Jour 58 – De Pondichéry à Chennai

Le trajet de 4h en bus pour rallier Chennai n’entrera pas dans les annales avec un chauffeur accro au klaxon, ce même klaxon semblant plus fort à l’intérieur qu’à l’extérieur et pas de compartiment bagage, ni vraiment de place sur les sièges. Juste, notre voisin de banc était fort sympathique et nous a glissé quelques informations sur Chennai, et raconté l’histoire de Ganesh. La voici :
Ganesh est le fils de Shiva et de Parvati, et il avait à la base un corps d’apparence humaine. Mais Shiva ne connaissait pas son fils qui était né en son absence. Lorsqu’il demanda à voir Parvati et que Ganesh l’en empêcha pour protéger sa mère, Shiva lui coupa la tête. Parvati dit à Shiva l’erreur qu’il a faite en coupant la tête de son fils et ce dernier lui jura de greffer la 1ère tête qu’il trouverait et de la remettre sur le corps de Ganesh pour lui redonner vie. Voilà une des versions expliquant comment il est devenu un homme à tête d’éléphant.

Une fois descendu du bus en arrivant en banlieue de Chennai, nous faisons une pause sur la Elliots Beach. Nous avons le loisir de voir une mini-cérémonie faite il nous semble par une famille dans le cadre des fêtes de Ganesh. Ils se réunissent et prient autour d’un Ganesh en terre cuite et finissent par tous aller dans la mer pour le mettre à l’eau, tout ça dans la joie et la bonne humeur ! Le temps se fait très menaçant et nous devons rejoindre notre hôtel. Difficile de s’y retrouver dans les transports, et les touk touk sont hors de prix sur ces distances. Un jeune Indien sur la plage nous voit avec nos gros sacs et nous incite à prendre un uber, très bonne idée (et plutôt rentable aussi) !

Nous sortons le soir pour aller manger dans des restaurant de rue à Marina Beach. A l’arrivée vers la plage, nous tombons sur une grande statue en l’honneur de la région du Tamil Nadu et sur 2 mémoriaux où des dizaines de badauds se recueillent. L’homme rencontré dans le bus nous a expliqué que le principal est celui d’un acteur devenu politicien et ayant beaucoup fait pour la région, le second est celui de sa partenaire de jeu. Aller voir ces lieux est pour nous l’occasion de redevenir une curiosité pour les locaux qui nous demandent à nouveau des selfies (nous avions perdu l’habitude à Pondichéry). La plage est envahie de centaines de petits magasins étendus à perte de vue. Nous nous posons à un endroit plutôt bondé, signe de la bonne qualité de la nourriture. Et effectivement, en plus d’être très bien reçu nous mangeons très bien aussi !

Voici les liens des vidéos montées de Kanyakumari et Pondichéry :

https://youtu.be/IkkGFi0pTIM




Jour 57 – Pondichéry #2

Dès le réveil nous retournons dans la boulangerie voisine découverte la veille pour profiter de leurs viennoiseries pour le petit-déjeuner. Réussir à ne pas manger salé le matin est pour moi un vrai plaisir ! Nous continuons ensuite notre découverte de la ville, et nous rendons au musée. C’est un peu un fourre-tout, on passe des meubles coloniaux aux collections de pierres, au bois fossilisé, en passant par les découvertes faites lors de fouilles archéologiques. Mais l’ensemble est quand même intéressant, et nous permet aussi de voir des pièces de monnaies des différentes colonies françaises, et des Louis d’or.

Nous passons après une bonne partie de la journée à flâner dans la ville, en visitant quelques magasins, et en découvrant aussi le grand bazar avec ses mini-ruelles où s’alignent entre autres des dizaines de marchands de fruits et légumes. Les étals de ces derniers sont un ravissement pour les yeux ! Au détour d’une rue, nous tombons sur un coin de France, plus précisément un coin de Bretagne. Nous découvrons une boutique jointe à une crêperie, qui nous donne la possibilité d’en déguster assis bien confortablement sur la terrasse du toit. C’est un vrai coin de France, ça fait un peu cliché mais ça fait aussi du bien d’être un peu au calme et de s’éloigner du bourdonnement incessant des rues.

Nous partons ensuite pour un des cinémas de la ville (Le Ratnaa Theatre) où nous avons vu qu’il y avait une séance d’un film indien (*A Gentleman*). La plupart des cinémas ici ne possède qu’une salle et diffuse qu’un seul, ou deux films maximum en alternance. Le film est annoncé en hindi mais nous sommes curieux de découvrir le cinéma de Bollywood, qui est quand même plus prolifique que celui de Hollywood. A l’achat des billets, il faut choisir en quelle classe nous voulons être assis. Il n’y a pas foule mais le vendeur nous incite à prendre une 1ère classe, sachant qu’il y en a 3, et qu’au-dessus il y a la deluxe et les boxs. Nous sommes en milieu de salle et prêts à découvrir le film, quand juste après les pubs, le drapeau indien apparait sur l’écran et tout le monde se lève et chante l’hymne national ! L’autre bizarrerie sera l’entracte / coupure pub en plein milieu du film. Concernant le film en lui-même, il était sous-titré en anglais, et finalement plus en langue anglaise qu’en hindi. Et puis on est assez proches des films d’actions américains, ce n’était pas du grand cinéma mais on a quand même passé un bon moment !

Nous rentrons à l’hôtel sous une petite pluie, et on se ravitaille dans les échoppes des vendeurs de rues pour diner, c’est plutôt économique et très bon !




Jour 56 – Auroville

Aujourd’hui, nous innovons sur le moyen de transport, et après un petit déjeuner rapide, nous allons nous louer un scooter ! Nous prenons la direction d’Auroville (qui est à 15 km de Pondichéry). La conduite du scooter est un tout petit peu sportive, la règle n°1 de conduite étant : le klaxon. Les rétroviseurs défectueux, les scooters à contre-sens, les bouchons, les trous dans la route, l’absence de panneaux de direction… et bien sûr la conduite à gauche : voilà le tableau.
A l’approche de la ville, nous voyons un grand nombre de panneaux sur les échoppes et restaurants indiquant « Auroville ». La ville a une grande influence sur les villages alentours, elle draine en effet beaucoup de touristes. Une fois arrivés au Tourist’s center, nous allons nous installer à la cafeteria : tout est bio et pas si cher !
Comme on était plutôt sceptiques sur le concept de cette ville, on s’est fait une promesse pour la journée : ne pas tout tourner en dérision, et ce pour deux raisons, pour essayer d’être ouverts et objectifs sur la visite, et pour ne vexer personne car 14% des Aurovilliens sont des Français. Ce n’était pas évident… dès le début de la visite, on découvre la charte de la ville et le premier précepte est « Auroville n’appartient à personne en particulier (….) Mais pour séjourner à Auroville, il faut être le serviteur volontaire de la Conscience Divine. » Bon, on ne va pas se cacher que cela pose les bases, sachant que la « Conscience Divine » coûte :
– un an d’autonomie financière le temps d’être accepté par la communauté
– le paiement de la valeur totale du logement.
Un autre précepte est que la possession privée n’existe pas, tout bien appartient à la communauté. Bref, pour être Aurovillien, il faut être riche !
Nous suivons le chemin balisé par les touristes pour aller voir le Matrimandir, sorte d’énorme balle de golf en or, contenant une boule de cristal de 70 cm de diamètre, qui représente le centre d’une fleur, entourée de douze pétales symbolisant les 12 vertus à avoir pour être un « enfant idéal » (la « mère » étant la créatrice de ce mouvement), tout cela est au centre d’un jardin nommé « le parc de l’Unité ».
Cela se sent, on est donc quand même restés sceptiques face à cette idéologie. En revanche, on a pu constater une certaine douceur de vivre. Les gens vivent dans des maisons d’architecture très différente et plutôt moderne, en pleine forêt. Les différents quartiers sont desservis par des chemins de terre aménagés, tout le monde se promène en vélo ou deux roues, il y a tous les services nécessaires à disposition et l’écologie est un point important pour cette communauté, qui a tout de même réussi l’exploit de créer une forêt dans un désert ! Ils ont aussi réussi à créer des circuits en eau potable, eau que l’on peut boire nous aussi grâce au système de traitement performant !
On a vu après coup qu’il y avait des visites organisées par des Français résidant dans la ville, on regrette un peu de ne pas l’avoir fait, on aurait pu en apprendre plus et affiner notre vision de cette communauté.
La nuit se rapprochant et notre scooter n’ayant pas de lumières (on s’en est rendu compte en cours de route…), nous prenons le chemin de retour vers Pondichéry. Moins de bouchons ce soir, mais beaucoup de moustiques qui se jette sur nous. Nous avons le loisir d’observer les illuminations autour des statues de Ganesh, il y en a un peu partout dans les rues. Ce week-end, c’est la fête de Ganesh, le dieu à tête d’éléphant (le seul Dieu facile à reconnaître !), il semble que ce soit un gros événement dans le Tamil Nadu.




Jour 55 – Pondichéry

La nuit fut bien courte à bord du train, au rythme des allers et venues des passagers. Certains viennent plus ou moins discrètement, et les rallumages intempestifs de lumière ne nous aident pas à dormir sereinement. Une mamie me réveille même an milieu de la nuit pour essayer de me déloger de ma couchette, je n’ai toujours pas réussi à comprendre pourquoi.
Après un changement de train, nous voici de bonne heure à Pondichéry. Nous sommes très bien accueillis dans l’hôtel réservé, le gérant nous permet à notre plus grand plaisir d’accéder à notre chambre directement sans attendre l’heure officielle (midi). La matinée sera donc dédiée à tout simplement finir notre nuit.
En début d’après-midi, après un déjeuner au café indien local, nous partons à la visite de la ville. L’ancienne cité coloniale française est organisée en différents quartier en fonction des religions de chacun. Chaque quartier possède son lot d’édifices religieux ou de monuments à voir. Nous nous baladons dans les rues, faisons un tour à l’institut français, visitons plusieurs magasins (très nombreux dans la ville) et allons voir le front de mer. L’ambiance ici est très différente de ce que nous avons connu ailleurs en Inde. Le fait de l’ancienne présence française a indéniablement joué, déjà dans les noms des rues restants, dans les institutions présentes et surtout dans l’architecture des bâtiments. Mais nous avons aussi croisé beaucoup d’occidentaux, certains semblent même vivre ici. Du coup notre présence interpelle moins, et nous sommes finalement plus tranquilles qu’ailleurs pour marcher et visiter. Le revers de la médaille est que le coût de la vie ici est plus élevé, principalement dans les quartiers touristiques et commerçants comme le quartier français ou celui d’Aurobindo. Nous avons fait les frais de ces prix plus élevés cet après-midi et ce soir en faisant un petit craquage culinaire occidental pour une pizza et des bières. Les quartiers habités par les locaux semblent eux garder des prix un peu plus raisonnables, tout du moins nous l’espérons, déjà pour les Indiens eux-mêmes, mais aussi pour notre budget pendant nos 3 jours ici.
Petit aparté au sujet d’Aurobindo, les boutiques de ce quartier sont toutes tenues par des habitants d’Auroville et les produits viennent pour la plupart de la production de cette ville située à 12km de Pondichéry. Certaines boutiques ont un air de « Nature & Découvertes » (pour se faire une idée par rapport à ce que l’on connait). Pour la petit histoire, Auroville fut créée en 1968 par Mirra Alfassa, plus connue sous le nom de la « Mère », compagne spirituelle du philosophe indien Sri Aurobindo. Nous sommes allés voir le mémorial qui leur est consacré, et sommes sortis de la visite plutôt circonspects. Le culte de la personnalité qui leur est dédié amène à penser que la communauté est peut-être plus une secte que ce qu’elle admet. Nous allons visiter Auroville demain, nous nous ferons notre propre avis.




Jour 54 – Kanyakumari #3

Après un réveil raté, direction la gare de bus pour nous rendre au Palais de Padmanabhapuram à une quarantaine de km. Cet ensemble de palais (14 au total) date du 16ème siècle pour le plus ancien et du 20ème pour le plus récent. Il est considéré comme le plus vaste ensemble palatial du continent asiatique, rien que ça ! Il fut jadis la capitale d’une région aujourd’hui disparue et plusieurs souverains successifs ont laissé leur trace.
Depuis la station de Tuckalay nous avons un peu de marche en plein soleil pour rejoindre le palais. Après avoir payé notre billet et mis en consigne (au prix fort car nous sommes étrangers) nous pénétrons dans l’enceinte du palais. Nous avançons en passant de palais en palais et de pièces en pièces, cet ensemble est un vrai labyrinthe, fléché bien sur ! Les bases des bâtiments sont pour la plupart en pierre, souvent agrémentées de détails taillés. Tout le reste est en bois, et magnifiquement sculpté. On a même vu un pilier taillé dans une seule pièce de bois originaire de l’arbre du jack’s fruit. Les architectures sont vraiment atypiques pour nous, et il s’avère qu’elles sont typiquement keralaises. Le tout est très intéressant à visiter et nous sommes heureux d’avoir eu le temps et la possibilité de venir ici.
À notre retour à Kanyakumari, nous nous offrons une pause autour d’un lassi avant d’aller profiter une dernière fois de la vue sur l’océan. Nous aurions aimé profiter d’un moment tranquille mais nous sommes pas mal sollicités, que ce soit par des vendeurs ambulants ou des mendiants. Le visage pauvre du Tamil Nadu nous est une fois de plus montré. L’aller-retour au Palais nous avait aussi amenés à la constatation que le visage de cette partie de l’Inde est multiple : de beaux paysages, des lacs et de belles côtes, beaucoup de vert, des villes à l’urbanisation désordonnée, des ordures qui jonchent le sol, le contraste entre le niveau de vie des Indiens avec de belles et riches maisons, et quand même pas mal de mendicité et de misère humaine.
Nous récupérons nos sacs laissés à l’hôtel et prenons la direction de la gare pour partir à Pondichéry. Nous avons un train de nuit, seulement 11h cette fois ci, ce qui est court par rapport aux derniers trajets.




Jour 53 – Kanyakumari #2

Nous voulons commencer la journée par nous rendre sur une des 2 îles voisines de la côte, se trouvant à seulement 400 mètres. Une fois au ponton, nous trouvons porte close. La marée basse empêche a priori toute circulation des ferrys, tant pis pour nous ! Nous nous contenterons d’admirer depuis la jetée le Vivekanada memorial et la statue de Thiruvalluvar.
Nous allons ensuite au mémorial consacré à Gandhi. Ce dernier permet d’avoir un joli point de vue sur la ville et la côte. Il nous permet d’apercevoir le temple hindou de Kumari vu de haut. Ce dernier est très imposant, avec un mur d’enceinte peint de rayures rouges et blanches.

Nous nous y rendons, et une fois passé le vestiaire pour déposer chaussures et sacs je dois aussi enlever mon T-shirt, les hommes n’ont pas le droit de pénétrer dans le temple avec le haut du corps vêtu. Une fois à l’intérieur, nous sommes en totale immersion dans la culture hindoue. Le temple en pierre sombre est parsemé d’idoles et d’alcôves de recueillement, le tout éclairé par les quelques rayons du soleil qui transpercent le peu d’ouvertures depuis l’extérieur, et par la faible lueur des bougies mises en offrande. Une queue très longue se forme pour entrer dans la pièce centrale, qui se trouve être l’antichambre pour accéder au lieu où est installée la statue de la déesse Kanya. Le temple lui est dédié, et sa particularité est d’avoir un diamant incrusté dans le front. La ferveur dans l’antichambre est palpable, tout le monde attend avec impatience que la porte vers la déesse s’ouvre pour l’apercevoir, et tous se pressent pour avoir une bonne place et tenter de l’approcher de plus près. Le cérémonial est rythmé au son de la cloche pour les entrées et sorties des croyants, le tout dans une ambiance surchauffée.

Nous allons ensuite voir les îles et le port depuis la digue installée pour casser les vagues. Nous voyons des petits bateaux rentrer au port et comprenons bien son utilité vu le courant et le vent ! Nous retournons ensuite à la gare pour prendre nos billets pour repartir en direction de Pondichéry demain soir, et nous trouvons en chemin une sorte de petite cantine pour déjeuner. Les touristes ne doivent pas beaucoup affluer dans ce coin de la ville et dans ce restaurant, car les serveurs se plient en 4 pour nous mettre à l’aise et pour que nous mangions bien. C’est un succès car ce qu’ils nous servent et nous proposent de découvrir est tout simplement délicieux, et ils ont bien adapté la dose d’épices à notre palais européen !

Nous marchons à la recherche des différents monuments indiqués sur la carte, et en essayant de rejoindre un stupa doré au loin nous nous perdons dans les petites rues où les habitants semblent plus que surpris de nous voir. C’est pour nous finalement l’occasion de découvrir un autre visage de cette ville, avec des petites rues serpentant au milieu des maisons colorées. Le visage de cette partie semble aussi plus pauvre et contraste avec les rues bondées de touristes (Indiens pour la plupart), de restaurants et d’hôtels. Nous avons le plaisir d’assister au ballet des bus à la sortie de l’école et aux nombreux saluts des enfants à travers les vitres.

Après tous ces kilomètres parcourus en plein soleil, la fin de journée mérite d’être plus calme. Nous prenons des renseignements à la gare de bus pour notre excursion de demain, et profitons à nouveau du coucher de soleil et d’un bon repas dans le restaurant déjà expérimenté hier soir.





Jour 52 – De Kollam à Kanyakumari

Nous nous faisons réveiller par la sonnette, on nous ramène le linge lavé que nous avions déposé la veille. L’homme qui gère ça magouille un peu et ne déclare pas toutes les pièces lavées. Nous lui payons donc une partie en cash, et nous payons le reste à l’hôtel. Au début ça semblait intéressant, mais il s’avère qu’après calcul nous nous sommes fait un peu avoir, tant pis ça arrive souvent dans les voyages, surtout à 7h du matin pas réveillés ! Nous quittons l’hôtel et prenons le chemin de la gare. Nous faisons juste une petite pause dans un magasin de téléphonie visité la veille. J’ai un souci avec un de mes chargeurs, 4 petites soudures sont nécessaires pour le réparer, et les gens de la boutique nous ont dit que le technicien serait là ce matin. En quelques minutes, l’affaire est réglée, et il me rend la pièce réparée, le tout offert à ma grande surprise, ça leur faisait plaisir d’aider ! On se dit que définitivement il y a beaucoup de gens ultra serviable et profondément gentils.

Une fois à la gare et le billet de train en poche, nous attendons sur le quai ce dernier qui est plutôt en retard. Une fois à bord, nous avons pris des places en « sleeper », c’est le même principe de compartiment de 8 que dans les trains précédents, mais le tout sans climatisation et sans fenêtres. C’est un trajet sans encombre et plutôt calme, ce qui fait du bien après notre périple en bus de l’avant-veille. Nous quittons progressivement l’état du Kerala pour rentrer dans celui du Tamil-Nadu. On voit les paysages changer au fur et à mesure du trajet. Ce que nous voyons prend parfois des airs de savanes, les habitations semblent plus pauvres, et nous voyons beaucoup de champs.

A l’arrivée à Kanyakumari, nous avons la sensation d’arriver au bout du bout, plus de voies de train après la gare, et un air marin bien présent. La température est plus douce qu’à Kollam ou Kochi. Après avoir échappé aux demandes habituelles des touk touk et déposé nos sacs à l’hôtel, nous nous dirigeons vers l’extrémité de la pointe. En chemin, à la sortie du bureau d’informations touristiques, nous croisons 2 jeunes Allemandes qui cherchent quoi faire ici. Elles ont l’air plutôt blasées et après leur avoir dit un peu notre programme et donné des idées nous les laissons. En arrivant face aux mers (car ici est le point de rencontre de 3 mers) nous ne comprenons pas comment on ne peut pas être émerveillés par cette vue, et nous laissons derrière nous la lassitude des 2 jeunes filles.

Emerveillés a déjà été dit, mais le mot est clairement trop faible. C’est époustouflant ! Le tableau : des courants déchainés, un coucher de soleil, au loin une statue de 40 m et un gigantesque temple, le ressac des vagues qui frappent les rochers. Nous n’entendons pas les nombreuses sollicitations des marchands tellement nous sommes absorbés par le spectacle, mais nous n’échappons tout de même pas à plusieurs demandes de selfies avec des Indiens, qui pour la plupart semblent aussi être des touristes. La nuit tombe très très vite et en moins de 30min, à 19h à peine, il fait nuit noire. L’heure pour nous d’aller manger un très bon repas et de rejoindre notre chambre.

Le trajet en train d’aujourd’hui aura été l’occasion de monter les vidéos de la semaine passée, voici les liens :


https://youtu.be/5cZNpNxyNu8






Jour 51 – Kollam (Quilon)

Nous n’avons finalement pas recroisé le rat, et bien heureusement ! Au petit déjeuner, nous redécouvrons une sorte de naan / galette ressemblant à un pancake / crêpe. Je craque et demande du citron et du sucre. Les serveurs m’ont regardé comme un ovni mais quel bonheur d’avoir un petit déjeuner sucré (et pas salé / épicé).

Nous découvrons un visage de l’Inde différent car aujourd’hui c’est dimanche. Peu de boutiques ouvertes, et pas mal de gens qui se baladent. Après avoir fait quelques achats (remplacement d’un petit sac à dos nécessaire) et pris quelques renseignements pour le train de demain nous allons faire un tour à la plage. Plein de familles profitent du repos dominical pour se balader, l’une d’elles nous aborde pour discuter un peu, et bien sûr nous prendre en photo. Ici la baignade est interdite et on comprend vite pourquoi vus les vagues, et le paquebot échoué à quelques dizaines de mètres qui en témoigne. Nous nous mettons quand même les pieds dans l’eau, et nous nous retrouvons vite avec de l’eau jusqu’au-dessus des genoux ! Après avoir séché un peu et fait encore un selfie avec 2 jeunes hommes (plutôt intrusifs) nous repartons pour rejoindre le centre-ville pour déjeuner.

Aujourd’hui aura été la journée du craquage culinaire, sur le chemin nous voyons au loin un centre commercial et un gros « M » jaune. Impossible de résister nous n’en pouvons plus du riz et une petite pause sur la nourriture indienne fera du bien ! Nous nous délectons donc des burgers McDonalds indiens (seulement au poulet ici, vache sacrée oblige), le tout agrémenté d’une bonne glace. Dans ce centre commercial nous croisons un couple d’espagnols, qui visiblement a eu les mêmes envies que nous. On vient rarement en Inde pour voir ce genre d’endroit et manger ça mais là ça faisait du bien quand même !

Nous prenons ensuite le chemin du rivage pour découvrir les backwaters. Ce sont des incursions de mer dans les terres, qui forment tout un réseau de lacs (plus au moins grands) et de canaux. Nous nous renseignons sur les excursions en bateaux mais le prix semble prohibitif et nous avons envie de prendre notre temps, et d’y aller plutôt tranquille en ce dimanche. Nous marchons le long du rivage en regardant les bateaux passer, et nous allons nous poser sur un banc au milieu d’un grand parc de jeu pour enfants (et très grands enfants aussi !) planté au milieu de la forêt. Après une nouvelle pause dans un café proposant une petite exposition de copie de toiles de peinture, nous reprenons la route de l’hôtel avant la nuit. Cette zone semble vraiment être un lieu de sortie en famille, et nous avons nous aussi pu profiter de l’atmosphère de détente de la journée.






Jour 50 – De Munnar à Kollam

Nous quittons Munnar sous la pluie, qui est tombée sans discontinuer toute la nuit. Le bus est plein quand nous montons dedans et les 60 premiers km sont plutôt cahoteux, en essayant de se tenir debout dans l’allée du bus. Nous laissons derrière nous les champs de thé, les montagnes et les cascades. Une fois assis, nous continuons notre descente vers la plaine pour rallier Kochi. La chaleur et le soleil reviennent petit à petit.
Une fois à Kochi, il nous faut trouver le bus pour Kollam. Nous profitons de l’attente pour déjeuner. Une fois dans le bus, nous sommes partis pour un trajet de 3h30, enfin c’est ce que nous croyons. Il s’avère que le trajet n’est qu’un enchainement de villes sans interruption, et le trafic en ce samedi est particulièrement intense. Nous arriverons finalement avec près de 3h de retard, après un trajet fort éprouvant dans un bus bondé, où nous n’avons eu droit à aucune pause pour prendre l’air, le chauffeur essayant de minimiser le retard. Nous rejoignons notre hôtel à pied en longeant ce qui semble être une des étendues des backwaters, mais de nuit nous n’avons pas le loisir d’en profiter, ce sera au programme de la journée de demain.
Nous arrivons enfin à notre chambre, accueillis par un ÉNORME rat noir qui s’enfuit dans la chambre voisine… Très rassurant pour la nuit à venir !

Jour 49 – Munnar

Venir ici et ne pas en profiter pour faire une journée de randonnée aurait été dommage. C’est donc un réveil très tôt ce matin ! Alvin, notre guide du jour passe nous chercher à 7h et nous partons sur les routes puis les chemins de la campagne environnante. Nous sommes chanceux car ce matin la météo est au beau fixe après une nuit entière de pluie diluvienne (en même temps c’est la mousson). Nous commençons par 2h d’ascension au milieu des champs de thé, avec les paysages et la vue qui se dévoilent petit à petit, et les sangsues qui tentent de nous accrocher sur notre passage.
Nous prenons notre petit déjeuner face à une magnifique vue sur la vallée et les champs de thé installés sur les flancs des montagnes, puis finissons notre ascension pour découvrir LA vue ! Nous avons déjà parcouru 6km et il nous reste maintenant 14km de descente pour le point d’arrivée où un rickshow nous récupèrera. Les paysages sont magnifiques et très verts, complètement inédits pour nous. Mais cette randonnée est aussi l’occasion pour Alvin de nous expliquer et de nous présenter les plantes et les procédés de transformation, voire les utilisations. Nous découvrons ainsi les différences entre thé noir, vert et blanc qui proviennent tous des mêmes arbres ; nous goutons de la cardamone ; voyons des orangers, des pomelos, des arbres à poivre, des arbres à café. Bref une grande variété de la flore indienne, qui donne une idée de la multiplicité des goûts dans la cuisine indienne. Nous pouvons aussi découvrir la faune, en premier lieu les sangsues bien sûr, mais aussi plein d’araignées plus grosses les unes que les autres, et au détour d’un chemin un magnifique caméléon. Nous voyons des crottes d’éléphant sauvage sur le chemin mais nous n’en croiserons malheureusement pas. Par contre, pour notre plus grand bonheur nous ne croisons pas la route de serpents.
Mais aussi, de passer une journée avec un Indien, nous donne la possibilité d’aborder des sujets plus politiques. Il nous explique que, même si le système de castes est censé être aboli depuis bien longtemps, il est bien présent et entretenu par les autorités. En l’occurrence, sa caste à lui est encore notée sur son acte de naissance, sa carte d’identité, et son diplôme du secondaire. Il s’avère compliqué de s’extraire de sa filiation avec ce système en place, et il nous énumère de nombreuses histoires sordides ayant été entraînées par ça. Il nous explique que le premier ministre actuel, de confession hindoue n’aide pas à faire avancer le pays, car il privilégie les financements de sa religion, au lieu d’aider le peuple dans les réels besoins.
A quelques kilomètres de l’arrivée, nous nous faisons surprendre par une énorme averse, et le temps de rejoindre un abri, nous sommes trempés (enfin surtout moi en fait). Une fois la pluie calmée nous avançons un peu mais la pluie revient et redouble de puissance. Nous nous abritons sous un porche d’une maison voisine, autorisés par ses habitants bien sûr. C’est l’occasion pour Alvin de nous présenter d’autres produits locaux, dont la noix de muscade (en train d’être transformée), et les fèves de cacao. C’est aussi l’occasion de goûter un morceau de cacao à 100%. Il nous restait 2 km à parcourir, mais vu la pluie cela semble compromis, Alvin appelle le chauffeur pour qu’il vienne nous récupérer. En attendant son arrivée, la famille chez qui nous sommes nous offre à manger un fruit de la passion (de leur plantation) et un café. Un café à leur façon par contre, avec les grains arabica de la plantation, de la cardamone, du cumin et un peu de sucre : tout simplement délicieux !
Nous prenons ensuite la route en rickshow sous la pluie qui n’arrête pas de tomber pour rejoindre l’hôtel, et une bonne douche chaude ! Quelques heures après notre retour et à l’heure où j’écris ces mots, la pluie n’a toujours pas cessé et nous avons presque la sensation d’être sur un bateau en pleine tempête.