Jour 305 – Ilha de Moçambique #2

Ce matin tout rentre dans l’ordre, je suis remis et même pour le pied de Clémence ça s’arrange doucement car ce sera la première sortie sans béquille ! Nous partons avec comme mission de passer au distributeur, puis nous partons pour faire un tour de la ville aussi. A peine quelques mètres après la sortie de l’hôtel, nous sommes rejoints par une partie des enfants et jeunes que nous avions rencontrés avant-hier : Matéo (le plus grand), Elio et Faustino. Ils ne nous quitteront pas de la matinée.

 

Nous découvrons d’autres endroits et d’autres rues de l’île. Nous tombons définitivement sous le charme de cet endroit qui mixe désuétude et renouveau, le tout dans un cadre complétement idyllique enrobé de mer turquoise. Nous découvrons le jardin du souvenir, un endroit créé par un artiste réunionnais, conçu pour ne pas oublier le passé sombre de l’ile vis-à-vis de la traite des esclaves. Les jeunes sont aussi fiers de nous montrer leur école, même si elle est en piteux état. Ils n’y sont pas aujourd’hui car c’est un jour férié, ça nous rassure et effectivement la fête bat son plein avec les fanfares et les groupes de gens bien habillés que nous croisons. Nous découvrons aussi l’autre côte de l’île, avec sa longue plage dominée par l’église San Antonio. Partout on voit des bâtiments en ruines, mais aussi pleins d’autres en rénovation. Certains travaux ne sont pas très heureux ni respectueux de l’architecture originale, mais dans l’ensemble on a la sensation que dans quelques années tout l’endroit aura un visage bien différent. Ce que nous espérons malgré tout, c’est que les hôtels, et surtout les hôtels de luxe n’envahissent pas entièrement le quartier historique. Il serait bien que les locaux puissent avoir accès à des logement décents ici aussi.

 

Nous laissons nos jeunes accompagnateurs pour aller faire une pause au frais à l’hôtel. Nous nous relançons dans l’organisation de la Tanzanie avant d’aller déjeuner. Cet après-midi, nous prenons la direction de la pointe de l’île, et plus précisément du Fort de São Sebastião. Pour nous y rendre nous traversons le grand jardin public. Les gens y sont installés tranquillement pour pique-niquer en ce jour férié festif, nous y découvrons pour notre part des allées d’arbres tous plus fous les uns que les autres. Ils ressemblent à des banians, et les racines sont très étendues et partout.

 

Un petit enfant pas très causant nous suit depuis un bon moment, mais il finit par nous laisser quand nous nous apprêtons à entrer dans le fort. Une fois le droit d’entrée payé au gardien nous accédons à la grande cour du fort. Le bâtiment n’est pas en bon état, il ne fait pas forcément parti des priorités pour les rénovations. Certaines consolidations semblent avoir été réalisées, mais sans respecter quoi que ce soit de l’architecture ou des méthodes originelles. Les fonds de l’UNESCO ne sont pas forcément arrivés jusqu’à leur but, après on peut comprendre que personne ne mette trop d’importance sur cet endroit qui fut le symbole de la domination portugaise pendant près de 5 siècles.

 

Nous sommes totalement seuls pour découvrir l’endroit, nous parcourons les remparts qui nous offrent une superbe vue sur les alentours et l’on comprend bien la position stratégique de la forteresse. Dans la cour trône une vieille église, la première d’Afrique de l’est a priori. Au hasard de notre visite nous découvrons une énorme réserve d’eau à demie souterraine et très bien cachée sous les bâtiments. Ce lieu a eu diverses fonctions, place de défense bien sûr, mais aussi prison, palais du gouverneur (avant la construction de celui visité hier), mais aussi et tristement ce fut le lieu d’emprisonnement et de préparation des esclaves avant leur départ vers le Brésil. Aujourd’hui quand on le visite, on ne voit plus vraiment de traces de tout ça, et il est certain qu’une bonne rénovation et une transformation avec plus de panneaux explicatifs ou des guides seraient nécessaires pour mieux comprendre l’endroit.

 

A la sortie de notre visite, nous nous faisons surprendre par une bonne averse. Sans relief et avec le vent marin, les nuages avancent vite forcément. Nous profitons d’un petit bar de plage pour nous abriter, et quitte à être là boire une petite bière en profitant de la fin d’après-midi. Le jour décroît très vite, nous profitons de la plage adjacente pour le coucher de soleil, Clémence fait un peu trempette mais la marée est tellement basse qu’il n’y a pas trop de profondeur pour aller nager. Nous rentrons à l’hôtel pour profiter des derniers instants de soleil depuis la terrasse sur le toit. Nous faisons à ce moment la rencontre de Chloé, une française qui est en plein tour du monde et nous papotons un peu. De fil en aiguille, nous décidons de nous retrouver pour diner un peu plus tard.

 

Après une pause au frais dans la chambre, nous retrouvons donc Chloé pour dîner. Nous partageons nos histoires de voyages (nous avons tous les deux commencé le parcours en Russie) et nos différentes expériences. Elle nous raconte comment elle a passé un mois comme passagère sur un porte-conteneurs entre la Belgique et Le Cap, c’est une aventure incroyable que nous écoutons avec intérêt ! Ce repas signe la fin de cette très bonne journée pendant laquelle nous avons pu mieux découvrir l’île. Ce séjour est une vraie parenthèse (salutaire) durant ce voyage, et je n’ai pas d’équivalent en tête quant à l’atmosphère ressentie ici.