Jour 7 : Transsibérien

« En regardant l’eau du fleuve caresser les flancs de la coque, je me disais que la Russie est aux nations ce que le hanneton est à l’évolution : une aberration. Ce pays, au bord de l’écroulement, poursuit de siècle en siècle sa marche inaltérable. Il titube mais ne s’effondre pas. » Sylvain Tesson, S’abandonner à Vivre (L’ermite)

Je commence ce long trajet en train par cette lecture, sacré hasard ! Peut être ne serais-je pas aussi extrême que Sylvain Tesson dans ma vue de la Russie, mais il est vrai que ce pays est déroutant, surprenant et compliqué à la fois.

Ce trajet semble hors du temps, bercé au rythme des arrêts (plus ou moins long), des repas, des siestes, des allers et venues des uns et des autres, et des moments partagés et des rencontres. Comme je l’ai déjà constaté, l’anglais n’est pas le fort des russes, il est rare de tomber sur quelqu’un qui connait plus de quelques mots, voir la majorité ne parle pas du tout. Je me retrouve dans la situation où ma présence ici interpelle, mais où la communication est compliquée. Pourtant, hier soir un homme nouvellement arrivé dans notre compartiment a essayé de communiquer, des jeunes présents dans le train étaient là et très rapidement je me suis retrouvé avec 7 / 8 personnes autour de moi qui essayaient de me faire comprendre que cet homme avait conduit des camions, au lac Baikal où je me rends, mais avait aussi fait le Paris- Dakar ! C’était laborieux mais nous avons un peu échangé.

A priori, échanger a intéressé les jeunes et j’ai tenté de communiquer avec 3 d’entre eux, dont un qui s’appelle Stanislas. Il s’avère qu’ils sont en fait des jeunes de 21 ans qui viennent de terminer leur année de service militaire et rentrent chez eux retrouver leurs études, peut être un travail, et pour certains leur famille. L’un d’eux est déjà marié avec 2 enfants. Ils m’offrent une boite de ration de l’armée russe pour la suite du voyage, eux s’arrêteront à Omsk, demain il me semble.

Par la fenêtre, le paysage est bien plus pittoresque que ce que j’ai vu dans les grandes villes, bientôt nous allons passer la barrière des montagnes de l’Oural, qui amorce la passage du continent européen au continent asiatique. Nous avons parcourus 1300km sur les 5185km que je vais faire sur ce trajet. Nous avons également traversé 2 fuseaux horaires, mais le train lui roule toujours à l’heure de Moscou !
Comme j’arrive à avoir un peu de réseau de temps en temps, j’essaie d’actualiser ma position sur la carte du parcours : carnetdevoyages.xyz/cartes/