Jour 103 – De Stung Treng à Siem Reap

C’est reparti de bon matin pour une longue journée. En fin de matinée, je suis content car je suis presque arrivé au bout des 200 premiers kilomètres pour rallier mon premier lieu de visite. Enfin c’est ce que je crois car au kilométrage supposé, toujours pas la route que je cherche. Après vérification, j’ai raté un embranchement… malheureusement pour moi 42 kilomètres avant ! Me voilà reparti dans l’autre sens pour rattraper la bonne route. J’arrive finalement au complexe de temple de Koh Ker en tout début d’après-midi.

Pour une première découverte des temples khmers je suis bien heureux, après une petite marche à travers des ruines, j’arrive face à une gigantesque pyramide à 7 pans. Un accès au sommet a été créé, et le point de vue que je découvre laisse entrevoir de la jungle à perte de vue. Je sais qu’il y a là sous ces arbres plusieurs temples mais rien ne transparaît.

Avec le détour malheureux que j’ai fait il me reste encore pas mal de kilomètres pour rejoindre Siem Reap et il n’est pas très tôt, mais je tiens quand même au passage à visiter le Prasat Beoung Mealea. Ce lieu n’est ni vraiment un temple, ni vraiment un palais mais fut un peu de tout ça on dirait. Je ne trouve pas l’entrée aménagée mais un des gardes du lieu m’entraîne avec lui dans une excursion. Il me fait passer par-dessus les murs, à travers les portes effondrées, par-dessus les tas de pierre, j’ai l’impression d’être Indiana Jones. Car l’atmosphère au milieu de ces murs à moitié effondrés, et des arbres et mousses qui grimpent partout est assez mystique. La chance, je suis en plus tout seul à ce moment-là ! Le guide finit par me faire rallier une des passerelles en bois qui flèche un parcours, et je comprends que j’ai eu le privilège d’une visite officieuse du lieu. Je remercie chaleureusement mon guide improvisé avant de continuer la visite plus officielle. Au moment de sortir, un enfant qui doit attendre les touristes je pense, m’entraîne avec lui pour découvrir une autre partie non officielle du palais. Il tient absolument à me montrer les dommages occasionnés par les Khmers rouges, qui sont le plus souvent des têtes de divinités arrachées ou démolies à coup de balles. J’essaie de me séparer de mon jeune guide avant qu’il ne me quémande de l’argent, ce qui ne tarde pas à arriver bien sûr… J’arrive finalement à m’en défaire et je continue mon chemin. Je suis en tout cas super heureux de cette première approche de temples d’Angkor par la découverte de ces lieux périphériques.

Le soleil est déjà bien bas et il me reste une soixantaine de kilomètres à parcourir. La circulation se densifie beaucoup, et l’urbanisation à l’approche de Siem Reap est vraiment présente. Avec la nuit la circulation se fait assez compliquée mais j’arrive à rallier la ville et ses grandes avenues. C’est une grande ville comme j’ai  peu vu en Asie depuis mon arrivée, et se faufiler dans la circulation est du même niveau qu’à Paris. Le tonnerre gronde mais j’ai tout juste le temps d’arriver à l’hôtel et de décharger mes affaires avant que la pluie ne se mette à tomber. J’y retrouve Florian, mon vendeur de moto laissé aux 4000 îles quelques jours plus tôt, qui est arrivé ici entre temps en passant par le chemin le plus court en bus. Je découvre une ville qui est bien loin de mes centres d’intérêts, remplie de touristes, de bars et de lieux de nuits. La musique de mauvais goût beugle partout dans les rues, les lumières criardes aussi. Les prix sont extravagants comparés à ce que j’ai eu au Cambodge depuis hier, on paie la zone touristique, où ici le dollar est roi, et quasiment rien ne coûte moins de 1$ (même une bouteille d’eau). Nous trouvons quand même un coin avec des stands de rue où la nourriture est plus abordable. Je n’ai plus qu’à rentrer m’écrouler après cette journée où j’ai encore fait 400 kilomètres et passé de longues heures de concentration à conduire.