Jour 118 – Etape à Ho Chi Minh

Nous quittons la Suonsia Homestay après le petit déjeuner en remerciant chaleureusement Quira pour son accueil. Nous prenons la direction de la ville de Cai Be et de son célèbre marché flottant. Pour y accéder nous traversons une nouvelle fois un bras du Mékong par un gigantesque pont suspendu. Nous arrivons dans cet endroit, qui finalement est juste sur l’autre rive par rapport à l’île visitée avant-hier. Une fois sortis de l’artère principale, le lieu s’avère charmant. Nous arrivons bien trop tard pour voir le marché en lui-même mais nous voyons les petites ruelles et maisons le long du canal. Mais aussi, les dizaines de bateaux amarrés en plein milieu du canal, ces derniers servent d’échoppes flottantes. Nous profitons d’un bac pour ne pas avoir à refaire le tour par le pont en aval et retraverser le bras de canal. Cela nous permet une meilleure vue sur l’ensemble. Nous repartons ensuite vers Ho Chi Minh pour les 100 kilomètres restants.

Plus nous avançons plus la circulation est dense. La concentration doit être de tous les instants entre les camions, les voitures et les bus qui se doublent les uns les autres. Mais aussi tous les autres 2 roues, ceux qui roulent dans le même sens, ceux qui slaloment, ceux qui coupent la route, ceux qui roulent à contre-sens. Et à tout ça on peut rajouter les stationnements inopinés les trous dans la chaussée et les piétons qui marchent le long de la route, voire qui traversent. Bref un joyeux bazar qui ne rend pas simple l’avancée. Mais nous arrivons à rejoindre notre hôtel avant la nuit cette fois ci ! Nous profitons de la piscine sur le toit pour nager et nous détendre un peu, et bien sûr profiter de la vue. Mais nous l’avions bien constaté en arrivant et de là-haut ça se vérifie, Ho Chi Minh est très polluée et dès que l’on regarde au loin ça devient assez brumeux.

Nous ressortons après avec pour mission le placardage des affiches pour la vente de la moto. Nous visons les Backpackers Hotel, en se disant que c’est ici que réside le type de personnes à être intéressées. Dans l’un des hôtels, l’annonce est loin d’être la seule. Un gérant de bar nous conseille de nous coller l’annonce dans le dos et de nous balader avec dans la ville pour que ce soit vraiment efficace. A méditer au retour dans 6 jours si les affiches n’ont pas porté leurs fruits. Nous dînons vite fait (et pas très local hum hum) et je corromps Clémence pour une glace avant de rentrer. Demain nous avons un bon bout de chemin à faire, nous nous sommes décidés et avons réservé 3 nuits dans un bungalow en bordure du parc national de Cat Tien.

Voici la vidéo sur les journées passées au milieu du delta du Mékong :









Jour 117 – Delta du Mékong #2

La première partie de la journée se résume au petit déjeuner : travailler pour Clémence, aller faire la vidange de la moto pour moi, et profiter du hamac et des chaises longues de la terrasse pour nous deux. Après déjeuner même programme ! Doucement le matin et pas trop vite l’après-midi.

Mais quand même, dans l’après-midi nous partons faire un tour des environs guidés par Quira. Elle à scooter, nous à moto. Nous commençons par les petits chemins au milieu des plantations, tout est tellement vert ! En premier arrêt, nous nous retrouvons dans une décharge. Peu ragoutant comme visite mais en fait se trouve ici la gigantesque tombe d’un ancien policier et propriétaire terrien. Quira nous raconte un peu son histoire, ce dernier travaillait avec les Français, du coup quand les Viet-Cong ont repris le pouvoir il s’est fait détester. Sa tombe a été pillée et saccagée, il y a même des impacts de balles sur les murs. Ses descendants vivent en France et essaient tant bien que mal de protéger la sépulture, mais les locaux n’en tiennent pas trop compte (d’où la décharge).

Nous partons ensuite à la découverte du temple bouddhiste vietnamien de la ville. Quira, qui elle fait partie de la communauté Khmers, pratique le bouddhisme cambodgien, qui est similaire à celui du Laos et de Thaïlande. Le Vietnamien se rapproche lui plus de celui pratiqué en Chine. Les femmes peuvent être moines, et il y a des variantes dans la pratique du culte. Ensuite nous nous rendons à la maison du propriétaire dont nous avons auparavant découvert la sépulture. Cette dernière date de 1924, elle n’est pas en très bon état mais une famille est payée par le gouvernement pour veiller à ce qu’elle ne se dégrade pas plus. Ils ne la rénovent pas mais elle tient encore debout. C’est une très grande bâtisse qui montre l’importance, le pouvoir (ou l’emprise) qu’avait cet homme à l’époque. Nous rejoignons ensuite un des temples Khmers de la ville.

Il y a dans la région une grosse communauté Khmers, qui puise ses origines dans l’étendue du royaume d’Angkor il y a plus de 10 siècles. Quira nous explique que la communauté est très implantée, et possède même ses propres écoles dans lesquelles les élèves apprennent le khmer, le vietnamien et l’anglais. Elle nous montre son école dans la ville. Dans le temple Khmer, il y a aussi une salle de classe. Quira nous dit avoir été professeure d’anglais pour les moines auparavant. Certains jeunes hommes (puisqu’en bouddhisme khmer, être moine n’est pas autorisé aux femmes) choisissent cette éducation là car elle est réputée bien plus sérieuse. Il faut savoir que l’on peut choisir d’être moine pour une durée limitée, de quelques jours à plusieurs années. Mais elle nous dit qu’il faut 12 ans d’études pour maîtriser et comprendre les ramas (les écritures bouddhistes). Avec l’histoire de la communauté, les pagodes et temples sont très anciens. Celui où nous nous trouvons a plus de 300 ans, mais il y en a un qui a mille ans dans un village voisin.

Les temples sont entretenus par les donations de la communauté. La communauté prend aussi en charge le soutien aux plus pauvres de ses membres, elle prend en quelque sorte le relais du gouvernement pour ces tâches. Ce week-end a lieu, dans la pagode que soutient Quira et sa famille, la célébration de Kathina. Elle nous explique que cette célébration a lieu plusieurs week-end de suite dans toutes les pagodes de la région. Chaque famille se mutualise pour faire des donations au temple qu’elle fréquente, et pour organiser une soirée en complément de la cérémonie de donation. Elle nous montre des vidéos, les processions ont l’air assez impressionnantes. Les montants donnés aussi, elle nous explique que chaque famille doit réunir si possible 10000$ (mais moins est possible en fonction de leurs moyens). La somme nous parait complètement mirobolante, mais elle précise que la famille c’est au sens large, et que la sienne compte 200 membres. Chaque famille peut aussi participer à plusieurs Kathina dans plusieurs temples également. Bref, c’est l’évènement de l’année qui permet de financer les temples.

Nous finissons notre tour de visite à la nuit tombée en parcourant les petits chemins qui passent au milieu des champs et des rizières, c’est assez magique comme trajet. Les grenouilles traversent devant nous et nous avançons au clair de lune en découvrant les paysages avec la faible lumière qui perdure. Nous nous retrouvons encore autour d’un gargantuesque et très bon repas. Quira nous fait découvrir un fruit local acheté cet après-midi au marché lors de notre tour. Après traduction et recherche google, nous comprenons qu’il s’agit du corossol, qui se traduit aussi par « pomme custard », effectivement le fruit est crémeux et a un bon goût de pomme. Moi qui ne suis pas un grand fan des fruits crus, j’en ai trouvé un nouveau que j’aime (avec la mangue que je savoure à chaque petit déjeuner ici avec grand plaisir).







Jour 116 – Delta du Mékong

Le petit déjeuner offert par notre hôte Quira est à l’image du dîner, très bon et bien trop gros pour nous deux. Le thé est tenu au chaud dans une coque de noix de coco. Pendant que nous profitons, deux hommes sont affairés avec un bâton gigantesque pour faire tomber les jeunes noix de coco des arbres entourant la propriété. Elles tombent avec grand fracas, je n’ose même pas imaginer si jamais elles tombent sur quelqu’un.

Nous partons ensuite en excursion vers la ville de Vinh Long, distante d’une cinquantaine de kilomètres. Nous profitons de jour des superbes paysages qui s’offrent à nous. Tout est très très vert, vraiment beau. C’est par contre sous la pluie que nous arrivons à l’embarcadère de Vinh Long. Nous n’avons pas vraiment de plan prévu, mais un homme nous aborde et nous propose une excursion en bateau. Nous voulions effectivement découvrir l’île d’en face, An Binh. Dans les faits, nous sommes déjà sur une île, mais qui est très grande. Le delta du Mékong crée une multitude d’îles plus ou moins grandes, et la main et les activités humaines ont en plus creusé plein de canaux qui redécoupent certaines d’entre elles. C’est le cas de celle de An Binh. Nous voilà donc en bateau, une fois le bras de Mékong traversé, nous entrons dans un de ses canaux. Les terres sont très fertiles et l’activité agricole est forcément très intense. Cette région est connue pour être le grenier à riz du Vietnam, mais le riz est loin d’être la seule culture mise en place.

Nous faisons un premier arrêt dans ce qui est ici nommé une ferme à banzai. Il s’agit plus d’une pépinière il nous semble. Il y a effectivement plein de jeunes pousses mais pas que. On marche et on se perd un peu dans des allées d’arbres très divers, des manguiers et des arbres à jacquier entre autres. Nous reprenons le bateau et un couple d’allemands a entre-temps rejoint l’excursion. Le deuxième arrêt se fait dans une fabrique artisanale de produits à base de riz et de noix de coco principalement. On nous montre et fait goûter aussi les différentes productions de la fabrique : le riz soufflé, les caramels, les bonbons et l’alcool de riz. Le gingembre, la banane, les graines de sésame sont aussi beaucoup utilisés. L’alcool de riz, à la manière de rhums arrangés, a lui aussi ses variantes. L’une des variantes consiste à laisser mariner des serpents dedans pendant minimum 7 mois. Après la boisson est comestible, avant c’est dangereux à boire (rassurant). Il y a toute la variété des tailles de bouteilles avec différentes tailles de serpents dedans, certains sont accompagnés d’un scorpion aussi. Le tout avec des mises en scène que je trouve un peu glauque. Bref, charmant ! Nous continuons notre tour au milieu des canaux, sous une petite pluie mais nous sommes bien à l’abri sous le toit du bateau. Les canaux sont très étroits par endroit mais bordés de plein de cultures, de quelques habitations, mais surtout de plein d’arbres qui ont leurs racines qui remontent à la surface de l’eau comme pour respirer. Nous n’avons pas réussi à trouver le nom de cet arbre mais l’effet est vraiment fou. Une fois sorti de l’autre côté de l’île, le bateau nous ramène à l’embarcadère en longeant les dizaines de bâtisses flottantes qui sont installées le long du Mékong.

Nous ne voulions rentrer pas trop tard mais c’est encore à la nuit tombée que nous rentrons à la Suonsia Homestay. Nous savourons notre diner avec Quira qui s’assoit avec nous et nous papotons tous ensemble. Nous re pensons notre journée de demain. Nous avions programmé une visite qui s’avère en fait assez loin d’ici et nous n’avons plus trop le courage ni l’envie de faire 200 kilomètres aller-retour. Quira nous propose gentiment de nous faire découvrir les alentours, ce que nous acceptons avec plaisir.
J’ai aussi mis à profit la soirée pour publier la page et la sélection de photos sur le Cambodge, c’est visible ici :
carnetdevoyages.xyz/voyages/asie/cambodge/









Jour 115 – De Ho Chi Minh Ville à Cau Ké (delta du Mékong)

Après le (merveilleux) petit déjeuner, on dépose une partie de nos sacs à l’hôtel que nous avons réservé à Ho Chi Minh pour la suite, histoire de voyager plus léger avec la moto. Cette dernière a fait un peu des siennes hier soir et il faut ce matin faire remettre en état la chaîne.

Nous nous rendons chez le réparateur le plus proche de l’hôtel qui officie à même le trottoir. La réparation prend un bon moment et quand tout est ok, le réparateur me demande un prix qui n’est pas celui convenu à la base. Nous avons du mal à nous comprendre et il croit que je ne veux pas payer. Il pousse la moto énergiquement et monte pas mal dans les tours. Grâce à un homme qui attendait par là et qui traduit, je comprends qu’il a aussi dû changer les engrenages et que le prix a augmenté pour cela. On paie et on s’en va, mais il tire vraiment la tête.

La circulation est toujours très très dense, Clémence découvre un peu plus le voyage à moto, c’est chouette de partager ça tous les deux ! La chaîne continue de dérailler, et nous avons du mal à avancer. Deux arrêts plus tard, nous trouvons le mécanicien qui trouve le problème, l’alignement de la roue arrière ! On prend aussi des cours de mécanique avec ce dernier.

On a pris pas mal de retard et la journée est bien avancée, la circulation après tous ces kilomètres depuis Ho Chi Minh est toujours aussi dense et c’est presque une ville ininterrompue que nous traversons. Avec beaucoup de pollution et de poussière en prime. Par contre, quand nous traversons le premier bras du Mékong, qui signifie pour nous l’arrivée au delta de ce dernier, c’est juste de l’émerveillement. L’urbanisme se fait plus rare, la jungle est luxuriante, le soleil couchant apporte la touche de luminosité parfaite. Le premier pont est complètement gigantesque. Nous traversons plusieurs bras de Mékong en nous émerveillant toujours autant, et la nuit tombe de plus en plus.

Il fait nuit noire quand nous nous approchons de notre guesthouse, mais elle est bien enfoncée dans la forêt et nous galérons pas mal à trouver l’entrée. Après quelques ratés d’indication par des locaux, la voisine nous amènera finalement à bon port, où nous étions bien attendus. La jeune propriétaire des lieux nous accueille chaleureusement et nous sert un dîner gargantuesque tout en restant papoter un peu avec nous. Nous sommes bien fatigués par le trajet d’aujourd’hui, mais heureux du point de chute choisi, les deux prochaines journées s’annoncent sous de bons hospices.





Jour 114 – Ho Chi Minh Ville

1er jour des vacances, ce matin on n’a rien fait. Enfin si, on a fait nos gros sacs au petit déjeuner de notre hôtel de luxe. Bon juste il n’y avait que Lipton jaune comme thé… quelle honte dans un hôtel de ce standing, mais bon je leur pardonne !

Cet après-midi, on fait un tour en ville, plus pour faire des achats logistiques que vraiment visiter. Mais on prend un peu l’ambiance des lieux. Beaucoup de motos, des grands buildings et des grands boulevards, quelques vieux immeubles, des statues bizarres, de nombreux touristes, et pas mal de gens souriants et gentils. On réfléchit aussi un peu à notre parcours pour les deux prochaines semaines. Demain, nous partons nous installer 3 jours dans une guesthouse au milieu de champs sur un des bras de terre au milieu du delta du Mékong.

Pour nous remettre de tous ces efforts de la journée, on finit tranquillement à la nuit tombée par un bain (un peu froid) dans la piscine qui est au dernier étage de l’hôtel. Vue imprenable tout en nageant, c’est quand même bien la classe ! J’avais prévenu c’est les vacances, on est tranquillou (bilou).







Jour 113 – De Phnom Penh à Ho Chi Minh Ville

C’est donc un jour de passage de frontière, et le départ du Cambodge. Départ de Phnom Penh dans les bouchons comme d’habitude, la route n°1 en direction du Vietnam semble très empruntée. Je longe le Mékong un moment puis vient le moment de le traverser. Le pont suspendu qui permet de passer sur l’autre rive est impressionnant. Un pont dans le style du Golden Bridge, mais en jaune. La vue sur le Mékong est très belle au passage.

J’arrive au poste frontière juste après midi, le tampon pour sortir du Cambodge est une formalité. Par contre côté Vietnamien, il y a beaucoup de monde. Ça me change de la dernière frontière empruntée ! Ici les bus de touristes se comptent par dizaine, et les douaniers font du tampon à la chaîne, sans être trop regardant il me semble. A peine rentré dans le poste, un homme me demande 5$ pour s’occuper de me faire faire le tampon, vu le prix du visa, non merci. Je fais la queue sagement, mais ça n’avance pas. Au bout d’un moment je comprends le principe. Il faut déposer son passeport sur le guichet du douanier, et attendre qu’il le passe dans la chaîne des tampons. Du coup il y a un amas de gens qui attendent devant, mais pas vraiment une file. En tout cas il ne checke pas avec les personnes en face de lui c’est sûr. Les touristes eux restent bien au frais dans leur bus. Je remarque que certains glissent un petit billet dans le passeport pour accélérer leur passage. Au final, même sans bakchich je m’en sors en 30 minutes, zéro question sur la moto, et même pas un contrôle de mon gros sac. Parfait ! Me revoilà au Vietnam.

Après un arrêt déjeuner je file vers Ho Chi Minh qui se trouve seulement à 70 kilomètres de la frontière. La conduite au milieu du trafic qui est très dense est un peu éprouvante, surtout que plus je m’approche, plus il y a de monde. L’air semble bien pollué dans la ville, et je n’ai l’impression de respirer correctement que lorsque je longe un parc. Déjà visuellement au loin, tout semblait bien dans le brume. J’arrive dans l’après-midi à l’hôtel que nous avons réservé, un 4 étoiles répondant au nom de « Royal Palace Hôtel Saigon ». Ce sera le petit plaisir de début de vacances, pour le prix d’un hôtel sur le périphérique à Paris ! Je me pose une paire d’heures dans la chambre, j’avoue qu’un peu de luxe ça fait du bien parfois. Je reprends la moto en début de soirée direction l’aéroport pour aller chercher Clémence, accompagnée de mon amie la pluie qui a fait le déplacement jusqu’ici, c’est sympa.

Quel bonheur de se retrouver ! Clémence arrive les bras bien chargés entre mes commandes d’objets livrés à l’appart et de vêtements pour faire des petits échanges. Mais aussi plein de nourriture pas forcément très healthy (j’avoue : vive Haribo !). Mais surtout avec des cadeaux pour mon anniversaire qui arrive à grand pas ! Les 30 ans ! Merci à tous ceux qui ont participé, ça me fait super plaisir, et surtout ça va être super utile pour mon voyage. On va profiter d’être à nouveau ensemble, et de notre hôtel de luxe (sans eau chaude).




Jour 112 – Phnom Penh

Je me lève tôt pour essayer d’arriver avant les bus de chinois pour la visite que je me suis prévu de matin. Je me rends au palais royal, et au complexe adjacent de la Pagode d’argent. Une grosse partie du palais Royal ne se visite pas car le roi (couronné en 2004) y vit toujours. Un tuk-tuk essaie de faire le malin et de me faire croire que le palais est fermé ce matin pour m’emmener en excursion, mais je ne me laisse pas avoir.

Je n’évite pas les bus de chinois, mais le site est assez grand pour que j’essaie de les esquiver quand même. Le lieu est très propre, très bien entretenu, mais en tant que visiteur on est tenu à l’écart de pas mal de chose, dont la salle du trône que l’on ne peut qu’admirer par les fenêtres. Dans la cour du palais royal se trouve aussi un pavillon offert par Napoléon III. A l’origine il avait été construit pour l’inauguration du canal de Suez, puis il a été démonté et remonté au Cambodge. Malheureusement il est en rénovation et je n’ai pu qu’entre apercevoir des bouts au travers des bâches de chantier. Mais j’en ai vu assez pour bien reconnaitre le style de cette époque, ça m’a tellement fait penser à Vichy ! Après le palais royal, je continue la visite à la Silver Pagoda (La pagode d’argent). Elle porte ce nom car le sol est entièrement fait en dalles d’argent qui pèsent chacune plus de 1,5kg. Bon ce qui est dommage, c’est que ce même sol est quasiment entièrement recouvert de tapis. A l’intérieur, des bouddhas sous toute les formes, de toutes les tailles et dans toutes les matières (or, terre, pierre, jade). Dans le complexe se trouvent aussi de gigantesques stupas dans lesquels sont placées les cendres des rois défunts. A l’arrière de la pagode se trouve une très belle maquette du temple d’Angkor Vat, et une galerie avec des scènes mythologiques peintes (qui sont  en plus ou moins bon état) entoure le tout. C’est un peu un fourre-tout pour les objets religieux entre la pagode et le musée qui est à la sortie, mais c’est a priori ce qui a pu être sauvé des pillages et purges religieuses opérées par les Khmers Rouges. Dans le musée juste avant la sortie se trouve aussi une petite exposition de photos mettant en avant la cérémonie de couronnement du roi en 2004. Cette dernière n’a d’ailleurs duré que 3 jours au lieu des 7 traditionnellement mis en place, selon le musée pour des raisons d’économie.

Je prends ensuite un bon moment pour me perdre dans les rues. Je commence par la partie du quai non explorée hier et qui m’amène jusqu’au bout du Tonlé Sap, là où il se jette dans le Mékong. Le fleuve est vraiment très large à cet endroit, on a presque l’impression d’être au bord de la mer. Je m’enfonce un peu plus dans la ville par la suite et je découvre les disparités qui la compose. Il y a des quartiers qui semblent très luxueux, adjacents à des « bidonvilles » où des gens s’entassent dans des baraquements de chantier. Puis il y a aussi toute une flopée de toutes petites ruelles bourrées de charme et complètement inattendues au milieu de cette grande ville, et qui semblent très populaires. Tout le long de mon chemin, je me fais alpaguer toutes les 30 secondes par un moto taxi ou un tuk-tuk, ils réussissent presque à me faire perdre mon sang froid avec leur insistance mal placée, intrusive et parfois même malpolie. Toutes ces pérégrinations m’amènent à l’endroit que j’ai choisi de visiter par la suite. Il s’agit du musée du crime génocidaire, installé en lieu et place du camp sécuritaire Khmer Rouge S21.

Je n’aurai aucune image accompagnant cette visite, si ce n’est le mur d’entrée du musée. Ce n’est pas un lieu où on fait du tourisme, c’est un lieu de mémoire. C’est l’intérêt que j’ai porté à la tragique histoire de ce pays, à travers les films vus, et les livres lus qui m’ont amené à venir ici. Ce lieu est chargé d’histoire, d’horribles et tragiques histoires. Les Khmers Rouges ont utilisé cet ancien lycée comme un centre d’incarcération et de torture durant les presque 4 ans qu’a duré leur régime, et ce jusqu’à la libération du Cambodge par l’armée Vietnamienne. On voit que les bâtiments étaient scolaires à leur conception, et le jardin de la cour, qui a semble-t-il toujours été là est presque beau et reposant, totalement en contradiction avec l’utilisation du lieu qui a été faite. Très peu ont survécu à leur passage ici, vraiment très peu. L’audioguide fourni pour la visite apporte la compréhension nécessaire à cette visite. Aussi, il permet de sensibiliser à cette période, et anticipe la dureté des images vues, et la dureté de la découverte des lieux. Car soyons honnête, je crois que je n’ai jamais eu à voir un endroit au passé aussi horrible, et à découvrir par les images des choses aussi dures, et des événements aussi tragiques. Ça me touche beaucoup, je prends un long long moment pour bien tout écouter et essayer d’avoir un peu de recul sur tout ça. Il est difficile de trouver les mots pour expliquer mon ressenti pendant les 3 heures que j’ai passées là-bas, mais je n’en suis pas ressorti indemne. Le retour à la réalité a été un peu difficile. Je me le suis beaucoup dit, je suis chanceux de vivre dans cette époque comme j’en ai envie. Mais notre liberté semble tellement fragile quand on regarde les évènements passés, je pense qu’il faut bien garder ça en tête, et être vigilent. Moi qui suis plutôt confiant en la nature humaine à la base, j’en ai aujourd’hui vu de mes propres yeux un autre visage, et celui-ci fait froid dans le dos.

C’est donc dans un état assez bizarre, pas complétement indemne et forcément moins naïf face aux évènements passés que je sors de S21. Le lieu a été transformé en musée pour que ces événements restent dans les mémoires, et que ceci ne recommence jamais (j’espère). Je reprends ma marche dans la ville pour me changer un peu les idées, je me dirige vers le marché russe. Ce marché porte ce surnom car il fut dans les années 80 fortement fréquenté par les correspondants russes présents à Phnom Penh. Il est vrai qu’il est vraiment typique, très authentique avec tous ces dédales de mini-ruelles sous une grande (mais pas haute) halle en tôle ondulée. De là, je suis quand même assez loin du quartier où je réside et j’ai un peu les jambes coupées après les kilomètres parcourus, et la visite de S21. J’accède à l’insistance d’un tuk-tuk pour rentrer un peu plus vite.

Je m’offre juste une petite glace remonte moral chez un glacier français de la ville avant d’aller me poser à l’hôtel un petit peu. Je ne ressors que pour aller manger dans un restaurant de rue installé sur un trottoir pas très loin. La journée a été émotionnellement chargée, je vais tacher de me reposer pour être en forme pour le trajet de demain. C’était donc mon dernier jour de ce très court séjour Cambodgien, retour au Vietnam, mais pour de vrai cette fois ci, pas juste pour un passage. Mais surtout, je retrouve Clémence demain soir et c’est le début des vacances ! Car oui, même en voyage on a besoin de vacances.

Et hop la petite vidéo sur ces deux jours à Phnom Penh :
https://youtu.be/D3wQRPqVK5Q








Jour 111 – De Kampot à Phnom Penh

A 8h tout le dortoir est sur le pont ! Certains ont un peu plus de mal à cause de leur soirée de la veille (ah les bretons). Je m’enfile un merveilleux petit déjeuner à base de crêpes bretonnes et je prends la route, avec miracle, le soleil ! Trajet sans vraiment d’histoire cette fois-ci, heureusement ! Juste une des barres du porte bagages qui a cassé, j’ai fait un petit arrêt pour faire ressouder ça et c’était reparti. Les derniers kilomètres avant d’arriver sont très difficiles car il y a beaucoup de camions, une fois en ville, le trafic est très intense et ce n’est pas beaucoup plus facile. Je dépose mon sac à l’auberge choisie, The happy House Zone ! Le nom en impose déjà non ? Je suis content de mon choix, c’est plus central, plus propre, plus calme et moins cher. Ils me font carrément garer la moto au fond de la salle principale à l’entrée, au moins elle sera à l’abri !

Je pars à pied pour d’abord aller manger, faire un petit craquage Starbucks au passage (deso pour les puristes), puis me rendre dans une des cliniques de la ville pour aller voir un médecin. Je ne savais pas trop quoi penser de l’évolution des blessures et je préfère être sûr et consulter. La clinique appartient au médecin conseil de l’Ambassade de France, rien que ça ! Le médecin Cambodgien qui s’occupe de moi parle cependant très bien français ça simplifie les échanges. Il est très rassurant, passe un bon moment à bien bien bien (aie aie aie) nettoyer et m’indique les procédures à suivre. L’après-midi est déjà bien avancé quand je sors de la clinique, il est trop tard pour me lancer dans des visites, ici à 17h quasiment tous les lieux de tourisme ferment. Je marche donc en ville en me laissant aller à mes envies, histoire d’en découvrir un peu plus. Je traverse la place de l’indépendance et son énorme monument représentant une fleur de lotus et datant des années 50. Sur la même place se trouve une nouvelle statue du père du roi actuel, celui qui a régné une grande partie du 20ème siècle, en plein milieu de l’histoire tumultueuse du Cambodge.

Mes pérégrinations m’amènent jusqu’aux promenades le long du Tonlé Sap, presque à l’endroit où il rejoint le Mékong. Avec le soleil couchant, la vue est belle, mais elle est encore plus belle vue de la terrasse du FCC. Ce bar restaurant mythique, le Foreign Correspondant Club est un des hauts lieux de Phnom Penh. Bon maintenant il est plus fréquenté par des touristes (je ne peux rien dire moi aussi), mais à l’époque c’était le lieu de rencontres et d’échanges des journalistes et des correspondant locaux. Le livre que je viens de finir, Kampuchéa de Patrick Deville, a pas mal de scènes qui se passent à cet endroit. Le livre est aussi très intéressant et très bien écrit, car j’ai énormément appris sur l’histoire de la région, et pas seulement sur le Cambodge, mais aussi sur ce qui fut appelé l’Indochine. J’aime bien avoir tout ça en tête après mon séjour au Laos et juste avant d’aller au Vietnam, de rattacher un peu mon voyage à l’histoire de ces pays et pas de juste visiter pour visiter.

Je m’égare, je me trouve donc au FCC à siroter mon cocktail tel un correspondant d’antan (on peut toujours avoir de l’imagination), quand un groupe composé d’australiens, et d’anglais émigrés soit en Australie, soit en Thaïlande m’aborde. Ça les dérange que je sois seul et ils insistent pour qu’on passe un moment ensemble. Ils sont plutôt sympas, et la discussion est bon enfant, je reçois même une invitation d’hébergement à Melbourne pour mon début de séjour Australien en novembre, je verrai d’ici là, c’est bien trop tôt pour y réfléchir. Bon par contre le groupe s’avère être assez fortement alcoolisé, du coup la conversation tourne un peu en rond, c’est sympa mais pas très passionnant. Dany, un des anglais du groupe qui vit à Bangkok m’invite à partager une partie de billard avec lui. C’est fou parce que même saoul il est meilleur que moi (ce n’est pas trop difficile j’avoue). Il n’est pas non plus très concentré sur le jeu, je profite d’un moment de flottement pour remercier tout le monde, et m’esquiver de ce traquenard en devenir. Je m’arrête manger sur le chemin du retour vers l’auberge puis direction le dortoir. Je vais essayer d’être en forme pour profiter de mon unique journée de visite de la capitale.






Jour 110 – Kampot & Bokor Hill Station

Je fais le court trajet pour rejoindre Kampot, et je dépose mon sac dans l’auberge choisie, la Tiki Guesthouse. Cette guesthouse est enclave bretonne en territoire cambodgien, je suis accueilli par Fanch, un des gérants.

Je prends ensuite la route pour les monts de Bokor et plus particulièrement la Bokor Hill Station. Les mont Bokor sont une des chaînes de montagnes cambodgiennent qui ensuite se prolongent sur les Cardamones. La Bokor Hill Station elle est une ville commandée par le gouvernement français au 20ème siècle pour soigner les colons ayant contracté des maladies tropicales. Il était plus économique de les emmener en altitude que de les rapatrier en France. A l’indépendance, cette ville a été abandonnée totalement, certains bâtiments étaient à peine finis et n’ont jamais servi. La route pour y accéder est magnifique, super plaisir à conduire la moto sur cette ascension. Presque à l’arrivée, je fais une pause au pied d’un Bouddha géant pour admirer la vue, quand mon amie la pluie décide de gâcher un peu la fête. Je continue quand même mais les conditions deviennent difficiles, je vais finir par croire que je suis maudit avec mes visites !

Je fais un premier arrêt dans l’église désaffectée, elle est vraiment impressionnante, à mi-chemin entre une église fantôme et un squat. Je visite un autre bâtiment, dans lequel je finis par m’abriter en attendant que la pluie se calme, lui aussi a franchement la tête d’un squat. J’essaie de trouver d’autres bâtiments à visiter mais l’accès est fermé quasiment partout. On m’avait dit qu’un consortium chinois avait investi pour un resort là-haut, mais là je découvre qu’ils ont vraiment investi les lieux totalement. Les bâtiments sont soit occupés par des ouvriers, soit surveillés par des gardes pour empêcher les visites. Je me console en faisant un tour à l’extérieur pour découvrir les architectures de l’époque avant de redescendre vers Kampot.

La pluie continue et je suis bien trempé, mais le ciel se dégage un peu et je peux profiter d’une petite vue sur la ville et la côte. Avant de rentrer au sec je passe voir le célèbre rond-point de Kampot. Célèbre car il y a en son centre une immense sculpture de Durian. Ce fruit est connu pour être l’un des plus malodorant au monde, mais comestible. Tellement malodorant que les compagnies aériennes l’interdisent spécifiquement, en Thaïlande j’avais aussi vu des panneaux d’interdiction dans des hôtels.

Je ne rentre finalement pas trop tard à l’hôtel pour profiter de ce coin de Bretagne. Le soir je mange au bar avec les autres français, et bien sûr on mange des vraies galettes bretonnes ! Un régal ! Le lieu est vraiment sympa, j’aurais bien aimé y arriver plus tôt pour m’y reposer. J’ai fait le petit montage vidéo de la journée, une première partie au soleil, la deuxième sous la pluie :






Jour 109 – Kep #2

Je commence la journée par ne pas faire grand-chose, et j’aurais probablement dû garder ce programme toute la journée. Grand beau temps comme je n’en ai pas vu depuis longtemps, j’y vais vraiment tranquille, juste quelques courses le matin et pour déjeuner je teste le Kep Coffee. Leurs sandwichs sont une tuerie, et je ne parle pas des gâteaux (quand on est gourmand, on ne peut pas résister) !

Après je me lance pour une après-midi de visites, mais je ne suis pas parti du parking que je déraille. Je vais faire remettre la chaîne et enfin je me mets en route. Mais la pluie me rejoint après 10 kilomètres… Comme j’ai perdu (où on me l’a volé je ne sais pas) ma cape de pluie hier, ce matin j’ai pris ce que j’ai trouvé à la boutique du coin pour la remplacer mais ce n’est pas génial, je peux la jeter 20 minutes plus tard et ré investir dans une vraie une fois arrivé à la ville voisine ! J’avais comme objectif d’aller visiter les grottes, mais je ne trouve pas l’entrée, la pluie ne cesse pas, les moustiques m’attaquent, le chemin est pourri, bref je fais demi-tour. Je tente la deuxième grotte mais l’entrée est payante. Déjà sur le principe ça ne me motive pas de payer pour une grotte, mais de devoir enlever le rain coat, attraper mon sac pour prendre mes sous ça me démotive carrément. Je m’abrite dans une cavité un moment en espérant que ça passe mais je repars, toujours sous la pluie pour aller voir les marais salants et la fameuse plage de Angkaol. Je vois bien les marais salants le long de la route (inactifs en saison des pluies), mais je rate le chemin pour bifurquer vers la plage, il pleut toujours autant je renonce et je rentre. Si j’avais su que je partais pour faire 2 heures de moto sous la pluie et rentrer à la nuit tombée, je serais resté bien au chaud à l’hôtel à ne rien faire.

Gentiment, Tristan et Amandine, les gérants de l’hôtel m’ouvrent une chambre pour que je prenne une douche chaude. Car avec un dortoir à 2,5$ la nuit, forcement la douche est froide. J’ai vraiment une grosse flemme donc ce soir je ne bouge pas et je mange à l’hôtel, avec les deux propriétaires. L’hôtel n’a pas trop d’activité en cette saison, c’est vraiment calme.

J’ai quand même profité de ce temps libre pour faire le petit montage vidéo sur ce séjour à Kep :