Jour 212 – San Pedro de Atacama, « Valle de la Luna »

Ce matin c’est grasse matinée et on traine tranquillement à l’hôtel. Nous ne partons qu’en tout début d’après-midi, une fois les sacs prêts, pour aller déjeuner dans le centre. Nous suivons un conseil reçu et nous allons au El Huerto. Le lieu est super sympa pour déjeuner, et très prisé. Les tables sont installées sous des canisses dans le jardin, il y a aussi des hamacs. Nous passons une paire d’heures à profiter de la tranquillité des lieux entre repas et partie de set. Aussi, un musicien avec sa guitare vient rajouter une petite ambiance musicale bien sympathique. Au moment où il passe avec son chapeau, quitte à lui donner un pourboire, je lui demande s’il peut jouer pour nous un morceau et si je peux l’enregistrer. Il accepte, un peu surpris par ma demande. J’ai en tête la bande originale de la future vidéo, il me questionne sur quelle musique, je lui demande donc une chanson chilienne sur ce que lui inspire le désert. Je trouve la musique belle, et j’espère que le résultat sera à la hauteur de mes espérances.

 

Vers le milieu d’après-midi, nous rejoignons l’agence Flamingo par laquelle nous avons réservé les expéditions. Nous partons pour la fin de journée dans la Valle de la Luna. Le nom est bien trouvé, car le paysage ressemble à celui de la surface de la lune, en tout cas moi je l’imaginerais comme ça ! Nous sommes en mini-bus avec 12 autres personnes, notre chauffeur Jorge, et notre guide Lasse. Une fois l’entrée payée pour tout le monde, nous allons directement à 11 kilomètres de là au fond de la vallée. Le premier site s’appelle Tres Marias, car des rochers auraient la forme de femmes (des vierges Marie selon le prêtre de l’époque) en train de prier, bon il faut avoir un peu d’imagination quand même ! Par contre, Lasse notre guide est vraiment super avec nous. Il est allemand mais gère le tour en espagnol et en français, l’un après l’autre. Comme nous ne sommes que 4 français, nous avons un peu un traitement privilégié et plus d’interactions avec lui. Nous pouvons poser plein de questions et Marius s’avère ultra intéressé par les sujets abordés. Il nous explique la formation des différentes cordillères par la collusion des plaques pacifique et américaine. La cordillère des Andes n’est pas la seule ici, et c’est même la plus jeune de la région. C’est aussi celle qui aura repoussée l’océan atlantique presque vers son emplacement actuel. C’est toute cette zone vidée des eaux où se trouve aujourd’hui tous les déserts de sel. La vallée de la lune ne fait pas exception, le terrain est un mélange de terre, de sable, de roches, de sel et de plâtre. Le blanc et le brun sont les couleurs dominantes, l’aspect désertique est quant à lui bien là, il n’y a pas de doute !

 

Nous faisons ensuite un stop aux anciennes mines de sel, l’exploitation n’aura duré qu’une dizaine d’années. Les conditions de travail étaient très dures, et dangereuses, et le résultat était aussi très coûteux. Finalement, les marais salants du Pacifique se sont avérés plus rentables. Nous pouvons encore voir les petites maisons faites de briques de terre et de sel, et quelques outillages abandonnés ici. S’en suit un tour aux dunes majeures du site. Nous sommes loin d’être seuls, mais l’effet est bien là. On est loin des dunes découvertes (et gravis) en Mongolie, le sable brun qui recouvre tout en partie les différentes roches, et la vue qui s’offre à nous sur les étendues de sable et l’étendue du plateau de San Pedro est tout simplement magique. On arrive presque à oublier toute la population touristique présente ! Nous laissons un peu tranquille Lasse avec qui nous avons passé beaucoup de temps, et que nous avons harcelé de questions. Je fais la descente en compagnie de notre chauffeur-guide Jorge, avec qui je peux échanger un peu et pratiquer mon espagnol. Il m’explique que lui comme beaucoup de travailleurs à San Pedro, viennent ici juste pour travailler quelques mois par an, mais n’y vivent pas à l’année. Les salaires ici dépendant entièrement du tourisme (pour la plupart) sont aussi un peu plus élevés que dans le reste du pays.

 

Le dernier stop de la vallée se situe à côté des grottes de sel. Il y a trop de monde pour y pénétrer, mais Lasse nous entraîne dans les corridors voisins pour nous montrer un phénomène bien particulier. L’effet du soleil sur les falaises salines, entre la chaleur du matin, l’ombre de l’après-midi et la fraîcheur de la nuit, font qu’un craquement dû à la dilatation de la matière s’entend très distinctement. Il nous montre aussi l’effet de l’eau sur les roches, des sillons se creusent de manière bien visible. Pourtant il ne pleut pas souvent ici, c’est un des endroits le plus sec au monde avec seulement 7mm de pluie par an, même le Sahara en a plus ! Quand il pleut, la plupart des accès aux sites sont fermés, et la vallée de la lune ne fait pas exception. Les sols ne recevant jamais d’eau, le terrain devient trop instable et propice aux éboulements et coulées de boues, c’est assez paradoxal.

 

Le dernier stop de la journée se passe en dehors du parc de la vallée, au Mirador de la Luna. Nous papotons un peu avec Pierre et Mélanie, le couple de français du groupe. Nous découvrons que nous allons faire ensemble toutes nos expéditions de la semaine. Nous pouvons aussi admirer le soleil couchant sur la vallée et le plateau de San Pedro depuis le point de vue, et la vue est sacrément belle (même si nous ne sommes seuls) ! A peine le soleil caché, la fraicheur fait son apparition, et nous devons aussi remonter dans le bus pour retrouver San Pedro. Une fois Lasse remercié chaleureusement, nous allons diner au coin du feu de bois dans un des restaurants de la ville, avant retourner à l’hôtel pour une bonne nuit. Nous devons prendre des forces pour la grande expédition de demain aux Lagunas Altiplanicas qui commence assez tôt.