Jour 261 – Parque National de Manu, Jour 2

Se réveiller après le lever du jour est déjà un petit bonheur dès le matin. Après le petit déjeuner, nous quittons ce premier lodge et repartons avec l’équipe en minibus. Nous continuons notre avancée, d’abord avec deux petits villages où notre cuisinier Bernardino se ravitaille, nous faisons un arrêt sur un pont métallique en sortie de la ville en attendant, et reprenons nos observations. Nous continuons ensuite dans la jungle, la végétation se densifie, et en contrebas nous découvrons un des affluents du Rio Alto Madre de Dios. Nous faisons un arrêt dans une plantation de coca, et Jordi nous fait une petite explication. Malheureusement, une grosse partie de ces cultures est illégale, et seulement une petite partie de la récolte est utilisée en infusion ou pour mâcher. La police du coin sait qu’il y a des cultures et reste à l’affut d’éventuels transports de grosse quantité. A priori cela ne suffit pas et le marché noir de Cusco reste bien alimenté.

 

L’arrêt suivant nous donnera quant à lui un aperçu de la rivière que nous allons emprunter, et un magnifique point de vue sur la jungle. Nous finissons de descendre par la route pour rallier la basse jungle, et le petit village de Atalaya à partir duquel nous prenons le bateau. Là, nous laissons notre chauffeur de minibus, Americo de son nom, qui nous attendra jusqu’à après-demain. Par contre, nous partons avec Bernadino et Leni (l’assistant cuisinier et guide) et bien sûr toujours Jordi. Se rajoute à l’équipe Johan (le pilote du bateau) et Gustavo (son assistant et aussi frère de Jordi). Ce village est celui d’origine des deux frères, et nous avons même l’honneur de rencontrer leur mère.

 

Nous voilà tous embarqués sur le bateau, c’est assez fou la vue que l’on a d’ici. On est bien installés, on observe les oiseaux aux jumelles (dont des perroquets et des flamants roses), on profite de la vue et de l’évolution de la jungle. Le niveau de la rivière est très haut en ce moment, nous sommes en pleine saison des pluies. D’ailleurs, nous avons plusieurs averses durant le trajet.

 

En fin de matinée, nous faisons un arrêt au niveau de sources d’eau chaude. Nous nous offrons un bain d’une petite heure, pendant que Bernardino prépare le déjeuner. Toute l’équipe sauf lui (dommage !) profite du bain, c’est vraiment agréable comme endroit. Ce n’est pas un endroit réservé aux touristes, puisque nous partageons le lieu avec des péruviennes et leurs enfants qui barbotent. C’est aussi l’occasion de pouvoir rigoler et échanger avec le staff qui voyage avec nous. Après le bain, nous remontons sur le bateau pour continuer le voyage, et l’on nous sert à manger directement pendant le trajet. La situation est un peu improbable mais ce n’est pas désagréable. Nous sombrons dans le sommeil durant la suite du trajet, et Jordi nous réveille un peu plus tard pour débarquer, les pieds dans la boue au milieu de nulle part.

 

Nous marchons ainsi pendant 5 minutes, dans la boue au milieu de la jungle, toujours pieds nus. Puis nous arrivons d’un coup au milieu d’un lodge dans le même style que celui de la précédente nuit. Jordi nous donne un petit temps de pause pour profiter d’une douche et refaire un petit sac. Après un gouter, nous partons nous enfoncer dans la jungle pour atteindre la tour camouflée de 5 mètres de haut qui sert de poste d’observation. Nous passerons la nuit là-bas.

 

Nous marchons pendant une heure pour nous enfoncer dans la jungle, les moustiques essaient de faire de nous leur quatre heures, mais nous nous sommes enduits de répulsif au maximum. Pour marcher, Jordi nous a fait troquer nos chaussures de marche pour des bottes, et ce n’est pas plus mal vu la boue et le nombre de ruisseaux qu’il y a à traverser. Ici tout est plus grand, les arbres, les feuilles, les insectes mais aussi les escargots ! Nous en croisons un qui grimpe à un arbre et qui fait presque 10 centimètres. Nous faisons quelques arrêts pour observer des oiseaux, Jordi est impressionnant car il parvient à les détecter, mais surtout les reconnaitre. Leni qui nous accompagne aussi se débrouille très bien. Une heure après nous arrivons à la tour de camouflage et d’observation.

 

Un autre groupe est déjà en place, nous nous installons à notre tour et de notre côté. Nous disposons des matelas par terre, et des moustiquaires au-dessus, le tout face à des interstices créés entre les feuilles de bananier séchées qui recouvrent le bâtiment. Nous n’avons plus qu’à attendre la nuit et surtout les animaux. Très vite le noir s’installe, nous dinons ce que Bernardino nous a donné, tranquillement installés sur notre matelas. Puis avec l’autre groupe, nous nous partageons des tours de garde d’une heure pour surveiller la zone avec des balayement de lumière toutes les 3 minutes. Nous avons pour mission de réveiller les autres si nous voyons quelque chose. Jordi commence (la chance) et dès le début de sa garde un tapir se présente. C’est principalement pour eux que nous sommes là, mais nous ne pouvons le voir que furtivement et nous n’aurons pas le temps de réveiller tout le monde.

 

Arrive mon tour de garde à 22 heures. Nous partageons un matelas avec Clémence et je la réveille malgré moi, nous finissons par faire ensemble notre garde, à deux et jusqu’à minuit. Je lis entre les balayages de lumière, Clémence se rendort un peu, et aussi nous faisons des petites comptines sur le tapir qui ne se présente toujours pas, nous ne verrons finalement rien du tout pendant notre tour de garde.

 

Le Tapir est tapi dans noir sur le sol tapissé de feuilles

Papi, vois-tu le Tapir tapi dans le noir depuis le haut de ton observatoire ?

Tapir, Tapir as-tu repéré Papi ?

Papi, Papi, y a-t-il une chance de voir le Tapir sortir du noir depuis ton observatoire ?

 

(C’est ma version, nous tairons celle de Clémence qui était légèrement plus violente, en raison notamment du sommeil qui l’habitait à ce moment-là)

 

Nous serons finalement réveillés deux fois pendant la nuit, mais pas pour des tapirs, seulement pour des cerfs, ce qui est bien tout de même. Nous finirons notre nuit assez tranquille, dans la chaleur de notre moustiquaire et au milieu de milliers de bruits de la jungle.