Jour 90 – De Vientiane à Kong Lor

Je prends le petit déjeuner de l’hôtel mais je craque quand même pour un croissant à la boulangerie d’à côté. Le matin, tout le gratin s’y presse apparemment. Au moment où je paie, le Vice-ministre au service du président s’installe et papote avec un représentant du ministère de la santé, le tout en français dans le texte (en vrai je ne les ai pas reconnus, je suis arrivé pile au moment des présentations) ! Je pars ensuite à peu près à l’heure que je m’étais fixée après avoir laissé à Vientiane les amis de Mont-de-Marsan. La sortie de la ville est un peu compliquée, le trafic est déjà dense de bon matin. En sortie de ville une portion de 2×2 voies me permet de m’éloigner rapidement de la capitale, puis je rejoins la route principale du sud, qui a sacrément la même tête qu’une départementale chez nous, les panneaux routiers sont assez similaires (sauf l’écriture bien entendu).

Au bout de 2 heures non-stop je m’offre une petite pause, et c’est la que je constate un petit problème, de l’essence coule du réservoir par la valve située en dessous. Lors de la dernière réparation, le mécanicien l’avait un peu endommagée par erreur mais normalement réparée…. ou pas apparemment. Ça ne coule qu’à l’arrêt donc je reprends la route pour trouver un réparateur. Le village d’à côté en a un, mais il me renvoie dans le plus gros village d’après à 5km, qui lui non plus ne peut rien faire et me renvoie à la ville d’après à 54km ! Bon la fuite n’est pas énorme et en attendant j’avance. Je m’offre même le luxe d’un petit arrêt touristique, un énorme bouddha doré trône sur une colline au milieu des rizières, l’image valait bien un stop ! J’arrive donc dans la ville de Paksan, à peu près à mi-parcours du trajet d’aujourd’hui. Je laisse la moto entre les mains des 3 mécaniciens qui acceptent le challenge, et je déjeune sur le stand de rue d’à côté en attendant pour essayer de ne pas perdre de temps. Une soupe de noodle sur des tables sur un trottoir, on ne peut pas faire plus local ! Au bout d’une grosse heure, je peux repartir la moto réparée.

Enfin c’est ce que je crois, je m’arrête 10km après pour faire le plein d’essence et le réservoir se met à couler comme jamais. Le pompiste, dans un élan de générosité essaie de m’aider mais le pauvre n’est pas vraiment très outillé. Il me transvase mon essence dans des bouteilles et je ne garde que le minimum pour rouler jusqu’à la prochaine ville qui est à 24km. Le temps d’y arriver, les sacs que le pompiste a installés sous le réservoir pour contenir la fuite sont pleins et commencent à toucher le moteur chaud, c’est donc un peu en catastrophe que je débarque dans le petit garage de la ville tenu par un couple. Le mari sort de sa sieste et s’affaire à la tâche. Cette fois ci, il n’essaie pas de rafistoler mais change la pièce, avec ce qu’il a par contre. Heureusement que Honda fournit des moteurs pour tout ici ! Je me retrouve avec une pièce de groupe électrogène adaptée sur la moto, et ça marche !

Je reprends la route une bonne fois pour toute, pour essayer de parcourir les 120 kilomètres restant avant la nuit, je fais une croix sur la cascade où je voulais m’arrêter au passage, je n’aurais pas le temps aujourd’hui. Après avoir essuyé un bon orage, j’arrive à l’embranchement pour quitter la route principale et bifurquer vers la région de Khammouane. Là j’oublie bien vite mes déboires de la journée. La route commence par une quarantaine de kilomètres de montagne, et serpente en lacet au milieu de la jungle. Au fur et à mesure que je prends de l’altitude, je sens la température baisser, et je découvre l’étendue de la chaîne de montagne. Je fais un arrêt imprévu (les meilleurs !) au point de vue de Limestone. Le ciel orageux, le soleil couchant et les montagnes à perte de vues font un somptueux tableau ! Un néerlandais qui voyage seul est en place pour admirer aussi, j’aimerais en profiter plus longtemps mais il me reste encore 45 kilomètres à parcourir pour rejoindre Kong Lor.

La dernière portion de route trace au milieu des rizières et des champs de tabac sur le plateau au milieu des montagnes. Je dois me frayer un passage entre les vaches, les chiens, les chèvres et les trous sur la route. Il y a aussi énormément de gens sur cette route bordée de tout son long de petits villages. Il me semble que ce sont les fermiers et ouvriers des champs qui habitent là. Les maisons ne sont pas très riches, elles sont sur pilotis et soit en bois, soit en bambous. Le contraste avec la capitale quittée ce matin est flagrant. Plus j’avance, plus la route se transforme en chemin de terre (plein de trous et de flaques). Les derniers kilomètres deviennent durs à parcourir, le soleil étant déjà bien couché ! Mais j’arrive quand même à bon port, dans l’hôtel de jour. Ici pas de dortoir donc grand luxe j’ai pris une grande chambre pour moi tout seul ! Je déguste un super Yellow curry (plat laotien typique déjà gouté à Vang Vieng) et me couche bien fatigué de cette journée. Je suis au départ de la boucle de Khammouane qui m’amènera à Thakhek dans 2 jours.