Jour 117 – Delta du Mékong #2

La première partie de la journée se résume au petit déjeuner : travailler pour Clémence, aller faire la vidange de la moto pour moi, et profiter du hamac et des chaises longues de la terrasse pour nous deux. Après déjeuner même programme ! Doucement le matin et pas trop vite l’après-midi.

Mais quand même, dans l’après-midi nous partons faire un tour des environs guidés par Quira. Elle à scooter, nous à moto. Nous commençons par les petits chemins au milieu des plantations, tout est tellement vert ! En premier arrêt, nous nous retrouvons dans une décharge. Peu ragoutant comme visite mais en fait se trouve ici la gigantesque tombe d’un ancien policier et propriétaire terrien. Quira nous raconte un peu son histoire, ce dernier travaillait avec les Français, du coup quand les Viet-Cong ont repris le pouvoir il s’est fait détester. Sa tombe a été pillée et saccagée, il y a même des impacts de balles sur les murs. Ses descendants vivent en France et essaient tant bien que mal de protéger la sépulture, mais les locaux n’en tiennent pas trop compte (d’où la décharge).

Nous partons ensuite à la découverte du temple bouddhiste vietnamien de la ville. Quira, qui elle fait partie de la communauté Khmers, pratique le bouddhisme cambodgien, qui est similaire à celui du Laos et de Thaïlande. Le Vietnamien se rapproche lui plus de celui pratiqué en Chine. Les femmes peuvent être moines, et il y a des variantes dans la pratique du culte. Ensuite nous nous rendons à la maison du propriétaire dont nous avons auparavant découvert la sépulture. Cette dernière date de 1924, elle n’est pas en très bon état mais une famille est payée par le gouvernement pour veiller à ce qu’elle ne se dégrade pas plus. Ils ne la rénovent pas mais elle tient encore debout. C’est une très grande bâtisse qui montre l’importance, le pouvoir (ou l’emprise) qu’avait cet homme à l’époque. Nous rejoignons ensuite un des temples Khmers de la ville.

Il y a dans la région une grosse communauté Khmers, qui puise ses origines dans l’étendue du royaume d’Angkor il y a plus de 10 siècles. Quira nous explique que la communauté est très implantée, et possède même ses propres écoles dans lesquelles les élèves apprennent le khmer, le vietnamien et l’anglais. Elle nous montre son école dans la ville. Dans le temple Khmer, il y a aussi une salle de classe. Quira nous dit avoir été professeure d’anglais pour les moines auparavant. Certains jeunes hommes (puisqu’en bouddhisme khmer, être moine n’est pas autorisé aux femmes) choisissent cette éducation là car elle est réputée bien plus sérieuse. Il faut savoir que l’on peut choisir d’être moine pour une durée limitée, de quelques jours à plusieurs années. Mais elle nous dit qu’il faut 12 ans d’études pour maîtriser et comprendre les ramas (les écritures bouddhistes). Avec l’histoire de la communauté, les pagodes et temples sont très anciens. Celui où nous nous trouvons a plus de 300 ans, mais il y en a un qui a mille ans dans un village voisin.

Les temples sont entretenus par les donations de la communauté. La communauté prend aussi en charge le soutien aux plus pauvres de ses membres, elle prend en quelque sorte le relais du gouvernement pour ces tâches. Ce week-end a lieu, dans la pagode que soutient Quira et sa famille, la célébration de Kathina. Elle nous explique que cette célébration a lieu plusieurs week-end de suite dans toutes les pagodes de la région. Chaque famille se mutualise pour faire des donations au temple qu’elle fréquente, et pour organiser une soirée en complément de la cérémonie de donation. Elle nous montre des vidéos, les processions ont l’air assez impressionnantes. Les montants donnés aussi, elle nous explique que chaque famille doit réunir si possible 10000$ (mais moins est possible en fonction de leurs moyens). La somme nous parait complètement mirobolante, mais elle précise que la famille c’est au sens large, et que la sienne compte 200 membres. Chaque famille peut aussi participer à plusieurs Kathina dans plusieurs temples également. Bref, c’est l’évènement de l’année qui permet de financer les temples.

Nous finissons notre tour de visite à la nuit tombée en parcourant les petits chemins qui passent au milieu des champs et des rizières, c’est assez magique comme trajet. Les grenouilles traversent devant nous et nous avançons au clair de lune en découvrant les paysages avec la faible lumière qui perdure. Nous nous retrouvons encore autour d’un gargantuesque et très bon repas. Quira nous fait découvrir un fruit local acheté cet après-midi au marché lors de notre tour. Après traduction et recherche google, nous comprenons qu’il s’agit du corossol, qui se traduit aussi par « pomme custard », effectivement le fruit est crémeux et a un bon goût de pomme. Moi qui ne suis pas un grand fan des fruits crus, j’en ai trouvé un nouveau que j’aime (avec la mangue que je savoure à chaque petit déjeuner ici avec grand plaisir).







Jour 116 – Delta du Mékong

Le petit déjeuner offert par notre hôte Quira est à l’image du dîner, très bon et bien trop gros pour nous deux. Le thé est tenu au chaud dans une coque de noix de coco. Pendant que nous profitons, deux hommes sont affairés avec un bâton gigantesque pour faire tomber les jeunes noix de coco des arbres entourant la propriété. Elles tombent avec grand fracas, je n’ose même pas imaginer si jamais elles tombent sur quelqu’un.

Nous partons ensuite en excursion vers la ville de Vinh Long, distante d’une cinquantaine de kilomètres. Nous profitons de jour des superbes paysages qui s’offrent à nous. Tout est très très vert, vraiment beau. C’est par contre sous la pluie que nous arrivons à l’embarcadère de Vinh Long. Nous n’avons pas vraiment de plan prévu, mais un homme nous aborde et nous propose une excursion en bateau. Nous voulions effectivement découvrir l’île d’en face, An Binh. Dans les faits, nous sommes déjà sur une île, mais qui est très grande. Le delta du Mékong crée une multitude d’îles plus ou moins grandes, et la main et les activités humaines ont en plus creusé plein de canaux qui redécoupent certaines d’entre elles. C’est le cas de celle de An Binh. Nous voilà donc en bateau, une fois le bras de Mékong traversé, nous entrons dans un de ses canaux. Les terres sont très fertiles et l’activité agricole est forcément très intense. Cette région est connue pour être le grenier à riz du Vietnam, mais le riz est loin d’être la seule culture mise en place.

Nous faisons un premier arrêt dans ce qui est ici nommé une ferme à banzai. Il s’agit plus d’une pépinière il nous semble. Il y a effectivement plein de jeunes pousses mais pas que. On marche et on se perd un peu dans des allées d’arbres très divers, des manguiers et des arbres à jacquier entre autres. Nous reprenons le bateau et un couple d’allemands a entre-temps rejoint l’excursion. Le deuxième arrêt se fait dans une fabrique artisanale de produits à base de riz et de noix de coco principalement. On nous montre et fait goûter aussi les différentes productions de la fabrique : le riz soufflé, les caramels, les bonbons et l’alcool de riz. Le gingembre, la banane, les graines de sésame sont aussi beaucoup utilisés. L’alcool de riz, à la manière de rhums arrangés, a lui aussi ses variantes. L’une des variantes consiste à laisser mariner des serpents dedans pendant minimum 7 mois. Après la boisson est comestible, avant c’est dangereux à boire (rassurant). Il y a toute la variété des tailles de bouteilles avec différentes tailles de serpents dedans, certains sont accompagnés d’un scorpion aussi. Le tout avec des mises en scène que je trouve un peu glauque. Bref, charmant ! Nous continuons notre tour au milieu des canaux, sous une petite pluie mais nous sommes bien à l’abri sous le toit du bateau. Les canaux sont très étroits par endroit mais bordés de plein de cultures, de quelques habitations, mais surtout de plein d’arbres qui ont leurs racines qui remontent à la surface de l’eau comme pour respirer. Nous n’avons pas réussi à trouver le nom de cet arbre mais l’effet est vraiment fou. Une fois sorti de l’autre côté de l’île, le bateau nous ramène à l’embarcadère en longeant les dizaines de bâtisses flottantes qui sont installées le long du Mékong.

Nous ne voulions rentrer pas trop tard mais c’est encore à la nuit tombée que nous rentrons à la Suonsia Homestay. Nous savourons notre diner avec Quira qui s’assoit avec nous et nous papotons tous ensemble. Nous re pensons notre journée de demain. Nous avions programmé une visite qui s’avère en fait assez loin d’ici et nous n’avons plus trop le courage ni l’envie de faire 200 kilomètres aller-retour. Quira nous propose gentiment de nous faire découvrir les alentours, ce que nous acceptons avec plaisir.
J’ai aussi mis à profit la soirée pour publier la page et la sélection de photos sur le Cambodge, c’est visible ici :
carnetdevoyages.xyz/voyages/asie/cambodge/









Jour 115 – De Ho Chi Minh Ville à Cau Ké (delta du Mékong)

Après le (merveilleux) petit déjeuner, on dépose une partie de nos sacs à l’hôtel que nous avons réservé à Ho Chi Minh pour la suite, histoire de voyager plus léger avec la moto. Cette dernière a fait un peu des siennes hier soir et il faut ce matin faire remettre en état la chaîne.

Nous nous rendons chez le réparateur le plus proche de l’hôtel qui officie à même le trottoir. La réparation prend un bon moment et quand tout est ok, le réparateur me demande un prix qui n’est pas celui convenu à la base. Nous avons du mal à nous comprendre et il croit que je ne veux pas payer. Il pousse la moto énergiquement et monte pas mal dans les tours. Grâce à un homme qui attendait par là et qui traduit, je comprends qu’il a aussi dû changer les engrenages et que le prix a augmenté pour cela. On paie et on s’en va, mais il tire vraiment la tête.

La circulation est toujours très très dense, Clémence découvre un peu plus le voyage à moto, c’est chouette de partager ça tous les deux ! La chaîne continue de dérailler, et nous avons du mal à avancer. Deux arrêts plus tard, nous trouvons le mécanicien qui trouve le problème, l’alignement de la roue arrière ! On prend aussi des cours de mécanique avec ce dernier.

On a pris pas mal de retard et la journée est bien avancée, la circulation après tous ces kilomètres depuis Ho Chi Minh est toujours aussi dense et c’est presque une ville ininterrompue que nous traversons. Avec beaucoup de pollution et de poussière en prime. Par contre, quand nous traversons le premier bras du Mékong, qui signifie pour nous l’arrivée au delta de ce dernier, c’est juste de l’émerveillement. L’urbanisme se fait plus rare, la jungle est luxuriante, le soleil couchant apporte la touche de luminosité parfaite. Le premier pont est complètement gigantesque. Nous traversons plusieurs bras de Mékong en nous émerveillant toujours autant, et la nuit tombe de plus en plus.

Il fait nuit noire quand nous nous approchons de notre guesthouse, mais elle est bien enfoncée dans la forêt et nous galérons pas mal à trouver l’entrée. Après quelques ratés d’indication par des locaux, la voisine nous amènera finalement à bon port, où nous étions bien attendus. La jeune propriétaire des lieux nous accueille chaleureusement et nous sert un dîner gargantuesque tout en restant papoter un peu avec nous. Nous sommes bien fatigués par le trajet d’aujourd’hui, mais heureux du point de chute choisi, les deux prochaines journées s’annoncent sous de bons hospices.





Jour 114 – Ho Chi Minh Ville

1er jour des vacances, ce matin on n’a rien fait. Enfin si, on a fait nos gros sacs au petit déjeuner de notre hôtel de luxe. Bon juste il n’y avait que Lipton jaune comme thé… quelle honte dans un hôtel de ce standing, mais bon je leur pardonne !

Cet après-midi, on fait un tour en ville, plus pour faire des achats logistiques que vraiment visiter. Mais on prend un peu l’ambiance des lieux. Beaucoup de motos, des grands buildings et des grands boulevards, quelques vieux immeubles, des statues bizarres, de nombreux touristes, et pas mal de gens souriants et gentils. On réfléchit aussi un peu à notre parcours pour les deux prochaines semaines. Demain, nous partons nous installer 3 jours dans une guesthouse au milieu de champs sur un des bras de terre au milieu du delta du Mékong.

Pour nous remettre de tous ces efforts de la journée, on finit tranquillement à la nuit tombée par un bain (un peu froid) dans la piscine qui est au dernier étage de l’hôtel. Vue imprenable tout en nageant, c’est quand même bien la classe ! J’avais prévenu c’est les vacances, on est tranquillou (bilou).







Jour 113 – De Phnom Penh à Ho Chi Minh Ville

C’est donc un jour de passage de frontière, et le départ du Cambodge. Départ de Phnom Penh dans les bouchons comme d’habitude, la route n°1 en direction du Vietnam semble très empruntée. Je longe le Mékong un moment puis vient le moment de le traverser. Le pont suspendu qui permet de passer sur l’autre rive est impressionnant. Un pont dans le style du Golden Bridge, mais en jaune. La vue sur le Mékong est très belle au passage.

J’arrive au poste frontière juste après midi, le tampon pour sortir du Cambodge est une formalité. Par contre côté Vietnamien, il y a beaucoup de monde. Ça me change de la dernière frontière empruntée ! Ici les bus de touristes se comptent par dizaine, et les douaniers font du tampon à la chaîne, sans être trop regardant il me semble. A peine rentré dans le poste, un homme me demande 5$ pour s’occuper de me faire faire le tampon, vu le prix du visa, non merci. Je fais la queue sagement, mais ça n’avance pas. Au bout d’un moment je comprends le principe. Il faut déposer son passeport sur le guichet du douanier, et attendre qu’il le passe dans la chaîne des tampons. Du coup il y a un amas de gens qui attendent devant, mais pas vraiment une file. En tout cas il ne checke pas avec les personnes en face de lui c’est sûr. Les touristes eux restent bien au frais dans leur bus. Je remarque que certains glissent un petit billet dans le passeport pour accélérer leur passage. Au final, même sans bakchich je m’en sors en 30 minutes, zéro question sur la moto, et même pas un contrôle de mon gros sac. Parfait ! Me revoilà au Vietnam.

Après un arrêt déjeuner je file vers Ho Chi Minh qui se trouve seulement à 70 kilomètres de la frontière. La conduite au milieu du trafic qui est très dense est un peu éprouvante, surtout que plus je m’approche, plus il y a de monde. L’air semble bien pollué dans la ville, et je n’ai l’impression de respirer correctement que lorsque je longe un parc. Déjà visuellement au loin, tout semblait bien dans le brume. J’arrive dans l’après-midi à l’hôtel que nous avons réservé, un 4 étoiles répondant au nom de « Royal Palace Hôtel Saigon ». Ce sera le petit plaisir de début de vacances, pour le prix d’un hôtel sur le périphérique à Paris ! Je me pose une paire d’heures dans la chambre, j’avoue qu’un peu de luxe ça fait du bien parfois. Je reprends la moto en début de soirée direction l’aéroport pour aller chercher Clémence, accompagnée de mon amie la pluie qui a fait le déplacement jusqu’ici, c’est sympa.

Quel bonheur de se retrouver ! Clémence arrive les bras bien chargés entre mes commandes d’objets livrés à l’appart et de vêtements pour faire des petits échanges. Mais aussi plein de nourriture pas forcément très healthy (j’avoue : vive Haribo !). Mais surtout avec des cadeaux pour mon anniversaire qui arrive à grand pas ! Les 30 ans ! Merci à tous ceux qui ont participé, ça me fait super plaisir, et surtout ça va être super utile pour mon voyage. On va profiter d’être à nouveau ensemble, et de notre hôtel de luxe (sans eau chaude).




Jour 102 – De Plei Cân à Stung Treng (Cambodge)

C’est fou comment avec à peine une demi-journée au Vietnam le moral remonte. Je découvre en premier lieu des gens gentils, aidant, concernés et humains…. Après le Laos ça fait du bien. Mon premier contact avec un Vietnamien fut hier soir en attendant au distributeur, j’échange quelques mots avec un jeune homme et ce dernier me dit que je suis beau… Bon ok c’est un peu bizarre mais ça fait quand même plaisir ! Puis le distributeur n’ayant plus d’argent, un autre homme m’invite à le suivre pour me conduire à un autre ATM, sympa ! Ce matin, je décolle très tôt de l’hôtel mais la ville est déjà réveillée, un des gérants de l’hôtel tient absolument à m’aider à emballer mon sac dans sa bâche, et à pousser la moto de devant l’hôtel pour que je puisse partir facilement, beau geste.

Me voilà en route pour le long périple d’aujourd’hui, assez rapidement la pluie fait des siennes, je progresse autant que je peux car je suis dans une zone d’entre deux villes mais dès que j’arrive dans la ville suivante, je me refugie dans un café. Ils sont faciles à repérer car en vietnamien ça s’écrit « Câ phé ». Cette première pause me servira aussi de petit déjeuner, enfin avec mes gâteaux car les noodles le matin non merci. Par contre, en plus du thé commandé, la patronne du café tient à m’offrir un café frappé. Et puis au moment de payer, en fait elle m’offre mon thé, plus le café, et puis me ressert un thé… en fait elle m’offre le petit déjeuner quoi. Je suis un peu gêné mais vraiment touché par ce geste auquel je ne m’attendais pas du tout. J’ai droit à des grands sourires au moment de partir, et puis je reprends la route. D’ailleurs, tout le long de la route les gens me sourient et me saluent, je le rends bien volontiers ! Ça semble tellement sincère, ça fait vraiment plaisir.

La pluie tombe de plus en plus, et ma cape de pluie Birmane rend l’âme ! Je m’arrête dans la ville suivante pour investir dans une nouvelle, car en moto c’est l’élément indispensable ! La boutique où je m’arrête est tenue par une petite mamie super sympa, je lui fais comprendre ce dont j’ai besoin, elle me fait essayer pour être sûr que c’est bon. Avant de partir, avec tout ce thé je lui demande s’il y a des toilettes pas loin, du coup elle m’accompagne pour me montrer ceux d’un café caché, super sympa quoi ! A quelques kilomètres de la frontière, après une bonne matinée de route, un policier me fait signe de m’arrêter, j’obtempère bien sûr. Il me montre sur son téléphone une photo prise par l’arrière de ma moto, bien reconnaissable avec la bâche bleue protégeant mon sac, et un chiffre en rouge : 69. Avec son téléphone et google translate il me dit que je roulais trop vite et je dois payer 750 000 dongs (environ 28€). Aie, je lui réponds que je ne les ai pas, ce qui n’est pas totalement faux, et il me dit d’aller voir son collègue qui est assis autour d’une petite table en plastique à coté de leur pick-up. A coup de google translate sur son téléphone, je lui dis que je pensais que c’était limité à 80 km/h (et je le pensais vraiment), lui me dit que non c’était 60 dans cette zone. Bon pour en arriver là ça a pris quelques minutes car la compréhension n’était pas simple. Quand je comprends enfin, je lui lance un « Sorry » en levant le paumes en l’air avec ma plus belle tête d’innocent. Son collègue revient, me tape sur l’épaule, et me tend la main. Les deux me serrent la main avec un grand sourire et me disent de filer ! Bon je pars tellement vite que j’ai oublié mes clefs sur la table et j’ai dû revenir. En tout cas ça se termine bien ! Avec toutes les bonnes impressions que j’ai eues avant, je suis de très bonne humeur pour attaquer ce passage de frontière.

Après l’échec de samedi, c’est presque indécent tellement celle-ci a été simple à franchir. Coté Vietnam, le douanier m’a quand même fait enlever tout mon paquetage de la moto pour le passer au scanner, mais rien de bien méchant. Coté Cambodgien, on sent qu’il y a moins de moyens que chez le voisin. Au lieu du grand bâtiment flambant neuf, il y a quelques cabanes en bois au bord de la route. Dans la première, il y a un panneau « visa » et un homme qui me fait signe. Je remplis le papier, il me colle l’autocollant et en moins de 5 minutes j’ai mon visa cambodgien. Il me réclame 35$, je lui dis « c’est 30$ normalement ? ». Il me dit que bla bla bla c’est quand on le fait dans les ambassades, mais qu’ici c’est plus cher… bref ce n’est pas ce que dit le panneau au-dessus de la porte mais comme il me laisse tranquille avec la moto je ne la ramène pas trop. Je passe juste au bureau d’à côté pour le tampon et me voici enfin au Cambodge !

Je me retrouve sans un sou ici, je vais donc le plus vite possible dans la ville suivante pour retirer. Je ne trouve qu’un ATM où je peux retirer en dollars, c’est assez étrange de faire ça en Asie mais soit ! Le pays jongle entre sa monnaie, le riel, et les dollars américains. Ce n’est pas toujours simple pour les calculs et les comptes ! Il n’est pas trop tard, je pousse encore jusqu’à la ville suivante, Stung Treng. Sur la route, je découvre les premiers paysages cambodgiens, toujours très verts. Les cultures, elles, semblent par contre plus diversifiées que chez le voisin laotien, même si on retrouve toujours quelques rizières, toujours aussi vertes en cette saison ! C’est bien fatigué que j’arrive en fin d’après-midi à Stung Treng, 10 heures après mon départ et avec plus de 400 kilomètres dans les jambes, les bras… enfin partout mon corps ressent encore la vibration de la moto et de la route. Je songe à faire l’entretien usuel de la moto avant d’aller me poser à l’hôtel, quand tout à coup un bruit bizarre et puis plus rien… j’ai déraillé ! Elle aussi apparemment avait envie de son entretien. Je m’arrête au garage le plus proche (après 1km à pousser) qui me remet tout ça en place, en plus de faire la vidange et quelques menues réparations pas bien graves. Je vois aussi sur la carte que je suis seulement à 65 kilomètres du point ou j’ai dû faire demi-tour samedi, j’ai une petite pensée pour ce « gentil » douanier avec qui j’ai essayé de négocier.

Le gérant de l’hôtel trouvé est super accueillant, il parle même quelques mots de français car il a de la famille à Lyon. La chambre est vraiment ultra économique et sera parfaite pour la nuit, le matelas est bien et c’est le plus important pour récupérer de la journée ! Il m’indique où je peux manger dans le quartier. Car cette petite ville de la province Cambodgienne, est vraiment petite. Une fois sorti des trois rues principales, même si la carte nomme des rues, ce sont plutôt des chemins de terre jusqu’où l’éclairage public n’est pas arrivé. C’est donc dans le noir que je rejoins comme je peux (je n’avais pas prévu la lumière, le comble) le restaurant indiqué. Là, l’ambiance bat son plein, un seul et unique groupe occupe le restaurant et monopolise l’ambiance musicale. Les serveurs me font asseoir et malgré notre non possibilité de communiquer me font comprendre ce qu’ils peuvent me servir. Une fois servi, c’est moi qui ne comprend pas trop ce que je dois faire de ce qu’ils m’ont donné. Une des serveuses me montre les mélanges d’épices et de citrons à faire pour y tremper la viande qui vient d’être cuite au grill, c’était super bon ! A peine j’ai fini de manger, je me retrouve encerclé par 4 jeunes du groupe qui festoient juste à côté de moi. Ils m’assaillent de questions, et m’invitent à leur table. L’un d’eux parle assez bien anglais et m’explique qu’ils travaillent tous ensemble dans une banque de la ville, et que ce soir ils fêtent le départ de deux jeunes de l’équipe qui partent bosser dans une autre agence à Pnom-Penh. J’ai eu cette explication entre-coupée de photos avec moi et de 14000 trinques de verre. Ils ont tous voulu trinquer avec moi, et ne supportaient pas que mon verre se vide ! C’était assez sympa de se retrouver mêlé par hasard à cette célébration. Mais avec la fatigue accumulée, je sens le traquenard arriver. J’arrive à finir mon verre sans qu’ils ne le remplissent à nouveau, et je leur souhaite une bonne fin de soirée. C’était un moment très sympa et très convivial. Comme première image du Cambodge c’est plutôt agréable, espérons que ça continue sur cette lancée !





Jour 101 – De Paksé à Plei Cân (Vietnam)

Dès la première heure je me rends au consulat du Vietnam pour obtenir le visa tant attendu. Il n’aura fallu que 15 minutes et la modique somme de 120$ (aïe aïe aïe) pour repartir avec le fameux sésame ! Je peux donc officiellement me lancer dans le grand tour pour contourner la frontière infranchissable, première étape, rejoindre le Vietnam ce soir.

Je reprends la route déjà expérimentée pour voir les cascades quelques jours plus tôt, cette fois ci je ne me fais pas avoir, je me couvre bien car les températures chutent pas mal avec l’altitude. J’avance bien, si bien que je me permets une petite pause pour découvrir la deuxième plus grande cascade du pays qui fait partie de la grande boucle du plateau de Bolovens. En même temps elle juste à côté de la route ça aurait été dommage de la rater. Il est 13h quand je m’arrête déjeuner et j’ai déjà fait plus de la moitié du trajet, tout va bien. Enfin je n’avais pas imaginé les 100 kilomètres avant la frontière comme ça. Disons que j’ai compris ce qu’était la frontière naturelle entre le Laos et le Vietnam, une bonne barrière montagneuse. C’est donc 100 kilomètres de route de montagne à parcourir qu’il me reste. Les paysages sont magnifiques, c’est un bel au revoir au Laos, mais au bout d’une paire d’heures, mes bras sentent bien les kilomètres aussi. J’arrive enfin à la frontière ! Sortir du Laos est une formalité, ici pas de tentative de racket, tant mieux ! Entrer au Vietnam n’est pas bien plus compliqué avec le visa déjà prêt. En moins de 30 minutes les deux checks points sont passés et je peux continuer ma route, ça y est j’ai enfin réussi à quitter le Laos !

La nuit tombe encore plus tôt ici, et avec tous les kilomètres de la journée je me contente de me rendre à la ville la plus proche. C’est assez fou comment tout change en quelques kilomètres après la traversée d’une frontière. C’est le retour des klaxons, les gens sont plus nerveux aussi, ça se voit direct (en même temps ce n’est pas difficile de faire plus tranquille qu’au Laos). Une fois arrivé, première mission, retirer des Dongs pour pouvoir payer mon hôtel, et deuxième mission, trouver une chambre. Je sens que cette ville n’est pas touristique du tout. Je suis un peu le seul et tout le monde me regarde, mais avec des grands sourires donc c’est plutôt agréable. Les gens de l’hôtel où je m’arrête parlent un peu anglais, j’en profite pour leur demander conseil sur la route à emprunter demain. J’ai bien fait de demander, je serais reparti pour 140 kilomètres de route de montagne ! Je vais éviter et suivre la route qui contourne comme ils me l’ont conseillé.