Jour 75 – De Mwlamying à Hpa An

Je pars de Mwalamying aux environs de midi après une matinée de repos bien heureuse. Ce n’est pas très loin mais avec tous les arrêts, les 70 kilomètres auront bien pris 2 heures. On voit le paysage évoluer à l’approche de Hpa An (ou Pa An), et au fur et à mesure que l’on revient près du fleuve. On aperçoit d’énormes pics montagneux au milieu des étendues plates et des multiples bras du fleuve. Géologiquement parlant, il paraît que l’on peut comparer cette zone du Myanmar à la baie d’Along au Vietnam.

Une fois en ville je vais m’installer dans mon hôtel qui cette fois-ci n’est pas un dortoir. Trouver un hébergement ici a été laborieux et finalement même le moins cher est très cher pour le niveau de service proposé. Mais bon il y a plus de demandes que d’offres dans cette région qui, il y a deux à peine était interdite aux étrangers. Je m’installe au Soe Brother Guest House, tenue par un des frères Soe en personne ! Ce dernier m’accueille, et pour se faire une image du personnage, on dirait le sosie du vieux chinois dans Lucky Luke. Il me tient la jambe pendant un long moment pour m’expliquer tout ce que je peux faire dans le coin, à l’aide d’une carte manuscrite sur une feuille A4, mais qui semble à l’échelle douteuse, voir irrégulière. En soit les informations sont intéressantes mais il détaille tellement que je n’en retiens pas la moitié. Je vais essayer de faire un tour organisé demain pour me simplifier la vie, et aussi parce qu’on me l’a conseillé. Je pose mes affaires dans la chambre, et je découvre un lieu comment dire… dans son jus ! Clairement ça ne vaut pas le prix, et ça me rappelle nos pires hôtels indiens.

Après un déjeuner tardif (et compliqué à trouver dans la ville), je me dirige vers un embarcadère pour prendre un bateau et traverser le fleuve. Mr Soe me l’a indiqué sur le « plan », mais je peine à le repérer car aucune infrastructure ne laisse transparaître. Je finis par trouver et me voilà embarqué pour traverser le fleuve, dans une barque qui je pense sert de transport public vu le monde à bord. La vue qui se dégage pendant la traversée est déjà impressionnante, et sur l’autre rive je vois le mont Hpa-Pu qui est mon objectif pour cette fin d’après-midi. Une fois débarqué, je dois me dépêcher car le dernier bateau pour rentrer est dans 1h15.

Je rejoins donc le village voisin en traversant les champs, puis rejoins les escaliers qui permettent l’ascension du mont. Le village est rustique, les maisons sont faites de bois le long d’un chemin de terre. Le fermier laboure son champ à la main et les motos servent de transport agricole avec des cargaisons improbables sur de si petits véhicules. Au loin dans les haut-parleurs sonnent les chants de prière bouddhique, il me semble faites par des enfants. Je m’attaque à l’escalier, dans un premier temps il est bien maçonné, mais il devient vite très raide avec de minuscules marches creusées et cachées au milieu de la végétation. C’est donc un peu haletant que j’arrive presque au sommet, le temps m’empêchant d’aller au plus haut. La vue que je découvre est à couper le souffle (enfin il était déjà coupé avant avec la montée ^^). La plaine regorge de ces massifs karstiques sortis de nulle part, et souvent soulignés de stupas dorés qui brillent avec le soleil couchant. Les tergiversations du fleuve au milieu des terres apportent à ce tableau une beauté étrange et magique.

Dommage de ne pas pouvoir rester plus longtemps pour profiter du spectacle, mais si je râte le bateau, ce sont 16 kilomètres de détour par la terre qui m’attendent. J’arrive à temps et le traversier me ramène de l’autre côté, après avoir vidé tous ses passagers.

Je me rends le soir dans un restaurant conseillé par Mr Soe, ce qui me permet de passer et découvrir les petites rues de la ville. La ville est, il me semble étendue, mais semble assez calme. Cela se confirme à l’heure où j’écris installé sur le balcon de l’hôtel, on entend un chien aboyer de temps en temps, et les véhicules se font de plus en plus rares.