On est un peu passés en mode vacances pour ce début de séjour péruvien. Ce matin, c’est très tranquillement et en prenant notre temps que nous démarrons cette journée, la chaleur un peu accablante nous pousse aussi un peu dans cette voie. Nous nous décidons aujourd’hui à aller visiter un domaine viticole situé juste au-dessus de Ica. Nous sommes dans la région de Pisco, mais Ica est notamment célèbre pour ses vignobles. Le Pisco est la boisson nationale, même si les Chiliens se la sont aussi un peu appropriée. Mais aussi, les viticulteurs locaux produisent des vins plus classiques.
Après une traversée du désert, littéralement, nous tombons à nouveau sur une oasis, là où le domaine de l’Hacienda Tacama s’est installé. Nous avons affaire à une grosse exploitation, d’ici sortent 70 millions de bouteilles par an. Nous faisons le tour des lieux accompagnés de notre guide Miguel, qui nous explique les différents processus utilisés ici. La visite que j’avais faite en Argentine auparavant m’aide à bien comprendre comment le vin est fait, les méthodes sont similaires. Ici aussi les vins sont vieillis en fut de chêne français, apparemment c’est la référence ! Il n’y a que dans le cas du Pisco où c’est une découverte, nous avons en réalité affaire à une eau-de-vie de raisin, ça chiffre fort en alcool, entre 42 et 43,5°.
En fin de visite, nous avons droit à une dégustation. Rien de transcendant sur les vins classiques, le vin doux est sympathique et fait partie des spécialités locales. Quant au Pisco, seul et non en cocktail, c’est fort, trop fort même ! Nous restons un peu plus longtemps au domaine, car nous profitons du restaurant des lieux avant de reprendre un taxi en direction du centre-ville de Ica.
L’arrêt suivant se fait au Museo Regional de Ica. Nous découvrons une collection très complète d’objets allant des poteries aux tissus sur les différentes civilisations pré-Incas qui se sont succédé (trois d’entre elles sont présentées) jusqu’aux Incas. L’état de conservation est assez bluffant, et la qualité de fabrication assez folle aussi vu l’ancienneté des réalisations. Clou de la visite, des momies et restes humains retrouvés lors des fouilles sont exposés. C’est pour le moins authentique, et un peu choquant aussi. On découvre dans cette partie de l’exposition qu’il y a déjà plus de 2000 ans, certaines opérations chirurgicales, dont les trépanations pour soulager les problèmes de pression intra crânienne, étaient déjà pratiquées. Il faut dire que ces problèmes étaient courant dans les classes dirigeantes car la plupart avaient le crâne volontairement déformé dès la naissance et durant leur croissance, pour bien marquer leur appartenance sociale.
Du musée, nous retournons dans nos quartiers à Huaccachina, nous sommes un peu assommés par la chaleur, et ne faisons pas grand-chose à part une petite piscine rafraichissante. Quand la fraicheur revient, la nuit arrive en même temps et il est trop tard pour se lancer dans que ce soit d’autre, nous en resterons là pour aujourd’hui et c’est très bien, c’est aussi ça les vacances !
Rester plus longtemps à Chincha n’a pas forcément un grand intérêt, nous prenons notre temps ce matin puis nous retournons vers la gare routière pour pendre le premier bus en direction de Ica, la grosse ville la plus proche à 100 kilomètres de là. Le trajet prend deux bonnes heures et nous nous occupons en jouant au petit bac, à l’ancienne ! Le long de la route, nous retrouvons les paysages désertiques et sableux.
Une fois à Ica, nous faisons juste un arrêt déjeuner dans le premier petit bouiboui que nous trouvons, puis nous prenons un taxi en direction du village de Huaccachina, distant de seulement 4 kilomètres. Notre chauffeur, Luis est bien sympathique et nous fait un petit arrêt photo avant l’arrivée vers Hucachina. Plus qu’un village, c’est une vraie oasis, celle des images d’Epinal. Devant nous se découvre un paysage complétement fou. Les quelques maisons et hôtels sont placés autour d’un petit lac, le tout planté au milieu de gigantesques dunes de sable.
A notre arrivée dans l’après-midi, il fait bien trop chaud pour faire quoi que ce soit, nous végétons devant le ventilateur, moi en dormant, Clem en lisant. En fin d’après-midi, armés de nos bâtons et de nos chaussures de marche nous nous lançons pour l’ascension de la plus haute dune. Ça me rappel vraiment la Mongolie, mais ça monte quand même moins raide, heureusement ! Le paysage est splendide, et magnifié par le soleil qui descend en même que nous montons. Uns fois au somment, nous profitons un peu de la vue et de ses derniers rayons. Dans les dunes au loin nous voyons les groupes de touristes qui s’amusent à bord de buggy (sorte de 4×4 ouverts), à coté de nous, un autre groupe s’apprête à faire la descente… en snowboard ! Nous les observons, ça a l’air vraiment d’être similaire sur le sable et sur la neige. Ça donne envie ! Nous, nous descendons en courant dans le sable, et c’est super plaisant !
Le soir, on se fait une petite piscine à l’hôtel pour se rafraîchir (et enlever le sable) avant d’aller profiter de la soirée dans un bar-restaurant au bord du lac. Il y a une super vue, on se fait un petit Pisco-Sour, le cocktail local en mangeant et profitant des lieux. Le serveur est sympa, il apprend à parler français, il s’entraine avec nous. Il nous laisse même lui suggérer des musiques à passer. Nous passons une bonne soirée !
Nous quittons aujourd’hui Lima en direction du sud, après le bouillonnement de la capitale, nous rejoignons la route qui longe le littoral en plein désert. Le contraste entre la couleur du sable et le bleu de l’océan est saisissant, on s’imagine en temps normal une bande littorale plutôt luxuriante, et cela accentue notre surprise. Quelques heures plus tard nous voici arrivés dans la petite ville de Chincha. Les rues sont poussiéreuses, les gens semblent affairés et les tuktuk sont partout. Une fois les affaires déposées à l’hôtel et le déjeuner pris, nous rejoignons le point de départ des collectivos pour nous rendre dans un village voisin, El Carmen.
Plus précisément, nous allons visiter la Casa Hacienda San José. C’est une ancienne demeure de propriétaire d’exploitation agricole du temps de la colonisation, aujourd’hui reconvertie en musée et hôtel. L’ensemble des bâtiments, dont une petite église privée, ont été construits par les Jésuites, puis vendus aux premières propriétaires au 17ème siècle. Malheureusement, le tout a été transformé en exploitation agricole avec de la main d’œuvre esclave. Des africains originaires du Congo, du Bénin ou du Sénégal sont arrivés par centaines dans la région pour être réduits en esclavage. La zone dans laquelle nous nous trouvons possédait trois haciendas, et jusqu’à 1000 esclaves qui ont travaillé dans les champs de cannes à sucre et de coton.
Nous découvrons la maison en elle-même, qui a évolué en fonction de ses différents propriétaires, mais aussi les catacombes. Autrefois c’était des tunnels qui servaient aux Jésuites pour se protéger des attaques des pirates, mais au temps de l’esclavage la fonction est devenue bien plus morbide. Nous découvrons au fur et à mesure de la visite les horreurs de l’histoire commises ici, je n’aurais pas imaginé être confronté à cette pratique au Pérou.
L’histoire est longue est un peu indigeste, mais en résumé, les derniers propriétaires par hérédité de la maison ont été égorgés par leur esclaves, puis San Martin, le libérateur du pays a fait des lieux une propriété gouvernementale. Avec l’indépendance du pays a été proclamée l’abolition de l’esclavage. Quelques années plus tard, les bâtiments sont passés de main en main au gré de rachats jusqu’à la propriétaire actuelle qui en a transformé la fonction. Les terres adjacentes sont quant à elles détenues depuis par une coopérative agricole, et toujours en exploitation.
Une fois de retour au village de El Carmen après cette visite un peu particulière, nous constatons qu’une partie de la population est la descendante directe des anciens esclaves. Nous étions venus à la base ici pour un éventuel festival de musique africano-péruvienne, mais nous ne sommes apparemment pas là aux bonnes dates. Nous découvrons par contre un petit village fort sympathique, où tout le monde nous salue de bon cœur mais où les rues sont très calmes. Notre visite est enrobée par la superbe lumière orangé du coucher de soleil, qui signifie aussi pour nous qu’il est temps de rejoindre nos quartiers à Chincha avant la tombée de la nuit.
Je commence la journée à l’envers : je suis en train d’écrire installé sur le toit de l’hôtel avec le paon qui me tourne autour. Clémence, elle, s’essaie à l’aquarelle, nous profitons des derniers rayons de soleil de la journée. Ce matin, c’est Clémence qui m’a tiré du lit, elle s’est un peu recalée au nouvel horaire, mais reprend ses habitudes de réveil. Ce n’est finalement pas plus mal pour aujourd’hui, car nous avons prévu de visiter des quartiers éloignés du centre. Pour nous y rendre, nous empruntons le Metropolitano. Rien à voir avec notre métro, il s’agit d’une ligne de bus rapide circulant sur des voies réservées. Vu la circulation, ce n’est pas du luxe, et c’est plutôt efficace.
Nous passons un moment dans le bus à traverser les différents quartiers de Lima, nous prenons conscience de l’étendue de l’agglomération. Surtout, nous ratons notre arrêt et devons faire demi-tour au terminus, ce qui rallonge un peu plus le temps de parcours. Nous arrivons finalement dans la ville de banlieue de Barranco, qui est presque considérée comme un quartier de Lima. L’endroit est agréable, et enveloppé dans les embruns de l’océan Pacifique Sud. Nous parcourons les petites rues, certaines avec les murs envahis de street art, découvrons le Puente de los Suspiros (LE pont des amoureux). Nous descendons aussi sur la plage pour nous rapprocher de l’océan. Clémence y met les pieds, et une vague traitresse décide de la mouiller un peu plus.
Nous remontons ensuite le long de la falaise qui domine l’océan, et continuons notre chemin en longeant vers le nord. Nous découvrons les quartiers riches de Barranco, les demeures sont luxueuses, et bien sécurisées. Nous basculons ensuite dans le quartier de Miraflores, le nouveau quartier à la mode de Lima. C’est un peu le nouveau centre moderne de l’agglomération. Nous trouvons un petit café bobo pour déjeuner à l’atmosphère très sympa, et aussi très bon.
Nous continuons ensuite dans Miraflores, et décidons de nous rendre à l’ICPNA (l’institut culturel péruvien et nord-américain) présentant des expositions gratuites. Nous y découvrons le travail de l’artiste Natalia Iguiñiz, réuni dans l’exposition Energias sociales / Fuerzas vitales. Nous avons découvert une rétrospective de ses œuvres qui traitent de la place de la femme dans la société péruvienne, et plus précisément à Lima. Le sujet traité est aussi le corps de la femme au sein d’une société très religieuse, avec des codes établis. C’était intéressant car les supports utilisés sont variés, et le propos est réfléchi.
De l’institut, nous nous rendons au Museo de Sitio Huanca Pucllana tout proche. Changement total d’ambiance et de sujet, c’est même un peu par hasard que nous nous y rendons. Il s’agit d’un site religieux et funéraire de civilisations pré-incas. Le site est encore en fouille, mais déjà ouvert au public avec des visites guidées. Notre guide semble passionné et il est par conséquent intéressant. Nous apprenons que 25 civilisations, plus ou moins longues se sont succédé avant l’avènement des Incas. Sur ce site en particulier, ce sont 3 civilisations qui l’ont utilisé. Les archéologues ont représenté les gens à échelle 1 en action pour que l’on se projette. Nous montons au sommet de la pyramide, et y découvrons la vue, et les tombes qui ont été exhumées. Nous en avons beaucoup appris grâce à notre guide très intéressant, qui a aussi abordé durant la visite les sujets autour de l’élevage et des cultures. Il y a d’ailleurs un petit jardin annexe présentant les variétés déjà plantées à l’époque, et un enclos avec des lamas et des alpaguas. Le sujet de la construction est aussi abordé, car tout sur le site est fait avec des briques d’adobe, à base d’argile principalement. Si la construction datant de 400 après JC tient encore debout, c’est uniquement parce qu’il ne pleut en moyenne que 20mm d’eau par an à Lima. Nous sommes dans un quasi désert, et actuellement, la ville n’est alimentée que par les sources qui descendent des montagnes et des hauts plateaux des Andes.
Autour de nous et dans Miraflores, et nous le voyons encore plus avec la vue depuis le sommet de l’antique pyramide, les embruns de l’océan sont présents partout. La vue au loin est bouchée, un voile nuageux semble tomber et se balader dans la ville. Notre guide nous expliquera que pourtant pendant les mois d’été, c’est un des seuls moments où le soleil perce un peu. Il nous dira aussi que le Pérou en raison de sa position géographique est un des pays au plus fort taux d’UV, en résumé, ça chauffe fort !
Nous décidons d’en rester là pour aujourd’hui, et de reprendre le Metropolitano en direction du centre. Les rues que nous traversons pour rejoindre notre hôtel sont bien plus animées en ce dimanche après-midi que ce matin quand nous sommes partis. Les magasins sont tous ouvert, et les mimes sont partout dans la rue comme hier soir.
Aujourd’hui sera la première journée réelle de visite de la ville. Nous prenons le petit déjeuner dans la salle qui se trouve sur le toit, entourés des animaux de l’hôtel, dont le Paon et le Perroquet, c’est assez atypique. Nous partons ensuite pour un tour du centre et de ses points d’intérêts. Nous commençons par le couvent-musée de San Francisco, qui se trouve juste à côté de notre hôtel.
Pour pouvoir le découvrir, c’est avec une visite guidée obligatoire. Nous choisissons de la suivre en espagnol pour pratiquer et progresser, mais notre guide n’est pas de très bonne volonté, et malgré nos demandes elle parle très vite, et ne fait aucun effort pour se faire comprendre. Aussi, elle passe très vite d’une salle à l’autre et nous n’avons absolument pas le temps de profiter des lieux. C’est bien dommage car le couvent, son cloitre, la bibliothèque et les différentes salles où nous passons valent largement le détour. Le style mauresque est très présent et donne un ton et un charme particulier à l’ensemble. Le clou de la visite est le passage dans les catacombes sous l’église, lieu dans lequel 25000 à 30000 corps ont été entassés dans les fosses communes avant l’ouverture du cimetière général de Lima. Les photos sont interdites ici, c’est dommage car les seules images que j’aurais seront celle du petit ours habillé en moine de la boutique de souvenir qui m’aura bien fait rire, et une photo volée du cloitre à travers la grille.
Nous continuons ensuite notre parcours en retournant vers la Plaza de Armas, aussi nommée Plaza Mayor. La place se trouve devant le Palais Gouvernemental, et nous arrivons à temps pour la cérémonie de la relève de la garde. Nous trouvons tout cela très folklorique, mais les Péruviens semblent prendre l’événement quotidien très au sérieux. La compagnie qui quitte son poste et celle qui la relève font de vraie chorégraphie l’une avec l’autre, c’est parfois presque de la danse, le tout accompagné au son de la fanfare. Nous passons un moment à observer tout ce spectacle, jusqu’à ce que le soleil qui tape dur eu raison de nous. Finalement, au moment où nous décidons de continuer notre chemin, la cérémonie se clôt. C’était quand même assez impressionnant de découvrir ça ! Sur la place, nous nous faisons alpaguer par des Péruviens qui pour un travail en cours d’Anglais doivent interviewer, ou plutôt poser quelques questions à des touristes dans la rue. Nous nous prêtons au jeu avant de continuer notre chemin.
Nous allons maintenant visiter un autre couvent-musée, celui de Santo Dominigo, de l’ordre des Dominicains bien entendu. Ici, la visite guidée n’est pas obligatoire, et nous pouvons découvrir le lieu seuls, du moment que nous respectons les consignes. C’est donc dans une atmosphère beaucoup plus détendue et beaucoup plus tranquille que nous pouvons prendre le temps de profiter de l’endroit. Un des gardes des lieux viens nous chercher pour nous escorter, et nous montrer que l’on peut aussi monter dans le clocher et profiter de la vue depuis le haut. Nous n’aurions pas osé monter, c’est chouette de nous l’avoir signalé. De là-haut, la vue sur Lima est impressionnante et nous offre une autre perspective de la ville. Une fois redescendus, nous profitons à fond de la quiétude des lieux, et surtout des magnifiques cloitres du couvent, dont le plus grand offre une belle vue sur la tour du clocher. Les coursives ombragées sont plus qu’agréables vu la chaleur ambiante.
La journée est pas mal avancée, et la faim nous guette. Nous marchons malgré tout un moment pour trouver un bon endroit, et finissons par descendre pas mal dans la ville et rejoindre la Bodega Queirolo, lieu assez agréable et typiquement péruvien. Nous avons descendus la principale rue piétonne du centre, le Jiron de la Union, et nous sommes maintenant aux abords de la Plaza San Martin, au centre de laquelle trône une gigantesque statue de bronze du général en question. C’est toujours le même, celui qui est présent partout en Argentine, et qui avant la libération des Argentins avait déjà participé à la libération des Péruviens.
Nous changeons ensuite de quartier et quittons le centre, dans un premier temps pour réserver nos billets de bus de lundi pour l’étape suivante, mais aussi pour nous rendre au Circuito Magico del Agua, un parc sur le thème des fontaines. Sur le chemin, nous découvrons une ville de Lima bien différente, dans une atmosphère bien différente du centre qui, il faut le dire peut parfois sembler un peu aseptisé et trop propre. C’est agréable de profiter du parc en même temps que les locaux, les familles semblent de sortie en ce samedi, et on a un peu l’impression de faire quelques choses de typiquement local. Ici, peu de touristes, et chacun semble s’amuser à regarder, ou à se faire mouiller par les jets d’eau. L’endroit est fort agréablement aménagé. L’après-midi est maintenant bien avancé, et il est temps pour nous de remonter vers nos quartiers, nous nous sommes bien éloignés. Au passage nous traversons un autre parc, dans lequel une gigantesque scène de festival est installée, et un groupe de métal est en train de jouer. J’observe de loin, c’est la première fois depuis longtemps que je croise une installation telle quelle, et qui me rappelle un peu le travail !
Une fois revenus dans le centre, nous lui découvrons un visage bien différent, celui du samedi soir. Les rues piétonnes sont envahies par la population, et par les artistes de rues. Il y a surtout plein de mimes peinturlurés qui essais de rester immobiles sous le regard des passants. De retour sur la Plaza Mayor, nous avons tous les deux de nouveau droit à une interview pour la classe d’anglais, avant d’arriver à nous en tirer et à rejoindre l’agence de bus située à côté de l’hôtel. Nous achetons cette fois ci nos billets pour le bus de nuit qui nous permettra de rallier Cuzco, point de départ du trek de l’inca déjà réservé, ce trek qui est lui-même la route d’accès au célèbre Machu Picchu. Nous allons dîner avant de rentrer définitivement à l’hôtel, notre petite journée s’est finalement faite avec un gros programme, et une fois rentrés nous ne voulons plus ressortir jusqu’à demain matin. Une chose est sûre, nous sommes bien rentrés dans le vif du sujet et dans la découverte de Lima, en attendant d’attaquer le reste du Pérou.
Journée un peu particulière aujourd’hui. Clémence me rejoint pour le dernier tiers de cette aventure. Je retrouve Pablo, le chauffeur d’hier pour retourner à l’aéroport ce matin. En route, il m’explique les raisons des manifestations de la veille. Un nouveau projet de loi est en cours, il demanderait aux futurs étudiants professeurs en formation mais déjà en poste de travailler 3 ans gratuitement jusqu’à leur titularisation, on comprend que cela fasse un tollé.
Me voici donc à l’aéroport à attendre ma dulcinée, en étant bien impatient ! Elle est bien arrivée, que tout le monde soit rassuré (surtout moi !). Nous faisons une sortie en ville pour déjeuner, et découvrir la Plaza de Armas qui aujourd’hui est ouverte. Nous préparons et discutons de la suite du voyage et du planning péruvien. Le soir, nous sortons dans un super restaurant pour fêter nos retrouvailles, Lima est tout de même réputée comme capitale gastronomique d’Amérique du Sud, et ce n’est pas volé (et oui Daddy et Mamoune je parle encore de nourriture 😉).
Je tente de rejoindre ce matin l’aéroport par le moyen le plus économique, des navettes en minibus. J’avais beau avoir repéré l’endroit de départ, après 45 minutes d’attente au milieu d’une circulation et donc d’une pollution intense, le premier minibus se présente… mais ne s’arrête pas ! Je n’ai plus le temps d’attendre, je suis obligé de prendre un taxi pour monter jusqu’à El Alto et l’aéroport.
Le trajet se décompose en deux, je fais mon entrée au Pérou par Cuzco. L’atterrissage est impressionnant, la ville se trouve à un tout petit peu plus de 3000 mètres d’altitude (soit à peine moins que la Paz) mais entre deux chaînes de montagnes assez serrées. L’avion pour atteindre la piste se retrouve donc à s’enfiler dans le corridor entre les deux et les montagnes semblent très très proches. Je n’ai pas le temps de profiter de Cuzco (nous y reviendrons plus tard), une fois les formalités d’immigration remplies, je dois sortir de l’aéroport, pour y re rentrer immédiatement et m’enregistrer pour le vol à destination de Lima qui part une paire d’heures plus tard. Je constate d’ailleurs qu’ à ce moment-là, au moins 75% des vols en provenance de Cuzco partent pour Lima, avec plusieurs compagnies. La liaison semble être très fréquente entre les deux villes. La vue au décollage est tout aussi belle, et pendant un moment je peux observer les montagnes très vertes (mais sans forêts) de la région.
Avant l’atterrissage à Lima, nous survolons un peu le Pacifique, que je retrouve après presque deux mois, et les côtes Péruvienne avec pleins de petits ilots. A l’arrivée à l’aéroport de Lima, Pablo le chauffeur de l’hôtel que nous avons réservé me récupère. Après des semaines en altitude avec des températures tempérées, voir carrément froides, retrouver une chaleur intense est un choc. L’aéroport se trouve assez loin du centre-ville, mais surtout la ville est très étendue. Sur les 36 millions d’habitants au Pérou, Pablo m’explique qu’il y en a au moins 17 millions qui vivent à Lima et sa banlieue. L’aéroport m’a semblé très moderne, mais la banlieue ne me dépayse pas trop de la Bolivie. Le centre historique lui par contre diffère beaucoup, tout y est très propre et bien entretenu. Au premier coup d’œil, la population semble aussi beaucoup plus multiculturelle qu’en Bolivie.
Je pose mes affaires à l’hôtel España, l’endroit est complétement fou. C’est un mix entre un musée, un hôtel et un immeuble d’habitation. Il y a même un paon, un vrai de vrai bien vivant qui se balade dans les couloirs et sur les toits. Je fais un premier tour dans le centre-ville en fin d’après-midi pour accomplir la mission d’achat de carte sim, j’y découvre des rues piétonnes et commerçantes fort agréables, mais pas forcément très typiques. On pourrait presque être dans n’importe quelle grande ville, ça ne leur enlève pas leur charme pour autant. En retournant vers l’hôtel, je passe à côté de la Plaza de Armas, la place principale. Mais cette dernière est fermée par un dispositif policier. Une fois à l’hôtel, j’entends une manifestation éclater, et j’ai même des fumées de fumigènes qui parviennent jusqu’à ma chambre par la fenêtre. Je reste à l’abri le temps que ça se calme. Je ressors pour manger le soir, mais je ne m’attarde pas trop car le dispositif policier est encore plus gros et plus hermétique autour du la place centrale. J’ai cherché, mais je n’ai pour le moment pas d’explication sur la raison des manifestations de ce soir.
Aujourd’hui c’est mon dernier jour à la Paz, mais aussi le dernier jour en Bolivie. J’accuse un peu le coup de toutes mes excursions de ces derniers jours, ce matin je démarre tranquillement. En milieu de matinée, je me rends au Museo de Etnografia y Folklore. Apparemment, il y en a dans toutes les villes, j’avais déjà découvert celui de Sucre. Bon là on est sur un musée d’un autre niveau. Seule ombre au tableau concernant la visite de ce matin, je tombe en même temps qu’une classe de jeunes très dissipés et qui semblent plus intéressés par les étrangers (dont moi) qui visitent le musée que par les explications de leur professeur qui essaie tant bien que mal de se faire entendre.
Sinon, les expositions sont très complètes, et très bien présentées. Cela va du travail du textile, en passant par le bois et les métaux. Mais aussi les façons d’extraire les métaux et le travail dans les mines, complété avec les présentations des différentes monnaies et pièces au cours du temps. La salle d’expositions des masques de carnaval aura particulièrement retenue mon attention, que ce soit pour son contenu très original, mais aussi pour sa scénographie. Cette salle est très bien complétée par une salle dont le sujet central est le travail des plumes, et vu toutes les espèces d’oiseaux présentes en Bolivie, il y a du choix en forme et en couleurs pour laisser aller son imagination. Le tout se passe dans un bâtiment colonial du 18ème siècle à la façade rénovée, et à l’intérieur flambant neuf.
De là, je me balade un peu dans le quartier, mais surtout je me rends jusqu’à la Calle Jaén, la seule rue de la ville rénovée qui a gardé son architecture coloniale. Elle est très bien entretenue, et assez touristique aussi par conséquent. Tout ceci m’aura amené en fin de matinée, mais le temps est encore au beau fixe, donc je continue à marcher et je me rends à la station de téléphérique la plus proche, une de celle de la Linea Naranja (la ligne orange). Effectivement, tous les bâtiments et cabines sont orange, on ne peut pas se tromper ! Je pars dans le sens qui m’éloigne de la ville, nous passons au-dessus d’un des monts avant de redescendre vers la Plaza Villarroel. La vue qui m’est offerte depuis la cabine est impressionnante, c’est vraiment une découverte complète de la ville en prenant de la hauteur, et pour 3bs, le prix d’un ticket de bus ! Je fais une petite pause sur la place, avant de finalement reprendre la même ligne, la ligne blanche que je voulais prendre en correspondance n’est pas encore ouverte. Vu la rapidité pour attendre le terminus de la ligne, je me rends compte à quel point le pari du téléphérique est important pour raccourcir les temps de trajets des habitants, et désengorger la ville. J’en prends encore plein les yeux sur le retour, je ne peux m’arrêter de filmer et prendre des photos, d’ici on prend conscience de l’étendue de la Paz, mais surtout de son installation dans une cuvette. Je rejoins le terminus de la ligne, au niveau du Museo Ferroviario, il y a une correspondance pour la ligne Rouge mais je décide de m’arrêter là pour la visite en téléphérique. Je prends quelques photos des vieux wagons installés devant le musée avant de redescendre à pied en direction du centre, et du Mercado Lanza.
Je découvre un marché gigantesque, plein d’étages, de demi étages, et de rampes d’accès qui semblent installées de façon un peu anarchique. J’y retrouve le principe de mini boutiques, et finalement tout l’ensemble fait qu’on trouve de tout ici. Je me rends au dernier étage, l’étage des « restaurants ». C’est le même principe, des mini box où chaque restaurateur/trice s’est installé/e. Le lieu semble très prisé des locaux pour le déjeuner, il faut maintenant choisir où je m’installe, mais la concurrence est rude, les propriétaires sont devant leurs box en train de s’époumoner à appeler les clients. Je choisis un peu au hasard, et je prends place sur l’unique grande table de l’établissement entre les autres clients. C’est très simple et très typique comme repas (c’est-à-dire plutôt riche en féculents : riz + pdt + pâtes) mais tellement économique. Après le repas, je fais un tour dans le marché en me perdant un peu (pas mal en vrai) dans le labyrinthe des rampes d’accès et des étages.
Dehors le temps se gâte, je ne suis pas trop motivé pour continuer la visite de la ville à pied, surtout que j’en ai déjà pas mal fait le tour. Il me reste une mission : retirer des dollars US pour me refaire une réserve de cash échangeable partout. C’est pratique, ici on en trouve dans quasiment tous les distributeurs, qui du coup distribuent les deux monnaies, dollars US et Bolivianos. Le temps de remplir cette mission, le temps vire à la grêle, je me hâte de rejoindre l’hôtel. Je ne sortirai plus pour le reste de l’après-midi, je suis tranquillement au chaud. Je m’occupe du site, des photos et des vidéos pour clore le chapitre de la Bolivie.
Voici donc la vidéo sur la Paz et sa région, mais aussi le lien vers la page Bolivie avec la sélection de photos du mois :
C’est une nouvelle journée d’excursion aujourd’hui, notre guide Elias passe me chercher, et je retrouve dans le bus le petit groupe avec qui je partage la sortie jusqu’au site de Tiwanacu. Le groupe est constitué d’un couple de retraités Polonais, d’une retraitée Espagnole et d’un Japonais (qui ne parle pas). Le bus est bien vide pour un si petit groupe, mais au moins nous avons de la place !
Il y a environ 70 kilomètres à parcourir pour rejoindre le site en traversant l’altiplano. Au loin, il y a toujours les monts enneigés de la cordillère royale. Le premier site de ruines se nomme Pumapunku, ce qui veut dire « la porte du Puma ». C’est un site religieux et cérémoniel de la civilisation de Tiwanacu datant d’environ 300 après JC. Cette civilisation a commencé et pris son essor à partir de 1500 avant JC. C’est l’invention de techniques agricoles révolutionnaires pour l’époque qui lui a permis de petit à petit dominer la région puis de créer des villes et des comptoirs. Les archéologues pensent qu’il y a eu jusqu’à 30000 habitants à Tiwanacu. Au-dessus du peuple, il y avait des dynasties royales et religieuses, avec leur lot de symboles.
Nous visitons après ce site le musée qui présente les différentes statues qui ornaient les sites. Elles ne sont pas sans rappeler celles de l’île de Pâques. Nous partons ensuite vers le second site de ruines. Ici il y a différents restes de temples, une pyramide (temple du ciel), un temple au sol, et un temple creusé. Cela correspond aux trois fondements du monde selon leurs croyances d’antan. Ces temples servaient aussi de système pour définir le temps en fonction du soleil. L’idée était d’être précis pour la gestion des plantations et des récoltes agricoles, c’était a priori très efficace. Ils semblaient aussi très en avance sur la taille des pierres. Encore aujourd’hui, les archéologues se demandent comment elles ont pu être taillées avec autant de précision, et comment les connaissances architecturales de cette civilisation pouvaient être autant évoluées.
Malheureusement cette civilisation s’est auto-détruite à force de sur-cultivation des terres. Le changement climatique a aussi fait que le lac Titicaca qui n’était qu’à 1000 mètres de la ville à l’époque s’est retiré, aujourd’hui à 30 kilomètres. La fonte des glaciers voisins qui approvisionnaient en eau la vallée, et surtout les guerres civiles entre villes ont précipité la fin. Le peuple s’est finalement révolté contre la classe dirigeante. Mais tout n’a pas été perdu, les descendants de Tiwanacu ont fusionné avec les descendants Nazca au Pérou, et ont ensemble créé la civilisation Incas. Les principes agricoles Incas sont basés entièrement sur ceux des Tiwanacu, créés 2000 ans auparavant.
C’était une matinée très intéressante et enrichissante (et difficile à résumer avec beaucoup d’informations historiques), surtout grâce à notre guide qui connaissait très bien son sujet. Après un déjeuner où notre collègue d’expédition Japonais ne prend pas part, nous reprenons la route du retour vers la Paz. Je fais quelques emplettes au magasin de sport repéré la semaine dernière et qui est plutôt bien fourni avant de finir ma journée tranquillement à l’hôtel.
La guide de l’agence passe me chercher ce matin à l’hôtel, puis nos rejoignons le groupe au minibus. J’accuse un peu le coup de la journée d’hier, et de l’enchainement avec l’ascension du Huayna Potosi. Je ne sais pas trop à quoi m’attendre pour cette journée d’excursion, mais on verra. Notre première étape est le Chacaltaya, un sommet qui culmine à environ 5400 mètres, et qui est voisin du Huayna Potosi. Nous faisons un arrêt au pied de la montagne, un lama solitaire vient nous faire un coucou à ce moment-là. La route permet presque d’accéder au sommet, il suffit d’une vingtaine de minutes à pied pour y arriver ensuite. La route est quand même très sinueuse et rocailleuse et il faut un bon moment au minibus pour monter.
La Chacaltaya fut l’unique station de ski bolivienne, le réseau de pistes n’était pas très grand mais il avait le mérite d’être là. Le réchauffement climatique aura eu raison des lieux, depuis 3 ans, le manque de neige a obligé la fermeture. Il reste les vestiges des bâtiments d’accueils, et du remonte pente. De là-haut, il y a une belle vue sur les sommets de la cordelière royale, et sur la Paz au loin. Un centre d’observation cosmique géré par des pays européens est installé juste en dessous du sommet, il semble que ce soit un lieu d’observation idéal.
En fin de matinée, après avoir bien profiter du lieu, nous prenons le chemin retour vers la Paz. Mais nous traversons la ville, ce qui est l’occasion de découvrir des quartiers bien différents pour atteindre un des points le plus bas de la cité à 3200 mètres d’altitude, la vallée de la Lune. La ville de la Paz est toujours impressionnante, étendue au-dessus de nous sur 800 mètres de dénivelé. En descendant, nous retrouvons aussi des températures plus clémentes. Le paysage change aussi du tout au tout ici. Nous sommes dans l’endroit qui correspond au point le plus profond du lac qui fut ici il y a 10 millions d’années. De drôles de formations argileuses et calcaires en sont restées. D’ailleurs, le sol de la ville est à peu près similaire, d’où les difficultés pour avoir des constructions stables, et l’impossibilité de créer des réseaux souterrains. C’est d’ailleurs pour ça que le téléphérique a été choisi comme système de transport urbain mais qu’il a fallu attendre 2014 et que les technologies de sondages des sols permettent de définir les emplacements sûrs pour les pylônes pour sa mise en place.
Nous suivons un parcours tracé au milieu de ces formations argileuses toutes plus folles les unes que les autres, certaines ont des noms mais il faut quand même pas mal d’imagination pour faire le rapport. A cette altitude et avec cet environnement, nous retrouvons même des cactus. Une fois le tour fait, tout le monde remonte dans le minibus, qui remonte jusqu’au centre pour nous déposer. Ce n’est pas une mince affaire dans cette ville labyrinthe où la circulation est ultra dense. Toute cette circulation et l’effet cuvette de la ville a pour incidence une pollution très forte, il est parfois difficile de respirer. Les autorités locales essaient de proposer de plus en plus de moyens alternatifs à la voiture mais il semble que cela va prendre du temps. La journée fut simple et sympathique, mais je suis content parce que on ne rentre pas trop tard, je peux profiter de ma fin d’après-midi en restant tranquille à l’hôtel.