Jour 249 – Chincha

Nous quittons aujourd’hui Lima en direction du sud, après le bouillonnement de la capitale, nous rejoignons la route qui longe le littoral en plein désert. Le contraste entre la couleur du sable et le bleu de l’océan est saisissant, on s’imagine en temps normal une bande littorale plutôt luxuriante, et cela accentue notre surprise. Quelques heures plus tard nous voici arrivés dans la petite ville de Chincha. Les rues sont poussiéreuses, les gens semblent affairés et les tuktuk sont partout. Une fois les affaires déposées à l’hôtel et le déjeuner pris, nous rejoignons le point de départ des collectivos pour nous rendre dans un village voisin, El Carmen.

 

Plus précisément, nous allons visiter la Casa Hacienda San José. C’est une ancienne demeure de propriétaire d’exploitation agricole du temps de la colonisation, aujourd’hui reconvertie en musée et hôtel. L’ensemble des bâtiments, dont une petite église privée, ont été construits par les Jésuites, puis vendus aux premières propriétaires au 17ème siècle. Malheureusement, le tout a été transformé en exploitation agricole avec de la main d’œuvre esclave. Des africains originaires du Congo, du Bénin ou du Sénégal sont arrivés par centaines dans la région pour être réduits en esclavage. La zone dans laquelle nous nous trouvons possédait trois haciendas, et jusqu’à 1000 esclaves qui ont travaillé dans les champs de cannes à sucre et de coton.

 

Nous découvrons la maison en elle-même, qui a évolué en fonction de ses différents propriétaires, mais aussi les catacombes. Autrefois c’était des tunnels qui servaient aux Jésuites pour se protéger des attaques des pirates, mais au temps de l’esclavage la fonction est devenue bien plus morbide. Nous découvrons au fur et à mesure de la visite les horreurs de l’histoire commises ici, je n’aurais pas imaginé être confronté à cette pratique au Pérou.

 

L’histoire est longue est un peu indigeste, mais en résumé, les derniers propriétaires par hérédité de la maison ont été égorgés par leur esclaves, puis San Martin, le libérateur du pays a fait des lieux une propriété gouvernementale. Avec l’indépendance du pays a été proclamée l’abolition de l’esclavage. Quelques années plus tard, les bâtiments sont passés de main en main au gré de rachats jusqu’à la propriétaire actuelle qui en a transformé la fonction. Les terres adjacentes sont quant à elles détenues depuis par une coopérative agricole, et toujours en exploitation.

 

Une fois de retour au village de El Carmen après cette visite un peu particulière, nous constatons qu’une partie de la population est la descendante directe des anciens esclaves. Nous étions venus à la base ici pour un éventuel festival de musique africano-péruvienne, mais nous ne sommes apparemment pas là aux bonnes dates. Nous découvrons par contre un petit village fort sympathique, où tout le monde nous salue de bon cœur mais où les rues sont très calmes. Notre visite est enrobée par la superbe lumière orangé du coucher de soleil, qui signifie aussi pour nous qu’il est temps de rejoindre nos quartiers à Chincha avant la tombée de la nuit.