de conception du lieu. En vrai, je n’ai pas vraiment saisi le propos de ce musée que je n’ai pas trouvé très bien fait, il y avait des panneaux avec du texte à n’en plus finir, mais rien de vraiment très visuel ou concret, mais ce n’est bien sûr que mon avis !

Je me dirige ensuite vers les 4000 îles mais pour cela il faut passer de l’autre côté du Mékong pour rejoindre la route principale (la route 13 qui traverse le pays de Vientiane à la frontière Cambodgienne). Or le pont le plus proche se situe à Paksé, et m’obligerait à faire un détour de 90 kilomètres. J’ai recherché longtemps, et à force de fouiller les blogs et les cartes j’ai trouvé un passage supposé par ferry pour traverser le fleuve. Je me rends à l’endroit indiqué, et bingo ce système existe bien. Bon par contre nous n’avons clairement pas la même notion du ferry. L’embarquement est assez sportif après une descente dans le sable puis un jeu d’équilibre sur une planche, tout ça pour arriver sur une mini-plateforme fixée sur deux barques. Je suis seul pour la traversée mais on ne peut mettre guère plus que deux motos vu l’espace ! La descente n’est pas moins sportive mais me voilà de l’autre coté, et je pense avoir gagner pas mal de temps. Enfin jusqu’à ce que j’attaque le chemin pour rejoindre la route 13. Selon la carte, 6 kilomètres de route, en vrai un chemin ultra boueux, pas large et plein de trous, de rivières à traverser et un bon gros moment de galère pour avancer ! Je me pose quand même la question de comment font les gens ? Eux vivent là à l’année et cette route est leur seul accès. Si les pouvoirs publics ne font rien, pourquoi les habitants ne s’organisent pas pour améliorer leurs conditions de circulation ? Ça reste un mystère pour moi, et ce n’était pas la première et ça ne sera pas la dernière fois que je me pose cette question au vu de l’état global des routes et chemins du pays.

Après une centaine de kilomètres sur la route 13 (en étant un peu accompagné par mon amie la pluie) j’arrive au village de Nadasang. Ici se situe l’embarcadère pour rejoindre les îles de Don Det et Don Khon, les 2ème et 3ème île habitées de cette zone des 4000 îles. J’embarque sur un « ferry » (même principe que précédemment, mais en plus grand et plus solide quand même) pour rejoindre le nord de Don Det. Je prends les chemins (toujours en très mauvais état) pour rejoindre l’île de Don Khon. Le long du chemin, il y a plein de guesthouses, de restaurants et de bars. C’est l’île de la fête et des soirées, avec quand même la modération de l’Etat qui a mis son grain de sel pour empêcher les dérives tel que Vang Vieng a pu connaitre, tant mieux ! Mon objectif est de me rendre sur Don Khon qui est réputée plus calme, et où se situent les principaux points d’intérêt. Pour passer entre les deux îles, le vieux pont ferroviaire construit du temps des français a été transformé en route, et offre une magnifique vue sur le bras de Mékong entre les deux îles. Je m’installe dans la guesthouse repérée dans le guide pour 3 nuits, ce sera un peu le lieu de mes vacances. J’ai une grande chambre, une terrasse et un hamac, le tout avec vu sur le Mékong, juste parfait !

Le coucher de soleil vu depuis le pont est l’attraction phare de cette île. Ce sera un échec ce soir car un énorme orage se prépare. Le soleil est caché depuis un bon moment derrière les nuages, mais la vue et la lumière sont quand même belles. Je ne m’attarde pas mais je n‘ai pas le temps de rentrer avant que l’orage éclate, et je me retrouve complètement trempé, sur la route de plus en plus boueuse ! Les éclairs sont tellement proches et forts qu’ils permettent de voir par flash le fleuve. Je laisse passer l’orage avant d’aller manger, mais apparemment j’attends trop longtemps, ou alors il n’y a vraiment pas foule en cette saison. A 20h30 quasiment tous les restaurants sont fermés ou en train de fermer. Du coup je me pose dans le premier endroit qui m’accepte encore à cette heure ! Je m’organiserai mieux demain !









Jour 95 – Paksé, le plateau des Bolovens

Journée tranquille, je me mets juste au programme la visite des cascades les plus proches de Paksé. Ces dernières font partie d’une loop qui peut se faire sur 2 ou 4 jours en fonction de l’itinéraire choisi. Mais cette loop a la réputation de paraître un peu fade si l’on a fait avant celle de Thakhek. Effectivement, si l’on s’en tient à la vue depuis la route il n’y a pas photo. Une route pleine de nids de poule (voir d’éléphants !), un paysage assez urbanisé, beaucoup de circulation aussi. La route d’accès au plateau monte très doucement, ce qui fait que on ne s’en rend pas trop compte mais au fur et à mesure de l’ascension, je sens la température baisser et je vois les nuages s’accrocher aux formations rocheuses. Le temps n’est pas au beau fixe depuis hier et la pluie est bien sûr de la partie sur ce trajet.

Je commence par la cascade principale, celle de Tad Fane. L’entrée est chère (plus que prévu), premier mauvais point. La vue n’est accessible que depuis une terrasse  qui a envahi les lieux. La double chute d’eau de 120 mètres de haut n’en est pas moins impressionnante, même si on la voit d’assez loin. Un chemin est sensé pouvoir permettre de s’approcher, mais il est déconseillé sans guide. Je passe mon tour sur la marche, et je fais bien car j’apprendrai plus tard qu’un touriste téméraire est décédé en tentant l’approche, ça fait un peu froid dans le dos. Le seul moyen d’approcher les chutes est de le faire par la tyrolienne gigantesque qui a été installée. C’est drôle de voir la queue des touristes tous équipés de leurs perches à selfies prêt à s’élancer dans le vide !

Je me rends ensuite à la cascade Tham Champy qui est toute proche, mais à laquelle on accède par un chemin de terre très, mais vraiment très glissant ! L’arrière de la moto chasse plus d’une fois et la progression est difficile. Mais je me console en admirant les champs de café que je traverse pour accéder au lieu. A l’arrivée, je suis accueilli par une gentille dame qui me tend les billets d’entrée, un pour la cascade et un pour le parking. Bien sûr le prix est toujours supérieur à ce qui est annoncé, mais cette fois je refuse de payer la totalité. Je lui fais comprendre que certe elle fait son travail, mais si les gérants du lieu tiennent vraiment à faire payer ce prix-là il va falloir qu’ils refassent le chemin d’accès, quand je paie, je préfère avoir le service qui va avec. Elle n’insiste pas et me laisse descendre vers la cascade librement. Le chemin pour descendre n’est pas guère mieux et je manque de manger la terre plus d’une fois. J’arrive quand même sur mes deux jambes au bord de la rivière, pour voir une très jolie cascade, certes, mais pas non plus si impressionnante. La baignade aurait été possible et même intéressante, mais la température de l’eau et la température extérieure ne me donne pas très envie.

Je me dirige vers la 3ème cascade de la zone, celle de Tad Yuang. L’entrée est encore plus chère que prévue, mais la zone est bien aménagée, et très tranquille. Je suis quasiment seul quand j’arrive. Il y a d’abord une petite promenade aménagée le long des deux bras de la rivière, le coin est vraiment paisible. Ensuite les deux bras de rivière forment chacun une cascade de 40 mètres de haut et reforment le cours d’eau qui deviendra la chute sud de Tad Fane. Pour accéder à la vue, on passe par un escalier plutôt raide, avec en cours de route une petite contorsion sous une liane qui me semble très âgée vu son diamètre. Des trois chutes d’eau vues, celle-ci est vraiment ma préférée, très naturelle, on peut en être proche, tellement proche qu’on est très vite mouillé par les projections d’eau. Une petite terrasse en bois avec un banc est installée pour bien admirer de la vue. Je profite du lieu pour faire la pause déjeuner, et c’est l’occasion (il est n’est jamais trop tard) de goûter un légume que je ne connaissais pas, la chayote. Le plat qui est préparé avec du riz et de l’œuf est un vrai régal !

Etant bien installé sur la terrasse et la grande table où je suis, j’en profite pour faire une pause lecture, quand je suis abordé par un vieil homme, qui s’avère être le propriétaire des lieux. Il a repéré que j’étais français avec mon guide du routard qui traînait sur la table. Justement, le guide dédie un long paragraphe à ce personnage haut en couleur, je ne m’attendais pas à le croiser mais il m’aura occupé une bonne partie de l’après-midi. Il parle un français parfait car il est en fait ressortissant Laotien de nationalité Française, il tient même à me montrer sa carte d’identité. Il a grandi au Laos mais est parti en France pour ses études et pour travailler. Il était gestionnaire comptable. Il a maintenant 76 ans et est en retraite, il a obtenu la cession de l’exploitation de ce lieu et s’en fait une mission. En fait, même s’il est né sur le sol Laotien il avait besoin de visa pour venir ici, mais depuis ses 65 ans, il en est exempté grâce à un accord bilatéral entre la France et le Laos. Il est donc revenu vivre au Laos 9 mois par an pour suivre ce projet, mais reste attaché au Berry, sa région française de villégiature et d’adoption. Son surnom ici est le berrichon du Mékong ! Je passe plus de 2 heures avec lui, il est un vrai livre d’histoire, il a connu tellement de périodes de l’histoire du pays, sachant qu’il est né en 1941. Difficile de résumer une aussi longue conversation mais je prends un vrai plaisir à échanger avec lui. Il tient aussi à me faire déguster les digestifs maison qu’il prépare, et qui sont il est vrai plutôt bons. Je l’arrête avant qu’il me fasse resservir car j’ai quand même le retour à assurer ! Ce repas est aussi l’occasion de goûter le café local, qui est je trouve très bon. Inpong (de son prénom) possède en plus de l’exploitation de la cascade, des restaurants et des échoppes, mais aussi 20 hectares de plantation de café dans les alentours. Un vrai businessman, pour quelqu’un qui est censé être à la retraite. Il m’explique toute l’ambition qu’il a pour cet endroit, une chose est sûre il voit loin. Il est content que la route soit en réfection car ça facilitera l’accès à cet endroit. Il m’explique qu’il est en train de faire construire des chambres d’hôtes, et que dès qu’elles sont prêtes il dort dans chacune d’elle pour être sûr que tout est parfait. Il contrôle tout et fait attention aux moindres détails. Ce qui est particulièrement intéressant c’est qu’il est totalement dans une démarche écologique et éco-responsable. Les repas servis sont bio, il fait attention à la rémunération de ceux qui travaillent pour lui, fait attention au traitement des déchets, à l’intégration des bâtiments dans la nature. Il se refuse à ce que son complexe soit une verrue et fait tout pour rendre les bâtiments chaleureux et naturels dans l’environnement. Pour la partie électricité, il a lancé un chantier de panneau solaire pour équiper certains toits. Comme je l’ai dit, il voit très loin !

Un de ses derniers projets est d’ouvrir une Boulangerie-Pâtisserie à la française directement sur place. Pour se faire, il a réussi à convaincre un jeune homme (du Berry bien entendu) tout juste sorti de l’école de s’embarquer dans cette aventure avec lui. Tanguy, seulement 22 ans est donc venu s’installer ici seul pour se lancer dans ce projet fou. Je le croise pendant que j’échange avec Inpong, et j’ai la primeur de goûter une création de tuile pâtissière, que je trouve personnellement très bonne ! Son laboratoire et le stand de vente ne sont pas encore finis de construire mais il est déjà au travail. Ils essaient aussi tous les deux de trouver des solutions de conservation pour que les viennoiseries gardent bien leur croustillant, comme chez nous quoi ! C’est assez amusant de regarder ces deux hommes que deux générations séparent être animés par la même motivation autour de ce projet.

Le temps se fait de plus en plus maussade et je prends congé après avoir chaleureusement remercié Inpong, et je repars sur la route qui est toujours autant en mauvais état. Je dois même dire que c’est la première fois que j’ai aussi froid au Laos, voir depuis un moment. Il y a 15° de moins que les températures moyennes, aglagla ! Je me dépêche de rentrer car la pluie bien sûr m’accompagne encore. Après une bonne pause à l’hôtel, je retrouve pour ce qui devient presque une habitude, Julie-Anne & Manu pour dîner. C’est sympa de se raconter mutuellement les aventures de la journée !







Jour 94 – De Savannakhet à Paksé

La route n’est pas plus intéressante que ça, les paysages sont sympas mais c’est la grande route principale, ça roule bien et c’est déjà pas mal. Comme moment remarquable on a un arrêt essence où je m’octroie une petite pause. La station est déserte et je suis un peu l’animation pour les 3 jeunes gens qui tiennent le lieu. On papote un peu car ils parlent quelques mots d’anglais. Une des filles du groupe tiens à me faire goûter un petit en cas qu’ils se sont préparés. Une sorte de guacamole, en tout cas ça y ressemble, qu’ils mangent avec un légume inconnu au bataillon (pour moi en tout cas). Bon le légume cru j’ai déjà du mal, mais la sauce archi salée (au gros sel) avec une bonne dose de piment, je manque de m’étouffer et ça les fait bien rire ! Comme les pannes de ma moto ne sont presque plus un événement, évidemment il y en a eu une petite sur ce trajet. Lors de cet arrêt je constate une fuite d’huile cette fois. Le garçon du groupe me fait un signe « not good »… Je reprends la route et m’arrête dans le village la plus proche pour réparer tout ça. Le jeune qui prend la moto en charge met du cœur à l’ouvrage pour tout nettoyer et réparer au mieux. Ma petite pause garage m’évite aussi une énorme averse, tant mieux !

Me revoilà parti pour un tour, quand la pluie revient dans la partie, 30 kilomètres de pluie battante, sympa ! Du coup la température baisse sacrément aussi, 10° de moins en quelques minutes (info pas forcément utile mais j’avais ma montre / ordi de plongée au bras). Une fois sorti de la zone je m’arrête un moment pour vider l’eau de mes chaussures avant de continuer. A l’approche de Paksé, la pluie décide de revenir et de ne plus me lâcher cette fois ci. Je me rends directement à l’auberge repérée et par chance ils ont de la place ! Je n’aurai pas à tourner dans la ville et à moi la douche chaude et les vêtements secs ! Je profite de ma fin d’après-midi pour ne rien faire, c’est bien aussi de ne rien faire… Enfin si, je passe un long moment au téléphone pour régler mes problèmes de banque.

Nouvelle mission pour la moto, à force de passer par des chemins cahoteux, des points de soudure de mon rack à bagages ont lâchés, je tente de trouver un endroit où réparer ça. Au cours de mes différents arrêt pour demander, je croise complétement par hasard Florian, le 4ème français rencontré à Thaleg autour du barbecue il y a quelques jours. Lui est arrivé aujourd’hui, et peut-être que nous nous recroiserons au Cambodge, c’est drôle comme coïncidence. Là-dessus, un autre français croisé à l’hôtel passe, lui parle laotien et m’explique où je vais trouver l’endroit qu’il me faut ! C’est une sorte d’atelier de métallurgie, j’arrive au moment où les ouvriers commencent à fermer, mais ils acceptent la mission. Ça a même l’air de beaucoup les amuser, ils se mettent à 3 pour le faire ! Ils me solidifient tout ça en deux temps trois mouvements, ça devrait aller mieux. Au moment de partir, je leur demande combien ça coûte, et là ils ont refusé que je paie, une première au Laos d’avoir des gens qui rendent des services gratuits ! Ça me touche beaucoup sachant qu’ils ont fait ça super bien (et que c’est la première fois), on se serre tous la main et je les laisse tranquilles. Finalement, cette moto me fait un bon argument pour aller à la rencontre des locaux, heureusement que tout ne marche pas toujours bien !

Julie-Anne & Manu sont aussi arrivés à Paksé aujourd’hui, mais eux c’est leur dernière étape de vacances. Ils sont dans un hôtel pas loin du mien, mais le leur a un bar / restaurant sur le toit ! Je vais les rejoindre pour dîner et en profiter moi aussi.




Jour 93 – De Thakhek à Savannakhet

J’ai rajouté l’étape à Savannakhet car me rendre à Paksé en un seul trajet aurait fait une très longue journée de moto, là ça me coupe un peu le trajet. Pour éviter la route principale blindée de camions, je trouve sur la carte une route alternative qui traverse plein de village et longe le Mékong. La route n’est pas si mauvaise, à part quelques portions, et c’est un vrai plaisir d’observer la vie et les paysages qui la bordent. Le Mékong en premier lieu, toujours impressionnant, avec la Thaïlande qui est visible sur l’autre rive. Mais aussi toujours les fameuses rizières. En avançant, je note par contre une variation dans les arbres avec le retour des palmiers que je n’avais pas vus depuis un moment. Aussi, je découvre des champs de maïs, je n’en avais encore pas vu au Laos. On sent que les touristes ne passent pas beaucoup par ici, les panneaux ne sont même pas en écriture latine. En résumé, ça aura été trois bonnes heures de trajet, mais que du plaisir pour la conduite et pour les yeux !

A l’arrivée dans Savannakhet, je passe sous le pont de l’amitié qui relie le Laos à la Thaïlande. Les rues sont animées et je découvre sur le Mékong les fameuses courses de pirogues avec 50 rameurs par embarcation ! Avec autant de bras, ils avancent plutôt vite ! Je me mets en recherche d’un hôtel pour ce soir, dans la ville pas de dortoir donc j’aurai ma chambre, ce qui parfois est bien ! J’ai pris le parti de ne plus réserver en avance et de voir sur place, nous sommes hors saison et ça me permet de renégocier les prix. Je pars ensuite à la visite de la ville qui est très très calme en ce dimanche. Exceptée la promenade le long du Mékong qui est envahie par des stands divers et variés. Il y a même des autos-tamponneuses et un train pour les tout-petits d’installés. Tout ceci est là pour le festival des pirogues je pense.

Les points d’intérêts en centre-ville ne sont pas très nombreux, je commence par le Wat Sayaphoum. L’atmosphère y est très paisible, je m’y promène un peu et visite les temples. Un des bâtiments est décoré avec de la mosaïque en miroir bleu, l’effet est vraiment saisissant. L’atmosphère y est tellement tranquille que je m’installe sur un banc à l’ombre pour lire. De jeunes moines en profitent pour venir un peu me parler en anglais, mais c’est dommage car la conversation de prendra pas vraiment, ils ne le parlent pas très bien. Je me dirige ensuite vers le vieux quartier colonial et l’église Sainte-Thérèse qui trône au milieu de la place du quartier. La ville a été fondée par les français, d’où la présence de cette église, mais c’est la communauté Vietnamienne qui la fréquente maintenant a priori. Certaines vieilles maisons coloniales sont dans leur jus, d’autres ont été un petit peu restaurées, en tout cas elles ne sont pas dénuées de charme. Au détour d’un rue, je surprends un bâtiment aménagé en boulodrome. Les vieux du quartier sont là en train de siffler des bières tout en titillant le cochonnet, un sacrément vieil héritage du protectorat français.

Je passe ma fin d’après-midi confortablement installé sur la terrasse devant ma chambre, avant d’aller retrouver ce soir Julie-Anne & Manu, qui eux aussi sont arrivés en ville, mais un peu plus tard. Suite à mes galères de distributeurs d’hier, ils m’ont gentiment proposé un échange retrait / virement pour que j’ai assez de liquidités pour la fin de mon séjour au Laos, et aussi en attendant de débloquer la situation avec ma banque.

Jour 92 – De Thalang à Thakhek

Je quitte les montagnes et le lac avec ses arbres morts. Avec du soleil c’est vraiment saisissant de beauté, je pense qu’avec de la brume par contre, ce paysage serait digne d’un film d’horreur ! La descente après la ville de Thalang me fait prendre conscience que le lac est vraiment en altitude, et je découvre que la centrale hydro-électrique, elle, se situe dans la vallée en dessous, bizarre. Pendant la descente, je m’octroie un arrêt photo sur la jungle qui se découvre à flanc de montagne, et en repartant de ma pause, premier échec de la journée, la moto déraille. Je ne pensais même pas que c’était possible ! Un 4×4 passe, je lui fais signe, il s’arrête, ouf ! Très gentil, le conducteur prend ses outils et en moins de deux il me remet ça nickel en place ! Je reprends ma descente vers la vallée, quand devant la centrale électrique, je m’offre une autre pause et je rencontre un français qui m’aborde. Il s’appelle Jean et bosse pour la compagnie d’électricité laotienne. Il fait partie des quelques français à travailler dans les équipes. Il m’apprend qu’à l’origine l’équipe était 100% française puisque la construction de ce barrage a été supervisée par EDF. Il m’apprend aussi que toute la production est expédiée vers la Thaïlande et le Vietnam, pas un seul Watt ne reste dans le pays ! Je voulais jeter un œil au Visitor Center pour en apprendre un peu plus mais je trouve porte close.

Je me rends à ma seconde étape de la journée, le village de Mahaxay (parce qu’il a 2 bonhommes dans le routard quand même !). Sur la route, je me fais doubler par Manu & Julie-Anne, le couple de français avec qui j’ai dîné à l’hôtel hier soir. Nous avons prévu de nous retrouver à Thakhek ce soir. Le village est mignon et paisible le long de la rivière Xe Bangfai. On a une jolie vue sur les massifs karstiques qui ont fait leur grand retour après la descente du plateau de Nakai. Je continue la route pour attaquer les visites de grottes à proximité de Thakhek. Première visite, premier échec, au bout de 10 mètres la piste devient impraticable et je ne tiens pas à renouveler mon exploit d’hier. Je fais demi-tour pour me rendre finalement à la grotte Tham Nang Aen que j’avais enlevée de l’itinéraire car trop chère à mon goût, mais bon on verra. Je retrouve là Manu & Julie-Anne qui sortent de la visite. La grotte est entièrement aménagée, ce qui fait qu’elle est facilement accessible. On l’appelle entre nous la grotte Disneyland car les éclairages mis en place sont complètement fous et c’est un vrai parcours ludique à l’intérieur ! Je ne regrette pas d’avoir changé d’avis.

Je m’arrête déjeuner dans une gargote le long de la route tandis que Manu & Julie-Anne eux tracent à Thakhek. Il y a deux autres endroits que je souhaite voir. Je continue pour me rendre dans une piscine naturelle, Tha Falang. La piste ne commence pas trop mal mais au bout de 100m, je suis obligé de rebrousser chemin pour les mêmes raisons qu’auparavant. Cette journée commence à prendre une mauvaise tournure pour les visites ! Je ne me laisse pas abattre et je reprends la route, par un chemin de terre en meilleur état que décrit dans les blogs pour aller jusqu’à la Paseum Cave et son lac couleur azur. J’arrive sans encombre jusqu’au parking adjacent mais après, je tourne dans tous les chemins pendant 20 minutes, le seul panneau à l’entrée ne m’aide pas trop pour la direction. Impossible de trouver une piste accessible jusqu’au pont décrit. Je dois abandonner aussi.

Et c’est là que la journée a pris un très mauvais tournant, la moto re-fait des siennes, impossible de garder le moteur en marche et de passer les vitesses… Au bout de quelques minutes j’arrive à avancer uniquement en première puis petit à petit toutes les fonctions reviennent. Je ne suis pas rassuré ni très confiant mais je me dépêche de rouler vers Thakhek. J’arrive à mon hôtel du jour qui tente de me faire payer plus que le prix, sympa l’accueil ! Surtout quand on voit la qualité des dortoirs… bref je ne m’attarderai pas sur ce point !

Je me débarrasse de mon sac et je me mets en recherche d’un garage pour essayer de comprendre ce qui a pu se passer, et je dois aussi faire la vidange avant de repartir demain. Le premier où je m’arrête ne comprend rien à ce que je demande, puis m’expédie ailleurs, sympa. Le deuxième semble plus sérieux mais très occupé ! Un allemand (pour l’image : grand, blond, mince, 45 ans, et pied nu dans un garage, oui oui) est là car le mécanicien travaille sur l’upgrade de sa moto. Il s’intéresse à mon problème mais me dit que ce garage n’aura pas le temps aujourd’hui et que demain c’est fermé. Du coup, il me propose de le suivre pour m’accompagner dans un autre garage, un sérieux et compétant bien entendu ! En premier lieu, on passe chez lui car il veut emmener dans l’aventure sa femme laotienne pour qu’elle m’aide pour la traduction, son laotien n’étant pas assez bon selon lui. Chez lui, j’attends quelques minutes le temps que sa femme soit prête. Sur la terrasse en train de boire un verre il y a 3 hommes, le père de sa femme, un ami de ce dernier et un moine (ça fait un peu début de blague). L’allemand (je ne saurai jamais son nom au final) m’informe que ce moine en train de siroter une boisson énergétique posée là comme ça, est en fait le moine le plus haut placé de la région, le chef des moines en quelque sorte ! C’est complètement improbable comme scène. Nous voilà repartis, le couple Germano-Laotien (qui pour une fois est bien assorti car j’estime qu’ilsont tous les deux le même âge) en pick-up, et moi qui les suis en moto. Nous arrivons dans un garage recommandé par le père (celui qui était sur la terrasse vous suivez ?). C’est le moment où je ne pourrais jamais assez remercier cette laotienne qui a pris du temps pour moi, elle traduit toute mes explications au mécanicien, surtout l’historique que j’ai eu avec la moto, bon au passage elle me glisse un « il est alcoolique mais c’est le meilleur », charmant non ? Le mécano semble comprendre et en moins de deux il a trouvé la source du problème, la chaîne à l’intérieur du moteur. La laotienne me négocie le prix, le mécano annonce 1 heure de réparation, tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. Je remercie chaleureusement le couple qui m’a aidé, puis laisse le mécanicien au travail.

Je me mets de mon côté en recherche d’un distributeur car je suis à cours de Kips. J’aurais déjà dû comprendre que cette journée ne me faisait pas de cadeau mais elle en remet une couche. En gros, après plus de 6km parcourus à pied, et 10 distributeurs essayés, ma carte ne passe nulle part, ou bien les distributeurs sont HS. Bien sûr nous sommes samedi soir, toutes les banques sont fermées. Je me retrouve dans la panade sans argent pour payer le mécano pour la réparation. J’essaie de trouver un endroit où payer par carte contre du liquide, mais ici aucun magasin n’est équipé d’un terminal de carte bancaire. J’appelle ma banque qui me dit que non il n’y a pas de blocage de leur côté, c’est incompréhensible et je n’ai pas de solution, et j’ai aussi accessoirement 30 minutes de retard pour la récupération de la moto. Je tente un coup de poker en proposant de payer la réparation en Bhat (la monnaie thaïlandaise), il accepte. Bien sûr je n’ai pas les billets qu’il faut, du coup je dois lui demander de me rendre le trop-perçu en kips. La séance de négociation avec cet homme vêtu d’une serviette de bain (car comme j’étais en retard il était parti sous la douche) et de ses filles qui parlent seulement deux mots d’anglais restera mythique. On s’en sort, tout le monde et content, j’ai réussi à récupérer un peu de kips pour tenir 24h de plus, et la moto ronronne comme jamais je ne l’ai entendu ! Je rejoins Manu & Julie-Anne sur les bords du Mékong pour partager une bière bien méritée et un bon repas, avant de retourner dans mon hôtel miteux pour la nuit. Demain est un autre jour, et j’espère qu’il sera plus conciliant avec moi ! (et j’espère que ma CB aussi le sera, même si le message de ma banque reçu ce soir me fait douter). La suite au prochain épisode…