Jour 281 – Cape Town #3

Pour la première fois depuis notre arrivée en Afrique du Sud, nous n’allons pas faire une journée sur le thème historique, mais nous allons retrouver la nature. Nous partons de bonne heure, à l’heure où les Captoniens vont travailler et que les routes sont embouteillées. Je me refamiliarise pas mal avec la conduite à gauche, mais les dédales de routes et d’autoroutes ne sont pas une mince affaire. Nous faisons un petit détour pour récupérer Hannes qui loge dans une banlieue éloignée, pour finalement prendre la direction du parc national de Table Mountain, mais surtout de la pointe du Cap. Une fois le droit d’entrée payé, nous voici dans le parc, directement nous sommes saisis par l’évolution soudaine du paysage, on est presque dans un mélange de Bretagne et d’Islande. Mais, nous avons à peine parcouru quelques kilomètres lorsque nous croisons un groupe de babouins ! Nous sommes définitivement en Afrique ! C’est impressionnant, ils passent seulement à quelques mètres de nous. Toute la famille défile, même le petit accroché sous le ventre de sa mère.

 

Nous finissons la route dans le parc jusqu’au parking le plus lointain, au pied de l’ancien phare de la pointe du Cap. Nous avons eu raison de nous lever tôt, nous sommes dans les premiers. C’est bien tranquille que nous pouvons nous balader sur les chemins et sur les différents points de vue du Cap Point, nous allons presque jusqu’au nouveau phare qui est installé à l’extrémité. Les falaises, la mer déchainée, la plage de Diaz : tout cet ensemble nous offre un tableau magnifique, d’autant plus que nous sommes presque seuls. A notre gauche, nous voyons au loin l’autre extrémité de la False Bay, la gigantesque anse cerclée à l’ouest par la péninsule du Cap. A droite, nous apercevons le célèbre Cap de Bonne-espérance (Cap of Good-Hood), le point le plus au sud-ouest du continent Africain (le cap le plus au sud étant en fait le Cap d’Agulhas, un peu plus à l’est d’ici).

 

Du Cap Point, nous empruntons le chemin côtier, qui parfois est à flanc de falaise pour rejoindre le Cap of Good-Hood. Pour l’anecdote, Vasco de Gama avait à la base nommé ce cap le « Cap des Tempêtes ». Mais ce n’était pas trop vendeur, donc il fut renommé par le nom qu’on lui connait aujourd’hui. Les points de vue qui s’offrent à nous sont sublimes, et nous apprécions la marche qui est très agréable. Nous avons le loisir d’observer des geckos qui se font dorer au soleil. Une fois arrivés au Cap of Good-Hood, nous retrouvons les touristes qui sont eux arrivés en bus, pas trop en masse à cette heure-là, mais il y a quand même un peu de monde. Nous arrivons à obtenir une fenêtre entre deux groupes pour pouvoir faire la célèbre photo avec le panneau. Pour Hannes, c’est vraiment important car il veut reproduire la photo qu’a fait ici sa grand-mère 25 ans avant lui. Il va même jusqu’à emprunter une casquette rouge à un des touristes présents pour que la photo soit encore plus ressemblante.

 

Nous revenons sur nos pas pour retourner au parking. En chemin, nous tombons sur une famille de babouins qui squattent sans vergogne le chemin, nous les prenons en photo, en gardant bien sûr nos distances, puis nous les contournons pour continuer notre route. Là, nous tombons cette fois-ci sur une famille d’autruches, dont un des membres semble poser pour nous. C’est vraiment beau, nous sommes chanceux aujourd’hui !

 

Nous quittons le parc national, l’après-midi est un peu entamé et nous nous rendons dans la ville la plus proche, Simon’s Town pour déjeuner. Après cette pause dont nous profitons bien, nous nous dirigeons vers la Foxy Beach, où nous allons pouvoir voir la Boulder’s Penguins Colony. Car oui il y a ici des colonies de manchots sud-africains. Il y a 2000 individus qui vivent ici, et rien qu’en marchant sur la petite promenade le long de la plage nous en observons des dizaines. Ils sont vraiment adorables, mais on les imaginait un peu plus grand. C’est vrai qu’ils sont court sur pattes, mais tellement drôle ! Ils se reposent dans des trous creusés sous les arbres. On ne s’y attend pas, car ils font aussi un bruit qui est plus près de l’âne que de ce qu’on aurait imaginé. En marchant, ils ont l’air un peu patauds, mais on les observe dans l’eau et ce sont vraiment de fins nageurs, avec leurs ailes qui sont au final de vraies nageoires. On à la chance de pouvoir les observer d’aussi près ! Au milieu des manchots, il y a des petits animaux bizarres qui circulent, après recherche, il s’agit de Damans. On dirait une marmotte / lapin croisé avec un cobaye, mais ce n’est en réalité pas un rongeur. Il serait d’ailleurs le plus proche cousin de l’éléphant et du lamentin !

 

De Simon’s Town, nous prenons la direction de la côte ouest de la péninsule pour nous rendre à Hout Bay. La route côtière pour y accéder est impressionnante, les falaises qui se jettent dans l’Atlantique, la chaine des Table Mountain, et au loin la plage de la baie, tout ça est superbe. Nous voulions tenter une baignade, mais le soleil couchant a mis la plage à l’ombre et nous en dissuade, le temps qui file rapidement aussi. Ici, notre route et celle de Hannes se séparent, pour lui il sera plus facile de rentrer dans son quartier d’ici. Nous sommes vraiment ravis du moment que nous avons pu partager ensemble, c’est une vraie rencontre amicale et nous espérons pouvoir nous recroiser en France ou en Allemagne un jour.

 

Nous continuons notre visite, dans un premier temps au port de Hout Bay, juste de l’autre coté de la plage. Cette fois ci c’est des phoques que nous voyons. Décidemment, cette journée est riche en animaux, et qui plus est en espèce très variées ! Nous ne nous attardons pas car le soleil décline vite, et nous voulons rejoindre le Cap pour son coucher. Nous voulons plus précisément profiter de la voiture avant de la rendre pour accéder au sommet de Signal Hill, la plus bas des sommets du Cap, mais aussi le plus en centre-ville (et donc facilement accessible). Nous sommes loin d’être seuls là-haut, mais nous avons une magnifique vue du coucher de soleil sur notre quartier de Sea Point. De l’autre côté, nous pouvons voir de haut toute l’étendue de la ville, et un comprendre un peu plus sa morphologie.

 

La nuit arrive très vite, nous ne nous attardons pas car nous devons rendre la voiture de location. Une fois redevenus piétons, nous rentrons en bus vers notre quartier. Cette journée fut bien remplie, mais c’est avec des belles images plein la tête que nous la terminons. Nous sommes aussi très heureux d’avoir pu pour la première fois depuis notre arrivée sur le continent Africain profiter de la nature, mais aussi de la faune.

 

Jour 280 – Cape Town #2

On attaque cette journée de visite en prenant un bus de ville pour nous rendre dans le CBD. Le système de transport de Cape Town est pratique et rapide, on est ravis de pouvoir se passer de Uber cette fois. Notre visite de ce matin se fera au musée du District 6. Le musée ne se situe pas dans le district en question, mais son objectif est que la mémoire de ce quartier et de ses habitants ne soit pas oubliée.

 

Nous revoilà donc plongés dans l’histoire en visitant ce musée installé dans une ancienne église méthodiste. Nous apprenons que le quartier du District 6 a été créé au moment de l’épidémie de peste, pour isoler et éloigner les populations à risque des foyers infectieux (selon les autorités) du port. La peste a débarqué avec les marins (britanniques pour la plupart) au début du 20ème siècle.

 

La ville du Cap a connu une période de calme, à l’écart des guerres anglo-boers. Le district 6 a donc connu au 20ème siècle, malgré les premières lois ségrégationnistes, une période prospère. Le quartier était multiculturel, vivant et un peu comme une ville dans la ville. Les centaines de photos d’archives que nous pouvons voir dans l’exposition en témoignent. Comme dans le reste du pays, la mise en place de l’apartheid aura ses effets. Mais c’est avec l’indépendance du pays vis à vis de l’Angleterre que la vie de ce quartier va prendre un sinistre tournant.

 

En 1966, le gouvernement Boers décide que dorénavant la zone du district 6 sera une zone pour « les blancs ». Commence alors les expulsions, au total ce sera 60000 personnes qui serons déplacées, et souvent expropriées. La démolition systématique des bâtiments du quartier commence aussi, en 1978 il n’en restera presque rien. On constate que détruire pour reconstruire est une philosophie du pays, on avait déjà constaté ça à Joburg. Mais tout ça n’aura finalement aucun but, puisque la communauté blanche, jugeant l’endroit maudit refusera de s’y installer (tout ça pour ça !). Aujourd’hui, l’association des anciens habitants et de leurs descendants qui s’est constituée et qui est aussi à l’origine du musée, se bat pour la remise en construction du District 6, et la restitution des terres à leur prioritaire. Aujourd’hui, cet endroit est en grande partie un terrain vague avec des vestiges de rue, on peut le voir sur une photo aérienne du musée. Il y a quand même une petite avancée, en 2003, 24 logements sont sortis de terre. Mais la gestion de la propriété est un vrai problème dans le pays qui a connu des dizaines des conflits et de vagues d’expropriations. Des peuples font aujourd’hui des réclamations de terres, ces mêmes terres qui se trouvent aujourd’hui en pleine ville et qui sont entièrement construites. Mais là s’ouvre un problème de taille, comment savoir et définir à qui revient le territoire ?

 

Après notre visite du musée, nous rejoignons le point de départ d’un Walking tour que nous a conseillé Bartho. Nous y rencontrons Gervais, notre guide du jour et le groupe avec qui nous allons partager cette marche guidée. Gervais passe en revue l’histoire croisée du Cap et de l’Afrique du Sud. Nous sommes un peu au taquet, entre nos visites et nos lectures nous faisons office de premiers de la classe en répondant à ses questions. Le premier arrêt se fait devant l’hôtel de ville, le premier bâtiment britannique de la ville, ce dernier fut même amené pierre par pierre depuis la Grande-Bretagne (il sont fous ces Anglais !). Nous découvrons une avenue qui fait office de séparation entre la partie historique de Cape Town, et une partie moderne construite par les Boers au 20ème siècle. Ils ont construit sur une bande de terre contestée, en bafouant toutes les réclamations en cours.

 

Juste à côté se trouve « The Castle », le fort dans lequel la colonie originale développée par la VOC (la société des compagnies maritime hollandaise) s’est installée. Le développement du Cap est étroitement lié à l’histoire de cette compagnie, dans un premier temps en tout cas. La compagnie finira par faire faillite, et la population prendra son indépendance face à son omnipotence. Une grande partie des Boers présents à cette époque étaient des prisonniers de droit commun envoyés ici pour purger leurs peines. C’est aussi le moment où des esclaves en provenance de Malaisie, d’Inde et d’Indonésie sont arrivés par milliers.

 

Nous continuons notre tour dans la ville en parlant de l’histoire complexe et changeante de la ville, nous découvrons au passage le plus grand temple protestant de la cité. Ce genre d’endroit est un peu une découverte pour nous, ce qu’on peut dire c’est que ça change radicalement d’une église. Nous passons ensuite devant le parlement, avec sa statue de la reine Victoria, c’est une statue où elle sourit peu, d’après notre guide elle était célèbre aussi pour ne jamais sourire. La parlement (dont le bâtiment est aussi venu d’Angleterre) est présent à Cape Town, car la ville est une des trois capitales du pays. Prétoria est la capitale administrative, Bloenfontein la capitale juridique. Ces trois villes correspondent aux capitales des trois anciennes régions unifiées au début du 20ème pour fonder l’Union Sud-Africaine (le premier nom du pays unifié). Il n’y avait pas de jaloux, chacune des trois villes a gardé son statut de capitale.

 

A coté du parlement, nous découvrons la statue d’un personnage important en Afrique du Sud, mais d’après notre guide, un personnage boudé par les Sud-Africains car il aurait eu trop d’accointance avec les Britanniques : il s’agit de Jan Christiaan Smuts. Ce dernier, second fils d’une famille de paysans Boers était destiné à rester fermier, car par tradition seul le premier fils recevait une éducation. Mais après la mort précoce de son frère, il fut envoyé à l’école, où il montra des facultés exceptionnelles. Son parcours donne le tournis, que ce soit durant ses études, pendant sa carrière militaire mais aussi sa carrière politique. Il fut ministre de Winston Churchill, fut aussi un des fondateurs de la société des nations, mais aussi un homme politique important en Afrique du Sud. C’est sa défaite aux élections de 1948 qui permettra au gouvernement nouvellement élu de malheureusement mettre l’Apartheid en place. Il a fait beaucoup à l’international, peut être un peu moins ici, ce qui doit lui valoir aussi sa mise de coté dans l’histoire du pays.

 

L’étape d’après se fait au Campany’s garden. Nous sommes physiquement à l’emplacement des premiers jardins de la colonie hollandaise, qui servaient pour ravitailler les navires faisant escale sur la route des épices. C’est aujourd’hui un parc urbain, où les écureuils semblent heureux, vu le nombre d’individus que nous croisons. Une autre statue trône dans le parc, celle de Cecil Rhodes, un autre homme célèbre (et controversé) dans l’histoire du pays. Nous finissons le tour au café d’où nous sommes partis, en passant à côté d’un bout du mur de Berlin exposé ici, offert par l’Allemagne après la réouverture de l’Afrique du Sud.

 

Sur conseil de notre guide, nous allons déjeuner au Eastern Food Bazaar. Hannes, un allemand ayant participé au Walking tour, et faisant lui aussi un long voyage se joint un nous. Nous passons un bon moment tous les trois. Lui est enseignant en Allemagne, avec Clémence ils ont plein de choses à se raconter. Nous accrochons bien, du coup nous lui proposons de se joindre à notre expédition vers le Cap de Bonne-Esperance de demain. Nous faisons ensuite un tour sur les marchés d’artisanat du centre-ville. Nous y parlons plus français qu’anglais, une grande partie des vendeurs étant d’origine Congolaise.

 

Nous rentrons ensuite dans notre quartier, avec pour envie de nous rendre à la piscine d’eau de mer présente juste à côté. Nous caressions l’espoir que l’eau y soit plus chaude pour nous baigner, mais manque de bol, le lieu est fermé depuis le 9 avril dernier. Nous ne pourrons que l’observer, et ça donne bien envie de se baigner ! Mais pour le moment, il n’y a que les mouettes qui en profitent. Avant de finir notre journée, nous allons récupérer la voiture de location réservée pour notre journée de demain, il est temps pour moi de me remettre à la conduite à gauche, et au volant à droite !

 

Jour 279 – Cape Town

On se fait un vrai dimanche, un dimanche un peu comme les locaux qui commence par une grasse matinée, et un bon petit déjeuner au soleil sur la terrasse de l’appartement de Phyl et Paul. Bon, nous devons quand même passer une paire d’heures pour faire notre programme de visite et les réservations obligatoire. En début d’après-midi, nous quittons l’appartement pour aller déjeuner, et faire une balade dominicale. Avant d’attaquer la marche, nous allons acheter nos cartes de bus pour anticiper le retour de balade et les prochains jours, et pour ce faire nous nous rendons dans une pharmacie, c’est surprenant ! Clémence pense fort à ce moment-là à la chanson de Charles Trenet « Dans les pharmacies », car comme dans la chanson, celle-ci vend vraiment de tout !

 

Nous commençons ensuite notre balade sur la Main Avenue, on voit directement la différence par rapport à Johannesburg. Le quartier dans lequel nous nous trouvons est aussi un peu huppé. Nous arrivons ensuite sur le front de mer, et retrouvons l’Atlantique laissé au Brésil la semaine dernière. Il est ici déchainé, et frappe la côte avec force. La première plage à coté de laquelle nous passons est peu occupée, et quelques aventuriers tente d’aller dans l’eau. Nous avançons jusqu’au 4 plages de Clifton, toutes plus belles les unes que les autres, et allons marcher dans le sable. Nous tentons de mettre les pieds dans l’eau pour voir si une baignade se tente ou non, mais c’est pour moi gelé, pour Clémence c’est « comme à Deauville fin septembre ! » (C’est pour dire la fraicheur).

 

Ces plages là sont bien occupées, on est au bon endroit pour la sortie dominicale, les familles et groupes d’amis profitent des lieux. Des gens de tout horizon semblent être ici. Puisque nous n’avons pas le courage de nous baigner, nous continuons notre avancée jusqu’à la plage de Camps Bay. Là, après avoir posé pour une photo dans de gigantesques fauteuils sur la plage, comme les rois des lieux, nous allons nous poser dans un café en étage, pour savourer une glace en profitant du coucher de soleil sur la baie. Le tableau qui s’offre à nous est tout simplement magnifique !

 

Nous profitons aussi de ce moment pour lire et en apprendre un peu plus sur la Cap. La colonisation de l’Afrique du Sud a commencé ici, la ville du Cap a donc connu beaucoup de périodes dans son histoire, en passant entre différente mains, des Portugais, aux Hollandais, puis aux Français avant que ce soir les Anglais qui s’imposent. Son histoire est étroitement liée à celle du pays, et donc à l’histoire que nous avons découverte avec nos visites à Johannesburg. Par contre, la physionomie moderne de la ville est bien différente de celle que nous avons vu de Joburg. En se baladant dans les rues, si on nous mettait là sans nous dire où nous sommes, nous ne pourrions pas deviner si l’endroit se trouve en Europe, ou bien en Amérique. De mon coté ça me rappelle l’Australie ou la Nouvelle-Zélande, pour Clémence c’est les USA. Il y a des petits airs de Floride ou de Californie parfois, avec ces alignements immobiliers le long du front de mer. Mais ceci n’est qu’un visage de Cape Town, car nous lisons qu’il y a toujours 2 millions de personnes qui vivent dans les townships éloignés de la ville dans des conditions de misère. Nos visites de demain nous permettrons d’aborder cet autre visage.

 

Nous nous apprêtons à prendre notre bus pour rentrer vers notre quartier, mais un attroupement sur la plage interpelle Clémence, nous allons voir. Il s’agit d’une sorte de gigantesque classe de « Yoga » sur fond de musique électro, les pieds dans le sable avec le coucher de soleil et l’océan en toile de fond. C’est un peu « hippiland » mais nous restons un moment pour profiter de la fin de l’évènement. La lumière de la fin de coucher de soleil sublime l’endroit, dominé par la chaîne de montagne des Table Mountains au loin ; cette même chaîne de montagne qui sépare la partie côtière de Cape Town du centre-ville, et qui commence un peu plus au nord d’ici. Une fois la nuit tombée, nous prenons cette fois ci un bus de ville pour rentrer à l’appartement et y finir notre journée.

 

 

Jour 278 – De Johannesburg à Cape Town

Nous avions prévu une visite en plus avant de prendre l’avion, mais notre heure de réveil en aura décidé autrement. Nous nous contentons d’aller faire un petit tour dans le parc du quartier. De là, nous avons une vue au loin du CBD, et nous découvrons la Skyline de Johannesburg. Une fois que Bartho est rentré, nous lui laissons nos clefs et partons en Uber pour l’aéroport. Nous ne partons pas de l’aéroport principal, mais du secondaire qui se trouve loin au nord de la ville : Lanseria.

 

Notre chauffeur cherche un peu sa route au départ, mais prend au final la bonne direction. La route est longue, mais pendant le trajet, nous pouvons profiter de la cérémonie de funérailles de Winnie Mandela qui est diffusée en direct à la radio, nous pourrons entendre entre autres le nouveau président prononcer un discours optimiste et plein d’espoir.

 

En route, il y a un gros embouteillage soudainement, notre chauffeur nous dit qu’il doit y avoir un accident. En réalité, l’accident vient d’avoir lieu. Nous passons à côté, et même si nous ne voulons pas voir, j’ai une vision d’horreur. Une moto et une voiture se sont rentrées dedans, le conducteur de la moto est étendu mort sur la chaussée, sa compagne plus loin semble très blessée, le conducteur de la voiture n’a pas l’air mieux. J’aurais aimé ne pas voir ce que j’ai vu, les secours n’étaient même pas encore arrivés, mais assez de monde s’était arrêté pour aider. Nous ne nous attardons pas, nous ne servirons à rien.

 

C’est un peu choqués que nous arrivons à l’aéroport, nous essayons de nous changer les idées en attendant l’enregistrement et le départ. Cet aéroport est un peu le « Beauvais » de Johannesburg. J’utilise le temps d’attente, puis les 2 heures de vols pour faire le montage vidéo de notre séjour à Joburg.

 

A l’arrivée, nous prenons encore un Uber pour nous rendre dans notre airbnb, situé dans le quartier de Sea Point à Cape Town. Depuis l’autoroute, nous passons à coté et découvrons un énorme incendie, les pompiers semblent être tout juste arrivés. En passant, nous comprenons que c’est un bidonville qui est en flamme…

 

A l’arrivée à Sea Point, nous sommes accueillis par Phyl, la propriétaire de l’appartement dans lequel nous allons rester pour les 5 prochains jours. La soirée est un peu avancée, nous allons au plus près pour diner, à quelques rues de là. Nous allons dans une sorte de fast food, et nous nous faisons servir par un jeune homme ravi de pouvoir pratiquer un peu le français, il est d’origine congolaise.

 

Jour 277 – Johannesburg #3

A 10h précises, notre guide du jour Nkuli (dit NK) se présente pour venir nous chercher au volant de sa voiture. Nous partons en direction de Soweto (nom provenant de l’acronyme South West Township), et NK profite du trajet pour commencer à nous faire des explications. On se sent directement très à l’aise avec lui.

 

Nous abordons un premier lieu du quartier de Soweto, quartier qui devrait être élevé au rang de ville avec ses presque 3 millions d’habitants. Nous sommes dans la zone de Orlando, avec les Orlando Towers. Ce sont deux cheminées gigantesques, vestige du système de refroidissement d’une centrale de production électrique qui a fermé. Le lieu a été transformé, pour des activités comme le saut à l’élastique ou la chute libre (sur un tapis à l’intérieur d’une cheminée), et aussi en bar. La surface entière des cheminées a été transformée en surface d’expression pour le street art, on a pu en admirer le résultat. Dans les peintures, des hommages au quartier sont faits, d’autres aux langues (NK a essayé de nous apprendre quelques mots de zoulou) d’autres au foot en citant les deux équipes phares de Soweto. Nous découvrons un dernier hommage qui nous fait bien rire, un énorme « pata pata » est écrit en référence à la chanson de Miriam Makeba. Je suis de la même année que NK, nous sommes tous les trois de la même génération et nous avons tous les trois le souvenir de cette chanson dans notre enfance. Par cette visite, nous prenons conscience de l’évolution et du tournant que prend Soweto, qui était encore il y a encore quelques années jugé comme un des endroits les plus dangereux au monde.

 

Nous reprenons ensuite la voiture pour nous rendre dans ce qui est devenu maintenant le centre de Soweto, à Vilkazi Street. Aujourd’hui, le quartier a un visage particulier, des policiers sont en faction un peu partout, et les rues très animées. Nous ne sommes pas particulièrement au fait de l’actualité, mais nous apprenons que Winnie Mandela, la seconde femme de Nelson Mandela, est décédée (le 2 avril dernier). Ce soir aura lieu dans le stade de Soweto la veillée en son honneur, et demain auront lieu les funérailles nationales.

 

Nous visitons d’abord la maison des Mandela, celle qui fut leur demeure durant 40 ans. Il s’agit d’une des petites maisons en brique que le gouvernement fournissait contre loyer au noirs et gens de couleurs (terme officiel pour les métisses, indiens et chinois) quand ils les expulsaient du centre-ville vers les banlieues isolées. La maison est chargée d’histoire, et a été transformée en musée. Nous en apprenons un peu plus sur l’homme et sur sa famille. Il est revenu vivre ici suite à sa libération, mais il n’y sera resté que 11 jours. La pression des journalistes du monde entier l’aura fait fuir dans une résidence plus tranquille, après 27 ans d’isolement on peut comprendre que ce fut trop d’un coup.

 

En passant dans la rue, nous passons devant la maison de Desmond Tutu, archevêque et également prix Nobel de la paix. Le rue porte d’ailleurs le surnom de « la marche des prix Nobel ». Nous continuons un peu dans les rues, NK nous présente le quartier comme un quartier de classe moyenne. Nous avions découvert en arrivant une zone de la classe un peu plus riche des habitants de Soweto, la différence se voit surtout sur les maisons, et la présence ou non de clôtures plus ou moins sécurisées. Des petites rues, nous traversons un terrain vague pour rejoindre une rue particulière, à ce moment-là presque entièrement barricadé. Au bout de cette rue se trouve la dernière demeure de Winnie Mandela, là où son corps réside jusqu’au funérailles de demain. Winnie s’est installée dans cette demeure à l’épreuve des balles, dans une période où les guerres entre communauté ont été plus violentes que jamais (elle vivait séparée de Nelson, déjà avant leur divorce en 1996). En étant là aujourd’hui, devant sa maison, avec tous ces gens qui font la queue pour déposer des fleurs, nous avons un peu l’impression de vivre en direct un moment important de l’histoire. Winnie s’est battue aux côtés de Nelson, a aussi fait de la détention et subi pendant des dizaines d’années les harcèlements de la police et du gouvernement de l’apartheid, elle fut « le bouc émissaire d’un pouvoir pâle particulièrement sadique qui avait juré de faire craquer son époux en la persécutant ». Malgré quelques scandales autour d’elle, les sud-africains lui confèrent un statut bien particulier, et l’hommage de demain dans un stade bondé en sera encore la preuve.

 

Avant de quitter la zone, nous passons par le mémorial Hector Pieterson, en hommage à la plus jeune victime des représailles des manifestations de 1976, il avait alors 12 ans. Son nom a été mis en avant, mais le mémorial est en hommage aux 600 jeunes tués en 3 mois dans ces manifestations. Il protestait entre autres contre la mise en place de l’apprentissage de l’Afrikaans obligatoire (la langue des Boers), comme langue principale en remplacement de l’Anglais. Imposer sa langue fut un des plus grands affronts du gouvernement Boers contre les populations victimes de l’apartheid. Ils ont malheureusement réussi, et ce jusqu’en 1992 et l’abrogation de cette loi.

 

Nous rejoignons ensuite la zone de Kliptown, NK nous emmène là où il a grandi, et là où il a depuis deux ans créé une association pour promouvoir l’éducation des jeunes, faire de l’aide scolaire, mais aussi proposer des activités extra-scolaires. Le but est bien sûr d’éduquer, mais aussi d’éviter que les jeunes désœuvrés ne traînent dans les rues et ainsi éradiquer la violence, la drogue et les grossesses chez des adolescentes. Tout un travail de sensibilisation est à faire. Ils ne sont que 6 pour s’occuper de tous les jeunes, le travail est titanesque. Un des membres de l’association nous fait faire le tour de la zone, et nous faire découvrir les habitats de la population. Nous n’avions pas forcément l’envie de faire du voyeurisme, mais nous nous retrouvons guidés dans les petites allées du bidonville de Kliptown. Quelques toilettes de chantier servent à tout le monde, un petit tuyau sert d’arrivée d’eau pour des centaines de personnes qui vivent des habitats insalubres. Certains sont en attente d’un logement social, ils peuvent attendre au moins 12 ans parfois. Le gouvernement a une politique de construction mais elle est ralentie car les propriétaires des terres constructibles ont souvent quitté le pays et restent introuvable, parfois ils refusent de vendre au prix d’achat que propose l’état (et ce dernier ne fait pour le moment pas de confiscation de terre). Nous sommes malheureusement face à une des réalités du pays, mais on peut se dire que Soweto dans sa globalité évolue, et que des associations comme celle de NK aide à faire avancer les choses.

 

Nous parlons un moment avec la femme de NK qui fait aussi partie de l’association, cela nous permet de mieux comprendre leur projet, et de leur glisser quelques idées pour communiquer autour (https://www.facebook.com/SOWE22). Nous reprenons ensuite la route avec NK pour rentrer vers notre quartier. Dans la voiture, nous continuons de parler et d’échanger.

 

Nous apprenons que le président actuel est en fait au pouvoir depuis un mois seulement. Il est originaire d’une des zones de Soweto, et la population semble placer en lui beaucoup d’espoir. Le précédent président a été destitué avant la fin de son mandat suite à un scandale de corruption, ce dernier était aussi président de l’ANC, le parti au pouvoir. Les instances du parti ont fait le calcul de le destituer avant les élections de 2019, pour redorer le blason du parti. Les élections auront quand même lieu en 2019, c’est donc un challenge pour le président actuel d’être réélu. L’histoire du pays est en train se s’écrire, et nous espérons avoir l’occasion de revenir, et de découvrir à ce moment un pays qui aura relevé la tête.

 

C’est la tête bien remplie et le cœur un peu lourd que nous rentrons. La visite d’aujourd’hui était le parfait complément aux visites des dernier jours, mais le sujet est dur à absorber, et à digérer. NK a rendu cette visite intéressante, vivante, et elle était parfaitement bien gérée. C’était crucial je pense de visiter Soweto avec un de ses enfants, un de ses membres qui connait son histoire parfaitement (heureusement que nous pouvons comprendre l’anglais !). Après tout ça, nous passons une fin d’après-midi un peu plus légère à Melville. Le soir, nous allons boire un verre avec Bartho, pour passer un dernier moment ensemble, il aura été un hôte en or pour notre séjour à Johannesburg.

 

Jour 276 – Johannesburg #2

Nous avons rendez-vous ce matin avec notre guide, Charlie Moyo, pour faire une visite du CBD (Central Business District). Nous nous y rendons en Uber, pour être à l’heure au point de rendez-vous à Gandhi Square. Nous partageons le tour avec un Germano-Libanais qui vit en Tunisie, et qui est en repérage ici pour sa future installation, c’est très international !

 

Charlie commence la visite par reprendre le fil historique du pays, ce qui est pour nous un très bon complément, et qui parfois éclaircit aussi ce que nous avons appris hier au musée. Il nous raconte aussi le pourquoi de Gandhi Square. Gandhi, après ses études à Londres a fait ses armes comme avocat ici. C’est aussi ici qu’il a été pour la première fois confronté à la ségrégation, et que son idéal (qui amènera plus tard à l’indépendance de l’Inde) prendra ses racines. De notre côté, nous retrouvons ce personnage célèbre qui avait déjà croisé notre voyage en aout dernier.

 

Nous parcourons ensuite les rues du centre, au gré des explications de Charlie. Il passe en revue les différentes périodes architecturales qu’a connues la ville après son expansion très rapide, à la suite de la découverte des premiers gisements d’or. Aujourd’hui, c’est la plus grande ville au monde à n’être ni située près d’un lac, ni d’une rivière ou d’une côte. Des bâtiments historiques, il n’en reste qu’une poignée. Après l’indépendance du pays en 1961 (depuis 1910, le pays faisait partie du Commonwealth britannique), le gouvernement Boers s’est lancé dans une campagne de destruction de tout ce qui pouvait avoir un lien avec l’Angleterre. Presque tous les bâtiments de style Victorien en ont pâti.

 

Ce que nous constatons, c’est que d’une rue à l’autre nous changeons totalement d’univers. On se retrouve avec un coté de rue tout neuf, beau et sécurisé, en opposé à des bâtiments délabrés, un peu en ruines parfois et où règne un climat d’insécurité. La trace du partitionnement passé de la ville explique en partie ces différences d’évolution, ceci est aussi accentué par les campagnes de rénovation en cours (le nettoyage des rues repousse de plus en plus la violence qui y régnait). La ville change à vitesse grand V, et d’ici 5 ans, Joburg (comme l’appelle les locaux) devrait être le New-York d’Afrique du Sud.

 

Après les différentes rues de l’extra-centre, nous passons à coté du palais de justice, et nous découvrons le bureau que Nelson Mandela, alors avocat, partageait avec son collègue et ami Oliver Tambo. Ils avaient eu l’intelligence de s’installer dans un quartier noir (Charlie oppose l’adjectif « noir » à « blanc », il faut donc le comprendre au sens large, il y avait des chinois et des indiens, eux aussi « classés » comme tels), une population n’ayant pas accès aux services juridiques et étant sans cesse considérés comme criminels (rechercher un travail, ou ne pas avoir le bon travail était un crime à l’époque). Le bureau se trouvait en face du palais de justice, et de l’autre côté de la rue c’était un quartier réservé aux blancs. C’était alors dur pour eux d’exercer mais pas encore illégal, ils ont donc pu le faire officiellement. Tout ceci a eu lieu avant les lois qui ont officialisé l’apartheid. Nous apprenons aussi que c’est Oliver Tambo alors président de l’ANC qui aurait dû briguer la présidentielle de 1994, mais trop affaibli après un AVC (il est mort en 1993), il a passé le flambeau à Nelson Mandela, avec le destin que nous lui connaissons.

 

Nous finissons notre tour dans un lieu branché au n°1 Fox street, installé dans les anciens entrepôts des mines. Ce restaurant-café, qui fait aussi micro-brasserie de bière apporte un visage nouveau au quartier. En face se trouve le commissariat central, lieu rappelant une période sombre, dans un bâtiment des années 60 depuis lequel beaucoup de lettres piégées sont parties, et dans lequel beaucoup d’opposants sont entrés et jamais ressortis… S’il y avait un bâtiment à détruire, ce serait bien celui-ci.

 

Nous finissons le tour en discutant encore avec Charlie autour d’une dégustation de bière, en lui posant 10 questions à la minute. C’est un vrai vivier d’informations, et le sujet est tellement vaste à étudier. Il doit cependant nous laisser, car il guide un autre tour cet après-midi.

 

Nous reprenons pour notre part un Uber pour nous rendre dans un autre quartier qu’il nous a conseillé : Maboneng. Il s’agit d’un quartier qui lui aussi a été gangréné par la misère et la violence, puis un homme a décidé de racheter la zone immeuble après immeuble. Il l’a rénovée petit à petit, puis réussi à convaincre les autorités de le suivre. Aujourd’hui, c’est un quartier branché, où des lieux artistiques, des ateliers ou des boutiques sont maintenant partout dans les rues. Nous parcourons les quelques rues des lieux, mais on nous prévient, les rues qui ne sont pas encore sûres sont juste à côté, et nous ne devons pas nous écarter. L’après-midi est bien avancé, nous ne nous attardons pas et reprenons un Uber, nous avons du chemin pour retrouver notre quartier, celui de Meleville. Nous voulons arriver avant la nuit, qui tombe très vite à partir de 18 heures.

 

 

Jour 275 – Johannesburg

On a peu de mal à démarrer ce matin on se retrouve donc très vite à midi. On va dans les rues commerçantes voisines de notre airbnb, et on s’installe dans un petit café branché du coin pour bruncher. De là, nous nous rendons en Uber à l’Apartheid Museum. Pour se déplacer dans la ville, il n’y a pas trop de bus, et comme elle est très étendue, la plupart des gens ont leur voiture, nous devons donc nous contenter des Uber.

 

L’apartheid a profondément marqué et changé le pays, le musée consacré à cette période mais aussi à l’histoire Sud-Africaine, nous permet de comprendre et d’appréhender cela un peu mieux. C’est un sujet dur, et lourd à traiter, il nous faudra 3 heures pour parcourir le musée, nous en ressortirons un peu retournés. Cela fait partie des moments durs de l’histoire, mais il est je pense nécessaire de s’y intéresser pour comprendre le pays dans lequel nous nous trouvons (comme j’avais pu le faire au Cambodge en visitant S21).

 

Dès l’entrée, nous sommes mis dans le bain. Un ticket nous est remis, il nous indique au hasard si nous sommes « blanc » ou « noir ». Nous devons ensuite rentrer par des entrées séparées, avec des environnements assez différents. Directement, ça glace le sang. Nous parcourons ensuite l’histoire du pays, des premiers habitants, à l’arrivée des vagues de colons, puis aux premières lois ségrégationnistes qui sont arrivées de paire avec l’indépendance, jusqu’au renouveau apporté par l’élection de Nelson Mandela. Une exposition temporaire très complète lui est d’ailleurs dédiée.

 

La colonisation du pays a changé le cours de son histoire, son indépendance n’a pas apporté un effet positif comme on aurait pu l’espérer. Les Afrikaners, descendant des Boers, avec une conduite dictée par la peur de perdre le pouvoir dans le pays ont mis en place un système horrible, dans un premier temps uniquement ségrégationniste. Puis l’apartheid est entré en vigueur en 1948. Il aura été contesté de tout temps, mais pacifiquement plutôt, mais c’est à partir de 1976 que la révolte armée et violente arrive. Elle fera sombrer le pays dans une période encore plus sombre, qui ne se calmera qu’avec la libération en 1990 des prisonniers politiques de tout bord, et surtout de Nelson Mandela. Son élection en 1994 posera la première pierre de la nouvelle Afrique du Sud.

 

Mais le pays reste encore aujourd’hui gangréné par cette violence qui s’est installée pendant tant d’années. Les successeurs de Nelson Mandela n’ont pas forcement suivi sa vision, et les disparités économiques semblent plus que jamais rendre le climat tendu. Les quartiers ultra sécurisés en sont un visage, le fait que l’on nous dise de faire attention tout le temps et de ne pas marcher dans certains quartiers en est une autre conséquence. Johannesburg semble en tout cas être le berceau de la révolte depuis de longues années.

 

Après ce choc historique, nous décidons de nous en tenir là pour aujourd’hui. Nous rentrons dans notre quartier, toujours en Uber et passons faire quelques courses avant de retourner au airbnb. Bartho n’arrive pas longtemps après et nous l’invitons à se joindre à nous pour le repas. Ce sera l’occasion de passer un bon moment ensemble et de papoter un peu. Il nous expliquera entre autres l’histoire des langues dans le pays. Il nous a dit que l’anglais est devenu la langue fonctionnelle de communication mais que pour beaucoup ce n’est pas la langue n°1. Il y a 11 langues officielles, dont le Zoulou qui est la plus rependue, suivie du Swali et de l’Afrikaners. Nous le laissons à son travail pour retourner dans notre chambre finir la soirée. Le visite d’aujourd’hui va devoir être digérée, et nous allons probablement en apprendre encore et compléter notre connaissance des évènements avec les visites des jours à venir.

 

Jour 274 – Arrivée en Afrique du Sud, Johannesburg

ON EST EN AFRIQUE DU SUD !!! C’est complétement improbable, et on ne réalise pas encore, alors on le crie toujours !

 

C’est après un vol de nuit sans sommeil que nous débarquons (pas trop frais) ce matin à Johannesburg. Toutes les formalités se font très rapidement, entre autres car nous n’avons pas besoin de visa à l’entrée (et l’agent de l’immigration nous accueillera avec un magnifique « Bonjour » en français dans le texte). Une fois nos derniers Euros échangés en Rand, nous allons prendre le train qui nous emmène vers le centre, enfin un des centres car la ville elle est très étendue ! On découvre des transports à la pointe de la modernité, tout comme l’aéroport lui-même.

 

Notre première mission logistique est de nous rendre au Consulat du Mozambique pour y réaliser mon visa (Clémence avait fait le sien à Paris). Une fois tout le dossier rempli, on nous dit de revenir dans 3 heures pour le récupérer. Nous allons nous poser dans un restaurant installé sur un toit voisin. Nous nous installons en longue durée dans l’endroit pour commencer la préparation du séjour en Afrique du Sud, étudier le programme que nous allons faire et commencer les réservations auxquelles on ne peut pas échapper.

 

A 15 heures nous sommes au rendez-vous pour récupérer mon passeport avec le visa, à 15h03 je l’ai en main, c’était d’une efficacité redoutable ! En parallèle, nous sommes en contact avec Bartho, notre hôte airbnb pour les prochains jours. Il ne travaille pas loin de notre position actuelle, et propose de passer nous chercher pour que nous rentrions ensemble. On ne pouvait pas rêver plus facile comme arrivée ! Il débarque pour nous récupérer devant le consulat, encore habillé en costume, très classe ! Il nous apprendra qu’il est avocat, ceci explique cela.

 

Nous en avions eu un aperçu avec le Consulat, en découvrant le quartier de Bartho nous comprenons que chaque habitant et institution prend sa sécurité très au sérieux. De hauts murs entourent les propriétés et sont surmontés de barbelés, parfois électrifiés. A ajouter à cela les caméras de surveillance dans les rues, on comprend que le climat n’est pas forcement détendu, même si à première vue, nous ne nous sentons absolument pas en insécurité. En allant au restaurant ce midi, nous avions aussi compris que la libre circulation d’arme à feu peut être un problème, car des logos d’interdiction d’entrer avec ces dernières sont ouvertement affichées (il y en aurait 6 millions en circulation, pour 56 millions d’habitants).

 

Bartho nous fait faire le tour de sa superbe maison, nous avons une chambre dans une annexe indépendante. Nous prenons un café tous ensemble, puis avec Clémence nous continuons un bon moment notre travail de préparation, pour l’Afrique du Sud bien sûr, mais aussi le Mozambique. Nous visitons les pays entre deux avions de notre billet tour du monde et il nous faut rentrer dans le timing que nous avons. La nuit est tombée depuis un moment quand nous sortons pour aller manger dans le quartier, et pour faire local (en vrai pas du tout), ce sera un super bon Japonais. Nous continuons de lire un peu sur le pays pour en apprendre plus avant de commencer les visites. Hier dans l’avion, j’avais re regardé le film Invictus, pour me remettre un peu en tête un grand pan de l’histoire du pays. Un long chemin a été fait, mais il semble que la situation ne soit pas toute rose actuellement. Nous avons quand même déjà eu un premier aperçu de la nation arc-en-ciel, comme l’appelait Nelson Mandela.

 

Jour 273 – Sao Paulo, dernier jour au Brésil

Sao Paulo est vraiment une étape, plus qu’une visite. Nous passons notre matinée à gérer la logistique de notre arrivée et des premiers jours à Johannesburg. Il nous faut ensuite rejoindre l’aéroport international, qui n’est pas tout près de la ville. Nous nous dirigeons vers l’arrêt de bus (celui qui est économique), mais nous ne trouvons pas l’arrêt. A ce moment-là, un bus (mais de luxe) qui se dirige aussi vers l’aéroport passe, nous toussons un peu sur le prix mais nous sommes un peu coincés sans moyen de connexion pour faire d’autres recherches. Nous serons seuls dans ce grand bus jusqu’à l’aéroport. C’est finalement avec plein d’avance que nous nous acquittons des différentes formalités aéroportuaires, et que nous nous installons dans le terminal pour attendre l’embarquement.

 

C’est assez bizarre de se dire que demain matin nous serons en Afrique, cette partie du voyage m’a toujours semblée très très lointaine, mais ça y est, nous y sommes ! Nous partons clairement à l’aventure, aucun de nous deux ne sait à quoi s’attendre.

 

La sélection de photos est en ligne, et visible sur la page du Brésil publiée (lien ci-dessous)

 

Brésil

Jour 272 – De Rio de Janeiro à Sao Paulo

Nous aurions presque été tentés de nous rendre au parc botanique ce matin pour enfin avoir la chance d’apercevoir le fameux Christ. Avant de traverser la ville, nous vérifions la vue en ligne. On nous a donné hier le bon plan : une caméra filme 24h/24 la statue et permet de se rendre compte de l’état de la visibilité. Ce matin, il y avait tellement de nuages autour qu’elle était à peine visible depuis le haut, alors d’en bas ce n’était pas la peine d’espérer. Nous nous faisons donc un programme plus léger pour cette dernière matinée à Rio.

 

Nous allons dans le quartier voisin de Lapa pour découvrir un haut lieu touristique : l’escalier Selaron. Quand nous y arrivons, nous constatons bien la célébrité de l’endroit, c’est blindé. Il y a un même un bus qui déverse un groupe de Japonais en goguette. Nous on s’en amuse, on a même concocté une photo en mode « Où est Charlie ? », mais adaptée en « Où est Clémence ? », on vous laisse chercher ! Il faut avouer que l’endroit est atypique, on comprend pourquoi tout le monde veut y venir. L’escalier est presque entièrement recouvert de céramique, avec une dominante rouge. Mais quand on regarde bien, il y a des carreaux uniques disposés un peu partout. Certains ont déposé leur nom, leur image ou même un message, le tout entouré de carreaux de couleur. On retrouve même le célèbre logo parisien avec le chat noir.

 

Une fois en haut, nous redescendons par les petites rues du quartier, et découvrons un autre visage de Rio, un visage connu aussi malheureusement, le coté pauvre et délabré de la ville. Nous ne nous attardons pas trop dans ces rues dans lesquelles nous ne sommes pas forcément à l’aise.

 

Sur le chemin du retour vers le airbnb, nous tombons par hasard sur le marché dominical du quartier de Gloria. Nous décidons d’y faire un tour. Les étales pleines de couleurs ravissent nos yeux et nous donnent envie. Nous craquons pour quelques produits pour notre déjeuner d’avant départ. C’est l’occasion de manger du frais, et du local ! Juste avant de quitter le marché, nous trouvons un stand qui fait du jus de canne à sucre, nous en raffolons tous les deux, mais ça ne se trouve pas partout, nous faisons des réserves pour le trajet en bus de cet après-midi.

 

Nous déjeunons à l’appartement puis ne nous attardons pas, il faut que nous nous rendions à la gare routière. Nous tentons d’y aller en bus de ville, mais après plus de 30 minutes d’attente, la ligne dont nous avions besoin ne se présente toujours pas. Le marché perturbe un peu les arrêts du quartier, nous n’avons pas d’autres solutions, tout du moins en bus. Pour ne pas être en retard, nous laissons tomber et sautons dans un taxi. Nous arrivons à temps pour attraper notre bus, c’est parti pour 6 heures en direction de Sao Paulo. Je profite du voyage pour m’avancer pour le carnet de voyage, et faire les montages vidéo du Brésil. Nous sommes assez confortablement installés, il n’y a plus qu’à profiter du trajet.

 

A l’arrivée à Sao Paulo, on rentre directement dans le métro qui semble bien desservir la ville (avec une petite pensée pour Olivier). Il est rapide, propre, les rames sont larges et confortable, bref on est bien. A la sortie de la station de métro, on tombe en pleine ville, entourés de larges boulevards et très hauts immeubles. On est à l’opposé de Rio, on a presque l’impression d’avoir changé de pays, même la température est plus fraîche ! On marche jusqu’à notre hôtel, ce dernier est tellement neuf qu’il n’y a presque personne, le réceptionniste est quant à lui nouvellement formé et pas très vif à la tâche. On est ce soir en dortoir mais on ne va pas se marcher dessus ! Nous retournons près de la grande avenue pour essayer de trouver à manger. Un dimanche soir à cette heure-ci (23h) ce n’est pas une tâche aisée. Nous finissons par trouver un restaurant dans un centre commercial voisin. Le centre en lui-même est fermé mais le vigile accepte de nous laisser monter jusqu’au restaurant, nous avons enfin le droit à notre première caipi brésilienne, pour fêter notre dernière soirée ici.