Jour 233 – De Sucre à Copacabana

Je quitte la ville douce de Sucre de bon matin. Je me rends à l’aéroport international de la ville qui se trouve à une heure de route. Pour y aller, j’emprunte un des minibus qui assure régulièrement la liaison mais qui ne part qu’une fois plein, c’est pour ça que j’ai préféré prendre de la marge. Le trajet en avion se fait cette fois ci avec un appareil d’une taille normale, et le temps clair me permet d’avoir une belle vue sur les montagnes de la région de Sucre.

 

A l’approche de La Paz, je découvre le célèbre altiplano. Difficile d’imaginer que le plateau qui s’étend à perte de vue est en moyenne à 4000 mètres d’altitude. L’aéroport international se situe en réalité dans la commune de El Alto. La Paz elle se situe dans une cuvette créée par deux cordillères et elle est par conséquent un peu moins élevée en altitude. Les deux villes ont chacune 1 millions d’habitants, ce qui en fait les deuxièmes ville ex aequo du pays, après Santa Cruz à la première place. Après un vol express de 45 minutes (contre près de 20h si je l’avais fait en bus), je sors de l’aéroport avec comme objectif de rallier la gare routière de la Paz. Tous les taxis me tombent dessus, et d’après leur dire il n’y a pas de bus pour aller en centre-ville (évidemment). Le tarif proposé n’est pas celui indiqué sur les panneaux officiels et le doyen des chauffeurs m’interpelle de façon un peu condescendante en me disant que si j’ai les moyens de prendre l’avion, je peux payer le prix qu’ils me demandent ! La réflexion et le ton employé me laisse un peu sans voix, et je ne sais pas par quel moyen m’en dépatouiller, quand un autre chauffeur sorti de nulle part me propose un prix plus attractif et me sort de cette situation un peu délicate.

 

Quand je lui explique que je ne m’attarde pas à la Paz et que je pars directement à Copacabana, il me dit que je gagnerai du temps à me rendre à la gare routière de El Alto qui est sur la route, plutôt que de descendre dans la cuvette pour en ressortir aussitôt. La ville est pas mal embouteillée, et le trajet qui est court en distance prend pas mal de temps, ce qui me permet de pouvoir avoir une discussion intéressante avec mon chauffeur qui est plutôt bavard. J’apprendrais à cette occasion que 70% de la population de El Alto est d’origine indigène, contrairement à la population de La Paz qui est très multiculturelle, avec en majorité des descendants des colons européens d’antan. Une fois arrivé à la gare routière, je ne peux que remercier mon chauffeur pour sa suggestion d’itinéraire car les départs de bus pour Copacabana se font à la chaine. Il faut attendre que le bus se remplisse un peu, mais en à peine une heure c’est le cas et nous prenons la route. J’ai cru un instant que j’allais avoir deux sièges pour moi, mais une mama bolivienne s’installe à coté de moi juste avant le départ, et je ne sais pas si c’est elle ou ses 14 couches de vêtements, mais elle empiète largement sur ma place et je me retrouve installé de façon un peu bancale. Les départs depuis El Alto semblent plus utilisés par la population locale car je me retrouve à être le seul et unique touriste du bus, je suppose que les autres partent du centre-ville de La Paz.

 

Le réveil tôt aura raison de moi et je m’endors une bonne partie du trajet, mais je me réveille au bon moment, quand nous commençons à longer le lac Titicaca ! J’ai presque l’impression d’arriver en bord de mer tellement l’eau s’étend à perte de vue ! Soudain, nous arrivons dans un petit village au bord du lac, le chauffeur fait descendre tout le monde. Je comprends que nous devons traverser un bras du lac, le bus traverse à vide sur des grande barques qui ne sont pas de première jeunesse, et les passagers le font par des petits bateaux qui assurent la navette entre les deux rives. En réalité nous ne nous rendons pas sur une île au sens géographique du terme, mais la partie de la Bolivie où se trouve Copacabana n’est liée par la terre que par la frontière péruvienne. Emprunter ce bac évite de devoir faire les formalités de traversée de frontière en restant en Bolivie. Le tracé de la frontière a tout de même créé une sorte d’isolement. Une fois sur la rive opposée, le bus se vide petit à petit au fur et à mesure que les passagers demandent des arrêts, parfois au milieu de nulle part !

 

A l’arrivée à Copacabana, la fête du Carnaval est encore d’actualité et la petite ville semble en ébullition. Je me rends à l’hôtel déposer mon sac, mais là mauvaise surprise. Ce dernier a bien reçu ma réservation, mais il n’a pas de chambre libre malgré ce qui m’a été dit… C’est un peu la déconvenue, je reprends mes affaires et je pars à la chasse. Je n’ai heureusement pas trop à chercher avant de trouver un endroit convenable et assez central, je ne fais pas trop la fine bouche vu le nombre de backpackers que je croise dans la rue et qui sont eux aussi à la recherche d’une chambre, et surtout parce qu’avec le carnaval qui dure, il y a beaucoup de monde en ville ! Je fais ensuite un tour, dans un premier temps au bord du lac, pour acheter mon billet de bateau pour demain matin, et découvrir aussi le port de Copacabana et les dizaines de pédalo Donald Duck alignés sur la plage (ça ne fait pas trop local ça !). Je vais ensuite sur la place ou sont installées deux grandes scènes avec des installations techniques comme je n’en ai pas vues depuis longtemps ! La musique est à fond, peut-être même trop, je pense que la limite de 105db que nous avons dans nos règles n’est pas appliquée ici. Les groupes de musique sont entrain de jouer, et des centaines de danseurs en costumes plus colorés les uns que les autres s’en donnent à cœur joie ! La scène est complétée par les dizaines de petits stands de grillades qui sont étalés sur la place. Je fuis devant le volume sonore pour remonter un peu plus dans la ville. La, j’y découvre une deuxième ambiance plus fanfare, mais surtout j’y découvre l’immense Basilica Virgen de Copacabana. On ne peut pas la rater avec sa blancheur et ses multiples dômes. Le Vierge de la Candelaria est la sainte patronne des policiers, et de la Marine qui se partagent ses faveurs en fonction des fêtes. L’intérieur est richement décoré, mais il est formellement interdit de prendre des photos, surtout de l’idole de la sainte qui prend ici le visage d’une princesse inca. Pour faire un aparté, le lac Titicaca est le siège de la marine Bolivienne, depuis que le pays a été privé d’accès à l’océan par le Chili lors de sa défaite dans la guerre du pacifique.

 

Je ne traine pas beaucoup plus en ville, et reste dans ma chambre ce soir. Il y fait très frais, je sens que je suis à 3900 mètres d’altitude. Le propriétaire n’a pas de chauffage à me prêter, je me demande comment ils font en hiver ! Je n’aurai droit qu’à une couverture en plus, mais je suis bien content d’être à l’abri, car l’orage qui était au loin sur le lac vient s’abattre sur la ville. Cela fait d’ailleurs taire un instant la musique qui était toujours à fond depuis mon arrivée.