Jour 279 – Cape Town

On se fait un vrai dimanche, un dimanche un peu comme les locaux qui commence par une grasse matinée, et un bon petit déjeuner au soleil sur la terrasse de l’appartement de Phyl et Paul. Bon, nous devons quand même passer une paire d’heures pour faire notre programme de visite et les réservations obligatoire. En début d’après-midi, nous quittons l’appartement pour aller déjeuner, et faire une balade dominicale. Avant d’attaquer la marche, nous allons acheter nos cartes de bus pour anticiper le retour de balade et les prochains jours, et pour ce faire nous nous rendons dans une pharmacie, c’est surprenant ! Clémence pense fort à ce moment-là à la chanson de Charles Trenet « Dans les pharmacies », car comme dans la chanson, celle-ci vend vraiment de tout !

 

Nous commençons ensuite notre balade sur la Main Avenue, on voit directement la différence par rapport à Johannesburg. Le quartier dans lequel nous nous trouvons est aussi un peu huppé. Nous arrivons ensuite sur le front de mer, et retrouvons l’Atlantique laissé au Brésil la semaine dernière. Il est ici déchainé, et frappe la côte avec force. La première plage à coté de laquelle nous passons est peu occupée, et quelques aventuriers tente d’aller dans l’eau. Nous avançons jusqu’au 4 plages de Clifton, toutes plus belles les unes que les autres, et allons marcher dans le sable. Nous tentons de mettre les pieds dans l’eau pour voir si une baignade se tente ou non, mais c’est pour moi gelé, pour Clémence c’est « comme à Deauville fin septembre ! » (C’est pour dire la fraicheur).

 

Ces plages là sont bien occupées, on est au bon endroit pour la sortie dominicale, les familles et groupes d’amis profitent des lieux. Des gens de tout horizon semblent être ici. Puisque nous n’avons pas le courage de nous baigner, nous continuons notre avancée jusqu’à la plage de Camps Bay. Là, après avoir posé pour une photo dans de gigantesques fauteuils sur la plage, comme les rois des lieux, nous allons nous poser dans un café en étage, pour savourer une glace en profitant du coucher de soleil sur la baie. Le tableau qui s’offre à nous est tout simplement magnifique !

 

Nous profitons aussi de ce moment pour lire et en apprendre un peu plus sur la Cap. La colonisation de l’Afrique du Sud a commencé ici, la ville du Cap a donc connu beaucoup de périodes dans son histoire, en passant entre différente mains, des Portugais, aux Hollandais, puis aux Français avant que ce soir les Anglais qui s’imposent. Son histoire est étroitement liée à celle du pays, et donc à l’histoire que nous avons découverte avec nos visites à Johannesburg. Par contre, la physionomie moderne de la ville est bien différente de celle que nous avons vu de Joburg. En se baladant dans les rues, si on nous mettait là sans nous dire où nous sommes, nous ne pourrions pas deviner si l’endroit se trouve en Europe, ou bien en Amérique. De mon coté ça me rappelle l’Australie ou la Nouvelle-Zélande, pour Clémence c’est les USA. Il y a des petits airs de Floride ou de Californie parfois, avec ces alignements immobiliers le long du front de mer. Mais ceci n’est qu’un visage de Cape Town, car nous lisons qu’il y a toujours 2 millions de personnes qui vivent dans les townships éloignés de la ville dans des conditions de misère. Nos visites de demain nous permettrons d’aborder cet autre visage.

 

Nous nous apprêtons à prendre notre bus pour rentrer vers notre quartier, mais un attroupement sur la plage interpelle Clémence, nous allons voir. Il s’agit d’une sorte de gigantesque classe de « Yoga » sur fond de musique électro, les pieds dans le sable avec le coucher de soleil et l’océan en toile de fond. C’est un peu « hippiland » mais nous restons un moment pour profiter de la fin de l’évènement. La lumière de la fin de coucher de soleil sublime l’endroit, dominé par la chaîne de montagne des Table Mountains au loin ; cette même chaîne de montagne qui sépare la partie côtière de Cape Town du centre-ville, et qui commence un peu plus au nord d’ici. Une fois la nuit tombée, nous prenons cette fois ci un bus de ville pour rentrer à l’appartement et y finir notre journée.

 

 

Jour 278 – De Johannesburg à Cape Town

Nous avions prévu une visite en plus avant de prendre l’avion, mais notre heure de réveil en aura décidé autrement. Nous nous contentons d’aller faire un petit tour dans le parc du quartier. De là, nous avons une vue au loin du CBD, et nous découvrons la Skyline de Johannesburg. Une fois que Bartho est rentré, nous lui laissons nos clefs et partons en Uber pour l’aéroport. Nous ne partons pas de l’aéroport principal, mais du secondaire qui se trouve loin au nord de la ville : Lanseria.

 

Notre chauffeur cherche un peu sa route au départ, mais prend au final la bonne direction. La route est longue, mais pendant le trajet, nous pouvons profiter de la cérémonie de funérailles de Winnie Mandela qui est diffusée en direct à la radio, nous pourrons entendre entre autres le nouveau président prononcer un discours optimiste et plein d’espoir.

 

En route, il y a un gros embouteillage soudainement, notre chauffeur nous dit qu’il doit y avoir un accident. En réalité, l’accident vient d’avoir lieu. Nous passons à côté, et même si nous ne voulons pas voir, j’ai une vision d’horreur. Une moto et une voiture se sont rentrées dedans, le conducteur de la moto est étendu mort sur la chaussée, sa compagne plus loin semble très blessée, le conducteur de la voiture n’a pas l’air mieux. J’aurais aimé ne pas voir ce que j’ai vu, les secours n’étaient même pas encore arrivés, mais assez de monde s’était arrêté pour aider. Nous ne nous attardons pas, nous ne servirons à rien.

 

C’est un peu choqués que nous arrivons à l’aéroport, nous essayons de nous changer les idées en attendant l’enregistrement et le départ. Cet aéroport est un peu le « Beauvais » de Johannesburg. J’utilise le temps d’attente, puis les 2 heures de vols pour faire le montage vidéo de notre séjour à Joburg.

 

A l’arrivée, nous prenons encore un Uber pour nous rendre dans notre airbnb, situé dans le quartier de Sea Point à Cape Town. Depuis l’autoroute, nous passons à coté et découvrons un énorme incendie, les pompiers semblent être tout juste arrivés. En passant, nous comprenons que c’est un bidonville qui est en flamme…

 

A l’arrivée à Sea Point, nous sommes accueillis par Phyl, la propriétaire de l’appartement dans lequel nous allons rester pour les 5 prochains jours. La soirée est un peu avancée, nous allons au plus près pour diner, à quelques rues de là. Nous allons dans une sorte de fast food, et nous nous faisons servir par un jeune homme ravi de pouvoir pratiquer un peu le français, il est d’origine congolaise.

 

Jour 277 – Johannesburg #3

A 10h précises, notre guide du jour Nkuli (dit NK) se présente pour venir nous chercher au volant de sa voiture. Nous partons en direction de Soweto (nom provenant de l’acronyme South West Township), et NK profite du trajet pour commencer à nous faire des explications. On se sent directement très à l’aise avec lui.

 

Nous abordons un premier lieu du quartier de Soweto, quartier qui devrait être élevé au rang de ville avec ses presque 3 millions d’habitants. Nous sommes dans la zone de Orlando, avec les Orlando Towers. Ce sont deux cheminées gigantesques, vestige du système de refroidissement d’une centrale de production électrique qui a fermé. Le lieu a été transformé, pour des activités comme le saut à l’élastique ou la chute libre (sur un tapis à l’intérieur d’une cheminée), et aussi en bar. La surface entière des cheminées a été transformée en surface d’expression pour le street art, on a pu en admirer le résultat. Dans les peintures, des hommages au quartier sont faits, d’autres aux langues (NK a essayé de nous apprendre quelques mots de zoulou) d’autres au foot en citant les deux équipes phares de Soweto. Nous découvrons un dernier hommage qui nous fait bien rire, un énorme « pata pata » est écrit en référence à la chanson de Miriam Makeba. Je suis de la même année que NK, nous sommes tous les trois de la même génération et nous avons tous les trois le souvenir de cette chanson dans notre enfance. Par cette visite, nous prenons conscience de l’évolution et du tournant que prend Soweto, qui était encore il y a encore quelques années jugé comme un des endroits les plus dangereux au monde.

 

Nous reprenons ensuite la voiture pour nous rendre dans ce qui est devenu maintenant le centre de Soweto, à Vilkazi Street. Aujourd’hui, le quartier a un visage particulier, des policiers sont en faction un peu partout, et les rues très animées. Nous ne sommes pas particulièrement au fait de l’actualité, mais nous apprenons que Winnie Mandela, la seconde femme de Nelson Mandela, est décédée (le 2 avril dernier). Ce soir aura lieu dans le stade de Soweto la veillée en son honneur, et demain auront lieu les funérailles nationales.

 

Nous visitons d’abord la maison des Mandela, celle qui fut leur demeure durant 40 ans. Il s’agit d’une des petites maisons en brique que le gouvernement fournissait contre loyer au noirs et gens de couleurs (terme officiel pour les métisses, indiens et chinois) quand ils les expulsaient du centre-ville vers les banlieues isolées. La maison est chargée d’histoire, et a été transformée en musée. Nous en apprenons un peu plus sur l’homme et sur sa famille. Il est revenu vivre ici suite à sa libération, mais il n’y sera resté que 11 jours. La pression des journalistes du monde entier l’aura fait fuir dans une résidence plus tranquille, après 27 ans d’isolement on peut comprendre que ce fut trop d’un coup.

 

En passant dans la rue, nous passons devant la maison de Desmond Tutu, archevêque et également prix Nobel de la paix. Le rue porte d’ailleurs le surnom de « la marche des prix Nobel ». Nous continuons un peu dans les rues, NK nous présente le quartier comme un quartier de classe moyenne. Nous avions découvert en arrivant une zone de la classe un peu plus riche des habitants de Soweto, la différence se voit surtout sur les maisons, et la présence ou non de clôtures plus ou moins sécurisées. Des petites rues, nous traversons un terrain vague pour rejoindre une rue particulière, à ce moment-là presque entièrement barricadé. Au bout de cette rue se trouve la dernière demeure de Winnie Mandela, là où son corps réside jusqu’au funérailles de demain. Winnie s’est installée dans cette demeure à l’épreuve des balles, dans une période où les guerres entre communauté ont été plus violentes que jamais (elle vivait séparée de Nelson, déjà avant leur divorce en 1996). En étant là aujourd’hui, devant sa maison, avec tous ces gens qui font la queue pour déposer des fleurs, nous avons un peu l’impression de vivre en direct un moment important de l’histoire. Winnie s’est battue aux côtés de Nelson, a aussi fait de la détention et subi pendant des dizaines d’années les harcèlements de la police et du gouvernement de l’apartheid, elle fut « le bouc émissaire d’un pouvoir pâle particulièrement sadique qui avait juré de faire craquer son époux en la persécutant ». Malgré quelques scandales autour d’elle, les sud-africains lui confèrent un statut bien particulier, et l’hommage de demain dans un stade bondé en sera encore la preuve.

 

Avant de quitter la zone, nous passons par le mémorial Hector Pieterson, en hommage à la plus jeune victime des représailles des manifestations de 1976, il avait alors 12 ans. Son nom a été mis en avant, mais le mémorial est en hommage aux 600 jeunes tués en 3 mois dans ces manifestations. Il protestait entre autres contre la mise en place de l’apprentissage de l’Afrikaans obligatoire (la langue des Boers), comme langue principale en remplacement de l’Anglais. Imposer sa langue fut un des plus grands affronts du gouvernement Boers contre les populations victimes de l’apartheid. Ils ont malheureusement réussi, et ce jusqu’en 1992 et l’abrogation de cette loi.

 

Nous rejoignons ensuite la zone de Kliptown, NK nous emmène là où il a grandi, et là où il a depuis deux ans créé une association pour promouvoir l’éducation des jeunes, faire de l’aide scolaire, mais aussi proposer des activités extra-scolaires. Le but est bien sûr d’éduquer, mais aussi d’éviter que les jeunes désœuvrés ne traînent dans les rues et ainsi éradiquer la violence, la drogue et les grossesses chez des adolescentes. Tout un travail de sensibilisation est à faire. Ils ne sont que 6 pour s’occuper de tous les jeunes, le travail est titanesque. Un des membres de l’association nous fait faire le tour de la zone, et nous faire découvrir les habitats de la population. Nous n’avions pas forcément l’envie de faire du voyeurisme, mais nous nous retrouvons guidés dans les petites allées du bidonville de Kliptown. Quelques toilettes de chantier servent à tout le monde, un petit tuyau sert d’arrivée d’eau pour des centaines de personnes qui vivent des habitats insalubres. Certains sont en attente d’un logement social, ils peuvent attendre au moins 12 ans parfois. Le gouvernement a une politique de construction mais elle est ralentie car les propriétaires des terres constructibles ont souvent quitté le pays et restent introuvable, parfois ils refusent de vendre au prix d’achat que propose l’état (et ce dernier ne fait pour le moment pas de confiscation de terre). Nous sommes malheureusement face à une des réalités du pays, mais on peut se dire que Soweto dans sa globalité évolue, et que des associations comme celle de NK aide à faire avancer les choses.

 

Nous parlons un moment avec la femme de NK qui fait aussi partie de l’association, cela nous permet de mieux comprendre leur projet, et de leur glisser quelques idées pour communiquer autour (https://www.facebook.com/SOWE22). Nous reprenons ensuite la route avec NK pour rentrer vers notre quartier. Dans la voiture, nous continuons de parler et d’échanger.

 

Nous apprenons que le président actuel est en fait au pouvoir depuis un mois seulement. Il est originaire d’une des zones de Soweto, et la population semble placer en lui beaucoup d’espoir. Le précédent président a été destitué avant la fin de son mandat suite à un scandale de corruption, ce dernier était aussi président de l’ANC, le parti au pouvoir. Les instances du parti ont fait le calcul de le destituer avant les élections de 2019, pour redorer le blason du parti. Les élections auront quand même lieu en 2019, c’est donc un challenge pour le président actuel d’être réélu. L’histoire du pays est en train se s’écrire, et nous espérons avoir l’occasion de revenir, et de découvrir à ce moment un pays qui aura relevé la tête.

 

C’est la tête bien remplie et le cœur un peu lourd que nous rentrons. La visite d’aujourd’hui était le parfait complément aux visites des dernier jours, mais le sujet est dur à absorber, et à digérer. NK a rendu cette visite intéressante, vivante, et elle était parfaitement bien gérée. C’était crucial je pense de visiter Soweto avec un de ses enfants, un de ses membres qui connait son histoire parfaitement (heureusement que nous pouvons comprendre l’anglais !). Après tout ça, nous passons une fin d’après-midi un peu plus légère à Melville. Le soir, nous allons boire un verre avec Bartho, pour passer un dernier moment ensemble, il aura été un hôte en or pour notre séjour à Johannesburg.

 

Jour 276 – Johannesburg #2

Nous avons rendez-vous ce matin avec notre guide, Charlie Moyo, pour faire une visite du CBD (Central Business District). Nous nous y rendons en Uber, pour être à l’heure au point de rendez-vous à Gandhi Square. Nous partageons le tour avec un Germano-Libanais qui vit en Tunisie, et qui est en repérage ici pour sa future installation, c’est très international !

 

Charlie commence la visite par reprendre le fil historique du pays, ce qui est pour nous un très bon complément, et qui parfois éclaircit aussi ce que nous avons appris hier au musée. Il nous raconte aussi le pourquoi de Gandhi Square. Gandhi, après ses études à Londres a fait ses armes comme avocat ici. C’est aussi ici qu’il a été pour la première fois confronté à la ségrégation, et que son idéal (qui amènera plus tard à l’indépendance de l’Inde) prendra ses racines. De notre côté, nous retrouvons ce personnage célèbre qui avait déjà croisé notre voyage en aout dernier.

 

Nous parcourons ensuite les rues du centre, au gré des explications de Charlie. Il passe en revue les différentes périodes architecturales qu’a connues la ville après son expansion très rapide, à la suite de la découverte des premiers gisements d’or. Aujourd’hui, c’est la plus grande ville au monde à n’être ni située près d’un lac, ni d’une rivière ou d’une côte. Des bâtiments historiques, il n’en reste qu’une poignée. Après l’indépendance du pays en 1961 (depuis 1910, le pays faisait partie du Commonwealth britannique), le gouvernement Boers s’est lancé dans une campagne de destruction de tout ce qui pouvait avoir un lien avec l’Angleterre. Presque tous les bâtiments de style Victorien en ont pâti.

 

Ce que nous constatons, c’est que d’une rue à l’autre nous changeons totalement d’univers. On se retrouve avec un coté de rue tout neuf, beau et sécurisé, en opposé à des bâtiments délabrés, un peu en ruines parfois et où règne un climat d’insécurité. La trace du partitionnement passé de la ville explique en partie ces différences d’évolution, ceci est aussi accentué par les campagnes de rénovation en cours (le nettoyage des rues repousse de plus en plus la violence qui y régnait). La ville change à vitesse grand V, et d’ici 5 ans, Joburg (comme l’appelle les locaux) devrait être le New-York d’Afrique du Sud.

 

Après les différentes rues de l’extra-centre, nous passons à coté du palais de justice, et nous découvrons le bureau que Nelson Mandela, alors avocat, partageait avec son collègue et ami Oliver Tambo. Ils avaient eu l’intelligence de s’installer dans un quartier noir (Charlie oppose l’adjectif « noir » à « blanc », il faut donc le comprendre au sens large, il y avait des chinois et des indiens, eux aussi « classés » comme tels), une population n’ayant pas accès aux services juridiques et étant sans cesse considérés comme criminels (rechercher un travail, ou ne pas avoir le bon travail était un crime à l’époque). Le bureau se trouvait en face du palais de justice, et de l’autre côté de la rue c’était un quartier réservé aux blancs. C’était alors dur pour eux d’exercer mais pas encore illégal, ils ont donc pu le faire officiellement. Tout ceci a eu lieu avant les lois qui ont officialisé l’apartheid. Nous apprenons aussi que c’est Oliver Tambo alors président de l’ANC qui aurait dû briguer la présidentielle de 1994, mais trop affaibli après un AVC (il est mort en 1993), il a passé le flambeau à Nelson Mandela, avec le destin que nous lui connaissons.

 

Nous finissons notre tour dans un lieu branché au n°1 Fox street, installé dans les anciens entrepôts des mines. Ce restaurant-café, qui fait aussi micro-brasserie de bière apporte un visage nouveau au quartier. En face se trouve le commissariat central, lieu rappelant une période sombre, dans un bâtiment des années 60 depuis lequel beaucoup de lettres piégées sont parties, et dans lequel beaucoup d’opposants sont entrés et jamais ressortis… S’il y avait un bâtiment à détruire, ce serait bien celui-ci.

 

Nous finissons le tour en discutant encore avec Charlie autour d’une dégustation de bière, en lui posant 10 questions à la minute. C’est un vrai vivier d’informations, et le sujet est tellement vaste à étudier. Il doit cependant nous laisser, car il guide un autre tour cet après-midi.

 

Nous reprenons pour notre part un Uber pour nous rendre dans un autre quartier qu’il nous a conseillé : Maboneng. Il s’agit d’un quartier qui lui aussi a été gangréné par la misère et la violence, puis un homme a décidé de racheter la zone immeuble après immeuble. Il l’a rénovée petit à petit, puis réussi à convaincre les autorités de le suivre. Aujourd’hui, c’est un quartier branché, où des lieux artistiques, des ateliers ou des boutiques sont maintenant partout dans les rues. Nous parcourons les quelques rues des lieux, mais on nous prévient, les rues qui ne sont pas encore sûres sont juste à côté, et nous ne devons pas nous écarter. L’après-midi est bien avancé, nous ne nous attardons pas et reprenons un Uber, nous avons du chemin pour retrouver notre quartier, celui de Meleville. Nous voulons arriver avant la nuit, qui tombe très vite à partir de 18 heures.

 

 

Jour 275 – Johannesburg

On a peu de mal à démarrer ce matin on se retrouve donc très vite à midi. On va dans les rues commerçantes voisines de notre airbnb, et on s’installe dans un petit café branché du coin pour bruncher. De là, nous nous rendons en Uber à l’Apartheid Museum. Pour se déplacer dans la ville, il n’y a pas trop de bus, et comme elle est très étendue, la plupart des gens ont leur voiture, nous devons donc nous contenter des Uber.

 

L’apartheid a profondément marqué et changé le pays, le musée consacré à cette période mais aussi à l’histoire Sud-Africaine, nous permet de comprendre et d’appréhender cela un peu mieux. C’est un sujet dur, et lourd à traiter, il nous faudra 3 heures pour parcourir le musée, nous en ressortirons un peu retournés. Cela fait partie des moments durs de l’histoire, mais il est je pense nécessaire de s’y intéresser pour comprendre le pays dans lequel nous nous trouvons (comme j’avais pu le faire au Cambodge en visitant S21).

 

Dès l’entrée, nous sommes mis dans le bain. Un ticket nous est remis, il nous indique au hasard si nous sommes « blanc » ou « noir ». Nous devons ensuite rentrer par des entrées séparées, avec des environnements assez différents. Directement, ça glace le sang. Nous parcourons ensuite l’histoire du pays, des premiers habitants, à l’arrivée des vagues de colons, puis aux premières lois ségrégationnistes qui sont arrivées de paire avec l’indépendance, jusqu’au renouveau apporté par l’élection de Nelson Mandela. Une exposition temporaire très complète lui est d’ailleurs dédiée.

 

La colonisation du pays a changé le cours de son histoire, son indépendance n’a pas apporté un effet positif comme on aurait pu l’espérer. Les Afrikaners, descendant des Boers, avec une conduite dictée par la peur de perdre le pouvoir dans le pays ont mis en place un système horrible, dans un premier temps uniquement ségrégationniste. Puis l’apartheid est entré en vigueur en 1948. Il aura été contesté de tout temps, mais pacifiquement plutôt, mais c’est à partir de 1976 que la révolte armée et violente arrive. Elle fera sombrer le pays dans une période encore plus sombre, qui ne se calmera qu’avec la libération en 1990 des prisonniers politiques de tout bord, et surtout de Nelson Mandela. Son élection en 1994 posera la première pierre de la nouvelle Afrique du Sud.

 

Mais le pays reste encore aujourd’hui gangréné par cette violence qui s’est installée pendant tant d’années. Les successeurs de Nelson Mandela n’ont pas forcement suivi sa vision, et les disparités économiques semblent plus que jamais rendre le climat tendu. Les quartiers ultra sécurisés en sont un visage, le fait que l’on nous dise de faire attention tout le temps et de ne pas marcher dans certains quartiers en est une autre conséquence. Johannesburg semble en tout cas être le berceau de la révolte depuis de longues années.

 

Après ce choc historique, nous décidons de nous en tenir là pour aujourd’hui. Nous rentrons dans notre quartier, toujours en Uber et passons faire quelques courses avant de retourner au airbnb. Bartho n’arrive pas longtemps après et nous l’invitons à se joindre à nous pour le repas. Ce sera l’occasion de passer un bon moment ensemble et de papoter un peu. Il nous expliquera entre autres l’histoire des langues dans le pays. Il nous a dit que l’anglais est devenu la langue fonctionnelle de communication mais que pour beaucoup ce n’est pas la langue n°1. Il y a 11 langues officielles, dont le Zoulou qui est la plus rependue, suivie du Swali et de l’Afrikaners. Nous le laissons à son travail pour retourner dans notre chambre finir la soirée. Le visite d’aujourd’hui va devoir être digérée, et nous allons probablement en apprendre encore et compléter notre connaissance des évènements avec les visites des jours à venir.

 

Jour 274 – Arrivée en Afrique du Sud, Johannesburg

ON EST EN AFRIQUE DU SUD !!! C’est complétement improbable, et on ne réalise pas encore, alors on le crie toujours !

 

C’est après un vol de nuit sans sommeil que nous débarquons (pas trop frais) ce matin à Johannesburg. Toutes les formalités se font très rapidement, entre autres car nous n’avons pas besoin de visa à l’entrée (et l’agent de l’immigration nous accueillera avec un magnifique « Bonjour » en français dans le texte). Une fois nos derniers Euros échangés en Rand, nous allons prendre le train qui nous emmène vers le centre, enfin un des centres car la ville elle est très étendue ! On découvre des transports à la pointe de la modernité, tout comme l’aéroport lui-même.

 

Notre première mission logistique est de nous rendre au Consulat du Mozambique pour y réaliser mon visa (Clémence avait fait le sien à Paris). Une fois tout le dossier rempli, on nous dit de revenir dans 3 heures pour le récupérer. Nous allons nous poser dans un restaurant installé sur un toit voisin. Nous nous installons en longue durée dans l’endroit pour commencer la préparation du séjour en Afrique du Sud, étudier le programme que nous allons faire et commencer les réservations auxquelles on ne peut pas échapper.

 

A 15 heures nous sommes au rendez-vous pour récupérer mon passeport avec le visa, à 15h03 je l’ai en main, c’était d’une efficacité redoutable ! En parallèle, nous sommes en contact avec Bartho, notre hôte airbnb pour les prochains jours. Il ne travaille pas loin de notre position actuelle, et propose de passer nous chercher pour que nous rentrions ensemble. On ne pouvait pas rêver plus facile comme arrivée ! Il débarque pour nous récupérer devant le consulat, encore habillé en costume, très classe ! Il nous apprendra qu’il est avocat, ceci explique cela.

 

Nous en avions eu un aperçu avec le Consulat, en découvrant le quartier de Bartho nous comprenons que chaque habitant et institution prend sa sécurité très au sérieux. De hauts murs entourent les propriétés et sont surmontés de barbelés, parfois électrifiés. A ajouter à cela les caméras de surveillance dans les rues, on comprend que le climat n’est pas forcement détendu, même si à première vue, nous ne nous sentons absolument pas en insécurité. En allant au restaurant ce midi, nous avions aussi compris que la libre circulation d’arme à feu peut être un problème, car des logos d’interdiction d’entrer avec ces dernières sont ouvertement affichées (il y en aurait 6 millions en circulation, pour 56 millions d’habitants).

 

Bartho nous fait faire le tour de sa superbe maison, nous avons une chambre dans une annexe indépendante. Nous prenons un café tous ensemble, puis avec Clémence nous continuons un bon moment notre travail de préparation, pour l’Afrique du Sud bien sûr, mais aussi le Mozambique. Nous visitons les pays entre deux avions de notre billet tour du monde et il nous faut rentrer dans le timing que nous avons. La nuit est tombée depuis un moment quand nous sortons pour aller manger dans le quartier, et pour faire local (en vrai pas du tout), ce sera un super bon Japonais. Nous continuons de lire un peu sur le pays pour en apprendre plus avant de commencer les visites. Hier dans l’avion, j’avais re regardé le film Invictus, pour me remettre un peu en tête un grand pan de l’histoire du pays. Un long chemin a été fait, mais il semble que la situation ne soit pas toute rose actuellement. Nous avons quand même déjà eu un premier aperçu de la nation arc-en-ciel, comme l’appelait Nelson Mandela.