Jour 69 – Inle lake

Les journées commencent tôt ici, du coup le dortoir ne fait pas exception et à 7h tout le monde est au petit-déjeuner. J’ai prévu pour ma part d’aller faire un tour en bateau pour découvrir le lac et ses villages. L’hôtel organise des tours mais il faut être minimum 2, ce qui est bien aussi pour partager le prix. Dong, un chinois séjournant dans le même dortoir se motive pour venir aussi et nous partons tous les deux accompagnés de deux birmans. Les bateaux sont plus des longues pirogues sur lesquelles un moteur plutôt rustique est installé.

Le ciel est menaçant mais pour le moment, les nuages sont plus un bien qu’un mal car ils nous protègent du soleil. Je sens qu’on est plus en altitude, il fait tout de même plus frais que lors de mes dernières journées de visites. L’environnement du lac est vraiment beau, très vert. On sent que des efforts pour préserver le lac sont fait, même si on voit quand même quelques déchets ici et là, et que les nombreux bateaux à moteurs (très bruyants par ailleurs) ne doivent pas être sans impact sur l’environnement. Assez rapidement, on voit des groupes de pêcheurs. Ces derniers ont une technique très particulière pour ramer, ils bloquent la rame avec le dessous du bras et l’actionne avec la jambe, le tout en restant debout en équilibre sur l’autre jambe !

Le tour n’est pas forcément très cher, et on comprend vite pourquoi. Nous faisons des arrêts programmés dans différentes fabriques et boutiques de bijoux en argent, de cigarillos birmans, ou bien de textiles (à base de lotus, ou de soie). Je n’aime pas forcement ces arrêts où l’on sait que tout le monde attend que l’on achète, ceux qui nous ont conduit y compris pour toucher leur commission. Cependant, cela nous permet de visiter quelques-unes des maisons de villages flottants qui bordent le lac, et de profiter de la vue. Tout n’était pas non plus inintéressant, la fabrique de textile bien au contraire d’ailleurs. On a pu voir comment était créé un fil à partir des tiges de lotus, puis admirer des techniques d’un autre âge pour tisser les textiles. Il y avait une pièce entière remplie de métiers à tisser manuels tout droit venus d’un autre temps pour nous !

A l’heure du déjeuner, nous nous baladons dans les « rues » du village de Nan Pan. Toutes les maisons reposent sur des pilotis en bambous. Cela donne une atmosphère vraiment particulière, et même un certain charme à l’endroit. Nous déjeunons face au stupa doré de la ville, en profitant du calme qui règne. Nous commençons l’après-midi avec la visite de la pagode de Phaung Daw Oo. Comme à Mandalay, elle aussi possède ses statues où les hommes viennent coller des feuilles d’or, du coup maintenant les statues ressemblent plus à des boules informes. Nous nous rendons ensuite au monastère Nga Hpe Kyaung, qui s’appelle aussi le Jumping Cat Monestary. On comprend très vite pourquoi. Depuis le début de la journée on voit partout des chats qui ont plutôt la belle vie, mais ce n’est rien comparé au monastère. Ici au milieu des moines vit une communauté de plusieurs dizaines de chats, dont plein de jeunes chatons qui jouent au milieu des croyants et des touristes. Un coin de la grande salle est aménagé pour pouvoir s’assoir par terre, les chats profitent bien de l’endroit aussi et viennent chercher l’affection des visiteurs. Nous profitons nous aussi des chats en attendant que la grosse averse en cours cesse.

Le conducteur nous demande ensuite si nous voulons voir le village où vivent les femmes-girafes. Ce que je m’empresse de refuser, Dong n’est pas trop partant non plus tant mieux. C’est typiquement la visite à boycotter à cet endroit. Cette tradition est ancienne dans le pays, mais elle était en train de disparaître. Malheureusement, un des effets pervers du tourisme a été de la relancer, je pense au plus grand malheur des jeunes filles qui sont la plupart du temps forcée. En tant que visiteurs nous avons aussi notre responsabilité en jeu, et nous pouvons refuser que ce genre de choses se fasse. Ce n’est pas une action isolée qui arrêtera cette tradition barbare, mais si tout le monde refuse cette visite de zoo, peut-être l’effet arrivera t’il !?

Nous prenons le chemin du retour vers Nyaung Shwe en passant entre les gouttes, avec au passage un dernier coup d’œil sur les jardins flottants. C’est une technique plutôt impressionnante de culture. En l’occurrence on voit ici des pieds de tomates à perte de vue. Une fois rentré à l’hôtel, entre la pluie menaçante et le réveil matinal dont je sens bien l’effet, je m’accorde une bonne sieste pour finir l’après-midi.