Jour 232 – Sucre #2

Démarrage en douceur, puis en fin de matinée je repars en visite avec Gaultier. Nous commençons par le Museo National de Etnografica y Folklore. Le nom est bien trouvé, et nous en apprenons un petit peu plus sur l’assimilation du christianisme et le mélange avec le paganisme, entre autres avec l’évolution des idoles. Une autre exposition est elle dédiée aux femmes boliviennes, et principalement aux habits traditionnels et aux ornements et apparats utilisés.

 

Nous faisons ensuite un tour dans les rues du centre avant d’aller déjeuner. Gaultier retourne ensuite à l’hôtel pour son cours d’espagnol de l’après-midi. Je traine un peu au café en attendant 14 heures et la réouverture des musées. Dans un premier temps, je me dirige au Conveto et Templo de Santa Clara et son musée. Je suis le seul visiteur, et dans un premier temps j’ai droit à une visite guidée privée en espagnol. Je suis content car mon interlocutrice fait l’effort d’articuler et de parler lentement, ce qui me permet de tout comprendre ! Je découvre un lieu reposant et préservé de l’agitation citadine environnante. L’endroit fut ouvert il y a peu de temps au public, car les fonds des entrées sont nécessaires pour la restauration et le maintien en état des bâtiments. Après le musée, je découvre le cloitre et son jardin. Seuel une petite partie est accessible car il y a encore 25 sœurs de l’ordre de Santa Clara qui vivent et officient dans les lieux. L’ordre de Santa Clara est entièrement féminin, son pendant masculin est l’ordre Franciscain. D’ailleurs, les messes sont célébrées par un prêtre franciscain et non par la mère supérieure comme je l’aurais imaginé. La suite de la visite se fait dans le temple magnifiquement entretenu, et dans lequel je découvre entre autres dorures et statues un orgue d’époque et encore en fonction. Il fut restauré par une équipe française il y a quelques années, et nécessite 2 personnes pour actionner le soufflet en plus du musicien qui officie. Je suis vraiment satisfait de cette visite, il est difficile de retranscrire à l’écrit tout ce que j’ai pu voir, mais rien que le fait de me sentir un peu plus à l’aise en espagnol, et de pouvoir poser des questions est important pour moi. Le cloitre et son ambiance reposante m’ont aussi pas mal marqué.

 

Je continue sur le thème religieux de la journée, qui est bien involontaire mais la ville de Sucre semble particulièrement fournie en édifice de ce type, et je me dirige au musée de la Cathédrale. Cette dernière est la plus importante du pays, elle fut avant l’indépendance de la Bolivie le siège du catholicisme d’une grande partie d’Amérique du Sud (Argentine, Uruguay, Paraguay, le Sud Pérou, et le Haut Pérou qui est la Bolivie actuelle). Je me retrouve seul visiteur et j’ai encore le droit à une visite privé (la chance !). Mon interlocuteur fait l’effort de se faire comprendre et s’avère assez intéressant et intarissable sur le sujet. En plus du rôle religieux de Sucre, j’en apprend un peu plus sur l’évolution du catholicisme face aux croyances anciennes, c’est un bon complément de la visite au musée ethnographique de ce matin. J’ai aussi enfin une explication sur la présence en quantité de sang sur les idoles religieuse en Amérique du Sud. Les « Jésus » et autres représentations sont assez « gore » ici contrairement à ce qu’on peut voir en Europe. Au moment de l’évangélisation, une part importante de la population était illettrée, seules les images pouvaient servir de support aux prêtres pour l’enseignement de la nouvelle religion qu’ils voulaient imposer. Pour faire appel à l’empathie des gens, et les sensibiliser à la douleur et au supplice du christ (et autres idoles et statues), ils ont grossi les traits exagérément et volontairement. J’apprends aussi que la séparation de l’église et de l’état en Bolivie n’est en place que depuis 2010 et le vote de la nouvelle constitution. Malgré au moins 70% de la population qui se revendique catholique, l’état est officiellement et ce depuis 8 ans seulement un état laïque. Après avoir visité les chapelles adjacentes, et découvert la célèbre Virgen de Guadalupe et ses multiples pierres précieuses ornementales, je finis la visite par la cathédrale elle-même. Mon guide me donne les dernières explications et je me glisse à l’intérieur alors qu’une messe est en cours. Au final, la cathédrale reste moins impressionnante que l’église Santa Clara visitée juste avant. L’extérieur est pour ainsi dire plus imposant et significatif que l’intérieur qui a reçu un lifting néo-classique qui n’est pas des plus heureux.

 

Je rentre ensuite à l’hôtel une bonne heure en attendant que Gaultier finisse son cours de l’après-midi, puis nous nous rendons sur les hauteurs de Sucre dans le quartier de Recoleta. Ça grimpe sévère pour y accéder, et je sens qu’on est en altitude. Là-haut je découvre une grande place envahie de jeunes collégiens en uniforme tout juste sortis de leurs études et qui profitent de leur temps libre. La place est très belle, avec au centre sa fontaine et elle est dominée par le Templo Santa Anna et le Convento de la Recoleta. Une coursive couverte qui invite à la détente et à la contemplation est installée en bord de place. De là nous pouvons observer la place, mais surtout il y a un point de vue imprenable sur la ville, et sur les montagnes avoisinantes. Malgré tout, ce soir le temps est nuageux et nous ne voyons pas aussi loin que ce qui est possible par temps clair. Cela n’enlève rien à la belle vue et à l’atmosphère du lieu qui est très agréable. Nous redescendons par les marches vers le centre-ville. Au passage, nous découvrons un petit parc installé au milieu de ces dernières. Au fil des rues, nous tombons aussi sur de vieux véhicules (qui seraient de collection pour nous) Volkswagen en superbe état, dont plein de coccinelles !

 

Il ne nous reste plus qu’à aller dîner car la nuit est tombée, après un second essai infructueux au restaurant vénézuélien du quartier, nous nous rendons au restaurant Florin, institution reconnue de la ville. Nous passons une très bonne soirée et un très bon repas avant de retourner à l’auberge qui est déjà bien endormie quand nous arrivons.