C’est une journée bien particulière qui commence par une triste nouvelle. Mamyvette, ma grand-mère paternelle, probablement la plus fervente lectrice de ce carnet de voyages s’est éteinte hier à 90 ans. Les 90 ans qui avaient été fêtés il y a quelques jours, et que nous devions re célébrer à notre retour.
Nous avons pris la décision de mettre ce voyage et ce projet en parenthèses et de rentrer pour les funérailles, c’est pour moi nécessaire de lui dire au revoir. Nous partirons demain de Cusco pour rentrer à Paris.
Nous avons pris nos dispositions pour les jours à venir, et nous reprendrons notre voyage le 1er avril, avec un vol Paris-Rio de Janeiro. Nous reprendrons ce projet qui me tient à cœur, qui nous tient à cœur, et nous le reprendrons aussi un peu pour ma mamie qui nous suivait avec tant d’enthousiasme.
La journée va être dédiée au retour vers Cusco, et il y a du chemin à parcourir. Malgré tout, Jordi ne nous fait pas lever avant le lever du soleil, et on le remercie pour ça. Une fois le petit-déjeuner pris, nous prenons nos sacs et partons en direction du bateau qui nous attend sagement depuis avant-hier. Le niveau de la rivière a bien baissé car il a moins plu, c’est assez impressionnant de voir autant de variations de niveaux. Après un faux départ car notre pilote de bateau a perdu son téléphone, nous prenons la direction de Atalaya d’où nous sommes partis avant-hier, et où nous attend notre chauffeur Americo avec le mini-bus.
A peine quelques centaines de mètres parcourus, nous avons la chance de pouvoir observer une famille de capybara, le plus grand rongeur du monde. J’avais pu en voir au zoo de Santa Cruz en Bolivie, mais avoir la chance d’en observer dans leur environnement, et surtout une famille de cinq individus est vraiment un privilège. Nous continuons notre route à contre-courant pendant plusieurs heures. Le retour s’en trouve rallongé en comparaison de l’aller pour cette raison. Nous voyons Johann, le pilote du bateau essayer de trouver les endroits où le courant est moins rapide, mais parfois nous avons l’impression de faire du surplace.
Une fois au port, nous repartons sur la route pour remonter dans la Cloud Forest, et rejoindre pour déjeuner le lodge où nous avons passé la première nuit. De là, il nous reste beaucoup d’heures pour rejoindre Cusco, et une longue ascension à travers la jungle, puis la forêt, le tout à flanc de montagne, les points de vue sont impressionnants. Du lodge nous étions à 700 mètres d’altitude, et il nous faut atteindre les 3300 mètres de haut de Cusco.
La raison pour laquelle nous étions partis tôt le premier jour était la fermeture en journée de la route pour travaux. La raison est toujours d’actualité, et c’est en avance sur l’horaire officiel que nous arrivons dans la zone où les ouvriers travaillent. La route est purement et simplement coupée, une pelleteuse est en train de creuser pour la refaire. Nous devons patienter un bon moment avant de pouvoir reprendre et terminer notre route. Il est bien déjà bien tard quand nous rallions Cusco et notre point de chute fétiche, l’hôtel La Bo’M.
Jordi nous réveille au lever du jour, il nous faut maintenant retourner au lodge à une heure de marche. Nous sortons doucement du sommeil, et remballons nos affaires. C’est à ce moment-là qu’une araignée gigantesque sort de derrière un sac. Jordi la pousse tranquillement vers le bord, avant de nous annoncer tout aussi tranquillement que c’est une des espèces les plus dangereuses de la jungle…. On se dit que c’est mieux pour nous de découvrir ça au moment de partir !
Nous marchons sans trop d’arrêt et les yeux encore embués de sommeil. Nous découvrons en route un escargot encore plus gros que celui de la veille, il est gigantesque et d’après Jordi doit avoir entre 15 et 20 ans, c’est complètement fou. Nous le sortons du chemin pour le préserver des marcheurs suivants, ce serait dommage de finir une aussi longue vie comme ça. Une fois au lodge et le petit déjeuner pris, nous nous rééquipons et repartons pour une marche matinale. Nous découvrons des petits sentiers à travers la jungle pendant plusieurs heures. Jordi et Leni nous font faire un tour des espèces végétales et animales que nous croisons. De jour c’est surtout végétal, avec tout un panel de fruits exotiques, mais aussi des bananiers, orangers et citronniers de taille impressionnante. Ils se donnent aussi pour mission de faire tomber des noix de coco. Coté animal, ce sont surtout les observations de fourmis qui nous occupent. Il y a plein d’espèces différentes, certaines un peu dangereuses, la plupart non. C’est un peu un rappel de nos lectures passées de la Saga « Les Fourmis » de Bernard Werber.
L’une des espèces est intéressante, elle s’est spécialisée en transport de feuilles, qu’elle laisse ensuite pourrir dans des salles qu’elles creusent pour cultiver des champignons pour se nourrir. C’est assez impressionnant et fascinant de voir ces colonnes de fourmis transporter des bouts de feuilles 10 fois plus gros que chacune d’elles, mais aussi de voir le résultat avec de feuilles complétement et méthodiquement déchiquetées. Une autre espèce que nous voyons beaucoup, ce sont les termites. Jordi nous explique que les locaux les utilisent comme répulsif naturel contre les moustiques (ces derniers sont toujours autour de nous). Pour ce faire, il faut percer un petit trou dans une termitière, puis poser sa main et laisser les termites monter dessus. Ensuite il faut les étaler sur la peau, en faisant si on y réfléchit bien un génocide de termite. S’en résulte une odeur mélangée de menthol et d’essence de bois qui, il semble, repousse les moustiques. J’ai essayé, et c’est vraiment surprenant, et un peu déroutant aussi comme expérience.
Après nos pérégrinations dans la jungle, nous faisons une pause au bord d’une des rivières qui traverse la zone pour savourer les noix de coco cueillies, avant de continuer notre chemin jusqu’au lodge. Nos passons par un chemin différent et traversons une des bambouseraies de la jungle. C’est l’occasion pour nous tous de gouter l’eau de bambou, dont je n’avais pas connaissance de l’existence jusqu’à ce matin ! Il parait que les propriétés sont plutôt intéressantes. Jordi profite de ce moment pour nous parler un peu plus du tapir que nous n’avons pas vraiment vu cette nuit, mais qui utilise ce type d’environnement comme habitat, et refuge aussi pour fuir les jaguars qui sont un de ses seul prédateurs.
De retour au lodge et une fois avalé le superbe déjeuner préparé par Bernardino, nous nous offrons une bonne sieste salvatrice pour passer le début d’après-midi. Jordi nous donne rendez-vous un peu plus tard pour repartir à nouveau en excursion. Nous partons cette fois-ci en direction d’une des tours d’observation de la zone. Il s’agit d’une tour en métal d’une vingtaine de mètres de haut avec une plateforme au sommet, le tout permet d’observer les espèces d’oiseaux qui vivent et passent par la canopée environnante.
Nous restons une paire d’heure là haut, un autre groupe aussi. Le moment est assez magique, nous sommes accompagnés par le soleil déclinant, et le vol de beaucoup d’espèces. Nous avons le loisir d’observer aux jumelles ou au télescope plein d’oiseaux de passage : des perroquets, des macaos, des toucans, des pic-vert etc… Les couleurs des robes sont la plupart du temps magnifiques, et chatoyantes. C’est un régal pour les yeux, et toujours un plaisir de découvrir les espèces dans leur environnement. Nous sommes accompagnés sur la plateforme par des dizaines de criquets verts très curieux, et malheureusement aussi, des centaines de petits moucherons qui ne nous lâchent pas d’une semelle. C’est malgré tout un super moment passé là-hau.
Une fois que le jour a bien décliné, nous redescendons et attaquons notre marche de nuit pour rejoindre le lodge. C’est un autre visage de la jungle que nous découvrons, ici vivent au final (il me semble) plus d’espèces nocturnes que diurnes. Premièrement au niveau des insectes, nous sommes entourés par des centaines d’entre eux, attirés par nos lampes frontales, ils ne nous lâchent pas d’une semelle pendant notre avancée. Après nous découvrons pendant notre marche les espèces typiques de la jungle : les tarentules et autres araignées gigantesques, serpents, phasmes et grenouilles. Nous ne verrons pas ce soir de lézard et autres mammifères, mais l’heure de traversée pour rentrer aura déjà apportée son lot d’émotion. Clémence pourra le confirmer, car quand on connaît son amour de ces petites bêtes (et surtout les araignées), on comprend qu’elle n’ait pas passé un super moment.
Une fois au lodge et après une douche plus que méritée, nous nous remettons de nos émotions autour d’un bon repas préparé par Bernardino. Pour ce dernier soir, nous avons même le droit à un peu de vin doux péruvien, histoire de tous trinquer tous ensemble après cette aventure. Jordi nous expose le programme de demain, et de notre retour vers Cusco qui s’annonce très long, avant que nous retournions chacun dans notre chambre pour savourer une vraie nuit dans une vrai lit.
Se réveiller après le lever du jour est déjà un petit bonheur dès le matin. Après le petit déjeuner, nous quittons ce premier lodge et repartons avec l’équipe en minibus. Nous continuons notre avancée, d’abord avec deux petits villages où notre cuisinier Bernardino se ravitaille, nous faisons un arrêt sur un pont métallique en sortie de la ville en attendant, et reprenons nos observations. Nous continuons ensuite dans la jungle, la végétation se densifie, et en contrebas nous découvrons un des affluents du Rio Alto Madre de Dios. Nous faisons un arrêt dans une plantation de coca, et Jordi nous fait une petite explication. Malheureusement, une grosse partie de ces cultures est illégale, et seulement une petite partie de la récolte est utilisée en infusion ou pour mâcher. La police du coin sait qu’il y a des cultures et reste à l’affut d’éventuels transports de grosse quantité. A priori cela ne suffit pas et le marché noir de Cusco reste bien alimenté.
L’arrêt suivant nous donnera quant à lui un aperçu de la rivière que nous allons emprunter, et un magnifique point de vue sur la jungle. Nous finissons de descendre par la route pour rallier la basse jungle, et le petit village de Atalaya à partir duquel nous prenons le bateau. Là, nous laissons notre chauffeur de minibus, Americo de son nom, qui nous attendra jusqu’à après-demain. Par contre, nous partons avec Bernadino et Leni (l’assistant cuisinier et guide) et bien sûr toujours Jordi. Se rajoute à l’équipe Johan (le pilote du bateau) et Gustavo (son assistant et aussi frère de Jordi). Ce village est celui d’origine des deux frères, et nous avons même l’honneur de rencontrer leur mère.
Nous voilà tous embarqués sur le bateau, c’est assez fou la vue que l’on a d’ici. On est bien installés, on observe les oiseaux aux jumelles (dont des perroquets et des flamants roses), on profite de la vue et de l’évolution de la jungle. Le niveau de la rivière est très haut en ce moment, nous sommes en pleine saison des pluies. D’ailleurs, nous avons plusieurs averses durant le trajet.
En fin de matinée, nous faisons un arrêt au niveau de sources d’eau chaude. Nous nous offrons un bain d’une petite heure, pendant que Bernardino prépare le déjeuner. Toute l’équipe sauf lui (dommage !) profite du bain, c’est vraiment agréable comme endroit. Ce n’est pas un endroit réservé aux touristes, puisque nous partageons le lieu avec des péruviennes et leurs enfants qui barbotent. C’est aussi l’occasion de pouvoir rigoler et échanger avec le staff qui voyage avec nous. Après le bain, nous remontons sur le bateau pour continuer le voyage, et l’on nous sert à manger directement pendant le trajet. La situation est un peu improbable mais ce n’est pas désagréable. Nous sombrons dans le sommeil durant la suite du trajet, et Jordi nous réveille un peu plus tard pour débarquer, les pieds dans la boue au milieu de nulle part.
Nous marchons ainsi pendant 5 minutes, dans la boue au milieu de la jungle, toujours pieds nus. Puis nous arrivons d’un coup au milieu d’un lodge dans le même style que celui de la précédente nuit. Jordi nous donne un petit temps de pause pour profiter d’une douche et refaire un petit sac. Après un gouter, nous partons nous enfoncer dans la jungle pour atteindre la tour camouflée de 5 mètres de haut qui sert de poste d’observation. Nous passerons la nuit là-bas.
Nous marchons pendant une heure pour nous enfoncer dans la jungle, les moustiques essaient de faire de nous leur quatre heures, mais nous nous sommes enduits de répulsif au maximum. Pour marcher, Jordi nous a fait troquer nos chaussures de marche pour des bottes, et ce n’est pas plus mal vu la boue et le nombre de ruisseaux qu’il y a à traverser. Ici tout est plus grand, les arbres, les feuilles, les insectes mais aussi les escargots ! Nous en croisons un qui grimpe à un arbre et qui fait presque 10 centimètres. Nous faisons quelques arrêts pour observer des oiseaux, Jordi est impressionnant car il parvient à les détecter, mais surtout les reconnaitre. Leni qui nous accompagne aussi se débrouille très bien. Une heure après nous arrivons à la tour de camouflage et d’observation.
Un autre groupe est déjà en place, nous nous installons à notre tour et de notre côté. Nous disposons des matelas par terre, et des moustiquaires au-dessus, le tout face à des interstices créés entre les feuilles de bananier séchées qui recouvrent le bâtiment. Nous n’avons plus qu’à attendre la nuit et surtout les animaux. Très vite le noir s’installe, nous dinons ce que Bernardino nous a donné, tranquillement installés sur notre matelas. Puis avec l’autre groupe, nous nous partageons des tours de garde d’une heure pour surveiller la zone avec des balayement de lumière toutes les 3 minutes. Nous avons pour mission de réveiller les autres si nous voyons quelque chose. Jordi commence (la chance) et dès le début de sa garde un tapir se présente. C’est principalement pour eux que nous sommes là, mais nous ne pouvons le voir que furtivement et nous n’aurons pas le temps de réveiller tout le monde.
Arrive mon tour de garde à 22 heures. Nous partageons un matelas avec Clémence et je la réveille malgré moi, nous finissons par faire ensemble notre garde, à deux et jusqu’à minuit. Je lis entre les balayages de lumière, Clémence se rendort un peu, et aussi nous faisons des petites comptines sur le tapir qui ne se présente toujours pas, nous ne verrons finalement rien du tout pendant notre tour de garde.
Le Tapir est tapi dans noir sur le sol tapissé de feuilles
Papi, vois-tu le Tapir tapi dans le noir depuis le haut de ton observatoire ?
Tapir, Tapir as-tu repéré Papi ?
Papi, Papi, y a-t-il une chance de voir le Tapir sortir du noir depuis ton observatoire ?
(C’est ma version, nous tairons celle de Clémence qui était légèrement plus violente, en raison notamment du sommeil qui l’habitait à ce moment-là)
Nous serons finalement réveillés deux fois pendant la nuit, mais pas pour des tapirs, seulement pour des cerfs, ce qui est bien tout de même. Nous finirons notre nuit assez tranquille, dans la chaleur de notre moustiquaire et au milieu de milliers de bruits de la jungle.
A peine le réveil sonne, le veilleur de nuit de l’hôtel frappe à notre porte, le mini bus qui vient nous récupérer est déjà là, avec 20 minutes d’avance. C’est un peu le branle-bas de combat, on se prépare en vitesse, pour finalement sortir de l’hôtel à l’heure prévue, 3 heures du matin. Le minibus récupère le reste de l’équipe de l’agence, dont Alexis qui sera notre guide aujourd’hui, et Karla, une américaine avec qui nous partagerons l’excursion. Nous sommes donc un groupe de 3 seulement, c’est plutôt confort.
La route est sinueuse, et très vite elle se transforme en piste. Nous essayons tant bien que mal de continuer notre nuit. D’ailleurs, à part le chauffeur et l’assistant, tout le monde dort, guide et cuisinier compris. Nous devons nous arrêter plusieurs fois pour que le chauffeur libère la piste de pierres qui restent après les éboulements fréquents durant la saison des pluies. Une fois, nous devons vraiment attendre un bon moment car c’est à la pelleteuse que la piste est en train d’être libérée.
Autour de nous, nous voyons le paysage évoluer au fur et à mesure du voyage. Nous passons des paysages andins à la Cloud Forest, la végétation évolue, mais les températures aussi car elles sont au fur et à mesure à la hausse. Alexis nous fait un speech d’introduction, il nous explique les différents types de foret, le pourquoi de leur présence ici et de l’ensemble de la forêt Amazonienne. Il nous explique aussi le concept des interactions entre espèces et végétaux sur le globe, et que tout est lié, tout changement à un endroit a une influence à un autre endroit. Par exemple, le réchauffement climatique dans certaines régions, et la fonte des glaciers a pour conséquence un refroidissement de la température en Amazonie. La conséquence est la fragilisation des écosystèmes, et la disparition en masse de certaines espèces.
Pendant notre descente vers la jungle, nous faisons plusieurs arrêts pour marcher et observer notre environnement. Alexis est un peu endormi lui aussi mais il essaie de nous donner quelques explications. Nous observons aux jumelles, nous essayons tout du moins de nous familiariser avec ce mode d’observation. Nous découvrons les végétaux de la Cloud Forest, et les oiseaux et insectes qui y vivent.
Après le déjeuner, un autre minibus de l’agence, qui lui revient de la jungle, arrive. C’est le moment de changer de guide. Alexis va raccompagner le groupe qui finit son excursion, et nous nous repartons avec Jordi, qui sera notre guide pour les 4 jours. Lui est originaire de la jungle, et en quelques minutes on voit la différence de style. Il est passionné, et à l’affut constamment. Nous partons à pied, et 2 minutes après il nous stoppe, il vient de voir des singes qui sautent d’arbres en arbres ! Il s’agit plus précisément de Wool Monkey, une espèce endémique de la région et de cette altitude (environ 1600 mètres). Il installe le télescope, nous regardons à travers les jumelles, ce que nous voyons est fascinant. Nous les suivons presque un quart d’heure depuis le chemin, nous découvrons un groupe d’une quinzaine d’individus, avec des petits, des grands, des vieux, et même un bébé accroché sur le dos de sa maman ! C’est juste subjuguant !
Nous faisons encore quelques arrêts pendant le chemin qui nous reste jusqu’au lodge. Autour de nous, les bambous, les fougères géantes et les palmiers font leur apparition. Nous faisons notre entrée dans la haute jungle, nous sommes ce soir à 700 mètres d’altitude. Juste à l’entrée du lodge, un groupe de perroquets très colorés et à dominante verte jacasse tranquillement dans un grand arbre. Nous faisons une dernière observation avant que la pluie tropicale fasse son arrivée et nous fasse rentrer à l’abri. Nous sommes surpris par la qualité de l’hébergement de ce soir, nous avons même notre propre lodge privé. Ce séjour commence décidément très bien !
Le programme de la journée : repos et mise à jour du carnet de voyages (et c’est bien suffisant !). Nous faisons un tour à l’agence Bonanza pour récupérer des sacs pour le trek dans la jungle qui commence demain. Nous serons encore hors connexion pour les 4 prochains jours ! Dans l’après-midi, nous papotons un peu avec Remi, un français qui vient d’arriver dans l’hôtel, et nous mangerons finalement ensemble à la crêperie le soir. Il ne nous reste plus qu’à refaire nos sacs avec notre linge propre, et à faire une petite nuit, le départ est prévu à 3 heures du matin…
Le réveil n’est pas matinal mais carrément au milieu de la nuit. C’est à 3 heures du matin que nos chers porteurs viennent nous réveiller, comme à leur habitude avec une infusion de coca. Cette fois-ci ils nous glissent un petit sac pour le petit-déjeuner, nous plions nos affaires et tout le monde se retrouve dans le noir pour le départ. Nous marchons à peine 10 minutes à la queue leu leu à la lumière de nos frontales jusqu’au poste de contrôle. Ce dernier n’ouvre qu’à 5h30, mais les guides se sont mis en tête qu’il faut absolument être les premiers et ils font lever et attendre leur groupe dans le froid et le noir. Bien sûr il n’y a pas de places assises pour tout le monde, ni un toit assez grand pour tous se protéger de la pluie.
Tout ceci nous semble bien ridicule et nous n’avons que faire de passer les derniers. Ce sera une heure durant laquelle nous devrons attendre, et nous assisterons à un bel exemple de bêtise humaine et de non solidarité. Chacun se bataille pour un bout de place assise sans penser à son voisin, nous montons tous les deux légèrement en pression. Une fois le passage ouvert, chaque groupe se précipite sur le chemin comme si sa vie en dépendait. Je suis tellement surpris par le monde qu’il y a (vu l’attraction touristique que représente le Machu Pichu, on aurait pu s’y attendre ! et on est déjà chanceux de ne pas avoir vécu ça avant, dixit Clémence). Nous décidons de ne pas céder à la frénésie et de prendre notre temps pour parcourir les 5 kilomètres qui nous séparent de la Porte du soleil et du premier point de vue sur le fameux Machu Picchu.
Le réveil matinal se sent, et nous restons énervés face aux comportements égoïstes de certains groupes et guides qui nous talonnent durant la marche. Mais découvrir enfin ce lieu culte après toute ces heures de marche est une vraie victoire, et un bel accomplissement. Nous faisons une pause face à la vue et prenons plein de photos. Le Machu Picchu semble comme posé sur les montagnes, baigné dans les nuages et entouré de sommets encore plus hauts, en contrebas la rivière Urubamba coule fougueusement. Ce tableau et magnifique, un peu surréaliste et magique aussi. Nous avons raison d’en profiter car à peine nous attaquons la dernière ligne droite vers le site que les nuages viennent l’envelopper et bloquer la vue. Le long du chemin qui nous emmène jusqu’à l’entrée publique, il reste encore quelques constructions Incas et Lizandro nous raconte encore un peu leur histoire, enfin ce qui est supposé être car tout ce qui est rattaché à ce peuple est encore entouré d’énormément de mystère. Il nous parle aussi de leurs croyances auxquelles les descendants Incas croient encore, et notre guide aussi (par exemple, à chaque repas, il jetait un peu de nourriture sur le sol comme une offrande à la terre).
Nous faisons une petite pause à l’entrée publique, retrouvons un brin de civilisation et nous apposons le tampon officiel du Matchu Picchu dans nos passeports. Ensuite, nous rentrons à nouveau dans le site pour faire un petit tour guidé. Lizandro bataille avec la sécurité à l’entrée pour qu’ils nous laissent nos bâtons. Il y a beaucoup de règles très strictes sur le site, et certains agents semblent faire un peu de zèle.
Lizandro continue de nous donner des informations sur ce haut lieu Inca. Cet endroit était habité par il semble environ 1000 personnes, et était un lieu de pèlerinage très important. Les pèlerins passaient par le chemin que nous avons parcouru, ce dernier était le chemin religieux réservé aux élites. Un autre chemin passait dans la vallée le long de la rivière, pour les relations commerciales principalement. La cité était un haut lieu des instances dirigeantes et religieuses. Incas signifie en réalité « les rois ». Le peuple semble lui plutôt dénommé par le nom « Quechua », et n’avait pas forcement lieu d’être ici car il n’y avait pas d’agriculture. Les multiples terrasses n’étaient a priori que des jardins d’agréments (d’après notre guide, mais on a entendu un autre guide juste à côté expliquer le contraire !), et descendaient de la cité jusqu’à la rivière. Les emplacements des temples étaient stratégiques par rapport aux solstices, et par rapport au placement du soleil. Tout semblait très bien pensé et étudié.
Mais nous devons écourter la visite et nous séparer du groupe. Au moment de la réservation du trek, j’ai aussi voulu réserver une ascension complémentaire, celle de la Montaña Machu Picchu. La cité est entourée de deux sommets accessibles, le Waynapicchu, et la Montaña. Cette dernière est la plus haute, et aussi celle d’où les célèbres photos sont prises. Malheureusement, les nuages semblent accrochés et bloquent la vue. Avec Clémence, nous partons quand même à l’ascension, malgré le fait que nous en ayons un peu plein les pattes, et en espérant que les nuages se dispersent. Ce ne sera pas le cas, et après 1h30 de montée, uniquement sur des marches en pierre, nous approchons le sommet. Malheureusement, pas de dégagement de nuages et la seule image que nous aurons sera celle du panneau au sommet, c’est une petite victoire, un peu amère quand même. Nous descendons assez rapidement pour avoir encore du temps pour visiter la cité.
Nous faisons un tour des lieux, en gardant en tête les explications de Lizandro. Nous essayons d’en profiter au maximum, mais il est déjà tard et nous sommes bien fatigués. Nous ne nous attardons pas plus que ça, finalement la vue de haut est tellement impressionnante que parcourir infiniment les ruelles et les ruines de la cité n’a pas un intérêt flagrant. Nous profitons juste de la balade, des bâtiments, et des lamas qui peuplent les lieux (et les entretiennent gratuitement !), nous en avons tout de même plein la vue. Nous finissons notre tour, sortons du site et prenons le bus qui va nous permettre de descendre dans la vallée jusqu’à Aguas Calientes, ville la plus proche, aussi nommée Machu Picchu Pueblo. Nous y rejoignons le groupe pour déjeuner ensemble, même si eux sont arrivés bien avant nous.
C’est aussi l’occasion de dire au revoir, et un immense merci à nos guides Lizandro et Jorge qui partent avant nous. Nous passons l’après-midi à attendre ensemble, notre train n’est qu’à 18h. Nous sommes bien harassés, et ce retour à la civilisation est si soudain. Nous sommes bien confortablement attablés, et les trains passent en pleine rue juste derrière nous ! Nous nous offrons tous une pause gourmande à « la boulangerie de Paris », une petite saveur du pays est avec nous. D’ailleurs tout le monde, Allemands et Américain compris apprécie bien ! Il est ensuite temps pour nous tous de rejoindre la gare et de prendre le train. Nous le faisons tous ensemble, en groupe, ce groupe qui aura été pour nous un vrai coup de cœur et avec qui nous aurons passé de très bons moments.
C’est alors une grande découverte, nous nous installons dans des wagons avec de larges fenêtres, même sur les angles du toit. Ils sont aussi très confortables, assez luxueux. Par contre, vu le prix du billet, il n’y a au final que des touristes qui voyagent. C’est assez surprenant, mais nous sommes dans le premier wagon, et la cabine du conducteur est dans un coin, nous avons donc une vue directe sur la voie. Les paysages qui défilent sont complètement fous, la jungle est autour de nous, la rivière Urubamba est le long de la voie qui se faufile à flanc de montagne. Tout ça semble improbable après notre trek, et nous avons aussi la sensation de vivre une seconde journée. La compagnie de train a même organisé un mini show dans l’allée du wagon, les stewards défilent tantôt en habits de carnaval, tantôt ils font un défilé de mode pour présenter des vêtements en alpagua, le tout entre les services de boissons et nourriture, ce moment est improbable ! Nous aurions préféré un retour plus calme, et profiter uniquement de la nature environnante sans musique ni animation.
Le train n’arrive pas jusqu’au centre de Cusco, nous devons prendre un bus de la gare jusqu’à la ville. C’est donc bien tard que nous rejoignons notre hôtel (23h !!), et que nous pouvons avec bonheur retrouver une douche, et un vrai lit !
La pluie tombe sans discontinuer toute la nuit. Le matin elle n’a toujours pas cessée quand nous devons nous lever, réveillé à 5 heures du matin par les porteurs avec une tasse d’infusion de coca. On a froid, on est mouillé mais on s’équipe au mieux (et clairement on est les mieux équipé du groupe) et on se met en route, dès 6h30 du matin.
La première partie grimpe beaucoup, et toujours sous une pluie diluvienne. En cours de montée, on visite le premier site Inca de la journée, Runkurakay. Les noms des sites ne sont pas ceux originaux, ceux-ci se sont perdus dans les mémoires et le temps. Ce sont les noms donnés par les archéologues lors des redécouvertes, celui-ci fait référence à la forme d’œuf de ce site. Ce dernier était probablement un poste de surveillance, car il a une vue idéale sur le chemin, mais aussi il devait avoir la fonction de poste relais. Lizandro parle beaucoup, il nous donne beaucoup d’explications intéressantes, mais on a très froid à cause du vent et de la pluie, nous avons un peu de mal à nous concentrer ! On reprend et nous finissons la montée. Nous venons à bout des 300 mètres de dénivelé positif de la matinée, et heureusement la pluie cesse enfin.
La descente est aussi bien rude, elle se fait par des marches en pierre petites et glissantes, nous bénissons bien les bâtons de marche ! Nous avançons un moment comme ça, jusqu’à découvrir sur un pic en face de nous une cité Inca, elle surgit d’un coup, c’est impressionnant ! Nous laissons nos sacs au pied de l’escalier qui permet d’y accéder, c’est plus facile de monter en étant léger.
Le site surplombe la vallée, on devine le campement du déjeuner à quelques encablure de là. Le lieu est labyrinthique, nous passons par de petites chambres, de plus grandes pièces, dévalons les escaliers et découvrons les différentes terrasses jusqu’à la terrasse principale, celle au bout qui surplombe la vallée et la forêt qui semble infinie en dessous de nous. On ressent aussi que le climat se réchauffe, qu’on perd de l’altitude et qu’on se rapproche de la jungle. Le site est posé sur le rocher de la montagne, au milieu des murs surgissent des monolithes. Lizandro nous explique que les Incas, dans le respect de la Pachamama (la terre mère) ne creusait pas, ou essayaient de ne pas modifier les lieux, mais juste de s’implanter dessus et autour des éléments naturels déjà en place avant leur arrivée.
Après une petite heure de marche en plus nous rejoignons le lieu du déjeuner. Le campement est déjà installé par nos porteurs, qui comme à leur habitude nous applaudissent quand nous arrivons. C’est un peu gênant car ils produisent deux fois plus d’efforts que nous, et nous ne pouvons que les applaudir en retour. En attendant le repas, nous faisons une séance d’étirement de groupe (bien nécessaire), mais surtout une séance photo avec deux lamas confortablement et tranquillement installés à côté du camp. Après le repas, Lizandro nous fait la présentation officielle de l’équipe des porteurs et du chef cuisinier, puis nous faisons une photo tous ensemble, en profitant du panorama du lieu. Nous trouvons que cette présentation des porteurs arrive un peu tard, et qu’il va être dur de pouvoir partager des moments avec eux.
Nous repartons ensuite sur le chemin qui est vallonné le long du flanc de la montagne. C’est d’après Lizandro la plus belle partie du trek, et cela se confirme. La vue est majestueuse et les paysages grandioses. Nous sommes surpris par le rapide changement de la végétation autour de nous au cours du chemin. Plus on descend plus on arrive vers la jungle, les bambous grossissent, les mousses envahissent les troncs. On se retrouve tranquille sur le chemin, notre groupe est isolé mais on peut aussi marcher uniquement tous les deux. Nous sommes en queue du cortège de touristes, mais surtout tous les marcheurs sont étalés sur cette très grande portion.
Cette portion se fait sur le chemin originel, il est impressionnant par le parcours emprunté, et sa conception. Les pierres ont été lissées par le temps, et cela facilite grandement la marche. Le chemin nous amène jusqu’au site de Phuyupatamarca, qui est entièrement installé à flanc de montagne, à 3600 mètres d’altitude. C’était selon Lizandro un centre religieux ouvert, pour les pèlerins qui empruntaient ce chemin. Nous découvrons en plus des dizaines d’étages de cultures, les ruines des maisons des sacerdoces (prêtres incas) qui géraient l’endroit, et leurs sublimes terrasses avec vue. C’est aussi l’endroit où la meilleure puchline du trek aura été prononcée (au cours d’une séance de superlatisf à l’américaine en groupe face à la vue) : Make the Incas great again !
On descend en s’enfonçant dans la forêt par un escalier en pierre, qui est parfois envahi d’eau et se transforme en ruisseau. La forêt devient la jungle, et il y a un côté mystérieux dans cette traversée. Les paysages sont fous, surtout que nous sommes dans une « Cloud Forest » à cette altitude. La jungle embaumée de nuages nous fait sentir comme dans un rêve. C’était tellement fou et incroyable qu’on ne trouvait pas de mots pour exprimer notre ressenti : dans le groupe, on enchainait les références aux films (Le livre de la jungle, Alice au pays des merveilles avec les escaliers en colimaçon qui s’enfoncent dans la forêt, etc.)
Avant d’arriver au campement, nous faisons un détour d’une trentaine de minutes pour visiter le dernier site Inca du jour. C’est un site de cultures en étages impressionnant par sa taille. Il est occupé par des lamas qui paissent paisiblement. Nous faisons une séance photo sur un des étages avec ceux du groupe qui ont suivi ce détour, nous surplombons la vallée et la rivière Urubamba. Il y a des marches en pierre incrustées dans les murs entre les étages (flying steps) pour passer d’un étage à l’autre, c’est un système assez ingénieux. Ce qui est impressionnant aussi, c’est le très bon état de conservation des lieux.
A l’arrivée au campement, nous découvrons que tous les groupes sont étalés dans la zone définie par les autorités en charge du chemin, il y a 400 personnes au total ce soir. Il est tard et la nuit tombe, la journée a été très longue avec plus de 10h de marche cumulée. Nous avons le droit à notre traditionnel gouter, mais ce soir les porteurs nous font une surprise, ils ont préparé un gâteau, on ne sait pas comment ils ont fait ça avec les moyens du bord. Nous avons finalement peu de temps avant le diner, puis s’ensuit la tradition du pourboire. Il est dit que ce n’est pas obligatoire, mais il est vrai que traditionnellement le groupe se cotise pour distribuer un pourboire aux porteurs qui font un travail de forçat. Ensuite nous ne trainons pas, tout le monde va au lit, il est déjà 22 heures et le réveil est prévu pour 3 heures du matin.
Nous nous faisons réveiller à 5h30 par l’appel des porteurs qui nous apportent directement dans la tente une infusion de coca. Le luxe continue ! Nous pouvons nous réveiller doucement, ranger nos affaires et refaire nos sacs. Nous nous mettons en marche vers 7h du matin après le petit déjeuner.
La matinée va être très longue, nous ne déjeunerons qu’une fois arrivés au camp de base de ce soir. La pluie tombe à plein pendant le petit déjeuner mais une fois en marche, la météo redevient plus clémente, même agréable car il ne fait pas trop chaud. Et tant mieux car ce n’est pas moins de 1200 mètres de dénivelé qui nous attendent !
Ça monte sévère, au début dans la forêt, en utilisant des marches, puis à découvert pour arriver au sommet à 4200 mètres d’altitude. Nous faisons des grandes pauses où nous retrouvons le groupe, mais chacun marche un peu à sa vitesse, comme il peut. La montée est réellement éprouvante. Les paysages sont magnifiques mais nous avons le souffle court. Après la montée qui nous a semblé interminable, nous attaquons la descente, et c’est 600 mètres avec un chemin et des marches en pierre, ce n’est guère plus facile. Finalement nous arrivons en début d’après-midi bien harassés.
Nos porteurs, toujours aussi exceptionnels sont partis après nous ce matin (car ils ont rangé tout le campement et les tentes), et quand nous arrivons tout le campement de ce soir est déjà monté. Nous déjeunons puis chacun se pose dans sa tente pour une sieste, on sent que la fatigue a gagné le groupe. A 17h30, Lizandro nous a donné rendez-vous pour nous présenter officiellement les porteurs. Malheureusement, une partie d’entre eux a dû repartir pour aider un des membres du groupe en difficulté. En réalité, l’un d’entre nous peine à suivre depuis le début du trek, et Jorge, le second guide est resté avec lui pour aller à son rythme. A priori, ce soir il était encore en difficulté dans la montée, et les porteurs sont allés aider Jorge pour le redescendre. Ce qui veut dire qu’ils vont faire deux fois le chemin fait aujourd’hui, certes sans sacs, mais nous avons quand même beaucoup de compassion pour eux.
De notre côté, nous sommes dans le luxe et le confort, nous nous faisons un gouter en papotant avec les autres membres du groupe. L’ambiance est bonne et nous nous entendons tous bien. Nous ne bougeons pas de la tente « salle à manger » et enchainons le repas, rejoint par notre guide Lizandro. Une fois le repas fini et le briefing fait, nous ne trainons pas trop et chacun rejoint sa tente, le réveil de demain est encore prévu tôt. Nous avons une grosse pensée pour nos porteurs partis à la rescousse du dernier membre du groupe, qui vont revenir de nuit et qui vont également commencer la journée de demain très tôt.
Le réveil est difficile, la nuit fut courte, surtout pour Clémence qui a été prise d’insomnie (probablement due à une trop forte consommation d’infusion de coca). Notre guide Lizandro vient nous chercher puis nous rejoignons le mini bus et le groupe, et notre second guide Jorge Luis. Le bus finit le tour de récupération des différents participants avant de se mettre en route. Nous partons vers le point de départ de la marche, au km 82 de la route vers Aguas Calientes.
Sur le parking, nous étalons nos affaires et finissons d’empaqueter nos sacs, mais nous sommes de petits joueurs à côté des 14 porteurs qui vont nous suivre pendant les 4 jours. Avec Clémence, nous trouvons nos sacs un peu lourds, mais ce n’est rien comparé à eux. Nous nous mettons ensuite en route pour cette première étape. Nous traversons des paysages tous plus beaux les uns que les autres. C’est très vert, en contre-bas coule une rivière et nous voyons aussi le chemin de fer qui relie Cusco à Aguas Calientes (par lequel nous rentrerons), nous entendons aussi parfois les trains. Pendant la matinée, nous faisons un arrêt pour observer les ruines d’une cité Inca, c’est assez impressionnant comme emplacement. Nous ne sommes pas seul sur le chemin, il y a plein d’autres groupes et plein d’autres porteurs.
Pour le déjeuner, chaque groupe se choisit un petit coin, et ce sont de véritables camps de base qui se déploient. C’est le grand luxe, il y a une tente pour manger à l’abri, des tables et des chaises. Le repas est aussi bien plus qualitatif qu’on ne l’aurait imaginé. C’est même presque trop, et on se dit que nos pauvres porteurs pourraient s’économiser des charges. Ils sont malgré tout beaucoup plus rapides que nous tous, et arrivent toujours avant pour installer le camp, alors qu’ils partent après. Nous les voyons dévaler les chemins, ils sont impressionnants.
Nous reprenons la marche pour l’après-midi, ça grimpe un peu plus mais toujours dans un environnement luxuriant et très montagneux. Quand nous arrivons en fin d’après-midi, le camp est installé, les tentes montées, nous n’avons plus qu’à nous poser. Nous profitons des derniers rayons du soleil, avant que le froid ne tombe. Ensuite, autour de la table commune nous lançons une grande partie de Set, plein de gens du groupe participent et nous passons un bon moment. Nous avons de la chance, notre groupe est assez sympa. Plein de nationalités (Allemands, Australiens, Hollandais, Américain, Australiens, Portugais) sont représentées, plein de tranches d’âge aussi. Ça fait un sacré mélange et pour le moment ça fonctionne plutôt bien. Nous partageons notre repas du soir, toujours aussi bon, avant de chacun regagner nos tentes pour dormir. La journée de demain commence tôt et s’annonce éprouvante !