Jour 8 : Transsibérien #2

Je suis parti de Moscou il y a 2 jours et demi, le train a déjà traversé 3 fuseaux horaires et plus de 3000km mais le chemin à parcourir semble encore si long !

Hier j’ai réussi à discuter avec Sacha, nous nous sommes rencontrés l’avant veille mais notre absence de langue commune nous avait empêché une communication fructueuse. Merci donc à la 4g, et à google translate et son option micro : nous avons réussi à avoir une conversation. Lui vit à Moscou, mais est originaire de Irkousk. Là, il va à Krasnoïarsk chercher sa fille qui est en vacances. Il avait compris que j’allais en Mongolie via Irkousk, mais il pensait que c’était pour le travail et que j’étais Serbe. Il cherche du travail et s’est dit qu’il y avait peut être un coup à jouer ! Quand il a vu que je ne comprenais rien à ce qu’il me disait, il est quand même resté curieux de comprendre ma présence dans ce train, ce que j’ai entrepris et pourquoi. Il est vrai que le peu de personnes locales avec qui j’ai échangé ne comprennent pas ce que je cherche. Encore pire quand on me demande mon métier, j’ai parfois un peu honte, beaucoup ont du mal à concevoir que ce soit un travail concret. Ce métier que je porte depuis plusieurs années me semble bien futile face aux considérations beaucoup plus terre à terre de ces populations. Quand on voit que entre autre, un homme est capable de faire 6 jours aller retour de train pour aller chercher sa fille ça laisse à réfléchir! Il m’explique aussi que il aurait aimé le faire en avion, mais que l’inflation de ces dernières années, due notamment aux embargos imposé à la Russie, a fait quadrupler les prix du transport (entre autres). En aucun cas je ne remets en cause la légitimité des raisons de ces embargos, mais cependant je m’interroge sur les effets pervers qu’ils impliquent. Il me semble que cela touche surtout une population qui n’a pas besoin de charges en plus. Par contre, je pense que pour les élites dirigeantes et décisionnaires ça ne change pas grand chose.

Malgré tout, l’ennui me gagne, et par moment ma patience s’effrite un peu aussi. Le soir, Stanislas, le jeune militaire rencontré la veille et un de ses « amis » ont décidé de venir se saouler dans mon compartiment, au bout de plusieurs demandes plutôt cordiale de ma part, à une heure ou il est normal de vouloir dormir, je les ai finalement chassés, avant que « l’ami » ne vomisse le contenu de son estomac sur ma couchette.

En cours de nuit, il y a eu un arrêt plutôt long qui a totalement changé le visage de notre wagon, il y a eu plein de  nouveaux arrivants. Peu après, nous sommes arrivés à Omsk. Là, les jeunes militaires sont arrivés à destination. Chacun retrouve sa copine, ou femme ou sa famille, la scène est finalement plutôt belle, ils ne se sont pas vus depuis un an, chacun croule sous les embrassades. Cela me met face à mon voyage, à tous mes amis et famille que j’ai laissé moi aussi pour un an. Je me dis que je suis vraiment heureux que Clémence me rejoigne et que nous n’ayons pas à vivre un an séparés ! Je suis aussi content des visites prévus par la famille, je retrouve mon père dans 10 jours en Mongolie.

Plus tard dans la journée, Sacha me présente son voisin de voyage, il m’annonce tout content : « j’ai un voisin qui parle anglais ! » J’échange donc quelques mots, sans besoin de traducteur ni de google, ce qui fait un grand bien ! Son nom est Russel, il viens de rentrer en Russie après 6 mois aux USA. Il a aussi séjourné plusieurs fois en Corée du Sud. Là, il se rend à Irkousk depuis Lekaterinbourg. Il part en mission de volontariat pour un projet tourné vers l’écologie. Je lui dis que j’y suis plutôt sensible, et que ça me semble important vu le peu de considération écologique que j’ai constaté ici depuis mon arrivée. Je n’arriverai pas à en savoir plus, l’homme est peu bavard.

Pour rompre la monotonie de mes activités depuis le début du voyage, je me lance dans une petite visite du train. Je suis en 3ème classe tout au fond, mais je constate que mon wagon est plutôt bien loti par rapport aux autres 3ème classe, pas tant au niveau confort, mais plus au niveau population, aération, odeur et propreté ! Ce sont également les chefs que wagon qui se chargent de tenir en état leur wagon durant le trajet. Elle sont 2 à se relayer dans notre wagon et sont il me semble plutôt professionnelles. Je vois donc la différence avec les 2nde classe, eux ont des compartiments fermé de 4 personnes, là ou nous sommes 6. Je constate aussi la présence d’un wagon bar / restaurant, avec peu d’affluence à cette heure ci. Je pense que je suis comme beaucoup de gens dans le train, nous avons prévu nos repas pour le trajet et seul les plus fortunés se restaurent ici. Pour le style, on est bien loin de l’image de l’Orient Express présent dans l’imaginaire collectif. C’était déjà le cas pour les couchettes, cela est encore plus vrai pour le bar / restaurant.