Jour 331 – De Moshi à Nairobi

Le réveil est beaucoup trop tôt, nous ne nous sentons clairement pas reposés quand à 5h30 il faut se lever. Gabriela (l’assistante de Sam) s’est gentiment levée pour nous dire au revoir et nous mettre à disposition un petit déjeuner, c’est adorable. Nous lui faisons un au revoir chaleureux, elle retourne se coucher, et nous montons dans le bus qui est ponctuel.

 

Nous ne sommes que quatre dans un bus normal. Nous avons pris un service dit de luxe pour ne pas trop souffrir du voyage, on comprend que « de luxe » c’est l’équivalent de normal pour nous, un siège par personne en fait. De Moshi, nous nous rendons en premier lieu à Arusha, là nous changeons de bus.

 

Le bus qui repart est un peu plus plein mais nous avons chacun un siège, alors c’est l‘essentiel. Notre voisin de rangée est un missionnaire canadien, plus précisément québécois. Nous entamons la conversation avec lui (en français bien sûr), il a vécu dans plein de villes et a un parcours intéressant. Actuellement il vit à Nairobi, il connait bien la région, mais il a aussi vécu à Jérusalem et peut nous glisser quelques conseils pour la dernière étape du voyage. Il nous surprendra en nous racontant qu’il est un des administrateurs de Bayard Presse, et qu’il fut à l’origine de la revue « J’aime lire » que nous avons tant aimée dans notre enfance.

 

Une paire d’heures après Arusha, nous arrivons à la frontière kenyane. Les bureaux d’immigrations des deux pays sont réunis dans un même bâtiment pour faciliter le transit. La sortie de Tanzanie est sans souci, si ce n’est que l’on nous pose beaucoup de questions sur notre parcours et les lieux visités, apparemment rester un mois dans le pays sans agence est toujours très surprenant. Comme nous avions fait notre visa en ligne avant, l’entrée au Kenya se fait très rapidement.

 

Avant de sortir du bâtiment, on nous fait ouvrir nos sacs pour la fouille. La seule chose qui retiendra l’attention du douanier sera nos sacs plastiques que nous réutilisons à outrance pour protéger vêtement et affaires. Il nous fera jeter tout ceux qu’il verra, c’est très bizarre. Nous échangeons nos derniers shilling tanzaniens en shilling kenyans, puis après la marée de vendeuses de bracelets massai, nous remontons dans le bus. Après un dernier contrôle des passeports par une militaire kenyane, le bus repart pour Nairobi.

 

Il nous reste 170 kilomètres à faire, la route ne sera interrompue qu’une fois par le passage d’un gigantesque train de marchandises de la société indienne Tata. Notre compagnon de voyage canadien nous avouera même qu’en 5 ans au Kenya, c’est la première fois qu’il voit passer un train, c’est pour dire si le rail est peu utilisé. L’arrivée dans Nairobi se fait dans de gros embouteillages. Après différents arrêts pour déposer le passagers, le chauffeur nous laisse auprès du gérant de l’agence avec laquelle nous avons traitée pour notre trajet. Il nous met dans une voiture pour que nous allions jusqu’au Airbnb réservé, notre destination finale.

 

Notre première impression de Nairobi est une similarité certaine avec l’Inde, principalement avec Bombay. Seule la population change bien sûr, quoique nous croisons quelques Indiens. Dans le centre il y a quelques bâtiments coloniaux britanniques, mais l’urbanisation semble assez sauvage. Il y a du monde partout, à pied et en voiture et notre chauffeur peine à se faufiler. Plus nous nous rapprochons de notre lieu d’hébergement, plus nous avons l’impression d’être dans un bidonville, nous ne sommes pas super à l’aise. Le chauffeur est au téléphone avec Lucy, notre hôte, mais il peine à trouver l’endroit. Il s’agit en fait d’une résidence sécurisée au fond d’une allée. Lucy n’est pas là, mais c’est le gardien qui nous ouvre et nous conduit jusqu’à l’appartement.

 

Ce n’est clairement pas le plus bel endroit, ni celui que nous avions imaginé pour nous reposer. Clémence est très fatiguée et tombe de sommeil, j’attends Lucy pendant ce temps. Après les présentations rapides, puis l’organisation de la laundry (elle fera venir une voisine pour laver notre linge, les machine à laver n’existent pas ici apparemment et c’est toujours à la main que ça se fait). Je sors ensuite dans le quartier pour faire un petit repérage, je ne trouve pas de quoi acheter une carte sim, ni de supermarché. Je me sens un peu comme un intrus en parcourant les trottoirs du quartier, l’environnement est hyper pollué, c’est irrespirable. Je finis par aller prendre un repas à emporter (les sacs plastiques sont en effet interdits ici, il n’y en a pas chez Lucie et les magasins donnent de petits sacs en tissu), puis je rentre retrouver Clémence à l’appartement. Nous finissons notre journée en autarcie dans le logement, Lucy nous laissera seuls ce soir, nous avons l’appartement tranquille pour nous.

Jour 330 – Kilimandjaro, jour 5 : Clap de fin et retour à Moshi

Au milieu de la nuit lorsque je parviens à me motiver pour aller aux toilettes malgré le froid saisissant, j’ai la chance de tomber nez à nez en sortant de la cabane avec un Dik-dik de Kirk. Il s’agit d’une espèce d’antilope naine, nous n’avions pas eu la chance d’en voir de jour, c’est donc une sacrée chance de me trouver à moins de 5 mètres d’elle comme ça. La nuit est sans nuages et j’ai du coup une superbe vue sur le ciel étoilé, c’est toujours un peu magique.

 

Le matin, nous partons à 7hTFT (Tanzanian Flexible Time, comme dit notre guide), ce qui veut dire 8 heures. Nous devons faire sur la matinée l’équivalent des deux étapes montées les deux premiers jours. Nous sommes cassés de la journée d’hier, mais le retour nous motive, surtout que le soleil est avec nous. Le chemin est agréable, la végétation se fait de plus en plus haute et nous croisons par hasard un petit caméléon qui traversait le chemin. Au bout de trois heures, et après avoir croisé pleins de marcheurs qui montent, nous arrivons à la Mandara Hut. Nous avons vraiment été chanceux quant au monde présent, car quand on sait que la Horombo Hut peut accueillir 300 personnes, nous prenons conscience que nous étions vraiment très très peu.

 

Nous faisons une petite pause à la Mandara Hut avant de nous attaquer à la dernière partie à travers la forêt. En redémarrant, nous tombons cette fois ci nez à nez avec un singe. J’avais le deuxième jour vu une ombre de singe passer, mais là nous l’avons devant nous, et clairement des comme ça nous n’en avions jamais vu. Il s’agit d’un Colobe guéréza, il a un pelage noir, avec deux lignes de longs poils blancs qui se finissent dans une queue blanche à poil long. On dirait vraiment une gigantesque peluche toute douce ! Nous n’en recroiserons pas plus tard, c’était une chance de le voir.

 

Nous attaquons la deuxième moitié de la descente avec une impatience d’arriver assez certaine. Cette partie, malgré le fait que le chemin soit super agréable et peu difficile nous semble interminable. Nous essayons d’apprendre des chansons en swahili, et nous papotons aussi. Finalement, à presque 14 heures nous parvenons à la Marangu Gate, ça y est, nous sommes au bout de ce périple. On prend petit à petit conscience du chemin parcouru, nos pieds en tout cas eux en sont bien marqués.

 

A l’arrivée à la voiture, les porteurs et guides nous entourent, puis nous chantent deux chants de célébrations pour le succès de l’ascension. Nous avons essayé d’apprendre les paroles et tentons de chanter avec eux. Nous faisons ensuite une petite cérémonie autour de la distribution d’un pourboire et des discours de remerciements. Après un au revoir chaleureux avec les quatre hommes qui auront été notre soutien logistique pendant ces 4 jours (trois porteurs et un cuisinier), nous partons en voiture avec Magnus et Emmanuel.

 

Nous nous arrêtons sur la route pour déjeuner. En réalité, nous nous arrêtons chez la mère de Magnus qui nous a cuisiné un vrai plat traditionnel, le ragout de banane. Nous dégustons avec plaisir le plat, nous avons bien faim vu l’heure avancée de l’après-midi.

 

De retour à Moshi, et après quelques détours logistiques pour nous éviter de retourner dans le centre plus tard, Magnus nous raccompagne jusqu’à l’hôtel. Avec Emmanuel ils nous font une petite cérémonie de remise des certificats. Nous sommes officiellement arrivés jusqu’au sommet avec notre petit papier qui le prouve. Nous faisons un au revoir chaleureux à Magnus, Emmanuel lui repassera un peu plus tard pour nous dire au revoir.

 

Nous pouvons enfin profiter de ce moment que nous attendions avec impatience : la douche chaude. Il faut ensuite refaire les sacs, et je m’attèle à la mise à jour du carnet de voyage. Nous pouvons dîner à l’hôtel, et retrouver un peu nos amis bénévoles pour leur raconter notre épopée. Nous essayons de tout préparer ce soir car demain nous partons très tôt pour une nouvelle étape : direction le Kenya !

 

 

Jour 329 – Kilimandjaro, jour 4 : Uhuru peak

Nous tentons de dormir un peu avant le départ pour l’ascension, mais le groupe de jeunes américains qui lui part un peu plus tôt est assez bruyant et nous réveille avant l’heure. Nos deux colocataires Italiens partent quant à eux 30 minutes avant nous. Un peu après minuit, nous sommes un peu fatigués mais prêts à nous lancer à l’assaut du Kibo, et du Uhuru peak.

 

Il ne fait pas si froid que ça en bas, nous sommes agréablement surpris. Nous partons en file indienne : Emmanuel qui dirige, Clémence, moi puis Magnus qui ferme la marche. Emmanuel part avec un pas lent, mais régulier. Pendant une heure et demie nous monterons ainsi sans nous arrêter, avec juste la lumière de nos lampes frontales comme repère. Il semble impossible de se repérer de nuit pour constater l’avancée, nous restons concentrés uniquement sur nos pas. Un vent glacial se lève, et malgré les épaisseurs ajoutées, on le sent un peu trop.

 

On rattrape le couple d’Italiens, mais leur ascension ne semble pas bien se passer et ils font demi-tour car la femme s’est évanouie à cause de l’altitude. Nous voyons aussi au loin les lumières du groupe de jeunes américains. Eux sont partis une heure avant mais nous finirons presque par les rattraper. Presque, car l’ascension est difficile, et malgré le bon rythme de départ, le manque de pause pour boire ou manger et pendre des forces se ressent. Le terrain est difficile, on progresse en zigzag sur un petit chemin fait de cailloux qui se dérobent sous nos pieds, sur des rochers ou sur de la neige glacée. On sent la fatigue qui monte, on a le souffle de plus en plus court avec l’altitude qui s’élève. L’épreuve est très difficile, et c’est à bout de souffle après 5 heures de marche presque continue que nous arrivons au premier sommet du Kibo, à 5756 mètres d’altitude.

 

Il fait encore nuit, mais le jour commence à poindre son nez à l’horizon. Emmanuel nous annonce une heure de marche pour rejoindre le point le plus haut du Kilimandjaro, le Uhuru peak. Mais c’était sans compter sur notre épuisement physique, nous sommes tous les deux à bout. Depuis une petite heure Clémence ne se sent pas bien, mais une fois à cette altitude, elle a un vrai mal des montagnes qui se déclenche, on dirait d’extérieur qu’elle est trop alcoolisée. Elle est aussi très fatiguée et en hypoglycémie, elle s’endort carrément en marchant. Je parviens à faire arrêter la marche, et nous la prenons en charge pour ne pas qu’elle s’endorme car c’est trop dangereux avec le froid, on lui rajoute une veste pour la réchauffer, et on lui fait manger de quoi la rebooster. Son état était sous-jacent, mais au moment de la grosse crise nous avions déjà beaucoup avancé sur le bord du cratère du Kibo. Da là, nous profitons déjà d’une superbe vue sur le lever de soleil et les environs.

 

Je ne suis pas très vaillant non plus, et je suis surtout inquiet pour Clémence. On est prêts à renoncer au sommet pour attaquer la descente. Déjà on impose une longue pause pour se requinquer un peu, assis à l‘abri du vent, en profitant tout de même de la vue. Les deux guides se font une mission de nous convaincre de ne pas renoncer si près, et de nous emmener jusqu’au sommet. Nous le tentons donc quand même car après la pause on se sent tous les deux un petit peu mieux.

 

Nous voilà donc au sommet du Kilimandjaro, le Uhuru peak à 5895 mètres d’altitude, nous l’avons fait ! Nous voici sur le toit de l’Afrique, après une ascension de presque 7 heures qui ne fut pas une partie de plaisir, bien au contraire mais heureusement la vue est là. Le jour est bien levé quand nous arrivons devant le panneau pour la photo souvenir, et nous découvrons toute l’étendue du sommet enneigé du Kilimandjaro. Il y a le cratère, mais aussi d’immenses falaises de glace. Nous sommes au-dessus d’une mer de nuages qui semble être le prolongement du sommet enneigé du volcan. Le Mawenzi voisin pointe son sommet, mais nous voyons aussi au loin le mont Méru pourtant distant de 70 kilomètres.

 

Nous faisons une bonne dose de photos et de vidéos, nos guides nous font même une petite chanson, mais le froid et le vent sont saisissants sur le sommet et nous ne pouvons pas trop trainer. Aussi, nous avons un long chemin pour redescendre à la Kibo Hut et plus trop de force avec les efforts déjà faits et la fatigue. Heureusement, le temps est au beau fixe et les rayons du soleil commencent à nous réchauffer. C’est dans ces conditions un peu bancales que nous faisons le chemin en sens inverse. D’abord sur les bords du cratère, que nous pouvons découvrir de jour, puis après un allégement de nos couches de vêtements, nous nous attaquons à la grande descente. Il nous a déjà fallu presque une heure pour rejoindre le Gilman’s Point depuis lequel le chemin descend, mais il nous en faudra deux de plus pour arriver au refuge.

 

Cette descente nous semble interminable et bercée de faux espoirs. En effet, dès le sommet nous voyons le refuge, mais il ne semble jamais se rapprocher. Aussi, cette descente mettra à rude épreuve nos corps. De nuit et pendant l’ascension, nous faisions de notre mieux pour avoir de bons appuis, mais en descente sur un sol meuble fait de sable, de terre et de cailloux c’est difficile. Nous passons plus d’une heure à glisser de façon plus au moins contrôlée. Ce n’est pas super comme moment vu notre état de fatigue généralisée…

 

Nous arriverons finalement un peu après 11 heures du matin au refuge. Nous sommes 12 heures après notre lever, et avons 12 kilomètres de marche avec 1175 mètres de dénivelé +/- dans les jambes. Nous sommes heureux de l’avoir fait, c’était pour nous deux une des plus dures épreuves physiques que nous n’avions jamais faites et nous sommes allés au bout de nos capacités. Je n’aurais pas pensé dire ça, mais l’ascension du Huayna Potosi en Bolivie se révèle en comparaison un peu plus simple. A notre arrivée au refuge, nous n’avons qu’une seule envie : dormir ! Nous parviendrons à prendre un moment de repos avant le déjeuner, et ce fut salutaire. Malheureusement, nous ne pouvons pas rester dormir là ce soir (ce sont les règles du parc, seulement la nuit précédent l’ascension est autorisée) et devons retourner à la Horombo Hut, distante de 9 kilomètres. Comment dire qu’on se serait bien passé là tout de suite de cette nouvelle marche.

 

La petite sieste et le repas nous redonne un peu de force, nous retraversons le désert alpin dans le sens inverse, ça nous parait d’ailleurs moins long comme ça et pas désagréable car le terrain est presque plat. Pour le retour, nous sommes accompagnés d’Emmanuel, Magnus ayant dû partir un peu en urgence pour une raison familiale, le pauvre s’est fait la route jusqu’à la porte du parc à la suite de l’ascension (soit minimum 7 heures de marche en plus).

 

Il nous faudra trois heures pour rallier la Horombo Hut, nous ne sommes pas fâchés d’arriver mais nous avons eu de la chance car le soleil nous aura accompagné tout le long du parcours. Nous ferons la rencontre d’un couple de Suisses et d’un couple d’Américains avec qui nous papoterons pendant le diner. Nous ne nous attarderons pas trop, avec les 21 kilomètres et tout le dénivelé que nous avons fait aujourd’hui, nous sommes vannés. Le froid tombe en même temps que la nuit, et il nous semble ce soir encore plus fort que les autres soirs, peut être est-ce à cause de la fatigue de la journée ? En tout cas, nous nous réjouissons de rentrer à Moshi demain, et heureux à l’idée d’avoir une douche chaude et d’un bon lit. On ne regrette bien évidemment pas d’avoir relevé ce challenge, et gravi le Kilimandjaro, mais on se dit qu’on a pris notre dose de trek pour quelques temps.

 

Jour 328 – Kilimandjaro, jour 3 : Kibo Hut

En pleine nuit nous sommes réveillés par le froid qui nous saisit. Nous profitons de ce réveil pour aller faire la vidange de tout le liquide bu, et nous avons la chance de pouvoir observer un magnifique ciel étoilé. Le ciel semble tellement près d’ici, et avec la lune qui est presque pleine, on voit le tapis de nuages au-dessous de nous. Le sommeil sera dur à trouver pour la fin de la nuit, même en étant bien emmitouflés dans nos duvets. Clémence a un mal de tête du à l’altitude qui s’est installé, et nous avons mangé tellement tôt que avons une fringale à 3 heures du mat.

 

Au petit matin, les nuages sont toujours en dessous, et il y a un grand soleil. C’est de bon augure pour la journée, mais surtout cela nous réchauffe et c’est salutaire. Aussi, la vue dès le réveil est superbe, nous pouvons découvrir deux des trois sommets du Kilimandjaro : le Kibo, et le Mawenzi. Selon la légende Chagga (le peuple qui vit sur les flancs du Kili), le Mawenzi est le grand frère du Kibo, mais lors d’une dispute ce dernier le frappa tellement fort qui devint plus petit et tout biscornu. Pour se venger, le Mawenzi recouvrit le Kibo d’un voile blanc. Ce n’est probablement qu’une légende, mais à ce moment-là, les deux sommets ravissent nos yeux.

 

Nous nous mettons en route pour notre troisième jour de marche à 8h30. Au programme, toujours 1000 mètres de dénivelé, mais sur environ 9 kilomètres aujourd’hui. Le soleil est toujours au beau fixe quand nous partons et cela nous ravit ! Nous quittons progressivement le paysage de bruyères et d’étendues herbeuses pour arriver dans une zone plus aride : le désert alpin. Ici plus de végétation, et nous sommes à la merci des vents qui balayent le col entre le Kibo et le Mawenzi, on sort les Goretex, les gants et les bonnets. Nous voyons très au loin car le relief est assez plat, et nous avons l’impression de ne pas avancer dans ce paysage lunaire. On a bien pensé à Véronique et Olivier pendant cette partie, ils nous avaient un peu préparés et prévenus (leur ascension était il y a 35 ans, on comparera nos photos à notre retour !).

 

Nous parvenons à l’aire de pique-nique un peu avant 13 heures. Nous nous trouvons un coin à l’abri du vent et au soleil derrière un rocher. Nous sommes toujours surveillés par les gigantesques corbeaux qui espèrent qu’il y aura quelques restes pour eux. Au moment où nous nous remettons en route, les nuages deviennent un peu plus persistants mais nous donnent quand même quelques fenêtres d’observation sur le Kibo qui n’a jamais été aussi près. En me retournant, je prends conscience du chemin parcouru aujourd’hui à travers le désert alpin, qui est dominé de l’autre côté par le Mawezi. Vu d’ici, il semble gigantesque et assez inaccessible.

 

Il ne nous restait plus que 1,5 kilomètres après le pique-nique, mais nous avons déjà en vu le refuge de ce soir. Nous avons toujours l’impression de ne pas nous en rapprocher, mais nous y arriverons.

 

Il est 14 heures quand nous prenons notre traditionnelle photo d’arrivée. Nous sommes donc à la Kibo Hut, à 4720 mètres d’altitude. Le soleil est encore là et il fait bon dehors, mais dans le refuge il fait un froid glacial. Nous faisons en vitesse un brin de toilette et enfilons des vêtements chauds. Ce refuge-là est plus petit que les précédents, et il est conçu différemment. Il y a un grand bâtiment avec 4 dortoirs, nous en partagerons un ce soir avec un couple d’Italiens. On n’est pas seul mais on a quand même beaucoup d’espace en comparaison du groupe de 19 jeunes Américains qui sont installés dans le dortoir en face.

 

Nous profitons du temps restant de l’après-midi pour nous reposer un peu, Clémence a un mal de tête persistant à cause de l’altitude, depuis la matin il ne l’a d’ailleurs pas lâché et ça n’a pas été facile aujourd’hui pour elle. A 17 heures, c’est l’heure de diner, puis nous essayons de faire une nuit malgré le jour qui est encore là. Le départ pour le sommet est prévu un peu avant minuit.

Jour 327 – Kilimandjaro, jour 2 : Horombo Hut

Le réveil est plus matinal (6h30), nous avons un départ prévu à 8 heures, nous partirons juste un tout petit peu plus tard au final. A la sortie de notre cabane, nous découvrons un paysage ensoleillé, nous sommes au-dessus d’une mer de nuages, la première vue de la journée est belle. Des corbeaux gigantesques essaient d’entrer dans la salle commune pour nous chiper notre petit déjeuner, et j’aperçois un singe qui saute d’arbre en arbre en bordure du camp, voilà pour le point animalier.

 

Nous commençons à marcher sous le soleil, c’est très agréable. La première partie du trajet est encore dans une forêt assez touffue et aux arbres hauts. Puis nous quittons ce paysage de forêt enchantée pour atteindre de grandes étendues de bruyères, d’herbes et de petits arbres, cela nous fait penser un peu à l’Ecosse ou à l’Irlande (il y a des chardons et on a droit à la petite légende qui explique pourquoi c’est le symbole de l’Ecosse – elle les a protégés des Anglais). Nous sommes toujours au-dessus des nuages et pouvons profiter de la vue et du tapis de nuage au-dessous de nous. Mais au fur et à mesure de l’ascension, nous retournons dans les nuages, et la température descend.

 

Après 3h30 de marche, la pause déjeuner nous refroidit pas mal, nous profitons mais nous essayons de ne pas trop trainer quand même. Nous sommes à ce moment-là encerclés par de gros corbeaux qui guettent ce qui pourrait tomber. La bonne nouvelle, c’est que à ce moment-là nous avons parcouru les deux tiers du chemin.

 

Nous continuons le trajet, toujours en découvrant la flore locale, on note l’évolution de cette dernière au fur et à mesure que nous prenons de l’altitude. Nous aurons particulièrement remarqué des espèces de grands arbres qui ont des feuilles un peu comme des palmiers, ils semblent sortir comme par enchantement du paysage. Ils poussent près des cours d’eau uniquement.

 

Les nuages nous rattrapent sur la fin, nous ne voyons pas à 10 mètres et une fine pluie commence à tomber. Heureusement, nous sommes vraiment près de l’arrivée. Nous arrivons à 14h et nous nous prenons en photo devant le panneau de camp avec Magnus pour clôturer la marche du deuxième jour, Emmanuel arrivera peu de temps après (nous n’avons pas marché avec lui aujourd’hui). Nous voici donc à 3720 mètres d’altitude, après une marche de 11 kilomètres pour 1000 mètres de dénivelé.

 

Le camp de Horombo est bien plus grand que celui d’où nous venons (car c’est le point de rencontre de plusieurs chemins pour la descente), et l’ambiance qui y règne avec le brouillard est particulière. Nous ne sommes pas seuls ce soir ici, mais il n’y a quand même pas foule, nous avons donc encore le droit à notre cabane privée. La fin de journée sera calme : toilette, gouter, jeu de cartes, diner puis dodo tôt (pour décaler notre sommeil en vue de l’ascension du sommet).

 

Juste avant de diner, les nuages nous font l’honneur de s’éclipser et de nous laisser voir notre objectif : le Kibo et Uhuru peak. Ce sera de courte durée, mais ça fait plaisir quand même, on a l’impression que c’est si près de nous et pourtant ! Nous sympathisons au diner avec un couple de Français. Eux ne tentent pas le sommet, mais ont profité de 3 jours de marche dans le parc.

 

Jour 326 – Kilimandjaro, jour 1 : Mandara Hut

Emmanuel et Magnus passent nous chercher à l’hôtel ce matin, les coffres des voitures sont pleins. Avec eux il y aussi trois porteurs et un cuisinier (pour deux personnes c’est un peu trop…). Nous prenons la route pour la Marangu gate, notre porte d’entrée dans le Kilimandjaro National Park. C’est de là que part la voie Marangu (jusque-là c’est logique) qui nous mènera au sommet en 5 jours aller-retour. Mais nous ferons aussi 4000 mètres de dénivelé +/-, et 68 kilomètres.

 

La mise en route est assez longue, le temps que les sacs soient finalisés, mais surtout le temps que les démarches administratives d’entrée soient acquittées. Nous avons le temps d’observer la maquette du parc et du Kilimandjaro, nous finirons aussi par pique-niquer avant de prendre le départ. Au moment de prendre notre élan, nous faisons notre photo du départ, puis un groupe de Kényanes en goguette tiennent à se photographier aussi avec nous. D’abord une, puis un deux, puis il y a du selfie qui fuse de partout, on nous emprunte aussi nos bâtons pour faire semblant, c’est un moment très drôle !

 

Puis il est enfin temps de nous mettre en route, au programme : 8 kilomètres et 900 mètres de dénivelé positif à travers la rainforest pour atteindre les 2720 mètres d’altitude. Effectivement comme le nom l’indique c’est humide, mais c’est aussi très luxuriant. Parfois le chemin est pavé (de manière générale il est en très bon état), et avec l’environnement on a l’impression de revenir sur le chemin de l’Inca au Pérou. Il n’y a pas foule aujourd’hui, et on profite bien de la tranquillité de cette partie du parcours.

 

Nous n’arrivons pas au lodge trop tard car en 3 heures le chemin fut parcouru. Nous comprenons que en fait nous sommes le seul « groupe « parti » aujourd’hui. Ce soir, nous sommes seuls dans le refuge, qui est gigantesque et composé de plusieurs cabanes. Nous avons donc le luxe d’avoir notre cabane privée. Les porteurs et guides restent de leur côté pour la soirée. On nous apporte une bassine d’eau chaude pour la toilette du soir, c’est encore un peu luxe cette histoire.

 

En fin d’après-midi pour nous, mais ce qui semble être le début de soirée pour l’équipe, on nous sert un petit gouter, qui s’enchaine directement avec le diner, à 18 heures. Nous sommes juste tous les deux dans la grande salle de restauration commune, vide de tout touriste. En pleine saison, l’endroit doit avoir un autre visage. Nous sommes ce soir dans les nuages, et n’avons aucune vue sur le sommet qui pourtant est près, nous pouvons seulement voir les environs immédiats, et la forêt qui nous entoure. Avec l’arrivée de la nuit, c’est aussi l’arrivée du froid, ça nous change de ces dernières semaines et on ressort les vêtements chauds.

Jour 325 – Moshi #3

Ce matin, nous partons avec Sam, la gérante de l’ONG dont l’hôtel est une des sources de financement, pour découvrir leur école. C’est une personne pleine d’énergie et on la sent vibrer pour son projet, qu’elle mène depuis 7 ans, elle qui vit en Tanzanie depuis 9 ans. Elle est britanniquo-espagnol, parle couramment les deux langues mais aussi swahili et un peu français. Elle a un gros réseau en Espagne, et dans les pays hispanophones, d’où l’origine des différents volontaires.

 

L’école se trouve au cœur des gigantesques plantations de cannes à sucre de Moshi, en bordure des villages qui autrefois logeaient tous les ouvriers agricoles. Mais avec la mécanisation des récoltes, beaucoup n’ont plus d’emploi et la pauvreté y est très importante. Nous nous attendions à un seul bâtiment, mais c’est tout un complexe que l’ONG a créé, et l’endroit accueille chaque après-midi des centaines d’enfants de 3 à 17 ans. Il y a aussi une nouvelle branche en création pour faire de la formation professionnelle aux jeunes de 17 à 23 ans.

 

Sam nous fait faire le tour des lieux, nous explique le fonctionnement mais aussi comment l’ONG a évolué et comment les lieux ont été construits. Pour les bâtiments, les matériaux recyclés ont la part belle, et le but était de rendre les lieux fonctionnels et chaleureux. C’est des bouteilles en plastique remplies de sable qui ont été utilisées comme brique. Puis pour les assembler et recouvrir le tout c’est une sorte d’enduit à base de boue, d’argile et un peu de ciment. Puis l’ensemble est peint avec gout, il y a même des décorations faites par des volontaires qui sont vraiment belles.

 

Le but de l’ONG est bien sûr de former les locaux, et de ne garder de main mise sur aucun des métiers de la chaine, des professeurs aux cuisiniers, et même à la gestion. Petit à petit, des formations sont mises en place pour que des locaux puissent intervenir à tout les postes. Nous avons une longue est très enrichissante conversation avec Sam, sa philosophie nous plait beaucoup, on aurait presque envie de rester ici pendant un mois pour pouvoir participer à ce merveilleux projet. Sam est une vraie meneuse, une sorte Calamity Jane qui a eu des dizaines de vies différentes sur tous les continents, elle fut professeure d’équitation en Suisse pour des champions olympiques, responsable d’une fondation pour les télécoms espagnols, plusieurs fois volontaires dans des projet caritatifs à travers le monde aussi. Elle ne s’arrête pas en si bon chemin, car elle est en train de monter un nouveau projet qui aura pour but de protéger les albinos qui sont rejetés et violentés à cause des croyances populaires.

 

Ce fut une matinée captivante, mais Sam a un rendez-vous, elle doit y aller et au passage elle nous dépose en ville pour que nous déjeunions. Nous testons le Union Café qui est un endroit un peu touristique, mais qui est agréablement installé dans un des seuls bâtiments coloniaux de la ville, l’ancien siège de la coopérative agricole. Nous passons ensuite voir le tailleur pour la commande de Clémence mais ce n’est pas encore prêt, nous repasserons à notre retour dans 5 jours. Nous rentrons à l’hôtel, il est temps pour nous de préparer nos sacs pour le trek qui commence demain. En fin d’après-midi, Emmanuel et Magnus (qui sera son assistant guide) passent nous voir. Ils checkent toutes nos affaires pour être sûrs qu’il ne manque rien, car nous allons traverser plein de climats différents et nous devons être équipés pour. En ce moment il peut neiger au sommet et il y fait en moyenne -5°C le matin, tandis qu’en bas ça peut être une chaleur équatoriale.

 

Nous en resterons là pour aujourd’hui, les sacs sont (presque) bouclés, nous nous préparons mentalement. Nous sommes entre l’excitation de nous attaquer à la folle ascension d’un des sommets les plus mythiques du monde, mais nous avons aussi une petite dose de stress. Ce sera le dernier carnet de voyage posté avant notre retour, nous allons passer 5 jours à crapahuter, loin des zones de connexion. C’est bien pour en profiter, mais je vais essayer de garder mon rythme d’écriture journalière, seul la mise en ligne sera différée.

 

PS : le site web de l’ONG de Sam > http://www.borntolearn.eu/en

 

Jour 324 – Moshi #2

Dans la matinée, Emmanuel nous fait déposer sa voiture à l’hôtel directement. Après quelques étapes ravitaillement dans Moshi, nous prenons la route. Nous partons dans un premier temps sur la route principale (asphaltée) jusqu’à Boma, puis de là nous bifurquons sur une route de terre pour nous rendre aux célèbres Hot Spring de Chemka. La route n’est pas de tout repos, car la voiture n’est pas un 4×4, et il faut traverser une rivière, s’accommoder des cailloux et de trous, et surtout des portions très boueuses. Avec le paysage environnant sans rivière on a un peu de mal à voir d’où les bassins d’eau vont surgir.

 

Autour des bassins se forme une sorte d’oasis, et c’est d’abord les arbres qui entourent la zone que nous découvrons. Une fois garés, nous nous rendons au bord des bassins et découvrons ce lieu magique et idyllique. Nous avions vu une photo, mais en vrai c’est un petit paradis, et surtout il n’y a presque personne à ce moment-là. Nous pique-niquons face au bassin, tranquillement, avant de nous jeter à l’eau.

 

Pour un Hot Spring, l’eau n’est pas chaude mais elle est néanmoins super agréable, surtout pour se rafraîchir après la chaleur du trajet, nous ça nous va très bien. Les deux bassins sont alimentés par des sources souterraines, et ressortent en formant une rivière. Il y a pas mal de courant, et il y a même des petits poissons qui vivent ici et viennent nous chatouiller quand on arrête de nager. On en profite à fond, en restant pas loin de deux heures dans l’eau. On explore les coins et recoins des bassins, et on nage beaucoup. Clémence s’essaiera aussi aux plongeons depuis la corde suspendue au-dessus de l’eau façon Tarzan, et j’essaierai quant à moi de donner une leçon de natation à un guide qui n’avait jamais nagé avant de venir là. En parlant avec lui, je comprends un peu mieux, en réalité que les gens qui vivent vers le Kilimandjaro n’ont aucun endroit où apprendre, la mer est loin, et même ce bassin est en moyenne à 50 kilomètres. Il n’y a pas de piscine publique ni vraiment de cours de natation. Nous voyons plusieurs personnes dans l’eau, qui ne semblent pas savoir nager, mais ils n’ont pas peur de se lancer, et surtout ils ont des bon reflexes.

 

Nous en avons bien profité, mais nous prenons quand même le chemin du retour en milieu d’après-midi. C’est le moment où les nuages ont décidé de se disperser et de nous offrir un magnifique point de vue sur le Kilimandjaro. La vue nous accompagnera jusqu’à ce que nous rejoignions la route asphaltée à Boma, puis les nuages reviendront. Comme nous a dit Emmanuel, la montagne est belle, mais elle est timide !

 

Nous faisons une pause à l’hôtel, puis Edouard qui nous a déposé la voiture ce matin, revient la chercher, et par la même occasion il nous emmène jusqu’à la maison de l’association d’Emmanuel. Son association vient en aide aux enfants des rues et à des orphelins pour essayer de leur fournir une bonne éducation, et leur permettre d’accéder à de bonnes formations. Nous rencontrons une partie des 23 enfants dont il s’occupe actuellement avec son équipe, lui-même s’en est sorti grâce à un programme comme celui-ci. Les enfants nous font faire le tour de la maison, de leurs chambres à la cuisine tout y passe, puis nous découvrons aussi leur jardin. Ils semblent contents de nous voir, et on est encerclés. L’un d’eux me prend par la main et ne me lâche plus, Clémence prend une nouvelle leçon de swahili. Ils parlent tous à peu près anglais, les grands même très bien. C’est chouette de voir qu’ils s’en sortent bien, mais on voit aussi qu’Emmanuel est derrière eux et leur met la pression pour qu’ils réussissent bien. Clémence leur laisse les cahiers et stylos que nous avions prévus à la base pour notre volontariat mais qui ici seront tout aussi utiles.

 

Emmanuel nous dépose ensuite en ville pour que nous allions dîner, ce soir c’est un restaurant indo-italien, tout un concept ! C’est clairement un restaurant touristique, je pense que nous n’avons pas vu autant de touristes réunis dans un seul endroit depuis notre arrivée en Tanzanie. C’est en taxi que nous rentrerons à l’hôtel, car de nuit c’est plus sûr et on nous a conseillé de faire comme ça. Il est vrai que marcher le long des routes dans le noir ce n’est pas foufou.

 

Jour 323 – Moshi

Alors que nous nous préparions tranquillement ce matin, en profitant de la tranquillité des lieux, Emmanuel, notre guide pour le Kilimandjaro, débarque un peu sans prévenir. Nous échangions par messages depuis un moment, mais avions plutôt prévu de nous voir cette après-midi. C’est une surprise qui nous précipite un peu dans notre organisation. Nous devions nous rendre en ville pour finir notre approvisionnement en argent pour le payer, du coup il nous y conduit.

 

Nous nous rendons ensuite dans un café-restaurant installé au milieu d’un grand jardin. L’ambiance est agréable, on est bien et au calme. Nous faisons notre paiement et les comptes (ça y est nous sommes délestés de beaucoup, beaucoup de billets…), et parlons un peu de l’ascension à venir. Nous parlons aussi de notre programme des jours à venir, et il nous propose de nous prêter sa voiture pour la journée de demain, c’est sympa ! Il nous laisse ensuite tranquilles pour déjeuner.

 

Pendant le repas, les nuages se dissipent et soudainement nous avons une vue sur le sommet à atteindre. Il est sublime et intimident, et surtout il semble tellement près ! Après déjeuner, nous partons faire un tour en ville. Nous faisons les boutiques de tissus, Clémence en trouve un qui lui plait et nous lançons la fabrication d’une jupe et d’un haut sur mesure. On lui avait conseillé de la faire ici, pour le prix mais aussi pour la qualité. On voit dans la rue des alignements de boutiques avec des gens derrière de machines à coudre sorties d’un autre âge.

 

En rentrant vers l’hôtel, nous croisons par hasard Emmanuel au détour d’une rue, et nous nous donnons rendez-vous le lendemain matin. Nous resterons à l’hôtel pour toute la fin de journée. Je fais le carnet de voyage, mais j’essaie aussi de me battre avec ma déclaration d’impôts, pendant que Clémence elle fait le TCF, en étant installés sur la petite terrasse avec le chat de la maison. Nous retrouvons le groupe de volontaires ce soir pour dîner.

Jour 322 – De Arusha à Moshi

Éric nous rejoint en fin de matinée à l’hôtel, puis il nous guide à travers les rues d’Arusha pour nous rendre dans une boutique de Tanzanite. J’ai reçu une commande spéciale d’un ami, et c’est notre mission de la journée de la mener à bien. Il y a du monde dans les rues, et pendant le trajet nous voyons un autre visage d’Arusha que nous n’avions que traversée jusqu’alors.

 

Nous nous rendons donc dans la boutique ultra sécurisée de « The Tanzanite experience », vu la valeur des pierres, on comprend pourquoi. En fait, la boutique fait aussi un peu musée, et nous avons le droit à un visionnage d’une vidéo explicative de 10 minutes et à la visite d’une reconstitution de mine avec explications à l’appui. Nous apprenons que les tanzanites sont en réalité des zoïsites bleues (mais c’était moins vendeur comme nom), et que le seul gisement au monde est situé à 70 kilomètres d’Arusha. Les pierres se sont formées il y a 585 millions d’années lorsque du frottement entre deux plaques tectoniques, celui-ci a aussi entre autres entrainé la séparation de Madagascar du continent africain.

 

La tanzanite est aujourd’hui mille fois plus rare que le diamant, et même si sa découverte ne remonte qu’à 1967, on estime que dans 30 ans il n’y en aura plus à extraire et que les mines fermeront. La vidéo romance un peu trop l’histoire de la pierre à notre goût, et surtout enjolive un peu la réalité en en faisant une pierre traditionnelle des Massaï (alors que ces derniers se sont juste fait sortir de la zone des gisements). Des mines ne sortent pas que des tanzanites, mais aussi du quartz, du graphite et encore plein d’autres minéraux. Nous découvrons aussi la phase de transformation des pierres, comment la couleur est fixée, comment elles sont taillées, et comment elles sont classées. Je joue ensuite à l’acheteur pour mon ami.

 

Nous allons ensuite déjeuner avec Éric une dernière fois, en lui promettant que nous parlerons de sa société autour de nous. Nous joignons son contact pour qui serait intéressé, des gens aussi chaleureux et qui s’adaptent comme lui il n’y en a pas beaucoup ! Après déjeuner, nous retournons à l’hôtel prendre nos sacs, avant qu’Éric ne nous mette dans un bus pour Moshi.

 

Après le temps d’attente pour que le bus se remplisse nous partons, le ciel est dégagé et nous pouvons admirer au passage le mont Méru dans son intégralité. A l’approche de Moshi, et toujours grâce au temps dégagé, c’est cette fois-ci le majestueux Kilimandjaro que nous pouvons admirer. Nous n’avons jamais été aussi près, il est gigantesque et un peu intimidant. Ça parait fou de se dire que si tout va bien nous devrions fouler le sommet dans 7 jours.

 

Nous sautons du bus avant le terminus pour nous éviter une longue marche, et nous arrivons dans notre point chute de Moshi, le Karibu B&B. Nous sommes accueillis dans un mélange d’espagnol et d’anglais. Nous comprendrons que l’hôtel est aussi le siège d’une ONG et le lieu de résidence des volontaires qui y travaillent. La plupart d’entre eux viennent d’Amérique du Sud, et l’espagnol est omniprésent. Ça nous ramène plusieurs mois en arrière et il faut retrouver nos mots, nous ne nous en tirons pas trop mal et discutons un peu avec trois d’entre eux.