Jour 85 – Luang Prabang #2

Je commence la journée par me rendre, sur les conseils de Vincent, au marché du matin. Contrairement à celui du soir qui draine plus des touristes que des locaux, celui-ci est plus typique. Je n’arrive pas aux premières heures mais l’alignement des petits étals, parfois à même le sol est fort sympathique à traverser. Les produits locaux sont à l’honneur, et vus les moyens de conservation des viandes et poissons, l’inspection sanitaire aurait du travail ! Je suis quand même surpris quand je découvre dans les produits vendus des chauves-souris. Certaines déjà grillées, d’autres non. C’est vraiment bizarre !

J’enchaîne avec la visite du Musée du Palais Royal. Il s’agit de la dernière résidence du dernier roi du Laos, Sisavang Vong. A l’entrée du parc trône le Bouddha d’Or, il est installé dans un temple construit autour et ultra surveillé. C’est une statue en or de 83cm et 50kg, sous la protection duquel le Laos est officiellement placé ! Le nom de la ville lui fait d’ailleurs référence puisque Luang veut dire « grand » et Prabang signifie « statue d’or sacrée ». Le musée en lui-même permet d’en découvrir un peu plus sur le protocole et la manière de vivre de la royauté laotienne, avant qu’elle soit mise à mal par les révoltes du 20ème siècle. C’était plutôt intéressant, et je retiendrai entre autres l’architecture de la salle du trône, faite de mosaïque de verre, ce qui rend la salle si particulière. Aussi, dans la dernière salle, on voit les différents cadeaux d’autres pays faits au royaume du Laos, dont une pierre de lune offert par Nixon.

Je visite quelques Wat sur le chemin puis continue vers un quartier de la ville moins touristique pour essayer de dénicher un lieu un peu caché. En effet, en plein milieu des habitations, avec pour seul accès une mini ruelle, se trouve un lac envahi de fleurs de lotus. Sur ce lac sont installés de vieux baraquements en bois, qui tombent un peu en ruine, et qui sont accessibles par une passerelle qui elle aussi n’est pas en grande forme. Il s’agit en fait des anciennes fumeries d’opium, qui ont été fermées seulement au milieu des années 80 sous la pression internationale. La Laos reste toujours le 2ème pays producteur au monde (derrière la Birmanie), mais la production a bien diminué il semblerait. Pour la petite histoire ce sont nos très chers ancêtres français qui ont mis en place les plantations d’opium, mais comme ce n’était pas assez rentable ils ont mis en place le suivi et la taxation des consommateurs dans les fumeries. Selon une étude, en 1920, la moitié du budget du gouvernent général provenait de la très officielle Régie de l’opium. C’est assez hallucinant d’imaginer tout ça, et surtout assez fou d’imaginer la vie qu’a connu cet endroit.

Pour l’après midi, je décide de quitter les trottoirs bien proprets du centre-ville historique et d’aller visiter un village d’artisanat situé de l’autre côté de la péninsule. Pour traverser la rivière Nam Khan, il y a un vieux pont en métal rouillé et en bois avec une voie pour les motos, et un mini passage sur des planches un peu bancales sur le côté pour les piétons. Passer de l’autre côté est déjà une expérience en soi ! Après une traversée de quartier résidentiel plutôt aisé au vu des villas qui le composent, la route bitumée se termine et je retrouve un petit chemin de terre. Il me semble enfin arriver dans un endroit plus proche du réel quotidien des Laotiens. Je m’enfonce dans les petits villages et trouve quelques boutiques et ateliers qui approvisionnent les marchés de la ville. Un peu comme au Myanmar, on retrouve des salles entières (souvent des hangars) avec des métiers à tisser hors d’âge comme moyen de fabrication. J’assiste aussi à la fabrication de papier avec des fleurs et plantes incrustées. Cette visite est plutôt intéressante dans l’ensemble et je suis quand même content d’avoir fait la marche jusqu’ici. Avant de repartir dans l’autre sens et le soleil tapant très fort, je m’offre une petite pause dans des escaliers qui descendent sur la rive de Mékong. J’ai de l’ombre et une belle vue, c’est parfait pour prendre un moment tranquille ! En fait il s’avère que je suis installé sur l’accès au débarcadère des bateaux qui emmène les touristes depuis le centre-ville pour aller visiter les ateliers d’artisanats. Un des conducteurs de bateau s’installe à côté de moi en attendant sa cliente, et il s’avère qu’il parle français et ne demande qu’à pratiquer !

C’est ma première occasion de discussion avec un local et j’en suis ravi ! Lui a appris le français à l’école car c’était obligatoire, maintenant, c’est l’anglais qui est privilégié. Il me dit qu’on le surnomme Mr Quatre, car il a 4 enfants, 4 bateaux, 4 maisons, 4 motos mais une seule femme (selon ses dires). On arrive à communiquer tant bien que mal, et ça me permet d’en apprendre un peu plus sur le Laos et les Laotiens. Lui ne vit que de son revenu de conducteur de bateau pour les touristes, mais il me dit que la saison ne commencera qu’en octobre après la mousson, pour le moment c’est calme. Il me dit aussi qu’il invite les français à dormir gratuitement chez lui quand il en rencontre, ce qu’il me propose aussi. Il me parle d’aller acheter du poisson au marché et qu’il le cuira au barbecue ce soir. Au vu de la pollution du fleuve, je préfère éviter le poisson local pour le coup. Bon aussi, il aurait bien aimé que je me joigne avec l’expédition de son unique cliente pour faire un peu grimper le chiffre d’affaire. Malgré le fait que c’était très sympa de partager ce moment avec lui, je décline les autres propositions et prend le chemin du retour.

Je finis la journée en m’installant dans le café français pour déguster un superbe flanc pâtissier, avant de retrouver Vincent pour manger au Night Market ce soir. On commence à prendre nos habitudes dans cette ville !

Voici les deux premières vidéos montées de ce début de séjour Laotien : https://youtu.be/PckCFKzJcSE