Jour 171 – Nadi, départ pour Nouméa

Je reste tranquille et profite de la terrasse du Bamboo pour passer la matinée. Il n’y a pas beaucoup de choses à faire dans les environs immédiats sur une petite journée. Je prends quand même un bus local pour rejoindre le centre-ville, et y faire un petit tour de découverte. Le temple Hindou est le seul bâtiment qui semble être un point d’intérêt, mais dommage, il est en travaux et complètement recouvert d’échafaudages. Je fais un tour dans le centre-ville qui est très animé en ce lundi, mais qui n’est pas vraiment intéressant comme je n’ai rien de spécial à acheter. Une des choses qui attire mon attention et que je trouve drôle, ce sont toutes les enseignes, pubs et panneaux d’informations qui semblent être peints à la main directement sur les murs. Ça donne un style très particulier je trouve. Je déjeune dans un petit café local, avant de reprendre le bus dans l’autre sens pour retourner au Bamboo. Je récupère mon sac et prend un taxi pour me rendre à l’aéroport.

 

Le vol Air Calin (j’adore ce nom de compagnie) pour me rendre à Nouméa est en fait en provenance de Wallis et Futuna, et fait une escale aux Fidji avant d’atteindre la destination finale. L’hôtesse au guichet d’enregistrement des bagages parle français, ça me fait presque bizarre ! Il va falloir que je me réhabitue (mais pas trop) pour les 15 prochains jours à entendre du français partout. J’aurai dédié tous les temps d’attente de la journée, et le voyage en avion à la réalisation de la vidéo du séjour Fidjien. Je tente un nouveau format, avec des fonctions que je ne sais pas trop utiliser donc ça m’a pris plus de temps que je pensais. Mais ça change de tout ce que j’ai fait jusqu’à maintenant et je suis plutôt content, surtout que j’ai réussi à utiliser un enregistrement que j’ai fait d’un chant de la famille de Jioji & Alisi.

 

Le vol dure 2 heures, mais il y a autant de décalage horaire, si bien que j’arrive à la même heure que celle du départ. A l’arrivée, Frédérique vient me chercher à l’aéroport. C’est une amie d’amie (merci Manue), et suite à notre mise en contact Frédérique a accepté de m’héberger pendant mon court séjour Calédonien, et en plus elle vient me récupérer à l’aéroport, c’est vraiment très gentil de sa part ! L’aéroport se situe à presque une heure de route du centre Nouméa. C’est assez bizarre de se trouver sur ce caillou au milieu du Pacifique, mais avec des airs de France. Que ce soit par la langue que je retrouve, jusqu’aux panneaux de signalisations qui sont les mêmes. C’est presque dépaysant à ce stade-là du voyage. Par contre la nuit tombe très tôt ici, il me faudra attendre demain pour avoir la vision de mon environnement. Frédérique m’aide à peaufiner un programme pour mes trois jours ici, je me réserve bien sûr une petite plongée, et je prévois également une randonnée.

 

Et voici le lien de la vidéo sur les Fidji :

https://youtu.be/tF1VvKxyt9Q

 

 





Jour 170 – Rakiraki, et retour à Nadi

Aujourd’hui c’est dimanche, donc toute la famille se rend à l’église. Mais avant d’y aller, Jioji me dépose au pied de la montagne qui se situe juste derrière le village. Il emprunte les chemins à travers les champs de cannes à sucre et les habitations des ouvriers agricoles, puis il me laisse juste au pied du chemin qui me permettra d’accéder au sommet.

 

Rapidement, le panorama qui s’offre à moi est assez beau. Je constate que tout l’arrière-pays est constitué de montagnes plus ou moins hautes, et que tout est très vert. Ça ferait presque penser à l’Auvergne l’été par endroit, quand on voit les vaches qui paissent tranquillement dans les champs. Mais avec la mer, les îles et les champs de canne à sucre on sait très vite que c’est un autre endroit. Pendant l’ascension, je croise deux fermiers indiens, eux travaillent le dimanche, contrairement aux Fidjiens qui pratique le repos dominical (religion oblige). Ils semblent bien surpris de me croiser dans ce chemin qui est plus une voie d’accès aux champs et à l’antenne de télécommunication qui domine la montagne qu’un lieu de randonnée. Jioji m’a d’ailleurs dit que c’est un des seuls endroits accessibles dans guide, car les chemins préparés et balisés n’existent tout simplement pas ici. C’est dommage car il y a un gros potentiel pour faire de belles marches. Une fois au sommet, je prends une bonne pause pour admirer la magnifique vue qui s’offre à moi. Sur le côté la petite ville de Rakiraki, derrière les montagnes, et face à moi plusieurs îles, dont celle où nous sommes allés pique-niquer avec la famille de Jioji avant-hier. Le beau temps est avec moi et il est très facile de voir au loin. J’arrive même à voir le relief des fonds marins tellement l’eau est claire par endroit.

 

Après le somment, le chemin continue, en se rétrécissant mais il semble continuer pour descendre de l’autre côté. Comme je n’ai pas trop envie de faire demi-tour et de rentrer par la route, je le tente. Pendant un bon moment la piste est facile à suivre mais aux abords des bois elle disparaît. J’hésite un moment, mais je ne me vois clairement pas faire demi-tour, tout remonter pour tout redescendre de l’autre côté. Je décide de continuer en essayant de trouver un passage, surtout que j’aperçois en contre bas les chemins qui permettent de circuler entre les parcelles de cannes à sucre. Assez rapidement je me rends compte que la tâche est plus compliquée que je ne pensais, puis je découvre une clôture qui descend droit vers là où je souhaite me rendre. Je me dis que si une clôture a été installée là, c’est forcément que quelqu’un est déjà venu. Je décide de longer cette dernière pour redescendre. Ce n’est pas une mince affaire, il faut que je me faufile entre les herbes hautes, les arbres plus ou moins vivants, les lianes, les trous et les rochers. Je passe quasiment une heure à longer différentes clôtures en essayant de garder le cap, et j’ai presque regretté de ne pas avoir eu de machette avec moi. Mon postulat de départ n’était pas forcément mauvais puisqu’au final j’arrive à rejoindre les terres habitées en bas de la montagne, mais apparemment ces clôtures étaient en place depuis bien longtemps vu la densité de végétation autour. Je me retrouve dans un terrain entièrement clôturé derrière une maison. Je cherche un passage en hésitant à passer par-dessus la clôture. C’est à ce moment là que le propriétaire indo-fidjien des lieux sort de sa maison, et il n’a pas l’air super ravi que je sois là, je me fais un peu souffler dans les bronches (pour rester poli). Il accepte de m’ouvrir le « portail » (une paque de tôle en travers d’un poteau) et de me laisser traverser sa propriété. Je passe ensuite par les chemins qui serpentent entre les champs de cannes à sucre pour rejoindre le village et la maison de Jioji. Un des chemins est équipé d’une voie de chemin de fer qui sert (ou servait vu l’état) pour un mini train de transport des récoltes de cannes à sucres (toujours selon l’explication de mon hôte).

 

Après une douche extrêmement salutaire vu ma traversée de la forêt, et un ré empaquetage de sac, je suis prêt à repartir. Jioji & Alisi ne sont pas encore revenus, et n’ont donné comme indication de leur retour à la famille restant à la maison que « dans l’après-midi ». Façon Fidjien normale ! Comme il y a pas mal de route, je décide de ne pas les attendre, je dis au revoir à ceux qui sont là et un des grands fils de la famille m’accompagne pour arrêter le bus sur la route. Le voyage est sans encombre, et je m’occupe entre observation du paysage et sieste. A l’arrivée, je rate la descente à l’aéroport où je comptais prendre la navette gratuite vers l’hôtel. Je descends donc au plus près de ce dernier et finis les derniers kilomètres en taxi. Je retrouve le même dortoir qu’à mon arrivée aux Fidji. Je ne fais pas long feu après cette journée, je dîne et au lit.

 

 







Jour 169 – Rakiraki, chez Jioji & Alisi #3

Aujourd’hui, je pars seul en expédition. Jioji et Alisi me déposent au centre-ville pour prendre un bus. L’objectif est d’aller voir une grotte et une cascade situées toutes les deux à environ deux heures de route en direction de Suva. Je me rends compte que l’île n’est vraiment pas si grande que ça, je pense qu’en une journée en voiture on peut en faire le tour. Les deux attractions se trouvent un peu plus dans les terres. La météo n’était déjà pas au beau fixe en bord de mer, mais il pleut vraiment fort quand j’arrive à la Limestone Cave. Une carrière et un petit village jouxtent le chemin d’accès à la grotte. La première personne que je rencontre s’avère être le chef du village. Normalement les visites ne se font que du lundi au vendredi, mais c’est le chef donc il peut, il prend deux lampes et m’emmène avec lui, c’est une chance. Avec le volume de pluie qu’il tombe, la grotte est assez inondée, et c’est dans des cours d’eau provisoires que nous marchons. Les formations rocheuses sont assez impressionnantes, et des petits corridors débouchent dans une salle gigantesque. Bien sûr, dans cette salle vit une communauté de chauve-souris. Le chef m’explique que la plus grande salle de la grotte sert d’abri aux gens du village en cas de cyclone, comme c’est arrivé l’année dernière. Ils viennent ici avec toute leur famille et des vivres pour 2 ou 3 jours le temps que le cyclone passe. Ce que m’expliquait Jioji aussi, c’est que les pluies, tempêtes et cyclones ont majoritairement lieu pendant l’été dans cette région du pacifique, autrement dit, on arrive en plein dedans. En arrivant vers le fond de la grotte, le son d’une cascade se fait entendre. Le chef m’amène jusqu’au bord de cette dernière. C’est une cascade sous-terraine résultant d’une autre cascade à la surface de la montagne. Le débit d’eau est assez impressionnant. A quelques dizaines de mètres, nous voyons la porte de sortie par laquelle le soleil rentre, mais nous ne pouvons pas y accéder car le chemin ne va pas jusqu’au bout. Je remarque aussi un tuyau qui traverse toute la grotte, le chef m’informe qu’il sert à alimenter les maisons du village. De la vraie eau fraîche ! Chacun se débrouille avec les ressources qu’il a à disposition pour l’eau, chez Jioji, nous buvons l’eau de pluie qu’il récolte dans une gigantesque cuve. En tout cas, vu la quantité d’eau qu’il est tombé aujourd’hui, je comprends pourquoi les paysages sont si verts !

 

Je me rends ensuite à la cascade indiquée par Jioji qui se trouve à 7 kilomètres. Je décide de ne pas attendre le bus (qui ne passe qu’une fois par heure) pour un si court trajet, et je tente le stop. Ça marche direct, un couple m’emmène à l’arrière de son pick-up (bâché heureusement), je ne suis pas le seul à utiliser ce moyen il y a déjà une autre personne quand je monte. Le débit de la cascade semble être proportionnel à la pluie. Je profite de l’hospitalité de locaux pour l’observer à l’abri depuis leur terrasse. Je décide de ne pas m’attarder et de prendre le bus pour rentrer. A peine installé, un bus se présente, mais je réagis un peu tard, lui me voit trop tard, bref il continue son chemin sans s’arrêter ! Il y a pas mal d’arrêts disséminés le long de la route mais ils ne sont pas marqués systématiquement par les bus. Je prends mon mal en patience, et après 45 minutes d’attente, j’arrive à attraper le bus suivant, de justesse ! Je ne dois pas être assez précis dans mon geste d’appel. Le bus retour n’est pas un express, c’est donc le bus à l’ancienne comme quand je suis arrivé mercredi. A l’approche de la maison, je sonne la cloche pour arrêter le bus et j’arrive à me faire déposer au bout du chemin d’accès. Jioji & Alisi reçoivent une famille aujourd’hui, il y aura plus de monde au diner ce soir ! Je profite pour ma part de la terrasse pour finir tranquillement la journée.

 

 





Jour 168 – Rakiraki, chez Jioji & Alisi #2

Le démarrage ce matin se fait façon Fidjienne, en prenant son temps. Jioji veut aussi attendre que le soleil pointe son nez, car la pluie est tombée très fort cette nuit et c’était encore très nuageux ce matin. Je regarde les dessins animés avec les plus jeunes enfants de Jioji et Alisi. Une fois que tout le monde est prêt, l’équipée se met en route : 9 enfants (mais pas que à eux je crois), les parents et moi-même. Le bateau est bien rempli ! Nous nous dirigeons vers une île presque sauvage pas très loin de la côte. Nous laissons les plus jeunes et Alisi sur la plage, puis avec Jioji et 4 de ses grands fils, nous partons un peu plus en mer.

 

Je passe un bon moment à faire du snorkeling, pendant qu’eux pêchent au spi pour notre repas du midi. C’est une sorte de bâton métallique affuté, qu’ils lancent à l’aide d’un élastique maison pour « harponner » les poissons, le tout en faisant des descentes en apnée. La pêche est bonne, et à priori presque toutes les espèces de poissons se mangent, pour certaines je n’en aurais même pas eu l’idée ! Jioji remonte même une pieuvre, alors que pendant ce temps je les observe pêcher. Mais j’observe aussi les coraux et la faune marine, c’est un vrai aquarium, et je vois même un requin qui passe par là. Après une paire d’heures, nous prenons la direction de la plage pour rejoindre le reste de la famille.

 

Les jeunes se sont amusés dans l’eau, mais Alisi n’a pas chômé (j’ai l’impression que ça ne lui arrive pas souvent), elle a ramassé une bonne dizaine de gros crabes, elle compte bien les servir au diner ce soir ! Le feu de bois est déjà prêt, Jioji se charge de faire cuire les poissons fraichement péchés et on mange directement sur la plage. C’est un peu idyllique comme endroit, cocotier, sable blanc, mer turquoise. Je suis impressionné par leur débrouillardise, on sent que perdus dans la nature ils peuvent s’en sortir ! Jioji me donne du poisson-perroquet à manger, et c’est un régal. Je me sens un peu coupable car c’est un poisson magnifique que j’ai de nombreuses fois observé durant les dernières plongées. Une fois le repas avalé, on remballe les affaires pour rentrer car la marée est montante et la plage a presque entièrement disparue. Une fois rentrés, et après une bonne douche bien méritée, chacun vaque à ses occupations pour finir la journée.

 

 

 





Jour 167 – Rakiraki, chez Jioji & Alisi

La nuit a été un peu agitée, Jioji a dû se lever pour aller déplacer son bateau, car la marée était très basse et ça aurait été compliqué ce matin. Aussi, une bande de jeunes un peu trop alcoolisés a décidé de faire un peu de raffut, et la police s’en est mêlée, c’est donc les sirènes de police qui m’ont tiré du sommeil en milieu de nuit. Jioji m’a expliqué que pendant le mois de vacances, les gens ont un peu tendance à abuser de l’alcool, ils appellent même ça le drinking month.

 

Quoiqu’il en soit, après un gargantuesque petit déjeuner, nous voilà partis pour deux plongées. Sur le ponton, les pécheurs sont affairés à préparer les poissons pour aller les vendre au marché. Il nous faut slalomer entre eux pour accéder à l’eau. Le bateau est petit et j’ai oublié de prendre ma petite pilule anti mal de mer. Dommage parce que ça remue un peu quand même. Les plongées sont très sympas, surtout car je suis seul avec Jioji et deux de ses fils qui nous accompagnent en assistant (grand luxe !). Elles sont pour moi l’occasion de faire de nouvelles découvertes avec en premier, les coraux mous, je n’en avais jamais vu avant et une grosse partie du récif Fidjien en est constitué. En plus d’être mous, ils ont la capacité de grandir et de se régénérer plus vite. Je vois aussi pour la première fois une pieuvre, pas gigantesque mais quand même une pieuvre ! C’est impressionnant, cet animal qui se contorsionne et change presque de forme, et surtout qui change de couleur en quelques millièmes de secondes pour s’adapter et se confondre au mieux avec l’environnement immédiat. C’est vraiment impressionnant. Les bancs de poissons sont nombreux, les requins à pointe blanche viennent nous faire un coucou, et les récifs sont vraiment très colorés ! En résumé, deux bonnes plongées.

 

Au retour, il n’y a plus qu’à se mettre les pieds sous la table. C’est vraiment le grand confort pour moi ! L’après-midi est déjà bien entamé et il flotte un parfum de vacances, je reste donc dans le rythme Fidjien et m’offre une bonne sieste. La maison est agréable, la terrasse aussi, le soleil brille. Je prends ce temps pour avancer un peu sur les vidéos, photos et autres tâches pour le carnet de voyages. Les nuages présents sur les montagnes au loin auront fini par rejoindre la côte pour rafraîchir l’air avec une bonne pluie en fin de journée. Je partage le repas du soir avec Jioji, mais le reste de la famille est à l’intérieur. Je m’interroge et lui demande s’ils mangent ensemble d’habitude. Il me dit qu’ils mangent ensemble oui, mais jamais à table, ils s’installent par terre avec des grandes nappes. C’est seulement pour les hôtes du airbnb  que la table sert. Je lui dis que je peux m’adapter et faire comme ils ont l’habitude pour partager le repas avec toute la famille. Alisi m’aura encore bien régalé ce soir, je risque de repartir du séjour chez eux bien moins léger qu’en arrivant à ce rythme !

 

 

 

 

 









Jour 166 – De Nadi à Rakiraki

Ma récupération du décalage horaire aura été un vrai échec. Je n’ai réussi à trouver le sommeil que tard dans la nuit. Heureusement, je n’avais pas prévu de partir aux aurores. Je fais aujourd’hui la découverte des bus locaux, qui ne sont pas sans me rappeler les bus indiens : des rangées de 5 sièges et toutes les fenêtres ouvertes, s’il y en a ! Je dois d’abord rejoindre la station de bus centrale depuis le quartier excentré de l’auberge. Puis je rejoins ensuite la deuxième ville du pays, Lautoka par la Queen’s road. L’île de Viti Levu (la plus grande des îles Fidjienne sur laquelle je me trouve) possède un réseau routier plutôt simple. Lautoka est rallié à Suva (la capitale) par la King’s road au nord, et par la Queen’s road au sud. Ce sont les deux plus grandes routes du pays, et elles sont à peine plus grandes qu’une de nos nationales. Le trajet de Lautoka jusqu’à Rakiraki offre de magnifiques points de vue sur les étendues vertes fidjiennes, et au loin sur les montagnes. Je me fais déposer au bord de la route pour rejoindre la maison de Jioji & Alisi. Je suis la route indiquée à travers les chemins de terre et finis par me faire indiquer la maison par un voisin, tout le monde les connait. Ils ne sont pas là quand j’arrive, mais je suis accueilli par deux de leurs fils qui me montrent tout ce qu’il faut.

 

Je me mets au rythme Fidjien et reste sur la terrasse tranquillement à papoter avec eux en attendant leurs parents. Je continue à faire de même quand Jioji arrive avec lui. Il y a pas mal de monde dans la maison. Il m’explique qu’un de ses fils s’est marié et que toute la famille est venue. Il faut savoir que Jioji & Alisi ont onze enfants (de 5 ans à 28 ans) ! Ça fait déjà pas mal de monde en famille proche. Je parle et programme les plongées de demain avec Jioji, qui est aussi instructeur PADI. Puis je pars faire un petit tour des environs, histoire de voir un peu le coin. On est en bord de mer, mais il n’y a pas de plage, c’est une mangrove qui occupe la côte à cet endroit. De l’autre côté de la petite baie, une autre île où l’on aperçoit un village. Les champs de canne à sucre dominent, et je me balade en empruntant les chemins entre les parcelles. Je ne rentre pas trop tard car je dois faire la cérémonie du Sevu Sevu. En gros, comme j’arrive dans le village, je dois me présenter au chef du village pour obtenir son autorisation de rester, et sa bénédiction. C’est aussi l’occasion d’un échange et d’une discussion assez ouverte. Jessie (un des fils de Jioji) m’explique que ce n’est pas réservé aux étrangers, et que n’importe qui se présentant dans un village d’où il n’est pas originaire doit faire de même. Je pense quand même que les locataires des grands Resort touristiques de la côte ne le font pas. Toute la cérémonie se déroule autour du Kava, une boisson obtenue à partir d’une racine âgée de 3 ans (au moins) pilée et mélangée avec de l’eau. Et on boit cul sec dans un petit bol après avoir fait un bruit sourd avec les deux mains, et en disant « Bula » (bienvenue ou bonjour en Fidjien). On ne va pas se mentir, la boisson n’est pas super bonne, et j’ai l’impression de boire de l’eau terreuse. Ma langue est assez vite anesthésiée, et la fatigue monte. Apparemment c’est l’effet normal.

 

Les Fidjiens sont réputés pour être le peuple le plus accueillant au monde, depuis hier toutes mes rencontres ne font que le confirmer. Cet échange avec le Chef du village, Jioji et Jessie est très intéressant. Il me permet d’aborder le sujet de la structure sociale Fidjienne, et d’essayer de comprendre le système des chefs de village. Il faut savoir que la fonction se passe de frère en frère, puis au fils ainé s’il n’y a plus de frère. Le chef peut s’il ne veut pas ou plus assumer la fonction, la donner à une autre famille. Toutes les villes et les provinces ont donc des familles de chef. J’aborde aussi le système de santé, qui n’est pas reluisant ici selon leur dire. Ils ont même presque 20 ans de durée de vie de moins qu’un européen. S’ils veulent accéder à des vrais soins, il leur faut se rendre en Australie ou en Nouvelle-Zélande mais tout le monde ne peut pas se le payer. On parle bien sûr aussi un peu rugby, c’est quand même le sport national. Ils connaissaient même l’équipe de Clermont-Ferrand ! Le chef doit ensuite partir pour une histoire de construction sur un terrain. Jessie m’emmène avec lui sur un terrain de volley non loin où toute la jeunesse du coin s’est réunie pour un match géant. C’est ici la fin de l’année scolaire et tous ont un mois de vacances. Tous sont donc rentrés au village retrouver leurs familles, c’est la tradition.

 

Vers 7h, chacun rentre chez soit pour la prière du soir. Les Fidjiens sont pour la plupart Méthodistes, et très croyants. Je m’installe sur la terrasse en les attendant, bercé par leur chant qui est je dois dire très agréable à entendre. Ce moment de prière m’aura permis d’aborder le sujet de la religion, puis des différentes religions pratiquées ici. Il y a en fait une grosse communauté indienne (plus de 40% de la population) qui est soit hindou, soit musulmane. Ces indo-fidjiens sont des descendants des esclaves que les Britanniques ont emmenés sur l’île pour cultiver la canne à sucre au 19ème siècle. Jioji m’explique qu’avant l’arrivée des anglais, il n’y avait que des tribus, sans habitat en dur et s’adonnant joyeusement au cannibalisme. Ça parait complétement fou de se dire que c’était il y a deux cents ans. Malgré tout, beaucoup de traditions Fidjiennes ont perduré, toute en étant enrobée dans une modernité galopante. Le mixage avec la culture anglaise a lui aussi créé de nouvelles traditions. Mais il n’y a actuellement plus aucune emprise de l’Angleterre sur les Fidji, puisqu’ils n’ont pas seulement obtenu leur indépendance, mais ils ne sont pas restés dans le Commonwealth non plus. Il y un donc contraste assez particulier et on sent que les Fidjiens vivent un peu coincés entre tout ça, les traditions, la modernité, le neuf, l’ancien, le manuel, et les technologies. Pour preuve, les vieux bus qui semblent sortir d’un autre âge, sont tous équipés de lecteur de carte numérique, et les tickets papiers sont bannis.

 

Je partage ensuite le dîner avec la famille, et c’est un vrai régal ! Après l’Australie, ça fait du bien de manger des plats un peu plus élaborés, et surtout des légumes ! La famille est tellement nombreuse ce soir que tout le monde se met où il peut car la table est bien trop petite. Ensuite, une partie des enfants qui vit en Nouvelle-Zélande reprend le chemin de l’aéroport, tandis que les autres vont progressivement se coucher ou vaquer à leur occupation. Je fais de même, et continue de profiter de la soirée sur la terrasse, au rythme Fidjien.

 

 

 






Jour 165 – De Brisbane à Nadi, arrivée aux Fidji

La journée aura presque entièrement été dédiée aux transports, même si au final les Fidji ne sont pas si loin que ça de l’Australie. Au décollage, l’avion survole Brisbane et me donne l’occasion de voir d’en haut les rues parcourues à pied. La vue est plutôt belle. Durant le vol, je prends conscience de l’immensité du pacifique. Hormis un passage furtif au-dessus de la Nouvelle-Calédonie (où je serais la semaine prochaine), nous ne survolons que des étendues d’eau. A l’arrivée, je découvre des lagons bleu turquoise entourant l’île, on distingue les fonds depuis le hublot tellement l’eau est claire. En contraste, les terres sont très vertes, on distingue pas mal de cultures et des montagnes boisées au loin. Le contraste avec le paysage australien est saisissant. Le vol aura duré seulement 3 heures, mais auxquelles s’ajoute 3 heures de décalage horaire supplémentaire. Avec le retard accumulé au départ, l’après-midi est plus qu’entamée quand j’arrive à l’auberge réservée à Nadi. Je fais un tour pour découvrir la plage adjacente mais je ne m’attarde pas trop car une pluie tropicale fait son arrivée. Je me refugie dans le dortoir pendant la pluie et je finis par céder au sommeil. La nuit est tombée quand je me réveille. Je me rends au restaurant-bar de l’auberge pour commencer la découverte des plats locaux, avant de retourner voir mon lit.