Jour 207 – Le Quebrada de Humahuaca

Je me suis permis une petite sortie nocturne pour observer les étoiles. Malgré quelques nuages, la voie lactée était assez visible, c’est toujours aussi fascinant d’observer le ciel étoilé. Le matin, une fois le petit-déjeuner avalé (super bon bien entendu), nous partons en direction de Tilcara, la petite ville voisine. Plus précisément, nous allons visiter la Pucara de Tilcara, ce qui correspond au village amérindien d’origine. Bien sûr il ne restait que des ruines mais un travail de restauration très avancé a été fait dans les années 30, et c’est plutôt réussi. Ce village a connu son expansion lorsqu’il a rejoint l’empire inca, seulement 80 ans avant l’arrivée destructrice des colons espagnols. Perché sur une montagne et entouré de cactus, on comprend l’intérêt stratégique de son emplacement, et on découvre un peu l’habitat traditionnel d’antan. Nous découvrons que le cactus séché s’apparente presque à du bois et sert pour les poutres et toits des petites maisons qui sont ensuite recouvertes d’une sorte de chaux. Les murs sont quant à eux seulement faits par des assemblages de pierres seulement posées les unes sur les autres sans liant. Le site présente aussi un jardin botanique présentant différentes variétés d’Amérique du sud, et aussi quelques exceptions d’autres continents ou pays (dont d’Afrique du sud). Dans le jardin sont aussi exposées des roches, dont une roche volcanique qui a la particularité de sonner comme une cloche en métal quand on tape dessus avec un maillet en bois.

 

Nous faisons ensuite un tour dans la petite ville qui est très animée, un festival est en préparation. C’était d’ailleurs assez drôle de voir des fly case et une petite scène se monter. Les rues sont minuscules et le stationnement difficile. Nous nous achetons un sandwich puis reprenons la route pour la seconde étape de la journée. Nous faisons une étape intermédiaire dans la ville de Humahuaca une quarantaine de kilomètres plus loin. L’objectif est de retirer du liquide à la banque car ici rien n’est payable par carte. Ça se ressent une fois à la banque car il y a une queue sans fin pour accéder aux distributeurs. Le deuxième objectif de l’arrêt est de récupérer un petit peu de connexion car sur une immense zone, il n’y a aucun réseau de téléphone ou internet à disposition. Une fois tout ça de fait, nous reprenons notre route en direction de Tres Cruces.

 

L’heure file vite et l’après-midi est déjà entamé lorsque nous découvrons les magnifiques montagnes de Tres Cruces aux couleurs et aux formes géométriques assez improbables, et ce presque 10 kilomètres avant d’y arriver. Nous décidons un arrêt pique-nique car il est tard, tout en profitant de la vue. Ensuite, une fois le village éponyme passé, et un petit bout de piste parcouru, nous nous garons presque au pied des montagnes. Nous avons pu au passage découvrir deux vigognes, et un troupeau de lamas. Pour re situer, la vigogne est toujours sauvage, et le lama est son descendant. Ce dernier est uniquement domestiqué, et ce depuis plus de 5000 ans ! La vigogne est aussi beaucoup plus fine que la lama. Le troupeau de lamas a donc un propriétaire, en l’occurrence une propriétaire. Et cette dernière nous court après alors que nous avons à peine mis un pied en dehors de la voiture pour aller marcher et faire une petite ascension de ces magnifiques montagnes colorées. Elle nous demande sans se gêner 200 pesos pour pouvoir accéder aux montagnes, en nous disant que nous aurions dû payer à un garde, ou aux policiers en arrivant. Bien évidement nous n’avions vu personne et la piste était accessible sans barrière. Barrière qui n’est pas non plus présente ici pour démontrer qu’elle est propriétaire des terres, selon ses dires. A force de discussion, je comprends que l’argent qui est sensé aller au gouvernement, lui va en fait dans les poches et qu’elle n’a pas envie de nous lâcher. Je parviens à négocier 50 pesos, ce qui est déjà trop pour un endroit gratuit et ouvert à tous à la base. Bien sûr tout cela dans un espagnol approximatif pour moi, et un espagnol mixé avec une langue qui m’est inconnue pour elle. A notre retour, Rémy nous confirmera que c’était juste une extorsion, auxquels certains locaux s’adonnent de plus en plus malheureusement. Nous profitons quand même bien de notre montée, car nous sommes totalement seuls avec une vue époustouflante. Le plateau de Humahuaca semble tomber à pic derrière les montagnes et seul le bleu du ciel défini l’horizon. Nous sommes déjà à près de 3600 mètres d’altitude, et les montagnes face à nous culminent à 4100. Tous ces chiffres paraissent surréalistes au vu du paysage qui nous entoure. Il faut oublier les comparaisons et les références d’altitudes alpine de mon enfance pour en découvrir de nouvelles qui sont bien différentes dans les Andes. Nous faisons une incursion jusqu’à 3800 mètres puis redescendons au niveau du plateau. Sur la piste avant de rejoindre la route principale, nous faisons une dernière séance photo avec nos nouveaux amis les lamas.

 

Nous reprenons donc la direction de notre maison d’hôtes, mais nous prenons au passage un auto-stoppeur qui nous fait un peu de peine à attendre en plein soleil sur le bord de la route. Nous ne pouvons pas l’emmener jusqu’à San Salvador de Jujuy où il aimerait arriver ce soir, mais nous l’avançons déjà de 80 kilomètres. Il s’appelle Javier et il est Chilien. C’est un étudiant vétérinaire, qui parcourt l’Amérique du sud pendant son mois et demi de vacances d’été. Il parle un très bon anglais et nous pouvons un peu échanger durant le trajet, il était bien sympathique. De retour au Sol del Tropico, nous profitons de la fin de journée au rythme de la maison d’hôtes. Je découvre un peu plus les lieux de jour, il y a quand même 3 hectares de terrain. Ce soir le ciel nous offre aussi un super coucher de soleil bien orangé, et nos hôtes un superbe repas mais on va presque finir par s’habituer à cette partie de la journée ! J’ai aussi encore un peu l’occasion d’échanger avec Rémy, après avoir passé un moment à lire le livre qu’il a publié sur ses voyages en Amérique du Sud, et que Analia a illustré de ses magnifiques photos. Je trouve les aventures qu’ils ont eu ensemble, et le récit qu’ils en ont fait passionnant, et inspirant aussi.