Je pars en vadrouille avec comme guide un des employés de l’auberge et 4 allemands présents eux aussi. Nous avons droit au tour du quartier, le cerro de notre hôtel qui est un des vieux quartiers de la ville, mais aussi le plus touristique et le plus sûr. La température extérieure me surprend, il ferait presque frais. Notre guide m’explique que Valparaiso est très tempéré comme endroit, et les fortes chaleurs ne sont pas trop courantes. Nous passons en revue les points d’intérêt principaux, bâtiments et surtout street art. Au niveau architecture, il y a des influences espagnoles bien sûr, mais aussi anglaises et allemandes, deux autres pays depuis lesquels il y a eu une forte immigration au Chili. Les maisons traditionnelles sont en bois, et recouvertes de tôle ondulée pour recouvrir les murs (il semblerait ralentir les incendies). Depuis les différents points de vue auxquels nous nous arrêtons en parcourant le dédale des petites rues et des escaliers, je découvre une ville très étendue dans les collines, et visuellement très colorée. C’est très beau à voir !
Valparaiso a connu son heure de gloire en tant que port, c’était le premier port d’Amérique du Sud, et le point d’arrivée des bateaux qui avaient passé le Cap Horn en provenance de l’Atlantique. L’ouverture du canal de Panama a précipité la fin de cette période. La ville a essayé de se refaire mais elle à perdu son aura. C’est aujourd’hui la deuxième ville du pays, et une partie du gouvernement y siège (c’est aussi la ville natale de Pablo Neruda). Mais on voit que la ville a souffert de la récession économique et de la période dictatoriale. Notre guide nous explique que le street art est aussi un moyen de contestation fort pour la jeunesse de la ville, et que c’est pour ça qu’il y en a beaucoup. Il y a de très belles œuvres qui sortent du lot, et qui mettent bien en valeur les bâtiments. Certains propriétaires mandatent même des artistes pour peindre sur leur façade. Autre élément qui a fait souffrir la ville, les tremblements de terres qui sont ici très fréquents. Il y en a plusieurs par an, mais le dernier gros (plus de 9 sur l’échelle de Richter) date de 2010, et les traces sont encore visibles dans les rues, avec des bâtiments fissurés ou effondrés.
Après la première partie de la visite, les 4 allemands préfèrent s’arrêter là, visiblement insatisfaits de notre guide. Je continue seul pour la seconde partie, ça me va ! C’est l’occasion pour moi de plus parler avec lui et d’en apprendre un peu plus. Lui est Vénézuélien, et il est arrivé ici il y a quelques mois. Il est venu chercher des opportunités dans ce Chili qui est considéré comme un moteur en Amérique du Sud, et pour fuir la crise Vénézuélienne. Il est plutôt déçu, et me dit que l’économie chilienne est quand même en berne. Il me parle aussi du système scolaire qui est ici aberrant. L’école publique est payante, et l’université publique est carrément hors de prix. Par conséquent, des générations d’étudiants s’endettent pour faire leurs études. Et un peu comme partout, le coût de la vie augmente, mais pas les salaires. Ce qui était un peu moins visible à Santiago l’est vraiment à Valparaiso. Cette ville a deux faces, celle touristique, belle et classée à l’UNECO, et l’autre faite de quartiers pauvres, gangrenés par la délinquance et les vols. Notre guide nous déconseille pas mal d’endroits, tout du moins il nous dit d’y aller sans argent, sans appareil photo ou téléphone. Il semblerait qu’un paquet de touristes s’est fait dépouiller. Malgré tout, la ville en elle-même n’est pas dénuée de charme, espérons que la situation économique et sociale s’améliore avec le temps.
A nouveau seul, et armé d’explications sur les bus locaux, je me rends dans la ville voisine : Viña del Mar. Valparaiso est la ville originelle, et possède le port. Viña del Mar est quant à elle la cité balnéaire où se trouvent les plages. Je fais un bon tour en ville, elle est presque plus vivante que le centre touristique de Valparaiso, mais beaucoup moins charmante. J’ai un peu l’impression d’être sur la côte d’azur quand je vois les plages bondées bordées de grands immeubles. L’ambiance de la ville semble bon enfant, et on sent que les gens profitent bien pendant les vacances d’été. Je découvre aussi un gigantesque parc ombragé très calme et agréable. Il est ensuite temps de retrouver l’arrêt de bus et rentrer dans le quartier de l’hôtel pour la soirée.