Jour 262 – Parque National de Manu, Jour 3

Jordi nous réveille au lever du jour, il nous faut maintenant retourner au lodge à une heure de marche. Nous sortons doucement du sommeil, et remballons nos affaires. C’est à ce moment-là qu’une araignée gigantesque sort de derrière un sac. Jordi la pousse tranquillement vers le bord, avant de nous annoncer tout aussi tranquillement que c’est une des espèces les plus dangereuses de la jungle…. On se dit que c’est mieux pour nous de découvrir ça au moment de partir !

 

Nous marchons sans trop d’arrêt et les yeux encore embués de sommeil. Nous découvrons en route un escargot encore plus gros que celui de la veille, il est gigantesque et d’après Jordi doit avoir entre 15 et 20 ans, c’est complètement fou. Nous le sortons du chemin pour le préserver des marcheurs suivants, ce serait dommage de finir une aussi longue vie comme ça. Une fois au lodge et le petit déjeuner pris, nous nous rééquipons et repartons pour une marche matinale. Nous découvrons des petits sentiers à travers la jungle pendant plusieurs heures. Jordi et Leni nous font faire un tour des espèces végétales et animales que nous croisons. De jour c’est surtout végétal, avec tout un panel de fruits exotiques, mais aussi des bananiers, orangers et citronniers de taille impressionnante. Ils se donnent aussi pour mission de faire tomber des noix de coco. Coté animal, ce sont surtout les observations de fourmis qui nous occupent. Il y a plein d’espèces différentes, certaines un peu dangereuses, la plupart non. C’est un peu un rappel de nos lectures passées de la Saga « Les Fourmis » de Bernard Werber.

 

L’une des espèces est intéressante, elle s’est spécialisée en transport de feuilles, qu’elle laisse ensuite pourrir dans des salles qu’elles creusent pour cultiver des champignons pour se nourrir. C’est assez impressionnant et fascinant de voir ces colonnes de fourmis transporter des bouts de feuilles 10 fois plus gros que chacune d’elles, mais aussi de voir le résultat avec de feuilles complétement et méthodiquement déchiquetées. Une autre espèce que nous voyons beaucoup, ce sont les termites. Jordi nous explique que les locaux les utilisent comme répulsif naturel contre les moustiques (ces derniers sont toujours autour de nous). Pour ce faire, il faut percer un petit trou dans une termitière, puis poser sa main et laisser les termites monter dessus. Ensuite il faut les étaler sur la peau, en faisant si on y réfléchit bien un génocide de termite. S’en résulte une odeur mélangée de menthol et d’essence de bois qui, il semble, repousse les moustiques. J’ai essayé, et c’est vraiment surprenant, et un peu déroutant aussi comme expérience.

 

Après nos pérégrinations dans la jungle, nous faisons une pause au bord d’une des rivières qui traverse la zone pour savourer les noix de coco cueillies, avant de continuer notre chemin jusqu’au lodge. Nos passons par un chemin différent et traversons une des bambouseraies de la jungle. C’est l’occasion pour nous tous de gouter l’eau de bambou, dont je n’avais pas connaissance de l’existence jusqu’à ce matin ! Il parait que les propriétés sont plutôt intéressantes. Jordi profite de ce moment pour nous parler un peu plus du tapir que nous n’avons pas vraiment vu cette nuit, mais qui utilise ce type d’environnement comme habitat, et refuge aussi pour fuir les jaguars qui sont un de ses seul prédateurs.

 

De retour au lodge et une fois avalé le superbe déjeuner préparé par Bernardino, nous nous offrons une bonne sieste salvatrice pour passer le début d’après-midi. Jordi nous donne rendez-vous un peu plus tard pour repartir à nouveau en excursion. Nous partons cette fois-ci en direction d’une des tours d’observation de la zone. Il s’agit d’une tour en métal d’une vingtaine de mètres de haut avec une plateforme au sommet, le tout permet d’observer les espèces d’oiseaux qui vivent et passent par la canopée environnante.

 

Nous restons une paire d’heure là haut, un autre groupe aussi. Le moment est assez magique, nous sommes accompagnés par le soleil déclinant, et le vol de beaucoup d’espèces. Nous avons le loisir d’observer aux jumelles ou au télescope plein d’oiseaux de passage : des perroquets, des macaos, des toucans, des pic-vert etc… Les couleurs des robes sont la plupart du temps magnifiques, et chatoyantes. C’est un régal pour les yeux, et toujours un plaisir de découvrir les espèces dans leur environnement. Nous sommes accompagnés sur la plateforme par des dizaines de criquets verts très curieux, et malheureusement aussi, des centaines de petits moucherons qui ne nous lâchent pas d’une semelle. C’est malgré tout un super moment passé là-hau.

 

Une fois que le jour a bien décliné, nous redescendons et attaquons notre marche de nuit pour rejoindre le lodge. C’est un autre visage de la jungle que nous découvrons, ici vivent au final (il me semble) plus d’espèces nocturnes que diurnes. Premièrement au niveau des insectes, nous sommes entourés par des centaines d’entre eux, attirés par nos lampes frontales, ils ne nous lâchent pas d’une semelle pendant notre avancée. Après nous découvrons pendant notre marche les espèces typiques de la jungle : les tarentules et autres araignées gigantesques, serpents, phasmes et grenouilles. Nous ne verrons pas ce soir de lézard et autres mammifères, mais l’heure de traversée pour rentrer aura déjà apportée son lot d’émotion. Clémence pourra le confirmer, car quand on connaît son amour de ces petites bêtes (et surtout les araignées), on comprend qu’elle n’ait pas passé un super moment.

 

Une fois au lodge et après une douche plus que méritée, nous nous remettons de nos émotions autour d’un bon repas préparé par Bernardino. Pour ce dernier soir, nous avons même le droit à un peu de vin doux péruvien, histoire de tous trinquer tous ensemble après cette aventure. Jordi nous expose le programme de demain, et de notre retour vers Cusco qui s’annonce très long, avant que nous retournions chacun dans notre chambre pour savourer une vraie nuit dans une vrai lit.