Jour 91 – De Kong Lor à Thalang

Après le meilleur petit déjeuner jamais eu depuis mon arrivée au Laos, je me dirige vers l’entrée de la fameuse grotte. Les dimensions sur le papier sont déjà impressionnantes, une rivière souterraine qui traverse une cavité de 7km de long, avec des hauteurs et largeurs avoisinant les 100m dans certaines salles. La visite se fait donc en bateau, manque de bol je suis seul à mon arrivée, je dois donc payer seul l’intégralité du bateau (aie…). Vous connaissez l’histoire du mec qui va voir une grotte de 7km sans sa lampe ? AH AH…. Bref on m’en a prêté une petite à l’entrée… Car une fois parti à l’intérieur, c’est noir, noir ! Mais assez mystique, avec juste les faisceaux de lampe. La conduite du bateau en quasi aveugle m’impressionne, les salles et structures de la grotte que je devine aussi ! A mi-parcours, un chemin est aménagé et éclairé pour découvrir quelques belles pièces de stalactite et stalagmite. Une fois de l’autre côté, je débarque dans un petit village touristique, pas d’un grand intérêt, si ce n’est le petit chat roux avec qui je passe les 15 minutes de pause avant de repartir dans l’autre sens. Ça fait bien marrer la propriétaire du café / boutique de souvenir qui travaille sur son métier à tisser (comme ça au milieu des bois, normal). Puis nous faisons le voyage retour d’une traite. Une visite de grotte vraiment impressionnante, et un lieu assez unique je pense.

Je repasse prendre mes affaires et la moto et je reprends la route, la matinée est déjà bien avancée. Si je ne veux pas arriver trop tard et profiter de la journée, je n’ai pas le temps de visiter la cascade ratée hier, décidément ! Je continue donc la boucle, puis je m’arrête pour déjeuner dans le village de Ban Thabak pour voir la vue depuis le pont qui traverse la rivière Nam Theun, mais surtout pour voir la petite attraction du village. En effet, ici, certains pêcheurs ont pour bateau des demi-missiles américains. Ils ont simplement coupé en deux une ogive pour en faire deux coques de bateaux. Ça devient maintenant un business pour trimballer les touristes sur la rivière. Je continue mon chemin vers l’étape suivante, les cool spring. A priori c’est mieux de s’y rendre le matin pour la quiétude, mais c’est raté l’après-midi est déjà entamé.

Le chemin est en terre, assez bon au premier abord puis à la sortie du village terriblement boueux. Je parviens à avancer malgré les flaques d’eau et de boues, jusqu’au moment où j’ai clairement sous estimé la profondeur. Je m’enlise dans la boue jusqu’aux genoux. Impossible ni d’avancer ni de reculer… Je suis complétement bloqué et le moteur cale plusieurs jusqu’à ce moment où je n’arrive pas à le redémarrer. Un scooter passe au loin, je tente de lui faire un signe et de l’appeler, sans succès il répond seulement à mon « bonjour ». La moto est tellement enfoncée qu’elle tient debout tout seule, la boue aspire même mes sandales au fond. Je parviens à les récupérer (avec 4kg de boue chacune) et pied nu je reviens au village pour aller chercher de l’aide. Deux jeunes hommes acceptent de me suivre et comprennent vite le problème, parce qu’il a fallu expliquer tout ça en faisant des signes bien entendu. A trois, on fait faire marche arrière avec la moto et on arrive à la sortir. Ils me ramènent chez eux et me prête un tuyau d’eau pour tout nettoyer, moto et moi y compris, ça colle tellement la boue ! Redémarrage du moteur difficile mais il crache un peu d’eau et il repart. Je dois une fière chandelle à mes sauveurs, et je me dis que vraiment c’est bon esprit, enfin jusqu’à ce qu’ils me demandent de les payer… J’avais une autre idée de l’esprit d’entraide, je suis prêt à leur donner un petit quelque chose, mais je n’ai que des très petites coupures (qu’ils ne veulent pas) ou des grosses (que je ne leur montre pas). Je reprends donc la direction de la piscine naturelle par le chemin bis en les laissant un peu tirer la tête. Je pensais avoir eu un contre-exemple de la nonchalance Laotienne, mais finalement pas tant que ça. A quelques mètres de l’arrivée, voici une nouvelle flaque ! Je ne me fais pas avoir je teste d’abord à pied pour trouver un passage, et ça marche. Quand j’arrive, il y a juste un groupe d’adolescentes qui est sur le départ. Elles rigolent bien en me voyant, il faut dire que mes vêtements sont vraiment plein de boue ! Elles s’en vont et je peux profiter de la beauté et de la quiétude du lieu totalement seul ! J’en profite bien pour nager et me rafraichir. Cette piscine naturelle au milieu des arbres s’y prête totalement. Un ponton traverse la piscine, mais un mètre sous l’eau ! Probablement un vestige utilisé à la saison sèche quand le niveau est plus bas. Je dois malheureusement me hâter car il reste pas mal de kilomètre avant l’étape du soir.

La route se fait de moins en moins montagneuse, les pics deviennent plus plats et le paysage est plus fait de collines maintenant. Les buffles pataugent joyeusement dans la boue (eux), les veaux tètent leur mère, les canards traversent sans regarder, bref que de vie le long de cette route ! A l’approche de Thaleg, je découvre un paysage assez mystérieux. Le lac artificiel découlant d’un barrage hydroélectrique en aval a modifié le paysage, et a inondé les forêts. Mais les troncs d’arbres morts subsistent au milieu de l’eau malgré tout. La route serpente au milieu de tout ça, s’est surprenant et intriguant, mais aussi vraiment beau avec le soleil couchant. J’arrive avant la nuit noire à la Sabaidee (bonjour en Lao) guest house, établissement mythique pour ceux qui font cette loop. Effectivement on sent qu’ils ont l’habitude de recevoir. Le lieu est vraiment bien aménagé et sympa. A mon arrivé, on me propose de participer au barbecue à volonté du soir, comment refuser, lui aussi est mythique ! J’en profite allègrement et je partage mon repas et la discussion avec 3 autres français rencontrés autour d’une brochette. Deux d’entre eux font la loop dans le sens inverse (comme moi) pendant leurs vacances, le troisième la fait dans le sens conventionnel, dans le cadre de son tour d’Asie qui dure 7 mois. Petit à petit chacun regagne sa chambre, il y a encore de la  route demain !










Jour 90 – De Vientiane à Kong Lor

Je prends le petit déjeuner de l’hôtel mais je craque quand même pour un croissant à la boulangerie d’à côté. Le matin, tout le gratin s’y presse apparemment. Au moment où je paie, le Vice-ministre au service du président s’installe et papote avec un représentant du ministère de la santé, le tout en français dans le texte (en vrai je ne les ai pas reconnus, je suis arrivé pile au moment des présentations) ! Je pars ensuite à peu près à l’heure que je m’étais fixée après avoir laissé à Vientiane les amis de Mont-de-Marsan. La sortie de la ville est un peu compliquée, le trafic est déjà dense de bon matin. En sortie de ville une portion de 2×2 voies me permet de m’éloigner rapidement de la capitale, puis je rejoins la route principale du sud, qui a sacrément la même tête qu’une départementale chez nous, les panneaux routiers sont assez similaires (sauf l’écriture bien entendu).

Au bout de 2 heures non-stop je m’offre une petite pause, et c’est la que je constate un petit problème, de l’essence coule du réservoir par la valve située en dessous. Lors de la dernière réparation, le mécanicien l’avait un peu endommagée par erreur mais normalement réparée…. ou pas apparemment. Ça ne coule qu’à l’arrêt donc je reprends la route pour trouver un réparateur. Le village d’à côté en a un, mais il me renvoie dans le plus gros village d’après à 5km, qui lui non plus ne peut rien faire et me renvoie à la ville d’après à 54km ! Bon la fuite n’est pas énorme et en attendant j’avance. Je m’offre même le luxe d’un petit arrêt touristique, un énorme bouddha doré trône sur une colline au milieu des rizières, l’image valait bien un stop ! J’arrive donc dans la ville de Paksan, à peu près à mi-parcours du trajet d’aujourd’hui. Je laisse la moto entre les mains des 3 mécaniciens qui acceptent le challenge, et je déjeune sur le stand de rue d’à côté en attendant pour essayer de ne pas perdre de temps. Une soupe de noodle sur des tables sur un trottoir, on ne peut pas faire plus local ! Au bout d’une grosse heure, je peux repartir la moto réparée.

Enfin c’est ce que je crois, je m’arrête 10km après pour faire le plein d’essence et le réservoir se met à couler comme jamais. Le pompiste, dans un élan de générosité essaie de m’aider mais le pauvre n’est pas vraiment très outillé. Il me transvase mon essence dans des bouteilles et je ne garde que le minimum pour rouler jusqu’à la prochaine ville qui est à 24km. Le temps d’y arriver, les sacs que le pompiste a installés sous le réservoir pour contenir la fuite sont pleins et commencent à toucher le moteur chaud, c’est donc un peu en catastrophe que je débarque dans le petit garage de la ville tenu par un couple. Le mari sort de sa sieste et s’affaire à la tâche. Cette fois ci, il n’essaie pas de rafistoler mais change la pièce, avec ce qu’il a par contre. Heureusement que Honda fournit des moteurs pour tout ici ! Je me retrouve avec une pièce de groupe électrogène adaptée sur la moto, et ça marche !

Je reprends la route une bonne fois pour toute, pour essayer de parcourir les 120 kilomètres restant avant la nuit, je fais une croix sur la cascade où je voulais m’arrêter au passage, je n’aurais pas le temps aujourd’hui. Après avoir essuyé un bon orage, j’arrive à l’embranchement pour quitter la route principale et bifurquer vers la région de Khammouane. Là j’oublie bien vite mes déboires de la journée. La route commence par une quarantaine de kilomètres de montagne, et serpente en lacet au milieu de la jungle. Au fur et à mesure que je prends de l’altitude, je sens la température baisser, et je découvre l’étendue de la chaîne de montagne. Je fais un arrêt imprévu (les meilleurs !) au point de vue de Limestone. Le ciel orageux, le soleil couchant et les montagnes à perte de vues font un somptueux tableau ! Un néerlandais qui voyage seul est en place pour admirer aussi, j’aimerais en profiter plus longtemps mais il me reste encore 45 kilomètres à parcourir pour rejoindre Kong Lor.

La dernière portion de route trace au milieu des rizières et des champs de tabac sur le plateau au milieu des montagnes. Je dois me frayer un passage entre les vaches, les chiens, les chèvres et les trous sur la route. Il y a aussi énormément de gens sur cette route bordée de tout son long de petits villages. Il me semble que ce sont les fermiers et ouvriers des champs qui habitent là. Les maisons ne sont pas très riches, elles sont sur pilotis et soit en bois, soit en bambous. Le contraste avec la capitale quittée ce matin est flagrant. Plus j’avance, plus la route se transforme en chemin de terre (plein de trous et de flaques). Les derniers kilomètres deviennent durs à parcourir, le soleil étant déjà bien couché ! Mais j’arrive quand même à bon port, dans l’hôtel de jour. Ici pas de dortoir donc grand luxe j’ai pris une grande chambre pour moi tout seul ! Je déguste un super Yellow curry (plat laotien typique déjà gouté à Vang Vieng) et me couche bien fatigué de cette journée. Je suis au départ de la boucle de Khammouane qui m’amènera à Thakhek dans 2 jours.








Jour 89 – Vientiane

Nous partons tous les 4 en excursion dans la ville ce matin. Nous visitons d’abord le morning market, qui est en fait plus un grand magasin fourre-tout. Puis le Khuadin Market, qui lui est plus local et typique. On retrouve les étals de fruits et légumes pleins de couleurs, mais aussi ceux de poissons qui sont très odorants, et ceux de viande que je délaisse assez vite tellement la vision et l’odeur sont dures à tenir. Par contre on est dans du local ça c’est sûr, il n’y a pas de touristes ici.

On continue la découverte de la ville par un temple adjacent, qui est en fait en fin de construction. Le lieu est juste occupé par des ouvriers qui travaillent, on voit quelques moines passer. A quelques mètres de là se trouve un arc de triomphe, qui aurait comme modèle celui de Paris. Celui-ci a été construit dans les années 60 avec du béton américain à l’origine destiné à la construction de l’aéroport. A chaque étage du bâtiment, les locaux ont trouvé le moyen d’installer des magasins de souvenirs. Au sommet, une vue panoramique imprenable s’offre à nous. Je l’avais déjà ressenti en marchant sur les trottoirs, mais vu d’en haut, Vientiane est une vraie grande ville, avec des boulevards, des avenues et du trafic routier. On est loin de ce que j’ai pu voir depuis mon arrivée au Laos ! Le Mékong et les parcs environnants apportent un peu de nature et de verdure mais c’est à peu près tout.

Après le déjeuner, je vais faire un tour pour découvrir le parc et les berges du fleuve. Il y a pas mal de travaux, il me semble qu’un aménagement d’une zone en dur pour installer le night market est en cours. De l’autre côté du fleuve c’est la Thaïlande, on est vraiment très près ! Sur les rives il y a aussi une fête foraine avec grand huit et auto-tamponneuse en train de s’installer. Les forains travaillent en plein soleil pour assembler les attractions, sous l’œil de la statue de Chao Anouvong (le dernier roi de Vieng Chang). Le soleil est vraiment dur à tenir, ce sera donc une bonne pause à l’hôtel avant de continuer la visite de la ville.

Après une petite sieste, je vais faire un tour d’horizon des temples du centre-ville. La majorité se trouve autour de l’hôtel, c’est parfait ! Les lieux sont vraiment paisibles, et propices au repos. Un des temples est dans la même zone qu’une école, et je peux entre-apercevoir les écoliers affairés derrière leur table. Cela me permet aussi d’avoir une vision différente de la ville, je découvre les petites rues, plein de restaurant locaux, et l’architecture héritée du colonialisme du 20ème siècle. Un peu plus loin, un stupa semble venir d’un temps très ancien de la ville. Il est en brique et envahi de végétation, il me rappelle fortement ceux vus à Bagan au Myanmar. Pour finir ce tour, je souhaite visiter le musée du Wat Sisaket, mais j’arrive trop tard et je trouve porte close ! Je me contente de visiter les alentours avant de retourner à l’auberge.

Là, je prends la moto pour accompagner Max dans un supermarché excentré de la ville où il souhaite faire quelques achats de souvenirs. Je retrouve l’autre côté de la ville, les grands boulevards, le trafic très très dense, c’est assez compliqué de parcourir le peu de kilomètres qui nous séparent du magasin. Une fois là-bas, j’ai l’impression d’arriver dans un supermarché bio parisien, tout est ultra clean, une petite ambiance musicale (du classique s’il vous plait) est diffusée, on est complètement en décalage avec l’ambiance extérieure ! Pourtant, le personnel ne parle (quasiment) pas anglais, et aucun touriste n’est là. C’est probablement un magasin où la classe Laotienne un peu plus aisée fait ses emplettes. Nous finissons la journée par un dîner dans LE restaurant laotien de la ville (enfin selon le lonely planet !). Je vais tenter de bien me reposer pour avaler la longue route de demain dans de bonnes conditions.










Jour 88 – De Vang Vieng à Vientiane, ou le jour 1 du road trip en moto

10h00, le sac est chargé, je suis prêt à partir. Démarrage en douceur, le poids du sac à l’arrière change la donne pour la conduite, c’est parti pour 160 kilomètres. J’ai pris l’habitude de faire seulement des excursions à la journée, pendant les premiers kilomètres, il est difficile d’imaginer que je vais faire un aller simple avec tout mon paquetage pendant un mois et demi. Au bout d’une bonne heure de route je me le suis un peu plus mis en tête, ce mode de voyage est vraiment génial, je n’ai jamais pu autant profiter des paysages pendant un trajet. C’est vrai que pendant les voyages en bus j’ai plus tendance à dormir, là par contre c’est une concentration de chaque instant, l’état des routes n’est pas formidable. Des énormes trous peuvent apparaitre à n’importe quel moment. J’ai aussi le droit à plusieurs averses, pour deux d’entre elles j’arrive à gérer avec ma super cape de pluie et je passe la zone sans souci. Par contre la troisième m’a forcé à m’arrêter, on était à deux doigt de la tempête de grêle, ça faisait mal et c’était trop dangereux. Heureusement, après 15 minutes c’est passé.

Les paysages traversés sont bien sûr magnifiques, et la route de montagne de mi-parcours n’est pas dénuée de charme non plus. Le temps étant pluvieux, les nombreux nuages (très noirs quand même des fois) participent eux aussi à la beauté du tableau. Ce qui me marque aussi pendant ce trajet, c’est que je traverse des zones où les touristes sont absents. Même si je ne marque pas forcement l’arrêt, j’ai droit à plein de salut des locaux, et des grands sourires des nombreux écoliers qui sortent de classe. Ça me fait plaisir car depuis mon arrivée au Laos, même s’il y a des exceptions, je trouve les locaux plus distants, voire parfois carrément nonchalants.

L’arrivée dans la ville est plus compliquée car la circulation est assez dense, mais c’est au bout de la 4ème heure de route que j’arrive à l’auberge où je resterai deux nuits. Je rejoins les 3 amis quittés ce matin pour aller déjeuner. La journée est déjà pas mal avancée, du coup je décide de trouver un mécanicien pour réparer les défauts électriques de la moto, et également faire un check complet avant la prochaine étape qui sera plus longue.

Je reste une heure et demie dans ce « garage » que m’a indiqué le gérant de l’hôtel, qui s’avère être plus un stand de mécanique à même le trottoir. Le chef mécano prend mon cas en charge, il y a en fait pas mal de travail. Il se trouve que l’alternateur est mort, plus d’autres problèmes dans les circuits électriques. Aussi, il n’a pas la pièce pour changer le verre du phare mais il va en faire tailler une pour le rendre à nouveau étanche. Certes les propriétés optiques, et du coup d’éclairement sont maintenant quasi inexistantes, mais au moins on me verra ! C’est vraiment intéressant d’observer la vie locale depuis cet endroit, il y a vraiment beaucoup de passage entre les écoliers, les parents avec leurs enfants, les ados, les jeunes travailleurs, tout le monde passe ici pour faire réparer les petits problèmes de son 2 roues, qui définitivement est le roi des véhicules ici ! Aussi, je vois le génie de la débrouillardise des mécaniciens d’ici. Tant que c’est réparable, ou plutôt que c’est possible de rafistoler, on ne change pas pour du neuf. Et souvent d’ailleurs, ils n’ont pas les pièces neuves à disposition. Les outils avec lesquels ils travaillent semblent totalement inappropriés, mais ils font quand même des petits miracles. En tout cas, en 1h30 sur ma moto, je n’aurais jamais pensé qu’il puisse faire tout ça. Elle n’est pas remise à neuf c’est sûr, mais au moins ça marche !

Je retrouve Max, Anne et Laetitia pour dîner et nous allons au Night Market qui se situe juste au bout de notre rue. On est loin du charme de celui de Luang Prabeng, et encore plus loin de son authenticité. Ici c’est le marché des chinoiseries, pour la nourriture, on repassera aussi. En tout cas le stand choisi ne s’est pas avéré aussi bon qu’il en avait l’air. Par contre, un des côtés du Night Market ressemble à une sorte de « fête foraine ». Il y a là des alignements de stands de fléchettes (pour percer des ballons), de pistolet à bille ou de chamboule-tout. Un stand propose même de remettre droite des bouteilles en verre à l’aide d’une sorte de canne à pêche se terminant par un anneau de rideau. Tous les stands semblent sortir d’un autre temps mais les gens ont l’air plutôt enjoué, même si les lots, qui sont pour la plupart des boissons semblent un peu dérisoires. Un petit filou qui m’aura bien fait rigoler se déplace d’un stand de ballon au suivant, le tout en moto. Il est vraiment doué ça ne fait pas de doute, et du coup il gagne plein de boissons. Ça lui revient moins cher que les acheter comme il ne rate quasiment pas ses coups. Il remplit au fur et à mesure le panier de sa moto, probablement pour aller revendre tout ça au prix fort ensuite !






Jour 87 – Vang Vieng

La nuit fut chaude dans le dortoir sans climatisation, heureusement qu’il y avait des ventilateurs (et des moustiquaires) ! L’hôtel change le petit-déjeuner tous les matins, ce matin soupe de noodle de riz au porc (avec un peu de foie qui traine dedans, yummy). Certes c’est bon, mais à 9h du matin…. J’aurais préféré un bon croissant ! Je pars ensuite pour ma journée d’expédition dans les environs mais je dois d’abord faire quelques achats d’accessoires pour la moto au marché local, une chaîne, un cadenas, et surtout une bâche pour protéger mon sac de la poussière pendant les trajets.

Après la traversée des ponts de bois (plutôt rustiques mais tellement charmants !), je me dirige vers la Khan Cave. Une fois le droit d’entrée payé et la moto déposée, il s’en suit une marche d’approche d’une vingtaine de minutes tantôt sur des chemins, tantôt dans la rivière (qui est très peu profonde bien sûr). L’entrée de la grotte est plutôt discrète, mais un vieil homme qui m’a suivi me confirme que c’est bien là. Dans la première se trouve un bouddha (original non ?), puis s’en suit un dédale de chemins plus ou moins étroits pour se glisser dans la grotte. L’homme s’improvise un peu guide, ce qui est un peu rassurant car je ne sais pas trop où m’aventurer (malgré les quelques flèches peintes sur les parois). Je tente de savoir si sa prestation est incluse dans l’entrée déjà payée ou si je dois m’attendre à une demande, pas de réponse… je continue donc la visite en sa compagnie. Il me montre comment il est possible de faire entrer en résonance les différentes stalactites, chacune produit un son différent en fonction de sa taille. Il me montre aussi les rochers creux créés par les écoulements d’eau. Un vrai paradis pour les géologues, et les spéléologues bien sûr ! Pour la sortie, deux voies possibles, voulant éviter un demi-tour je prends la deuxième option. Je ne sais toujours pas si c’était un bon choix car il s’en suit une « marche » à 4 pattes (qui me semble interminable) aplati sur le sol terreux et humide pour passer dans le conduit qui est sensé mener à la sortie ! Bon j’écris ces mots donc c’est que j’ai bien trouvé la sortie, mais claustrophobe s’abstenir ! Je passe quelques minutes dans la rivière pour me nettoyer et nettoyer mon sac qui est bien terreux aussi, et mon guide improvisé en profite pour me demander quelques kips. Enfin surtout pour me demander un prix prohibitif qu’il n’a pas annoncé avant, je décline mais je lui laisse quand même un petit quelque chose.

Deuxième étape, direction le blue lagoon (encore un !) à quelques kilomètres de là. Manque de bol je me trompe de chemin en cours de route et je fais plusieurs kilomètres (dans les 2 sens) sur une piste trèèèèèèèèès boueuse. Petit incident sur cette route, un trou un peu plus profond que les autres et que j’ai eu du mal à éviter a créé une grosse secousse et mon phare avant s’est détaché, le verre a sauté et s’est totalement brisé…. Pas de chance ! J’arrive finalement au blue lagoon (en étant encore plus plein de boue) et commence la visite de la zone par accéder à la Tham Phu Kam Cave. L’entrée se trouve en haut d’un long escalier qui monte dans la jungle, puis une petite ouverture apparaît. La première grande salle dans laquelle on accède renferme une stèle où est installé un sleeping bouddha. L’atmosphère est vraiment paisible, on entend l’écoulement des eaux le long des parois et la rivière souterraine. Visuellement, les rayons du soleil qui pénètrent dans la salle mettent en valeur les mousses qui poussent sur les rochers, en contraste avec le doré du bouddha. La grotte fait environ 200 mètres de long mais n’est principalement qu’un enchaînement de grandes salles, sans passages minuscules comme expérimenté précédemment. Je m’aventure donc seul sans guide dans cette exploration. Sans ma lampe frontale, il n’y a vraiment aucune lumière qui transperce une fois sorti de la première salle, l’atmosphère est forcément un peu flippante mais je continue pour aller jusqu’au fond. Sur les parois, les différents visiteurs ont laissé des traces de leur passage avec des empreintes de mains ou des écrits, le tout fait avec la boue qu’il y a un peu partout. Marcher quasiment dans le noir avec ces signes qui ressortent de temps en temps rajoute un peu de glauque au côté flippant. J’arrive au fond dans une sorte de cul de sac, pour découvrir des sortes de petites passerelles naturelles au-dessus des écoulements d’eau, la nature a bien fait les choses ! Une fois revenu au grand jour, je pique une tête dans le bassin bleu azur, qui s’est bien vidé pendant ma visite de la grotte (happy me). Le lieu est très touristique mais les locaux semblent bien en profiter aussi. Il y a des bouées louées pour patauger dans l’eau, et un arbre a été transformé en plongeoir à deux étages pour les plus téméraires.

Pour ma 3ème étape, je me dirige vers le mont Pha Ngeun pour monter au sommet et profiter de la vue sur la région. L’ascension est raide, très raide, mais en même temps ces massifs montagneux semblent sortir de nulle part donc forcément les pentes douces sont rares. La main courante tantôt en bambou, tantôt en fer à béton est plus qu’utile ! Une grande partie de la montée se fait dans la jungle, donc sans vue, quand au bout d’un moment (qui m’a semblé long mais en fait pas tant que ça !) j’arrive à la première terrasse. La vue est déjà belle mais je pousse quand même jusqu’au sommet. La vision des environs entre montagnes et plaine, avec les rizières toujours aussi vertes, les rivières, tout cet ensemble vaut le coup d’avoir sué pour monter ! Ce que je vois aussi, ce sont les énormes nuages noirs qui sont partout sauf au-dessus de ma tête à ce moment-là, et ce que j’entends c’est le tonnerre qui gronde. Je m’active pour redescendre, et je croise plusieurs jeunes gens qui montent, avec chacun un panier plein de graviers sur le dos. Déjà que sans trop de poids c’est dur, alors avec des cailloux ! Un des jeunes qui parle anglais m’explique qu’ils montent au sommet les matériaux de construction pour une nouvelle cabane, sacré challenge en tout cas.

La pluie commence à bien tomber mais l’épaisseur de la jungle me protège, ce n’est plus le cas une fois en bas. Je m’équipe de mon poncho de pluie birman (1ère utilisation !) pour braver les éléments et prendre le chemin de l’hôtel. Vu la météo je ne tenterais pas d’autres visites aujourd’hui, et puis je voudrais repasser au garage pour faire deux trois petits réglages sur mon engin. Les chemins pour rejoindre la route principale sont déjà des rivières, mais cette dernière n’est pas forcément dans une meilleure condition. C’est bien mouillé que j’arrive à l’hôtel après pourtant seulement 5 kilomètres à braver les éléments. Une bonne douche chaude s’impose, et elle a fait du bien !

Aujourd’hui, Max a fait une classe de cuisine avec Fa (la propriétaire de l’hôtel / je ne suis pas sûr de l’orthographe). Je le retrouve ainsi que Laetitia et Anne pour déguster le fruit de leur travail, et partager aussi un moment autour de la table avec Fa et Vien (la sœur de Fa avec qui elle tient l’hôtel). Au menu, curry en entrée, et fondue laotienne en plat. On s’est purement et simplement régalé ! Un vrai délice ! Les deux sœurs nous ont aussi allègrement arrosé en cocktail maison servi dans des seaux à glaçons et qui se boivent à la paille. C’est repu que je me dirige vers mon lit, et que mes autres compagnons de table eux se dirige vers un bar en ville pour continuer la soirée. Demain, c’est mon premier grand trajet en moto, et en dehors du fait que j’aimerais qu’il ne pleuve pas, je voudrais aussi être bien en forme.

 

Et voici le lien pour la vidéo :








Jour 86 – De Luang Prabang à Vang Vieng

Le mini bus passe aux aurores me récupérer à l’hôtel puis prend la route de Vang Vieng. Difficile de résister au sommeil mais quand le chauffeur (pas très doux au passage) attaque la route de montagne, il devient difficile de rester endormi. Je ne m’attendais pas à trouver une chaîne de montagne ici, elle semble surgir de nulle part. La route est dans les nuages et parfois des éboulements importants sont visibles, pas très rassurant. Au bout de 4h de route nous voici enfin arrivé à Vang Vieng.

La ville a un passé sulfureux mais tout semble être plus calme maintenant. La mode était à la course à l’alcool et aux sports extrêmes (pas vraiment sportif). Suite à l’année noire de 2011 (20 décès parmi les touristes), le gouvernement a repris les choses en mains. La ville n’est pas plus intéressante pour autant, mais les alentours sont juste impressionnants ! Je pars faire un petit tour en vélo dans la ville et ses abords pour profiter du début d’après-midi. Juste à côté de la rue principale se trouve un vestige de piste d’atterrissage. Il s’agit d’un terrain utilisé en toute impunité par la CIA durant la guerre du Vietnam, et ce dans le plus grand secret, même le gouvernement américain ne l’aurait pas su à l’époque. Je reprends ma visite et je découvre une mini-île plantée au milieu de la rivière, et au bout d’un chemin une mini plage complètement déserte. Je ne résiste pas à une baignade, bien rafraîchissante avec la chaleur qu’il fait !

Je retrouve ensuite Tave pour finaliser l’achat de la moto. Elle roule, c’est déjà bien, et il prend un moment avec moi pour m’apprendre les subtilités car elle n’est pas toute neuve non plus. Je vais quand même devoir m’entraîner un peu pour être bien à l’aise avec le passage des vitesses mais la journée de demain servira à ça, entre autres ! Le démarrage électrique ne marchant pas je passe voir le mécanicien à côté de l’hôtel. Il ne pourra rien y faire je serai obligé d’utiliser le démarrage manuel. Mais par contre, je lui fais installer un plus grand porte bagages pour pouvoir transporter mon sac plus facilement. Elle sera complètement prête ce soir !

Je reprends un vélo pour la fin d’après-midi puis je me joins à Laetitia pour aller découvrir le marché local. Les étals ne sont pas forcément très ragoûtants, entre les grenouilles attachées par les pattes, les rats grillés, les anguilles, les poissons chats, des sortes d’écureuils. A croire que tout ce qui vit peut-être mangé ! En tout cas il y a de la variété ça c’est sûr. Au milieu de toute cette viande il y a quand même des grands étals de fruits et légumes, avec pareil énormément de variétés, et même on peut trouver des brocolis. Nous récupérons Anne qui revient d’un tour en montgolfière au-dessus de la ville pour aller voir le coucher de soleil dans un spot secret que les trois amis ont trouvé. C’est donc depuis la terrasse d’un hôtel de luxe que nous pouvons admirer la vue et voir des équipes de rameurs qui s’entraînent pour la fête des pirogues qui doit avoir lieu le mois prochain. Vu le courant, ça n’a pas l’air évident, et de façon générale ça semble plutôt physique !

Je passe récupérer la moto un peu avant l’heure, le mécanicien a fait un travail formidable, mon sac va pouvoir être transporté à l’arrière ! Il lui reste deux trois vis à remettre et pendant ce temps, tout le groupe d’amis qui traîne au garage m’invite à boire une bière avec eux. Une fois fini, j’essaie de me dérober mais il faut que j’en prenne une seconde avec le mécanicien, en même temps je me dois de le remercier c’est sûr. J’arrive à partir après avant que ça ne devienne un traquenard ! Il m’aide un petit peu pour repartir et appréhender mieux la moto. Je retrouve Anne et Laetitia pour aller manger, et c’est l’occasion pour moi de pratiquer un peu la conduite. Ce sera un craquage pour un burger ce soir, la ville regorge de coins pour ceux en manque de nourriture occidentale ! Max nous rejoint ensuite pour le retour vers l’hôtel, avant de se faire entraîner en soirée avec la sœur de la propriétaire pendant que nous allons tous nous coucher. Je n’ai qu’une journée ici, je vais essayer de bien en profiter !







Jour 85 – Luang Prabang #2

Je commence la journée par me rendre, sur les conseils de Vincent, au marché du matin. Contrairement à celui du soir qui draine plus des touristes que des locaux, celui-ci est plus typique. Je n’arrive pas aux premières heures mais l’alignement des petits étals, parfois à même le sol est fort sympathique à traverser. Les produits locaux sont à l’honneur, et vus les moyens de conservation des viandes et poissons, l’inspection sanitaire aurait du travail ! Je suis quand même surpris quand je découvre dans les produits vendus des chauves-souris. Certaines déjà grillées, d’autres non. C’est vraiment bizarre !

J’enchaîne avec la visite du Musée du Palais Royal. Il s’agit de la dernière résidence du dernier roi du Laos, Sisavang Vong. A l’entrée du parc trône le Bouddha d’Or, il est installé dans un temple construit autour et ultra surveillé. C’est une statue en or de 83cm et 50kg, sous la protection duquel le Laos est officiellement placé ! Le nom de la ville lui fait d’ailleurs référence puisque Luang veut dire « grand » et Prabang signifie « statue d’or sacrée ». Le musée en lui-même permet d’en découvrir un peu plus sur le protocole et la manière de vivre de la royauté laotienne, avant qu’elle soit mise à mal par les révoltes du 20ème siècle. C’était plutôt intéressant, et je retiendrai entre autres l’architecture de la salle du trône, faite de mosaïque de verre, ce qui rend la salle si particulière. Aussi, dans la dernière salle, on voit les différents cadeaux d’autres pays faits au royaume du Laos, dont une pierre de lune offert par Nixon.

Je visite quelques Wat sur le chemin puis continue vers un quartier de la ville moins touristique pour essayer de dénicher un lieu un peu caché. En effet, en plein milieu des habitations, avec pour seul accès une mini ruelle, se trouve un lac envahi de fleurs de lotus. Sur ce lac sont installés de vieux baraquements en bois, qui tombent un peu en ruine, et qui sont accessibles par une passerelle qui elle aussi n’est pas en grande forme. Il s’agit en fait des anciennes fumeries d’opium, qui ont été fermées seulement au milieu des années 80 sous la pression internationale. La Laos reste toujours le 2ème pays producteur au monde (derrière la Birmanie), mais la production a bien diminué il semblerait. Pour la petite histoire ce sont nos très chers ancêtres français qui ont mis en place les plantations d’opium, mais comme ce n’était pas assez rentable ils ont mis en place le suivi et la taxation des consommateurs dans les fumeries. Selon une étude, en 1920, la moitié du budget du gouvernent général provenait de la très officielle Régie de l’opium. C’est assez hallucinant d’imaginer tout ça, et surtout assez fou d’imaginer la vie qu’a connu cet endroit.

Pour l’après midi, je décide de quitter les trottoirs bien proprets du centre-ville historique et d’aller visiter un village d’artisanat situé de l’autre côté de la péninsule. Pour traverser la rivière Nam Khan, il y a un vieux pont en métal rouillé et en bois avec une voie pour les motos, et un mini passage sur des planches un peu bancales sur le côté pour les piétons. Passer de l’autre côté est déjà une expérience en soi ! Après une traversée de quartier résidentiel plutôt aisé au vu des villas qui le composent, la route bitumée se termine et je retrouve un petit chemin de terre. Il me semble enfin arriver dans un endroit plus proche du réel quotidien des Laotiens. Je m’enfonce dans les petits villages et trouve quelques boutiques et ateliers qui approvisionnent les marchés de la ville. Un peu comme au Myanmar, on retrouve des salles entières (souvent des hangars) avec des métiers à tisser hors d’âge comme moyen de fabrication. J’assiste aussi à la fabrication de papier avec des fleurs et plantes incrustées. Cette visite est plutôt intéressante dans l’ensemble et je suis quand même content d’avoir fait la marche jusqu’ici. Avant de repartir dans l’autre sens et le soleil tapant très fort, je m’offre une petite pause dans des escaliers qui descendent sur la rive de Mékong. J’ai de l’ombre et une belle vue, c’est parfait pour prendre un moment tranquille ! En fait il s’avère que je suis installé sur l’accès au débarcadère des bateaux qui emmène les touristes depuis le centre-ville pour aller visiter les ateliers d’artisanats. Un des conducteurs de bateau s’installe à côté de moi en attendant sa cliente, et il s’avère qu’il parle français et ne demande qu’à pratiquer !

C’est ma première occasion de discussion avec un local et j’en suis ravi ! Lui a appris le français à l’école car c’était obligatoire, maintenant, c’est l’anglais qui est privilégié. Il me dit qu’on le surnomme Mr Quatre, car il a 4 enfants, 4 bateaux, 4 maisons, 4 motos mais une seule femme (selon ses dires). On arrive à communiquer tant bien que mal, et ça me permet d’en apprendre un peu plus sur le Laos et les Laotiens. Lui ne vit que de son revenu de conducteur de bateau pour les touristes, mais il me dit que la saison ne commencera qu’en octobre après la mousson, pour le moment c’est calme. Il me dit aussi qu’il invite les français à dormir gratuitement chez lui quand il en rencontre, ce qu’il me propose aussi. Il me parle d’aller acheter du poisson au marché et qu’il le cuira au barbecue ce soir. Au vu de la pollution du fleuve, je préfère éviter le poisson local pour le coup. Bon aussi, il aurait bien aimé que je me joigne avec l’expédition de son unique cliente pour faire un peu grimper le chiffre d’affaire. Malgré le fait que c’était très sympa de partager ce moment avec lui, je décline les autres propositions et prend le chemin du retour.

Je finis la journée en m’installant dans le café français pour déguster un superbe flanc pâtissier, avant de retrouver Vincent pour manger au Night Market ce soir. On commence à prendre nos habitudes dans cette ville !

Voici les deux premières vidéos montées de ce début de séjour Laotien : https://youtu.be/PckCFKzJcSE







Jour 84 – Luang Prabang

En fin de matinée je me joins à l’expédition proposée par l’hôtel pour me rendre à la cascade Kuang Si, située à une 30aine de kilomètres de la ville. Au final c’est plus un mini bus qui nous amène et nous récupère en nous laissant 3 heures de temps libre sur place. Il s’avère que c’est une zone entière qui a été mis en protection autour des chutes d’eau. Une fois le droit d’entrée payé je prends le chemin pour rejoindre les cascades, et à peine 5 minutes après je vois… des ours. Ça peut sembler improbable mais oui il y a des ours bruns qui vivent dans ces forêts. Malheureusement eux aussi sont en danger car sur-chassés pour leur bile, qui aurait plein de propriétés selon la médecine chinoise. En l’occurrence celle d’envoyer une espèce vers l’extinction en premier lieu. Je n’ai jamais trop aimé les zoos, mais ici c’est plus le visiteur qui passe derrière un grillage, les ours eux ont une très grande zone à disposition et il semble qu’ils sont plutôt bien choyés.

Je continue la remontée vers les chutes d’eau quand se dessine devant moi la première des piscines naturelles. L’eau est bleu clair / blanc, le tout avec la végétation luxuriante donne un sacré beau tableau. Je marche comme ça une centaine de mètres le long du cours d’eau qui alterne petites chutes et piscines naturelles, ces dernières étant déjà bien envahies de baigneurs (malgré la température de l’eau). Quand soudain se dessine devant moi, LA CASCADE ! J’avais déjà été impressionné par celle en Thaïlande, mais celle-ci est au moins 10 fois plus grande, tout simplement bluffant et magique ! Je pars ensuite par le petit sentier en escalier qui permet de remonter la cascade et d’en atteindre le départ. La montée n’est pas évidente avec le terrain glissant, mais au moins ça fait une sélection dans les touristes et nous ne sommes qu’une poignée à admirer la vue depuis le haut. C’est l’occasion pour profiter de la piscine naturelle du haut, dans une eau bien froide, mais du coup bien rafraîchissante après la montée. Malheureusement le temps file trop vite et il est déjà temps de redescendre pour attraper à temps le bus du retour.

Une fois revenu en centre-ville, je décide d’aller faire un tour sur la péninsule qui se dessine entre le Mékong et la rivière Nam Khan. J’en profite pour me faire un petit plaisir et prendre un goûter dans la boulangerie française La Banneton, le choix a été difficile car tout avait l’air bon (et cher), et c’est finalement un superbe chausson aux pommes qui aura gagné. Je vais ensuite jusqu’au bout de la péninsule en visitant quelques Wat au passage, et en profitant de la vue avec le soleil couchant.

Au bout de la péninsule est installée une plaque commémorative de l’UNESCO, Luang Prabeng fait partie de ces villes inscrite au patrimoine mondial. Ce que je me dis en arpentant les rues c’est que cette inscription a dû effectivement avoir un impact positif sur la conservation de la ville, et a dû entre autres empêcher la prolifération d’enseignes tapageuses de magasins. Tout est propre, assez uniforme et du coup plutôt plaisant quand on se balade. Par contre, je pense aussi que tout ça à un effet pervers qui je l’espère est typique à cette ville et pas étendu au Laos. Le coût de la vie est extrêmement cher, et totalement disproportionné pour un pays d’Asie du sud-est. Le nombre de temples à entrée payante est impressionnant, et même le point de vue sur la ville est payant ! Sur le papier le Laos est censé être plus économique que la Thaïlande. Dans les faits, à Luang Prabeng, on est souvent plus cher que la Thaïlande (et même que le Myanmar), voire pour certains produits on frôle carrément les prix Parisiens. Le nombre d’hôtels de luxe installés sur la péninsule montre bien que ça ne dérange pas tout le monde, mais je pense que voyager en tant que backpacker ici peut être un problème, c’est dommage. Je constate aussi en me renseignant que la plupart des points d’intérêt sont ici en dehors de la ville (comme la cascade vue aujourd’hui), et il semble que ce soit par contre le cas pour le reste du pays. Les bus sont bien là pour relier les villes, mais partir à l’aventure en dehors des villes, que ce soit en bus, en tuk tuk ou même en louant une moto coûte très cher.

C’est en discutant avec un colocataire de dortoir ce matin qu’une vieille idée à ressurgi. C’est donc devant ce constat et avec plein d’autres raisons en tête que j’ai pris la décision d’acheter une moto que je revendrais dans un mois et demie au Vietnam. Cela va me donner l’autonomie en transport dont j’ai besoin pour profiter du pays et ne pas me sentir arnaqué à chaque coin de rue. Aussi, ça facilitera grandement la traversée de la frontière Laos / Cambodge en réglant le problème de transport une fois la frontière passée. J’avais aussi dans mon programme de faire une loop de 4 jours dans le centre du Laos en louant une moto, du coup je suis autonome et je gagnerai du temps à ne pas passer par la ville départ de cette loop. Bon le seul problème est que pour me rendre au Vietnam il me faut une moto déjà immatriculée au Vietnam, et là coup de chance, en quelques recherches sur internet j’en trouve une. J’envoie un message, et Tave, son propriétaire américain me répond très rapidement. Nous avons pris rendez-vous dimanche à Vang Vieng pour nous voir et faire l’échange. Tave finit de me convaincre en quelques mots, lui vient de passer 3 mois pour revenir du Viêtnam et me décrit l’expérience comme exceptionnelle, et complètement sûre. Je suis bien rassuré, et content de cette décision.

Ce soir, je retrouve Vincent, nous allons manger dans le night market, le seul endroit accessible pour les Backpackers dans cette ville, et en même temps un des plus sympas donc pourquoi se priver !








Jour 83 – De Pakbeng à Luang Prabang

Deuxième jour en slow boat, deuxième jour hors du temps et dans la contemplation la plus totale. J’ai réussi à arriver assez tôt sur le bateau et à avoir une place bien confortable. Ce n’est pas le même bateau qu’hier et en plus des tables avec des banc en bois pour 4 personnes, des banquettes de sièges de voitures font office d’assise, choix judicieux car le dossier est inclinable ! Du coup je suis bien plus confortablement installé qu’hier. Anecdote assez drôle, une passagère a manqué le départ et a rattrapé le bateau grâce à un speed bot, elle réembarque en plein Mékong. Me concernant, ma journée n’aura pas des activités beaucoup plus diversifiées qu’hier : lecture, manger, dormir et regarder des séries. J’en profite quand même pour continuer un peu mon étude sur le Laos et préparer plus en profondeur mon itinéraire.

Le bateau nous dépose à 10km du centre-ville, le port a été excentré pour probablement faire marcher le business des tuk-tuk. Tout le monde est obligé d’acheter un ticket à prix fixe ! Une fois mes affaires déposées à l’auberge de jeunesse où je m’installe pour trois nuits, il n’est pas trop tard pour moi pour grimper sur la colline située en plein centre-ville et aller au point de vue pour le coucher de soleil. Je fais bien de me dépêcher un peu car ici à 6h il fait nuit noire ! La colline Phou Si est surmontée d’un temple et d’un stupa. Sur ses flancs plusieurs autres temples et statues, mais surtout une forêt. C’est un vrai poumon vert au milieu de la ville. Même si de là-haut, on voit bien que les alentours de la ville sont quand même très boisés. Il y a foule pour voir le coucher de soleil et trouver un petit espace est compliqué. Tout le monde se bataille un peu pour avoir LA meilleure vue, j’essaie d’en profiter en me mettant tranquille dans un coin. Je re-croise un groupe de 4 français avec qui j’étais sur le bateau, mais nous n’avions pas parlé jusqu’alors. Nous parlons un peu en profitant des derniers rayons de lumière puis nous nous dirigeons tous ensemble vers le marché de nuit pour manger.

Le groupe se compose de 3 amis venant des Landes, Max, Laetitia et Anne, puis de Vincent qui fait lui aussi un tour du monde et qui est déjà sur la route depuis 5 mois. Le marché est petit et avec quelques échoppes vendant des objets sympathiques, mais la nourriture l’est encore plus ! Difficile de résister à tout ça, tous les étals donnent plus envie les uns que les autres. Je craque pour une baguette de pain, accompagnée d’une saucisse, c’est un vrai régal, simple et efficace (en réussissant à résister au stand de gâteaux gigantesques) ! Impossible de trouver un endroit où s’installer pour manger, nous migrons donc vers la terrasse de leur auberge de jeunesse où ils m’invitent gentiment. J’avoue qu’après 2 jours certes très paisibles et reposants, mais sans réelle interaction sociale, cette soirée me fait le plus grand bien (merci à tous les 4 !). Le petit chat qui squatte la terrasse lui aussi semblait avoir besoin de contact puisqu’il a passé une heure à nous tourner autour et à miauler. J’ai finalement réussi à le soudoyer en échangeant viande contre caresse !

En vrai, j’ai aussi mis à profit le temps sur le bateau pour préparer 3 vidéos sur mon cours séjour en Thaïlande du Nord (Je vais définitivement devoir retourner dans cette partie-là de la Thaïlande) :









Jour 82 – De Chiang Rai à Pakbeng, traversée de la frontière Thaïlande / Laos

La nuit fut bien courte, à 5h45 me voilà sorti de l’hôtel. Je retrouve Lili, une allemande avec qui j’ai fait le trajet depuis Chiang Mai il y a deux jours, nous allons nous suivre jusqu’à la frontière laotienne pour partager les frais de tuk-tuk. J’ai lu le moyen le plus facile de passer au Laos sur pas mal de blogs de voyages, je voulais essayer ça plutôt que prendre le package proposé par les agences et hôtels. Direction la gare routière pour prendre un bus local, et nous voilà partis en direction de Chiang Khong à 2 heures de route de là. Le bus local n’est pas vraiment confortable (en comparaison des autres bus empruntés en Thaïlande, c’est râpé pour finir ma nuit ! Nous ne sommes pas les seuls à passer par cette solution, sur 8 passagers du bus de, no 6 heures, nous sommes 6 occidentaux.

Deuxième étape, le bus nous dépose à 5 kilomètres du poste frontière thaïlandais, nous finissons le trajet en tuk-tuk partagé. Sortir de Thaïlande se fait sans problème, j’ai bien fait de prévoir des dollars US avec moi, c’est nécessaire pour le visa laotien mais le taux de change pratiqué au poste frontière est indécent. Sorti du poste, il y a interdiction de marcher et un bus (payant bien sûr) est obligatoire pour passer le pont qui traverse le Mékong et arrivant jusqu’au poste frontière laotien. Etre parti tôt a son avantage, je suis le premier au bureau des visas, et en moins de 10 minutes, j’ai le sésame collé dans mon passeport ! Troisième étape, il faut rejoindre en tuk-tuk partagé le quai de départ des slows boats, petite négociation pour obtenir le vrai prix (lu sur tous les blogs) et c’est parti. Me voilà arrivé à 9h30 au comptoir pour acheter mon billet, 2h avant le départ, le timing est parfait pour avoir une bonne place. Bon par contre la mauvaise surprise du jour est le prix du billet de bateau, il est le double de ce qui est annoncé sur tous les sites parcourus (210000kips vs 105000, soit 24€ au lieu de 12€, oui ici on est très vite millionnaire !). En même temps une fois là, pas trop le choix tant pis je l’achète !

C’est à ce moment-là que je commets l’erreur stratégique de la matinée. J’ai un numéro de place sur mon billet de bateau, je vais attendre tranquillement au café d’à côté en sirotant un jus de banane…. Grosse erreur ! Les numéros de place ne servent à rien, et c’est les premiers dans le bateau qui ont les meilleures places. Du coup je me retrouve un peu coincé et pas dans le sens de la marche, mais bon au moins j’ai réussi à éviter les bancs en bois sans coussins.

Nous voilà partis pour 6 / 7 heures de trajet au fil de l’eau. Ça me rappelle un peu l’ambiance du transsibérien, chacun vaque à ses occupations et on est un peu hors du temps. Ma journée se passe entre contemplation, lecture, visionnage de séries et manger (j’avoue gros craquage de courses à Chiang Rai avant de partir #mm’s #kitkat #desgAteaauuuux). Le début du trajet se fait avec la Thaïlande d’un côté, le Laos de l’autre. La différence d’urbanisme est clairement visible. Puis on entre de plus en plus dans le Laos, le paysage est très vert, très boisé et même un peu montagneux. Les villages présents sur les rives ne se dévoilent souvent que par les débarcadères présents au bord de l’eau. La journée est donc vraiment tranquille et contemplative.

En fin d’après-midi, nous voilà débarqués à Pakbeng pour l’étape de nuit. Ce village étape vit principalement des touristes déposés tous les jours par les bateaux faisant l’aller-retour entre Huay Xai et Luang Prenbang. Plein de guest houses et restaurants sont disposées le long des 2 rues principales. Le jeu en sortant du bateau est de passer à travers les rabatteurs, (ou voir s’ils ont quelque chose d’intéressant) et de trouver assez rapidement une chambre à un bon prix. J’essaie de m’aider un peu de mon routard mais tout va très vite, en plus il faut négocier en Kips maintenant. Bref je ne m’en sors pas trop mal pour une chambre double, la ville ne proposant pas de dortoir type auberge de jeunesse.

Fin de journée en profitant du coucher de soleil sur le Mékong. Je profite d’un bon petit restaurant franco-laotien pour le dîner, entouré de plein de chatons qui n’attendent que les restes des assiettes. Une chose qui saute aux yeux, c’est le nombre de boulangeries pour un si petit village, ça annonce la couleur pour le Laos, la France a laissé des traces en forme de croissant au beurre et de pain au chocolat ! Vivement les petits-déjeuners !