Jour 71 – Départ de Inle lake

Aujourd’hui c’était un peu mon dimanche. La fatigue accumulée par les transports, beaucoup de réveils tôt et la perspective d’une petite nuit dans le bus m’ont encouragé à ne pas faire grand chose aujourd’hui. Du coup après la (grosse) grasse matinée, je vais me poser dans un café nommé « The French Touch ». Avec un nom comme ça j’étais obligé de le tester avant de partir !

J’ai très bien mangé, et je me suis entre autres régalé avec des bonnes crêpes. L’endroit est cosy, du coup je passe une paire d’heures a profiter des canapés avant de re-passer par l’hôtel.

Un tuk-tuk passe prendre, je dis au revoir à mes nouveaux amis espagnols rencontrés pendant le séjour et je prends la direction de la station de bus. Au niveau confort on est très loin de ce que j’ai eu en partant de Yangon, mais j’ai joué l’économie sur le billet c’est normal. Ici les sièges s’inclinent peu, il y a 4 sièges dans la largeur, pas de toilettes, la musique et la télé en boucle. Le sommeil ne va pas être évident avec tout ça. L’arrivée à Bago est prévue entre 4 et 5 heures du matin, et il faut bien que je sois réveillé car le bus continue après vers Yangon.




Jour 70 – Inle lake #2

Aujourd’hui, découverte des paysages autour du lac en randonnée. N’ayant pas trouvé de personne intéressée, et l’agence non plus, je pars seul de bon matin avec mon guide du jour : Phyophyo. Bon on va être honnête je lui ai fait écrire, et ce n’est pas son nom entier mais son surnom. Son nom étant à rallonge (comme en Mongolie d’ailleurs) c’est plus facile. Nous voilà donc partis dans les montagnes alentours. Ces dernières regorgent de culture diverses et variées : maïs, avocats, bananes, soja, curcuma, mangues, papayes, tournesols, cannes à sucre, arbres teck, et pas mal de champs de tabac aussi.

Notre première étape est un très vieux temple installé dans une grande grotte, bien cachée dans la montagne au milieu de champs. Assez impressionnant comme installation ! Nous continuons à traverser les champs en profitant de la magnifique vue sur le lac qui s’ouvre à nous. Ce que j’aime aussi dans les randonnées avec guide, c’est que c’est l’occasion d’en apprendre un peu plus sur le pays, ou sur les habitudes des locaux. Depuis le début de mon séjour par exemple, je remarque beaucoup de gens avec les dents rouge / brun. Ils arborent cependant fièrement leurs sourires… et on les voit souvent cracher. En fait ils mâchouillent une espace de pâte qui est mise à l’intérieur d’une feuille de bétel, et dans laquelle il y a un mélange de tabac et d’aromates divers. Ils gardent ça dans la bouche 10 minutes environ puis recrache, et ainsi de suite. C’est comme une addiction à la cigarette, mais selon Phyophyo, c’est beaucoup moins fort. En tout cas ça tache plus les dents déjà, et aussi le sol qui est plein de petites zones rouge.

Nous continuons notre route puis nous arrêtons pour déjeuner dans une maison sur pilotis au milieu des champs. C’est la maison d’un des fermiers, avec lequel je suppose l’agence à un arrangement. Phyophyo cuisine sur le feu alimenté par des restes de maïs, et ça me donne l’occasion d’observer la vie intérieure de la maison d’un fermier. C’est pour ainsi dire plutôt rustique, voir rudimentaire. Je me demande même si c’est étanche (mais on me répond que oui).

Nous commençons la redescente vers la vallée après manger. Nous passons à côté d’un petit lac et je m’autorise à l’utiliser comme piscine. Je ne suis pas le seul, des enfants et adolescents sont eux aussi en train de profiter de l’eau qui est merveilleusement rafraichissante ! Nous prenons ensuite la direction de l’exploitation vinicole voisine, car oui il y a aussi des vignes sur les flancs de ces montagnes. Du coup je suis un peu obligé de faire une petite dégustation ! Les vins sont de bonne qualité, et si on rapporte le prix en euros vraiment pas cher. Je goûte deux blancs et deux rouges. Tous sont bons mais les rouges sont beaucoup trop tanniques pour mon palais. Un des blancs me plaît vraiment, et se rapproche vraiment d’un muscat, en moins sucré. Bonne découverte !

A l’arrivée dans le village de Nyaug Shwe, nous croisons les écoliers à la sortie des classes. Je découvre qu’ils ont un uniforme. Phyophyo m’explique qu’il est standardisé, composé d’un longyi vert (sorte de tissu noué autour de la taille / habit traditionnel) et d’un haut blanc. Il est le même dans toutes les écoles du pays. J’arrive donc en fin d’après-midi à l’hôtel après une très bonne et enrichissante journée.

J’ai profité de mon temps libre pour monter la vidéo sur les deux jours passés au lac Inle :





Jour 69 – Inle lake

Les journées commencent tôt ici, du coup le dortoir ne fait pas exception et à 7h tout le monde est au petit-déjeuner. J’ai prévu pour ma part d’aller faire un tour en bateau pour découvrir le lac et ses villages. L’hôtel organise des tours mais il faut être minimum 2, ce qui est bien aussi pour partager le prix. Dong, un chinois séjournant dans le même dortoir se motive pour venir aussi et nous partons tous les deux accompagnés de deux birmans. Les bateaux sont plus des longues pirogues sur lesquelles un moteur plutôt rustique est installé.

Le ciel est menaçant mais pour le moment, les nuages sont plus un bien qu’un mal car ils nous protègent du soleil. Je sens qu’on est plus en altitude, il fait tout de même plus frais que lors de mes dernières journées de visites. L’environnement du lac est vraiment beau, très vert. On sent que des efforts pour préserver le lac sont fait, même si on voit quand même quelques déchets ici et là, et que les nombreux bateaux à moteurs (très bruyants par ailleurs) ne doivent pas être sans impact sur l’environnement. Assez rapidement, on voit des groupes de pêcheurs. Ces derniers ont une technique très particulière pour ramer, ils bloquent la rame avec le dessous du bras et l’actionne avec la jambe, le tout en restant debout en équilibre sur l’autre jambe !

Le tour n’est pas forcément très cher, et on comprend vite pourquoi. Nous faisons des arrêts programmés dans différentes fabriques et boutiques de bijoux en argent, de cigarillos birmans, ou bien de textiles (à base de lotus, ou de soie). Je n’aime pas forcement ces arrêts où l’on sait que tout le monde attend que l’on achète, ceux qui nous ont conduit y compris pour toucher leur commission. Cependant, cela nous permet de visiter quelques-unes des maisons de villages flottants qui bordent le lac, et de profiter de la vue. Tout n’était pas non plus inintéressant, la fabrique de textile bien au contraire d’ailleurs. On a pu voir comment était créé un fil à partir des tiges de lotus, puis admirer des techniques d’un autre âge pour tisser les textiles. Il y avait une pièce entière remplie de métiers à tisser manuels tout droit venus d’un autre temps pour nous !

A l’heure du déjeuner, nous nous baladons dans les « rues » du village de Nan Pan. Toutes les maisons reposent sur des pilotis en bambous. Cela donne une atmosphère vraiment particulière, et même un certain charme à l’endroit. Nous déjeunons face au stupa doré de la ville, en profitant du calme qui règne. Nous commençons l’après-midi avec la visite de la pagode de Phaung Daw Oo. Comme à Mandalay, elle aussi possède ses statues où les hommes viennent coller des feuilles d’or, du coup maintenant les statues ressemblent plus à des boules informes. Nous nous rendons ensuite au monastère Nga Hpe Kyaung, qui s’appelle aussi le Jumping Cat Monestary. On comprend très vite pourquoi. Depuis le début de la journée on voit partout des chats qui ont plutôt la belle vie, mais ce n’est rien comparé au monastère. Ici au milieu des moines vit une communauté de plusieurs dizaines de chats, dont plein de jeunes chatons qui jouent au milieu des croyants et des touristes. Un coin de la grande salle est aménagé pour pouvoir s’assoir par terre, les chats profitent bien de l’endroit aussi et viennent chercher l’affection des visiteurs. Nous profitons nous aussi des chats en attendant que la grosse averse en cours cesse.

Le conducteur nous demande ensuite si nous voulons voir le village où vivent les femmes-girafes. Ce que je m’empresse de refuser, Dong n’est pas trop partant non plus tant mieux. C’est typiquement la visite à boycotter à cet endroit. Cette tradition est ancienne dans le pays, mais elle était en train de disparaître. Malheureusement, un des effets pervers du tourisme a été de la relancer, je pense au plus grand malheur des jeunes filles qui sont la plupart du temps forcée. En tant que visiteurs nous avons aussi notre responsabilité en jeu, et nous pouvons refuser que ce genre de choses se fasse. Ce n’est pas une action isolée qui arrêtera cette tradition barbare, mais si tout le monde refuse cette visite de zoo, peut-être l’effet arrivera t’il !?

Nous prenons le chemin du retour vers Nyaung Shwe en passant entre les gouttes, avec au passage un dernier coup d’œil sur les jardins flottants. C’est une technique plutôt impressionnante de culture. En l’occurrence on voit ici des pieds de tomates à perte de vue. Une fois rentré à l’hôtel, entre la pluie menaçante et le réveil matinal dont je sens bien l’effet, je m’accorde une bonne sieste pour finir l’après-midi.








Jour 68 – De Mandalay à Nyaug Shwe

Réveil matinal et dernier petit déjeuner sur le toit de l’hôtel. Le bus passe me chercher quasiment à l’heure puis il fait le tour de la ville pour récupérer les différents passagers.
La route est longue, et heureusement ponctuée de quelques pauses. Le paysage évolue doucement et devient de plus en plus montagneux, de plus en plus pluvieux aussi. Le chauffeur se prend un peu pour un pilote de F1, combiné au fait que je suis placé sur le passage de roue je suis bien remué pendant le trajet. A 12km de ma destination, je quitte le bus et une voiture prend le relais.

J’arrive dans la ville de Nyaug Shwe après 8h de trajet (assez intense) et une taxe payée à l’entrée de la zone naturelle du lac Inle. Nyaug Shwe est la porte d’entrée de celui-ci, et aussi un peu son hôtel.

Une fois à l’hôtel, je m’apprête à aller faire un tour en ville mais j’engage la conversation avec un autre des occupants du dortoir, Laurent, un français également en train de faire un tour du monde. La discussion est très intéressante, le partage d’expériences aussi. Il est déjà passé récemment par les endroits qui vont être mes étapes les 2 prochains mois. Le soir, nous allons manger avec Paolo, un espagnol qui lui aussi est en train de faire un long voyage.
L’hôtel est un peu vieillot, et le dortoir un peu défraichi, mais c’est la première fois depuis mon arrivée au Myanmar que j’ai vraiment l’occasion de partager un moment avec mes colocataires.


Jour 67 – Mandalay et ses alentours

Il s’est passé tellement de choses aujourd’hui, le résumé va être difficile. Mais j’ai tellement aimé cette journée, et j’ai pu vraiment voir de plus près la vie des locaux. Après c’est assez étrange vue l’actualité d’avoir pu vivre ça, alors qu’un nouveau conflit en Birmanie a lieu à quelques centaines de kilomètres d’ici. En tout cas, et après je clos cette parenthèse, le gouvernement fait bien son travail puisque personne n’en parle, et il n’y a aucune info locale.

Je commence la journée tôt car le programme est chargé. Première visite, La Maharmuni Pagoda. La spécificité de cette pagode est son bouddha recouvert d’or installé au milieu du temple. Les fidèles masculins uniquement peuvent l’approcher pour rajouter une feuille d’or (pour la modique somme de 4$). Ces dernières années, le bouddha a pris pas mal de volume, on peut le voir sur les photos qui servent à comparer. En aparté, c’est assez surprenant que le Bouddhisme, qui me semblait plutôt ouvert, ait lui aussi des règles absurdes et misogynes. Je prends ensuite la route pour Mingun, qui sera mon étape la plus éloignée aujourd’hui : 40km de route.

La plupart des villes voisines à Mandalay sont en fait d’anciennes capitales du royaume du Myanmar, Mingun ne fait pas exception. Sur place, une pagode qui se voulait la plus grande au monde (elle a réussi jusqu’en 2000 et la construction d’une encore plus grande par nos amis Chinois), une cloche de 90T et une pagode circulaire blanche (très rare). La vue sur le fleuve qui sépare Mingun de Mandalay n’est pas mal non plus. Mais en allant jusqu’à ce point-là, l’objectif était aussi de sortir de la ville et de faire une incursion dans les campagnes. La plupart des touristes eux viennent en bateau et ne voit rien d’autre, mais par la route, le trajet était juste impressionnant, et la sensation de liberté apportée par la moto complètement géniale. La traversée du fleuve par le gigantesque pont métallique offre une vue sur la rive opposée et ses collines remplies de temples aux pointes d’or qui percent le vert des forêts. Ensuite, la petite route qui longe la rive traverse des petits villages et me donne tout le loisir d’observer la vie quotidienne de ses habitants. Il semble qu’il y a un événement car des appels aux dons, et des processions avec de la musique ont lieu dans tous les villages que je traverse. Il y a même un village où se trouve une sorte de fête foraine, avec des attractions tout droit venues d’un autre âge ! Beaucoup de moines sont de sortie aussi, hommes et femmes confondus. Car oui, je n’avais jamais vu avant, mais il y a des femmes moines bouddhistes. Elles ont aussi la tête rasée, et sont vêtues d’une tunique rose et orange.

En repartant de Mingun, je me rends dans les collines surplombant la ville de Sagaing (elle aussi ancienne capitale). Le tout pour profiter de la vue (qui est à couper le souffle), et pour aussi voir (entre autres) un des temples, celui de Umin Thounzeh. Ce dernier est unique en son genre, car c’est un bâtiment en arc de cercle dans lequel sont installés 45 bouddhas côte à côte. L’accès au temple dans les collines se fait par des petites routes de montagne, parfois assez raides, la moto suit bien et je suis plutôt seul sur ces routes, que du plaisir ! Avant de retraverser le fleuve par le second pont qui est plus petit et fait un combo route / chemin de fer, je passe voir l’immense stupa qui est au sud de la ville.

L’étape suivante sera la ville de Inwa. Maintenant c’est plus un petit village de campagne mais il reste quelques vestiges du glorieux passé. Je n’ai pas visité deux d’entre eux car je n’ai pas acheté le passe (vendu à un prix prohibitif pour les étrangers) qui couvre l’entrée de certains monuments de Mandalay et de ses environs. Impossible d’acheter une entrée simple, et même sans faire attention au prix, plus de la moitié des visites incluses ne sont pas vraiment intéressantes. Dommage ! Malgré tout, j’aurais découvert le visage campagnard de la région, avec les champs, les rizières, les chars à bœufs. Le village qui reste ne semble pas rouler sur l’or. Beaucoup des calèches qui servent à balader des touristes en mal d’authenticité sont parquées dans les rues en terre et cailloux. Je traverse ces rues sous les regards appuyés des habitants qui ne doivent pas souvent voir des touristes ici. J’avoue que j’ai parcouru toutes la zone pour compenser la non visite du monastère et du temple de la ville.

Je reprends la direction de Mandalay, en passant par l’autoroute. Un orage approche et il commence à pleuvoir, pas très agréable en moto. Par contre, la route passe au milieu de sortes de backwaters. Je m’offre une pause pour observer un groupe d’hommes qui pêchent. Deux sont sur le bateau (ou plutôt la barque), et deux plongent avec des paniers pour aller chercher les poissons. L’eau n’est pas claire, et ils font tout en apnée, sacrée performance !

La dernière étape de la journée se passe dans la ville de Amarpura. Un vieux pont en bois de plus d’un kilomètre de long traverse le lac Taungthaman à son endroit le moins large pour relier les 2 rives. Apparemment aujourd’hui est un jour férié (peut-être rapport aux processions vues précédemment ?), car des dizaines et des dizaines de jeunes (en âge d’être au collège) flânent sur le pont. De manière générale, ce pont semble être un vivier de vie sociale, il y a des jeunes, des moins jeunes, des touristes, des moines, des moines qui font des selfies (véridique !), des vendeurs de nourriture, des vendeurs d’art, des gens qui se baignent, d’autre qui observent… Tout un monde ! Je fais l’aller accompagné par le coucher de soleil sur le lac, splendide ! Je finis le retour en parlant avec un moine, duquel j’apprends qu’il a le même âge que moi ! Il m’explique venir faire sa marche journalière sur le pont en faisant des allers-retours.

La nuit tombe et il est temps de rallier Mandalay pour aller rendre la moto, qui m’aura permis de bien profiter de ma journée, et du soleil (bilan : 4 coups de soleil). Mais la journée a été très chaude et l’orage approche. Le retour est un peu compliqué, car même si quelques panneaux sont traduits en anglais je me perd dans les voies rapides et les petites rues (merci à la carte et au GPS, sans ça impossible de se repérer car une fois sorti de la ville, tout est en birman). J’arrive quand même à bon port et à peine la moto déposée l’orage éclate. Quasi instantanément il entraîne une coupure générale d’électricité, si ce n’est dans la ville entière, au moins dans une grande partie. Je me hâte de rentrer à l’hôtel, et sur mon chemin, les groupes électrogènes s’allument les uns après les autres pour compenser la coupure.

Après avoir écrit tout ce texte, je me dis que la journée était vraiment chargée, mais en même temps tellement vivifiante ! Je vais quand même me coucher bien fatigué après avoir fait plus de 100 kilomètres et vu autant de choses. Mais c’est sûr, j’ai des souvenirs plein la tête (et plein de photos aussi), et je me couche heureux.

PS : Difficile de synthétiser les quelques 2h de vidéos tournées aujourd’hui, mais voici quand même le résultat : https://youtu.be/CpuESE0bxn4 https://youtu.be/Owf50xnVBfM








Jour 66 – De Bagan à Mandalay

Je profite jusqu’au bout de mon super hôtel, en fait surtout de la piscine et du petit déjeuner. Un vrai air de vacances (pardon 😉 )… A midi, on vient me chercher pour m’emmener à la station de bus. C’est un espace de camion avec une benne aménagée avec 2 bancs et un toit qui sert au ramassage des gens. Les locaux utilisent beaucoup ce moyen de transport aussi, j’en ai croisé pas mal hier. C’est donc parti pour un voyage de 5h en direction de Mandalay, une parmi les anciennes capitales du royaume du Myanmar.

Le trajet se déroule dans un premier temps sur des routes secondaires, avant de rejoindre l’autoroute (la seule du pays) pour le dernier tiers. C’est l’occasion d’observer un peu la vie des campagnes « confortablement » assis (en tout cas mieux que dans les bus indiens). C’est aussi un peu un voyage dans le temps. Le contraste avec la modernité de Yangon, ou même avec les véhicules qui circulent est saisissant. On croise des chars à bœufs, les bœufs justement servent au travail dans les champs. On voit aussi des espèces de voitures-tracteurs. Je pense que ce qui m’aura le plus marqué est le travail pour la réparation de la route. Il y avait un groupe d’une vingtaine de femmes qui, affublées d’un chapeau « chinois » et d’un panier en osier venaient déverser manuellement des cailloux pour combler les trous. Le tout en faisant les allers retours vers les tas de cailloux stockés en bordure de route. Le tout ressemblait à une sorte de ballet, mais tout ce travail là, surtout en plein soleil est plus ou moins mécanisé maintenant chez nous. De manière générale, il m’a semblé observer qu’au lieu d’avoir des outils mécaniques, il y avait souvent pour effectuer les taches des plus grosses équipes d’hommes et femmes.

A l’arrivée à Mandalay, je reprends le même système de navette qui me dépose à l’auberge de jeunesse réservée. La ville ressemble à peu à Yangon, et entre ce que j’ai lu et ce qu’on m’a raconté, présente finalement peu d’intérêt. Venir ici permet par contre facilement d’accéder à la région proche qui elle regorge de richesses historiques et culturelles. Je me suis préparé un petit programme pour demain, et suite à des bons conseils reçus, je me suis loué un 2 roues pour être autonome pour la journée. Il y a des excursions proposées mais elles ne mènent pas partout et ça impliquerait d’être dépendant d’un groupe, ce que je préfère éviter. Bon par contre j’innove sur le 2 roues, pas de scooter car un peu trop cher mais une moto semi-automatique, c’est-à-dire avec vitesse mais sans embrayage. J’ai testé ce soir pour aller manger un peu plus loin dans la ville et ça marche très bien, je pensais plus peiner mais ça va. Demain j’ai une centaine de kilomètre au programme donc avec la moto ça sera un vrai régal je pense !



Jour 65 – Bagan #2

Le début de la journée au pays des 4000 temples commence tôt. A 5h du matin de l’hôtel, on nous livre le e-bike (sorte de scooter électrique) pour la journée. On se rend à un point de vue choisi pour voir le lever du soleil (cf jour 64 : 2ème chose à ne pas rater ici !). Bon bien sûr il y a du monde, mais ça n’enlève rien à la beauté du spectacle, le tout perché tranquille sur un temple.

Après un bref retour à l’hôtel pour bien profiter du buffet (j’aurais tort de me priver !), s’en suit une matinée de visite des temples, pagodes et autres stupas, le tout en profitant des derniers courants d’air frais de la matinée, car très vite le soleil, et surtout la chaleur qui va avec arrive. Bon on ne va pas se mentir, c’est pas super beau comme endroit…. C’est juste impensable et totalement magique ! Comment des personnes sensées ont elles décidé de construire autant d’édifice religieux au même endroit. Comment est-ce qu’après le 3500ème, il ne se sont pas dit « heu les gars on va peut-être arrêter là non ? ». Blague à part, le résultat est impressionnant et on ne sait où donner de la tête. Avec une 30aine de temples visités entre hier et aujourd’hui, on commence à voir la diversité des édifices, des époques et des architectures. Mais il y en a tellement partout ! Certains conservent encore des peintures murales, d’autres sont gravés (très rare), mais une chose est sûre malheureusement, beaucoup ont souffert du dernier tremblement de terre (en 2016) et tiennent seulement par des échafaudages. Sur le chemin, on passe à côté de l’immonde view tower construite par le gouvernement en parallèle d’un hôtel resort. Cette dernière est comme une verrue dans le paysage. Surtout elle est la raison pour laquelle le site n’est pas classé par l’UNESCO, et c’est bien dommage.

Retour à l’hôtel à l’heure du déjeuner pour un petit enchaînement sieste et piscine. Se lever si tôt ça fatigue ! Je repars en fin d’après-midi en e bike pour rejoindre un point de vue pour le coucher du soleil. C’est l’occasion de faire un stop au niveau d’un groupement de temples aperçus depuis la route, et de vivre mon premier moment seul au milieu de temples, pas un touriste, pas une boutique, pas un seul local, un vrai moment de bonheur seul face au temple (et aux bouddhas qui les habitent bien sûr)

Je suis par contre loin d’être seul au point de vue pour le coucher du soleil, mais c’est pour moi l’occasion de parler avec des touristes et aussi des locaux (de Yangon) qui sont là en week-end. Le ciel est voilé mais le spectacle est quand même beau à voir. Comme d’habitude,  une fois le soleil caché, en quelques minutes il fait nuit noire, et c’est cette fois avec des feux que je rentre au village pour rendre le e-bike et profiter de ma soirée. Un restaurant chinois, un tour à la piscine (encore oui, désolé c’est trop bon) et au lit !

 

PS : Bon pendant la soirée j’ai aussi monté les vidéos tournées ces 2 derniers jours, c’est visible ici :
https://youtu.be/FvApT329gVw

PS 2 : Il y a eu erreur dans le numéro de jour hier, ça y est je me perds dans le temps. Hier nous étions bien jour 64 😊

PS 3 : J’ai eu le droit à seulement 2 selfies aujourd’hui ! Ma popularité est en chute libre depuis mon départ d’Inde. Bon par contre je prends en photo aussi ceux qui me demandent. La photo se cache dans les montages !

PS 4 : Ici aussi les chats ont la vie très tranquille !






Jour 64 – Bagan

La nuit en bus ne fut pas si terrible, mais le réveil à 6h30 à l’arrivée n’était pas des plus agréables. 1ère mission, rallier la ville de NyaungU où se trouve l’hôtel à 6km de là. Les taxis sont peu nombreux et font grimper les prix. Je partage la course avec 3 autres personnes du bus. Une de ces personnes, une indienne vivant à Singapour et prénommée Milie (je crois mais je ne suis pas sûr parce qu’elle parle super vite en Anglais) est hébergée dans le même hôtel que moi. Les prix n’étant pas ultra abordables ici, nous prévoyons de visiter ensemble les sites pour diviser les frais de location de vélo et transports.

Une fois le sac déposé à l’hôtel, direction la ville pour un petit déjeuner et une première découverte. En passant à côté de la rivière, un jeune pêcheur nous propose un tour dans son bateau pour avoir une meilleure vue, impensable d’avoir ça comme ça pour moi ! La nuit ayant été courte, je me pose au bord de la piscine de l’hôtel (ça ne sera pas tous les jours pendant ce voyage !) pour finir la matinée tranquille. En début d’après-midi, on récupère 2 vélos et direction la ville de Old Bagan, l’ancienne capitale, à 6km de là.

La mousson ici est moins présente, du coup il fait plus sec et le soleil tape fort, très fort (vive la casquette, il faudra que j’achète plus d’action dans la crème solaire aussi 😉). Pas une super idée de faire du vélo, mais disons que le budget lui préfère ! Old Bagan a été vidé de ses habitants qui ont dû créer une nouvelle ville (New Bagan, original !) à la va vite. Les militaires ont décidé ça sur un coup de tête, ou sur une recommandation d’un astrologue on ne sait pas ! En tout cas, à Old Bagan, il ne reste que des temples et pagodes (les vrais les originaux les beaux), une reconstitution du palais royal détruit et un musée (tous les deux mal construits et en toc) et des hôtels de luxe.

Bon par contre on ne va pas se mentir, les temples, les pagodes et les stupas, le tout visible par milliers dès qu’on prend un peu de hauteur pour observer la vallée, ça en jette carrément ! La construction s’est étalée sur 2 siècles et du coup on se retrouve avec différentes évolutions du style architectural. Le guide du routard est super bien fait et permet d’en apprendre plus sur les édifices les plus importants. Bon par contre à son sujet, triste nouvelle… Après seulement quelques jours de bons et loyaux services, il a décidé de sauter du vélo en route. J’ai beau avoir essayé de le retrouver sur les chemins de terre, je crois qu’il ne voulait plus me voir, dommage il m’aidait bien ! Je vais donc retourner à la méthode « je me débrouille » (avec un peu plus de recherches internet aussi, parce que bon, on est en 2017 quand même !)

Il y a deux choses à ne pas rater ici, le lever et le coucher du soleil. Bon pour le coucher on est plutôt dans les temps et ma carte indique un temple avec : « THE BEST VIEW EVER ». Tout un programme ! Effectivement ce n’est pas faux, ça en jette plutôt pas mal. Tellement même qu’on partage ça avec plein d’autres gens qui ont tous eu la même idée. C’est l’occasion pour moi de parler à 3 français (qui étaient dans le même bus), qui vivent et travaillent à Yangon. Je peux leur poser des questions pour la suite de mon voyage, et ça me permet aussi de voir le pays d’un autre œil. Pour la petite histoire drôle, eux ont trouvé ce temple sur un blog qui disait « le meilleur coucher de soleil où il n’y a jamais personne ». Bon ça c’était avant de l’écrire en ligne probablement 😊. Etre ici le soir est aussi apparemment l’occasion d’un contrôle des tickets d’entrée du parc. On paie quand on croise un garde et par bonheur nous n’en avions pas croisé. Bon le croiser c’est assez cher (25000 kyats, sur un budget journalier de 33000, aie…) puisqu’on est obligé de prendre 5 jours d’entrée, peu importe le temps qu’on reste. Je profite du coucher de soleil quand même, en pleurant un peu pour mon budget (mais je ne doute pas de ma réussite à le tenir !… enfin j’espère), et à peine le soleil passé derrière la montagne, il faut rentrer car 5km de vélo dans le noir c’est pas toujours rigolo (et oui les vélos n’avaient pas de feux !). La suite des aventures au pays des milliers de temples demain.

(PS : en bonus photos de l’hôtel du jour, la façade et la piscine, et moi qui essaie de faire une photo en faisant du vélo !)





Jour 63 – Yangon #3

Après une bonne grasse matinée je prends la direction du musée national, chaudement recommandé par le routard. Le musée ne brille pas par l’architecture du bâtiment, ni par la muséographie c’est sûr, mais par contre la qualité et la diversité des collections sont impressionnantes ! J’en apprends plus sur le Myanmar et sur son histoire. Ce pays qui est aux yeux du monde souvent connu pour les 50 dernières années, a un passé bien plus glorieux que je ne l’imaginais.

Avant l’arrivée des colons Français dans un premier temps, puis Anglais dans un second (et pour une longue période), le Myanmar a connu 2000 années sous l’égide de divers royaumes et divers souverains. J’en viens même à penser que le putsch militaire des années 60 n’est finalement que le résultat des dizaines d’années d’occupation britannique, qui avaient fait du pays une région de l’Inde. On se souvient ici plus des Britanniques comme des pilleurs que comme de gentils occupants. La preuve en est qu’un nombre incommensurable de trésors nationaux avaient fini dans des musées à Londres. Heureusement, la plupart ont été restitués avec l’indépendance.

Concernant le musée lui même, par les expositions de fossiles, les maquettes, des reconstitutions grandeur nature de salles de palais, les vêtements traditionels, les objets du passé ou les peintures, il nous transporte à travers les âges, et c’est très instructif.

En sortant du musée, je m’offre un déjeuner dans un « restaurant » de rue. De la vraie cuisine birmane, le tout sur des tabourets en plastique sur le trottoir sous une bâche. Je fais un tour ensuite dans dans un centre commercial pour faire quelques emplettes en vue du trajet de cette nuit, puis je retourne à l’hôtel pour attendre le taxi.

Six heures précises le taxi est là, je le partage avec deux autres personnes de l’auberge de jeunesse qui vont aussi à la station de bus. Le trafic est particulièrement dense ce soir et il nous faudra 2h pour parcourir 20 kilomètres. La ville est vraiment gigantesque et durant ces 2 jours, à pied je n’en ai parcouru qu’une micro-partie.

Le taxi me dépose au pied du bus et heureusement ! La gare ressemble plus à une zone industrielle avec des rangées de bus le long des bâtiments. Je m’achète un petit truc à grignoter et je monte dans le bus. On est bien loin des bus Indiens, ici le confort est (ou tout du moins semble) au rendez-vous. Siège inclinable, repose pieds, eau et petit gâteau, de la place pour les jambes. On en reparlera demain pour savoir le résultat après une nuit !

L’attente du jour m’aura donné l’occasion de monter la première vidéo du séjour au Myanmar :




Jour 62 – Yangon #2

Programme du jour, la pagode Shwedagon. Je parcours les quelques kilomètres jusqu’à cette dernière à pied, encore une bonne occasion pour parcourir et découvrir Yangon. Petite anecdote, la circulation des voitures se fait ici comme en France, soit à droite. Mais tous les véhicules ont gardé le standard anglais avec le volant à droite. Il semble que ce soit une petite bizarrerie de la Birmanie qui n’a pas rejetée le système de l’ancien colonisateur dans son entier.

Il a plu ce matin et les trottoirs sont de véritables patinoires, j’arrive sans chute jusqu’à la porte ouest de la pagode. La pluie est de retour et pas qu’un peu, mais je me lance dans la visite, une fois les chaussures déposées et les jambes enroulées dans mon foulard (interdiction de montrer ses genoux et ses épaules). Cette entrée est équipée d’escalators pour grimper sur la colline ou est installé le complexe, c’est assez surprenant mais plutôt pratique. La pluie bat son plein mais c’est plutôt agréable de marcher pied nu dans l’eau, même si le sol étant en marbre c’est plutôt glissant. Concernant la pagode en elle-même, plus tous les bâtiments et temples adjacents, il n’y aurait pas assez de place ici pour mettre tous les superlatifs nécessaires ! L’ensemble est impressionnant (surtout quand on sait que le site a 2500 ans), l’atmosphère est envoûtante. Il y a un mélange entre recueillement et dévotion pour certains, vagabondage et simple observation pour d’autres, mais le tout dans une ambiance bon enfant. Je reste une paire d’heures à tourner dans le temple au gré des averses de pluie, en découvrant toujours un autre trésor caché dernière le précédent. Bref une visite qui restera mémorable !

Je repars à pied pour la suite de la journée, et après un déjeuner (typiquement birman) je prends la direction du parc installé autour du lac Kandawgi. Un des deux lacs existant dans la ville (le plus petit). C’est un vrai poumon vert en pleine ville. L’ambiance est tranquille, et propice à la détente. Le soleil est revenu et m’accompagne dans la découverte du parc, que je fais en marchant sur les passerelles en bois qui permettent d’enjamber les bras du lac. Le tout sous le regard de la pagode Shwedagon que l’on voit au loin sur la colline. La végétation est tropicale, les nénuphars flottent à la surface de l’eau, les gens se promènent. Au loin on voit un temple sur une petite île et une sorte d’énorme pagode cernée de 2 dragons. Un Birman avec qui je fais un bout de chemin m’informera que c’est en fait un ancien hôtel utilisé par le gouvernement avant le déménagement de la capitale en 2005.

La pluie revient de façon diluvienne. Il est temps pour moi de prendre le chemin du retour vers l’auberge, où j’arrive (malgré le parapluie) bien humide après les trois derniers kilomètres de marche. J’aurais aujourd’hui marché une bonne vingtaine de kilomètres et eu un bon aperçu de la ville. Je commence aussi à voir un peu plus l’esprit birman. Je ne sais pas si c’est l’influence du bouddhisme, ou bien si d’autres raisons rentrent en compte (probablement qu’il y en a oui), mais il semble qu’il fait bon vivre ici. Les gens sont gentils, un peu mais pas trop curieux, et surtout doux et tranquilles (peace en résumé). Après la douloureuse période qu’ils ont connue, les Birmans semblent avoir l’envie de vivre pleinement sans restriction. Je mets tout ça au conditionnel en attendant d’en découvrir plus, car officiellement la junte militaire a encore beaucoup de pouvoir dans le pays. Après discussion avec un jeune homme dans la rue, je comprends aussi que Yangon n’est pas forcément à l’image du pays, principalement au niveau des libertés, des mœurs et des déplacements.