Jour 108 – Kep

Réveil un peu courbaturé ce matin, je prends mon temps. Au petit déjeuner je croise Irène, une des clientes de l’hôtel. Il s’avère que c’est une infirmière de longue date, elle accepte de jeter un œil à mes blessures. Rien de bien alarmant pour elle, c’est propre. Elle me donne 2 / 3 trucs de sa trousse à pharmacie personnelle et me dit quoi acheter à la pharmacie française locale. Me voilà parti pour 4 à 5 jours de bandage, j’achète donc le nécessaire. Je me la joue tranquille ce matin, mais vers midi la faim me gagne. Je prends la direction de la ferme de poivre la plus proche de Kep, qui fait aussi restaurant le midi.

Le cadre est vraiment reposant, le restaurant qui offre des hamacs en complément des tables pour manger. Je teste pour la première fois un bœuf Lak Lao, spécialité du pays, bien sûr accompagné d’une sauce au poivre. Juste un délice !!! Après une mini sieste dans le hamac, je suis la visite qui présente la ferme et les poivres. J’en avais appris un peu lors de notre trek en Inde mais là c’est plus complet forcément. Donc il y a le poivre vert, qui est le poivre frais. Le rouge qui est arrivé à maturité sur l’arbre est qui est plus doux. Ensuite le noir est du poivre rouge séché au soleil. Le blanc lui, est l’intérieur du rouge où la coque a été enlevé. Soit en trempant les grains dans l’eau (mais pas trop longtemps), soit en utilisant des oiseaux qui mangent les grains rouges et ne rejettent que le blanc. Ensuite des enfants (souvent) ramassent les grains dans les excréments des oiseaux. Dans tous les cas, le tri entre les différents types se fait à la main à la pince à épiler ! Sacré travail ! Aussi, cette ferme met un point d’honneur à avoir une culture bio et respectueuse de l’environnement. Le guide qui gère la visite ponctue ses phrases en anglais d’expressions françaises, c’est très intéressant et très drôle.

Je retourne ensuite sur Kep pour visiter le parc national. Il est accessible en moto et donc je parcours les 8 kilomètres qui le traversent en faisant des arrêts pour profiter des points de vue. Juste, je fais une petite marche qui me dérouille un peu les jambes pour grimper sur un des points de vue. Je partage cette petite marche avec un groupe que je croise par hasard composé de 3 Israélien, un Allemand, et une Italienne. J’en profite pour prendre quelques infos sur Israël en vue du séjour de l’année prochaine.

Kep est situé sur une péninsule, et le centre de cette péninsule est un bloc montagneux couvert de forêt. La ville est très étendue sur le pourtour à l’est et au sud. Après ma petite balade en forêt, je découvre le bord de mer, ses statues, sa plage envahie de locaux en goguette, ses moines qui profitent de la vue, et son crabe géant qui dit « welcome ». La partie ouest de la ville où mon auberge se situe, est un peu plus désertique. En fait il y a pas mal de villas coloniale brulée sur des terrains abandonnés qui donne une atmosphère particulières. Après renseignement, il s’avère que Kep fut une cité balnéaire très prisée au 20ème siècle par les colons français et les riches Cambodgiens, c’était la mer à seulement 10 jours d’éléphant de Phnom Penh ! Par la suite, la ville a connu une histoire assez faste et ce jusqu’à la guerre du Vietnam. La frontière est proche et la région a souffert collatéralement du conflit Américano-Vietnamien. L’arrivée des Khmers Rouges n’a rien arrangé. Ces derniers ont vidé la ville, comme toutes celles du Cambodge et ont fini de brûler les belles villas de la ville. Ils ont aussi détruit les champs de poivre de l’époque car selon eux, tout était uniquement à la solde des occidentaux. Malgré le cessez-le-feu signé en 1993 entre le gouvernement et les Khmers rouges, ces derniers n’ont libéré cette zone là qu’en 1998. C’est donc finalement assez récemment que la ville a pu reprendre ses activités, et que les champs de poivre ont été replantés. La plupart des exploitations actuelles datent de la première décennie des années 2000. Après ce petit tour, je retourne me poser un peu l’auberge avant d’aller déguster le fameux crabe au poivre vert !







Jour 107 – De Phnom Penh à Kep

Effectivement le dortoir au-dessus d’un bar n’était pas pour le mieux. Je trouverai une autre adresse pour mon prochain séjour à Phnom Penh. Début de route sans grand intérêt, au milieu des bouchons. Après une cinquantaine de kilomètres, je fais un arrêt aux stands pour régler un petit problème de tension de chaîne. Rien de bien méchant mais les mécanos emploient les grands moyens pour régler le souci.

Me voilà reparti sur cette route sans grand intérêt, toujours avec autant de circulation, et des Cambodgiens qui roulent n’importe comment, à contre-sens parfois, et en changeant de direction sans vraiment regarder. Bref, c’est là que le drame arrive. J’ai beau faire attention un scooter se décale et je n’arrive pas à l’éviter, je l’accroche… n’arrive plus à contrôler la moto et me voilà par terre. Heureusement je ne roulais pas trop vite mais je peine à me relever, des cambodgiens m’aident et relèvent aussi la moto pour la mettre sur le côté. J’ai un peu de mal à réaliser ce qui s’est passé tellement ça a été vite. Dans mon malheur, tout s’est déroulé devant un centre médical. Me voilà donc assis dans une chaise avec le médecin du lieu qui prend en charge la désinfection et la mise en place des pansements. Je suis tombé du côté droit et j’ai le genou, le flanc et le bras un peu brûlés et bien égratignés. Accessoirement mon pantalon est bon pour la poubelle aussi.

Me voilà assis dans le centre médical, observé par une dizaine de Cambodgiens très curieux. Là-dessus arrive la famille qui était sur le scooter. Je ne l’ai pas vu mais apparemment eux aussi sont tombés, il était 4 dessus mais seul le plus jeune fils à le bras brûlé. Le médecin le soigne avant de finir de s’occuper de mes différentes blessures. Il pleure beaucoup, normal je comprends bien la douleur qu’il ressent à ce moment-là. Je lui offre la fin de mon paquet de Haribo pour essayer de le réconforter. Je n’aurais pas droit à un mot, et la famille me regarde vraiment de façon bizarre. Ils partent aussi vite qu’ils sont arrivés, et ne paient rien. Je me dis qu’il y doit y avoir une gratuité dans certains cas. Enfin jusqu’à ce que le médecin me dise que je dois payer pour eux. J’avoue je suis un peu choqué sachant que l’accident est de la faute du père qui m’a coupé la route. Il me dit que lui ne sait pas ce qu’il s’est passé, mais qu’eux sont pauvres et moi pas…. Le tableau est posé quoi. La moindre des choses aurait été d’essayer de me parler avant de partir mais bon. Tout ça a pris un bon moment, mais je fais faire les papiers pour l’assurance, puis je repars tant bien que mal.

Premier objectif, remettre en état les petits dégâts occasionnés sur la moto. Deuxième étape, je me pose pour manger et redescendre un peu de mes émotions. Je repars pour les 90 kilomètres restants, en étant encore plus vigilant. Aucun souci à signaler sur le reste de la route. A l’approche de Kep, les beaux paysages reviennent. Je n’en avais pas eu vraiment depuis le Laos, excepté la jungle d’Angkor bien sûr. Mais les abords des routes du Cambodge n’étaient pas très beaux jusqu’à maintenant. Là c’est le retour des massifs karstiques entourés de rivières, le tout avec le soleil déclinant. Juste avant d’arriver à la guesthouse, je fais un arrêt sur le ponton pour voir la mer, et le soleil couchant. Je n’ai pas vu la mer depuis l’Inde, c’est toujours aussi agréable ! Je m’installe à la Rega Guesthouse, qui s’avère en fait être gérée par un couple de français. D’ailleurs, entre les amis expats locaux du couple et les clients, le français semble bien présent ici ! Je vais bien profiter de leurs installations pour me reposer après les émotions de la journée. Ils me donnent des indications et des conseils pour la journée de visite de demain et je partage le repas du soir dans l’espace commun.




Jour 106 – De Siem Reap à Phnom Penh

La route est longue aujourd’hui, 330 kilomètres au programme. Rien de bien passionnant ce matin sur le trajet, je dois rester concentré pour éviter les doubleurs fous qui arrivent en face. Les Cambodgiens ne roulent pas forcément vite, mais ils sont un peu nerveux du volant apparemment ! A midi je tente une pause déjeuner dans un petit village, mais je ne parviens pas à me faire comprendre. Ce que je pensais être un restaurant est il me semble tenu par des adolescentes qui se marrent bien quand j’essaie de leur parler, je finirai avec un Ice tea et pas plus !

Au fur et à mesure de l’avancée, je découvre sur le bord de la route le Tonlé Sap. Ce qui commence comme une rivière affluant du Mékong au niveau de Phnom Penh finit carrément comme un lac au niveau de Siem Reap plusieurs centaines de kilomètres plus loin. En fait il s’agir d’un déversoir pour le Mékong. Du coup, sa spécificité est que le sens du courant change en fonction des saisons. Quand le Mékong a trop d’eau en saison des pluies, le courant reflue vers le centre du pays et remplit le lac, comme actuellement. Cela fait le bonheur des cultivateurs aux alentours je pense. A la saison sèche, le lac se vide dans le Mékong et lui permet de garder un débit assez constant. La nature est quand même bien faite !

Malgré le ciel plutôt gris et menaçant, la pluie m’avait laissé tranquille, jusqu’au moment où je me retrouve devant un mur gris variant vers le noir…. J’anticipe et  m’équipe, heureusement ! Je traverse 10 kilomètres d’orage extrêmement fort, le vent me pousse et je peine à avancer, la pluie est battante, la route devient une rivière. Mais tout ça s’arrête aussi rapidement que ça a commencé et la route redevient totalement sèche. A l’approche de Phnom Penh, le trafic se fait de plus en plus intense et je peine à avancer. Je ne suis pas le seul car des dizaines et des dizaines de moto se faufilent entre les files de voitures. C’est donc avec grande difficulté que je parcours les 15 derniers kilomètres et que je débarque dans la capitale du Cambodge. Clairement je ne m’attendais pas à une ville comme ça. Je m’attendais à quelque chose de comparable à Vientiane, mais là on est dans une vraie capitale, aux airs de ville thaïlandaise ou chinoise. Ce qui est sûr, c’est que l’ambiance me va beaucoup mieux que celle de Siem Reap (que j’ai trouvé assez détestable). Ce soir je ne fais que passer en escale sur la route de la région de Kampot mais je terminerai mon séjour Cambodgien ici la semaine prochaine.

La ville me semble assez agréable et je profite de la fin d’après-midi pour marcher dans les rues et découvrir un peu la cité. On est bien loin des images de campagne que j’ai eu aujourd’hui le long de la route, ici c’est ultra urbanisé. Les grandes tours, les écrans dans la rue, la circulation, la différence est assez violente, mais en même temps ça me fait du bien de me retrouver dans un milieu urbain. Je passe devant le monument de l’indépendance puis remonte l’avenue des ambassades, rue très chic forcément. Puis je fais un tour dans le marché central avec son bâtiment un peu en forme de soucoupe volante, hérité de l’architecture coloniale du début de 20ème siècle. Je finis la journée, dans un petit centre commercial où j’ai fait quelques emplettes et je craque pour un Starbucks (désolé ça faisait très longtemps). Pour le moment, seules les sollicitations incessantes des chauffeurs de tuk-tuk et des moto-taxis tentent de gâcher un peu mon impression, mais je pense que je vais aimer visiter cette ville.

Je retourne dans mon auberge du jour, le Blue dog guesthouse. Cette dernière se situe au-dessus du bar du même nom, du coup côté tranquillité on n’est pas au top. Autre fait qui me surprend quand je traverse la salle bondée pour monter dans le dortoir, les gens fument à l’intérieur. Cela m’avait déjà choqué au Vietnam, et apparemment le Cambodge est dans le même cas. Il me semble que la santé publique et la politique anti-tabac ne sont pas forcément au cœur des préoccupations.





Jour 105 – Angkor (toujours plus de temples !)

Je commence cette journée de la grande boucle par un temple parmi les plus récents de la zone (12ème siècle) et qui est dans un style un peu différent. En effet, sur chaque tour, et il  en reste encore 37 debout, sont sculptés des visages gigantesques. L’effet est déstabilisant, on se sent observé de partout. C’est vraiment impressionnant, surtout que le temple est un vrai labyrinthe, difficile de s’y retrouver entre les fausses portes et les vraies portes, les culs-de-sac et les escaliers menant aux différents niveaux. Je ne suis clairement pas seul pour cette visite, je n’ai pas réussi à partir tôt, du coup je tombe au moment où des bus entiers ont déversé leurs touristes chinois.

Je continue la grande boucle, avec en premier une autre des anciennes cités. Celle-ci est moins prisée des touristes et un peu plus abandonnée à la jungle. J’apprécie donc mieux ce temple-là. Ce que je comprends, c’est qu’en fonction des rois, les cités se sont déplacées, et que seuls subsistent les temples de ces cités. En l’occurrence, seuls les dieux sont dignes d’avoir des demeures en pierre, les hommes eux avaient des habitations en bois, qui elles n’ont pas survécu à l’épreuve du temps.

Visiter Angkor en fin de saison des pluies a certains désavantages au vu de la pluie quotidienne, mais il y aussi pas mal d’avantages. Déjà la nature est ultra luxuriante, et les rizières super vertes. Mais aussi, par exemple dans le cadre d’une des visites d’aujourd’hui, cela permet d’avoir les bassins de l’époque entièrement remplis d’eau. La vision à la période sèche doit en être bien changée. Ma mention spéciale pour les temples du grand circuit revient donc à ce tout petit temple installé au milieu d’un petit lac, qui se trouve au milieu d’une île, qui se trouve elle-même au milieu d’un grand lac. Dans ce grand lac, des arbres se retrouvent donc en cette fin de saison des pluies au milieu de l’eau. L’ensemble est vraiment magique, comme flottant sur les eaux. Je suis assez content des visites de temples de cette grande boucle, car ils étaient un peu moins prisés par les foules, et aussi un peu plus livrés à la nature. Les images de banians poussant dans les murs sont tellement irréelles et impressionnantes que je ne m’en lasse pas !

Pour finir les visites des temples principaux, je prends la direction d’un temple éloigné d’une trentaine de kilomètres de la zone, le Banteay Srei. Son surnom est « le temple des femmes », car les bas-reliefs gravés sont tellement fins et bien réalisés que selon l’histoire, seules des femmes auraient eu la finesse d’exécution nécessaire. Ce temple est aussi connu car Malraux, le même qui deviendra plus tard Ministre de la Culture était à l’époque en manque d’argent et s’est rendu coupable de vol de linteaux gravés qu’il voulait essayer de revendre. Il s’en est finalement sorti avec un an de prison avec sursis à l’époque en plaidant que ces pierres n’était la possession officielle de personne, et aussi grâce à la pression de pétitions parisiennes. Pour en revenir au temple, effectivement on découvre des bâtiments en grès rose, ce qui dénote avec les visites précédentes, mais aussi et surtout, les fameux bas-reliefs. Ils sont d’une réalisation millimétrée, et souvent en très bon état. Les statues qui servent de gardes, et principalement celles de singes m’ont aussi beaucoup impressionné. Je fais la visite assez rapidement car le site est envahi de chinois qui ne laissent que peu d’espace aux autres visiteurs. Je n’ai pas le temps de retourner à la moto qu’une nouvelle averse arrive, je m’abrite sous une cabane avec les gardes du site le temps que ça passe, puis je rejoins le parking en passant par un chemin qui offre une belle vue sur les rizières implantées en lieu et place des anciens bassins.

Il n’est pas trop tard mais je sature un peu de ces deux jours et demi à visiter des temples, mais j’en ai clairement pris plein la vue, c’était un émerveillement de chaque instant. J’ai compris pourquoi ce lieu était si mythique.

Je termine ma fin d’après-midi au bord de la piscine de l’hôtel, il n’y a pas de raison de se priver ! J’en profite pour écrire ces mots, et pour monter les vidéos de ce débout de séjour au Cambodge :
https://youtu.be/uA3fClb485Y
https://youtu.be/bMMLM_OLD20










Jour 104 – Angkor (un matin)

Merci JJG pour l’intervention dans le titre, et désolé pour l’humour ! Mais en l’occurrence le démarrage ce matin a été plutôt douloureux. J’arrive quand même à partir de l’hôtel, mais la première mission est d’acheter le billet / pass 3 jours pour accéder aux temples. Ça semble être normal de placer les billetteries à 3 kilomètres des sites donc je galère un peu à trouver, mais finalement, je prends la direction du Angkor Vat avec le sésame en poche.

Le Angkor Vat est le temple principal, le plus célèbre et celui qui a aussi donné son image comme symbole sur le drapeau du Cambodge. Il a été remarquablement conservé, restauré et entretenu. On arrive bien à se projeter sur son état originel. Les bas-relief et gravures sont assez impressionnants. L’ensemble est carrément imposant. En faire le tour me prend un bon moment mais je suis content car j’ai réussi à éviter la foule, et pour un lieu aussi touristique c’est tant mieux. Je prends ensuite la route du petit circuit, car visiter les temples de ce circuit est mon objectif de la journée. Il y a aussi un grand circuit mais je me le garde pour demain. Les routes ont été aménagées pour faciliter l’accès aux différents temples qui parsèment la jungle. Par contre, je pars dans le sens non-conventionnel, toujours dans l’objectif d’éviter les foules. Je me fais encore quelques temples sur la route, avant de me poser pour déjeuner à côté de la piscine royale. Un petit bassin de 800 mètres par 400, normal ! L’eau y est d’ailleurs très bonne, j’ai testé avec les pieds. En même temps avec le soleil de plomb qu’il y a, ça chauffe ! Tellement qu’un orage éclate, heureusement pour moi pile pendant mon arrêt repas.

Je reprends le circuit pour continuer l’après-midi, et j’enchaîne les temples, certains plats, d’autres dit « montagne », des ruines de palais. Bref plein de vielles pierre bourrées de charme ! Les temples sont plus ou moins en bon état en fonction des programmes de conservation et restauration lancés, et des partenariats internationaux mis en place. Mais dans l’ensemble, l’accès est très simple et souvent bien aménagé. J’ai eu de la chance d’avoir une visite sauvage hier, car ici on reste dans les sentiers balisés. Il est difficile de se projeter et d’imaginer ce qu’ont pu ressentir les premiers européens à découvrir le site. Mais je n’en reste pas moins totalement émerveillé, et complètement sous le charme des lieux. Il est vrai que les temples envahis de mousses, et avec les arbres qui poussent au milieu des murs sont ce que j’imaginais d’Angkor, et je ne suis pas déçu. Chaque recoin recèle de petites merveilles. J’ai une petite mention spéciale pour le temple qui a servi au tournage du film Tomb Raider, les arbres incrustés sont vraiment déments. Ils sont même tellement incrustés dans les murs qu’il est maintenant impossible de les enlever sans tout faire tomber.

L’après-midi touche à sa fin, et le soleil couchant magnifie les pierres, la végétation et les douves qui sont encore bien présente. Je termine justement l’après-midi en visitant Angkor Thom, la cité fortifiée. Je ne prends pas le temps de finir car je voudrais monter sur la colline qui permet d’avoir un point de vue pour le coucher de soleil. Au passage je croise des éléphants (tenus en esclavage pour porter des touristes malheureusement) et des singes (sauvages eux), et je retrouve aussi tous les touristes que j’ai évités toute la journée. On peut même dire qu’à 80% il s’agit de chinois, et que leur comportement de groupe en voyage me laisse toujours assez circonspect. J’essaie de résister à l’envie de les pousser dans le vide et essaie de profiter un peu de la vue malgré leur omniprésence. Sur le temple au sommet, des jeunes moines se réunissent, ils sont bien remarqués avec leur toge jaune moutarde / orangé au milieu de tous les touristes. Je me dépêche de descendre pour rentrer avant la nuit noire et essayer d’éviter les bouchons sur le retour de Siem Reap. Car oui, comme tout le monde rentre en même temps, la circulation à cette heure-là est folle !

Je retrouve Florian pour manger avant qu’il ne prenne son bus de nuit pour partir au sud continuer son aventure. Je m’offre une bonne petite baignade dans la piscine de l’hôtel avant d’aller dormir. Et demain on remet Angkor ça ! (déso)











Jour 103 – De Stung Treng à Siem Reap

C’est reparti de bon matin pour une longue journée. En fin de matinée, je suis content car je suis presque arrivé au bout des 200 premiers kilomètres pour rallier mon premier lieu de visite. Enfin c’est ce que je crois car au kilométrage supposé, toujours pas la route que je cherche. Après vérification, j’ai raté un embranchement… malheureusement pour moi 42 kilomètres avant ! Me voilà reparti dans l’autre sens pour rattraper la bonne route. J’arrive finalement au complexe de temple de Koh Ker en tout début d’après-midi.

Pour une première découverte des temples khmers je suis bien heureux, après une petite marche à travers des ruines, j’arrive face à une gigantesque pyramide à 7 pans. Un accès au sommet a été créé, et le point de vue que je découvre laisse entrevoir de la jungle à perte de vue. Je sais qu’il y a là sous ces arbres plusieurs temples mais rien ne transparaît.

Avec le détour malheureux que j’ai fait il me reste encore pas mal de kilomètres pour rejoindre Siem Reap et il n’est pas très tôt, mais je tiens quand même au passage à visiter le Prasat Beoung Mealea. Ce lieu n’est ni vraiment un temple, ni vraiment un palais mais fut un peu de tout ça on dirait. Je ne trouve pas l’entrée aménagée mais un des gardes du lieu m’entraîne avec lui dans une excursion. Il me fait passer par-dessus les murs, à travers les portes effondrées, par-dessus les tas de pierre, j’ai l’impression d’être Indiana Jones. Car l’atmosphère au milieu de ces murs à moitié effondrés, et des arbres et mousses qui grimpent partout est assez mystique. La chance, je suis en plus tout seul à ce moment-là ! Le guide finit par me faire rallier une des passerelles en bois qui flèche un parcours, et je comprends que j’ai eu le privilège d’une visite officieuse du lieu. Je remercie chaleureusement mon guide improvisé avant de continuer la visite plus officielle. Au moment de sortir, un enfant qui doit attendre les touristes je pense, m’entraîne avec lui pour découvrir une autre partie non officielle du palais. Il tient absolument à me montrer les dommages occasionnés par les Khmers rouges, qui sont le plus souvent des têtes de divinités arrachées ou démolies à coup de balles. J’essaie de me séparer de mon jeune guide avant qu’il ne me quémande de l’argent, ce qui ne tarde pas à arriver bien sûr… J’arrive finalement à m’en défaire et je continue mon chemin. Je suis en tout cas super heureux de cette première approche de temples d’Angkor par la découverte de ces lieux périphériques.

Le soleil est déjà bien bas et il me reste une soixantaine de kilomètres à parcourir. La circulation se densifie beaucoup, et l’urbanisation à l’approche de Siem Reap est vraiment présente. Avec la nuit la circulation se fait assez compliquée mais j’arrive à rallier la ville et ses grandes avenues. C’est une grande ville comme j’ai  peu vu en Asie depuis mon arrivée, et se faufiler dans la circulation est du même niveau qu’à Paris. Le tonnerre gronde mais j’ai tout juste le temps d’arriver à l’hôtel et de décharger mes affaires avant que la pluie ne se mette à tomber. J’y retrouve Florian, mon vendeur de moto laissé aux 4000 îles quelques jours plus tôt, qui est arrivé ici entre temps en passant par le chemin le plus court en bus. Je découvre une ville qui est bien loin de mes centres d’intérêts, remplie de touristes, de bars et de lieux de nuits. La musique de mauvais goût beugle partout dans les rues, les lumières criardes aussi. Les prix sont extravagants comparés à ce que j’ai eu au Cambodge depuis hier, on paie la zone touristique, où ici le dollar est roi, et quasiment rien ne coûte moins de 1$ (même une bouteille d’eau). Nous trouvons quand même un coin avec des stands de rue où la nourriture est plus abordable. Je n’ai plus qu’à rentrer m’écrouler après cette journée où j’ai encore fait 400 kilomètres et passé de longues heures de concentration à conduire.








Jour 102 – De Plei Cân à Stung Treng (Cambodge)

C’est fou comment avec à peine une demi-journée au Vietnam le moral remonte. Je découvre en premier lieu des gens gentils, aidant, concernés et humains…. Après le Laos ça fait du bien. Mon premier contact avec un Vietnamien fut hier soir en attendant au distributeur, j’échange quelques mots avec un jeune homme et ce dernier me dit que je suis beau… Bon ok c’est un peu bizarre mais ça fait quand même plaisir ! Puis le distributeur n’ayant plus d’argent, un autre homme m’invite à le suivre pour me conduire à un autre ATM, sympa ! Ce matin, je décolle très tôt de l’hôtel mais la ville est déjà réveillée, un des gérants de l’hôtel tient absolument à m’aider à emballer mon sac dans sa bâche, et à pousser la moto de devant l’hôtel pour que je puisse partir facilement, beau geste.

Me voilà en route pour le long périple d’aujourd’hui, assez rapidement la pluie fait des siennes, je progresse autant que je peux car je suis dans une zone d’entre deux villes mais dès que j’arrive dans la ville suivante, je me refugie dans un café. Ils sont faciles à repérer car en vietnamien ça s’écrit « Câ phé ». Cette première pause me servira aussi de petit déjeuner, enfin avec mes gâteaux car les noodles le matin non merci. Par contre, en plus du thé commandé, la patronne du café tient à m’offrir un café frappé. Et puis au moment de payer, en fait elle m’offre mon thé, plus le café, et puis me ressert un thé… en fait elle m’offre le petit déjeuner quoi. Je suis un peu gêné mais vraiment touché par ce geste auquel je ne m’attendais pas du tout. J’ai droit à des grands sourires au moment de partir, et puis je reprends la route. D’ailleurs, tout le long de la route les gens me sourient et me saluent, je le rends bien volontiers ! Ça semble tellement sincère, ça fait vraiment plaisir.

La pluie tombe de plus en plus, et ma cape de pluie Birmane rend l’âme ! Je m’arrête dans la ville suivante pour investir dans une nouvelle, car en moto c’est l’élément indispensable ! La boutique où je m’arrête est tenue par une petite mamie super sympa, je lui fais comprendre ce dont j’ai besoin, elle me fait essayer pour être sûr que c’est bon. Avant de partir, avec tout ce thé je lui demande s’il y a des toilettes pas loin, du coup elle m’accompagne pour me montrer ceux d’un café caché, super sympa quoi ! A quelques kilomètres de la frontière, après une bonne matinée de route, un policier me fait signe de m’arrêter, j’obtempère bien sûr. Il me montre sur son téléphone une photo prise par l’arrière de ma moto, bien reconnaissable avec la bâche bleue protégeant mon sac, et un chiffre en rouge : 69. Avec son téléphone et google translate il me dit que je roulais trop vite et je dois payer 750 000 dongs (environ 28€). Aie, je lui réponds que je ne les ai pas, ce qui n’est pas totalement faux, et il me dit d’aller voir son collègue qui est assis autour d’une petite table en plastique à coté de leur pick-up. A coup de google translate sur son téléphone, je lui dis que je pensais que c’était limité à 80 km/h (et je le pensais vraiment), lui me dit que non c’était 60 dans cette zone. Bon pour en arriver là ça a pris quelques minutes car la compréhension n’était pas simple. Quand je comprends enfin, je lui lance un « Sorry » en levant le paumes en l’air avec ma plus belle tête d’innocent. Son collègue revient, me tape sur l’épaule, et me tend la main. Les deux me serrent la main avec un grand sourire et me disent de filer ! Bon je pars tellement vite que j’ai oublié mes clefs sur la table et j’ai dû revenir. En tout cas ça se termine bien ! Avec toutes les bonnes impressions que j’ai eues avant, je suis de très bonne humeur pour attaquer ce passage de frontière.

Après l’échec de samedi, c’est presque indécent tellement celle-ci a été simple à franchir. Coté Vietnam, le douanier m’a quand même fait enlever tout mon paquetage de la moto pour le passer au scanner, mais rien de bien méchant. Coté Cambodgien, on sent qu’il y a moins de moyens que chez le voisin. Au lieu du grand bâtiment flambant neuf, il y a quelques cabanes en bois au bord de la route. Dans la première, il y a un panneau « visa » et un homme qui me fait signe. Je remplis le papier, il me colle l’autocollant et en moins de 5 minutes j’ai mon visa cambodgien. Il me réclame 35$, je lui dis « c’est 30$ normalement ? ». Il me dit que bla bla bla c’est quand on le fait dans les ambassades, mais qu’ici c’est plus cher… bref ce n’est pas ce que dit le panneau au-dessus de la porte mais comme il me laisse tranquille avec la moto je ne la ramène pas trop. Je passe juste au bureau d’à côté pour le tampon et me voici enfin au Cambodge !

Je me retrouve sans un sou ici, je vais donc le plus vite possible dans la ville suivante pour retirer. Je ne trouve qu’un ATM où je peux retirer en dollars, c’est assez étrange de faire ça en Asie mais soit ! Le pays jongle entre sa monnaie, le riel, et les dollars américains. Ce n’est pas toujours simple pour les calculs et les comptes ! Il n’est pas trop tard, je pousse encore jusqu’à la ville suivante, Stung Treng. Sur la route, je découvre les premiers paysages cambodgiens, toujours très verts. Les cultures, elles, semblent par contre plus diversifiées que chez le voisin laotien, même si on retrouve toujours quelques rizières, toujours aussi vertes en cette saison ! C’est bien fatigué que j’arrive en fin d’après-midi à Stung Treng, 10 heures après mon départ et avec plus de 400 kilomètres dans les jambes, les bras… enfin partout mon corps ressent encore la vibration de la moto et de la route. Je songe à faire l’entretien usuel de la moto avant d’aller me poser à l’hôtel, quand tout à coup un bruit bizarre et puis plus rien… j’ai déraillé ! Elle aussi apparemment avait envie de son entretien. Je m’arrête au garage le plus proche (après 1km à pousser) qui me remet tout ça en place, en plus de faire la vidange et quelques menues réparations pas bien graves. Je vois aussi sur la carte que je suis seulement à 65 kilomètres du point ou j’ai dû faire demi-tour samedi, j’ai une petite pensée pour ce « gentil » douanier avec qui j’ai essayé de négocier.

Le gérant de l’hôtel trouvé est super accueillant, il parle même quelques mots de français car il a de la famille à Lyon. La chambre est vraiment ultra économique et sera parfaite pour la nuit, le matelas est bien et c’est le plus important pour récupérer de la journée ! Il m’indique où je peux manger dans le quartier. Car cette petite ville de la province Cambodgienne, est vraiment petite. Une fois sorti des trois rues principales, même si la carte nomme des rues, ce sont plutôt des chemins de terre jusqu’où l’éclairage public n’est pas arrivé. C’est donc dans le noir que je rejoins comme je peux (je n’avais pas prévu la lumière, le comble) le restaurant indiqué. Là, l’ambiance bat son plein, un seul et unique groupe occupe le restaurant et monopolise l’ambiance musicale. Les serveurs me font asseoir et malgré notre non possibilité de communiquer me font comprendre ce qu’ils peuvent me servir. Une fois servi, c’est moi qui ne comprend pas trop ce que je dois faire de ce qu’ils m’ont donné. Une des serveuses me montre les mélanges d’épices et de citrons à faire pour y tremper la viande qui vient d’être cuite au grill, c’était super bon ! A peine j’ai fini de manger, je me retrouve encerclé par 4 jeunes du groupe qui festoient juste à côté de moi. Ils m’assaillent de questions, et m’invitent à leur table. L’un d’eux parle assez bien anglais et m’explique qu’ils travaillent tous ensemble dans une banque de la ville, et que ce soir ils fêtent le départ de deux jeunes de l’équipe qui partent bosser dans une autre agence à Pnom-Penh. J’ai eu cette explication entre-coupée de photos avec moi et de 14000 trinques de verre. Ils ont tous voulu trinquer avec moi, et ne supportaient pas que mon verre se vide ! C’était assez sympa de se retrouver mêlé par hasard à cette célébration. Mais avec la fatigue accumulée, je sens le traquenard arriver. J’arrive à finir mon verre sans qu’ils ne le remplissent à nouveau, et je leur souhaite une bonne fin de soirée. C’était un moment très sympa et très convivial. Comme première image du Cambodge c’est plutôt agréable, espérons que ça continue sur cette lancée !





Jour 101 – De Paksé à Plei Cân (Vietnam)

Dès la première heure je me rends au consulat du Vietnam pour obtenir le visa tant attendu. Il n’aura fallu que 15 minutes et la modique somme de 120$ (aïe aïe aïe) pour repartir avec le fameux sésame ! Je peux donc officiellement me lancer dans le grand tour pour contourner la frontière infranchissable, première étape, rejoindre le Vietnam ce soir.

Je reprends la route déjà expérimentée pour voir les cascades quelques jours plus tôt, cette fois ci je ne me fais pas avoir, je me couvre bien car les températures chutent pas mal avec l’altitude. J’avance bien, si bien que je me permets une petite pause pour découvrir la deuxième plus grande cascade du pays qui fait partie de la grande boucle du plateau de Bolovens. En même temps elle juste à côté de la route ça aurait été dommage de la rater. Il est 13h quand je m’arrête déjeuner et j’ai déjà fait plus de la moitié du trajet, tout va bien. Enfin je n’avais pas imaginé les 100 kilomètres avant la frontière comme ça. Disons que j’ai compris ce qu’était la frontière naturelle entre le Laos et le Vietnam, une bonne barrière montagneuse. C’est donc 100 kilomètres de route de montagne à parcourir qu’il me reste. Les paysages sont magnifiques, c’est un bel au revoir au Laos, mais au bout d’une paire d’heures, mes bras sentent bien les kilomètres aussi. J’arrive enfin à la frontière ! Sortir du Laos est une formalité, ici pas de tentative de racket, tant mieux ! Entrer au Vietnam n’est pas bien plus compliqué avec le visa déjà prêt. En moins de 30 minutes les deux checks points sont passés et je peux continuer ma route, ça y est j’ai enfin réussi à quitter le Laos !

La nuit tombe encore plus tôt ici, et avec tous les kilomètres de la journée je me contente de me rendre à la ville la plus proche. C’est assez fou comment tout change en quelques kilomètres après la traversée d’une frontière. C’est le retour des klaxons, les gens sont plus nerveux aussi, ça se voit direct (en même temps ce n’est pas difficile de faire plus tranquille qu’au Laos). Une fois arrivé, première mission, retirer des Dongs pour pouvoir payer mon hôtel, et deuxième mission, trouver une chambre. Je sens que cette ville n’est pas touristique du tout. Je suis un peu le seul et tout le monde me regarde, mais avec des grands sourires donc c’est plutôt agréable. Les gens de l’hôtel où je m’arrête parlent un peu anglais, j’en profite pour leur demander conseil sur la route à emprunter demain. J’ai bien fait de demander, je serais reparti pour 140 kilomètres de route de montagne ! Je vais éviter et suivre la route qui contourne comme ils me l’ont conseillé.





Jour 100 – Paksé

C’est un peu une claque d’arriver au jour 100, c’est presque devenu normal comme situation pour moi de voyager ! Bon, je l’avais par contre clairement imaginé face au temple d’Angkor et j’ai encore un peu de mal à digérer l’échec d’hier. J’ai quand même essayé de mettre à profit ma journée. J’aurais aimé commencer par une grosse grasse matinée, mais un vendeur de glace / nourriture ambulant en avait décidé autrement. A 7h du matin, il stationne pendant un long moment devant l’hôtel, ou dans la rue de l’hôtel peut être. Sa spécificité (mais ce n’est pas le seul du pays) c’est d’avoir en mode sonnerie mono-ton de téléphone « La lettre à Elise » qui tourne en boucle. J’aime beaucoup cette musique, mais en boucle avec ce type de son, ça m’a très vite tapé sur le système et empêché de dormir.

Je me dis que je vais visiter un peu Paksé, je n’avais pas pris le temps lors de mon dernier passage. Je me rends au marché Dao Hueng, typiquement Laotien, et relativement grand. Je contourne bien sur les étals de viandes qui sont bien odorants et visuellement dégoutants. Le reste du marché est plutôt chouette, assez ordonné, et les étals pleins de couleurs des fruits et légumes sont toujours aussi beaux. La chaleur est accablante et je sens la fatigue de la journée d’hier, je retourne vers l’hôtel, mais je fais une petite pause coiffeur en cours de route. Je n’avais pas encore testé au Laos, c’est chose faite ! Pour l’anecdote, le siège n’était pas réglable et la coiffeuse tellement petite que j’ai été obligé de me baisser pour qu’elle me coupe les cheveux du dessus (ceux qui me restent), la situation était assez drôle ! Ça l’a aussi fait marrer (façon laotienne par contre, ce n’est jamais très expansif) que je demande pour prendre une photo, c’est un peu ma tradition de coiffeur maintenant.

Après une bonne sieste, je pars en moto pour monter au point de vue de l’autre côté du Mékong, là où siège un « petit » Bouddha de 25 mètres. Le trajet est vraiment rapide, et la route qui grimpe très agréable. La vue sur Paksé et le Mékong est vraiment belle. Je suis content finalement d’avoir eu l’opportunité de la voir.

Comme je n’ai vraiment pas envie de faire grand-chose pour fêter ce jour 100, je rentre à l’hôtel. Je me fais juste une sortie pour manger au restaurant indien découvert lors de mon dernier passage. Ce soir, je suis seul dans un dortoir, et je compte bien profiter de l’espace ! Ce n’est pas tous les jours que j’ai une « chambre » aussi grande pour moi tout seul.







Jour 99 – Retour à Paksé, ou l’échec de la traversée de la frontière Laos / Cambodge

La journée ne s’est pas déroulée comme prévu, mais c’était malheureusement une des options soujacentes. Pourtant avec un bon petit déjeuner de chez Fred & Léa dans le ventre, ça aurait dû aller ! Bref, j’ai pris mon petit bateau et ma moto et je me suis rendu à la frontière Cambodgienne, avec la ferme intention de la traverser.

Les douaniers Laotiens m’ont vu arriver avec la moto, ils m’ont envoyé d’abord coté Cambodgien pour voir les douanes, et m’ont dit de revenir si je pouvais rentrer au Cambodge avec la moto pour me faire le tampon de sortie du Laos, bon déjà ça ne m’a pas mis en confiance. Je me rends jusqu’à la barrière, laisse la moto et finis à pied jusqu’au bureau des douanes. Là, je découvre un homme avachi sur sa chaise en train de dormir, j’hésite à le réveiller de peur de le mettre de mauvais poil, mais une femme qui voulait faire passer des vêtements s’occupe de cette tâche. Le douanier ne parle pas vraiment anglais et je ne comprends rien à ce qu’il me dit, un autre arrive, lui parle plus clairement. Je garde le sourire et mon calme, et la discussion commence. Une bonne discussion de sourds, ils me refusent l’entrée avec la moto, sous prétexte que je n’ai pas demandé une autorisation au ministère à Pnomh-Penh. Cette formalité n’est expliquée nulle part, j’essaie de leur montrer ma bonne foi ! Sachant que je suis à une des frontières les plus corrompues du monde, je m’attends à ce qu’ils me demandent un petit paiement, je crois comprendre qu’ils le font. J’essaie de leur demander de m’aider, de négocier, à peu près tout ce que je peux en restant calme, posé et sympa. Je crois même que j’ai finalement ouvertement essayé de les corrompre tellement j’étais à bout d’arguments, mais rien ne marche. Je suis obligé de me résigner à faire demi-tour, et à repenser mes plans. Heureusement que je n’ai pas fait tamponner ma sortie du Laos, mais les douaniers Laotiens qui me voient repasser ne sont pas les mêmes, et j’ai quand même le droit à une vérification de visa, et surtout un gros regard interrogatif. Je n’ai pas pris l’habitude de faire des notes pour les autres voyageurs dans mes posts, mais si google amène des lecteurs sur ce texte, ça leur sera utile. Car tout ce qu’on lit à l’heure actuelle n’est pas valable et m’a bien induit en erreur.

*Avertissement : Il ne faut pas essayer de traverser la frontière du Laos vers le Cambodge à moto, sauf si vous avez trouvé comment réaliser la procédure d’autorisation préalable auprès du ministère Cambodgien. Sinon abstenez-vous ! Et encore rien ne garantit que la procédure ne soit pas changée demain*

Après cet échec, je reprends la route en sens inverse pour dans un premier temps me rendre à Nagasang, la ville d’où les bateaux partent pour les îles. Déjà pour retrouver un ATM et me refaire un pécule de kips (que j’avais bien éliminé en prévision du passage de frontière), mais aussi pour relancer une idée que Florian a suggéré par message ce matin. Puisque je ne suis pas passé, lui non plus ne passera pas. Donc il doit se débarrasser de sa moto, mais qu’on vende la mienne ou la sienne, ici les locaux n’en donnent guère plus que 100$. Nous validons le deal par message, et en l’attendant sur le port pendant qu’il ramène sa moto, je me mets en recherche pour vendre la mienne. Me voyant attendre, un Laotien vient me voir et me demande si je veux prendre le bateau, je lui écris sur google translate « A vendre » en montrant la moto, et il se révèle intéressé. Il l’essaie, puis un deuxième homme l’essaie, puis finalement une dame me fait signe et me donne l’argent demandé. Enfin ils ont quand même négocié un peu avant mais j’en tire le prix escompté ici. Au passage je dois un peu faire le forcing pour récupérer de l’essence, j’avais fait le plein juste avant de partir, et je préfère mettre cette essence dans la nouvelle moto ! C’est donc en moins de 15 minutes que la vente se solde et que je dis adieu à ma bonne vieille moto, qui même si elle tombait souvent en panne était quand même bien chouette !

Quand Florian arrive, je suis sur le port avec tous mes sacs sans véhicule. Lui aussi à un peu de mal à lâcher sa moto (ah le sentimentalisme !), mais le prix que je lui donne pour le rachat est inespéré dans cette zone. Sa moto est comme neuve, et ne nécessite aucune réparation autre que de l’entretien courant. Le montant que je rajoute pour l’acquérir couvre je pense au moins ce que m’aurait couté ma vieille moto en réparation, la sérénité en plus. Me voilà donc reparti sur mon nouvel engin en direction de Paksé. J’ai entre temps un peu plus réfléchi au plan que je vais suivre.

L’idée est d’obtenir un visa Vietnamien multiple entrée, puis de prendre la direction de la frontière Laos / Vietnam la plus proche. De là en une journée je rejoins la frontière Vietnam / Cambodge la plus proche et je vais jusqu’au temple d’Angkor, pour rattraper le parcours initialement prévu. Bon avec quand même 750 kilomètres de plus au compteur, et quelques jours de délai. Mais bon, les aléas du voyage sont ce qu’ils sont. Sauf qu’en cours de route je réalise que nous sommes samedi… j’ai un peu tendance à être perdu dans les jours de la semaine. Or le consulat du Vietnam à Paksé est fermé, et ne réouvre que lundi à 9h. Je n’ai pas le choix, il est trop tard pour faire demi-tour, je vais devoir attendre deux nuits à Paksé l’ouverture du consulat. En effet, initialement je voulais partir pour le Vietnam direct, puisque en tant que Français j’ai le droit à 15 jours sur le territoire gratuitement sans visa préalable, parfait ! Même si je comptais ne rester qu’un jour ça marche. Par contre, j’aurais utilisé ce crédit d’une entrée / sortie et ne pourrais pas revenir sur le territoire Vietnamien avant au moins 30 jours, même avec un visa. Ce qui était mon idée, de faire un visa une fois au Cambodge pour ma deuxième entrée… mais que nenni ce n’est a priori pas possible ! Enfin les informations ne sont pas claires, j’ai essayé d’appeler partout où je pouvais mais personne n’a pu me donner l’information officielle, et la moitié des bureaux sont fermés sans permanence le weekend. Je ne veux pas risquer une seconde de ne pas pouvoir rejoindre Clémence à Ho-Shi-Minh le 21 octobre. Je vais donc attendre lundi et faire les choses dans les règles, en me faisant bien confirmer que ce que je veux faire est possible avant de me lancer. D’ici là, je n’ai qu’à attendre, et c’est là que l’attente aux 4000 îles aurait été plus intéressante, mais on ne choisit pas quand les idées arrivent !