Jour 91 – De Kong Lor à Thalang

Après le meilleur petit déjeuner jamais eu depuis mon arrivée au Laos, je me dirige vers l’entrée de la fameuse grotte. Les dimensions sur le papier sont déjà impressionnantes, une rivière souterraine qui traverse une cavité de 7km de long, avec des hauteurs et largeurs avoisinant les 100m dans certaines salles. La visite se fait donc en bateau, manque de bol je suis seul à mon arrivée, je dois donc payer seul l’intégralité du bateau (aie…). Vous connaissez l’histoire du mec qui va voir une grotte de 7km sans sa lampe ? AH AH…. Bref on m’en a prêté une petite à l’entrée… Car une fois parti à l’intérieur, c’est noir, noir ! Mais assez mystique, avec juste les faisceaux de lampe. La conduite du bateau en quasi aveugle m’impressionne, les salles et structures de la grotte que je devine aussi ! A mi-parcours, un chemin est aménagé et éclairé pour découvrir quelques belles pièces de stalactite et stalagmite. Une fois de l’autre côté, je débarque dans un petit village touristique, pas d’un grand intérêt, si ce n’est le petit chat roux avec qui je passe les 15 minutes de pause avant de repartir dans l’autre sens. Ça fait bien marrer la propriétaire du café / boutique de souvenir qui travaille sur son métier à tisser (comme ça au milieu des bois, normal). Puis nous faisons le voyage retour d’une traite. Une visite de grotte vraiment impressionnante, et un lieu assez unique je pense.

Je repasse prendre mes affaires et la moto et je reprends la route, la matinée est déjà bien avancée. Si je ne veux pas arriver trop tard et profiter de la journée, je n’ai pas le temps de visiter la cascade ratée hier, décidément ! Je continue donc la boucle, puis je m’arrête pour déjeuner dans le village de Ban Thabak pour voir la vue depuis le pont qui traverse la rivière Nam Theun, mais surtout pour voir la petite attraction du village. En effet, ici, certains pêcheurs ont pour bateau des demi-missiles américains. Ils ont simplement coupé en deux une ogive pour en faire deux coques de bateaux. Ça devient maintenant un business pour trimballer les touristes sur la rivière. Je continue mon chemin vers l’étape suivante, les cool spring. A priori c’est mieux de s’y rendre le matin pour la quiétude, mais c’est raté l’après-midi est déjà entamé.

Le chemin est en terre, assez bon au premier abord puis à la sortie du village terriblement boueux. Je parviens à avancer malgré les flaques d’eau et de boues, jusqu’au moment où j’ai clairement sous estimé la profondeur. Je m’enlise dans la boue jusqu’aux genoux. Impossible ni d’avancer ni de reculer… Je suis complétement bloqué et le moteur cale plusieurs jusqu’à ce moment où je n’arrive pas à le redémarrer. Un scooter passe au loin, je tente de lui faire un signe et de l’appeler, sans succès il répond seulement à mon « bonjour ». La moto est tellement enfoncée qu’elle tient debout tout seule, la boue aspire même mes sandales au fond. Je parviens à les récupérer (avec 4kg de boue chacune) et pied nu je reviens au village pour aller chercher de l’aide. Deux jeunes hommes acceptent de me suivre et comprennent vite le problème, parce qu’il a fallu expliquer tout ça en faisant des signes bien entendu. A trois, on fait faire marche arrière avec la moto et on arrive à la sortir. Ils me ramènent chez eux et me prête un tuyau d’eau pour tout nettoyer, moto et moi y compris, ça colle tellement la boue ! Redémarrage du moteur difficile mais il crache un peu d’eau et il repart. Je dois une fière chandelle à mes sauveurs, et je me dis que vraiment c’est bon esprit, enfin jusqu’à ce qu’ils me demandent de les payer… J’avais une autre idée de l’esprit d’entraide, je suis prêt à leur donner un petit quelque chose, mais je n’ai que des très petites coupures (qu’ils ne veulent pas) ou des grosses (que je ne leur montre pas). Je reprends donc la direction de la piscine naturelle par le chemin bis en les laissant un peu tirer la tête. Je pensais avoir eu un contre-exemple de la nonchalance Laotienne, mais finalement pas tant que ça. A quelques mètres de l’arrivée, voici une nouvelle flaque ! Je ne me fais pas avoir je teste d’abord à pied pour trouver un passage, et ça marche. Quand j’arrive, il y a juste un groupe d’adolescentes qui est sur le départ. Elles rigolent bien en me voyant, il faut dire que mes vêtements sont vraiment plein de boue ! Elles s’en vont et je peux profiter de la beauté et de la quiétude du lieu totalement seul ! J’en profite bien pour nager et me rafraichir. Cette piscine naturelle au milieu des arbres s’y prête totalement. Un ponton traverse la piscine, mais un mètre sous l’eau ! Probablement un vestige utilisé à la saison sèche quand le niveau est plus bas. Je dois malheureusement me hâter car il reste pas mal de kilomètre avant l’étape du soir.

La route se fait de moins en moins montagneuse, les pics deviennent plus plats et le paysage est plus fait de collines maintenant. Les buffles pataugent joyeusement dans la boue (eux), les veaux tètent leur mère, les canards traversent sans regarder, bref que de vie le long de cette route ! A l’approche de Thaleg, je découvre un paysage assez mystérieux. Le lac artificiel découlant d’un barrage hydroélectrique en aval a modifié le paysage, et a inondé les forêts. Mais les troncs d’arbres morts subsistent au milieu de l’eau malgré tout. La route serpente au milieu de tout ça, s’est surprenant et intriguant, mais aussi vraiment beau avec le soleil couchant. J’arrive avant la nuit noire à la Sabaidee (bonjour en Lao) guest house, établissement mythique pour ceux qui font cette loop. Effectivement on sent qu’ils ont l’habitude de recevoir. Le lieu est vraiment bien aménagé et sympa. A mon arrivé, on me propose de participer au barbecue à volonté du soir, comment refuser, lui aussi est mythique ! J’en profite allègrement et je partage mon repas et la discussion avec 3 autres français rencontrés autour d’une brochette. Deux d’entre eux font la loop dans le sens inverse (comme moi) pendant leurs vacances, le troisième la fait dans le sens conventionnel, dans le cadre de son tour d’Asie qui dure 7 mois. Petit à petit chacun regagne sa chambre, il y a encore de la  route demain !