Jour 102 – De Plei Cân à Stung Treng (Cambodge)

C’est fou comment avec à peine une demi-journée au Vietnam le moral remonte. Je découvre en premier lieu des gens gentils, aidant, concernés et humains…. Après le Laos ça fait du bien. Mon premier contact avec un Vietnamien fut hier soir en attendant au distributeur, j’échange quelques mots avec un jeune homme et ce dernier me dit que je suis beau… Bon ok c’est un peu bizarre mais ça fait quand même plaisir ! Puis le distributeur n’ayant plus d’argent, un autre homme m’invite à le suivre pour me conduire à un autre ATM, sympa ! Ce matin, je décolle très tôt de l’hôtel mais la ville est déjà réveillée, un des gérants de l’hôtel tient absolument à m’aider à emballer mon sac dans sa bâche, et à pousser la moto de devant l’hôtel pour que je puisse partir facilement, beau geste.

Me voilà en route pour le long périple d’aujourd’hui, assez rapidement la pluie fait des siennes, je progresse autant que je peux car je suis dans une zone d’entre deux villes mais dès que j’arrive dans la ville suivante, je me refugie dans un café. Ils sont faciles à repérer car en vietnamien ça s’écrit « Câ phé ». Cette première pause me servira aussi de petit déjeuner, enfin avec mes gâteaux car les noodles le matin non merci. Par contre, en plus du thé commandé, la patronne du café tient à m’offrir un café frappé. Et puis au moment de payer, en fait elle m’offre mon thé, plus le café, et puis me ressert un thé… en fait elle m’offre le petit déjeuner quoi. Je suis un peu gêné mais vraiment touché par ce geste auquel je ne m’attendais pas du tout. J’ai droit à des grands sourires au moment de partir, et puis je reprends la route. D’ailleurs, tout le long de la route les gens me sourient et me saluent, je le rends bien volontiers ! Ça semble tellement sincère, ça fait vraiment plaisir.

La pluie tombe de plus en plus, et ma cape de pluie Birmane rend l’âme ! Je m’arrête dans la ville suivante pour investir dans une nouvelle, car en moto c’est l’élément indispensable ! La boutique où je m’arrête est tenue par une petite mamie super sympa, je lui fais comprendre ce dont j’ai besoin, elle me fait essayer pour être sûr que c’est bon. Avant de partir, avec tout ce thé je lui demande s’il y a des toilettes pas loin, du coup elle m’accompagne pour me montrer ceux d’un café caché, super sympa quoi ! A quelques kilomètres de la frontière, après une bonne matinée de route, un policier me fait signe de m’arrêter, j’obtempère bien sûr. Il me montre sur son téléphone une photo prise par l’arrière de ma moto, bien reconnaissable avec la bâche bleue protégeant mon sac, et un chiffre en rouge : 69. Avec son téléphone et google translate il me dit que je roulais trop vite et je dois payer 750 000 dongs (environ 28€). Aie, je lui réponds que je ne les ai pas, ce qui n’est pas totalement faux, et il me dit d’aller voir son collègue qui est assis autour d’une petite table en plastique à coté de leur pick-up. A coup de google translate sur son téléphone, je lui dis que je pensais que c’était limité à 80 km/h (et je le pensais vraiment), lui me dit que non c’était 60 dans cette zone. Bon pour en arriver là ça a pris quelques minutes car la compréhension n’était pas simple. Quand je comprends enfin, je lui lance un « Sorry » en levant le paumes en l’air avec ma plus belle tête d’innocent. Son collègue revient, me tape sur l’épaule, et me tend la main. Les deux me serrent la main avec un grand sourire et me disent de filer ! Bon je pars tellement vite que j’ai oublié mes clefs sur la table et j’ai dû revenir. En tout cas ça se termine bien ! Avec toutes les bonnes impressions que j’ai eues avant, je suis de très bonne humeur pour attaquer ce passage de frontière.

Après l’échec de samedi, c’est presque indécent tellement celle-ci a été simple à franchir. Coté Vietnam, le douanier m’a quand même fait enlever tout mon paquetage de la moto pour le passer au scanner, mais rien de bien méchant. Coté Cambodgien, on sent qu’il y a moins de moyens que chez le voisin. Au lieu du grand bâtiment flambant neuf, il y a quelques cabanes en bois au bord de la route. Dans la première, il y a un panneau « visa » et un homme qui me fait signe. Je remplis le papier, il me colle l’autocollant et en moins de 5 minutes j’ai mon visa cambodgien. Il me réclame 35$, je lui dis « c’est 30$ normalement ? ». Il me dit que bla bla bla c’est quand on le fait dans les ambassades, mais qu’ici c’est plus cher… bref ce n’est pas ce que dit le panneau au-dessus de la porte mais comme il me laisse tranquille avec la moto je ne la ramène pas trop. Je passe juste au bureau d’à côté pour le tampon et me voici enfin au Cambodge !

Je me retrouve sans un sou ici, je vais donc le plus vite possible dans la ville suivante pour retirer. Je ne trouve qu’un ATM où je peux retirer en dollars, c’est assez étrange de faire ça en Asie mais soit ! Le pays jongle entre sa monnaie, le riel, et les dollars américains. Ce n’est pas toujours simple pour les calculs et les comptes ! Il n’est pas trop tard, je pousse encore jusqu’à la ville suivante, Stung Treng. Sur la route, je découvre les premiers paysages cambodgiens, toujours très verts. Les cultures, elles, semblent par contre plus diversifiées que chez le voisin laotien, même si on retrouve toujours quelques rizières, toujours aussi vertes en cette saison ! C’est bien fatigué que j’arrive en fin d’après-midi à Stung Treng, 10 heures après mon départ et avec plus de 400 kilomètres dans les jambes, les bras… enfin partout mon corps ressent encore la vibration de la moto et de la route. Je songe à faire l’entretien usuel de la moto avant d’aller me poser à l’hôtel, quand tout à coup un bruit bizarre et puis plus rien… j’ai déraillé ! Elle aussi apparemment avait envie de son entretien. Je m’arrête au garage le plus proche (après 1km à pousser) qui me remet tout ça en place, en plus de faire la vidange et quelques menues réparations pas bien graves. Je vois aussi sur la carte que je suis seulement à 65 kilomètres du point ou j’ai dû faire demi-tour samedi, j’ai une petite pensée pour ce « gentil » douanier avec qui j’ai essayé de négocier.

Le gérant de l’hôtel trouvé est super accueillant, il parle même quelques mots de français car il a de la famille à Lyon. La chambre est vraiment ultra économique et sera parfaite pour la nuit, le matelas est bien et c’est le plus important pour récupérer de la journée ! Il m’indique où je peux manger dans le quartier. Car cette petite ville de la province Cambodgienne, est vraiment petite. Une fois sorti des trois rues principales, même si la carte nomme des rues, ce sont plutôt des chemins de terre jusqu’où l’éclairage public n’est pas arrivé. C’est donc dans le noir que je rejoins comme je peux (je n’avais pas prévu la lumière, le comble) le restaurant indiqué. Là, l’ambiance bat son plein, un seul et unique groupe occupe le restaurant et monopolise l’ambiance musicale. Les serveurs me font asseoir et malgré notre non possibilité de communiquer me font comprendre ce qu’ils peuvent me servir. Une fois servi, c’est moi qui ne comprend pas trop ce que je dois faire de ce qu’ils m’ont donné. Une des serveuses me montre les mélanges d’épices et de citrons à faire pour y tremper la viande qui vient d’être cuite au grill, c’était super bon ! A peine j’ai fini de manger, je me retrouve encerclé par 4 jeunes du groupe qui festoient juste à côté de moi. Ils m’assaillent de questions, et m’invitent à leur table. L’un d’eux parle assez bien anglais et m’explique qu’ils travaillent tous ensemble dans une banque de la ville, et que ce soir ils fêtent le départ de deux jeunes de l’équipe qui partent bosser dans une autre agence à Pnom-Penh. J’ai eu cette explication entre-coupée de photos avec moi et de 14000 trinques de verre. Ils ont tous voulu trinquer avec moi, et ne supportaient pas que mon verre se vide ! C’était assez sympa de se retrouver mêlé par hasard à cette célébration. Mais avec la fatigue accumulée, je sens le traquenard arriver. J’arrive à finir mon verre sans qu’ils ne le remplissent à nouveau, et je leur souhaite une bonne fin de soirée. C’était un moment très sympa et très convivial. Comme première image du Cambodge c’est plutôt agréable, espérons que ça continue sur cette lancée !