Jour 84 – Luang Prabang

En fin de matinée je me joins à l’expédition proposée par l’hôtel pour me rendre à la cascade Kuang Si, située à une 30aine de kilomètres de la ville. Au final c’est plus un mini bus qui nous amène et nous récupère en nous laissant 3 heures de temps libre sur place. Il s’avère que c’est une zone entière qui a été mis en protection autour des chutes d’eau. Une fois le droit d’entrée payé je prends le chemin pour rejoindre les cascades, et à peine 5 minutes après je vois… des ours. Ça peut sembler improbable mais oui il y a des ours bruns qui vivent dans ces forêts. Malheureusement eux aussi sont en danger car sur-chassés pour leur bile, qui aurait plein de propriétés selon la médecine chinoise. En l’occurrence celle d’envoyer une espèce vers l’extinction en premier lieu. Je n’ai jamais trop aimé les zoos, mais ici c’est plus le visiteur qui passe derrière un grillage, les ours eux ont une très grande zone à disposition et il semble qu’ils sont plutôt bien choyés.

Je continue la remontée vers les chutes d’eau quand se dessine devant moi la première des piscines naturelles. L’eau est bleu clair / blanc, le tout avec la végétation luxuriante donne un sacré beau tableau. Je marche comme ça une centaine de mètres le long du cours d’eau qui alterne petites chutes et piscines naturelles, ces dernières étant déjà bien envahies de baigneurs (malgré la température de l’eau). Quand soudain se dessine devant moi, LA CASCADE ! J’avais déjà été impressionné par celle en Thaïlande, mais celle-ci est au moins 10 fois plus grande, tout simplement bluffant et magique ! Je pars ensuite par le petit sentier en escalier qui permet de remonter la cascade et d’en atteindre le départ. La montée n’est pas évidente avec le terrain glissant, mais au moins ça fait une sélection dans les touristes et nous ne sommes qu’une poignée à admirer la vue depuis le haut. C’est l’occasion pour profiter de la piscine naturelle du haut, dans une eau bien froide, mais du coup bien rafraîchissante après la montée. Malheureusement le temps file trop vite et il est déjà temps de redescendre pour attraper à temps le bus du retour.

Une fois revenu en centre-ville, je décide d’aller faire un tour sur la péninsule qui se dessine entre le Mékong et la rivière Nam Khan. J’en profite pour me faire un petit plaisir et prendre un goûter dans la boulangerie française La Banneton, le choix a été difficile car tout avait l’air bon (et cher), et c’est finalement un superbe chausson aux pommes qui aura gagné. Je vais ensuite jusqu’au bout de la péninsule en visitant quelques Wat au passage, et en profitant de la vue avec le soleil couchant.

Au bout de la péninsule est installée une plaque commémorative de l’UNESCO, Luang Prabeng fait partie de ces villes inscrite au patrimoine mondial. Ce que je me dis en arpentant les rues c’est que cette inscription a dû effectivement avoir un impact positif sur la conservation de la ville, et a dû entre autres empêcher la prolifération d’enseignes tapageuses de magasins. Tout est propre, assez uniforme et du coup plutôt plaisant quand on se balade. Par contre, je pense aussi que tout ça à un effet pervers qui je l’espère est typique à cette ville et pas étendu au Laos. Le coût de la vie est extrêmement cher, et totalement disproportionné pour un pays d’Asie du sud-est. Le nombre de temples à entrée payante est impressionnant, et même le point de vue sur la ville est payant ! Sur le papier le Laos est censé être plus économique que la Thaïlande. Dans les faits, à Luang Prabeng, on est souvent plus cher que la Thaïlande (et même que le Myanmar), voire pour certains produits on frôle carrément les prix Parisiens. Le nombre d’hôtels de luxe installés sur la péninsule montre bien que ça ne dérange pas tout le monde, mais je pense que voyager en tant que backpacker ici peut être un problème, c’est dommage. Je constate aussi en me renseignant que la plupart des points d’intérêt sont ici en dehors de la ville (comme la cascade vue aujourd’hui), et il semble que ce soit par contre le cas pour le reste du pays. Les bus sont bien là pour relier les villes, mais partir à l’aventure en dehors des villes, que ce soit en bus, en tuk tuk ou même en louant une moto coûte très cher.

C’est en discutant avec un colocataire de dortoir ce matin qu’une vieille idée à ressurgi. C’est donc devant ce constat et avec plein d’autres raisons en tête que j’ai pris la décision d’acheter une moto que je revendrais dans un mois et demie au Vietnam. Cela va me donner l’autonomie en transport dont j’ai besoin pour profiter du pays et ne pas me sentir arnaqué à chaque coin de rue. Aussi, ça facilitera grandement la traversée de la frontière Laos / Cambodge en réglant le problème de transport une fois la frontière passée. J’avais aussi dans mon programme de faire une loop de 4 jours dans le centre du Laos en louant une moto, du coup je suis autonome et je gagnerai du temps à ne pas passer par la ville départ de cette loop. Bon le seul problème est que pour me rendre au Vietnam il me faut une moto déjà immatriculée au Vietnam, et là coup de chance, en quelques recherches sur internet j’en trouve une. J’envoie un message, et Tave, son propriétaire américain me répond très rapidement. Nous avons pris rendez-vous dimanche à Vang Vieng pour nous voir et faire l’échange. Tave finit de me convaincre en quelques mots, lui vient de passer 3 mois pour revenir du Viêtnam et me décrit l’expérience comme exceptionnelle, et complètement sûre. Je suis bien rassuré, et content de cette décision.

Ce soir, je retrouve Vincent, nous allons manger dans le night market, le seul endroit accessible pour les Backpackers dans cette ville, et en même temps un des plus sympas donc pourquoi se priver !