Jour 111 – De Kampot à Phnom Penh

A 8h tout le dortoir est sur le pont ! Certains ont un peu plus de mal à cause de leur soirée de la veille (ah les bretons). Je m’enfile un merveilleux petit déjeuner à base de crêpes bretonnes et je prends la route, avec miracle, le soleil ! Trajet sans vraiment d’histoire cette fois-ci, heureusement ! Juste une des barres du porte bagages qui a cassé, j’ai fait un petit arrêt pour faire ressouder ça et c’était reparti. Les derniers kilomètres avant d’arriver sont très difficiles car il y a beaucoup de camions, une fois en ville, le trafic est très intense et ce n’est pas beaucoup plus facile. Je dépose mon sac à l’auberge choisie, The happy House Zone ! Le nom en impose déjà non ? Je suis content de mon choix, c’est plus central, plus propre, plus calme et moins cher. Ils me font carrément garer la moto au fond de la salle principale à l’entrée, au moins elle sera à l’abri !

Je pars à pied pour d’abord aller manger, faire un petit craquage Starbucks au passage (deso pour les puristes), puis me rendre dans une des cliniques de la ville pour aller voir un médecin. Je ne savais pas trop quoi penser de l’évolution des blessures et je préfère être sûr et consulter. La clinique appartient au médecin conseil de l’Ambassade de France, rien que ça ! Le médecin Cambodgien qui s’occupe de moi parle cependant très bien français ça simplifie les échanges. Il est très rassurant, passe un bon moment à bien bien bien (aie aie aie) nettoyer et m’indique les procédures à suivre. L’après-midi est déjà bien avancé quand je sors de la clinique, il est trop tard pour me lancer dans des visites, ici à 17h quasiment tous les lieux de tourisme ferment. Je marche donc en ville en me laissant aller à mes envies, histoire d’en découvrir un peu plus. Je traverse la place de l’indépendance et son énorme monument représentant une fleur de lotus et datant des années 50. Sur la même place se trouve une nouvelle statue du père du roi actuel, celui qui a régné une grande partie du 20ème siècle, en plein milieu de l’histoire tumultueuse du Cambodge.

Mes pérégrinations m’amènent jusqu’aux promenades le long du Tonlé Sap, presque à l’endroit où il rejoint le Mékong. Avec le soleil couchant, la vue est belle, mais elle est encore plus belle vue de la terrasse du FCC. Ce bar restaurant mythique, le Foreign Correspondant Club est un des hauts lieux de Phnom Penh. Bon maintenant il est plus fréquenté par des touristes (je ne peux rien dire moi aussi), mais à l’époque c’était le lieu de rencontres et d’échanges des journalistes et des correspondant locaux. Le livre que je viens de finir, Kampuchéa de Patrick Deville, a pas mal de scènes qui se passent à cet endroit. Le livre est aussi très intéressant et très bien écrit, car j’ai énormément appris sur l’histoire de la région, et pas seulement sur le Cambodge, mais aussi sur ce qui fut appelé l’Indochine. J’aime bien avoir tout ça en tête après mon séjour au Laos et juste avant d’aller au Vietnam, de rattacher un peu mon voyage à l’histoire de ces pays et pas de juste visiter pour visiter.

Je m’égare, je me trouve donc au FCC à siroter mon cocktail tel un correspondant d’antan (on peut toujours avoir de l’imagination), quand un groupe composé d’australiens, et d’anglais émigrés soit en Australie, soit en Thaïlande m’aborde. Ça les dérange que je sois seul et ils insistent pour qu’on passe un moment ensemble. Ils sont plutôt sympas, et la discussion est bon enfant, je reçois même une invitation d’hébergement à Melbourne pour mon début de séjour Australien en novembre, je verrai d’ici là, c’est bien trop tôt pour y réfléchir. Bon par contre le groupe s’avère être assez fortement alcoolisé, du coup la conversation tourne un peu en rond, c’est sympa mais pas très passionnant. Dany, un des anglais du groupe qui vit à Bangkok m’invite à partager une partie de billard avec lui. C’est fou parce que même saoul il est meilleur que moi (ce n’est pas trop difficile j’avoue). Il n’est pas non plus très concentré sur le jeu, je profite d’un moment de flottement pour remercier tout le monde, et m’esquiver de ce traquenard en devenir. Je m’arrête manger sur le chemin du retour vers l’auberge puis direction le dortoir. Je vais essayer d’être en forme pour profiter de mon unique journée de visite de la capitale.






Jour 110 – Kampot & Bokor Hill Station

Je fais le court trajet pour rejoindre Kampot, et je dépose mon sac dans l’auberge choisie, la Tiki Guesthouse. Cette guesthouse est enclave bretonne en territoire cambodgien, je suis accueilli par Fanch, un des gérants.

Je prends ensuite la route pour les monts de Bokor et plus particulièrement la Bokor Hill Station. Les mont Bokor sont une des chaînes de montagnes cambodgiennent qui ensuite se prolongent sur les Cardamones. La Bokor Hill Station elle est une ville commandée par le gouvernement français au 20ème siècle pour soigner les colons ayant contracté des maladies tropicales. Il était plus économique de les emmener en altitude que de les rapatrier en France. A l’indépendance, cette ville a été abandonnée totalement, certains bâtiments étaient à peine finis et n’ont jamais servi. La route pour y accéder est magnifique, super plaisir à conduire la moto sur cette ascension. Presque à l’arrivée, je fais une pause au pied d’un Bouddha géant pour admirer la vue, quand mon amie la pluie décide de gâcher un peu la fête. Je continue quand même mais les conditions deviennent difficiles, je vais finir par croire que je suis maudit avec mes visites !

Je fais un premier arrêt dans l’église désaffectée, elle est vraiment impressionnante, à mi-chemin entre une église fantôme et un squat. Je visite un autre bâtiment, dans lequel je finis par m’abriter en attendant que la pluie se calme, lui aussi a franchement la tête d’un squat. J’essaie de trouver d’autres bâtiments à visiter mais l’accès est fermé quasiment partout. On m’avait dit qu’un consortium chinois avait investi pour un resort là-haut, mais là je découvre qu’ils ont vraiment investi les lieux totalement. Les bâtiments sont soit occupés par des ouvriers, soit surveillés par des gardes pour empêcher les visites. Je me console en faisant un tour à l’extérieur pour découvrir les architectures de l’époque avant de redescendre vers Kampot.

La pluie continue et je suis bien trempé, mais le ciel se dégage un peu et je peux profiter d’une petite vue sur la ville et la côte. Avant de rentrer au sec je passe voir le célèbre rond-point de Kampot. Célèbre car il y a en son centre une immense sculpture de Durian. Ce fruit est connu pour être l’un des plus malodorant au monde, mais comestible. Tellement malodorant que les compagnies aériennes l’interdisent spécifiquement, en Thaïlande j’avais aussi vu des panneaux d’interdiction dans des hôtels.

Je ne rentre finalement pas trop tard à l’hôtel pour profiter de ce coin de Bretagne. Le soir je mange au bar avec les autres français, et bien sûr on mange des vraies galettes bretonnes ! Un régal ! Le lieu est vraiment sympa, j’aurais bien aimé y arriver plus tôt pour m’y reposer. J’ai fait le petit montage vidéo de la journée, une première partie au soleil, la deuxième sous la pluie :






Jour 109 – Kep #2

Je commence la journée par ne pas faire grand-chose, et j’aurais probablement dû garder ce programme toute la journée. Grand beau temps comme je n’en ai pas vu depuis longtemps, j’y vais vraiment tranquille, juste quelques courses le matin et pour déjeuner je teste le Kep Coffee. Leurs sandwichs sont une tuerie, et je ne parle pas des gâteaux (quand on est gourmand, on ne peut pas résister) !

Après je me lance pour une après-midi de visites, mais je ne suis pas parti du parking que je déraille. Je vais faire remettre la chaîne et enfin je me mets en route. Mais la pluie me rejoint après 10 kilomètres… Comme j’ai perdu (où on me l’a volé je ne sais pas) ma cape de pluie hier, ce matin j’ai pris ce que j’ai trouvé à la boutique du coin pour la remplacer mais ce n’est pas génial, je peux la jeter 20 minutes plus tard et ré investir dans une vraie une fois arrivé à la ville voisine ! J’avais comme objectif d’aller visiter les grottes, mais je ne trouve pas l’entrée, la pluie ne cesse pas, les moustiques m’attaquent, le chemin est pourri, bref je fais demi-tour. Je tente la deuxième grotte mais l’entrée est payante. Déjà sur le principe ça ne me motive pas de payer pour une grotte, mais de devoir enlever le rain coat, attraper mon sac pour prendre mes sous ça me démotive carrément. Je m’abrite dans une cavité un moment en espérant que ça passe mais je repars, toujours sous la pluie pour aller voir les marais salants et la fameuse plage de Angkaol. Je vois bien les marais salants le long de la route (inactifs en saison des pluies), mais je rate le chemin pour bifurquer vers la plage, il pleut toujours autant je renonce et je rentre. Si j’avais su que je partais pour faire 2 heures de moto sous la pluie et rentrer à la nuit tombée, je serais resté bien au chaud à l’hôtel à ne rien faire.

Gentiment, Tristan et Amandine, les gérants de l’hôtel m’ouvrent une chambre pour que je prenne une douche chaude. Car avec un dortoir à 2,5$ la nuit, forcement la douche est froide. J’ai vraiment une grosse flemme donc ce soir je ne bouge pas et je mange à l’hôtel, avec les deux propriétaires. L’hôtel n’a pas trop d’activité en cette saison, c’est vraiment calme.

J’ai quand même profité de ce temps libre pour faire le petit montage vidéo sur ce séjour à Kep :





Jour 108 – Kep

Réveil un peu courbaturé ce matin, je prends mon temps. Au petit déjeuner je croise Irène, une des clientes de l’hôtel. Il s’avère que c’est une infirmière de longue date, elle accepte de jeter un œil à mes blessures. Rien de bien alarmant pour elle, c’est propre. Elle me donne 2 / 3 trucs de sa trousse à pharmacie personnelle et me dit quoi acheter à la pharmacie française locale. Me voilà parti pour 4 à 5 jours de bandage, j’achète donc le nécessaire. Je me la joue tranquille ce matin, mais vers midi la faim me gagne. Je prends la direction de la ferme de poivre la plus proche de Kep, qui fait aussi restaurant le midi.

Le cadre est vraiment reposant, le restaurant qui offre des hamacs en complément des tables pour manger. Je teste pour la première fois un bœuf Lak Lao, spécialité du pays, bien sûr accompagné d’une sauce au poivre. Juste un délice !!! Après une mini sieste dans le hamac, je suis la visite qui présente la ferme et les poivres. J’en avais appris un peu lors de notre trek en Inde mais là c’est plus complet forcément. Donc il y a le poivre vert, qui est le poivre frais. Le rouge qui est arrivé à maturité sur l’arbre est qui est plus doux. Ensuite le noir est du poivre rouge séché au soleil. Le blanc lui, est l’intérieur du rouge où la coque a été enlevé. Soit en trempant les grains dans l’eau (mais pas trop longtemps), soit en utilisant des oiseaux qui mangent les grains rouges et ne rejettent que le blanc. Ensuite des enfants (souvent) ramassent les grains dans les excréments des oiseaux. Dans tous les cas, le tri entre les différents types se fait à la main à la pince à épiler ! Sacré travail ! Aussi, cette ferme met un point d’honneur à avoir une culture bio et respectueuse de l’environnement. Le guide qui gère la visite ponctue ses phrases en anglais d’expressions françaises, c’est très intéressant et très drôle.

Je retourne ensuite sur Kep pour visiter le parc national. Il est accessible en moto et donc je parcours les 8 kilomètres qui le traversent en faisant des arrêts pour profiter des points de vue. Juste, je fais une petite marche qui me dérouille un peu les jambes pour grimper sur un des points de vue. Je partage cette petite marche avec un groupe que je croise par hasard composé de 3 Israélien, un Allemand, et une Italienne. J’en profite pour prendre quelques infos sur Israël en vue du séjour de l’année prochaine.

Kep est situé sur une péninsule, et le centre de cette péninsule est un bloc montagneux couvert de forêt. La ville est très étendue sur le pourtour à l’est et au sud. Après ma petite balade en forêt, je découvre le bord de mer, ses statues, sa plage envahie de locaux en goguette, ses moines qui profitent de la vue, et son crabe géant qui dit « welcome ». La partie ouest de la ville où mon auberge se situe, est un peu plus désertique. En fait il y a pas mal de villas coloniale brulée sur des terrains abandonnés qui donne une atmosphère particulières. Après renseignement, il s’avère que Kep fut une cité balnéaire très prisée au 20ème siècle par les colons français et les riches Cambodgiens, c’était la mer à seulement 10 jours d’éléphant de Phnom Penh ! Par la suite, la ville a connu une histoire assez faste et ce jusqu’à la guerre du Vietnam. La frontière est proche et la région a souffert collatéralement du conflit Américano-Vietnamien. L’arrivée des Khmers Rouges n’a rien arrangé. Ces derniers ont vidé la ville, comme toutes celles du Cambodge et ont fini de brûler les belles villas de la ville. Ils ont aussi détruit les champs de poivre de l’époque car selon eux, tout était uniquement à la solde des occidentaux. Malgré le cessez-le-feu signé en 1993 entre le gouvernement et les Khmers rouges, ces derniers n’ont libéré cette zone là qu’en 1998. C’est donc finalement assez récemment que la ville a pu reprendre ses activités, et que les champs de poivre ont été replantés. La plupart des exploitations actuelles datent de la première décennie des années 2000. Après ce petit tour, je retourne me poser un peu l’auberge avant d’aller déguster le fameux crabe au poivre vert !







Jour 107 – De Phnom Penh à Kep

Effectivement le dortoir au-dessus d’un bar n’était pas pour le mieux. Je trouverai une autre adresse pour mon prochain séjour à Phnom Penh. Début de route sans grand intérêt, au milieu des bouchons. Après une cinquantaine de kilomètres, je fais un arrêt aux stands pour régler un petit problème de tension de chaîne. Rien de bien méchant mais les mécanos emploient les grands moyens pour régler le souci.

Me voilà reparti sur cette route sans grand intérêt, toujours avec autant de circulation, et des Cambodgiens qui roulent n’importe comment, à contre-sens parfois, et en changeant de direction sans vraiment regarder. Bref, c’est là que le drame arrive. J’ai beau faire attention un scooter se décale et je n’arrive pas à l’éviter, je l’accroche… n’arrive plus à contrôler la moto et me voilà par terre. Heureusement je ne roulais pas trop vite mais je peine à me relever, des cambodgiens m’aident et relèvent aussi la moto pour la mettre sur le côté. J’ai un peu de mal à réaliser ce qui s’est passé tellement ça a été vite. Dans mon malheur, tout s’est déroulé devant un centre médical. Me voilà donc assis dans une chaise avec le médecin du lieu qui prend en charge la désinfection et la mise en place des pansements. Je suis tombé du côté droit et j’ai le genou, le flanc et le bras un peu brûlés et bien égratignés. Accessoirement mon pantalon est bon pour la poubelle aussi.

Me voilà assis dans le centre médical, observé par une dizaine de Cambodgiens très curieux. Là-dessus arrive la famille qui était sur le scooter. Je ne l’ai pas vu mais apparemment eux aussi sont tombés, il était 4 dessus mais seul le plus jeune fils à le bras brûlé. Le médecin le soigne avant de finir de s’occuper de mes différentes blessures. Il pleure beaucoup, normal je comprends bien la douleur qu’il ressent à ce moment-là. Je lui offre la fin de mon paquet de Haribo pour essayer de le réconforter. Je n’aurais pas droit à un mot, et la famille me regarde vraiment de façon bizarre. Ils partent aussi vite qu’ils sont arrivés, et ne paient rien. Je me dis qu’il y doit y avoir une gratuité dans certains cas. Enfin jusqu’à ce que le médecin me dise que je dois payer pour eux. J’avoue je suis un peu choqué sachant que l’accident est de la faute du père qui m’a coupé la route. Il me dit que lui ne sait pas ce qu’il s’est passé, mais qu’eux sont pauvres et moi pas…. Le tableau est posé quoi. La moindre des choses aurait été d’essayer de me parler avant de partir mais bon. Tout ça a pris un bon moment, mais je fais faire les papiers pour l’assurance, puis je repars tant bien que mal.

Premier objectif, remettre en état les petits dégâts occasionnés sur la moto. Deuxième étape, je me pose pour manger et redescendre un peu de mes émotions. Je repars pour les 90 kilomètres restants, en étant encore plus vigilant. Aucun souci à signaler sur le reste de la route. A l’approche de Kep, les beaux paysages reviennent. Je n’en avais pas eu vraiment depuis le Laos, excepté la jungle d’Angkor bien sûr. Mais les abords des routes du Cambodge n’étaient pas très beaux jusqu’à maintenant. Là c’est le retour des massifs karstiques entourés de rivières, le tout avec le soleil déclinant. Juste avant d’arriver à la guesthouse, je fais un arrêt sur le ponton pour voir la mer, et le soleil couchant. Je n’ai pas vu la mer depuis l’Inde, c’est toujours aussi agréable ! Je m’installe à la Rega Guesthouse, qui s’avère en fait être gérée par un couple de français. D’ailleurs, entre les amis expats locaux du couple et les clients, le français semble bien présent ici ! Je vais bien profiter de leurs installations pour me reposer après les émotions de la journée. Ils me donnent des indications et des conseils pour la journée de visite de demain et je partage le repas du soir dans l’espace commun.




Jour 106 – De Siem Reap à Phnom Penh

La route est longue aujourd’hui, 330 kilomètres au programme. Rien de bien passionnant ce matin sur le trajet, je dois rester concentré pour éviter les doubleurs fous qui arrivent en face. Les Cambodgiens ne roulent pas forcément vite, mais ils sont un peu nerveux du volant apparemment ! A midi je tente une pause déjeuner dans un petit village, mais je ne parviens pas à me faire comprendre. Ce que je pensais être un restaurant est il me semble tenu par des adolescentes qui se marrent bien quand j’essaie de leur parler, je finirai avec un Ice tea et pas plus !

Au fur et à mesure de l’avancée, je découvre sur le bord de la route le Tonlé Sap. Ce qui commence comme une rivière affluant du Mékong au niveau de Phnom Penh finit carrément comme un lac au niveau de Siem Reap plusieurs centaines de kilomètres plus loin. En fait il s’agir d’un déversoir pour le Mékong. Du coup, sa spécificité est que le sens du courant change en fonction des saisons. Quand le Mékong a trop d’eau en saison des pluies, le courant reflue vers le centre du pays et remplit le lac, comme actuellement. Cela fait le bonheur des cultivateurs aux alentours je pense. A la saison sèche, le lac se vide dans le Mékong et lui permet de garder un débit assez constant. La nature est quand même bien faite !

Malgré le ciel plutôt gris et menaçant, la pluie m’avait laissé tranquille, jusqu’au moment où je me retrouve devant un mur gris variant vers le noir…. J’anticipe et  m’équipe, heureusement ! Je traverse 10 kilomètres d’orage extrêmement fort, le vent me pousse et je peine à avancer, la pluie est battante, la route devient une rivière. Mais tout ça s’arrête aussi rapidement que ça a commencé et la route redevient totalement sèche. A l’approche de Phnom Penh, le trafic se fait de plus en plus intense et je peine à avancer. Je ne suis pas le seul car des dizaines et des dizaines de moto se faufilent entre les files de voitures. C’est donc avec grande difficulté que je parcours les 15 derniers kilomètres et que je débarque dans la capitale du Cambodge. Clairement je ne m’attendais pas à une ville comme ça. Je m’attendais à quelque chose de comparable à Vientiane, mais là on est dans une vraie capitale, aux airs de ville thaïlandaise ou chinoise. Ce qui est sûr, c’est que l’ambiance me va beaucoup mieux que celle de Siem Reap (que j’ai trouvé assez détestable). Ce soir je ne fais que passer en escale sur la route de la région de Kampot mais je terminerai mon séjour Cambodgien ici la semaine prochaine.

La ville me semble assez agréable et je profite de la fin d’après-midi pour marcher dans les rues et découvrir un peu la cité. On est bien loin des images de campagne que j’ai eu aujourd’hui le long de la route, ici c’est ultra urbanisé. Les grandes tours, les écrans dans la rue, la circulation, la différence est assez violente, mais en même temps ça me fait du bien de me retrouver dans un milieu urbain. Je passe devant le monument de l’indépendance puis remonte l’avenue des ambassades, rue très chic forcément. Puis je fais un tour dans le marché central avec son bâtiment un peu en forme de soucoupe volante, hérité de l’architecture coloniale du début de 20ème siècle. Je finis la journée, dans un petit centre commercial où j’ai fait quelques emplettes et je craque pour un Starbucks (désolé ça faisait très longtemps). Pour le moment, seules les sollicitations incessantes des chauffeurs de tuk-tuk et des moto-taxis tentent de gâcher un peu mon impression, mais je pense que je vais aimer visiter cette ville.

Je retourne dans mon auberge du jour, le Blue dog guesthouse. Cette dernière se situe au-dessus du bar du même nom, du coup côté tranquillité on n’est pas au top. Autre fait qui me surprend quand je traverse la salle bondée pour monter dans le dortoir, les gens fument à l’intérieur. Cela m’avait déjà choqué au Vietnam, et apparemment le Cambodge est dans le même cas. Il me semble que la santé publique et la politique anti-tabac ne sont pas forcément au cœur des préoccupations.





Jour 105 – Angkor (toujours plus de temples !)

Je commence cette journée de la grande boucle par un temple parmi les plus récents de la zone (12ème siècle) et qui est dans un style un peu différent. En effet, sur chaque tour, et il  en reste encore 37 debout, sont sculptés des visages gigantesques. L’effet est déstabilisant, on se sent observé de partout. C’est vraiment impressionnant, surtout que le temple est un vrai labyrinthe, difficile de s’y retrouver entre les fausses portes et les vraies portes, les culs-de-sac et les escaliers menant aux différents niveaux. Je ne suis clairement pas seul pour cette visite, je n’ai pas réussi à partir tôt, du coup je tombe au moment où des bus entiers ont déversé leurs touristes chinois.

Je continue la grande boucle, avec en premier une autre des anciennes cités. Celle-ci est moins prisée des touristes et un peu plus abandonnée à la jungle. J’apprécie donc mieux ce temple-là. Ce que je comprends, c’est qu’en fonction des rois, les cités se sont déplacées, et que seuls subsistent les temples de ces cités. En l’occurrence, seuls les dieux sont dignes d’avoir des demeures en pierre, les hommes eux avaient des habitations en bois, qui elles n’ont pas survécu à l’épreuve du temps.

Visiter Angkor en fin de saison des pluies a certains désavantages au vu de la pluie quotidienne, mais il y aussi pas mal d’avantages. Déjà la nature est ultra luxuriante, et les rizières super vertes. Mais aussi, par exemple dans le cadre d’une des visites d’aujourd’hui, cela permet d’avoir les bassins de l’époque entièrement remplis d’eau. La vision à la période sèche doit en être bien changée. Ma mention spéciale pour les temples du grand circuit revient donc à ce tout petit temple installé au milieu d’un petit lac, qui se trouve au milieu d’une île, qui se trouve elle-même au milieu d’un grand lac. Dans ce grand lac, des arbres se retrouvent donc en cette fin de saison des pluies au milieu de l’eau. L’ensemble est vraiment magique, comme flottant sur les eaux. Je suis assez content des visites de temples de cette grande boucle, car ils étaient un peu moins prisés par les foules, et aussi un peu plus livrés à la nature. Les images de banians poussant dans les murs sont tellement irréelles et impressionnantes que je ne m’en lasse pas !

Pour finir les visites des temples principaux, je prends la direction d’un temple éloigné d’une trentaine de kilomètres de la zone, le Banteay Srei. Son surnom est « le temple des femmes », car les bas-reliefs gravés sont tellement fins et bien réalisés que selon l’histoire, seules des femmes auraient eu la finesse d’exécution nécessaire. Ce temple est aussi connu car Malraux, le même qui deviendra plus tard Ministre de la Culture était à l’époque en manque d’argent et s’est rendu coupable de vol de linteaux gravés qu’il voulait essayer de revendre. Il s’en est finalement sorti avec un an de prison avec sursis à l’époque en plaidant que ces pierres n’était la possession officielle de personne, et aussi grâce à la pression de pétitions parisiennes. Pour en revenir au temple, effectivement on découvre des bâtiments en grès rose, ce qui dénote avec les visites précédentes, mais aussi et surtout, les fameux bas-reliefs. Ils sont d’une réalisation millimétrée, et souvent en très bon état. Les statues qui servent de gardes, et principalement celles de singes m’ont aussi beaucoup impressionné. Je fais la visite assez rapidement car le site est envahi de chinois qui ne laissent que peu d’espace aux autres visiteurs. Je n’ai pas le temps de retourner à la moto qu’une nouvelle averse arrive, je m’abrite sous une cabane avec les gardes du site le temps que ça passe, puis je rejoins le parking en passant par un chemin qui offre une belle vue sur les rizières implantées en lieu et place des anciens bassins.

Il n’est pas trop tard mais je sature un peu de ces deux jours et demi à visiter des temples, mais j’en ai clairement pris plein la vue, c’était un émerveillement de chaque instant. J’ai compris pourquoi ce lieu était si mythique.

Je termine ma fin d’après-midi au bord de la piscine de l’hôtel, il n’y a pas de raison de se priver ! J’en profite pour écrire ces mots, et pour monter les vidéos de ce débout de séjour au Cambodge :
https://youtu.be/uA3fClb485Y
https://youtu.be/bMMLM_OLD20










Jour 104 – Angkor (un matin)

Merci JJG pour l’intervention dans le titre, et désolé pour l’humour ! Mais en l’occurrence le démarrage ce matin a été plutôt douloureux. J’arrive quand même à partir de l’hôtel, mais la première mission est d’acheter le billet / pass 3 jours pour accéder aux temples. Ça semble être normal de placer les billetteries à 3 kilomètres des sites donc je galère un peu à trouver, mais finalement, je prends la direction du Angkor Vat avec le sésame en poche.

Le Angkor Vat est le temple principal, le plus célèbre et celui qui a aussi donné son image comme symbole sur le drapeau du Cambodge. Il a été remarquablement conservé, restauré et entretenu. On arrive bien à se projeter sur son état originel. Les bas-relief et gravures sont assez impressionnants. L’ensemble est carrément imposant. En faire le tour me prend un bon moment mais je suis content car j’ai réussi à éviter la foule, et pour un lieu aussi touristique c’est tant mieux. Je prends ensuite la route du petit circuit, car visiter les temples de ce circuit est mon objectif de la journée. Il y a aussi un grand circuit mais je me le garde pour demain. Les routes ont été aménagées pour faciliter l’accès aux différents temples qui parsèment la jungle. Par contre, je pars dans le sens non-conventionnel, toujours dans l’objectif d’éviter les foules. Je me fais encore quelques temples sur la route, avant de me poser pour déjeuner à côté de la piscine royale. Un petit bassin de 800 mètres par 400, normal ! L’eau y est d’ailleurs très bonne, j’ai testé avec les pieds. En même temps avec le soleil de plomb qu’il y a, ça chauffe ! Tellement qu’un orage éclate, heureusement pour moi pile pendant mon arrêt repas.

Je reprends le circuit pour continuer l’après-midi, et j’enchaîne les temples, certains plats, d’autres dit « montagne », des ruines de palais. Bref plein de vielles pierre bourrées de charme ! Les temples sont plus ou moins en bon état en fonction des programmes de conservation et restauration lancés, et des partenariats internationaux mis en place. Mais dans l’ensemble, l’accès est très simple et souvent bien aménagé. J’ai eu de la chance d’avoir une visite sauvage hier, car ici on reste dans les sentiers balisés. Il est difficile de se projeter et d’imaginer ce qu’ont pu ressentir les premiers européens à découvrir le site. Mais je n’en reste pas moins totalement émerveillé, et complètement sous le charme des lieux. Il est vrai que les temples envahis de mousses, et avec les arbres qui poussent au milieu des murs sont ce que j’imaginais d’Angkor, et je ne suis pas déçu. Chaque recoin recèle de petites merveilles. J’ai une petite mention spéciale pour le temple qui a servi au tournage du film Tomb Raider, les arbres incrustés sont vraiment déments. Ils sont même tellement incrustés dans les murs qu’il est maintenant impossible de les enlever sans tout faire tomber.

L’après-midi touche à sa fin, et le soleil couchant magnifie les pierres, la végétation et les douves qui sont encore bien présente. Je termine justement l’après-midi en visitant Angkor Thom, la cité fortifiée. Je ne prends pas le temps de finir car je voudrais monter sur la colline qui permet d’avoir un point de vue pour le coucher de soleil. Au passage je croise des éléphants (tenus en esclavage pour porter des touristes malheureusement) et des singes (sauvages eux), et je retrouve aussi tous les touristes que j’ai évités toute la journée. On peut même dire qu’à 80% il s’agit de chinois, et que leur comportement de groupe en voyage me laisse toujours assez circonspect. J’essaie de résister à l’envie de les pousser dans le vide et essaie de profiter un peu de la vue malgré leur omniprésence. Sur le temple au sommet, des jeunes moines se réunissent, ils sont bien remarqués avec leur toge jaune moutarde / orangé au milieu de tous les touristes. Je me dépêche de descendre pour rentrer avant la nuit noire et essayer d’éviter les bouchons sur le retour de Siem Reap. Car oui, comme tout le monde rentre en même temps, la circulation à cette heure-là est folle !

Je retrouve Florian pour manger avant qu’il ne prenne son bus de nuit pour partir au sud continuer son aventure. Je m’offre une bonne petite baignade dans la piscine de l’hôtel avant d’aller dormir. Et demain on remet Angkor ça ! (déso)











Jour 103 – De Stung Treng à Siem Reap

C’est reparti de bon matin pour une longue journée. En fin de matinée, je suis content car je suis presque arrivé au bout des 200 premiers kilomètres pour rallier mon premier lieu de visite. Enfin c’est ce que je crois car au kilométrage supposé, toujours pas la route que je cherche. Après vérification, j’ai raté un embranchement… malheureusement pour moi 42 kilomètres avant ! Me voilà reparti dans l’autre sens pour rattraper la bonne route. J’arrive finalement au complexe de temple de Koh Ker en tout début d’après-midi.

Pour une première découverte des temples khmers je suis bien heureux, après une petite marche à travers des ruines, j’arrive face à une gigantesque pyramide à 7 pans. Un accès au sommet a été créé, et le point de vue que je découvre laisse entrevoir de la jungle à perte de vue. Je sais qu’il y a là sous ces arbres plusieurs temples mais rien ne transparaît.

Avec le détour malheureux que j’ai fait il me reste encore pas mal de kilomètres pour rejoindre Siem Reap et il n’est pas très tôt, mais je tiens quand même au passage à visiter le Prasat Beoung Mealea. Ce lieu n’est ni vraiment un temple, ni vraiment un palais mais fut un peu de tout ça on dirait. Je ne trouve pas l’entrée aménagée mais un des gardes du lieu m’entraîne avec lui dans une excursion. Il me fait passer par-dessus les murs, à travers les portes effondrées, par-dessus les tas de pierre, j’ai l’impression d’être Indiana Jones. Car l’atmosphère au milieu de ces murs à moitié effondrés, et des arbres et mousses qui grimpent partout est assez mystique. La chance, je suis en plus tout seul à ce moment-là ! Le guide finit par me faire rallier une des passerelles en bois qui flèche un parcours, et je comprends que j’ai eu le privilège d’une visite officieuse du lieu. Je remercie chaleureusement mon guide improvisé avant de continuer la visite plus officielle. Au moment de sortir, un enfant qui doit attendre les touristes je pense, m’entraîne avec lui pour découvrir une autre partie non officielle du palais. Il tient absolument à me montrer les dommages occasionnés par les Khmers rouges, qui sont le plus souvent des têtes de divinités arrachées ou démolies à coup de balles. J’essaie de me séparer de mon jeune guide avant qu’il ne me quémande de l’argent, ce qui ne tarde pas à arriver bien sûr… J’arrive finalement à m’en défaire et je continue mon chemin. Je suis en tout cas super heureux de cette première approche de temples d’Angkor par la découverte de ces lieux périphériques.

Le soleil est déjà bien bas et il me reste une soixantaine de kilomètres à parcourir. La circulation se densifie beaucoup, et l’urbanisation à l’approche de Siem Reap est vraiment présente. Avec la nuit la circulation se fait assez compliquée mais j’arrive à rallier la ville et ses grandes avenues. C’est une grande ville comme j’ai  peu vu en Asie depuis mon arrivée, et se faufiler dans la circulation est du même niveau qu’à Paris. Le tonnerre gronde mais j’ai tout juste le temps d’arriver à l’hôtel et de décharger mes affaires avant que la pluie ne se mette à tomber. J’y retrouve Florian, mon vendeur de moto laissé aux 4000 îles quelques jours plus tôt, qui est arrivé ici entre temps en passant par le chemin le plus court en bus. Je découvre une ville qui est bien loin de mes centres d’intérêts, remplie de touristes, de bars et de lieux de nuits. La musique de mauvais goût beugle partout dans les rues, les lumières criardes aussi. Les prix sont extravagants comparés à ce que j’ai eu au Cambodge depuis hier, on paie la zone touristique, où ici le dollar est roi, et quasiment rien ne coûte moins de 1$ (même une bouteille d’eau). Nous trouvons quand même un coin avec des stands de rue où la nourriture est plus abordable. Je n’ai plus qu’à rentrer m’écrouler après cette journée où j’ai encore fait 400 kilomètres et passé de longues heures de concentration à conduire.








Jour 102 – De Plei Cân à Stung Treng (Cambodge)

C’est fou comment avec à peine une demi-journée au Vietnam le moral remonte. Je découvre en premier lieu des gens gentils, aidant, concernés et humains…. Après le Laos ça fait du bien. Mon premier contact avec un Vietnamien fut hier soir en attendant au distributeur, j’échange quelques mots avec un jeune homme et ce dernier me dit que je suis beau… Bon ok c’est un peu bizarre mais ça fait quand même plaisir ! Puis le distributeur n’ayant plus d’argent, un autre homme m’invite à le suivre pour me conduire à un autre ATM, sympa ! Ce matin, je décolle très tôt de l’hôtel mais la ville est déjà réveillée, un des gérants de l’hôtel tient absolument à m’aider à emballer mon sac dans sa bâche, et à pousser la moto de devant l’hôtel pour que je puisse partir facilement, beau geste.

Me voilà en route pour le long périple d’aujourd’hui, assez rapidement la pluie fait des siennes, je progresse autant que je peux car je suis dans une zone d’entre deux villes mais dès que j’arrive dans la ville suivante, je me refugie dans un café. Ils sont faciles à repérer car en vietnamien ça s’écrit « Câ phé ». Cette première pause me servira aussi de petit déjeuner, enfin avec mes gâteaux car les noodles le matin non merci. Par contre, en plus du thé commandé, la patronne du café tient à m’offrir un café frappé. Et puis au moment de payer, en fait elle m’offre mon thé, plus le café, et puis me ressert un thé… en fait elle m’offre le petit déjeuner quoi. Je suis un peu gêné mais vraiment touché par ce geste auquel je ne m’attendais pas du tout. J’ai droit à des grands sourires au moment de partir, et puis je reprends la route. D’ailleurs, tout le long de la route les gens me sourient et me saluent, je le rends bien volontiers ! Ça semble tellement sincère, ça fait vraiment plaisir.

La pluie tombe de plus en plus, et ma cape de pluie Birmane rend l’âme ! Je m’arrête dans la ville suivante pour investir dans une nouvelle, car en moto c’est l’élément indispensable ! La boutique où je m’arrête est tenue par une petite mamie super sympa, je lui fais comprendre ce dont j’ai besoin, elle me fait essayer pour être sûr que c’est bon. Avant de partir, avec tout ce thé je lui demande s’il y a des toilettes pas loin, du coup elle m’accompagne pour me montrer ceux d’un café caché, super sympa quoi ! A quelques kilomètres de la frontière, après une bonne matinée de route, un policier me fait signe de m’arrêter, j’obtempère bien sûr. Il me montre sur son téléphone une photo prise par l’arrière de ma moto, bien reconnaissable avec la bâche bleue protégeant mon sac, et un chiffre en rouge : 69. Avec son téléphone et google translate il me dit que je roulais trop vite et je dois payer 750 000 dongs (environ 28€). Aie, je lui réponds que je ne les ai pas, ce qui n’est pas totalement faux, et il me dit d’aller voir son collègue qui est assis autour d’une petite table en plastique à coté de leur pick-up. A coup de google translate sur son téléphone, je lui dis que je pensais que c’était limité à 80 km/h (et je le pensais vraiment), lui me dit que non c’était 60 dans cette zone. Bon pour en arriver là ça a pris quelques minutes car la compréhension n’était pas simple. Quand je comprends enfin, je lui lance un « Sorry » en levant le paumes en l’air avec ma plus belle tête d’innocent. Son collègue revient, me tape sur l’épaule, et me tend la main. Les deux me serrent la main avec un grand sourire et me disent de filer ! Bon je pars tellement vite que j’ai oublié mes clefs sur la table et j’ai dû revenir. En tout cas ça se termine bien ! Avec toutes les bonnes impressions que j’ai eues avant, je suis de très bonne humeur pour attaquer ce passage de frontière.

Après l’échec de samedi, c’est presque indécent tellement celle-ci a été simple à franchir. Coté Vietnam, le douanier m’a quand même fait enlever tout mon paquetage de la moto pour le passer au scanner, mais rien de bien méchant. Coté Cambodgien, on sent qu’il y a moins de moyens que chez le voisin. Au lieu du grand bâtiment flambant neuf, il y a quelques cabanes en bois au bord de la route. Dans la première, il y a un panneau « visa » et un homme qui me fait signe. Je remplis le papier, il me colle l’autocollant et en moins de 5 minutes j’ai mon visa cambodgien. Il me réclame 35$, je lui dis « c’est 30$ normalement ? ». Il me dit que bla bla bla c’est quand on le fait dans les ambassades, mais qu’ici c’est plus cher… bref ce n’est pas ce que dit le panneau au-dessus de la porte mais comme il me laisse tranquille avec la moto je ne la ramène pas trop. Je passe juste au bureau d’à côté pour le tampon et me voici enfin au Cambodge !

Je me retrouve sans un sou ici, je vais donc le plus vite possible dans la ville suivante pour retirer. Je ne trouve qu’un ATM où je peux retirer en dollars, c’est assez étrange de faire ça en Asie mais soit ! Le pays jongle entre sa monnaie, le riel, et les dollars américains. Ce n’est pas toujours simple pour les calculs et les comptes ! Il n’est pas trop tard, je pousse encore jusqu’à la ville suivante, Stung Treng. Sur la route, je découvre les premiers paysages cambodgiens, toujours très verts. Les cultures, elles, semblent par contre plus diversifiées que chez le voisin laotien, même si on retrouve toujours quelques rizières, toujours aussi vertes en cette saison ! C’est bien fatigué que j’arrive en fin d’après-midi à Stung Treng, 10 heures après mon départ et avec plus de 400 kilomètres dans les jambes, les bras… enfin partout mon corps ressent encore la vibration de la moto et de la route. Je songe à faire l’entretien usuel de la moto avant d’aller me poser à l’hôtel, quand tout à coup un bruit bizarre et puis plus rien… j’ai déraillé ! Elle aussi apparemment avait envie de son entretien. Je m’arrête au garage le plus proche (après 1km à pousser) qui me remet tout ça en place, en plus de faire la vidange et quelques menues réparations pas bien graves. Je vois aussi sur la carte que je suis seulement à 65 kilomètres du point ou j’ai dû faire demi-tour samedi, j’ai une petite pensée pour ce « gentil » douanier avec qui j’ai essayé de négocier.

Le gérant de l’hôtel trouvé est super accueillant, il parle même quelques mots de français car il a de la famille à Lyon. La chambre est vraiment ultra économique et sera parfaite pour la nuit, le matelas est bien et c’est le plus important pour récupérer de la journée ! Il m’indique où je peux manger dans le quartier. Car cette petite ville de la province Cambodgienne, est vraiment petite. Une fois sorti des trois rues principales, même si la carte nomme des rues, ce sont plutôt des chemins de terre jusqu’où l’éclairage public n’est pas arrivé. C’est donc dans le noir que je rejoins comme je peux (je n’avais pas prévu la lumière, le comble) le restaurant indiqué. Là, l’ambiance bat son plein, un seul et unique groupe occupe le restaurant et monopolise l’ambiance musicale. Les serveurs me font asseoir et malgré notre non possibilité de communiquer me font comprendre ce qu’ils peuvent me servir. Une fois servi, c’est moi qui ne comprend pas trop ce que je dois faire de ce qu’ils m’ont donné. Une des serveuses me montre les mélanges d’épices et de citrons à faire pour y tremper la viande qui vient d’être cuite au grill, c’était super bon ! A peine j’ai fini de manger, je me retrouve encerclé par 4 jeunes du groupe qui festoient juste à côté de moi. Ils m’assaillent de questions, et m’invitent à leur table. L’un d’eux parle assez bien anglais et m’explique qu’ils travaillent tous ensemble dans une banque de la ville, et que ce soir ils fêtent le départ de deux jeunes de l’équipe qui partent bosser dans une autre agence à Pnom-Penh. J’ai eu cette explication entre-coupée de photos avec moi et de 14000 trinques de verre. Ils ont tous voulu trinquer avec moi, et ne supportaient pas que mon verre se vide ! C’était assez sympa de se retrouver mêlé par hasard à cette célébration. Mais avec la fatigue accumulée, je sens le traquenard arriver. J’arrive à finir mon verre sans qu’ils ne le remplissent à nouveau, et je leur souhaite une bonne fin de soirée. C’était un moment très sympa et très convivial. Comme première image du Cambodge c’est plutôt agréable, espérons que ça continue sur cette lancée !