Jour 258 – Trek du chemin de l’Inca, Jour 4 : LE Machu Picchu

Le réveil n’est pas matinal mais carrément au milieu de la nuit. C’est à 3 heures du matin que nos chers porteurs viennent nous réveiller, comme à leur habitude avec une infusion de coca. Cette fois-ci ils nous glissent un petit sac pour le petit-déjeuner, nous plions nos affaires et tout le monde se retrouve dans le noir pour le départ. Nous marchons à peine 10 minutes à la queue leu leu à la lumière de nos frontales jusqu’au poste de contrôle. Ce dernier n’ouvre qu’à 5h30, mais les guides se sont mis en tête qu’il faut absolument être les premiers et ils font lever et attendre leur groupe dans le froid et le noir. Bien sûr il n’y a pas de places assises pour tout le monde, ni un toit assez grand pour tous se protéger de la pluie.

 

Tout ceci nous semble bien ridicule et nous n’avons que faire de passer les derniers. Ce sera une heure durant laquelle nous devrons attendre, et nous assisterons à un bel exemple de bêtise humaine et de non solidarité. Chacun se bataille pour un bout de place assise sans penser à son voisin, nous montons tous les deux légèrement en pression. Une fois le passage ouvert, chaque groupe se précipite sur le chemin comme si sa vie en dépendait. Je suis tellement surpris par le monde qu’il y a (vu l’attraction touristique que représente le Machu Pichu, on aurait pu s’y attendre ! et on est déjà chanceux de ne pas avoir vécu ça avant, dixit Clémence). Nous décidons de ne pas céder à la frénésie et de prendre notre temps pour parcourir les 5 kilomètres qui nous séparent de la Porte du soleil et du premier point de vue sur le fameux Machu Picchu.

 

Le réveil matinal se sent, et nous restons énervés face aux comportements égoïstes de certains groupes et guides qui nous talonnent durant la marche. Mais découvrir enfin ce lieu culte après toute ces heures de marche est une vraie victoire, et un bel accomplissement. Nous faisons une pause face à la vue et prenons plein de photos. Le Machu Picchu semble comme posé sur les montagnes, baigné dans les nuages et entouré de sommets encore plus hauts, en contrebas la rivière Urubamba coule fougueusement. Ce tableau et magnifique, un peu surréaliste et magique aussi. Nous avons raison d’en profiter car à peine nous attaquons la dernière ligne droite vers le site que les nuages viennent l’envelopper et bloquer la vue. Le long du chemin qui nous emmène jusqu’à l’entrée publique, il reste encore quelques constructions Incas et Lizandro nous raconte encore un peu leur histoire, enfin ce qui est supposé être car tout ce qui est rattaché à ce peuple est encore entouré d’énormément de mystère. Il nous parle aussi de leurs croyances auxquelles les descendants Incas croient encore, et notre guide aussi (par exemple, à chaque repas, il jetait un peu de nourriture sur le sol comme une offrande à la terre).

 

Nous faisons une petite pause à l’entrée publique, retrouvons un brin de civilisation et nous apposons le tampon officiel du Matchu Picchu dans nos passeports. Ensuite, nous rentrons à nouveau dans le site pour faire un petit tour guidé. Lizandro bataille avec la sécurité à l’entrée pour qu’ils nous laissent nos bâtons. Il y a beaucoup de règles très strictes sur le site, et certains agents semblent faire un peu de zèle.

 

Lizandro continue de nous donner des informations sur ce haut lieu Inca. Cet endroit était habité par il semble environ 1000 personnes, et était un lieu de pèlerinage très important. Les pèlerins passaient par le chemin que nous avons parcouru, ce dernier était le chemin religieux réservé aux élites. Un autre chemin passait dans la vallée le long de la rivière, pour les relations commerciales principalement. La cité était un haut lieu des instances dirigeantes et religieuses. Incas signifie en réalité « les rois ». Le peuple semble lui plutôt dénommé par le nom « Quechua », et n’avait pas forcement lieu d’être ici car il n’y avait pas d’agriculture. Les multiples terrasses n’étaient a priori que des jardins d’agréments (d’après notre guide, mais on a entendu un autre guide juste à côté expliquer le contraire !), et descendaient de la cité jusqu’à la rivière. Les emplacements des temples étaient stratégiques par rapport aux solstices, et par rapport au placement du soleil. Tout semblait très bien pensé et étudié.

 

Mais nous devons écourter la visite et nous séparer du groupe. Au moment de la réservation du trek, j’ai aussi voulu réserver une ascension complémentaire, celle de la Montaña Machu Picchu. La cité est entourée de deux sommets accessibles, le Waynapicchu, et la Montaña. Cette dernière est la plus haute, et aussi celle d’où les célèbres photos sont prises. Malheureusement, les nuages semblent accrochés et bloquent la vue. Avec Clémence, nous partons quand même à l’ascension, malgré le fait que nous en ayons un peu plein les pattes, et en espérant que les nuages se dispersent. Ce ne sera pas le cas, et après 1h30 de montée, uniquement sur des marches en pierre, nous approchons le sommet. Malheureusement, pas de dégagement de nuages et la seule image que nous aurons sera celle du panneau au sommet, c’est une petite victoire, un peu amère quand même. Nous descendons assez rapidement pour avoir encore du temps pour visiter la cité.

 

Nous faisons un tour des lieux, en gardant en tête les explications de Lizandro. Nous essayons d’en profiter au maximum, mais il est déjà tard et nous sommes bien fatigués. Nous ne nous attardons pas plus que ça, finalement la vue de haut est tellement impressionnante que parcourir infiniment les ruelles et les ruines de la cité n’a pas un intérêt flagrant. Nous profitons juste de la balade, des bâtiments, et des lamas qui peuplent les lieux (et les entretiennent gratuitement !), nous en avons tout de même plein la vue. Nous finissons notre tour, sortons du site et prenons le bus qui va nous permettre de descendre dans la vallée jusqu’à Aguas Calientes, ville la plus proche, aussi nommée Machu Picchu Pueblo. Nous y rejoignons le groupe pour déjeuner ensemble, même si eux sont arrivés bien avant nous.

 

C’est aussi l’occasion de dire au revoir, et un immense merci à nos guides Lizandro et Jorge qui partent avant nous. Nous passons l’après-midi à attendre ensemble, notre train n’est qu’à 18h. Nous sommes bien harassés, et ce retour à la civilisation est si soudain. Nous sommes bien confortablement attablés, et les trains passent en pleine rue juste derrière nous ! Nous nous offrons tous une pause gourmande à « la boulangerie de Paris », une petite saveur du pays est avec nous. D’ailleurs tout le monde, Allemands et Américain compris apprécie bien ! Il est ensuite temps pour nous tous de rejoindre la gare et de prendre le train. Nous le faisons tous ensemble, en groupe, ce groupe qui aura été pour nous un vrai coup de cœur et avec qui nous aurons passé de très bons moments.

 

C’est alors une grande découverte, nous nous installons dans des wagons avec de larges fenêtres, même sur les angles du toit. Ils sont aussi très confortables, assez luxueux. Par contre, vu le prix du billet, il n’y a au final que des touristes qui voyagent. C’est assez surprenant, mais nous sommes dans le premier wagon, et la cabine du conducteur est dans un coin, nous avons donc une vue directe sur la voie. Les paysages qui défilent sont complètement fous, la jungle est autour de nous, la rivière Urubamba est le long de la voie qui se faufile à flanc de montagne. Tout ça semble improbable après notre trek, et nous avons aussi la sensation de vivre une seconde journée. La compagnie de train a même organisé un mini show dans l’allée du wagon, les stewards défilent tantôt en habits de carnaval, tantôt ils font un défilé de mode pour présenter des vêtements en alpagua, le tout entre les services de boissons et nourriture, ce moment est improbable ! Nous aurions préféré un retour plus calme, et profiter uniquement de la nature environnante sans musique ni animation.

 

Le train n’arrive pas jusqu’au centre de Cusco, nous devons prendre un bus de la gare jusqu’à la ville. C’est donc bien tard que nous rejoignons notre hôtel (23h !!), et que nous pouvons avec bonheur retrouver une douche, et un vrai lit !