Jour 88 – De Vang Vieng à Vientiane, ou le jour 1 du road trip en moto

10h00, le sac est chargé, je suis prêt à partir. Démarrage en douceur, le poids du sac à l’arrière change la donne pour la conduite, c’est parti pour 160 kilomètres. J’ai pris l’habitude de faire seulement des excursions à la journée, pendant les premiers kilomètres, il est difficile d’imaginer que je vais faire un aller simple avec tout mon paquetage pendant un mois et demi. Au bout d’une bonne heure de route je me le suis un peu plus mis en tête, ce mode de voyage est vraiment génial, je n’ai jamais pu autant profiter des paysages pendant un trajet. C’est vrai que pendant les voyages en bus j’ai plus tendance à dormir, là par contre c’est une concentration de chaque instant, l’état des routes n’est pas formidable. Des énormes trous peuvent apparaitre à n’importe quel moment. J’ai aussi le droit à plusieurs averses, pour deux d’entre elles j’arrive à gérer avec ma super cape de pluie et je passe la zone sans souci. Par contre la troisième m’a forcé à m’arrêter, on était à deux doigt de la tempête de grêle, ça faisait mal et c’était trop dangereux. Heureusement, après 15 minutes c’est passé.

Les paysages traversés sont bien sûr magnifiques, et la route de montagne de mi-parcours n’est pas dénuée de charme non plus. Le temps étant pluvieux, les nombreux nuages (très noirs quand même des fois) participent eux aussi à la beauté du tableau. Ce qui me marque aussi pendant ce trajet, c’est que je traverse des zones où les touristes sont absents. Même si je ne marque pas forcement l’arrêt, j’ai droit à plein de salut des locaux, et des grands sourires des nombreux écoliers qui sortent de classe. Ça me fait plaisir car depuis mon arrivée au Laos, même s’il y a des exceptions, je trouve les locaux plus distants, voire parfois carrément nonchalants.

L’arrivée dans la ville est plus compliquée car la circulation est assez dense, mais c’est au bout de la 4ème heure de route que j’arrive à l’auberge où je resterai deux nuits. Je rejoins les 3 amis quittés ce matin pour aller déjeuner. La journée est déjà pas mal avancée, du coup je décide de trouver un mécanicien pour réparer les défauts électriques de la moto, et également faire un check complet avant la prochaine étape qui sera plus longue.

Je reste une heure et demie dans ce « garage » que m’a indiqué le gérant de l’hôtel, qui s’avère être plus un stand de mécanique à même le trottoir. Le chef mécano prend mon cas en charge, il y a en fait pas mal de travail. Il se trouve que l’alternateur est mort, plus d’autres problèmes dans les circuits électriques. Aussi, il n’a pas la pièce pour changer le verre du phare mais il va en faire tailler une pour le rendre à nouveau étanche. Certes les propriétés optiques, et du coup d’éclairement sont maintenant quasi inexistantes, mais au moins on me verra ! C’est vraiment intéressant d’observer la vie locale depuis cet endroit, il y a vraiment beaucoup de passage entre les écoliers, les parents avec leurs enfants, les ados, les jeunes travailleurs, tout le monde passe ici pour faire réparer les petits problèmes de son 2 roues, qui définitivement est le roi des véhicules ici ! Aussi, je vois le génie de la débrouillardise des mécaniciens d’ici. Tant que c’est réparable, ou plutôt que c’est possible de rafistoler, on ne change pas pour du neuf. Et souvent d’ailleurs, ils n’ont pas les pièces neuves à disposition. Les outils avec lesquels ils travaillent semblent totalement inappropriés, mais ils font quand même des petits miracles. En tout cas, en 1h30 sur ma moto, je n’aurais jamais pensé qu’il puisse faire tout ça. Elle n’est pas remise à neuf c’est sûr, mais au moins ça marche !

Je retrouve Max, Anne et Laetitia pour dîner et nous allons au Night Market qui se situe juste au bout de notre rue. On est loin du charme de celui de Luang Prabeng, et encore plus loin de son authenticité. Ici c’est le marché des chinoiseries, pour la nourriture, on repassera aussi. En tout cas le stand choisi ne s’est pas avéré aussi bon qu’il en avait l’air. Par contre, un des côtés du Night Market ressemble à une sorte de « fête foraine ». Il y a là des alignements de stands de fléchettes (pour percer des ballons), de pistolet à bille ou de chamboule-tout. Un stand propose même de remettre droite des bouteilles en verre à l’aide d’une sorte de canne à pêche se terminant par un anneau de rideau. Tous les stands semblent sortir d’un autre temps mais les gens ont l’air plutôt enjoué, même si les lots, qui sont pour la plupart des boissons semblent un peu dérisoires. Un petit filou qui m’aura bien fait rigoler se déplace d’un stand de ballon au suivant, le tout en moto. Il est vraiment doué ça ne fait pas de doute, et du coup il gagne plein de boissons. Ça lui revient moins cher que les acheter comme il ne rate quasiment pas ses coups. Il remplit au fur et à mesure le panier de sa moto, probablement pour aller revendre tout ça au prix fort ensuite !