Jour 188 – Ile de Pâques

La nuit sous tente s’est très bien passée, et je suis agréablement surpris par le soleil qui ne commence à chauffer qu’à 8h. Quand je me lève, il fait jour mais encore bien frais c’est très agréable. Je mets un peu de temps à me mettre en route, et je dois avant toutes choses acheter le billet du parc national. Je rejoins ensuite en vélo le pied du volcan Rano Kau pour récupérer le sentier qui permet de faire l’ascension. J’ai l’impression d’être sur une grosse colline, mais en partant du niveau de la mer pour monter à 300 mètres d’altitude ça grimpe quand même pas mal. Il y a un peu de forêt au début, mais très vite le paysage se fait sec et bas, je suis par conséquent en plein soleil, mais aussi en plein vent.

Arrivé au sommet, le paysage volcanique se révèle soudainement, et c’était complétement imprévisible vu le paysage durant la montée. C’est époustouflant ! Un environnement isolé est visible dans le cratère. Il y a un lac, recouvert de végétation, on distingue même des poissons. De cet endroit, le point de vue sur l’île est impressionnant. Je prends conscience à quel point je suis sur une île perdue. A part les 3 petits motu visibles de l’autre coté du cratère, rien n’est visible à l’horizon, juste le bleu de l’océan Pacifique. En même temps, l’île la plus proche est à 2000 kilomètres, et le continent le plus proche plus de 4000. Je découvre la conception volcanique de l’île, avec un volcan à chaque pointe. Ils sont 3 au total à avoir façonné l’île. A part la zone de la ville qui possède quelques forêts vertes, l’île semble assez sèche, le fait qu’elle soit balayée par des vents marins en continu doit y participer.

Juste à coté du cratère se trouve le village cérémoniel de Orongo. Le village a été reconstitué, et ressemble dorénavant plus à un musée, aussi pour pouvoir conserver le lieu. J’ai pu découvrir les habitats en pierre semi-enterrés qui constituent le village. Ce dernier n’était utilisé que quelques mois par an, au moment de la cérémonie de l’homme-oiseau. Cette cérémonie qui a eu cours jusqu’au 19ème siècle permettait une fois par an de désigner le chef de l’île parmi les chefs de clan. Elle n’a pas été d’actualité toute la période de la civilisation Pascuane, mais a suivi la période des Moai. L’homme le plus sportif de chaque village était désigné pour représenter le chef. L’épreuve consistait à descendre de la falaise (300 mètres !) puis de nager jusqu’à au Motu Nui (le plus grand et le plus éloigné des trois motu), puis de trouver un œuf d’oiseau. Il fallait parfois attendre plusieurs semaines sur l’ilot pour en trouver un. Ensuite, les participants devaient revenir à la nage et remonter les 300 mètres de falaises, le tout sans casser l’œuf. Le gagnant permettait la nomination de son chef au rang d’Homme-oiseau. Cette tradition a cessé car les missionnaires catholiques l’ont interdit pour poursuivre leur évangélisation. Concernant la période des Moai, j’ai commencé à lire et à me renseigner un peu, mais j’en apprendrai probablement beaucoup plus demain avec les visites guidées. Après la visite du village, je finis de parcourir le sentier de l’autre coté du cratère pour me trouver un bon endroit pour pique-niquer, en plein soleil car rien ne crée de l’ombre, mais avec une vue magnifique.

Après la descente, je récupère mon vélo et me dirige vers le site archéologique de Vinapu. Ici tous les Moai sont couchés, mais il subsiste les Ahu. L’Ahu est la base construite en dur sur lequel les Moai sont posés. Dans le cadre de ce site-là, les Ahu ont une construction similaire aux pyramides incas, ou péruviennes. Les historiens ont étayés une des versions des origines qui ferait des péruviens des ancêtres des pascuans grâce à ça. Je tends l’oreille pour écouter un peu la visite guidée qui est là en même temps que moi. Le guide explique aussi qu’il y a eu des contacts entre les populations de l’île de pâques et de Polynésie, car la langue est similaire. Il explique même qu’un pascuan et un polynésien peuvent se comprendre à 90%. Effectivement, après le séjour à Tahiti, j’étais surpris de retrouver des mots connus ici, bonjour se dit ici « iorana », alors qu’en Polynésie c’est « ia ora na ». C’est vraiment proche ! Les habitants de l’île descendant des peuples de la civilisation Moai semble vouloir se raccrocher à leurs racines, et au vu des pancartes réclamant la « décolonisation de l’île », ils semblent ne plus vouloir faire partie du Chili. En lisant un peu l’histoire de l’île, je découvre que le peuple premier a bien souffert, et que les Anglais, les Espagnols puis les Péruviens et les Chiliens se sont tour à tour servis soit des terres, soit des habitants. L’île qui était en surpopulation à la fin du 16ème siècle (c’est d’ailleurs une des raisons invoquées pour la chute de la civilisation, qui se serait perdue en guerre de clan) est passée à quelques centaines d’habitants seulement après les interventions étrangères.

Faire du vélo ici est une épreuve, le soleil tape fort, très fort, et les routes sont soit en montée, soit en faux plat. Le peu de descente que j’ai eu n’était même pas salutaire car le vent de face me faisait peiner pour avancer. En résumé, le vélo m’aura quand même aidé aujourd’hui, mais je n’en reprendrai pas ! Je le rends avant l’heure prévue, car après 6 heures en plein soleil à marcher ou pédaler je suis littéralement cuit. Je finis la journée au camping, et profite de la salle commune et de ses canapés, la tente étant impraticable tant que le soleil est encore là. La connexion internet est très très lente, mais elle a quand même le mérite d’être là. Je prends un moment pour préparer la suite, et dans un premier temps les 3 jours que je passe au Chili avant de décoller pour Buenos Aires, où je serais rejoint par mon neveu Marius. Pendant que j’écris et je gère les photos, j’échange un peu avec d’autres tourdumondistes français présents eux aussi au camping. C’est toujours sympa d’écouter d’autres expériences et de partager des récits.