Jour 78 – De Hpa An à Chiang Mai

C’est finalement en voiture que je rejoins la ville frontalière (coté Myanmar) de Myawaddy. Avec Chris nous avions réservé des places de bus, mais comme il n’y avait que trois passagers au total, la compagnie a dû juger ça plus logique. Nous aussi du coup, car le trajet est un peu plus confortable ! Heureusement même car la route pour rejoindre la frontière est dans un piteux état et l’avancée semble parfois compliquée pour notre chauffeur. Cette route semble très empruntée, que ce soit par les camions de transport ou les « bus » improvisés. Anecdote sur un de ces « bus », nous avons vu lors d’une pause treize personnes sortir d’une voiture, enfin dix à l’intérieur et trois voyageant sur le toit. Le chauffeur a été obligé de jeter de l’eau sur le moteur pour le refroidir.

Nous arrivons à Myawaddy après 4 heures de route, quand soudainement en plein milieu de la rue principale surgit la porte annonçant le poste frontière. Le chauffeur nous dépose et nous nous rendons dans le bureau réservé aux étrangers, il y a déjà quelques personnes mais les formalités sont très rapides, et nous pouvons emprunter à pied le pont qui traverse le fleuve Moei. C’est ce dernier qui sert de frontière naturelle entre les deux pays. C’est assez cocasse d’imaginer que pendant les 400 mètres de traversée nous ne sommes officiellement dans aucun pays, déjà sorti mais pas encore rentré ! Du pont, nous pouvons observer des bateaux faisant la navette entre les deux rives, probablement que les locaux (sans véhicule) ont des droits simplifiés (?). Le pont sert aussi d’échangeur routier, car en Thaïlande on roule à gauche. Pour ma part trouve ça assez fou de traverser une frontière terrestre comme ça, et ce sera loin d’être la dernière pendant cette année de voyage ! Il est vrai qu’avec l’Europe on ne connaît plus toute la complexité de changer de pays (et c’est tant mieux d’ailleurs)

Le passage du poste de douane Thaïlandais est une formalité avec un passeport européen. Tout du moins tant qu’on ne reste que le nombre de jours autorisés, et pas plus de deux entrées par an. Un panneau explique le nombre d’années de bannissement du territoire en cas de non-respect. En tout juste 400 mètres tout change. Une fois l’immigration passée, nous avons un premier aperçu de la Thaïlande en arrivant dans la ville de Mae Sot. Ce qui saute aux yeux est le changement de langue et d’écriture. Bien sûr il y a aussi la monnaie, car nous devons retirer directement des Bahts pour payer le songshraw (taxi collectif) et nous rendre à la gare de bus. L’objectif est de se rendre à Chiang Mai, pour ma part je souhaite y rester 2 nuits, Chris lui va probablement faire une retraite de 10 jours dans un monastère avant de s’envoler vers le Japon pour continuer son voyage.

Après renseignement, pas de bus direct, mais nous pouvons nous rendre dans la ville du Tak pour monter ensuite dans les bus qui rallient Bangkok à Chiang Mai. C’est dans un mini bus 14 places plein (dont d’autres touristes avec qui nous avons passé la frontière) que nous prenons la route, qui s’avère être principalement une route de montagne. Des travaux presque ininterrompus montrent le projet d’une autoroute qui devrait fluidifier le trafic, en attendant, entre la météo capricieuse et les camions de bétail, difficile d’avancer rapidement. Fait assez surprenant, il y a eu deux ou trois check points policiers sur la route, et les militaires et forces de l’ordre semblent assez présents. Presque plus qu’au Myanmar où leur présence est importante mais assez discrète. Une fois à Tak, nous achetons tous (car une grosse partie des passagers du mini-bus va à cette destination) nos billets pour Chiang Mai et attendons. Le bus étant très en retard nous avons bien le temps de profiter de la gare routière et de ses services. La seule difficulté a été de trouver un Wifi pour pouvoir réserver une place en dortoir ce soir. L’arrivée étant prévue tardive je me sentais plus rassuré de ne pas avoir à chercher de nuit un hébergement. A son arrivée, je découvre un bus ultra moderne à deux étages, bien loin de ce que j’ai connu au Myanmar (et encore plus en Inde). C’est donc confortablement installé que je pars pour les 4 heures de trajet en direction de Chiang Mai. Cette fois-ci la route n’est pas cahoteuse et me permet de mettre à profit le temps passé dans le bus !

Cette première confrontation avec la Thaïlande montre un pays plus moderne que le Myanmar, mais pas forcément plus cher. Voir même au contraire. Le tourisme semble plus habituel ici et les gens ne sont pas surpris ou aussi curieux non plus. Je vais probablement en découvrir un peu plus demain, mais ça ne sera qu’un aperçu du pays que j’aurais puisque l’objectif est de traverser la frontière Laotienne le 20 septembre au matin.




Jour 77 – Hpa An #2 / dernier jour au Myanmar

Nous devions partir à trois ce matin, mais Chris s’est fait porter pâle. Nous nous lançons donc à l’assaut du mont Zwegabin en équipe restreinte. Je vais à mon rythme mais je sens bien passer les soi-disant 2200 marches. Evidemment c’est impossible de compter, mais j’ai bien senti ma douleur avec ces presque deux heures d’ascension en pleine forêt tropicale. Une chance que ce versant ait été à l’ombre ce matin ! A partir du milieu du parcours, la vue qui se dégage est assez impressionnante ! Ce mont est vraiment seul au milieu d’une grande plaine. Au sommet, bien évidemment il y a un stupa, mais la terrasse aménagée donne vraiment un magnifique point de vue. Nous prenons une grosse pause là-haut pour récupérer de la montée et profiter de la vue. C’est l’occasion de voir d’en haut certains lieux visités hier, dont le monastère sur l’île au milieu du lac. D’en haut on voit bien le lac parfaitement circulaire qui l’entoure. Aussi, je peux observer que beaucoup de terres, et pas seulement des rizières, sont pas mal inondées. L’eau semble partout, mais c’est probablement parce que nous sommes en fin de saison des pluies.

Une fois redescendus, direction le Waterfall village pour se rafraîchir dans la piscine naturelle découverte la veille. Puis direction la grotte Kawgun située de l’autre côté du fleuve. Nous l’avons ratée hier pendant le tour par manque de temps et il paraît qu’elle vaut vraiment le coup. D’ailleurs, c’est une des seules grottes du coin qui demande un droit d’entrée aussi élevé, ça doit expliquer son intérêt. Il paraît qu’une carrière voisine menace malheureusement la stabilité de ce lieu ancestral, puisque les premières installations datent du 7ème siècle. On retrouve beaucoup d’iconographie gravée à même la roche, mais aussi comme d’habitude les dizaines de Bouddhas installés dans tous les recoins.

Pour la dernière étape du jour, nous prenons la direction du site de Bayin Nyi situé à une trentaine de kilomètres de Hpa An. Ce site à la particularité de combiner des sources d’eaux chaudes, un monastère et une grotte / temple. Le gros avantage d’aller voir un site plus loin de la ville c’est que le tourisme en est absent, et que c’est dommage dans le cas présent ! Ce lieu est un des plus beaux et des plus magiques du coin. La mousson fait que l’eau déborde de partout et que les bassins ont envahi les allées d’accès. Toutes les installations semblent littéralement flotter. La scène que je découvre en arrivant semble hors du temps, avec tout le monde qui s’amuse dans l’eau, les familles, les adolescents, les jeunes moines y compris, pendant que d’autres se lavent dans le bassin, le tout sous le regard bienveillant des vieux moines. La grotte située en hauteur n’est pas en reste. On découvre des statues assez inédites par rapport aux grottes précédentes, et elles semblent s’enfoncer sans fin dans la montagne par un petit passage aménagé. Le soleil se couchant, on doit se hâter pour ne pas rentrer avec la nuit noire en moto, ce serait trop dangereux.

C’était une très bonne dernière journée, mes jambes se souviendront de la marche de ce matin, au réveil demain je pense. C’est aussi une bonne conclusion que de finir mon séjour au Myanmar ici, dans ce qui reste je pense un des plus beaux endroits de ce pays (de ce que j’en ai vu). Demain matin je retrouve Chris et nous prenons un bus pour rallier la frontière Thaïlandaise. Après je me suis imaginé un programme mais tout dépendra du temps que prendra l’entrée en Thaïlande. L’objectif est de rejoindre la frontière Laotienne d’ici 4 ou 5 jours.

 

Voici les liens vers les deux vidéos de ce séjour à Hpa An :

https://youtu.be/F66vnyqXGcE

https://youtu.be/FZlYWXuVL3A







Jour 76 – Hpa An

La ville n’est finalement pas aussi calme que ça, au vu du réveil à 6h du matin avec la musique hurlant dans la rue. Aujourd’hui, j’ai rendez-vous dans un autre hôtel situé en bas de ma rue pour partir avec eux faire une excursion dans les environs. Nous sommes 6 entassés à l’arrière du tuk-tuk, deux Espagnols, une Hollandaise, un et une Allemande et moi-même. La journée comporte plusieurs arrêts, avec pas mal de grottes dont la région regorge. Bien sûr la plupart sont aménagées en temple, avec plein de Bouddhas disséminés (entre autres).

Conversation assez timide dans le tuk-tuk pendant la première partie de trajet, puis nous arrivons après un long moment sur un petit chemin cahoteux (ce ne sera pas le dernier de la journée) au temple de la grotte de Kaw Ka Taung. Première mise en bouche accueillis par plus de 150 statues de moines en train de faire l’aumône (à taille réelle cette fois ci), puis découverte d’une grande grotte se terminant par une minuscule cavité accessible uniquement en se penchant. Chaque mètre carré semble être utilisé !

Direction ensuite, la grotte de Saddan. Le paysage le long de la route est magnifique, le chemin est bordé de rizières de couleur verte presque fluo, et au loin les massifs qui se détachent subitement des plaines sont toujours aussi impressionnants ! Nous sommes accueillis par deux moines qui nous offrent un petit sachet contenant une pâte (très bizarre entre nous), cette dernière est censée être médicinale et aider soulager différents maux en fonction du liquide avec lequel elle est mélangée (eau, eau sucrée, eau de coco, jus de canne à sucre, etc…). L’entrée de la grotte est gigantissime, et la première salle aussi. Au fond trône un grand Bouddha couché. Un chemin continue après et s’enfonce sous terre. Nous traversons plusieurs salles, certaines à l’aide de passerelles joliment mises en valeur par les éclairages, d’autres très sombres. Mais surtout, les bruits des chauves-souris vivant là par centaines sont omniprésents, nous essayons de les voir en éclairant les plafonds à la frontale, mais ces dernières savent se faire discrètes. Après un bon moment de marche, et des salles plus impressionnantes les unes que les autres, nous débouchons sur la sortie qui donne sur une petite crique de l’autre côté de la montagne. Nous partons à trois par barque avec un pêcheur qui rame pour revenir de l’autre côté. Ne pas avoir de moteurs permet vraiment de profiter des sons de la nature et c’est un grand plaisir. Le bateau prend la direction de la falaise dès le début du trajet, et là se dessine tout à coup un passage créé par la rivière qui devient souterraine sous la montagne. Nous passons dessous en nous aplatissant le plus possible dans le bateau car il n’y a vraiment pas beaucoup de hauteur ! Nous finissons le retour en traversant un lac rempli de nénuphars, avec toujours un paysage époustouflant à l’horizon.

Pour déjeuner, notre chauffeur du jour nous amène au Water Fall Village. En plein milieu du village trônent deux magnifiques piscines naturelles, non pas alimentées par une cascade comme le nom le laisserait penser, mais pas une rivière souterraine. Nous ne résistons pas à une baignade après le déjeuner ! Nouvelle bizarrerie de la religion Bouddhiste, le premier bassin en amont est interdit aux femmes. Pourquoi on ne saura pas mais j’ai déjà croisé ce genre d’interdictions absurdes durant le voyage, sur des fontaines, ou sur les bouddhas où l’on colle des feuilles d’or par exemple. Moment très sympathique qui libère un peu plus la conversation dans notre groupe.

Nous commençons l’après-midi par la visite du jardin de Lombani, dit le jardin aux milles Bouddhas. Je ne sais pas s’ils sont mille mais c’est certain, il y en a énormément. Ce jardin sert de porte d’entrée au monastère érigé sur le mont Zwegabin, le plus haut de cette région. Un télésiège pour aller au sommet est en projet, mais en attendant, pour l’atteindre il faut gravir 2200 marches. Et en guise de télésiège, il faut se contenter du modèle réduit installé en bas de la montagne qui permet de faire un petit tour, sans grand intérêt en terme de transport. Mais c’est plus comme un manège pour les Birmans qui n’ont jamais dû avoir l’occasion d’en voir. On nous explique que le projet du grand télésiège est géré par un fabricant suisse.

Nous continuons avec le monastère Kyauk Kalap. Une mini île au centre d’un lac, sur lequel un gros rocher plus fin à sa base qu’à son sommet a été une bonne excuse pour installer un monastère. Visuellement c’est une réussite, déjà d’en bas quand on traverse la passerelle pour accéder à l’île. Puis d’en haut, la vue sur les alentours est tout simplement à couper le souffle : montagnes, rizières, lacs, rivières, forêt, …. Tout est réuni !!!

L’après-midi est déjà bien avancé quand nous arrivons à la grotte de Yateak Pyan située sur l’autre rive du fleuve. Ici nous sommes accueillis par des dizaines de singes qui évoluent tranquillement dans les escaliers aménagés qui permettent d’accéder à l’entrée de la grotte. La première grande pièce est aménagée comme à l’habitude, puis un petit chemin s’enfonce dans le noir. Dix minutes de marche plus tard on réaperçoit la lumière et on accède à l’autre côté. L’heure avancée nous permet de voir le début de coucher de soleil depuis ce point de vue, je ne vais pas encore écrire un superlatif mais ça serait bien mérité !

Nous sommes pris par le temps pour être à l’heure à la Bat Cave pour le « spectacle ». Nous éliminons donc une étape du parcours et nous nous y rendons directement. Cette grotte n’a pas un intérêt fondamental pour les installations religieuses qu’elle contient, d’ailleurs ces dernières ne sont installées qu’à l’extérieur de l’entrée. Non, ce qui est important, c’est qu’une communauté de chauve-souris estimée à 300 000 individus y vit. Le spectacle de leur sortie à la nuit tombée pour partir vers leur chasse nocturne est magique. Elles sont tellement rapides que on ne distingue souvent que leurs ombres, mais parfois la lumière de nos lampes se reflète dans leurs yeux. En tout cas, pendant les trente minutes où nous restons, le ballet de leur sortie est ininterrompu !

Le soir, ayant bien sympathisé avec deux des personnes du groupe, nous allons dîner ensemble. Il y a donc Chris (notre Allemand), et Joosje (notre Hollandaise). Nous prévoyons de passer la journée de demain ensemble et arrangeons notre programme autour d’une bière bien fraîche et d’un bon repas (c’est comme ça que se finissent les bonnes journées ?!). Pour faire une mini- conclusion à cette journée de découverte, Hpa an est pour ce que j’en ai vu, un des plus beaux endroits au Myanmar. Avoir autant de diversité de paysages réunis au même endroit le rend vraiment unique et magique. Je n’hésiterais pas à dire que parmi mes différents voyages, cet endroit est un des plus beaux que j’ai eu le plaisir de pouvoir visiter (mais j’ai encore 9 mois demi devant moi !)

PS : Les bruits de chauve-souris

 









Jour 75 – De Mwlamying à Hpa An

Je pars de Mwalamying aux environs de midi après une matinée de repos bien heureuse. Ce n’est pas très loin mais avec tous les arrêts, les 70 kilomètres auront bien pris 2 heures. On voit le paysage évoluer à l’approche de Hpa An (ou Pa An), et au fur et à mesure que l’on revient près du fleuve. On aperçoit d’énormes pics montagneux au milieu des étendues plates et des multiples bras du fleuve. Géologiquement parlant, il paraît que l’on peut comparer cette zone du Myanmar à la baie d’Along au Vietnam.

Une fois en ville je vais m’installer dans mon hôtel qui cette fois-ci n’est pas un dortoir. Trouver un hébergement ici a été laborieux et finalement même le moins cher est très cher pour le niveau de service proposé. Mais bon il y a plus de demandes que d’offres dans cette région qui, il y a deux à peine était interdite aux étrangers. Je m’installe au Soe Brother Guest House, tenue par un des frères Soe en personne ! Ce dernier m’accueille, et pour se faire une image du personnage, on dirait le sosie du vieux chinois dans Lucky Luke. Il me tient la jambe pendant un long moment pour m’expliquer tout ce que je peux faire dans le coin, à l’aide d’une carte manuscrite sur une feuille A4, mais qui semble à l’échelle douteuse, voir irrégulière. En soit les informations sont intéressantes mais il détaille tellement que je n’en retiens pas la moitié. Je vais essayer de faire un tour organisé demain pour me simplifier la vie, et aussi parce qu’on me l’a conseillé. Je pose mes affaires dans la chambre, et je découvre un lieu comment dire… dans son jus ! Clairement ça ne vaut pas le prix, et ça me rappelle nos pires hôtels indiens.

Après un déjeuner tardif (et compliqué à trouver dans la ville), je me dirige vers un embarcadère pour prendre un bateau et traverser le fleuve. Mr Soe me l’a indiqué sur le « plan », mais je peine à le repérer car aucune infrastructure ne laisse transparaître. Je finis par trouver et me voilà embarqué pour traverser le fleuve, dans une barque qui je pense sert de transport public vu le monde à bord. La vue qui se dégage pendant la traversée est déjà impressionnante, et sur l’autre rive je vois le mont Hpa-Pu qui est mon objectif pour cette fin d’après-midi. Une fois débarqué, je dois me dépêcher car le dernier bateau pour rentrer est dans 1h15.

Je rejoins donc le village voisin en traversant les champs, puis rejoins les escaliers qui permettent l’ascension du mont. Le village est rustique, les maisons sont faites de bois le long d’un chemin de terre. Le fermier laboure son champ à la main et les motos servent de transport agricole avec des cargaisons improbables sur de si petits véhicules. Au loin dans les haut-parleurs sonnent les chants de prière bouddhique, il me semble faites par des enfants. Je m’attaque à l’escalier, dans un premier temps il est bien maçonné, mais il devient vite très raide avec de minuscules marches creusées et cachées au milieu de la végétation. C’est donc un peu haletant que j’arrive presque au sommet, le temps m’empêchant d’aller au plus haut. La vue que je découvre est à couper le souffle (enfin il était déjà coupé avant avec la montée ^^). La plaine regorge de ces massifs karstiques sortis de nulle part, et souvent soulignés de stupas dorés qui brillent avec le soleil couchant. Les tergiversations du fleuve au milieu des terres apportent à ce tableau une beauté étrange et magique.

Dommage de ne pas pouvoir rester plus longtemps pour profiter du spectacle, mais si je râte le bateau, ce sont 16 kilomètres de détour par la terre qui m’attendent. J’arrive à temps et le traversier me ramène de l’autre côté, après avoir vidé tous ses passagers.

Je me rends le soir dans un restaurant conseillé par Mr Soe, ce qui me permet de passer et découvrir les petites rues de la ville. La ville est, il me semble étendue, mais semble assez calme. Cela se confirme à l’heure où j’écris installé sur le balcon de l’hôtel, on entend un chien aboyer de temps en temps, et les véhicules se font de plus en plus rares.






Jour 74 – Mwlamying #2

J’avais réservé une excursion à la journée pour découvrir la grande île qui se trouve au milieu du delta, l’île de Bilu Gyun, dite l’île des Ogres. Par manque de participants elle a malheureusement été annulée et je me retrouve donc à devoir repenser seul le programme. Je me dirige dans un premier temps vers la jetée pour trouver un bateau, ou plutôt une grande barque (comme au lac Inle) pour traverser. Je galère à trouver le bon embarcadère, et quelqu’un pour m’emmener. Je me dis qu’avec l’ouverture du pont vers l’île (il y a quelques semaines a priori), le trafic par bateau a certainement chuté.

L’arrivée sur l’île se fait à cet endroit-là par un petit chenal, qui n’est pas sans rappeler une mangrove. C’est une arrivée un peu mystérieuse puisque je ne sais pas du tout à quoi m’attendre, ni comment je vais me débrouiller une fois sur place. Une fois débarqué sur le quai, je me retrouve planté là avec une dizaine de personnes qui m’observent, ce moment semble durer une éternité… mais finalement un jeune me demande si j’ai besoin d’un taxi. Je lui dis oui et d’un guide aussi. Il me fait signe de monter avec lui en moto et nous voilà partis. Quelques centaines de mètres plus loin il fait plusieurs arrêts, parle avec plein de gens, puis finalement me laisse en compagnie d’un autre jeune qui me fait signe de m’asseoir en attendant, quoi je ne sais pas. Je remercie le premier qui m’a aidé au moment où il s’en va.

Je parle un peu avec le nouveau jeune avec qui je suis, puis son père me tend un casque et me dit de venir avec lui. Impossible de savoir combien ça va me coûter, ou ce que je vais pouvoir voir mais me voilà parti ! Mon chauffeur du jour s’appelle Thein Tay et travaille dans son Tea shop, là où j’ai attendu le matin. Il me fait faire le tour de l’île et d’une partie des villages, car il y en a quasiment 80 répartis ! Les cultures sont principalement composées de rizières, et de forêts de tek ou d’hévéa. J’ai aussi le droit à des petits arrêts dans des manufactures locales, une qui fabrique des ardoises scolaires, et une autre des objets en tek (certains d’un goût douteux mais le travail est quand même impressionnant). Une des spécialités du coin, est la fabrication de pipe, d’ailleurs une énorme orne le rond-point du village. Après quelques heures de parcours à moto, nous nous posons dans un café, et sommes vite rejoints par les amis du coin de mon chauffeur. Moment assez drôle, car je me retrouve assis au milieu des vieux loups de mer du quartier, mais assez bizarre car je n’ai toujours rien compris à ce qui s’était dit. Mais de manière générale les gens se marrent quand même pas mal ! Thein Tay me re-dépose ensuite à l’embarcadère et négocie le retour en bateau pour moi. Avant de le laisser, je le paie un prix plus que raisonnable pour le tour qu’il m’a fait faire.

De retour dans la ville, je souhaite maintenant rallier l’île de Kyun Gaungse, dit l’île du lavage des cheveux. Rien à voir avec un coiffeur, mais plutôt une histoire datant du 14ème siècle où les futurs souverains avaient une cérémonie de lavage de cheveux avec l’eau du puits de l’île. Cette dernière était réputée pour sa pureté et la protection qu’elle apportait. Je visite donc cette île monastère sur laquelle on doit se déchausser dès la descente du bateau. Je pense qu’après l’Inde, c’est bien au Myanmar que j’aurais passé le plus de temps à me chausser / déchausser et à marcher pieds nus ! L’île est petite mais c’est surprenant le nombre d’architectures religieuses qui y sont érigées. Une communauté de moines vit à plein temps sur ce minuscule caillou qui pour la petite histoire, est censé flotter sur les eaux où se rejoignent les trois bras du fleuve.
Une fois revenu sur la terre ferme, je reprends la direction de l’hôtel en passant par le marché (le neuf et le vieux). Je me fais offrir au passage des bananes (car je ne voulais pas acheter un régime entier, tant mieux !) et découvre les étals pleins de couleurs du marché alimentaire. A côté se tient sous une halle le marché où on peut trouver tous les objets, des chaussures aux écrans en passant par les produits cosmétiques !

Avant d’arriver je fais un arrêt coiffeur pour faire un pas de plus vers les cheveux courts. Je trouve aussi que c’est marrant de tester les coiffeurs dans différents pays, j’aurais pu attendre mais j’avais envie d’essayer en Birmanie. Bon pour les cheveux rien à dire mais un coup de tondeuse malheureux a fait que j’ai aussi dû aussi utiliser les talents de barbier de ce cher homme. Je ne saurais jamais si c’était prémédité ou non mais me voilà rasé de près comme ça n’est que rarement arrivé !

Après une pause au frais, je rejoins pour manger plusieurs personnes avec qui je partage le dortoir. Il s’avère que nous sommes trois français et une suisse, soit quatre francophones sur six lits quand même. Ça ne m’est jamais arrivé depuis mon arrivée au Myanmar ! Nous allons donc profiter une nouvelle fois du night market pour le repas du soir.

Voici la vidéo sur les deux jours passés à Mwlamying :








Jour 73 – Mwlamying

Dès que j’ai récupéré la moto, je prends la route du sud pour aller voir le(s) plus grand(s) « sleeping bouddha au monde. S’orienter ici n’est vraiment pas simple, aucun panneau n’est retranscrit en Anglais, ou même tout simplement en alphabet latin (histoire de pouvoir lire). Je ne peux compter que sur mon GPS, donc des pauses régulières s’imposent sur le trajet pour checker la véracité de la direction. Je fais un petit crochet par une route de montagne pour admirer la vue sur la plaine avant d’arriver au monument. L’allée qui y mène est bordée de statues de moines (de 4m de haut) en file indienne. La scène représentée est celle qui a lieu chaque matin dans les villes et villages quand les moines passent en procession pour faire l’aumône (celle observée hier sur le trajet d’ailleurs). Malgré la beauté de ces statues, quand on aperçoit la tête gigantesque du sleeping bouddha, on les oublie vite ! Pour le coup il n’y a pas que la tête qui est gigantesque, puisque la statue complète mesure pas loin de 200 mètres de long. Mais a priori, le commanditaire du projet s’est dit que c’était un peu trop petit, un nouveau bouddha est en construction juste en face, lui mesurera quasiment 300 mètres. C’est un moine vivant à proximité qui est à l’origine de ce projet pharaonique. Le 1er bouddha à peine fini, il est déjà en rénovation en parallèle de la construction du second. Je ne sais pas quelle est la raison exacte, mais il est très abîmé, et ça se confirme à l’intérieur, pourtant il a été fini il y a moins de 20 ans. A l’intérieur justement, un petit temple, et surtout un musée (en devenir). Pour le moment il n’y a que quelques salles dans lesquelles des statues de béton peintes représentent des scènes de la vie de bouddha, avant qu’il devienne bouddha.

Je reprends la moto pour revenir vers le centre-ville, mais je décide avant cela de faire un détour par le pont du général Aug San (le père de celle qui a eu le prix Nobel). Le pont permet de rejoindre l’île de Bilu, aussi nommée l’île aux ogres. Le changement de paysage est radical une fois le pont passé. Il y a des rizières avec des maisons perdues au milieu de tout ce vert. Je ne rentre pas trop dans les terres, je garde ça pour le programme de demain.

Comme je l’ai découvert en arrivant hier, la ville est dominée par une chaîne de collines. Sur ces dernières sont installés un grand nombre de pagodes, temples et stupas. Je passe une très grande partie de l’après-midi à découvrir les principaux points d’intérêt de la zone. Je suis souvent seul lors des visites, même dans les plus grands des monuments. C’est assez bizarre après l’agitation connue dans les autres villes lors des visites d’édifices religieux. La vue depuis le sommet est assez belle, mais la Pagode Kyke Than Lan décroche haut la main la palme de la vue. Des ascenseurs ont été installés pour accéder à l’immense terrasse sur laquelle la pagode et son stupa de 40 mètre de haut sont installés. Je visite le monument en étant seul dans les lieux, assez magique comme moment.

En fin d’après-midi, je fais un tour d’horizon du reste de la ville pour découvrir ses autres édifices religieux (églises & mosquées), mais aussi les restes de bâtiments coloniaux. Ces derniers, tout comme à Yangon, ne sont pas sans charmes malgré leur mauvais état et la végétation bien présente dans les murs. Dernière pause au point de vue en haut de la colline pour admirer le coucher de soleil sur le delta du fleuve, et retour à l’hôtel. Je crois que j’accuse encore le coup de la grosse journée d’hier et qu’une bonne nuit ne sera pas de refus.









Jour 72 – Sur la route de Mwlamying

Dure nuit dans le bus, très bruyante. Apparemment laisser la musique hurler dans les haut-parleurs fait partie du service. En début de nuit, le bus a aussi droit à un contrôle de police, ou dirais-je plutôt une descente. Je sens qu’on me laisse tranquille parce que je suis étranger, mais les birmans sont tous inspectés, leurs sacs aussi, et le bus fouillé de fond en comble. Personne ne dit rien, tout le monde subit en silence. D’un coup, ça me remet bien en mémoire qui dirige vraiment le pays.

Vers 4h30, on s’approche de Bago mais je descends du bus un peu avant pour éviter de parcourir une section de route deux fois. Je me poste à une station essence pour faire du stop et tenter de rallier Kyakto qui est une petite centaine de kilomètre plus loin. Il fait encore nuit mais l’activité semble se réveiller. Je refuse le bus qui veut me faire payer (cher) et les taxis (encore plus chers). Un pick-up de transport collectif s’arrête et me propose de m’emmener pour 300 Kyats, soit rien du tout. J’accepte, tant pis pour le vrai stop. Par contre le véhicule est déjà plein, du coup je m’installe sur le toit avec deux moines qui sont déjà là. Le trajet durera 2h, le tout perché sur le toit, qui petit à petit se vide des marchandises qui y sont stockées, au fur et à mesure que les passagers arrivent à destination. J’ai vraiment adoré cette position pour voyager, le fait de pouvoir tout voir mêlé à une sensation de liberté probablement. Cela me donne la possibilité de voir le soleil se lever, mais aussi de découvrir le réveil de l’activité des Birmans. Et tout ça commence très tôt ! Je vois pour la première fois depuis mon arrivée une procession de moines qui font la quête dans un village. Je vois aussi les gens se rendre au travail, les enfants à l’école…. Et tout ça avant 6h30 ! A l’arrivée à Kyakto, une fois descendu de mon perchoir, mon chauffeur me demande maintenant 3000 Kyats. Je refuse en lui disant qu’il avait dit « Hundred » et pas « Thousand », et ce plusieurs fois. Il fait un grand sourire genre « ouais je sais bien mais bon ». Je m’en sors pour 1300 Kyats, c’est toujours moins cher que le bus, et beaucoup plus amusant, mais bien loin du concept du stop.

Je prends un nouveau mini-bus collectif pour rallier le village de Kinpun, point de départ pour accéder au Golden Rock. Une fois à Kinpun, il est très tôt par rapport à ce que j’avais prévu, je décide donc de ne pas rester là ce soir, mais une fois la visite faite de reprendre un bus (le 5ème de la journée) pour aller jusqu’à Mwlamying, la 4ème ville du pays. Le Golden Rock est un rocher recouvert d’or, qui a été placé en équilibre au sommet d’une montagne, et sur lequel un stupa est installé, puis autour duquel un temple s’est développé. Les 1000m de dénivelé se font par la route à l’aide de gros camions dans lesquels la benne a été aménagée avec des bancs. Assez flippant dans les routes de montagnes, et surtout très cher payé pour le temps et le confort du trajet ! J’arrive malgré tout au sommet en début de matinée, et me dirige joyeusement vers le fameux rocher ! Enfin c’est ce que je crois, un nouveau racket organisé, auquel les étrangers uniquement sont invités à participer, se fait pour accéder au rocher en question. Une fois passé, je découvre le lieu en question, mais, en plus du fait que les nuages sont de la partie et que la vue est absente, je ne suis pas totalement impressionné par le rocher d’or dont tout le monde parle. C’est beau, mais sans plus, et surtout ça ne vaut pas autant. Ayant la sensation d’avoir perdu mon temps, car c’était clairement un gros détour de venir ici ( et aussi un peu mon argent), je décide de redescendre sur Kinpun par le chemin piéton. 14 kilomètres de descente à faire au milieu de la forêt, et je devrais être à l’heure pour le bus du début d’après-midi.

J’imaginais ces montagnes désertes en dehors du site touristique, mais que nenni ! Ce sont de véritables petits villages qui prennent vie le long du chemin escarpé qui descend dans un premier temps sur la crête puis après sur le flanc de la montagne. Difficile à imaginer que des familles entières puissent vivre là, passablement coupées du reste du pays, en tout cas éloignées des routes, et à plusieurs heures à pied des grands centres. Certaines habitations mériteraient carrément l’appellation de bidonville, et la gestion des ordures le long de ce chemin est clairement un gros problème. Mais d’un côté les gens semblent aussi tranquilles, et sur mon passage tout le monde me sourit et me dit bonjour. J’ai la sensation que les moines utilisent aussi beaucoup ce passage là pour accéder au temple du rocher d’or. Dans tous les cas, que ce soit le paysage immédiat autour du chemin, ou la vue qui se découvre parfois à un tournant, c’est vraiment un moment où je peux profiter de la beauté du paysage que m’offrent les montagnes Birmanes. Vers la fin du parcours, un petit village s’est créé là au milieu de nulle part, j’entends les enfants à l’école pendant mon passage, il y a des échoppes le long du parcours aussi à intervalle plus ou moins régulier. A quelques kilomètres de l’arrivée, je fais un détour par une pagode suspendue au flanc de la montagne au-dessus de Kinpun. Cette dernière possède une réplique du rocher d’or, que personnellement je trouve finalement plus intéressante que l’original avec tout le cinéma qui est fait autour. Bon par contre, je déchante un peu sur la fin du chemin, j’ai beau le suivre du mieux que je peux, il devient de plus en plus raide et ne me fait pas partir dans la bonne direction. Après 30 minutes de galère à glisser dans les descentes très très raides, je parviens à rejoindre Kinpun, mais plus en amont que prévu. Je finis le retour le long de la route, et c’est bien harassé et affamé que j’arrive au point de départ du bus.

Me re-voilà donc à nouveau en bus. A l’approche de Mwlamying, on voit les paysages évoluer, et les rizières se faire de plus en plus nombreuses. La traversée du fleuve Salouen par le pont métallique est magnifique. Je le traverse en plus au moment où le soleil est descendant, ça ne fait que compléter le spectacle ! La gare du bus où je descends ne me semble pas très loin car seulement distante de 3 kilomètres. Je me lance à pied pour rallier mon hôtel. Bon il s’avère que je suis assez loin du centre et qu’une chaîne de collines se dresse entre ma position et mon hôtel. Une fois parti je ne peux plus trop reculer, mais quelle sensation bizarre de me retrouver avec tout mon paquetage au milieu d’un bois, en train de grimper par un petit chemin, puis par des escaliers aménagés. J’ai l’impression de traverser des propriétés, mais je finis quand même par rejoindre la rue qui longe la crête, au bon moment pour voir le coucher de soleil. Il semble d’ailleurs que ce soit le point de rendez-vous pour y assister. Un policier me demande ce que je fais là et me suggère de prendre un taxi mais j’ai déjà fait une grosse partie du chemin donc je continue la descente sur l’autre flanc pour rejoindre mon lieu de villégiature. Une fois installé, je vais prendre des renseignements pour louer une moto pour ma journée de demain, puis je m’offre un bon repas au marché de nuit sur la jetée. Je rentre à l’hôtel (qui sera celui de mon avant dernière étape Birmane) avec la douce impression d’avoir vécu trois journées en une.

La vidéo du jour se trouve ici :







Jour 71 – Départ de Inle lake

Aujourd’hui c’était un peu mon dimanche. La fatigue accumulée par les transports, beaucoup de réveils tôt et la perspective d’une petite nuit dans le bus m’ont encouragé à ne pas faire grand chose aujourd’hui. Du coup après la (grosse) grasse matinée, je vais me poser dans un café nommé « The French Touch ». Avec un nom comme ça j’étais obligé de le tester avant de partir !

J’ai très bien mangé, et je me suis entre autres régalé avec des bonnes crêpes. L’endroit est cosy, du coup je passe une paire d’heures a profiter des canapés avant de re-passer par l’hôtel.

Un tuk-tuk passe prendre, je dis au revoir à mes nouveaux amis espagnols rencontrés pendant le séjour et je prends la direction de la station de bus. Au niveau confort on est très loin de ce que j’ai eu en partant de Yangon, mais j’ai joué l’économie sur le billet c’est normal. Ici les sièges s’inclinent peu, il y a 4 sièges dans la largeur, pas de toilettes, la musique et la télé en boucle. Le sommeil ne va pas être évident avec tout ça. L’arrivée à Bago est prévue entre 4 et 5 heures du matin, et il faut bien que je sois réveillé car le bus continue après vers Yangon.




Jour 70 – Inle lake #2

Aujourd’hui, découverte des paysages autour du lac en randonnée. N’ayant pas trouvé de personne intéressée, et l’agence non plus, je pars seul de bon matin avec mon guide du jour : Phyophyo. Bon on va être honnête je lui ai fait écrire, et ce n’est pas son nom entier mais son surnom. Son nom étant à rallonge (comme en Mongolie d’ailleurs) c’est plus facile. Nous voilà donc partis dans les montagnes alentours. Ces dernières regorgent de culture diverses et variées : maïs, avocats, bananes, soja, curcuma, mangues, papayes, tournesols, cannes à sucre, arbres teck, et pas mal de champs de tabac aussi.

Notre première étape est un très vieux temple installé dans une grande grotte, bien cachée dans la montagne au milieu de champs. Assez impressionnant comme installation ! Nous continuons à traverser les champs en profitant de la magnifique vue sur le lac qui s’ouvre à nous. Ce que j’aime aussi dans les randonnées avec guide, c’est que c’est l’occasion d’en apprendre un peu plus sur le pays, ou sur les habitudes des locaux. Depuis le début de mon séjour par exemple, je remarque beaucoup de gens avec les dents rouge / brun. Ils arborent cependant fièrement leurs sourires… et on les voit souvent cracher. En fait ils mâchouillent une espace de pâte qui est mise à l’intérieur d’une feuille de bétel, et dans laquelle il y a un mélange de tabac et d’aromates divers. Ils gardent ça dans la bouche 10 minutes environ puis recrache, et ainsi de suite. C’est comme une addiction à la cigarette, mais selon Phyophyo, c’est beaucoup moins fort. En tout cas ça tache plus les dents déjà, et aussi le sol qui est plein de petites zones rouge.

Nous continuons notre route puis nous arrêtons pour déjeuner dans une maison sur pilotis au milieu des champs. C’est la maison d’un des fermiers, avec lequel je suppose l’agence à un arrangement. Phyophyo cuisine sur le feu alimenté par des restes de maïs, et ça me donne l’occasion d’observer la vie intérieure de la maison d’un fermier. C’est pour ainsi dire plutôt rustique, voir rudimentaire. Je me demande même si c’est étanche (mais on me répond que oui).

Nous commençons la redescente vers la vallée après manger. Nous passons à côté d’un petit lac et je m’autorise à l’utiliser comme piscine. Je ne suis pas le seul, des enfants et adolescents sont eux aussi en train de profiter de l’eau qui est merveilleusement rafraichissante ! Nous prenons ensuite la direction de l’exploitation vinicole voisine, car oui il y a aussi des vignes sur les flancs de ces montagnes. Du coup je suis un peu obligé de faire une petite dégustation ! Les vins sont de bonne qualité, et si on rapporte le prix en euros vraiment pas cher. Je goûte deux blancs et deux rouges. Tous sont bons mais les rouges sont beaucoup trop tanniques pour mon palais. Un des blancs me plaît vraiment, et se rapproche vraiment d’un muscat, en moins sucré. Bonne découverte !

A l’arrivée dans le village de Nyaug Shwe, nous croisons les écoliers à la sortie des classes. Je découvre qu’ils ont un uniforme. Phyophyo m’explique qu’il est standardisé, composé d’un longyi vert (sorte de tissu noué autour de la taille / habit traditionnel) et d’un haut blanc. Il est le même dans toutes les écoles du pays. J’arrive donc en fin d’après-midi à l’hôtel après une très bonne et enrichissante journée.

J’ai profité de mon temps libre pour monter la vidéo sur les deux jours passés au lac Inle :





Jour 69 – Inle lake

Les journées commencent tôt ici, du coup le dortoir ne fait pas exception et à 7h tout le monde est au petit-déjeuner. J’ai prévu pour ma part d’aller faire un tour en bateau pour découvrir le lac et ses villages. L’hôtel organise des tours mais il faut être minimum 2, ce qui est bien aussi pour partager le prix. Dong, un chinois séjournant dans le même dortoir se motive pour venir aussi et nous partons tous les deux accompagnés de deux birmans. Les bateaux sont plus des longues pirogues sur lesquelles un moteur plutôt rustique est installé.

Le ciel est menaçant mais pour le moment, les nuages sont plus un bien qu’un mal car ils nous protègent du soleil. Je sens qu’on est plus en altitude, il fait tout de même plus frais que lors de mes dernières journées de visites. L’environnement du lac est vraiment beau, très vert. On sent que des efforts pour préserver le lac sont fait, même si on voit quand même quelques déchets ici et là, et que les nombreux bateaux à moteurs (très bruyants par ailleurs) ne doivent pas être sans impact sur l’environnement. Assez rapidement, on voit des groupes de pêcheurs. Ces derniers ont une technique très particulière pour ramer, ils bloquent la rame avec le dessous du bras et l’actionne avec la jambe, le tout en restant debout en équilibre sur l’autre jambe !

Le tour n’est pas forcément très cher, et on comprend vite pourquoi. Nous faisons des arrêts programmés dans différentes fabriques et boutiques de bijoux en argent, de cigarillos birmans, ou bien de textiles (à base de lotus, ou de soie). Je n’aime pas forcement ces arrêts où l’on sait que tout le monde attend que l’on achète, ceux qui nous ont conduit y compris pour toucher leur commission. Cependant, cela nous permet de visiter quelques-unes des maisons de villages flottants qui bordent le lac, et de profiter de la vue. Tout n’était pas non plus inintéressant, la fabrique de textile bien au contraire d’ailleurs. On a pu voir comment était créé un fil à partir des tiges de lotus, puis admirer des techniques d’un autre âge pour tisser les textiles. Il y avait une pièce entière remplie de métiers à tisser manuels tout droit venus d’un autre temps pour nous !

A l’heure du déjeuner, nous nous baladons dans les « rues » du village de Nan Pan. Toutes les maisons reposent sur des pilotis en bambous. Cela donne une atmosphère vraiment particulière, et même un certain charme à l’endroit. Nous déjeunons face au stupa doré de la ville, en profitant du calme qui règne. Nous commençons l’après-midi avec la visite de la pagode de Phaung Daw Oo. Comme à Mandalay, elle aussi possède ses statues où les hommes viennent coller des feuilles d’or, du coup maintenant les statues ressemblent plus à des boules informes. Nous nous rendons ensuite au monastère Nga Hpe Kyaung, qui s’appelle aussi le Jumping Cat Monestary. On comprend très vite pourquoi. Depuis le début de la journée on voit partout des chats qui ont plutôt la belle vie, mais ce n’est rien comparé au monastère. Ici au milieu des moines vit une communauté de plusieurs dizaines de chats, dont plein de jeunes chatons qui jouent au milieu des croyants et des touristes. Un coin de la grande salle est aménagé pour pouvoir s’assoir par terre, les chats profitent bien de l’endroit aussi et viennent chercher l’affection des visiteurs. Nous profitons nous aussi des chats en attendant que la grosse averse en cours cesse.

Le conducteur nous demande ensuite si nous voulons voir le village où vivent les femmes-girafes. Ce que je m’empresse de refuser, Dong n’est pas trop partant non plus tant mieux. C’est typiquement la visite à boycotter à cet endroit. Cette tradition est ancienne dans le pays, mais elle était en train de disparaître. Malheureusement, un des effets pervers du tourisme a été de la relancer, je pense au plus grand malheur des jeunes filles qui sont la plupart du temps forcée. En tant que visiteurs nous avons aussi notre responsabilité en jeu, et nous pouvons refuser que ce genre de choses se fasse. Ce n’est pas une action isolée qui arrêtera cette tradition barbare, mais si tout le monde refuse cette visite de zoo, peut-être l’effet arrivera t’il !?

Nous prenons le chemin du retour vers Nyaung Shwe en passant entre les gouttes, avec au passage un dernier coup d’œil sur les jardins flottants. C’est une technique plutôt impressionnante de culture. En l’occurrence on voit ici des pieds de tomates à perte de vue. Une fois rentré à l’hôtel, entre la pluie menaçante et le réveil matinal dont je sens bien l’effet, je m’accorde une bonne sieste pour finir l’après-midi.