Jour 328 – Kilimandjaro, jour 3 : Kibo Hut

En pleine nuit nous sommes réveillés par le froid qui nous saisit. Nous profitons de ce réveil pour aller faire la vidange de tout le liquide bu, et nous avons la chance de pouvoir observer un magnifique ciel étoilé. Le ciel semble tellement près d’ici, et avec la lune qui est presque pleine, on voit le tapis de nuages au-dessous de nous. Le sommeil sera dur à trouver pour la fin de la nuit, même en étant bien emmitouflés dans nos duvets. Clémence a un mal de tête du à l’altitude qui s’est installé, et nous avons mangé tellement tôt que avons une fringale à 3 heures du mat.

 

Au petit matin, les nuages sont toujours en dessous, et il y a un grand soleil. C’est de bon augure pour la journée, mais surtout cela nous réchauffe et c’est salutaire. Aussi, la vue dès le réveil est superbe, nous pouvons découvrir deux des trois sommets du Kilimandjaro : le Kibo, et le Mawenzi. Selon la légende Chagga (le peuple qui vit sur les flancs du Kili), le Mawenzi est le grand frère du Kibo, mais lors d’une dispute ce dernier le frappa tellement fort qui devint plus petit et tout biscornu. Pour se venger, le Mawenzi recouvrit le Kibo d’un voile blanc. Ce n’est probablement qu’une légende, mais à ce moment-là, les deux sommets ravissent nos yeux.

 

Nous nous mettons en route pour notre troisième jour de marche à 8h30. Au programme, toujours 1000 mètres de dénivelé, mais sur environ 9 kilomètres aujourd’hui. Le soleil est toujours au beau fixe quand nous partons et cela nous ravit ! Nous quittons progressivement le paysage de bruyères et d’étendues herbeuses pour arriver dans une zone plus aride : le désert alpin. Ici plus de végétation, et nous sommes à la merci des vents qui balayent le col entre le Kibo et le Mawenzi, on sort les Goretex, les gants et les bonnets. Nous voyons très au loin car le relief est assez plat, et nous avons l’impression de ne pas avancer dans ce paysage lunaire. On a bien pensé à Véronique et Olivier pendant cette partie, ils nous avaient un peu préparés et prévenus (leur ascension était il y a 35 ans, on comparera nos photos à notre retour !).

 

Nous parvenons à l’aire de pique-nique un peu avant 13 heures. Nous nous trouvons un coin à l’abri du vent et au soleil derrière un rocher. Nous sommes toujours surveillés par les gigantesques corbeaux qui espèrent qu’il y aura quelques restes pour eux. Au moment où nous nous remettons en route, les nuages deviennent un peu plus persistants mais nous donnent quand même quelques fenêtres d’observation sur le Kibo qui n’a jamais été aussi près. En me retournant, je prends conscience du chemin parcouru aujourd’hui à travers le désert alpin, qui est dominé de l’autre côté par le Mawezi. Vu d’ici, il semble gigantesque et assez inaccessible.

 

Il ne nous restait plus que 1,5 kilomètres après le pique-nique, mais nous avons déjà en vu le refuge de ce soir. Nous avons toujours l’impression de ne pas nous en rapprocher, mais nous y arriverons.

 

Il est 14 heures quand nous prenons notre traditionnelle photo d’arrivée. Nous sommes donc à la Kibo Hut, à 4720 mètres d’altitude. Le soleil est encore là et il fait bon dehors, mais dans le refuge il fait un froid glacial. Nous faisons en vitesse un brin de toilette et enfilons des vêtements chauds. Ce refuge-là est plus petit que les précédents, et il est conçu différemment. Il y a un grand bâtiment avec 4 dortoirs, nous en partagerons un ce soir avec un couple d’Italiens. On n’est pas seul mais on a quand même beaucoup d’espace en comparaison du groupe de 19 jeunes Américains qui sont installés dans le dortoir en face.

 

Nous profitons du temps restant de l’après-midi pour nous reposer un peu, Clémence a un mal de tête persistant à cause de l’altitude, depuis la matin il ne l’a d’ailleurs pas lâché et ça n’a pas été facile aujourd’hui pour elle. A 17 heures, c’est l’heure de diner, puis nous essayons de faire une nuit malgré le jour qui est encore là. Le départ pour le sommet est prévu un peu avant minuit.