Jour 214 – San Pedro de Atacama, « Geysers del Tatio »

Le réveil pique vraiment beaucoup ce matin pour le départ à 5 heures. Nous retrouvons avec joie notre guide Lasse avec qui nous étions avant-hier. A peine installés dans le minibus, nous sombrons à nouveau dans le sommeil jusqu’à l’arrivée au site une heure et demie plus tard. L’endroit est très prisé, surtout le matin tôt pour bien profiter des geysers. Le site est aussi ultra encadré car il peut être un peu dangereux si on s’approche trop des geysers en question. Arrivés sur site, le jour commence à peine à percer, et vue la couche de nuages le soleil ne va pas se montrer tout de suite. Le décor est impressionnant et un peu irréel. Il fait 3 degrés, il pleut encore un peu ici, et les sommets autour de nous sont enneigés. Dans le bassin devant nous, nous voyons déjà à distance des dizaines de fumerolles qui indiquent l’emplacement des geysers. L’endroit est le 3ème plus grand bassin géothermique du monde (après Yellowstone aux US et un en Russie), mais il est le plus grand de l’hémisphère sud, et très certainement le plus haut puisque nous sommes à nouveau à 4300 mètres d’altitude. Nous avons superposé les couches au maximum pour combattre le froid mais je n’avais pas trop prévu de vêtements « hiver » dans mon sac. Cependant, vu le spectacle, on oublie vite le froid ! C’est subjuguant !

 

Lasse nous explique de façon très intéressante (comme toujours) le fonctionnement des geysers, et le pourquoi de leur formation. Les jets d’eau ne sont pas forcement très haut, 4 mètres pour le plus grand, quelques centimètres pour la plupart. Mais l’eau est à 85° à sa sortie, réchauffée par du magma présent 15 à 30 mètres sous nos pieds. Le magma est formé par le frottement entre la plaque pacifique et la plaque sud-américaine, qui continuent de pousser et de faire grandir la cordelière, et qui par frottement chauffent fortement et font fondre les roches. Il nous montre aussi les contours des trous de geysers qui sont plein de couleurs. Ceci n’est pas dû à l’oxydation des différents composés contenus dans l’eau et les roches, mais à la présence ici de milliers de bactéries unicellulaire qui peuplent l’endroit et profitent de la chaleur. Ces bactéries sont considérées comme similaires à celle qui ont été à l’origine du développement de la vie sur terre. Un peu plus loin, une communauté de crapauds profite de la rivière qui s’écoule des geysers et d’une eau encore à 25° pour vivre paisiblement. Nous voyons aussi quelques vigognes et flamants roses qui sont venus se perdre à cette altitude.

 

Après un super petit déjeuner revigorant (avec un pain au chocolat !!!!!), nous nous rendons dans une piscine naturelle de l’autre côté du site. Je suis un peu démotivé avec le froid, mais comme Marius veut absolument y aller je suis un peu forcé de l’accompagner. On ne va pas se mentir, se mettre en maillot de bain par 3° ça nécessite un peu de folie, ou d’abnégation de soi ! La traversée entre les cabines et le bassin se fait en courant pour aller se réfugier au chaud dans l’eau. Et là, je dois bien avouer que c’était vraiment et totalement génial et fou ! Au bout de quelques minutes l’eau semble un peu froide mais on se trouve un coin de bassin près des arrivées d’eau chaude pour profiter de la vue sur les montagnes enneigées et les fumerolles, en étant confortablement le corps au chaud. La sortie est très douloureuse, mais on va dire que c’était vivifiant ! Et que l’on en a bien profité !

 

Nous repartons du site en direction de San Pedro. Un premier arrêt sur la route nous permet de découvrir la laguna Putana, avec ses colonies d’oies Andine, et de canards à bec bleu. Les vigognes et les flamants roses sont encore de la partie pour notre plus grand plaisir ! On fait une petite marche très vivifiante au vu du vent glacial le long de la lagune. Une grande partie du groupe sera d’ailleurs resté au chaud dans le bus (bizarrement, les seuls dehors ont été les français du groupe). Sur la route en venant ici, nous avions aussi eu l’honneur de pouvoir observer deux viscachas tranquillement posés sur des rochers. Il s’agit d’un rongeur qui visuellement serait un mix entre un lapin et un écureuil, mais qui est de la famille des chinchillas en réalité.

 

Le dernier arrêt du tour d’aujourd’hui se fait au petit village haut perché (encore 4000 mètres d’altitude) de Machuca. Il n’y a pas un grand intérêt à part la minuscule église du 16ème siècle. C’est surtout un arrêt touristique pour ceux qui auraient envie de goûter des brochettes de lamas. D’ailleurs, en repartant nous voyons les troupeaux qui paissent tranquillement dans les prairies en contrebas du village. De retour à San Pedro, et après avoir chaleureusement remercié Lasse, et dit au revoir à Pierre et Mélanie, nous allons avec Marius déjeuner une nouvelle fois au El Huerto et son superbe jardin. Nous passons l’après-midi à l’hôtel entre sieste et autres occupations distrayantes. Les nuages sont descendus de la montagne et fait assez rare pour être noté il pleut à San Pedro. C’est bien pour les nappes phréatiques de la région, mais par conséquence et malheureusement pour nous, l’agence Flamingo avec qui nous faisons nos expéditions m’informe que le tour de demain est annulé. Nous devions aller à 4800 mètres d’altitude dans le Salar de Tara, ce devait être le point d’orgue de nos visites. Mais s’il pleut ici, il neige là-haut, et les pistes deviennent impraticables et trop dangereuses. Nous faisons donc un saut à l’agence pour voir par quoi nous pourrions remplacer cette sortie. Nous réservons donc un petit trekking guidé d’une demie journée dans le Canyon de Puritama, non loin du village de Machuca où nous sommes passés aujourd’hui.