Jour 301 – De Metangula à Lichanga

C’est le départ des rives du lac Malawi, un dernier au revoir et on se met en route. Un groupe de babouins semblent nous attendre sur la route en sortie de ville, comme pour nous dire au revoir. La première partie de la route est cahoteuse, mais cela n’a rien à voir avec la piste d’hier, même si parfois il y a des passages très éroits. A mi-chemin, nous prenons des passagers avec tout leur chargement dans la benne du pick-up. Ils finiront le trajet avec nous, et au vu des voitures que l’on croise, c’est un moyen de transport très commun ici. La dernière partie de la route jusqu’à la capitale régionale est heureusement plus asphaltée.

 

A l’arrivée à Lichanga, nous déposons nos passagers au marché, puis Neves me dépose à l’hôtel Girasol. C’est le meilleur hôtel de la ville, j’avoue qu’une nuit de plus dans une chambre moyenne me déprimait un peu et que j’ai besoin d’un vrai repos. Par contre, je découvre que cet hôtel pratique des prix un peu prohibitifs, surtout en comparaison de celui de Nampula qui appartient à la même chaîne. Comme c’est un peu dans ma nature maintenant, je négocie le prix et j’obtiens un bon rabais. Par contre je vais découvrir après que ça reste quand même cher pour le service et la qualité globale de l’endroit. Enfin bref, il faut dire que même si l’hôtel ressemble à un bâtiment de l’aire soviétique et que l’intérieur est dénué d’âme, de décoration et très sombre, la chambre requiert tout ce dont j’ai besoin pour ce soir : un lit (qui en plus est confortable), de l’espace, de la propreté, pas d’insectes qui grouillent partout, une douche avec un vrai pommeau, et même de l’eau chaude.

 

Je vais ensuite déjeuner au petit restaurant-buffet découvert lors de mon arrivée, avant de faire un tour à pied rapide du centre-ville. Je découvre au milieu d’un parc un reste de carlingue d’avion. A priori, c’est l’endroit même d’un crash, mais personne ne se souvient quand et dans quelle condition. Je constate surtout un gros problème de gestion des déchets : il y en a éparpillés un peu partout sur les « pelouses » et les trottoirs. Sur la place centrale, il y a une statue et une fresque en l’hommage du premier président Mozambicain : le Maréchal Samora Moisés Machel.

 

Je retourne ensuite au magasin de location de voiture, j’y retrouve Bruno et Neves pour faire le retour officiel du pick-up. J’en profite pour demander un grand service à Bruno : qu’il m’emmène à l’aéroport demain matin pour se substituer au service que l’hôtel doit normalement assurer (mais pas en ce moment a priori). Il accepte et cela m’arrange bien. Je salue chaleureusement Neves en lui promettant de lui envoyer les photos de lui et le lien vers la vidéo, et je rentre à l’hôtel.

 

Je n’ai aucune motivation pour visiter la ville, qui de toute manière ne présente pas un intérêt touristique flagrant. Je profite donc de l’après-midi pour faire le montage vidéo de ces derniers jours, et aussi pour prendre le temps de regarder des vidéos juste pour me changer les idées et me détendre. Je ne ressortirai pas de la journée et j’alterne entre le hall pour avoir le wifi, et ma chambre pour me poser tranquille quand je n’ai pas besoin de connexion et c’est tout.

 

Jour 300 – De Cobué à Metangula

Après m’être préparé et avoir mis mes sacs dans le pick-up, je souhaite me lancer dans la visite du coin. Il est encore tôt, et j’ai demandé à Neves que l’on parte en tout début d’après-midi. J’étais lancé pour partir me balader seul, mais il semble décidé à m’accompagner. Dans un premier temps je prends la direction de l’église, le seul point d’intérêt noté dans mon guide. D’extérieur le bâtiment semble abandonné, vu son état en tout cas c’est ce que je pense. Mais alors que je m’apprête à entrer, je vois par la porte plein de gens. Je prends conscience que l’on est dimanche, l’office est en cours. Je me contente de regarder de l’extérieur avant de faire demi-tour.

 

Nous partons en direction du sud, en traversant le village et en longeant le lac. Neves fait un peu le guide, et répond au mieux à mes questions, parfois il demande aux habitants quand il ne sait pas, de manière générale quand je vois quelque chose d’intéressant il fait de son mieux pour pouvoir m’expliquer. Nous passons à coté de l’école qui bien sûr est vide aujourd’hui Cela me donne l’occasion de pouvoir aller espionner par les trous qui servent de fenêtres l’intérieur des classes. Matériellement ce n’est pas reluisant c’est sûr, au tableau je remarque que c’est écrit en portugais. C’est l’occasion de m’intéresser un peu plus aux langues du pays, car j’entends que lorsque Neves s’adresse aux gens, c’est rarement en portugais. Il m’explique (avec ses mots) que le portugais n’est que la langue véhiculaire du pays, mais qu’il y a 14 langues différentes en fonction des régions du Mozambique (lui en parle déjà 6). Certains ne semblent pas parler portugais du tout. Quand j’écoute les conversations de Neves avec les locaux, ce qui est drôle c’est que les chiffres ressortent toujours en portugais, et même parfois en anglais. On peut avoir un « thousand » et un « hundred » accolé à un « dez » ou un « vinte »

 

Assez rapidement, Neves a envie de faire demi-tour, je lui explique que j’ai toute la matinée et que je souhaite prendre mon temps et profiter, mais qu’il n’est pas obligé de venir avec moi. Là, je comprends surtout qu’il me comprend mal et qu’il n’ose pas me le dire… je me rends compte que plein d’informations et explications de ces derniers jours sont surement passées à la trappe. Je lui refais en synthétique, il comprend et décide de continuer avec moi.

 

Je découvre le long du chemin les champs de manioc, mais aussi tout le processus de transformation des racines. Je peux même aller échanger avec une famille par son intermédiaire et voir de plus près comment ça marche. Une fois la racine récoltée, il faut les laisser dans l’eau pendant 5 à 7 jours, puis les couper en petits morceaux et les laisser sécher. Ici, c’est sur des bâches en plein soleil que ça se fait. Ensuite, il faut au pilon écraser le tout pour en faire une sorte de farine. A partir de ce moment là c’est utilisable… C’est un travail long, laborieux et titanesque. Je vois les femmes, bébé sur le dos en train de pilonner les morceaux de manioc en poudre. En ce dimanche, les enfants aident aussi à la récolte dans les champs.

 

En réalité, pendant cette visite, je fais une immersion dans le Mozambique profond et surprend les gens par mon passage, j’ai toujours droit à des sourires ou à des saluts de main. De mon côté, je ne peux que constater les conditions dans lesquelles ces gens vivent, certains semblent s’en sortir mieux que d’autres mais je constate que certains hameaux sont très isolés. Nous marchons une bonne heure, et croisons des gens qui vont au marché de Cobué pour vendre leur maigre pêche ou récolte. C’est dans tous les cas une marche très intéressante pour moi, qui me permet d’observer au plus près (sans tomber dans le voyeurisme) la vie locale. Je suis quand même content que Neves ait fait le choix de m’accompagner, il est un peu mon sésame pour pouvoir parler avec les gens.

 

Nous ferons halte sur une plage isolée avant de faire demi-tour en direction du Cobué. Il est 11 heures et le soleil cogne très fort. De retour vers l’hôtel, j’attends Neves qui part déjeuner pour que l’on parte après. Pour ma part je saute ce repas, mon estomac dit non au riz. Nous nous mettons en route vers 13 heures sur la piste qui semble encore plus défoncée au retour qu’à l’aller. La remontée de la pente à la sortie de Cobué est intense, et on peut bénir le mode 4×4 sinon ça ne passait pas. Nous aurons la chance de pouvoir croiser des groupes de babouins qui étaient soit dans les bois sur le côté, soit carrément en train de boire dans les flaques sur la piste.

 

Les gens sont toujours aussi chaleureux sur notre passage, les saluts de main sont toujours là. Les enfants s’amusent et profitent de leur dimanche, mais il y a encore du monde qui travaille. Les têtes portent encore beaucoup, et nous doublerons même deux hommes à vélo avec des bouts de bois complètement disproportionnés. A l’approche de Chuwanga, nous croisons un cortège de personnes, et nous comprendrons qu’il s’agit d’une cérémonie de funérailles. Il y a beaucoup de monde, et contrairement à ce qui se fait chez nous, les habits sont très colorés. Ça me fait quand même un pincement au cœur de voir ça.

 

A l’arrivée à Metangula, Neves me laisse à l’hôtel Madalena, celui là même où j’étais venu dîner. Pour ce soir, je ne bouge plus et je suis autonome ici. Le rendez-vous est pris pour demain matin, nous rentrons sur Lichinga car je souhaite voir un peu la ville mais surtout y être la veille de mon départ en avion pour être sûr de ne pas le rater. Il n’y a qu’un avion tous les deux jours, et j’ai un rendez-vous important à honorer : je retrouve Clémence à Nampula le 8 au soir. Je termine cette journée un peu particulière, ce 300ème jour officiel de voyage, ce 300ème texte écrit aussi. Ce genre de passage me fait un petit truc à chaque fois, c’est bête pourtant…

 

Jour 299 – De Chuwanga à Cobué

Je suis prêt à 8 heures, l’heure convenue avec Neves hier pour le départ en direction de Cobué, mais il n’est pas là. J’attends, un peu sans m’inquiéter… mais au bout d’une heure de retard je finis quand même par l’appeler. Il me baragouine quelque chose, je ne comprends pas trop, si ce n’est qu’il me dit que dans 30 minutes il est là. Pour la faire courte, ce cinéma va durer 4 heures, pendant lesquelles je l’appelle, il me dit j’arrive, je ne sais pas trop ce qu’il se passe en réalité. Quand au bout de trois heures de retard il ne répond carrément plus au téléphone, j’appelle Bruno auprès qui j’ai réservé la voiture pour comprendre. Il m’explique qu’il y a eu un problème de pneu, et qu’il en a fait envoyer un de Lichinga et qu’il fallait attendre qu’il arrive par le bus pour le changer avant de partir. Je suis un peu remonté, pourquoi ne pas m’avoir dit direct « on part cet après-midi » au lieu de me faire mariner sur une chaise toute la matinée, j’aurais pu rendre ma matinée un peu plus intéressante.

 

A son arrivée, Neves se confond en excuses mais je lui fais comprendre que je préfère qu’il me dise la vérité plutôt qu’il fasse son petit business dans son coin, c’est plus facile pour m’arranger de mon côté. Nous devions à la base arriver à l’heure du déjeuner à Cobué, mais il est déjà midi passé donc ce sera d’abord demi-tour pour retourner sur Metangula. L’après-midi est entamé, mais il reste encore assez de temps pour arriver de jour à Cobué, nous nous mettons donc en route pour plusieurs heures de piste.

 

Et quelle piste ! Elle me rappelle celles empruntées au Laos, sauf qu’ici c’est sur 100 kilomètres… je me félicite de ne pas être parti en moto j’aurais sérieusement galéré. Nous passons au travers de plein de petits villages complètement isolés, les locaux semblent surpris de nous voir, les enfants font des signes de mains chaleureux. J’ai l’impression d’assister à la vie locale en rapide en passant ainsi : certains vendent leur récolte ou leur pêche, d’autres font la lessive, ou encore construisent de nouvelle case. Les cases sont faites de torchis et de toit en paille, des fois de murs en briques recouverts, j’ai l’impression de traverser un paysage d’Afrique tel que je me l‘imaginais. Mais ce qui m’impressionne le plus, ce sont les femmes qui portent tout et n’importe quoi sur leur tête, parfois avec des volumes gigantesques, d’autres fois cela semble sacrément lourd. Déjà rien que les bidons d’eau qui sont transportés du puits  jusqu’aux maisons, c’est pour ainsi dire la seule façon d’avoir accès à l’eau. Je remarque aussi qu’il y a des écoles assez régulièrement, disséminées équitablement entre les villages.

 

Après une longue portion sans vie, en ayant seulement doublé un camion-bus, et croisé une voiture sur tout le trajet, les villages refont surface à l’approche de Cobué. Nous arrivons ici dans les confins du Mozambique : d’un coté il y a le Malawi, de l’autre la Tanzanie. L’arrivée se fait par la piste qui serpente pour descendre des montagnes à travers la forêt. Soudain, j’aperçois le petit village de Cobué, mais surtout ce qu’on distingue au loin ce sont les deux îles qui lui font face. En réalité, ces deux îles sont sur le territoire du Malawi, mais dans des eaux du Mozambique (quand on peut faire simple). Il semble qu’elles soient un des endroits les plus touristiques du lac, mais mon visa simple entrée au Mozambique m’interdit d’aller y faire un tour, sous peine de ne plus pouvoir rentrer après. Les montagnes du Malawi sur l’autre rive sont aussi visibles, et l’influence de ce pays sur cette zone isolée du Mozambique semble assez prononcée. D’ailleurs le seul réseau de téléphone disponible est Malawite.

 

Nous trouvons un hôtel en plein centre, à deux pas du ponton. Les chambres sont très économiques et pas trop mal pour le prix. Je ne m’installe pas de suite et part sur le ponton pour profiter du spectacle offert par le coucher de soleil. Le ciel se pare de plein de couleurs, il finit par rougeoyer avant de laisser la nuit s’installer. Pendant ce temps, des jeunes pêchent depuis le ponton, d’autres pêchent depuis un bateau. En une demie heure, il n’y a plus trop de lumière, et à 18 heures passée il fait nuit noire. Je mange au petit restaurant de l’hôtel, mais je commence un peu à me lasser des plats… depuis 3 jours les choix sont réduits : poulet ou poisson, frites ou riz. C’est toujours préparé de la même façon, et certes pas mauvais mais je sature un tout petit peu quand même de cette monotonie alimentaire. A 19h30 et après une douche froide au pichet, je file au lit, il n’y a de toute façon rien d’autre à faire ici.

Jour 298 – Le lac Malawi : Chuwanga & Metangula

J’étais parti pour ma petite matinée tranquille au bord du lac, mais à 8 heures du matin, on frappe à ma porte. C’est Neves qui apparemment avait mal compris l’horaire de rendez-vous et qui m’accueille avec un « on y va ? ». Ça m’embête un peu, et c’est le mauvais coté de dépendre de quelqu’un mais je repousse le départ à l’heure prévue initialement, je retourne finir ma nuit. Pour le petit déjeuner j’ai tout, sauf de l’eau bouillante pour me faire un thé, j’en demande donc au restaurant d’à côté. Je ne pensais pas qu’une simple histoire d’eau chaude pouvait prendre cette tournure, car en lieu et place de l’eau je me suis retrouvé avec une sorte de sandwich, et je ne comprends toujours pas pourquoi. Finalement, après le quiproquo le restaurant finira par comprendre, et pourtant Neves avait essayé de leur demander en portugais.

 

Il est enfin l’heure de la baignade dans le lac ! Passés les premiers deux mètres fait de cailloux, je rejoins un seul sablonneux qui est parfait, mais surtout l’eau est magnifiquement douce et claire, j’en profite allègrement pendant un bon moment. Au loin, je vois les villageois qui viennent eux se ravitailler en eau à l’aide de gros seaux, ici il n’y a bien évidemment pas de réseau d’eau courante, et c’est le lac qui sert de source à tout le monde.

 

En fin de matinée, nous prenons la direction de Metangula. Neves m’emmène en direction du port, là où se concentre l’activité du village à cette heure, mais c’est aussi un des points d’entrée au Mozambique depuis le Malawi voisin. Accueilli tout d’abord par un arbre aux racines improbables, je découvre en me rapprochant de la plage une scène de la vie locale assez impressionnante. Je ne suis pas forcément à l’aise de m’approcher trop, tout du moins jusqu’à ce que Neves me rejoigne et m’accompagne sur la plage. A ce moment-là, les regards de suspicions se transforment en regards de curiosités, voir même d’approbations. Un groupe me demandera même de le prendre en photo, je n’osais pas vraiment sortir l’appareil et faire mon « touriste ».

 

Toute la vie locale est là : les pécheurs finissent de vider leurs filets aidés des jeunes et des enfants, certains négocient l’achat des poissons qui seront ensuite pour la plupart vendus à Lichinga, mais il y a aussi des femmes qui font la lessive, et d’autres qui prennent leur bain. Le lac sert pour à peu près tout, et est à tout le monde. La scène est assez fascinante, et en même temps un peu déconcertante. La vie semble très dure pour tout ces gens, mais ils ont pour la plupart un grand sourire. Tous sont plutôt bienveillants envers moi, et ceux qui connaissent quelques mots d’anglais sont ravis de pouvoir les parler.

 

Nous nous rendons ensuite de l’autre côté de la péninsule de Metangula, où je découvre un coté du lac beaucoup plus calme à cette heure, mais tout autant pollué par les déchets qui trainent çà et là. A ce moment-là, ce sont des groupes de jeunes et d’enfants qui profitent allégrement de l’eau en sautant des rochers. Nous allons à l’hôtel-restaurant voisin, Neves m’y laisse pour le déjeuner et part rejoindre sa famille ou ses amis j’ai un peu de mal à saisir, car il appelle souvent les gens « mon frère » ou « mon ami ». Je m’installe dans un fauteuil pour lire en attendant d’être servi… ce qui n’arrive pas. Quand Neves revient, je n’ai toujours pas d’assiette. Il se fait une mission de faire accélérer le service, ce qui fonctionnera, mais j’aurais attendu pendant une heure trente, au moins j’avais bien faim !

 

Après déjeuner, nous retournons du côté de Chuwanga. J’ai parlé ce matin avec un des gardiens de l’hôtel, et en anglais car ce dernier a vécu au Zimbabwe. Je le comprends, enfin presque car son manque de dents n’aide pas à l’articulation. Bref, ce dernier m’a proposé de me trouver un guide pour me conduire sur la petite ascension de la montagne voisine.

 

Nous partons récupérer le guide, qui est un jeune du village. Avant de monter, il veut négocier le prix… mais il est un peu trop gourmand sur sa demande, et même les vieux du village l’enguirlandent un peu. Du coup, c’est un des « vieux » en question » qui prend le rôle de guide, mon intermédiaire s’invite aussi et me voilà parti avec un guide et un interprète. Ça monte sec, et clairement pas par ce qu’on pourrait appeler communément un chemin. J’ai des épines qui se plantent partout dans mes chaussettes et mon t-shirt, et les herbes hautes me rendent la tâche difficile pour poser mes pieds . Mais au fur et à mesure de la montée, l’horizon se dégage quand même et je peux commencer à découvrir d’en haut le coin.

 

C’est vraiment beau, d’autant plus avec le coucher de soleil. Le lac parait sans fin d’ici, on aurait presque l’impression d’être en bord de mer. J’aimerais prendre mon temps pour en profiter, mais je me fais semer par mes deux petits « vieux » qui me guident, ils semblent être en mode course plutôt que marche tranquille. Arrivés au sommet, il n’y a pas de vue fulgurante, les herbes sont beaucoup trop hautes pour ça. Par contre, une pierre laissée par les portugais en 1959 marque bien le point le plus haut. Pour ma part, il me faut grimper dans un arbre pour pouvoir profiter du panorama, ce que je ne me prive pas de faire. C’est sublime, les montagnes qui se détachent des grandes étendues d’herbes, les villages disséminés, le lac, et la rivière qui se jette dedans par un superbe estuaire. Les guides m’attendent et je sens que je ne vais pas pouvoir rester là des heures, en même temps l’arbre n’est pas de tout confort non plus donc nous attaquons la descente assez rapidement. Ce n’est pas plus simple que la montée, voir c’est même plus compliqué de rester stable sur ce terrain. Les guides me montrent et m’expliquent au loin les emplacements des différents villages, et un peu comment fonctionne le coin. Eux-mêmes le disent : ici ils sont pauvres et se débrouillent avec les moyens du bord. Ils me disent que le président actuel est originaire d’un village voisin, et ils semblent placer en lui pas mal d’espoir, en se disant qu’il y a au pouvoir quelqu’un qui connait la situation de la région et leur situation.

 

Après une pause dans ma case (que je passe en partie à enlever les épines) et une petite baignade salvatrice en observant le coucher du soleil, nous reprenons une fois de plus la direction de Metangula avec Neves, mais cette fois-ci pour le dîner. Les guides que j’utilise ne sont vraiment pas à jour, car malgré le peu d’endroits où il  est y sensé avoir des restaurants, plus aucun n’existe. Le seul recours est de revenir là où j’étais à midi. Par contre, cette fois -ci Neves leur fait un avertissement, il ne faut pas qu’ils me refassent le même coup qu’à midi pour l’attente. Je commande ce qui se prépare le plus vite, Neves part pendant ce temps dîner de son coté. Il revient me chercher pile à la fin du repas, et me ramène par la piste cahoteuse jusqu’à Chuwanga. La route de nuit n’est pas évidente car les gens marchent sans lumière le long, il y a pas mal de moto mais qu’on ne voit guère mieux, et bien sûr des trous partout. Une fois rentré dans ma case, je rends les armes pour ce soir. Il me semble par contre que les hôtels sont plus animés, je prends conscience que nous sommes vendredi. C’est probablement les citadins de Lichinga qui viennent ici passer le week-end au bord du lac qui sont arrivés.

 

Jour 297 – De Nampula à Chuwanga

La nuit fut confortable dans cet hôtel un peu de luxe, mais le réveil est tôt. Une fois prêt, c’est avec la navette gratuite que je retourne au petit aéroport de Nampula pour prendre mon vol pour Lichinga. L’avion dans lequel je monte vient de Maputo, mais le mystère des billets m’interdisait de partir le matin même et de juste faire une brève escale à Nampula au lieu d’y passer la nuit.

 

Le vol pour Lichinga est rapide, un peu moins d’une heure, et me donne l’occasion grâce à la bonne météo de découvrir un nouveau type de paysage Mozambicain. Des étendues à perte de vue de collines, de monts karstiques et de forêts, dont pas mal de forêts de pins. On sent bien que la latitude a changé, et que le bord de mer s’est éloigné. En survolant Lichinga avant l’atterrissage, je prends conscience que malgré son statut de capitale de la région de Niassa, c’est une petite bourgade faite de rues un peu défoncées en terre rouge, avec quelques bâtiments mais beaucoup de quartiers constitués de cases avec un toit en paille. Je sens que j’arrive dans les profondeurs du pays, voir même un peu de l’Afrique.

 

A l’arrivée, une rangée de gens très bien habillés semblent être là pour un accueil officiel sur le tarmac. J’apprendrai qu’il y avait dans notre vol le leader du parti politique au pouvoir venu en visite ici. Une fois mon sac récupéré, je me lance dans l’inconnu, à partir de là je n’ai pas vraiment de plans, ni aucune réservation. Cet endroit est isolé et bien moins développé que le sud du pays, il est par conséquent impossible d’avoir des informations bien précises. Armé de deux guides sur ma liseuse (petit futé et lonely planet en anglais), mais qui ne sont pas forcément à jour je me lance. Première étape, la négociation du taxi, cette fois-ci aucun chauffeur ne se jette pas sur moi, mais avec ma tête de touriste « blanc » le prix demandé est comme hier soir cinq fois plus important que le prix standard. Commence la négociation, je joue entre indignation, et indifférence et je ne m’en sors pas trop mal (150 au lieu de 700Mt). Je me fais déposer dans l’extra-centre quelques minutes après, je prends conscience pendant le trajet de l’état de la ville et des ses routes, on est bien loin de Maputo (et Maputo était déjà bien loin de l’Afrique du Sud c’est pour dire). J’apprendrai plus tard que le peu de « blancs » ici travaillent souvent pour des ONG ou sont là en business et s’accommodent sans broncher des tarifs réhaussés. Le voyage avec sac à dos n’est pas encore connu, et il me semble que je fais un peu figure d’ovni pour les locaux.

 

Je me lance sur la place à la recherche d’une agence de tourisme qui pourrait m’apporter des informations, et éventuellement auprès de laquelle je pourrais louer une voiture pour être plus autonome. Je galère, je demande mais je ne trouve pas. Je finsi par tomber sur un homme qui parle anglais. Venancio de son nom, se renseigne et m’informe que l’agence a déménagé… 5 kilomètres plus loin. Mais il connaît un autre endroit où l’on peut louer une voiture, il m’invite à le suivre pour m’y conduire.

 

Je découvre une boutique qui vend en vrac des pneus, du gaz, des pièces automobiles, mais rien ne laisse présager de l’activité de location de véhicules  pourtant ils le font bien. Je rencontre Bruno le patron, et je commence à voir ce qu’il peut me proposer mais les premiers tarifs annoncés sont clairement au-dessus de mes moyens ! On discute, on négocie, mais je ne parviens pas à obtenir satisfaction, lui me vante pour argumenter le tarif la qualité et la jeunesse de la voiture. Soudain, il me dit que pour mon prix il peut me proposer une moto, j’hésite, longuement, il finit par la faire venir pour que je vois l’engin. Pendant qu’on attend la moto, on papote un peu et il me raconte qu’il a passé un mois en région parisienne pour passer les tests d’incorporation dans la légion étrangère, mais qu’il a été recalé. Il me dit aussi qu’il a vécu 15 ans à Lisbonne avant de revenir vivre ici.

 

Quand la moto arrive, je découvre un véhicule neuf, et j’hésite toujours. Mais je ne suis un peu frileux quand même, l’état des routes semble compliqué, et l’accident auquel nous avons assisté en Afrique du Sud m’a un petit peu traumatisé de la moto pour le moment. Bruno sort une dernière carte quand j’insiste sur la voiture, il me dit qu’il en a une un peu moins neuve qu’il peut me faire moins chère, je crois qu’il commence à saisir le concept de voyage économique ! Par contre il doit fermer la boutique à midi, on se donne donc rendez-vous à 14 heures pour continuer la discussion.

 

Je m’en vais en attendant le déjeuner dans le premier restaurant que je trouve. Il s’agit d’un restaurant avec buffet qui semble être le rendez-vous de tous les travailleurs du quartier pour leur pause, j’ai l’impression d’assister à une tranche de vie locale. De retour à la boutique de Bruno, nous continuons la discussion, en laissant l’option moto de côté et en se concentrant sur le vieux pick-up proposé.

 

J’essai de faire baisser le prix mais je comprends que ce qui le gêne c’est de me laisser partir seul, il a peur pour son véhicule. Il sort sa dernière carte, pour le même prix, il m’offre le chauffeur anglophone (ou presque) pendant les 4 jours et demi de trip. En quinze minutes tout se règle, il appelle le chauffeur qui débarque très rapidement. Je fais donc la rencontre de Neves avec qui je vais faire un bout de chemin.

 

Nous nous mettons en route après avoir fait le plein d’essence et d’eau en direction de Metangula, la ville portuaire en bordure du lac Malawi (ou lac Niassa). Assez vite, je comprends qu’avoir un chauffeur va s’avérer être une très bonne chose. Quand je vois la conduite ici, je me dis que la conduite en Asie était presque trop facile : les routes sont petites, pleines de trous, pas forcément bien asphaltées, bordées de hautes herbes, des gens marchent partout et avec les hautes herbes on les voit à peine, et des chèvres traversent sans prévenir. C’est un peu le parcours du combattant cette histoire. Mais Neves s’en sort très bien, et s’improvise aussi un peu guide en répondant avec plaisir avec mes questions et en me glissant quelques informations. Son anglais est un peu léger mais nous nous en sortons pour communiquer.

 

La route n’est vraiment pas évidente, mais lors de la descente sur Metangula, je peux enfin avoir ma première vision du lac, avec le soleil couchant en toile de fond. Nous ne nous arrêtons pas ici et prenons la piste qui part au nord pour nous rendre au village de Chuwanga. J’ai repéré qu’ici il y aurait des bungalows pour rester un peu, j’envisage deux nuits. Les bungalows ne sont pas fous, mais idéalement situés sur la plage et le cadre est magnifique. Par contre, le prix est prohibitif vu le confort (c’est même le triple de celui annoncé dans le guide), mais surtout la propriétaire n’est pas encline à négocier et refuse de baisser ne serait-ce que d’un seul meticais… dommage car le lodge est entièrement vide et ça leur aurait au moins fait un client ! Un autre hôtel se trouve juste à coté mais pas directement sur la plage, ce sont cette fois-ci des petites cases individuelles. Le gérant lui est plus enclin à négocier, surtout si je paie cash tout de suite. Avant de retourner sur Metangula pour dormir chez un ami à lui, Neves me négocie le repas avec le lodge voisin. Il vaut mieux car les restaurants ne courent pas les rues dans le village. Je suis doublement content d’être accompagné car je m’en serais difficilement sorti avec les locaux qui ne parlent pas un mot d’anglais ! Après toutes ces négociations, j’ai à peine le temps de voir les dernières lueurs du soleil depuis la plage, mais le lac avec son eau cristalline se devine bien. Je finis le repas très tôt et je me pose dans ma petite case, prend une douche froide avec un seau et un pichet avant de profiter de ma soirée libre… J’avoue que me retrouver seul est très bizarre, et j’espère que la vue du lac au réveil me fera oublier le confort très spartiate des lieux.

Jour 296 – De Maputo à Nampula

Nous nous préparons tranquillement pour partir en fin de matinée pour l’aéroport. Malheureusement, notre taxi réservé hier ne vient pas, nous nous retrouvons un peu pressés par le temps. Isaora, qui gère l’accueil (et un peu tout toute seule en réalité) à l’auberge de jeunesse nous en appelle un, qui heureusement arrive assez vite.

 

La priorité est la gestion du vol retour pour Clémence, qui rentre pour le mariage de ses amis Thomas et Leila pour lequel elle est témoin, ce voyage avait été prévu de longue date, l’entorse moins par contre. L’assurance a mis en suspend un vol en première classe avec un départ à 16 heures, mais nous devons nous assurer que la compagnie Ethiopian Airlines avec laquelle le vol initial était prévu ne va pas annuler le retour si l’aller n’est pas utilisé. Nous essayons aussi de éventuellement transformer le vol aller de classe éco vers une première classe, mais ce n’est pas possible. Au final, la compagnie accepte de sécuriser le vol retour, et dans le quart d’heure suivant l’assurance nous envoie les billets de Clémence, avec une assistance en fauteuil à toutes les étapes et le taxi prit en charge jusqu’à l’appartement, ouf ! La seule chose dommage, c’est que ce n’est pas notre assurance voyage qui a géré le dossier, au contraire elle a même refusé de mettre en place quoi que ce soit, mais c’est heureusement l’assurance de la carte bancaire qui a été d’une efficacité redoutable.

 

Nous avons un peu de temps devant nous et déjeunons à l’aéroport avant d’aller faire l’enregistrement de Clémence. Un monsieur de la compagnie vient ensuite la chercher en fauteuil pour l’accompagner, c’est très bizarre de se séparer. On sait que ce n’est que pour une semaine, et qu’on a fait bien pire cette année, mais après un peu plus de deux mois 24h/24 ensemble, on a un peu de mal quand même. Je la regarde partir dans les couloirs de l’aéroport jusqu’à ce qu’elle disparaisse de mon champ de vision, puis je me dirige vers le terminal domestique voisin.

 

J’ai quelques heures à m’occuper avant d’embarquer pour mon vol en direction de Nampula, je les mets à profit pour faire les montages vidéo de ce début de séjour au Mozambique. Nous prenons conscience petit à petit de la taille du Mozambique, et aussi de la taille du continent africain. J’apprends d’ailleurs que la carte du monde que nous avons tous en tête change tellement les échelles que nous en avons une mauvaise représentation. Il faut deux heures d’avion pour rejoindre Nampula, et ce n’est pas encore l’extrême nord du pays.

 

A l’arrivée dans le petit aéroport de Nampula, j’ai des nouvelles de Clémence : tout a été sur le vol Maputo-Johannesburg et elle a ensuite embarqué pour le vol Johannesburg-Paris. De mon côté, une fois mon sac récupéré, je me fais une petite mission taxi. Je m’étais au préalable renseigné sur le tarif moyen de la course, et j’ai bien fait parce qu’avec ma tête de touriste, à peine j’avais mis le nez dehors que tous les chauffeurs me proposaient des tarifs tous plus exorbitants que les autres. Avec une bonne négociation, je parviens à en convaincre un de m’emmener pour un tarif plus raisonnable.

 

Je lui donne le nom de l’hôtel, mais il me dépose dans un autre situé à quelques blocs de l’endroit que j’avais repéré sur la carte. Le chauffeur m’assure que c’est bien celui-ci, et m’accompagne même jusqu’à la réception pour me le confirmer. Il avait raison, c’est bien la première fois qu’un hôtel ne porte pas le même nom, et qui n’est pas au même endroit mais que c’est bien celui réservé. Il fait dire que le choix à Nampula, pour des hôtels réservables en ligne est fou, mais l’hôtel lui est très bien puisque c’est un 4****, ce sera une nuit luxueuse. Je ne découvre pas trop Nampula ce soir, il fait nuit et la soirée est bien avancée, je m’aventure seulement au food-court voisin avant de rentrer dans ma chambre.

 

Jour 295 – De Tofo à Maputo

Trois heures du matin, le réveil sonne et nous sort du sommeil. Nous nous préparons en vitesse, j’emmène ensuite Clémence sur mon dos jusqu’au point de départ. Puis je fais le trajet pour ramener les sacs, et très gentiment l’agent de sécurité de l’hôtel m’aide et m’évite un troisième voyage. Le bus est légèrement plus confortable que celui avec lequel nous sommes arrivés, et surtout il y a une remorque pour les bagages. Nous sommes au final peu de touristes, du coup le bus se remplit au fur et à mesure de locaux, mais dans de bien moindre mesure qu’à l’aller, fort heureusement. La complication est de trouver un siège où Clémence peut tendre sa jambe et surélever son pied. Nous y arriverons, et ferons encore un long retour, avec seulement un arrêt en 8 heures de trajet. L’arrivée sur Maputo se fait dans un trafic assez dense, et nous découvrons certains transports en commun très particulier.

 

Nous arrivons dans l’auberge de jeunesse qui sert de terminus, et nous devons ensuite prendre un taxi pour nous rendre à notre auberge de jeunesse. A notre arrivée, nous découvrons un endroit en pleine rénovation, nous nous glissons entre les ouvriers pour déposer nos sacs. Clémence ne pouvant pas vraiment marcher, c’est en taxi que nous nous rendons au parc de la FEIMA sur le conseil de Swan et Elodie (un tuk-tuk plutôt, qui s’embrouille avec un bus et se lance dans une course poursuite dans la vile, oubliant la course, et nous)

 

Nous y trouvons là un marché artisanal, et quelques petits restaurants typiques ouvert en ce premier mai férié (ici aussi). Nous profitons de l’endroit pour faire une pause déjeuner revitalisante après les longues heures du bus. Je fais une petit mission achat de béquille pour Clémence, pour qu’elle récupère un peu d’autonomie, surtout en vue du vol retour vers Paris de demain. On se fait ensuite un petit tour du marché artisanal, avant de rentrer en taxi à l’hôtel.

 

Nous enchainons les missions logistiques, que ce soit pour l’assurance suite à l’accident, ou pour l’organisation de la suite du voyage en Tanzanie. Il va sans doute falloir trouver un médecin pour demain matin car les compagnies peuvent ne pas laisser voler Clémence… Tout cela est bien compliqué.

 

L’hôtel retrouve un peu son calme, les travaux se finissent et le mobilier est réinstallé. Comme d’habitude, la nuit tombe vite et tôt. Comme notre journée a commencé tôt, il n’est même pas 20 heures et nous avons l’impression qu’il est déjà minuit. La pluie fait son grand retour ce soir, nous sommes un peu démotivés par la perspective d’une sortie et nous contentons de prendre le diner à emporter en face de l’auberge de jeunesse.

 

Jour 294 – Tofo #3

Ce matin j’abandonne la plongée et je retourne au snorkeling. Clémence reste quant à elle au bord de la piscine du centre de plongée, du repos c’est ce qu’il lui faut, et de l’attente aussi pour que ça se soigne… aujourd’hui l’hématome est sorti et on voit bien où est le traumatisme. Le gérant de l’hôtel lui a prêté une béquille pour la journée, et elle est d’une grande utilité !

 

Je pars avec un assez gros groupe en direction de la pointe de Tofo. Equipés de palmes, masque et tuba, nous attendons le signal pour la mise à l’eau. Quand il arrive, nous tombons presque nez à nez avec des raies manta. Après 5 ans de plongée à vouloir en voir, c’est aujourd’hui en snorkeling que ça arrive. Elles sont gigantesques, majestueuses, et tellement rapides. En un éclair elles disparaissent de mon champ de vision pour retourner vers la profondeur. J’aurais la chance d’en voir 5 avant que le guide de sortie ne nous fasse remonter sur le bateau. Nous partons ensuite à la recherche des requins-baleine. Nous n’en trouverons pas, tout ce que je gagnerai c’est un énorme mal de mer à cause des 40 minutes passées sur le bateau qui zig-zague dans tous les sens pour les recherches. Par contre aujourd’hui, le retour sur la plage se fera tout en douceur.

 

Nous trainons une partie de l’après-midi au centre de plongée pour profiter de la vue, des lieux et de la piscine. Clémence arrive d’ailleurs à se baigner et à en profiter malgré tout. J’entrecoupe quand même l’après-midi pour faire des petites courses, mais surtout pour acheter nos billets de bus pour le départ très matinal de demain. Depuis quelques jours, nous avons sympathisé avec un couple de français vivant à Maputo, Swan et Elodie, accompagnés du petit Ibo qui a tout juste 5 mois. Ils ont réussi à avoir une table dans un super restaurant sur la plage voisine de Barra. Ils nous avaient proposé de nous y conduire si la réservation était possible.

 

En fin d’après-midi, nous nous joignons à eux pour nous rendre au restaurant « Green Turtle ». D’après eux, c’est actuellement un des meilleurs du Mozambique. Déjà, le lieu en impose pas mal, et après le repas, nous pouvons confirmer que nous nous sommes régalés. Nous avons dans tous les cas passé une très bonne soirée avec cette famille qui a aussi pas mal baroudé dans le monde.

Jour 293 – Tofo #2

Le réveil est difficile après la petite soirée d’hier, Clémence parvient quand même à se motiver avant moi. Je me lève juste pour que nous nous rendions en fin de matinée au centre de plongée, pour déjeuner avant notre plongée de l’après-midi. Nous sommes bien installés au bord la piscine, puis à l’heure dite nous nous équipons pour partir.

 

Le trajet n’est pas très long pour rejoindre le site de plongée, mais on se demande encore comment le skipper arrive à repérer l’endroit, pour nous c’est juste le milieu de l’océan sans signes distinctifs. Le courant aujourd’hui est fort, et le mal de mer me gagne fortement avant d’aller à l’eau, mais il faut descendre vite pour éviter de se faire déporter de la zone. Aujourd’hui nous plongeons en profondeur, à 30 mètres. Nous allons essayer de voir du « gros », l’endroit où nous plongeons étant connu comme une station de nettoyage. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a du monde ici. Des centaines et des centaines de poisson nous entourent, mais pas de Raies Manta en pleine séance de lavage cette fois ci. Nous aurons quand même pu voir un Mérou patate qui dormait sous un rocher, et qui était bien gros et bien impressionnant ! Le courant nous pousse pendant la plongée, même à 30 mètres, nous devons parfois lutter un peu avec lui, et entre ça et la profondeur, au bout de 30 minutes nous devons refaire surface car nous sommes au bout de notre air.

 

Nous faisons le retour en bateau et comme hier, ce dernier grimpe sur la plage à l’arrivée en prenant son élan et en fonçant tout droit. C’est là que le drame de la journée arrive, le bateau a vraiment pris beaucoup d’élan et le choc est assez violent, nous sommes quasiment tous renversés, malgré le fait que nous nous tenions. On se relève sans trop de mal sauf Clémence qui s’est fait tordre le pied, et qui n’arrive plus à s’appuyer dessus. On rentre jusqu’au centre avec le 4×4, puis on observe.

 

A première vue rien de particulier, mais pour elle la douleur est intense. Nous parvenons à enlever sa combinaison, puis attendons voir si ça passe. Mais rien n’y fait, même pas la glace. Nous rentrons à l’hôtel qui est heureusement juste à côté, car le seul moyen de rentrer pour Clémence c’est sur mon dos. On fait une fine équipe à avancer comme ça dans le sable. La douleur ne passe toujours pas, on prend la décision d’aller montrer ça à un médecin tout de suite.

 

Il n’y en a pas à Tofo, nous devons aller dans la ville voisine d’Inhambane, à l’hôpital de province. Nous trouvons un taxi qui accepte que nous emmener, et qui nous cale un chauffeur pour rentrer ensuite. A l’arrivée à l’hôpital, nous nous en sortons tant bien que mal mais personne ne parle vraiment anglais, et expliquer le pourquoi de notre venue en portugais n’est pas évident. Nous passons presque tout de suite, malgré une salle d’attente plutôt remplie, et les médecins font directement faire une radio.

 

A ce moment-là, notre premier chauffeur de taxi nous présente le second qui nous ramènera, et par chance, ce dernier parle anglais. Il restera avec nous pendant toute la consultation pour nous aider à nous faire comprendre. Une fois les radios faites, le médecin orthopédiste vient faire la consultation, nous sommes rassurés, il n’y a rien de cassé. Le médecin annonce une simple (mais douloureuse) contusion qui devrait passer sous quelques jours. Un bandage, et un tour à la pharmacie plus tard, nous reprenons la route en direction de Tofo. Nous faisons un arrêt repas avant de rentrer à l’hôtel, le sommeil va être nécessaire après les émotions de la journée. Finalement cette aventure nous aura donné l’occasion de voir un peu le système médical du pays, et de ce qu’on a vu, le personnel médical ne travaille  vraiment pas dans des conditions optimales.

Jour 292 – Tofo

La journée commence par une grasse matinée, enchaînée avec un petit déjeuner face à la mer, on est bien, on est sereins, on est tranquilles et on se sent en vacances. La matinée n’est pas très active et c’est tant mieux, nous nous rendons seulement au centre de plongée distant de juste 100 mètres pour déjeuner au bord de leur piscine. Nous faisons à ce moment là la connaissance d’un couple de français qui vit et travaille à Maputo. Nous papotons un peu avant de notre rendre à l’heure donnée pour notre plongée de l’après-midi.

 

Nous rencontrons Jazz notre guide, et Sandro qui est en formation pour devenir guide. C’est drôle parce que Sandro est français et vient du 12ème arrondissement de Paris aussi ! Nous sommes au total 8 à partir sur le bateau, skipper inclus. Le départ de la plage n’est pas aisé, il faut pousser et monter au fur à mesure pour avancer, en se battant un peu contre les vagues qui repoussent le bateau vers le rivage.

 

Nous ne partons pas très loin, seulement un petite dizaines minutes de trajet. Une fois équipé, et la bouée installée nous allons tous à l’eau et découvrons qu’il y a pas mal de courant. Nous descendons donc le long de la bouée pour ne pas nous faire déporter. La plongée est sympathique, c’est une bonne reprise. La température de l’eau est à 26°C, mais nous aurons quand même un peu froid après les 50 minutes sous l’eau. Nous ne voyons pas de « gros » sous l’eau, mais nous découvrons des raies électriques, qui peuvent quand même délivrer du 220V pour se défendre.

 

Pour le retour en bateau, il accélère à fond pour monter sur la plage, c’est particulier ! De retour au centre de plongée et une fois changés, nous nous posons sur la plage pour les dernières lueurs du jour. Nous sommes tranquilles, ou presque car le ballet des vendeurs ambulants est un peu incessant, il faut dire qu’il n’y a pas trop de touristes en ce moment pour eux (et c’est tant mieux pour nous).

 

Le soir nous ressortons pour manger dans le village pour diner, mais nous ne savons pas trop où. Nous croisons par hasard un visage connu de l’hôtel qui nous conduit dans le restaurant bon plans un peu caché. C’est copieux, c’est économique, c’est bon et c’est local, bref c’est parfait. C’est aussi tout petit et nous y retrouvons une partie des filles et garçons qui sont dans les dortoirs de notre hôtel. Nous parlons bien, et passons un bon moment avec eux avant de rentrer à l’hôtel. Nous nous installons tous sur les canapés dehors, un des employés de l’hôtel nous allume un feu de bois, un des allemands du groupe prépare des cocktails, on est au top pour finir la soirée. C’est multiculturel et international, c’est sympathique et ce n’est quasiment que des plongeurs venus profiter de la haute réputation de Tofo.