Jour 76 – Hpa An

La ville n’est finalement pas aussi calme que ça, au vu du réveil à 6h du matin avec la musique hurlant dans la rue. Aujourd’hui, j’ai rendez-vous dans un autre hôtel situé en bas de ma rue pour partir avec eux faire une excursion dans les environs. Nous sommes 6 entassés à l’arrière du tuk-tuk, deux Espagnols, une Hollandaise, un et une Allemande et moi-même. La journée comporte plusieurs arrêts, avec pas mal de grottes dont la région regorge. Bien sûr la plupart sont aménagées en temple, avec plein de Bouddhas disséminés (entre autres).

Conversation assez timide dans le tuk-tuk pendant la première partie de trajet, puis nous arrivons après un long moment sur un petit chemin cahoteux (ce ne sera pas le dernier de la journée) au temple de la grotte de Kaw Ka Taung. Première mise en bouche accueillis par plus de 150 statues de moines en train de faire l’aumône (à taille réelle cette fois ci), puis découverte d’une grande grotte se terminant par une minuscule cavité accessible uniquement en se penchant. Chaque mètre carré semble être utilisé !

Direction ensuite, la grotte de Saddan. Le paysage le long de la route est magnifique, le chemin est bordé de rizières de couleur verte presque fluo, et au loin les massifs qui se détachent subitement des plaines sont toujours aussi impressionnants ! Nous sommes accueillis par deux moines qui nous offrent un petit sachet contenant une pâte (très bizarre entre nous), cette dernière est censée être médicinale et aider soulager différents maux en fonction du liquide avec lequel elle est mélangée (eau, eau sucrée, eau de coco, jus de canne à sucre, etc…). L’entrée de la grotte est gigantissime, et la première salle aussi. Au fond trône un grand Bouddha couché. Un chemin continue après et s’enfonce sous terre. Nous traversons plusieurs salles, certaines à l’aide de passerelles joliment mises en valeur par les éclairages, d’autres très sombres. Mais surtout, les bruits des chauves-souris vivant là par centaines sont omniprésents, nous essayons de les voir en éclairant les plafonds à la frontale, mais ces dernières savent se faire discrètes. Après un bon moment de marche, et des salles plus impressionnantes les unes que les autres, nous débouchons sur la sortie qui donne sur une petite crique de l’autre côté de la montagne. Nous partons à trois par barque avec un pêcheur qui rame pour revenir de l’autre côté. Ne pas avoir de moteurs permet vraiment de profiter des sons de la nature et c’est un grand plaisir. Le bateau prend la direction de la falaise dès le début du trajet, et là se dessine tout à coup un passage créé par la rivière qui devient souterraine sous la montagne. Nous passons dessous en nous aplatissant le plus possible dans le bateau car il n’y a vraiment pas beaucoup de hauteur ! Nous finissons le retour en traversant un lac rempli de nénuphars, avec toujours un paysage époustouflant à l’horizon.

Pour déjeuner, notre chauffeur du jour nous amène au Water Fall Village. En plein milieu du village trônent deux magnifiques piscines naturelles, non pas alimentées par une cascade comme le nom le laisserait penser, mais pas une rivière souterraine. Nous ne résistons pas à une baignade après le déjeuner ! Nouvelle bizarrerie de la religion Bouddhiste, le premier bassin en amont est interdit aux femmes. Pourquoi on ne saura pas mais j’ai déjà croisé ce genre d’interdictions absurdes durant le voyage, sur des fontaines, ou sur les bouddhas où l’on colle des feuilles d’or par exemple. Moment très sympathique qui libère un peu plus la conversation dans notre groupe.

Nous commençons l’après-midi par la visite du jardin de Lombani, dit le jardin aux milles Bouddhas. Je ne sais pas s’ils sont mille mais c’est certain, il y en a énormément. Ce jardin sert de porte d’entrée au monastère érigé sur le mont Zwegabin, le plus haut de cette région. Un télésiège pour aller au sommet est en projet, mais en attendant, pour l’atteindre il faut gravir 2200 marches. Et en guise de télésiège, il faut se contenter du modèle réduit installé en bas de la montagne qui permet de faire un petit tour, sans grand intérêt en terme de transport. Mais c’est plus comme un manège pour les Birmans qui n’ont jamais dû avoir l’occasion d’en voir. On nous explique que le projet du grand télésiège est géré par un fabricant suisse.

Nous continuons avec le monastère Kyauk Kalap. Une mini île au centre d’un lac, sur lequel un gros rocher plus fin à sa base qu’à son sommet a été une bonne excuse pour installer un monastère. Visuellement c’est une réussite, déjà d’en bas quand on traverse la passerelle pour accéder à l’île. Puis d’en haut, la vue sur les alentours est tout simplement à couper le souffle : montagnes, rizières, lacs, rivières, forêt, …. Tout est réuni !!!

L’après-midi est déjà bien avancé quand nous arrivons à la grotte de Yateak Pyan située sur l’autre rive du fleuve. Ici nous sommes accueillis par des dizaines de singes qui évoluent tranquillement dans les escaliers aménagés qui permettent d’accéder à l’entrée de la grotte. La première grande pièce est aménagée comme à l’habitude, puis un petit chemin s’enfonce dans le noir. Dix minutes de marche plus tard on réaperçoit la lumière et on accède à l’autre côté. L’heure avancée nous permet de voir le début de coucher de soleil depuis ce point de vue, je ne vais pas encore écrire un superlatif mais ça serait bien mérité !

Nous sommes pris par le temps pour être à l’heure à la Bat Cave pour le « spectacle ». Nous éliminons donc une étape du parcours et nous nous y rendons directement. Cette grotte n’a pas un intérêt fondamental pour les installations religieuses qu’elle contient, d’ailleurs ces dernières ne sont installées qu’à l’extérieur de l’entrée. Non, ce qui est important, c’est qu’une communauté de chauve-souris estimée à 300 000 individus y vit. Le spectacle de leur sortie à la nuit tombée pour partir vers leur chasse nocturne est magique. Elles sont tellement rapides que on ne distingue souvent que leurs ombres, mais parfois la lumière de nos lampes se reflète dans leurs yeux. En tout cas, pendant les trente minutes où nous restons, le ballet de leur sortie est ininterrompu !

Le soir, ayant bien sympathisé avec deux des personnes du groupe, nous allons dîner ensemble. Il y a donc Chris (notre Allemand), et Joosje (notre Hollandaise). Nous prévoyons de passer la journée de demain ensemble et arrangeons notre programme autour d’une bière bien fraîche et d’un bon repas (c’est comme ça que se finissent les bonnes journées ?!). Pour faire une mini- conclusion à cette journée de découverte, Hpa an est pour ce que j’en ai vu, un des plus beaux endroits au Myanmar. Avoir autant de diversité de paysages réunis au même endroit le rend vraiment unique et magique. Je n’hésiterais pas à dire que parmi mes différents voyages, cet endroit est un des plus beaux que j’ai eu le plaisir de pouvoir visiter (mais j’ai encore 9 mois demi devant moi !)

PS : Les bruits de chauve-souris