Jour 299 – De Chuwanga à Cobué

Je suis prêt à 8 heures, l’heure convenue avec Neves hier pour le départ en direction de Cobué, mais il n’est pas là. J’attends, un peu sans m’inquiéter… mais au bout d’une heure de retard je finis quand même par l’appeler. Il me baragouine quelque chose, je ne comprends pas trop, si ce n’est qu’il me dit que dans 30 minutes il est là. Pour la faire courte, ce cinéma va durer 4 heures, pendant lesquelles je l’appelle, il me dit j’arrive, je ne sais pas trop ce qu’il se passe en réalité. Quand au bout de trois heures de retard il ne répond carrément plus au téléphone, j’appelle Bruno auprès qui j’ai réservé la voiture pour comprendre. Il m’explique qu’il y a eu un problème de pneu, et qu’il en a fait envoyer un de Lichinga et qu’il fallait attendre qu’il arrive par le bus pour le changer avant de partir. Je suis un peu remonté, pourquoi ne pas m’avoir dit direct « on part cet après-midi » au lieu de me faire mariner sur une chaise toute la matinée, j’aurais pu rendre ma matinée un peu plus intéressante.

 

A son arrivée, Neves se confond en excuses mais je lui fais comprendre que je préfère qu’il me dise la vérité plutôt qu’il fasse son petit business dans son coin, c’est plus facile pour m’arranger de mon côté. Nous devions à la base arriver à l’heure du déjeuner à Cobué, mais il est déjà midi passé donc ce sera d’abord demi-tour pour retourner sur Metangula. L’après-midi est entamé, mais il reste encore assez de temps pour arriver de jour à Cobué, nous nous mettons donc en route pour plusieurs heures de piste.

 

Et quelle piste ! Elle me rappelle celles empruntées au Laos, sauf qu’ici c’est sur 100 kilomètres… je me félicite de ne pas être parti en moto j’aurais sérieusement galéré. Nous passons au travers de plein de petits villages complètement isolés, les locaux semblent surpris de nous voir, les enfants font des signes de mains chaleureux. J’ai l’impression d’assister à la vie locale en rapide en passant ainsi : certains vendent leur récolte ou leur pêche, d’autres font la lessive, ou encore construisent de nouvelle case. Les cases sont faites de torchis et de toit en paille, des fois de murs en briques recouverts, j’ai l’impression de traverser un paysage d’Afrique tel que je me l‘imaginais. Mais ce qui m’impressionne le plus, ce sont les femmes qui portent tout et n’importe quoi sur leur tête, parfois avec des volumes gigantesques, d’autres fois cela semble sacrément lourd. Déjà rien que les bidons d’eau qui sont transportés du puits  jusqu’aux maisons, c’est pour ainsi dire la seule façon d’avoir accès à l’eau. Je remarque aussi qu’il y a des écoles assez régulièrement, disséminées équitablement entre les villages.

 

Après une longue portion sans vie, en ayant seulement doublé un camion-bus, et croisé une voiture sur tout le trajet, les villages refont surface à l’approche de Cobué. Nous arrivons ici dans les confins du Mozambique : d’un coté il y a le Malawi, de l’autre la Tanzanie. L’arrivée se fait par la piste qui serpente pour descendre des montagnes à travers la forêt. Soudain, j’aperçois le petit village de Cobué, mais surtout ce qu’on distingue au loin ce sont les deux îles qui lui font face. En réalité, ces deux îles sont sur le territoire du Malawi, mais dans des eaux du Mozambique (quand on peut faire simple). Il semble qu’elles soient un des endroits les plus touristiques du lac, mais mon visa simple entrée au Mozambique m’interdit d’aller y faire un tour, sous peine de ne plus pouvoir rentrer après. Les montagnes du Malawi sur l’autre rive sont aussi visibles, et l’influence de ce pays sur cette zone isolée du Mozambique semble assez prononcée. D’ailleurs le seul réseau de téléphone disponible est Malawite.

 

Nous trouvons un hôtel en plein centre, à deux pas du ponton. Les chambres sont très économiques et pas trop mal pour le prix. Je ne m’installe pas de suite et part sur le ponton pour profiter du spectacle offert par le coucher de soleil. Le ciel se pare de plein de couleurs, il finit par rougeoyer avant de laisser la nuit s’installer. Pendant ce temps, des jeunes pêchent depuis le ponton, d’autres pêchent depuis un bateau. En une demie heure, il n’y a plus trop de lumière, et à 18 heures passée il fait nuit noire. Je mange au petit restaurant de l’hôtel, mais je commence un peu à me lasser des plats… depuis 3 jours les choix sont réduits : poulet ou poisson, frites ou riz. C’est toujours préparé de la même façon, et certes pas mauvais mais je sature un tout petit peu quand même de cette monotonie alimentaire. A 19h30 et après une douche froide au pichet, je file au lit, il n’y a de toute façon rien d’autre à faire ici.