Jour 209 – Les Salinas Grandes et le retour à Salta

La journée s’annonce longue en kilomètres, mais riche en paysages. Nous démarrons la journée un peu plus tôt que les jours précédents, puis une fois le petit déjeuner pris, nous remercions chaleureusement Analia et Rémy puis nous partons. Nous tournons la page de cette petite parenthèse de voyage au Solar del Tropico qui fut très agréable. La première étape de la journée est de rejoindre les Salinas Grandes qui se trouvent à un peu plus de cent kilomètres de là. Rémy m’a annoncé un trajet de deux heures, mais la première moitié de trajet se fait assez rapidement, toujours dans le décor de la Quebrada avec ses montagnes colorées et les grands cactus. Par contre, nous découvrons que la seconde moitié commence par une ascension vertigineuse. Nous devons passer un col à 4170 mètres, sachant que nous partons de 2600, pour finalement redescendre sur le gigantesque plateau où se trouve la saline à 3600 mètres d’altitude. Notre petite Clio a bien du mal à grimper, mais nous arrivons quand même de l’autre coté, et découvrons au loin l’étendue blanche de la saline, qui à cette distance pourrait presque ressembler à de la neige.

 

Cette saline est la première de celle que nous découvrons, avant d’aller à San Pedro de Atacama au Chili, et à Uyuni en Bolivie. Cette gigantesque étendue blanche, sur un plateau à perte de vue est impressionnante. Nous marchons un peu dessus pour profiter au mieux de l’endroit. Il fait étonnamment chaud à cette altitude, et le soleil qui se réverbère sur le sol blanc est éblouissant, lunettes de soleil et chapeau sont obligatoires. La sensation en marchant sur la croûte saline est inconnue et assez bizarre. Le rapport aux distances semble lui aussi totalement faussé et nos yeux ne savent plus comment s’adapter, et notre cerveau interprète mal les perspectives. Cela permet de faire de bons jeux avec les distances sur les photos. Nous nous y essayons un peu c’est assez drôle ! Au loin, nous voyons le ballet des camions qui partent des champs d’extractions. L’endroit permet de fournir du sel bien sûr, mais aussi du salpêtre, de l’iode, du magnésium, et le fameux lithium tant recherché de nos jours pour les batteries. Après notre mini marche dans ce désert de sel, nous faisons une petite pause à l’ombre sur des tables et bancs fabriqués en croute de sel également. C’est l’occasion de parler un peu avec deux jeunes français parcourant l’Amérique du sud dans un vieux combi bleu Volkswagen qui ne passe pas inaperçu sur le parking. Nous prenons congé pour partir de notre côté à l’assaut du désert avec notre petite Clio.

 

Pour rallier la seconde route nationale et finir la boucle, il nous faut parcourir les 100 kilomètres de pistes qui traversent le plateau en oscillant entre 3500 et 3700 mètres d’altitude. Nous ne croiserons qu’une seule voiture durant ce trajet de deux heures qui nous permet de rallier San Antonio de Cobres. La piste est rude, parfois en bon état, mais parfois on a l’impression de rouler sur de la tôle ondulée. Les trous qui surgissent sans prévenir sont aussi de rigueur. J’ai la très nette sensation d’avoir fait un retour en Mongolie tellement les paysages autour de nous semblent être des paysages de steppes. Bien sûr il faut faire abstraction de l’altitude qui ne semble pas en adéquation avec l’environnement que nous avons autour de nous. Il y a ici et là quelques habitations complètement isolées, et quelques troupeaux d’ânes et de mules. Mais surtout, et pour notre plus grand plaisir, nous croisons des dizaines et des dizaines de vigognes sauvages ! Ces animaux sont vraiment majestueux ! La plupart du temps le troupeau consiste en une dizaine d’individus. Il y a un mâle dominant et plusieurs femelles avec les petits. Une seule fois nous croiserons un plus grand troupeau, il s’agit du troupeau des mâles célibataires chassés des familles. En effet à l’âge adulte, seul le mâle dominant peut rester dans la famille avec les femelles.

 

Une fois sortis de la piste, nous sommes accueillis dans la petite ville de San Antonio par un troupeau mélangé de lamas et de moutons qui ensemble se sont donnés pour mission l’entretien du terrain de foot municipal (enfin il me semble en tout cas). Nous pouvons aussi rattraper la nationale (asphaltée cette fois-ci) en direction de Salta qui se trouve à encore un peu plus de 150 kilomètres. De San Antonio à Salta, la route longe une voie de chemin de fer nommée « el tren de las nubes » (le train des nuages). Cette voie est désormais touristique mais elle n’est pas en fonction toute l’année. Elle permet d’aller de Salta jusqu’à la côte pacifique du Chili en passant par un col à 4200 mètres et en franchissant une pléiade de ponts, tunnels, viaducs, spirales et autres zigzag, tout en longeant les différents quebradas de cette région. Nous empruntons la route qui la longe et découvrons tous les ouvrages d’arts, qui composent cette ligne, mais surtout les différents paysages de la zone. Le plaisir de la route asphaltée est de courte durée et nous retrouvons assez vite sur de la piste. Coté paysage, après le désert aride du plateau, nous retrouvons les montagnes rocheuses pleines de cactus. Ensuite, et après une descente en lacet assez vertigineuse, les montagnes sèches font petit à petit place au retour des forêts, de l’humidité et de la verdure. Tant d’évolutions de paysages en si peu de distance est impressionnant. Nous finissons par laisser dernière nous tout ces paysages enchanteurs pour rejoindre le bassin de Salta, puis le centre-ville.

 

Changement de décor total après 4 jours en immersion dans les Andes. Nous prenons directement la direction de l’hôtel pour y déposer nos affaires. Je m’offre une petite pause bien méritée après les longues heures de conduite sur piste. En début de soirée, nous prenons la direction du centre pour rendre la voiture de location, puis nous allons sur la place centrale de Salta, la Plaza 9 de Julio pour dîner. De retour à l’hôtel, je reste tranquille car je suis bien fatigué de la journée, Marius a lui encore un peu d’énergie et entreprend une conversation via google translate avec le gérant de l’hôtel. Ce dernier nous a encore bien accueilli aujourd’hui à notre retour dans les lieux. Je n’ai pas le courage de me lancer dans la réalisation et le montage de la vidéo de nos 4 jours de road trip dès ce soir. Il y a plusieurs heures de vidéo à trier et traiter car tous ces beaux paysages nous ont tellement fascinés que nous avons beaucoup filmés lors des trajets à bord de notre petite Clio.