Jour 67 – Mandalay et ses alentours

Il s’est passé tellement de choses aujourd’hui, le résumé va être difficile. Mais j’ai tellement aimé cette journée, et j’ai pu vraiment voir de plus près la vie des locaux. Après c’est assez étrange vue l’actualité d’avoir pu vivre ça, alors qu’un nouveau conflit en Birmanie a lieu à quelques centaines de kilomètres d’ici. En tout cas, et après je clos cette parenthèse, le gouvernement fait bien son travail puisque personne n’en parle, et il n’y a aucune info locale.

Je commence la journée tôt car le programme est chargé. Première visite, La Maharmuni Pagoda. La spécificité de cette pagode est son bouddha recouvert d’or installé au milieu du temple. Les fidèles masculins uniquement peuvent l’approcher pour rajouter une feuille d’or (pour la modique somme de 4$). Ces dernières années, le bouddha a pris pas mal de volume, on peut le voir sur les photos qui servent à comparer. En aparté, c’est assez surprenant que le Bouddhisme, qui me semblait plutôt ouvert, ait lui aussi des règles absurdes et misogynes. Je prends ensuite la route pour Mingun, qui sera mon étape la plus éloignée aujourd’hui : 40km de route.

La plupart des villes voisines à Mandalay sont en fait d’anciennes capitales du royaume du Myanmar, Mingun ne fait pas exception. Sur place, une pagode qui se voulait la plus grande au monde (elle a réussi jusqu’en 2000 et la construction d’une encore plus grande par nos amis Chinois), une cloche de 90T et une pagode circulaire blanche (très rare). La vue sur le fleuve qui sépare Mingun de Mandalay n’est pas mal non plus. Mais en allant jusqu’à ce point-là, l’objectif était aussi de sortir de la ville et de faire une incursion dans les campagnes. La plupart des touristes eux viennent en bateau et ne voit rien d’autre, mais par la route, le trajet était juste impressionnant, et la sensation de liberté apportée par la moto complètement géniale. La traversée du fleuve par le gigantesque pont métallique offre une vue sur la rive opposée et ses collines remplies de temples aux pointes d’or qui percent le vert des forêts. Ensuite, la petite route qui longe la rive traverse des petits villages et me donne tout le loisir d’observer la vie quotidienne de ses habitants. Il semble qu’il y a un événement car des appels aux dons, et des processions avec de la musique ont lieu dans tous les villages que je traverse. Il y a même un village où se trouve une sorte de fête foraine, avec des attractions tout droit venues d’un autre âge ! Beaucoup de moines sont de sortie aussi, hommes et femmes confondus. Car oui, je n’avais jamais vu avant, mais il y a des femmes moines bouddhistes. Elles ont aussi la tête rasée, et sont vêtues d’une tunique rose et orange.

En repartant de Mingun, je me rends dans les collines surplombant la ville de Sagaing (elle aussi ancienne capitale). Le tout pour profiter de la vue (qui est à couper le souffle), et pour aussi voir (entre autres) un des temples, celui de Umin Thounzeh. Ce dernier est unique en son genre, car c’est un bâtiment en arc de cercle dans lequel sont installés 45 bouddhas côte à côte. L’accès au temple dans les collines se fait par des petites routes de montagne, parfois assez raides, la moto suit bien et je suis plutôt seul sur ces routes, que du plaisir ! Avant de retraverser le fleuve par le second pont qui est plus petit et fait un combo route / chemin de fer, je passe voir l’immense stupa qui est au sud de la ville.

L’étape suivante sera la ville de Inwa. Maintenant c’est plus un petit village de campagne mais il reste quelques vestiges du glorieux passé. Je n’ai pas visité deux d’entre eux car je n’ai pas acheté le passe (vendu à un prix prohibitif pour les étrangers) qui couvre l’entrée de certains monuments de Mandalay et de ses environs. Impossible d’acheter une entrée simple, et même sans faire attention au prix, plus de la moitié des visites incluses ne sont pas vraiment intéressantes. Dommage ! Malgré tout, j’aurais découvert le visage campagnard de la région, avec les champs, les rizières, les chars à bœufs. Le village qui reste ne semble pas rouler sur l’or. Beaucoup des calèches qui servent à balader des touristes en mal d’authenticité sont parquées dans les rues en terre et cailloux. Je traverse ces rues sous les regards appuyés des habitants qui ne doivent pas souvent voir des touristes ici. J’avoue que j’ai parcouru toutes la zone pour compenser la non visite du monastère et du temple de la ville.

Je reprends la direction de Mandalay, en passant par l’autoroute. Un orage approche et il commence à pleuvoir, pas très agréable en moto. Par contre, la route passe au milieu de sortes de backwaters. Je m’offre une pause pour observer un groupe d’hommes qui pêchent. Deux sont sur le bateau (ou plutôt la barque), et deux plongent avec des paniers pour aller chercher les poissons. L’eau n’est pas claire, et ils font tout en apnée, sacrée performance !

La dernière étape de la journée se passe dans la ville de Amarpura. Un vieux pont en bois de plus d’un kilomètre de long traverse le lac Taungthaman à son endroit le moins large pour relier les 2 rives. Apparemment aujourd’hui est un jour férié (peut-être rapport aux processions vues précédemment ?), car des dizaines et des dizaines de jeunes (en âge d’être au collège) flânent sur le pont. De manière générale, ce pont semble être un vivier de vie sociale, il y a des jeunes, des moins jeunes, des touristes, des moines, des moines qui font des selfies (véridique !), des vendeurs de nourriture, des vendeurs d’art, des gens qui se baignent, d’autre qui observent… Tout un monde ! Je fais l’aller accompagné par le coucher de soleil sur le lac, splendide ! Je finis le retour en parlant avec un moine, duquel j’apprends qu’il a le même âge que moi ! Il m’explique venir faire sa marche journalière sur le pont en faisant des allers-retours.

La nuit tombe et il est temps de rallier Mandalay pour aller rendre la moto, qui m’aura permis de bien profiter de ma journée, et du soleil (bilan : 4 coups de soleil). Mais la journée a été très chaude et l’orage approche. Le retour est un peu compliqué, car même si quelques panneaux sont traduits en anglais je me perd dans les voies rapides et les petites rues (merci à la carte et au GPS, sans ça impossible de se repérer car une fois sorti de la ville, tout est en birman). J’arrive quand même à bon port et à peine la moto déposée l’orage éclate. Quasi instantanément il entraîne une coupure générale d’électricité, si ce n’est dans la ville entière, au moins dans une grande partie. Je me hâte de rentrer à l’hôtel, et sur mon chemin, les groupes électrogènes s’allument les uns après les autres pour compenser la coupure.

Après avoir écrit tout ce texte, je me dis que la journée était vraiment chargée, mais en même temps tellement vivifiante ! Je vais quand même me coucher bien fatigué après avoir fait plus de 100 kilomètres et vu autant de choses. Mais c’est sûr, j’ai des souvenirs plein la tête (et plein de photos aussi), et je me couche heureux.

PS : Difficile de synthétiser les quelques 2h de vidéos tournées aujourd’hui, mais voici quand même le résultat : https://youtu.be/CpuESE0bxn4 https://youtu.be/Owf50xnVBfM