Cette journée est en plus car à la base nous voulions faire 4 jours de tour, mais la météo en avait décidé autrement. Nous voilà donc un jour de plus à Uyuni, mais la ville n’offre pas trop d’activités en dehors du tour que nous venons de faire. La journée sera donc sur un rythme tranquille. Ce matin, grasse matinée et petit déjeuner, nous ne mettrons le nez dehors que pour déjeuner.
Marius perd une dent (de lait !) pendant le repas, et ce sera à peu près la seule aventure de la journée. L’après-midi se fait tranquille à l’hôtel, puis nous remettons le nez dehors en fin d’après-midi pour profiter des derniers rayons de soleil. Nous faisons un petit tour dans le centre, vers l’église et le marché. Le marché ressemble un peu à ceux que j’ai pu rencontrer en Asie, avec des petites échoppes qui vendent un peu de tout. Nous découvrons en nous baladant dans les rues et le marché que beaucoup de femmes sont encore habillées de façon courante avec l’habit traditionnel qui semble tout droit sorti d’un autre temps. Une fresque dans le marché rappellle le rôle majeur des femmes dans la société Bolivienne avec ce message : « N’oubliez pas que la force de la Bolivie ce sont vos femmes ». Nous finissons la journée par un verre en terrasse, avant que le vent et la pluie reviennent et ne nous pousse à l’intérieur du restaurant pour dîner. Fin de soirée encore tranquille à l’hôtel.
Avec tout ce temps libre aujourd’hui, j’ai pris le temps de faire le montage vidéo sur notre expédition dans le Salar d’Uyuni et le Sud Lipez :
Réveil violent jour 2, la sonnerie à 3h50 du matin ça pique, mais c’est pour la bonne cause ! A 4h du matin, tout le monde est dans la voiture, on se refait le petit branchement des phares en direct sur la batterie, on met les bagages sur le toit, puis Santos nous sort sa meilleure compilation dance des années 90 et en avant Guingamp ! La piste commence rude, surtout de nuit, ça remue sévère et je passe mon temps à remettre la moumoute du tableau de bord qui glisse sans cesse et que Santos veut absolument garder.
Santos s’est encore un peu mis en mode Dakar pour partir aussi tôt et arriver le premier sur les sites. Le premier stop se situe aux soit-disant geysers. Il s’agit en fait des Fumarolas Sol de Mañana, un chant de fumerolles particulièrement actif le matin à la fraiche, surtout avec cette altitude car nous avons presque atteint les 5000 mètres, notre record absolu ! A vol d’oiseau, nous ne sommes pas loin des Geysers de Tatio au Chili et les deux sont probablement liés. Santos tient à nous faire faire le tour du champ de fumerolles, mais il fait encore nuit noire et seules nos lampes frontales nous permettent d’avancer, c’est dommage car du coup nous n’en profitons pas bien. Pourtant le soleil commence à pointer le bout de son nez, et à 15 minutes près nous aurions été dans le timing parfait. Mais Santos nous précipite encore et nous n’avons pas le temps d’attendre.
La récompense de cette précipitation arrivera quelques minutes plus tard quand nous découvrirons l’intégralité du lever de soleil. Dans un premier temps depuis le haut de la montagne qui surplombe le Salar de Chalviri, avec une magnifique vue plongeante. En face l’eau du Salar, sur les côtés les sommets enneigés. Nous continuons notre descente pour rejoindre les sources d’eau chaudes du Salar. Nous nous installons dans un des petits bassins approvisionnés en eau thermale aménagés au bord. Elle est belle la récompense pour le lever au milieu de la nuit, et de la précipitation de la visite des fumerolles, nous sommes presque seuls pour observer le soleil qui finit de se lever sur le paysage magnifique qui nous entoure, tranquillement installés au chaud dans une eau cristalline à 39°. Au bout d’une grosse demi-heure, tous les autres groupes sont arrivés, et nous laissons la place avec le sentiment d’en avoir bien profité. Pendant notre baignade, Santos a préparé le petit déjeuner, il tombe à point nommé ! Avant de reprendre la route, notre compagnon coréen quitte notre groupe car lui prend la direction de San Pedro de Atacama, qui se trouve juste derrière les massifs montagneux devant nous. Les agences s’organisent et s’entraident pour les transferts. Nous continuons donc avec un peu plus de place dans la voiture, pour le plus grand bonheur de Marius qui peut s’étaler un peu plus.
Nous continuons un peu notre descente vers les confins de la Bolivie en traversant le désert Savlador Dali. Pourtant le peintre n’a vraisemblablement jamais mis les pieds ici, mais il semble que les paysage de ce désert rappelle ses peintures, et son nom a été donné au lieu pour cette raison. L’étendue est déserte, dominé par le marron de la terre, entourée de massifs montagneux enneigés, et sur les pentes douces reliant les deux parties, des monticules rocheux sont là, comme posés par une main géante au milieu de ce vide, il faut avouer que l’ensemble est pour le moins saisissant.
Nous continuons presque jusqu’au plus loin de la piste, au bord de la Laguna Verde. Nous sommes au pied du volcan Licancabur qui culmine à 5920 mètres, nous avions eu la joie de l’observer depuis San Pedro. La lagune est un peu moins verte qu’avant à cause du changement climatique et de la baisse du niveau d’eau, mais reste toxique car l’eau contient naturellement de l’arsenic (ce qui lui donne sa couleur). Les flamants roses n’y posent pas leurs pattes et préfèrent la lagune voisine, la Laguna Blanca. C’était ici notre point le plus éloigné, nous sommes à 330 kilomètres de piste de Uyuni, et Santos annonce le top départ pour le retour. Il est 9 heures du matin, et la journée est déjà bien entamée pour nous, mais la route s’annonce encore très longue.
Nous traversons des paysages tous plus fous les uns que les autres, en enchainant les passages sur l’altiplano, les déserts, les petites vallées sinueuses et boueuses, les traversées de rivières, puis nous arrivons vers 12h30 à Villa Mar pour faire une pause déjeuner, accueillis par des centaines de lamas qui semblent être bien paisibles dans les prairies entourant le village. Nous ne sommes même pas à la moitié du trajet, la journée va être longue ! Nous reprenons la route pendant plusieurs heures, en n’ayant d’autre activité qu’admirer le paysage, et les vigognes qui sont encore là par dizaines le long des pistes, pour notre plus grand plaisir !
Santos fait un dernier arrêt visite surprise dans un paysage qui semble sorti de nulle part et qui dénote par rapport à ce que nous avons découvert dans la région depuis que nous sommes partis. Il s’agit de l’Italia Perdida qui présente de magnifiques formations ruiniformes faite de blocs rougeoyants qui ne sont pas sans rappeler l’image que l’on a tous de l’ouest Américain. Cette pause nous permet un peu de nous dégourdir les jambes. Santos lui en profite pour refaire le plein du 4×4 depuis les jerricanes stockés sur le toit. Il sollicite Marius qui se fait une joie de grimper sur la galerie pendant que Santos siphonne le jerricane avec un tuyau pour remplir le réservoir.
Nous reprenons la route pour la centaine de kilomètres restant, cette fois ci comme la journée a été plus sèche la piste principale est de bonne qualité et la progression se fait plutôt rapidement. Nous sommes accompagnés par les lamas le long de la route, mais aussi, nous avons la chance de voir un petit tatou des Andes qui traverse tranquillement la piste. Il est en temps normal assez difficile à observer, et surtout, il est malheureusement chassé car sa carapace sert pour la fabrication des charangos.
Arrivée à Uyuni, nous récupérons les affaires laissées à l’agence, puis nous disons au revoir à tout le groupe et rejoignons notre hôtel. Nous retrouvons une connexion après 3 jours isolés. Je découvre que j’ai par inadvertance effacé tout ce que j’ai écrit pour le jour 218, le premier jour du tour, surement une fausse manipulation hier soir. Je laisse ça de coté pour le moment, et nous allons manger. De retour à l’hôtel, Marius ne fait pas long feu après les deux petites nuits que nous avons eu. Je me lance dans la tache de ré écriture, et d’écriture tout court avant de moi aussi aller dormir et de clôturer ces trois jours d’expédition.
Le réveil est un peu violent, car il se fait au son du groupe électrogène qui redémarre. Il est tôt mais Santos veut que nous nous mettions en route tôt, ce que nous faisons presque avec succès une fois le petit déjeuner pris. Je reprends la place de copilote et nous commençons par une bonne paire d’heures de piste à travers l’altiplano (elle est toujours autant en mauvais état d’ailleurs). Nous faisons un arrêt sur la voie ferrée qui traverse les montagnes pour rejoindre le Chili, et la pause fait du bien. Nous continuons ensuite pour nous rendre au point de vue du volcan Ollagüe. Le volcan est entouré et caché par les nuages, mais nous pouvons découvrir les sommets enneigés aux alentours et les sculptures que le vent a fait sur les anciennes coulées de lave.
Nous repartons, et quittons la piste principale pour prendre la direction du parc national Eduardo Avaroa. Nous montons un peu en altitude pour dépasser les 4000 mètres. Le paysage autour de nous est magnifique, les sommets enneigés foisonnent. La piste est toujours aussi compliquée mais Santos s’applique à la tâche et s’en sort avec brio. Nous faisons des arrêts aux lagunes qui s’enchaînent dans la vallée, et bien sur les flamants roses sont de la partie pour notre plus grand plaisir. La deuxième lagune, celle de Hedionda est l’occasion de faire notre pause déjeuner, en même temps que tous les autres groupes en route aujourd’hui.
Nous grimpons ensuite jusqu’à 4700 mètres sur un plateau qui s’étend à perte de vue au milieu de sommets enneigés. Ces derniers semblent presque petits malgré leurs 6000 mètres (environ) avec notre vison depuis l’altiplano. Nous faisons un stop face à la montagne aux sept couleurs (encore une !), qui d’ailleurs en a 8 aujourd’hui avec le manteau de neige sur le sommet. Je suis subjugué par l’environnement, c’est beau et intimidant à la fois. Mais je suis un peu frustré quand Santos insiste pour que nous reprenions la route aussi rapidement. J’ai plus l’impression de participer au Dakar que de faire un tour touristique. Impression qui se confirme presque lorsque nous faisons une traversée du désert (au sens littéral du terme) en quittant le point de vue. Les 4×4 avancent chacun dans leur ligne au milieu de ce grand espace, et se suivent de près. L’arrêt suivant quelques kilomètres plus loin se fait au lieu-dit de l’« arbre de pierre », et très vite le lieu est plein de touristes. Il s’agit d’anciennes coulées de laves érodées par l’eau qui ont dessiné des rochers aux formes bien particulières. Encore une fois, Santos nous presse, vraiment trop cette fois ci nous n’avons même pas le temps de faire le tour du site. Comme lot de consolation, nous avons la chance de voir de très près deux viscachas tranquillement installés sur un rocher au bord de la route.
Nous rejoignons ensuite la sortie du parc où nous devons nous acquitter du prix du billet, puis nous rejoignons la Laguna Colorada, qui est aussi connue sous le nom du lac rouge. Cette fois ci nous avons un long moment de temps libre, et heureusement car l’endroit vaut le coup ! En plus de ses eaux rouge-rosée, le lac abrite une communauté d’au moins 1500 flamants roses. C’est impressionnant ! Ils sont partout, et le paysage autour de la lagune ne démérite pas. Je découvre aussi de plus près que les flamants roses Andins, ceux de la plus grande des trois espèces présentes ici (avec le Chilien et celui de James) sont vraiment grands ! Je m’assoie tout simplement sur un rocher face à la lagune pour profiter de la vue, et je découvre aussi un troupeau de lamas avec leurs bébés en train de s’abreuver. La scène est reposante, et vraiment belle.
Nous repartons cette fois ci pour rejoindre notre point de chute du soir. Nous n’arrivons pas trop tard et pouvons profiter de la fin d’après midi dans l’hôtel qui est désert. Je m’occupe de mon carnet de voyage tout en parlant avec nos compagnons de 4×4 autour d’un thé, mais aussi avec un groupe de français d’une autre voiture de la même agence. Le repas du soir est servi bien tôt, mais nous avons ce soir le droit à un petit vin rouge bolivien pas trop mal pour l’accompagner. Nous allons essayer de nous coucher tôt car le départ de demain est annoncé à 4 heures du matin.
La nuit fut fraiche et humide dans cet hôtel peu accueillant. Le petit-déjeuner ne relève guère le niveau. Une fois que nous sommes prêts, nous attendons patiemment qu’on vienne nous chercher. Le patron de l’agence nous récupère avec son vieux 4×4 hors d’âge, mais nous rassure car nous ne partirons pas avec celui-ci qui est bien trop petit. Il nous dit aussi que nous devions partir plus tôt, c’est contradictoire car c’est lui qui est venu nous chercher à cette heure-ci.
Nous retrouvons à l’agence Andes Salt notre guide-chauffeur Santos, qui sera avec nous pour les 3 prochains jours, il s’avère que c’est le frère du patron, il le dépanne pour ce week-end, mais il est prof à l’université du Uyuni (décidemment les chauffeurs / profs – cf Zula en Mongolie). Nous rencontrons aussi notre équipée : deux australiennes, une anglaise, et un coréen. Chacun prend sa place dans le 4×4 qui sera notre pendant les 3 prochains jours et nous prenons la route.
Le premier stop marqué par toutes les agences est le cimetière de train. Nous sommes donc loin d’être seul lorsque nous découvrons ce site. Uyuni a été fondée comme carrefour ferroviaire de la région, et pour donner l’accès au pacifique avec la ligne qui traverse les Andes. Le réseau ferroviaire a été construit pour supplanter le transport par lama qui n’était probablement pas assez efficace, chaque animal pouvant porter au maximum 10kg. La ville rend quand même hommage à cet animal typique de la région puisque Uyuni signifie en langue indigène « la maison des lamas ». Nous découvrons sur ce site des dizaines de locomotives et de wagons en proies à la rouille, aux déchets et aux éléments. Nous prenons ensuite la direction du nord pour nous rendre au village de Colchani. Ici vivent principalement les travailleurs du sel puisque le village est la porte d’entrée du Salar d’Uyuni. Il y a aussi quelques petites usines bien rudimentaires pour le traitement et l’empaquetage du sel. Les habitants sont bien inventifs avec la matière première qu’ils ont sous la main puisque la plupart des maisons sont construite en briques de sel, et il y a même un petit musée avec plein de sculptures (plus ou moins à l’échelle). La seconde activité du village est bien sur le tourisme avec un petit marché « artisanal » dans lequel les 4×4 qui arrivent par dizaines tous les matins déversent leurs touristes. Nous passons notre tour et attendons sagement le redépart avec Santos.
Nous arrivons enfin au bord du célèbre Salar d’Uyuni. Avec les trombes d’eau qu’il y a eu ces derniers jours, le sol n’a pas pu tout absorber, et l’eau stagne sur toute la surface. La couche d’eau n’est pas forcement épaisse mais elle crée un miroir géant sur toute la surface du Salar, qui est tout de même de 20000 km² ! Santos avance avec précision et douceur au milieu de ce désert de sel et d’eau, nous avons le temps de découvrir et d’admirer les lieux. L’effet est tout simplement sublime, l’espace semble infini, et les 4×4 que nous voyons au loin sont comme en suspension dans l’espace gris-blanc qui nous entoure. Nous rejoignons un ancien hôtel de sel reconverti en réfectoire qui se situe à quelques kilomètres du bord. Devant l’hôtel, il y un assemblage de drapeaux de plein de pays, mais surtout une gigantesque statue de sel représentant le logo du Dakar. Ces deux choses sont les vestiges du passage de la célèbre course automobile qui passe par la Bolivie depuis maintenant 5 ans, grâce au président Evo Morales qui a ouvert grand les bras à l’organisation (selon Santos qui ne cesse de nous vanter les mérites de son président). L’hôtel de sel fut construit à cette occasion, mais sous la pression des habitants qui dénonçaient des problèmes d’approvisionnement en eau et de gestion des déchets, il fut déplacé en bordure du Salar. Santos nous expliquera que les problèmes en question ne sont pas pour autant réglés, et qu’ils sont d’ailleurs assez global en Bolivie. Pendant que nous sommes attablés pour déjeuner dans l’ancien hôtel, la pluie fait son retour avec fracas, et nous offre une vision complétement différente et un peu apocalyptique du Salar. Nous attendons patiemment une accalmie pour reprendre la route, mais avant nous aurions voulu pouvoir faire les fameuses photos. C’est raté car l’effet miroir disparait à cause de la pluie et du vent, c’est dommage mais le lieu n’en est pas moins exceptionnel et nous avons tous envie de rester un peu plus longtemps. Nous quémandons quelques arrêts photos supplémentaire à Santos qui finalement accepte, ce n’est pas tous les jours que nous pouvons venir ici !
Nous reprenons finalement la route mais l’eau, malgré toute la beauté qu’elle apporte au lieu, nous empêche de traverser le Salar pour rejoindre notre point de chute, le village de San Juan qui se trouve juste de l’autre côté. Tous ces contre temps ne nous mettent pas trop en avance sur la journée. Nous devons donc repasser par Uyuni pour rejoindre San Juan par la piste principale. Santos en profite au passage pour récupérer sa nouvelle paire de lunettes arrivée entre temps. C’est plutôt rassurant d’ailleurs parce que jusqu’alors il conduisait avec deux paires de lunettes superposée !
La piste défile bien lentement, car avec toute cette pluie elle est en très mauvais état. Santos reste optimiste sur notre heure d’arrivée, mais les heures s’écoulent et nous ne voyons toujours pas le bout de la piste. La nuit finit par tomber et nous sommes toujours à 90 kilomètres de notre point de chute. Le temps s’écoulant, un arrêt toilette inca (c’est-à-dire dans la nature) s’impose, et là c’est le drame ! Les feux du 4×4 se coupent et refusent de se rallumer. Santos tente de rouler avec juste la luminosité de la lune qui heureusement brille un peu ce soir. Je cherche en vitesse ma lampe frontale, et béni le fait qu’elle soit très puissante (merci Clémence !!!). Je la donne à notre compagnon Coréen qui est assis devant et il éclaire la route en passant son bras par la fenêtre. Nous arrivons à progresser d’une vingtaine de kilomètres ainsi jusqu’au prochain village. A force d’insister, je convaincs Santos de tenter une réparation et de ne pas continuer ainsi. Je m’impose un peu pour l’aider, car même s’il conduit bien il ne semble pas trop à l’aise avec le bricolage. Après avoir vérifié les fusibles, nous ne trouvons toujours pas la source du problème. Un autre chauffeur qui passe par là nous dit que nous pouvons brancher les feux en direct sur la batterie pour shunter le système électrique qui semble défaillant. Après un ou deux essais infructueux, (et merci le couteau suisse de Papa !) nous trouvons le bon branchement, les feux brillent et nous pouvons reprendre la route pour les derniers kilomètres.
C’est bien fatigué et bien après 21 heures que nous arrivons dans l’hôtel de sel du village de San Juan qui a déjà accueilli tous les autres groupes qui étaient aussi sur la route aujourd’hui. Nous dînons en vitesse, puis profitons du fait qu’il y a une douche chaude pour nous réchauffer avant de rejoindre nos lits. Une coupure générale d’électricité (pile quand Marius est sous la douche) plonge l’hôtel dans le noir avant que les groupes électrogènes prennent le relais. Ils ne tournent pas trop longtemps puisque dès que tout le monde est couché, les propriétaires les éteignent, alors l’hôtel plonge dans le noir, le silence et surtout le sommeil.
La journée démarre tôt pour aller prendre le bus, cette fois-ci pas très loin de l’hôtel. Les rues de Calama en fin de nuit ne sont pas super accueillantes, le dépôt de la société de bus non plus. Heureusement qu’il y avait d’autres passagers car les portes ont ouvert à 6h10 pour un départ un 6h, on a failli croire que ce n’était pas le bon endroit.
La première partie du voyage jusqu’à la frontière entre le Chili et la Bolivie se passe plutôt bien. Entre deux siestes, je peux observer le lever de soleil sur les volcans enneigés, c’est plutôt beau ! Arrivés à 4000 mètres à la frontière, on descend une première fois pour faire les formalités de sortie du Chili, puis on reprend le bus. Là il s’arrête au milieu de nulle part entre deux tas de poubelles. Un autre bus arrive, nous devons changer de véhicule pour continuer. Plus précisément on échange avec ceux qui viennent de Uyuni et qui vont à Calama. On peut dire qu’on perd au change, et c’est un euphémisme. Le bus est ultra sale, peu confortable, les bagages sont à moitié dans la boue dans la soute mal isolée, mais surtout il n’y a pas de toilettes ! Et après coup, c’était là le principal problème.
Nous voilà embarqué dans notre bus de fortune, mais pas pour longtemps car nous arrivons à la frontière bolivienne. En quelques centaines de mètres entre les deux postes frontières, on voit très nettement la différence de niveau de vie entre les deux pays, et ce n’est clairement pas en faveur de la Bolivie ! Les formalités se font assez simplement, si ce n’est qu’il faut une nouvelle fois décharger les soutes pour passer les sacs au scanner. Notre douleur commence après, nous sommes à 230 kilomètres de Uyuni, et nous sommes censés arriver 2 heures après. Sur la carte il y a un petit bout de piste, puis une route nationale. Dans les faits, ce sera uniquement de la piste, et pendant 5 heures ! Sachant que l’invierno boliviano, le deuxième hiver est en avance, il pleut et la boue est au rendez-vous, ce qui ralenti vraiment la progression. C’est a priori l’humidité de l’été sur l’Amazonie qui vient se coincer sur la cordillère et créer les précipitations de cette période. Le bus est plein, mais le chauffeur prend au passage des gens qui font du stop le long de la piste, et ces derniers n’ont d’autres choix que de voyager debout dans l’allée.
De notre coté nous avons un siège c’est bien, mais en étant levés et partis depuis de longues heures, l’absence de toilettes devient très dure. Coté repas, nous avions prévu un petit déjeuner léger, mais pas un déjeuner en vue d’une arrivée à 16h ! Bon en vrai, il est au final 15h à l’arrivée car nous changeons de fuseau horaire et perdons une heure, bizarre sachant que nous avons voyagé vers l’est. A l’arrivée, en ouvrant la soute et histoire de bien finir le trajet, le sac de Marius tombe en plein dans une flaque de boue. La pluie aussi redouble de puissance alors que nous essayons de rejoindre l’hôtel tant bien que mal. Les rues de la ville sont en terre (avec un semblant de pavé parfois), mais avec cette pluie c’est plutôt de la boue et des rivières. On déchante aussi un peu à l’arrivée à l’hôtel, il va falloir revenir en mode plus roots il semble. Avec toute ces aventures, l’après-midi est très avancé, mais nous avons une tonne de chose à faire avant de pouvoir aller manger. En premier, échanger les pesos restant en bolivianos, puis retirer des bolivianos pour compléter. Malheureusement, le distributeur n’est pas coopératif et c’est au prix de 30 minutes au guichet de la banque que je parviens à avoir du cash. Une fois que c’est fait, direction l’agence de voyage pour confirmer et payer l’excursion avec laquelle nous partons demain.
L’agence nous dit que le tour sur 4 jours ne sera pas possible à cause de la météo, mais que ce sera sur 3 quand même. Dommage, l’avion pour partir est déjà réservé et non échangeable, nous resterons un peu bloqués ici. Aussi, le prix annoncé par mail n’était pas le bon, mais au prix d’une petite discussion on trouve un terrain d’entente. Par contre, il faut payer en cash, et je n’en ai pas retiré assez. Nous voilà repartis en expédition pour retirer à nouveau, cette fois ci sans problème ! Sur le chemin, je m’arrête pour acheter une carte sim, puis nous retournons à l’agence. Tout est calé ! Nous pouvons enfin aller manger ! Il est 18 heures heure locale, et nous faisons notre déjeuner / diner.
Ensuite, nous allons vers un hôtel conseillé par l’agence et réservons les nuits au retour de l’expédition, nous n’avons aucune envie de retourner dans celui de ce soir qui en plus d’être peu accueillant, est très excentré. Par contre, au moment de montrer mon passeport pour finaliser la réservation, impossible de le retrouver, une première en 7 mois ! Gros coup de panique, forcément ! Et là je me souviens, je l’ai oublié en achetant la carte sim quelques heures plus tôt. On part au pas de course, on traverse au plus vite les rues pour retourner à la boutique qui ouf ! est encore ouverte ! Et qui a gardé le précieux sésame bien au chaud, cette fois ci je m’en sors bien. Dernières courses avant de rentrer, quelques ravitaillements pour les trois jours, mais surtout un achat de bonnets (péruvien !). Il fait déjà froid à Uyuni qui est à 3600 mètres d’altitude, mais nous allons faire une incursion à plus de 5000 durant l’expédition, alors autant prévoir ! Le réseau est déjà capricieux en ville, donc il y a beaucoup de chance que nous soyons sans possibilité de connections et communication pendant les 3 prochains jours.
C’est une journée transport et transit en prévision. Ce matin nous avons le temps de prendre notre temps. La seule activité sera de passer à la boulangerie française de San Pedro, « La Franchuteria ». Nous nous faisons plaisir pour un petit pique-nique aux saveurs du pays !
Vers midi il est temps de rejoindre la gare routière, puis de prendre le bus pour Calama, la grande ville la plus proche. Nous disons au revoir aux magnifiques paysages de la région qui nous font un dernier salut et nous offrent un beau souvenir. A l’arrivée à Calama, il s’avère que la gare de bus de la compagnie avec laquelle nous sommes venus est un peu loin de l’hôtel. Il nous faut marcher 2 kilomètres pour le rejoindre. Je comprends aussi qu’à Calama il n’y a pas de gare routière centrale, mais que chaque compagnie (ou presque) a son dépôt de départ. Par chance, celui de demain matin est à 300 mètres de l’hôtel !
Nous trainons à l’hôtel le reste de l’après-midi, je profite avec plaisir de la terrasse ensoleillée sur le toit. La ville n’a pas un intérêt touristique majeur, et nous ne ressortons que pour diner le soir. Nous trouvons un petit boui boui juste à côté, avec des prix comme nous n’en avions pas vu depuis longtemps ! Car la vie à San Pedro est quand même cher, autant qu’en Argentine. En même temps, cela parait assez normal pour une oasis en plein désert.
Comme c’est le dernier jour au Chili, j’ai fait la sélection de photos et publié la page sur le site :
Le démarrage de la journée se fait un peu moins tôt que les jours précédents et c’est tant mieux. Le minibus du jour passe nous chercher avec Oscar au volant, et Lorena et Miguel comme guides. Cette fois-ci nous ne sommes pas les derniers à être récupérés donc nous faisons 3 fois le tour de San Pedro pour le ramassage du groupe. Aujourd’hui nous sommes les deux seuls français au milieu d’un groupe uniquement brésilien, en dehors de Oscar, Lorena et Miguel qui eux sont chiliens.
Oscar nous dépose au début du chemin, presque à l’entrée du canyon après une trentaine de kilomètres par la route. Le chemin commence par une petite ascension, on sent qu’une partie des participants n’est pas habituée à la marche. Le groupe est un peu trop grand à mon goût pour pouvoir faire le trekking dans des conditions agréables et fluides pour tous, mais bon il faut faire avec, l’annulation du Salar de Tara a fait gonfler les groupes. Le début du parcours se fait dans un environnement un peu aride, entouré de roches et de grands cactus. Ces derniers grandissent de 1 à 5 centimètres par an, vu les hauteurs constatées il y a plusieurs centenaires parmi eux ! Nous descendons ensuite dans le canyon et découvrons la rivière Puritama, ce qui signifie « eau chaude » en langage indigène. Un peu plus bas, en venant ici en minibus nous avions traversés sa cousine qui s’appelle Purifica, qui signifie « eau froide » cette fois-ci. Les deux se rejoignent un peu en aval de notre position. L’eau de la Puritama est effectivement plutôt agréable, c’est aussi la conséquence du magma présent ici à faible profondeur. Des thermes se sont d’ailleurs installés un peu en amont du canyon.
Nous parcourons le canyon pendant une paire d’heures avec au programme plein de végétation assez luxuriante, des viscachas que l’on voit plus près qu’hier et des refuges et abris de bergers construit en pierre. Avant de remonter et sortir du canyon pour retrouver Oscar et le bus, nous faisons une pause au bord d’une piscine naturelle formée par la rivière. Pendant la baignade, Miguel surveille aux jumelles l’éventuelle arrivée d’un garde. Les thermes voisins souhaitent garder l’exclusivité des eaux et voient d’un mauvais œil ces baignades gratuites sous leur nez. Marius s’en donne à cœur joie dans l’eau tiède, ainsi qu’une grosse partie du groupe. Je préfère rester en observateur pour ma part. En tout cas, nous ne faisons pas repérer et chacun peut profiter tranquillement de cette demi-heure de pause avant de terminer le trekking.
Nous remontons tous dans le bus pour nous rendre dans un endroit sympa pour une pause sandwichs d’après marche. Nous nous retrouvons sur un promontoire qui nous offre une vue somptueuse sur les différentes cordillères qui entourent le désert et le salar d’Atacama, une bonne note finale. De retour à San Pedro, nous retournons passer l’après-midi à l’hôtel avant de retrouver Mélanie et Pierre le soir pour dîner tous ensemble.
L’après-midi m’aura permis de finaliser le montage vidéo sur les excursions faites dans la région de San Pedro de Atacama :
Le réveil pique vraiment beaucoup ce matin pour le départ à 5 heures. Nous retrouvons avec joie notre guide Lasse avec qui nous étions avant-hier. A peine installés dans le minibus, nous sombrons à nouveau dans le sommeil jusqu’à l’arrivée au site une heure et demie plus tard. L’endroit est très prisé, surtout le matin tôt pour bien profiter des geysers. Le site est aussi ultra encadré car il peut être un peu dangereux si on s’approche trop des geysers en question. Arrivés sur site, le jour commence à peine à percer, et vue la couche de nuages le soleil ne va pas se montrer tout de suite. Le décor est impressionnant et un peu irréel. Il fait 3 degrés, il pleut encore un peu ici, et les sommets autour de nous sont enneigés. Dans le bassin devant nous, nous voyons déjà à distance des dizaines de fumerolles qui indiquent l’emplacement des geysers. L’endroit est le 3ème plus grand bassin géothermique du monde (après Yellowstone aux US et un en Russie), mais il est le plus grand de l’hémisphère sud, et très certainement le plus haut puisque nous sommes à nouveau à 4300 mètres d’altitude. Nous avons superposé les couches au maximum pour combattre le froid mais je n’avais pas trop prévu de vêtements « hiver » dans mon sac. Cependant, vu le spectacle, on oublie vite le froid ! C’est subjuguant !
Lasse nous explique de façon très intéressante (comme toujours) le fonctionnement des geysers, et le pourquoi de leur formation. Les jets d’eau ne sont pas forcement très haut, 4 mètres pour le plus grand, quelques centimètres pour la plupart. Mais l’eau est à 85° à sa sortie, réchauffée par du magma présent 15 à 30 mètres sous nos pieds. Le magma est formé par le frottement entre la plaque pacifique et la plaque sud-américaine, qui continuent de pousser et de faire grandir la cordelière, et qui par frottement chauffent fortement et font fondre les roches. Il nous montre aussi les contours des trous de geysers qui sont plein de couleurs. Ceci n’est pas dû à l’oxydation des différents composés contenus dans l’eau et les roches, mais à la présence ici de milliers de bactéries unicellulaire qui peuplent l’endroit et profitent de la chaleur. Ces bactéries sont considérées comme similaires à celle qui ont été à l’origine du développement de la vie sur terre. Un peu plus loin, une communauté de crapauds profite de la rivière qui s’écoule des geysers et d’une eau encore à 25° pour vivre paisiblement. Nous voyons aussi quelques vigognes et flamants roses qui sont venus se perdre à cette altitude.
Après un super petit déjeuner revigorant (avec un pain au chocolat !!!!!), nous nous rendons dans une piscine naturelle de l’autre côté du site. Je suis un peu démotivé avec le froid, mais comme Marius veut absolument y aller je suis un peu forcé de l’accompagner. On ne va pas se mentir, se mettre en maillot de bain par 3° ça nécessite un peu de folie, ou d’abnégation de soi ! La traversée entre les cabines et le bassin se fait en courant pour aller se réfugier au chaud dans l’eau. Et là, je dois bien avouer que c’était vraiment et totalement génial et fou ! Au bout de quelques minutes l’eau semble un peu froide mais on se trouve un coin de bassin près des arrivées d’eau chaude pour profiter de la vue sur les montagnes enneigées et les fumerolles, en étant confortablement le corps au chaud. La sortie est très douloureuse, mais on va dire que c’était vivifiant ! Et que l’on en a bien profité !
Nous repartons du site en direction de San Pedro. Un premier arrêt sur la route nous permet de découvrir la laguna Putana, avec ses colonies d’oies Andine, et de canards à bec bleu. Les vigognes et les flamants roses sont encore de la partie pour notre plus grand plaisir ! On fait une petite marche très vivifiante au vu du vent glacial le long de la lagune. Une grande partie du groupe sera d’ailleurs resté au chaud dans le bus (bizarrement, les seuls dehors ont été les français du groupe). Sur la route en venant ici, nous avions aussi eu l’honneur de pouvoir observer deux viscachas tranquillement posés sur des rochers. Il s’agit d’un rongeur qui visuellement serait un mix entre un lapin et un écureuil, mais qui est de la famille des chinchillas en réalité.
Le dernier arrêt du tour d’aujourd’hui se fait au petit village haut perché (encore 4000 mètres d’altitude) de Machuca. Il n’y a pas un grand intérêt à part la minuscule église du 16ème siècle. C’est surtout un arrêt touristique pour ceux qui auraient envie de goûter des brochettes de lamas. D’ailleurs, en repartant nous voyons les troupeaux qui paissent tranquillement dans les prairies en contrebas du village. De retour à San Pedro, et après avoir chaleureusement remercié Lasse, et dit au revoir à Pierre et Mélanie, nous allons avec Marius déjeuner une nouvelle fois au El Huerto et son superbe jardin. Nous passons l’après-midi à l’hôtel entre sieste et autres occupations distrayantes. Les nuages sont descendus de la montagne et fait assez rare pour être noté il pleut à San Pedro. C’est bien pour les nappes phréatiques de la région, mais par conséquence et malheureusement pour nous, l’agence Flamingo avec qui nous faisons nos expéditions m’informe que le tour de demain est annulé. Nous devions aller à 4800 mètres d’altitude dans le Salar de Tara, ce devait être le point d’orgue de nos visites. Mais s’il pleut ici, il neige là-haut, et les pistes deviennent impraticables et trop dangereuses. Nous faisons donc un saut à l’agence pour voir par quoi nous pourrions remplacer cette sortie. Nous réservons donc un petit trekking guidé d’une demie journée dans le Canyon de Puritama, non loin du village de Machuca où nous sommes passés aujourd’hui.
Le réveil sonne tôt, mais on passe nous chercher à l’hôtel directement, facile ! Nous retrouvons Pierre et Mélanie rencontrés hier. Notre guide du jour est une française qui s’appelle Pauline, notre chauffeur lui est chilien s’appelle Daniel. Notre premier arrêt se fait à la Laguna Chaxa, en plein milieu du désert de sel. Le désert de sel d’Atacama a une conception différente de celui d’Argentine ou d’Uyuni. Ici, pas de grande étendue blanche, mais un mélange de sel et d’argile à perte de vue. Le réseau de rivières souterraines descendant de la cordillère des Andes ressort ici par évaporation en remontant grâce à la chaleur intense du désert, et fait aussi remonter le sel contenu dans le sol en même temps (en gros). Le fait que l’endroit reçoive très peu de pluie (quand même un peu plus que la vallée de la lune, mais moins qu’en altitude à quelques kilomètres) est dû au fait que la zone est coincée entre plusieurs cordillères, comme nous l’avons appris hier. L’eau qui ressort crée des lagunes peu profondes mais qui regorgent de micro-organismes, grâce à tous les minéraux transportés. Ces derniers sont le repas favori des flamants roses, qui sont ici par dizaines, et nous offrent de magnifiques vols. Nous apprenons aussi par l’occasion que les flamants ne sont pas roses à la base, mais prennent leur couleur car les micro-organismes qu’ils mangent sont pleins de bêta-carotène. Comme quoi l’histoire des carottes n’est pas complètement fausse, en tout cas les flamants roses eux le confirment.
Nous ne sommes pas encore montés en altitude, ce sera le cas de notre seconde étape, nous rejoignons deux lagunes au pied de deux volcans à 4200 mètres d’altitude. Nous apprenons à cette occasion que les volcans de la cordillère des Andes, en plus d’être nombreux sont encore très actifs. La laguna Miscanti et la laguna Miñiques (du nom des volcans) n’en formaient qu’une seule avant d’être séparées par une coulée de lave, il y a plusieurs millions d’année bien sûr. Cependant, elles communiquent encore en souterrain. A cette altitude, il y a moins de sécheresse et la végétation peut reprendre ses droits. En plus des flamants roses qui montent aussi ici, il y a pas mal d’autres espèces d’oiseaux. Nous retrouvons aussi nos fameuses vigognes qui mangent tranquillement leurs herbes favorites. Le programme d’origine a ensuite été changé car un des sites est maintenant interdit (car des touristes n’ont pas su respecter les règles élémentaires et ont souillé les terres ancestrales des amérindiens). Nous faisons un bref arrêt dans un petit village de 100 âmes installé dans une oasis, en visitant l’église (presque) de l’époque coloniale espagnole, et en découvrant les cultures maraichères pratiquées ici. Nous nous rendons ensuite au village de Talabre, point de départ d’une marche dans une sorte de canyon qui regorge de pétroglyphes datés d’il y a 3500 ans. Les gravures de lamas sont celles qui reviennent le plus, mais il y a aussi des gravures d’homme, de suris (les autruches locales, nous en avons d’ailleurs aperçu une vraie le matin), les zorros (renard) ou des pumas (très durs à voir à priori !). La visite de ce lieu a été programmée en remplacement, et notre guide est bien embêtée car elle-même ne l’a jamais faite, nous découvrons tous ensemble l’endroit ! Nous ne trainons pas trop car nous avons pris pas mal de retard dans le programme, et l’après midi est bien entamé, nous sommes d’ailleurs un peu tous tiraillés par la faim.
Nous faisons une pause déjeuner en fin de marche, agréablement installés à l’ombre en nous servant dans le petit buffet qu’a installé notre chauffeur Daniel pendant que nous marchions. La dernière étape sera un dernier petit village installé dans une oasis. Ici il y a plein de cultures, et même des vignes. Malheureusement, nous n’avons pas trop de temps pour en profiter car l’horaire de retour doit être respecté, des gens du groupe ont un autre transport à prendre. De retour à San Pedro, nous retournons nous reposer à l’hôtel avant le diner. Nous n’allons pas trop trainer ce soir, la journée à été longue, et celle de demain va commencer très tôt. La journée a encore été riche en beaux paysages et informations sur la région, la faune, la flore, ou même l’histoire. Nous en avons pris plein la vue, c’est certain !
Ce matin c’est grasse matinée et on traine tranquillement à l’hôtel. Nous ne partons qu’en tout début d’après-midi, une fois les sacs prêts, pour aller déjeuner dans le centre. Nous suivons un conseil reçu et nous allons au El Huerto. Le lieu est super sympa pour déjeuner, et très prisé. Les tables sont installées sous des canisses dans le jardin, il y a aussi des hamacs. Nous passons une paire d’heures à profiter de la tranquillité des lieux entre repas et partie de set. Aussi, un musicien avec sa guitare vient rajouter une petite ambiance musicale bien sympathique. Au moment où il passe avec son chapeau, quitte à lui donner un pourboire, je lui demande s’il peut jouer pour nous un morceau et si je peux l’enregistrer. Il accepte, un peu surpris par ma demande. J’ai en tête la bande originale de la future vidéo, il me questionne sur quelle musique, je lui demande donc une chanson chilienne sur ce que lui inspire le désert. Je trouve la musique belle, et j’espère que le résultat sera à la hauteur de mes espérances.
Vers le milieu d’après-midi, nous rejoignons l’agence Flamingo par laquelle nous avons réservé les expéditions. Nous partons pour la fin de journée dans la Valle de la Luna. Le nom est bien trouvé, car le paysage ressemble à celui de la surface de la lune, en tout cas moi je l’imaginerais comme ça ! Nous sommes en mini-bus avec 12 autres personnes, notre chauffeur Jorge, et notre guide Lasse. Une fois l’entrée payée pour tout le monde, nous allons directement à 11 kilomètres de là au fond de la vallée. Le premier site s’appelle Tres Marias, car des rochers auraient la forme de femmes (des vierges Marie selon le prêtre de l’époque) en train de prier, bon il faut avoir un peu d’imagination quand même ! Par contre, Lasse notre guide est vraiment super avec nous. Il est allemand mais gère le tour en espagnol et en français, l’un après l’autre. Comme nous ne sommes que 4 français, nous avons un peu un traitement privilégié et plus d’interactions avec lui. Nous pouvons poser plein de questions et Marius s’avère ultra intéressé par les sujets abordés. Il nous explique la formation des différentes cordillères par la collusion des plaques pacifique et américaine. La cordillère des Andes n’est pas la seule ici, et c’est même la plus jeune de la région. C’est aussi celle qui aura repoussée l’océan atlantique presque vers son emplacement actuel. C’est toute cette zone vidée des eaux où se trouve aujourd’hui tous les déserts de sel. La vallée de la lune ne fait pas exception, le terrain est un mélange de terre, de sable, de roches, de sel et de plâtre. Le blanc et le brun sont les couleurs dominantes, l’aspect désertique est quant à lui bien là, il n’y a pas de doute !
Nous faisons ensuite un stop aux anciennes mines de sel, l’exploitation n’aura duré qu’une dizaine d’années. Les conditions de travail étaient très dures, et dangereuses, et le résultat était aussi très coûteux. Finalement, les marais salants du Pacifique se sont avérés plus rentables. Nous pouvons encore voir les petites maisons faites de briques de terre et de sel, et quelques outillages abandonnés ici. S’en suit un tour aux dunes majeures du site. Nous sommes loin d’être seuls, mais l’effet est bien là. On est loin des dunes découvertes (et gravis) en Mongolie, le sable brun qui recouvre tout en partie les différentes roches, et la vue qui s’offre à nous sur les étendues de sable et l’étendue du plateau de San Pedro est tout simplement magique. On arrive presque à oublier toute la population touristique présente ! Nous laissons un peu tranquille Lasse avec qui nous avons passé beaucoup de temps, et que nous avons harcelé de questions. Je fais la descente en compagnie de notre chauffeur-guide Jorge, avec qui je peux échanger un peu et pratiquer mon espagnol. Il m’explique que lui comme beaucoup de travailleurs à San Pedro, viennent ici juste pour travailler quelques mois par an, mais n’y vivent pas à l’année. Les salaires ici dépendant entièrement du tourisme (pour la plupart) sont aussi un peu plus élevés que dans le reste du pays.
Le dernier stop de la vallée se situe à côté des grottes de sel. Il y a trop de monde pour y pénétrer, mais Lasse nous entraîne dans les corridors voisins pour nous montrer un phénomène bien particulier. L’effet du soleil sur les falaises salines, entre la chaleur du matin, l’ombre de l’après-midi et la fraîcheur de la nuit, font qu’un craquement dû à la dilatation de la matière s’entend très distinctement. Il nous montre aussi l’effet de l’eau sur les roches, des sillons se creusent de manière bien visible. Pourtant il ne pleut pas souvent ici, c’est un des endroits le plus sec au monde avec seulement 7mm de pluie par an, même le Sahara en a plus ! Quand il pleut, la plupart des accès aux sites sont fermés, et la vallée de la lune ne fait pas exception. Les sols ne recevant jamais d’eau, le terrain devient trop instable et propice aux éboulements et coulées de boues, c’est assez paradoxal.
Le dernier stop de la journée se passe en dehors du parc de la vallée, au Mirador de la Luna. Nous papotons un peu avec Pierre et Mélanie, le couple de français du groupe. Nous découvrons que nous allons faire ensemble toutes nos expéditions de la semaine. Nous pouvons aussi admirer le soleil couchant sur la vallée et le plateau de San Pedro depuis le point de vue, et la vue est sacrément belle (même si nous ne sommes seuls) ! A peine le soleil caché, la fraicheur fait son apparition, et nous devons aussi remonter dans le bus pour retrouver San Pedro. Une fois Lasse remercié chaleureusement, nous allons diner au coin du feu de bois dans un des restaurants de la ville, avant retourner à l’hôtel pour une bonne nuit. Nous devons prendre des forces pour la grande expédition de demain aux Lagunas Altiplanicas qui commence assez tôt.