Jour 220 – Le Sud-Lipez, retour à Uyuni

Réveil violent jour 2, la sonnerie à 3h50 du matin ça pique, mais c’est pour la bonne cause ! A 4h du matin, tout le monde est dans la voiture, on se refait le petit branchement des phares en direct sur la batterie, on met les bagages sur le toit, puis Santos nous sort sa meilleure compilation dance des années 90 et en avant Guingamp ! La piste commence rude, surtout de nuit, ça remue sévère et je passe mon temps à remettre la moumoute du tableau de bord qui glisse sans cesse et que Santos veut absolument garder.

 

Santos s’est encore un peu mis en mode Dakar pour partir aussi tôt et arriver le premier sur les sites. Le premier stop se situe aux soit-disant geysers. Il s’agit en fait des Fumarolas Sol de Mañana, un chant de fumerolles particulièrement actif le matin à la fraiche, surtout avec cette altitude car nous avons presque atteint les 5000 mètres, notre record absolu ! A vol d’oiseau, nous ne sommes pas loin des Geysers de Tatio au Chili et les deux sont probablement liés. Santos tient à nous faire faire le tour du champ de fumerolles, mais il fait encore nuit noire et seules nos lampes frontales nous permettent d’avancer, c’est dommage car du coup nous n’en profitons pas bien. Pourtant le soleil commence à pointer le bout de son nez, et à 15 minutes près nous aurions été dans le timing parfait. Mais Santos nous précipite encore et nous n’avons pas le temps d’attendre.

 

La récompense de cette précipitation arrivera quelques minutes plus tard quand nous découvrirons l’intégralité du lever de soleil. Dans un premier temps depuis le haut de la montagne qui surplombe le Salar de Chalviri, avec une magnifique vue plongeante. En face l’eau du Salar, sur les côtés les sommets enneigés. Nous continuons notre descente pour rejoindre les sources d’eau chaudes du Salar. Nous nous installons dans un des petits bassins approvisionnés en eau thermale aménagés au bord. Elle est belle la récompense pour le lever au milieu de la nuit, et de la précipitation de la visite des fumerolles, nous sommes presque seuls pour observer le soleil qui finit de se lever sur le paysage magnifique qui nous entoure, tranquillement installés au chaud dans une eau cristalline à 39°. Au bout d’une grosse demi-heure, tous les autres groupes sont arrivés, et nous laissons la place avec le sentiment d’en avoir bien profité. Pendant notre baignade, Santos a préparé le petit déjeuner, il tombe à point nommé ! Avant de reprendre la route, notre compagnon coréen quitte notre groupe car lui prend la direction de San Pedro de Atacama, qui se trouve juste derrière les massifs montagneux devant nous. Les agences s’organisent et s’entraident pour les transferts. Nous continuons donc avec un peu plus de place dans la voiture, pour le plus grand bonheur de Marius qui peut s’étaler un peu plus.

 

Nous continuons un peu notre descente vers les confins de la Bolivie en traversant le désert Savlador Dali. Pourtant le peintre n’a vraisemblablement jamais mis les pieds ici, mais il semble que les paysage de ce désert rappelle ses peintures, et son nom a été donné au lieu pour cette raison. L’étendue est déserte, dominé par le marron de la terre, entourée de massifs montagneux enneigés, et sur les pentes douces reliant les deux parties, des monticules rocheux sont là, comme posés par une main géante au milieu de ce vide, il faut avouer que l’ensemble est pour le moins saisissant.

 

Nous continuons presque jusqu’au plus loin de la piste, au bord de la Laguna Verde. Nous sommes au pied du volcan Licancabur qui culmine à 5920 mètres, nous avions eu la joie de l’observer depuis San Pedro.  La lagune est un peu moins verte qu’avant à cause du changement climatique et de la baisse du niveau d’eau, mais reste toxique car l’eau contient naturellement de l’arsenic (ce qui lui donne sa couleur). Les flamants roses n’y posent pas leurs pattes et préfèrent la lagune voisine, la Laguna Blanca. C’était ici notre point le plus éloigné, nous sommes à 330 kilomètres de piste de Uyuni, et Santos annonce le top départ pour le retour. Il est 9 heures du matin, et la journée est déjà bien entamée pour nous, mais la route s’annonce encore très longue.

 

Nous traversons des paysages tous plus fous les uns que les autres, en enchainant les passages sur l’altiplano, les déserts, les petites vallées sinueuses et boueuses, les traversées de rivières, puis nous arrivons vers 12h30 à Villa Mar pour faire une pause déjeuner, accueillis par des centaines de lamas qui semblent être bien paisibles dans les prairies entourant le village. Nous ne sommes même pas à la moitié du trajet, la journée va être longue ! Nous reprenons la route pendant plusieurs heures, en n’ayant d’autre activité qu’admirer le paysage, et les vigognes qui sont encore là par dizaines le long des pistes, pour notre plus grand plaisir !

 

Santos fait un dernier arrêt visite surprise dans un paysage qui semble sorti de nulle part et qui dénote par rapport à ce que nous avons découvert dans la région depuis que nous sommes partis. Il s’agit de l’Italia Perdida qui présente de magnifiques formations ruiniformes faite de blocs rougeoyants qui ne sont pas sans rappeler l’image que l’on a tous de l’ouest Américain. Cette pause nous permet un peu de nous dégourdir les jambes. Santos lui en profite pour refaire le plein du 4×4 depuis les jerricanes stockés sur le toit. Il sollicite Marius qui se fait une joie de grimper sur la galerie pendant que Santos siphonne le jerricane avec un tuyau pour remplir le réservoir.

 

Nous reprenons la route pour la centaine de kilomètres restant, cette fois ci comme la journée a été plus sèche la piste principale est de bonne qualité et la progression se fait plutôt rapidement. Nous sommes accompagnés par les lamas le long de la route, mais aussi, nous avons la chance de voir un petit tatou des Andes qui traverse tranquillement la piste. Il est en temps normal assez difficile à observer, et surtout, il est malheureusement chassé car sa carapace sert pour la fabrication des charangos.

 

Arrivée à Uyuni, nous récupérons les affaires laissées à l’agence, puis nous disons au revoir à tout le groupe et rejoignons notre hôtel. Nous retrouvons une connexion après 3 jours isolés. Je découvre que j’ai par inadvertance effacé tout ce que j’ai écrit pour le jour 218, le premier jour du tour, surement une fausse manipulation hier soir. Je laisse ça de coté pour le moment, et nous allons manger. De retour à l’hôtel, Marius ne fait pas long feu après les deux petites nuits que nous avons eu. Je me lance dans la tache de ré écriture, et d’écriture tout court avant de moi aussi aller dormir et de clôturer ces trois jours d’expédition.